Bible chrétienne Pentat. 3204

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Le bouc émissaire:


Lv 16 — L'image est si courante qu'elle en a été banalisée. Mais comme les sacrifices des ch. 1 à 7 trouvaient tout leur sens dans le sacrifice expiatoire du péché préfigurant le Calvaire, de même le sommet des purifications de cette seconde Partie du Lévitique nous réfère lui aussi au Christ, sous la figure à la fois du Grand Prêtre Aaron et de la double victime:

Cyrille d'alexandrie : Sur le Lév. (pg 69,580): Aaron devait présenter l'image et le type du Christ prêtre; et par conséquent, on ne lui permet pas d'entrer à toute heure dans le Saint des Saints, car il doit glorifier la dignité du Mystère du Christ. Le Christ en effet, entré une seule fois dans le Sanctuaire, a atteint le but: l'éternelle rédemption. Aaron aurait péché contre « la vérité »

dont il portait « la figure », s'il était entré dans le Saint des saints plus souvent qu'une fois par an.

Le rapprochement semble-t-il bien mince? — Voici qu'à présent A. feuillet relève dans la grande prière dite ‘sacerdotale’ de Jésus au moment de sa Passion (Jn 17), un triple objet: il prie pour lui-même, puis pour les siens, enfin « pour ceux-là aussi qui grâce à la parole (des Apôtres) croiront en moi » (v. 20 ss). Et cet exégète scrupuleux ne craint pas de rejoindre, dans sa conclusion, la perspective de la Tradition: Lors de la fête du Kippour, le grand prêtre faisait successivement l'expiation pour lui-même, pour sa maison c'est-à-dire pour le sacerdoce d'Israël, et enfin pour tout le peuple choisi: (Lv 16,6-11). La triple prière de Jésus en Jn 17 le fait ainsi apparaître comme le grand prêtre de la nouvelle Alliance. (Le sacerdoce du Christ et de ses ministres p. 174).

Tout cela ne fait d'ailleurs qu'apporter des harmoniques supplémentaires à la portée typique de l'Ancienne Loi des sacrifices, sur laquelle se fonde toute l'Épître aux Hébreux (// He 9-10), et que, de ce fait, nous devons considérer comme indéniablement révélée par l'Écriture même.

Lv 16,10...l'envoyer à Azazel, au désert: Lieu inhumain, maudit, le désert convient en effet au règne du démon. L'Évangile usera aussi de cette symbolique (// Lc 11,24 — à comparer avec l'épisode du possédé gérasénien, en Lc 8,26 ss). Jésus sera conduit au désert par l'Esprit pour y être tenté parle diable (Mt 4,1). À sa suite, les ’Pères du désert' iront l'y affronter. C'est en vertu de ce symbolisme que le bouc chargé des fautes d'Israël (Lv 16,21) sera « envoyé à Azazel au désert ».

Mais le désert est encore bien davantage, dans le Pentateuque, lieu des « fiançailles », de la rencontre de Dieu et de l'épreuve de la foi (Ex 3,1*; (15,22* — cf. vtb). D'ailleurs, comment la Loi encouragerait-elle à offrir une victime à un démon? La Septante l'interprétera en traduisant: ’tô apopompaîô', de Apopompè: conjuration d'un fléau. Et ce bouc est en effet chargé d'éloigner du peuple coupable le fléau du péché.

Cyrille d'alexandrie (Sur le Lév. pg 69,585-89) a donc beau jeu de traiter de « superstition ridicule » l'idée que le bouc soit offert au démon. Il part plutôt du nom même donné à ce bouc: Émissaire, qui vient de missus, envoyé, un des noms du Christ — mais non pas tant au sens de saint Jean: l'Envoyé du Père, que de l'Épître aux Hébreux: notre précurseur au ciel: Certains pensent que le bouc émissaire envoyé dans le désert était voué à un esprit mauvais et impur; mais cette opinion ne peut venir que d'une superstition absurde. Cherchons le sens de ce rite: On amenait deux boucs; tous les deux étaient grands et beaux, de même couleur et de même valeur. On écrivait deux sorts, qui désignaient les noms des boucs au gré du Législateur. L'un était dénommé «Seigneur », l'autre « Émissaire » — émissaire, parce qu'envoyé. Le bouc étiqueté « Seigneur » était immolé selon le rite; et par son sang, il sanctifiait le sanctuaire intérieur, et aussi l'autel des holocaustes qui était à l'extérieur. Quant à « Émissaire », il était envoyé dans le désert après qu'Aaron eût confessé sur lui les péchés des enfants d'Israël. Or, l'un et l'autre bouc sont une figure du Christ. Car il est mort, en tant qu'homme, immolé pour nous; et il est figuré par ce bouc qui était immolé pour la rémission des péchés. Par son sang, il a sanctifié l'Église — qui est préfigurée par le sanctuaire intérieur — et il a sanctifié également ceux qui étaient sous la Loi, puisque, disions-nous, le sang du bouc sanctifiait aussi l'autel des sacrifices de l'Ancienne Loi. Or la Loi ne contient pas l'achèvement: c'est le Christ qui apporte l'achèvement, et qui sanctifie par son sang ceux qui ont vécu au temps des sacrifices antiques.

Le Christ a donc été immolé pour nos péchés; mais il est ressuscité, et il est monté dans une région qui nous est inaccessible — le ciel — emportant pour ainsi dire nos péchés. L'Écriture le dit: Il enlève nos péchés. C'est cela, me semble-t-il, que représente «Emissaire»: Le Christ est «émissaire», c'est-à-dire envoyé dans la Cité d'en haut pour se présenter devant Dieu à notre place. Et c'est exactement ce qu'il fît: «Si quelqu'un pèche, affirme saint Jean, nous avons un avocat: Jésus ». Il est la propitiation pour nos péchés, et pas seulement pour les nôtres mais pour ceux du monde entier (Jn 2,1-2). Avocat en notre faveur, il a émigré dans une région qui est inaccessible aux hommes, et que le désert pouvait préfigurer.

La parité des deux boucs signifiait mystérieusement que le Christ est identiquement le même quand il meurt et quand il ressuscite. Pour que le bouc figuratif ressuscitât, il aurait fallu un miracle, et Dieu n'aime pas l'ostentation — bien qu'il ait le pouvoir de faire n'importe quel miracle. C'est pourquoi, dans son dessein admirable, il demandait deux boucs parfaitement semblables l'un à l'autre.

De même, dans la guérison de la lèpre, le Législateur demandait deux oiselets dont l'un était immolé, l'autre relâché. C'est ainsi que la Loi, en bien des endroits et de bien des manières, nous enseigne le Mystère du Christ.

Autre interprétation d’isidore de séville: Sur le Lêv. (PL 83,334): L'analogie du bouc se retrouve dans l'Évangile (Mt 25), qui place les boucs — c'est-à-dire les pécheurs — du côté gauche. Mais ceux des pécheurs qui donnent leur foi au Christ, et viennent de tout leur coeur à la pénitence et au baptême, sont figurés par le bouc que le sort désigne «pour le Seigneur ». Le sang de ce bouc est mêlé au sang du taureau, pour que participant à la Passion du Christ, nous participions également à sa gloire.

Que d'un même rite, ou des mêmes événements, ou d'une même parabole on tire plusieurs sens ne doit pas nous faire douter de la vérité de ces interprétations: il est généralement reconnu à présent que le symbole est à signification multiples ('polysémique'). Ce sont d'ailleurs ici des sens complémentaires, et qui proviennent au surplus de ce que les interprètes usent du clavier symbolique en des accords différents, par introduction de rapprochements nouveaux, comme celui de Mt 25 en Isidore de Séville. C'est pourquoi cette lecture ’en parallèle' est indéfiniment inventive, et susceptible de trouvailles même après vingt siècles de commentaires. Nous esquissons un autre accord avec le // Lc 11,24, indiquant que, même une fois chassée l'emprise du péché, il faut continuer à faire bonne garde contre les retours offensifs du Malin.

Lv 16,21Par la main d'un homme qui aura cette fonction: Littéralement : « d'un exprès ». D'où l'interprétation : « ... d'un homme qui se tiendra prêt » (bj) ou « d'un homme tout prêt » (tob). De toutes façons, il faut circonscrire le contact avec le mal dont est chargé le bouc émissaire, que ce soit dans le temps ou bien à un préposé (suivant les deux sens que peut prendre ce mot d'exprès: confié à quelqu'envoyé ’par exprès', avec une note d'urgence).


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III. LA LOI DE SAINTETÉ

Lv 17-26)

Vers elle convergent non seulement les nécessaires purifications (n° Partie), mais aussi les sacrifices et le sacerdoce dont la médiation est nécessaire pour être uni par Alliance au Dieu saint (i° Partie).

Nous passons sur une nouvelle insistance pour le respect du sang (de la vie), qui appartiennent uniquement à leur créateur (ch. 17 — cf. Gn 9,3-6*), ainsi que sur la liste des interdictions sexuelles (ch. 18, dont les prescriptions se retrouvent en Lv 20*). Au ch. 19 se trouve d'emblée formulé le principe-clé de la Loi comme pratique de l'Alliance: Soyez saints parce que Je suis Saint. L'Évangile ira même jusqu'à « Soyez parfait comme votre Père du ciel est parfait » (// Mt 5,48 et 1Jn 3,3). Le // 1P 1,14 montre que c'est une 'vocation' (« le Saint qui vous appelle »), donc la Loi la plus intime et personnelle qui puisse être, devant s'accomplir « dans toute la manière d'être... »

Origène: Hom 11 sur le Lév. (pg 12,529-530): « Soyez saints parce que Je suis saint ». Ce que la Loi veut appeler «saint », elle ordonne qu'il ne serve à rien d'autre qu'au Seigneur seul. Ainsi appellera-t-elle « saints » les vêtements sacerdotaux, les animaux offerts en sacrifice, les vases liturgiques, etc. Et en vertu de cette consécration, l'homme lui-même sera appelé «saint»: si quelqu'un se voue à Dieu, s'il ne cherche pas ce qui est sur la terre mais ce qui est dans les cieux, il sera appelé «saint », à juste titre... . Sépare-toi des convoitises du monde, consacre-toi à Dieu comme le taureau premier-né ; que le péché n'opère pas par tes mains, que la perversité ne t'impose pas son joug. Reste à part, comme les vêtements sacerdotaux, comme les encensoirs sacrés, qui servent seulement au culte de Dieu.

«Soyez saints parce que Je suis saint », dit le Seigneur. Que signifie « parce que Je suis saint »? — Je suis séparé, « tout autre » que tout ce qui peut être vénéré sur la terre ou dans les cieux. De même que je suis au-delà de toute créature, vous aussi vous serez au-delà de tout ce qui n'est pas saint, de tout ce qui n'est pas consacré à Dieu. Séparés non pas quant au lieu mais quant à votre manière de vivre, en sorte que l'on puisse dire de vous: « Nous pèlerinons sur la terre, mais c'est dans les cieux que nous vivons vraiment » (Ph 3,20) — Le lien entre sainteté et séparation se trouve expressément réaffirmé en Lv 20,26*; cf. Gn 12,1*).

Lv 19,3-37Je suis Yahvé, votre Dieu: Revient après chaque prescription, comme un motif suffisant: La Loi est pour l'Alliance. Pour qu'Israël soit le peuple de Dieu, il faut que devienne son Dieu ( = son Tout), le Saint, le Parfait, le Tout-Bon incompatible avec le moindre mal ou même la moindre imperfection.

Le mal dont il faut donc se séparer pour s'unir au Saint, se trouve ici caractérisé suivant quelques articles du Décalogue: 4° et 3° (Lv 19,3), 1° (Lv 19,2), 7°, 8° et 2° (Lv 19,11-12), 5° (Lv 19,13), 8° encore (Lv 19,16), 6° (Lv 20). Mais la transcendance de Dieu va de pair avec le souci d'humanité que l'on retrouvera développé, en Dt 21-25 (cf. ici Lv 19,9-10 Lv 19,13-15 Lv 19,17 Lv 19,32).

Lv 19,3... craigne son père et sa mère: au sens révérentiel de la crainte de Dieu (Gn 28,16-17 * ).

Les // surabondent. Par exemple, sur le 4° commandement, outre les Livres sapientiaux, Ep 6,1-3 (incluant la réciprocité de l'amour entre parents et enfants), donné en // à Dt 21,18-21 / Sh.

// 2Co 8,14 — Voir le commentaire de Dom Herwegen à Ex 16,17-18 *.

// Ep 4,25 — Au motif de l'Alliance de Dieu, donné par le Lévitique (Je suis Yahvé), saint Paul ajoute celui des liens qui en résultent entre les hommes, devenus « membres les uns des autres ».

/ Ep 4,27Ne livrez pas la place au diable: À rapprocher de Rm 12,18-21 / Qb): « Cédez la place à la colère de Dieu ». La patience de l'homme cède la place à Dieu, tandis que sa colère céderait la place au diable (ou « la lui livrerait », ou « lui ferait place »).

Lv 19,15 — Autrement dit : Ne sois pas partial, ni en faveur du pauvre, ni en faveur du grand.

Lv 19,17Tu aimeras ton prochain comme toi-même: Du Lévitique au N.T. l'accomplissement de la Loi revient au même(// Ga 5,14).

// Lc 17,3 — Le « contre toi », qui ne se trouve pas sur tous les manuscrits, est exigé par le sens, comme l'indique le verset 4: « s'il revient à toi en disant : je me repens... »

Lv 19,36 // Lc 6,38 — On pourrait donner en exemple Booz (qui avait déjà appliqué le précepte d'humanité de Lv 19,9, pour Ruth, la glaneuse): « Tiens ton manteau, lui dit-il, en lui mesurant six parts d'orge (Rt 3,15 cf. Rt 2,15-16).

Lv 20 — Du sixième commandement, le principe se trouve donné dès les premiers versets du ch. 18 (/ Kq): Israël ne doit pas se laisser aller aux moeurs dissolues, soit de l'Egypte soit de Canaan. C'est ce qui est répété plus globalement au v. 26 de ce ch. 20, avec cette fois le motif de cette exigence, toujours le même: «Je suis saint, Moi, Yahvé». Séparez-vous des païens qui vous entourent pour être à Moi.

Dans ce domaine aussi, les exigences de la Nouvelle Alliance ne sont pas moindres (cf. les //). Au contraire! quoiqu'en disent les mensonges actuellement répandus pour déguiser en libération ce qui est dépravation, dissolution, déshumanisation. La séparation *, la rupture des relations même de table, se trouve expressément maintenue (// 1Co 5,11), au moins vis-à-vis des frères qui se seraient eux-mêmes coupés, exclus de l'Alliance avec Dieu et entre les membres du Christ, par des péchés notoires (et pas seulement contre la sexualité).


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SANCTIFICATION DES OFFRANDES ET DES FETES

Lv 22-23)

 — Lv 22,18-28 // Ml 1,6-13Vous dites: « Voici. Quelle misère ! »: Il s'agit du mépris qu'ont les prêtres devant la victime des sacrifices. Si la victime offerte à Dieu doit être sans défaut, seule sera vraiment agréable de Dieu la Victime Sainte, Parfaite; et c'est bien pourquoi toutes ces offrandes ne sont que l'attente du Christ, victime pour nos péchés (Lv 1,3* Cyrille d'Alexandrie).

Que dans ces prescriptions de mort sacrificielle, la Loi se préoccupe du sort du veau à peine né, ne vient pas seulement du souci que la victime soit plus digne de Dieu ; l'exclusion de son sacrifice en même temps que celui de sa mère semble relever plutôt du même type de sensibilité que: « Tu ne feras pas cuire un chevreau dans le lait de sa mère » (Ex 23,19) — même si cette interdiction allait peut-être aussi contre une coutume cananéenne.

Lv 22,31-32 // Ez 36,23 Ez 36,25 Ez 36,27 Le parallélisme est frappant, bien que l'ordre soit inversé: pratique de la Loi, profanation possible du Nom de Dieu (si ceux qui sont liés à Lui par l'Alliance ne l'observent pas, et tombent dans les turpitudes des païens), enfin promesse de sanctification, le tout dans cette même perspective d'Alliance et d'accomplissement de la Promesse faite à Abraham: un peuple tiré de l'exil, vers une Terre.

Tout cela est sous-entendu dans la 1° demande du Pater : « Que ton Nom soit sanctifié » en nous, par la pratique de la Loi de Sainteté, non profané par nos péchés ou même une conduite seulement mondaine... Sanctifié par les eaux du baptême (Ez 36,24 Lv 14*) et le don du Coeur nouveau, de l'Esprit nouveau.

Ce thème de la Nouveauté (vtb) ou du Renouveau est inhérent à notre lecture même de l'Ancienne Alliance-comme-préparatrice-et-typique de l'Alliance dite justement 'Nouvelle', et bien meilleure (c'est en particulier l'argument central de l'Épître aux Hébreux). Pour l'illustrer, en même temps que Lv 23 sur la fête de Pâques et l'offrande des prémices de la nouvelle récolte, choisissons l’Oratio 44 de Grégoire de nazianze pour le ‘Dimanche nouveau ( = le dimanche de Pâques) — dans Mauristes, p. 836-843. C'est un bon exemple de la méthode ‘harmonique’ de l'exégèse traditionnelle.

Grégoire de Nazianze rapproche en effet la Tente du désert et la dédicace du Temple de Salomon et les ’Encoeniae' de Jn 10,22 ss, qui se passent précisément à l'anniversaire de cette dédicace. Trois époques bien différentes, mais peu importe puisque la perspective est symbolique, non historiciste. Elle permet en outre de passer de ces renouvellements historiques (1° §) au renouveau éternel que portait en germe l'institution du 7° Jour (Gn 2,1-3 * ) et que réalise « la nouvelle création, c'est-à-dire notre Rédemption par le mystère pascal du Christ (2° et 3° §) ; c'est une invitation à nous convertir ( = à nous renouveler, 4°-6° §). Et pour terminer, Grégoire de Nazianze peut rapprocher encore ce temps de Pâques du renouveau printanier (7° §). Ainsi s'harmonisent histoire, grâce et nature : quelle perspective féconde !...

La Tente du Témoignage est renouvelée, avec la somptuosité dont Dieu a donné le modèle et que Béséléel a réalisée, que Moïse a établie. Désormais, le règne de David est inauguré: d'abord par l'onction, puis par l'acclamation. « A Jérusalem, on célébra les Encoenioe », dit l'Écriture, « et c'était l'hiver » — l'hiver de l'infidélité. «Jésus était là », Dieu et Temple — Dieu éternel — Temple visible qui en un jour serait détruit, et le troisième jour se relèverait pour à jamais demeurer, et pour que je sois sauvé moi aussi, et que je devienne « nouvelle créature » ... C est aujourd'hui que, passés par la mort, nous avons rejoint la vie: Vie nouvelle! Vie nouvelle! Telle est la fête de ce jour: redisons-le, mes Frères, avec bonheur!...

Tu m'objecteras peut-être: C'est le premier «dimanche », qui était nouveau ! celui qui vit la création de la lumière — car il est clair que la création commença un dimanche, puis qu'elle s'acheva le jour du sabbat, septième jour.

Je réponds : Ce tout premier «dimanche » portait le Salut en germe ; mais « notre » dimanche est l'anniversaire du Salut. Le premier était frontière entre sépulture et résurrection, mais celui-ci appartient tout entier à la seconde création, il s'ouvre sur l'état de la « Vie céleste ».

Vous avez donc l'explication du « Renouveau »: à vous, maintenant, de vous renouveler et de vous affermir dans la « Vie nouvelle » ... Pas de haine contre ton frère — qui n'y peut rien. Pour lui, le Christ est mort et s'est fait ton propre frère, alors qu'il est Dieu et Seigneur. Ne repousse pas le pauvre, toi qui as reçu les richesses de Dieu. Ne méprise pas l'exilé: pour lui, le Christ s'est exilé du paradis...

Ne ris pas de la chute d'un frère: essaie de franchir le pas sans choir, et tends la main à celui qui gît à terre. Quand il t'arrive un sujet de tristesse, ne désespère pas du bonheur, et quand tout va bien n'oublie pas la tristesse: qu'une certaine inquiétude tempère ta joie, et que ton espérance triomphe de ta tristesse.^ C'est ainsi que l'homme est « nouveau », c'est ainsi que l'on célèbre la fête du renouveau !

« Ne parais pas les mains vides en ma présence », dit le Deutéronome, mais apporte avec toi tout ce que tu as de plus beau »: maintenant donc, présente-toi « nouveau » devant le Seigneur, avec des moeurs nouvelles, tout entier changé en « l'homme nouveau ». « Les choses anciennes sont passées, et voilà que tout est nouveau ». En cette fête, présente à Dieu l'offrande d'un noble changement; et pour ne pas t'en croire l'auteur, dis avec David: « Ce changement est l'oeuvre de la Droite du Très Haut! » La Parole du Seigneur veut que tu ne restes pas stationnaire, mais que mû d'un perpétuel et admirable mouvement, tu deviennes sans cesse « nouvelle créature ». Alors, le ciel pour toisera « nouveau », et la terre « nouvelle ».

Revenons à la fête d'aujourd'hui: tout concourt à notre bonheur, tout se réjouit avec nous. La part « princière » de l'année déploie ses fastes pour le «prince » des jours: elle prodigue tout ce qu'elle a de plus beau et de plus attirant: lumière plus transparente, sources plus limpides, profusion de fleurs, et sur les prairies les vagues des petits agneaux. Oiseaux, forêts, abeilles, toutes les créatures chantent le Seigneur, et leur louange devient la mienne. C'est le printemps du monde, le printemps spirituel : printemps pour les âmes et printemps pour les corps, printemps visible et printemps invisible. Puisse-t-il, dès cette vie, nous changer noblement, et que, « nouveaux », nous soyons transférés vers la vie « nouvelle », dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui gloire, honneur et puissance, avec l'Esprit, pour la gloire de Dieu le Père, Amen (Ce dernier § résume les nos 10-12).

Lv 23 — Le cycle liturgique annuel du Lévitique comporte donc 3 fêtes: des Azymes, au printemps, des Moissons, à l'été, des Récoltes ou Vendanges, à l'automne — qui sont en même temps évocatrices des événements primordiaux de l'Exode: la Pâque, la Pentecôte du Sinaï, l'habitation sous les Tentes, au désert. Nature et Histoire sainte se conjuguent.

Rupert de Deutz: Op. cit. (PL 167,826): Nous avons nous aussi trois grandes festivités annuelles. Elles sont toutes spirituelles, et leurs causes sont toutes célestes: «Notre Pâque, c'est le Christ immolé» (); notre Pentecôte, c'est la venue de l'Esprit Saint, par qui Dieu conclut une Alliance de grâce avec nous, les Gentils, en donnant aux Apôtres les langues de toutes les nations afin que nous puissions connaître cette grâce. Notre fête des récoltes, c'est la Nativité de Jésus-Christ Fils de Dieu: c'est là, oui, vraiment, que nous récoltons « le fruit de notre terre », terre virginale mais qui est bien nôtre: celle dont l'Esprit Saint avait promis: «Le Seigneur donnera sa bienveillance, et notre terre donnera son fruit ».

S'ajoute à ces 3 fêtes le Kippour, jour des expiations (Lv 23,27), dont le rite a été donné dès le ch. 16 (bouc émissaire).

Lv 23,9-11 // Jc 1,17-18Offrande des prémices: C'est une invitation à nous offrir nous-même, car c'est nous qui sommes, avec le Christ, prémices (1Co 15,20-23) de cette création nouvelle, par la Rédemption de nos péchés (2Co 5,17) qui nous engendre à la Vie éternelle (Jc 1,18 et Jn 1,12).

Mais plus précisément, le mot employé par Jc 1,18 est dérivé de ‘Arkhè’. Aussi, par-delà son sens de ‘prémices', renvoie-t-il ‘Au commencement’ de la Genèse. C'est pourquoi il nous semble préférable de garder cette allusion en traduisant que nous avons à être « un certain commencement de la création nouvelle », pour mieux reconnaître ce « don parfait », cette re-création, et nous porter à nous offrir en retour.

Lv 23,34-37 Lv 23,42-43 2Co 5,1-9La fête des Tentes, évoquant le séjour d'Israël au désert, temps de ses ’fiançailles' avec Yahvé, est instituée en prévision du risque de trop totale installation, une fois donnée la Terre promise. Celle-ci n'est elle-même que figure de notre ’patrie' céleste, et par conséquent nous devons tous — juifs ou chrétiens — demeurer « en Exode ». C'est l'essentiel de ce que dit 2Co 5,1-9, en consonance étroite avec He 11 cette perspective, la tentation se révèle être toute intime: c'est dans notre corps même que nous n'avons que trop tendance à nous installer. Le sens est donc clair, même si le texte est un peu compliqué, justement parce que saint Paul laisse passer quelque chose de son tiraillement entre les deux désirs: du ciel, mais sans avoir à abandonner son corps en mourant. Ce désir de voir son corps (psychique, terrestre), non pas détruit par la mort mais directement transformé en corps (spirituel, glorieux), par la Résurrection, se réfère à ce que 1Co 15 ou 1Th 4,15-17 nous disent de la fin des temps: alors, ceux qui vivront encore n'auront pas à mourir; il leur suffira de « revêtir » le corps spirituel pour être à l'image non plus du terrestre Adam, mais du céleste Nouvel Adam, Jésus-Christ notre Seigneur.

Lv 24,1-4La lampe du sanctuaire: en relation avec le symbolisme universel et divin de la Lumière (Gn 1,3-5*), voici la lampe, elle même symbole et rencontre de la présence divine et de la présence humaine (du donateur ou de celui qui en entretient la flamme). Nous avons gardé ce symbole avec d'une part la lampe du tabernacle, de l'autre la coutume si justement populaire d'offrir des cierges. Quant au candélabre, non seulement il se retrouve dans le // Mt 5,15, mais l'Apocalypse nous assure que chacune des 7 Églises nommées aux ch. 2 et 3, est un de ces candélabres (Ap 1,20).

Commentant Lc 11,33-36 (correspondant pour cet Évangile à Mt 5,15), ambroise met lui-même ce passage en // avec Lv 24,1-4 — toujours l'interprétation ’harmonique' — et en joue avec une virtuosité impressionnante. D'où ressort la transcendance de l'Alliance nouvelle sur l'ancienne (Sur Saint-Luc, vu, 11; SC 52, p. 42): «Personne n'allume une lampe pour la cacher, ni pour la mettre sous le boisseau; mais on la place sur le chandelier. » Après avoir montré la supériorité de l'Église sur la Synagogue, î'Évangéliste nous exhorte à donner notre foi non plus à la Synagogue mais à l'Église; car la lampe, c'est la foi, ainsi qu'il est écrit: « Ta parole, Seigneur, est une lampe pour mes pas ». Oui, la parole de Dieu, voilà notre foi: la Parole de Dieu est la Lumière, et la foi est la lampe. La vraie Lumière est celle qui « illumine tout homme venant en ce monde »; quant à la lampe, elle ne peut luire qu'en recevant d'ailleurs la lumière. La « lampe allumée », c'est donc l'élan de notre esprit et de notre coeur, permettant de retrouver la drachme perdue. Que personne ne soumette donc la foi à la Loi, car la Loi se limite à la mesure, mais la foi dépasse la mesure; la Loi assombrit, et la grâce clarifie. Que nul n'enferme sa foi dans l'étroite mesure de la Loi, mais qu'il l'apporte plutôt à l'Église: en cette Église brille la grâce de l'Esprit septiforme — et le Grand Prêtre souverain l'illumine des splendeurs de sa divinité, bien loin que l'ombre de la Loi ne l'obscurcisse. Enfin, la lampe que le Grand prêtre avait coutume d'allumer matin et soir, suivant l'antique rite des Juifs, s'est éteinte comme étouffée sous le boisseau de la Loi; et la Jérusalem terrestre, celle qui tue les prophètes, se dissout comme située dans la vallée des larmes. Au contraire, la Jérusalem du ciel, l'Église — sous laquelle milite notre fois'élève sur la plus haute de toutes les montagnes, c'est-à-dire le Christ: elle ne peut être cachée sous les ténèbres et les ruines de ce monde; mais resplendissante de l'éclat du Soleil éternel, elle répand sur nous la lumière de la grâce de l'Esprit.

ephrem: Hymne 30, sur les Mystères de notre Seigneur (Lamy n, 812): À l'avènement de notre Soleil,

les petites lampes, servantes, passèrent, types et figures s'éclipsèrent,

la circoncision charnelle fit place à celle du coeur. L'Alliance de Moïse attendait l'Évangile:

toutes les lois antiques prirent comme des ailes pour rejoindre l'Alliance nouvelle

et s'y reposer...

Le Christ vint: les prophètes, en lui, versèrent leurs plus belles figures,

les prêtres et les rois déposèrent leurs types admirables...

Le Christ en sa Croix accomplit les figures,

en sa chair les types, en sa puissance les merveilleux symboles.

Par toute sa Personne, il accomplit toutes choses.

// Lc 12,35-37Les lampes allumées (perpétuellement, d'après Lv 24,2) se retrouvent aussi dans la parabole des Vierges sages et des Vierges folles, comme symbole de l'attente et de la fidélité.

Il se ceindra... pour les servir: Le Christ lui-même a déclaré qu'en effet, il était venu « non pour être servi mais pour servir » (Mc 10,45), se ceignant lui-même d'un linge pour laver les pieds de ses disciples avant la Cène (Jn 13,4) .Et, au ciel, il est allé nous préparer notre place (Jn 14,2).

Lv 24,5-9 — Origène: Hom. 13 sur le Lév. (pg 12,547): L'Écriture dit des «pains de proposition » qu'ils seront exposés devant le Seigneur comme une commémoration perpétuelle des douze tribus, et une supplication en leur faveur. Reportons-nous au grand mystère de cet autre pain, qui est descendu du ciel et donne la vie au monde: c'est un pain de proposition que Dieu a « exposé » afin qu'il soit propitiation pour tous ceux qui ont foi dans le sang du Christ. Et quant à la commémoration, le pain du Christ est commémoratif puisqu'il a dit lui-même: « Faites ceci en mémoire de moi ». Il est même la seule « commémoration » qui rende Dieu propice à l'homme.

Gâteaux (24,5) et pain de mémorial (24,7), pour respecter la différence des mots en hébreu.

/ Mt 12,1-4 — Ces pains de proposition, réservés aux prêtres (Lv 24,9), David fuyant la jalousie de Saul se les fera remettre (1S 21,2-7). Et le Christ donne cet exemple pour apprendre aux pharisiens plus de largeur de vue dans l'interprétation de la Loi. La sagesse des nations elle-même admet que « nécessité fait loi ». Toujours la ligne de crête évangélique entre les excès opposés de rigorisme ou de relâchement. Dès la fin du chapitre, on trouvera un exemple complémentaire (cf. Lv Lv 24,10-16 Lv Lv 24,23 Mt 5,38-42).

Lv 24,10-16 et 23 — Sur la gravité méconnue du blasphème (Ex 20,7 * ; PC m, p. 205). La gravité du mal exige un châtiment radical. La loi de sainteté exclut du peuple de l'Alliance quiconque renie cette Alliance de bénédiction* en maudissant Dieu (conduite d'ailleurs aussi vaine que folle). Si les prescriptions impitoyables de la Loi nous paraissent excessives et scandaleuses, ne serait-ce pas que n'est plus assez vive notre foi en la sainteté de Dieu comme en notre engagement d'Alliance, qui livre en quelque sorte à notre responsabilité le Nom et l'honneur de Dieu (cf. Lc Lc 23,25). Sur l'exécration nécessaire du mal, cf. PC m, p. 99-102 ; pc iv, p. 332-343 (b. steidle).

// Ac 7,55-60 — Les Juifs n'avaient pas tort de vouloir lapider celui qu'ils estimaient pour un blasphémateur, et le futur saint Paul avait droit d'approuver ce meurtre (Ac 8,1). Mais Etienne fait la preuve que, loin d'être un blasphémateur, le chrétien bénit Dieu comme Job jusque dans l'injustice dont il est victime.

En outre, pardonnant à ses bourreaux à l'exemple du Christ sur la Croix, Etienne montre combien l'Évangile surpasse la Loi avec une générosité qui va au-delà de la stricte justice de rétribution (le talion). Et par là-même, comme le Christ avait gagné le Bon Larron, Étiennne gagne la conversion de saint Paul(Ac 9).

Lv 24,19-22 // Mt 5,38-42Le talion: on peut se demander pourquoi le talion est invoqué ici? Car le blasphème n'atteint pas l'oeil ni rien du prochain, mais le Nom même de Dieu. C'est que la Loi mosaïque non moins que le N.T. tient constamment pour liés les deux commandements, puisque « ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à Moi que vous l'avez fait... Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu » en persécutant les chrétiens?

« Cette loi du talion... est de nature sociale, non individuelle. En imposant un châtiment égal au dommage causé, elle vise à limiter les excès de la vengeance, cf. Gn 4,23-24. Le cas le plus clair est l'exécution d'un meurtrier. En fait l'application de cette règle semble avoir perdu très tôt de sa brutalité primitive. Les obligations du 'vengeur du sang \go'el, Nb 35,19, sont allées en s'épurant jusqu'à comporter essentiellement rachat, Rt 2,20, et protection, Ps 19,15; Is 41,14, l'énoncé du principe demeurant en usage, mais sous des formes adoucies, Si 27,25-29; Sg 11,16; cf. 12,22. Le pardon était prescrit à l'intérieur du peuple israélite, Lv 19,17-18; Si 10,6; 27,30-28,7, et le Christ accentuera encore le commandement de pardonner » (Note de bj, sur Ex 21,24-25).

Lv 25L'année jubilaire: Les hébreux erreront 40 ans dans le désert, pour avoir refusé de faire confiance à Dieu après 40 jours d'exploration de la Terre promise (Nb 14,34). La périodicité des contrats sera de 50 ans comme l'Alliance du Sinaï est intervenue au 50e jour après la Pâque. Ces ’correspondances' ne sont pas sans dessein, et le symbolisme des nombres ne serait peut-être pas à dédaigner, même si l'on doit se garder d'en tirer des conclusions par trop artificielles, comme saint Augustin sur les 38 ans de l'infirme guéri à la piscine probatique...

La redistribution des terres et la libération des esclaves (Lv 25,23-34 et 35-53) auraient dû, si elles avaient été pratiquées (cf. a contrario Jr 34,8-22), rappeler à Israël que même en Terre promise, ils avaient à rester en situation d'Exode, appelés qu'ils étaient par l'Alliance à une patrie meilleure (He 11,8-16, donné en // à Gn 12,5 * et 23,1-11).

Rupert de Deutz: Op. cit. (PL 167,828): Pourquoi le Seigneur de toute la terre affirme-t-il son droit sur ce bout de terre? Parce que ceux à qui il s'adresse sont des enfants, sont des petits (Ga 3), qui aiment et convoitent de petites choses. Ils sont avides des biens terrestres, parce qu'ils ne connaissent pas les biens célestes.

À nous aussi de garder l'esprit de « pèlerins », en route, « comme nos pères » (1P 2,11 Ps 39,13).

Isidore de séville ; Sur le Lév (PL 83,338) : Si l'on demande pourquoi les chrétiens n'observent pas l'année sabbatique ni le jubilé, où tous retrouvaient leur antique possession, il faut répondre que la figure du jubilé signifiait le repos de l'éternelle béatitude ... Quand, à la voix de l'archange, la dernière trompette sonnera, chacun retrouvera l'antique possession de sa chair: Adam retrouvera la terre antique de sa chair où il habita; alors Abel rentrera dans sa terre, d'où il fut chassé par Caïn. Alors Noé, Abraham, Isaac et Jacob, et même tous les mortels, recevront chacun leur corps d'où ils étaient sortis, et ils le posséderont pour l'éternité.

// Is 61,1-3 Is 61,7 Dès les prophètes, cette année jubilaire se révèle surtout comme l'annonce du « temps de grâce et de salut » (2Co 6,2 ss). Il n'est donc pas étonnant que le Christ montre à Jean Baptiste qu'il est le Messie, en rappelant qu'il accomplit ce qu'Isaïe annonçait pour cette « année de grâce ».

Année de grâce... Jour de vengeance pour notre Dieu (v. 2): Le parallélisme prouve que les deux expressions sont similaires : La vengeance de Dieu, c'est sa grâce, son infinie miséricorde (Hésèd*). Il se venge par notre Rédemption. Vengeance pourtant, puisque l'injustice est vengée par le rétablissement de la justice supérieure, re-créée par Dieu. Mais vengeance de grâce, puisqu'elle permet notre réconciliation avec Dieu dans le rétablissement de l'Alliance.

Lv 25,55 // Jr 11,3-5Moi seul: ’Seul' est ajouté ici, pour traduire le caractère emphatique des termes de l'hébreu.

Ce verset peut bien être solennel, car c'est la conclusion de l'Alliance, résumée depuis le début (la sortie d'Egypte), avec un dernier rappel du motif de tout ce qui précède (Loi de Sainteté): «Je suis Yahvé, votre Dieu» (cf. 19,3-37*).



Bible chrétienne Pentat. 3204