Discours 2000 -   MESSAGE À L'OCCASION DU 450 ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT CAMILLE DE LELLIS


  MESSAGE DU SAINT PÈRE AUX FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES




Au Frère John Johnston,
Supérieur général des Frères des Écoles chrétiennes

Le grand Jubilé de l’Incarnation marquera pour les Frères des Écoles chrétiennes un double anniversaire. Au cours de ce mois de mai, sera fêté le centenaire de la canonisation de saint Jean-Baptiste de La Salle, le fondateur de votre Institut, de même que le cinquantenaire de sa proclamation, par mon prédécesseur le Pape Pie XII, comme Patron spécial de tous les éducateurs de l’enfance et de la jeunesse. Ce double événement me donne l’occasion de m’unir profondément à votre prière et à votre action de grâce, ainsi qu’à celles de tous les membres de votre famille religieuse et d’adresser à tous un cordial salut, notamment au moment où se réunit autour de vous le 43e chapitre général de votre Institut.

Par son génie pédagogique, saint Jean-Baptiste de La Salle fut un illustre pionnier de l’éducation populaire des enfants et des jeunes. En véritable apôtre, il sut servir les enfants qui venaient dans ses écoles, s’attachant d’abord à former leurs maîtres. Une telle intuition reste fondamentale aujourd’hui, car elle souligne combien l’éducation suppose, d’une part, la transmission des valeurs humaines et chrétiennes, et, d’autre part, le témoignage d’adultes qui montrent aux jeunes ce qu’est une vie belle et équilibrée. L’éducation est donc plus qu’un métier, c’est une mission, qui consiste à aider chaque personne à reconnaître ce qu’elle a d’irremplaçable et d’unique, afin qu’elle grandisse et s’épanouisse. En proclamant votre fondateur Patron de tous les éducateurs de l’enfance et de la jeunesse, l’Église le propose comme modèle à imiter et comme exemple pour tous ceux qui ont une tâche éducative, les invitant à faire preuve d’inventivité, de patience et de dévouement, et à discerner les besoins des jeunes, répondant ainsi à leurs aspirations profondes.

Il revient aux Frères de faire connaître la grandeur de l’apostolat et la vision chrétienne d’éducateur de saint Jean-Baptiste de La Salle, qui conservent toute leur actualité pour le monde d’aujourd’hui. Son charisme, nourri de la contemplation assidue de Dieu, Créateur et Sauveur, et vécu selon l’idéal religieux d’une existence consacrée au Seigneur dans une vie communautaire et fraternelle, montre qu’éduquer, enseigner et évangéliser forment un tout. L’éducation reste incomplète si elle ne conduit pas à l’apprentissage du respect de la vie et de la liberté, du service de la vérité et du désir du don de soi. En annonçant l’Évangile dans les écoles, ce qui est le but de votre apostolat, vous attachez à former chaque homme, à former l’homme intégral.

J’encourage donc tous les Frères dans leur mission d’éducation et d’évangélisation, notamment auprès des enfants et de la jeunesse pauvres ou en difficulté, leur montrant que chacun est infiniment précieux aux yeux de Dieu. Ils participent ainsi de manière insigne à la mission de l’Église. Je les exhorte à être de véritables fils de saint Jean-Baptiste de La Salle, se soutenant mutuellement dans la voie de la sainteté. En prenant leur part à l’ "ouvrage de Dieu" et en vivant pleinement la dimension catéchétique de leur noble tâche, qu’ils relèvent toujours, dans les nombreux pays où ils sont présents, les défis présents et à venir, particulièrement en ces temps où, dans un monde en évolution, bien des repères de la vie morale disparaissent! Comme je vous le disais lors de votre dernier chapitre général, le 14 mai 1993, "soyez en toutes circonstances des maîtres, des témoins du Christ, des éducateurs chrétiens, par l’exemple et la parole" ! Puissiez-vous, par cette double commémoration au coeur de l’année jubilaire, raviver la mission qui est la vôtre et appeler des jeunes à suivre l’idéal lassaient dans la vie religieuse !

En vous confiant à l’intercession de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste de La Salle, ainsi que tous vos Frères, les Professeurs, les élèves de vos écoles et leur parents, les anciens élèves et la famille lasallienne, qui collaborent avec vous dans votre mission, j’accorde à tous de grand coeur la Bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 2 mai 2000

IOANNES PAULUS II


PAROLES DU SAINT PÈRE AU COURS DU DÉJEUNER À LA DOMUS SANCTAE MARTHAE

Jeudi 18 mai 2000




Très chers amis!

La journée d'aujourd'hui est entièrement placée à l'enseigne de l'"action de grâce", de l'"Eucharistie", et avant de nous saluer, j'ai à coeur de renouveler mes remerciements.

Merci avant tout à Dieu, qui "couronne l'année de ses bénéfices" (Psaume) et qui, parmi les jours du grand Jubilé, nous a permis de vivre celui-ci, consacré aux prêtres. Je suis particulièrement heureux de rappeler mon anniversaire dans cette dimension sacerdotale, qui est fondamentale dans ma vie, comme dans la vôtre.

Merci à vous, cher Cardinal Bernardin Gantin, de vos paroles, et à vous tous, chers Confrères Cardinaux, qui avez voulu offrir avec générosité ce repas. Ma pensée reconnaissante va vers les Soeurs et tout le personnel de la Domus Sanctae Marthae, pour la courtoisie et l'efficacité avec lesquelles ils nous ont accueillis, véritablement dignes de la Patronne de cette Maison. Après la célébration de ce matin, à la fois solennelle et chargée d'affection fraternelle, ce moment convivial m'a permis d'exprimer le lien de familiarité qui me lie à chacun de vous, avec la participation importante d'un groupe de prêtres qui représentent tous ceux qui ont pris part à cette célébration jubilaire.

Je souhaite répondre à vos expressions d'affection et j'ai à coeur de le faire précisément dans le style sacerdotal, en vous assurant de vous rappeler ce soir dans la prière des Vêpres et en confiant chacun de vous à la Sainte Vierge, Mère des Prêtres.




À L'ISSUE DU CONCERT DONNÉ EN SON HONNEUR À L'OCCASION DE SON 80ème ANNIVERSAIRE

Jeudi 18 mai 2000




Mesdames et Messieurs!
Très chers frères et soeurs!

1. Merci pour ce concert que vous m'avez offert à l'occasion de mon 80e anniversaire. Celui-ci conclut une journée qui a été pour moi une reconnaissance émue au Seigneur pour le don inestimable de la vie et pour les nombreuses grâces dont Il a voulu l'enrichir.

Avec affection, je m'adresse en premier lieu aux organisateurs et aux musiciens qui, à travers cette représentation, ont voulu m'exprimer leurs sentiments d'estime et de meilleurs voeux. Je remercie sincèrement le chef d'orchestre, Maître Gilbert Levine, qui a interprété avec une profonde sensibilité le noyau central de "La Création", le chef d'oeuvre de Joseph Haydn, et qui a dirigé avec une intensité artistique les solistes, les musiciens et le choeur de l'Orchestre philarmonique. Je remercie les musiciens et les interprètes, ainsi que tous ceux qui ont contribué au succès du concert.

J'adresse mon salut le plus cordial aux autorités et aux personnalités ecclésiales ici présentes. Je désire saluer en particulier les éminentes personnalités de la communauté juive et les représentants des autres Eglises et Communautés ecclésiales, qui ont voulu s'associer cordialement à tous ceux qui, en cette occasion, ont été proches de moi par la prière et à travers l'expression de leurs voeux.


2. La splendide exécution des deux premières parties de l'Oratorio de Joseph Haydn nous a permis de contempler avec joie et émotion le récit biblique de la création, proposé, à travers la puissance évocatrice du texte sacré et de la poésie, au moyen du langage mystérieux et universel de la musique. Concernés par le même récit, nous avons ainsi pu participer à la joie exprimée par les choeurs de louange au Seigneur et nous nous sommes tous sentis fils du même Dieu créateur. "Les cieux rapportent la gloire de Dieu / et l'oeuvre de ses mains / se manifeste au firmament". Quel rappel puissant à la transcendance de Dieu et à la sacralité et la grandeur du créé!

Cette fresque musicale solennelle a proposé, à travers la transparence des sons et la beauté du texte, l'aube de la création. La narration se développe selon le rythme des six jours qui marquèrent l'apparition de la lumière lorsque "le chaos se retire et l'ordre naît", du ciel et de la terre, des choses et des créatures vivantes.

Mais le génie artistique de Joseph Haydn, reproposant avec force et beauté le récit biblique, souligne que le sommet de la création est constitué par l'apparition de l'homme. "Et Dieu fit l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa. Il fit l'homme et la femme. Il souffla devant eux le souffle vital et l'homme devint une âme vivante". La conclusion ne peut être qu'un hymne de louange: "L'oeuvre magnifique est accomplie / que notre chant soit une louange au Seigneur! / Que Lui seul est le Très-Haut".


3. Frères et soeurs! Merci de nous avoir offert cette expérience singulière de méditation spirituelle et esthétique sur le mystère de la création, qui fonde la certitude de notre origine commune. Je souhaite qu'à notre époque également, à travers l'art et la musique, l'attention à l'homme et le respect pour la nature puissent être toujours vivants.

Puisse, en outre, la réflexion sur l'origine commune contribuer à faire redécouvrir à chacun les liens profonds de fraternité qui jaillissent de l'identité de fils de l'unique Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Je vous confie vous tous ici présents, ainsi que les promoteurs et les organisateurs, les artistes et les interprètes de cette manifestation, à son amour de Père, en invoquant sur chacun la Bénédiction divine.




AU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE VENU POUR EXPRIMER LES VOEUX À L'OCCASION DE SON QUATRE-VINGTIÈME ANNIVERSAIRE

Vendredi 19 mai 2000




1. C’est avec émotion et gratitude que je m’adresse à vous, Chefs des Missions diplomatiques accréditées près le Saint-Siège, qui êtes venus ici pour m’exprimer vos voeux à l’occasion de mon quatre-vingtième anniversaire.

Le Professeur Giovanni Galassi, votre Doyen, s’est fait votre interprète avec une courtoise délicatesse qui m’a vivement touché. Je le remercie pour les sentiments qu’il a exprimés; je les accueille volontiers en les faisant remonter vers Dieu, l’Auteur suprême de la vie et de tout autre bien.

En vous saluant, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je salue aussi vos familles et vos collaborateurs, ainsi que les Autorités et les populations de vos pays. Vous savez qu’ils ont une place particulière dans le coeur du Pape, et cela grâce aux contacts personnels intenses et constants qui se sont établis au long des années à travers les audiences privées, les rencontres communes et mes nombreux voyages apostoliques.

Vous êtes venus ici remercier Dieu avec moi pour le don qu’Il m’a fait d’une longue vie, et aussi confirmer, une fois de plus, les attentes de paix, de valeurs qui donnent un sens à la vie de l’homme, et d’engagement de l’Évêque de Rome pour la promotion et la défense de la dignité de toute personne et de tout peuple.

Votre proximité spirituelle m’est précieuse et me permet de vous associer à la prière que j’élève avec le psalmiste qui s’exclamait avec ferveur: "Tu as fait pour nous tant de choses, toi, Seigneur mon Dieu!/ Tant de projets et de merveilles: / non, tu n’as point d’égal!/ Je les dis, je les redis encore;/ mais leur nombre est trop grand!" (Ps 39,6).

2. Le don de la vie ! Oui, la vie est un don qui jaillit d’un acte d’amour. C’est donc avec amour qu’il faut l’accueillir, la respecter, la cultiver, la promouvoir de toutes les manières et la défendre quand elle est menacée. Mes quatre-vingts ans se sont écoulés dans un siècle qui a connu des attentats à la vie comme on n’en avait jamais vus, mais en même temps des témoignages sublimes en sa faveur. Tout au long de mon pontificat, encouragé par les paroles de l’Apôtre Paul à Timothée "insiste à temps et à contretemps" (2Tm 4,2), je me suis souvent appuyé sur votre généreuse collaboration pour faire parvenir aux Chefs d’État du monde entier mes appels en faveur du respect et de la promotion de la vie dans ses divers moments et dans ses multiples exigences.

Les attentes dont vous êtes les ambassadeurs sont pour moi un aiguillon dans l’accomplissement quotidien de mon ministère sur la Chaire de Pierre. Après vingt ans d’histoire, l’Église, "colonne et support de la vérité" (1Tm 3,15), se sent plus que jamais appelée à accueillir le dessein de Dieu sur l’humanité, à écouter la voix qui s’élève des diverses sociétés, des cultures et des civilisations du monde entier, à en percevoir les exigences les plus profondes pour se mettre à leur service.

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, je vous renouvelle mes remerciements cordiaux pour ce geste solennel par lequel vous avez voulu m’honorer dans une circonstance personnelle de ma vie.

Je vous confie l’expression de ma gratitude déférente envers les Autorités que vous représentez et qui, en grand nombre, m’ont fait parvenir des témoignages appréciés de voeux et de reconnaissance.

Dans ces sentiments, j’invoque volontiers sur vos personnes et sur votre mission l’abondance des Bénédictions du Dieu tout-puissant.




  AUDIENCE AUX PARTICIPANTS AU PÈLERINAGE JUBILAIRE DES FIDÈLES DE SAINTE RITA DE CASCIA ET DES CHEVALIERS DU TRAVAIL

Samedi 20 mai 2000




Très chers frères et soeurs,

1. Je suis heureux de vous souhaiter une cordiale bienvenue et de vous manifester ma joie pour l'événement singulier qui nous a rassemblés ici. Vous êtes venus nombreux pour accomplir votre pèlerinage à Rome et franchir la Porte Sainte du grand Jubilé. Je salue le Cardinal Sodano, Secrétaire d'Etat. Je salue Mgr Riccardo Fontana, Archevêque de Spolète-Norcia, et je le remercie des paroles et des voeux qu'il m'a adressés en votre nom. Je salue le Cardinal Opilio Rossi, le Patriarche arménien, tous les évêques ici présents. Je salue les Pères généraux, les religieuses, les moniales de l'Ordre de Saint-Augustin, ainsi que les représentants des Autorités de chaque ordre. Votre présence me remet en mémoire la visite que j'ai eu l'occasion d'effectuer il y a vingt ans dans la Commune de Cascia, pour rencontrer les populations frappées par le tremblement de terre en 1979.

Parmi nous se trouve aujourd'hui un pèlerin illustre qui, du ciel, s'unit à notre prière. Il s'agit de sainte Rita de Cascia, dont la dépouille mortelle, transportée à Rome par la Police italienne, accompagne la foule de fidèles qui l'invoquent avec une familiarité affectueuse et qui lui présentent avec confiance les questions et les angoisses qui pèsent sur leur coeur.

Aujourd'hui, le sanctuaire de Cascia s'est comme transféré sur la place Saint-Pierre. Et vous, chers pèlerins, vous êtes venus la vénérer de toutes les parties du monde. Avec elle, vous désirez renouveler au Pape, comme elle le fit lorsqu'elle était en vie, les sentiments les plus profonds de fidélité et de communion.

La dépouille mortelle de sainte Rita, que nous vénérons aujourd'hui, constitue un témoignage significatif de l'oeuvre que le Seigneur accomplit dans l'histoire, lorsqu'il trouve des coeurs humbles et disponibles à son amour. Nous voyons le corps menue d'une femme de petite taille mais grande dans la sainteté, qui vécut dans l'humilité et qui est à présent célèbre dans le monde entier pour son existence chrétienne héroïque d'épouse, de mère, de veuve et de moniale. Profondément enracinée dans l'amour du Christ, Rita trouva dans sa foi inébranlable la force pour être en chaque circonstance une femme de paix.

Dans son exemple de total abandon à Dieu, dans sa transparente simplicité et dans son inébranlable adhésion à l'Evangile il nous est possible, à nous aussi, de trouver les indications opportunes pour être des chrétiens authentiques en cette aube du troisième millénaire.


2. Mais quel est le message que cette sainte nous transmet? Il s'agit d'un message qui transparaît de sa vie: l'humilité et l'obéissance ont été la voie sur laquelle Rita a marché vers une assimilation toujours plus parfaite au Crucifié. Les stigmates qui brillent sur son front sont la preuve de l'authenticité de sa maturité chrétienne. Sur la Croix avec Jésus elle a, d'une certaine façon, obtenu le diplôme de cet amour, qu'elle avait déjà connu et exprimé de façon héroïque entre les murs de sa maison et en participant à l'histoire de sa ville.

Suivant la spiritualité de saint Augustin, elle devint une disciple du Crucifié et "experte pour souffrir", elle apprit à comprendre les peines du coeur humain. Rita devint ainsi l'avocate des pauvres et de ceux qui n'ont rien, obtenant pour ceux qui l'ont invoquée dans les situations les plus disparates d'innombrables grâces de consolation et de réconfort.

Rita de Cascia fut la première femme à être canonisée lors du grand Jubilé du début du XXème siècle, le 24 mai 1900. En décrétant sa Sainteté, mon prédécesseur Léon XIII observa qu'elle plut tant au Christ qu'il voulut la marquer du sceau de sa charité et de sa passion. Un tel privilège lui fut accordé en raison de son humilité singulière, de son détachement intérieur des passions terrestres et de l'admirable esprit de pénitence qui accompagnèrent chaque moment de sa vie (cf. Lett. apos. Umbria gloriosa sanctorum parens, Acta Leonis XX, pp. PP 152-53).


3. J'ai plaisir aujourd'hui, cent ans après sa canonisation, à la reproposer comme signe d'espérance en particulier aux familles. Chères familles chrétiennes, en imitant son exemple, sachez vous aussi trouver dans l'adhésion au Christ la force de porter à terme votre mission au service de la civilisation de l'amour!

Si nous demandons à sainte Rita quel est le secret de cette extraordinaire oeuvre de renouveau social et spirituel, elle nous répond: la fidélité à l'amour crucifié. Rita, avec le Christ et comme le Christ, parvient à la Croix toujours et uniquement par amour. Alors, comme elle, nous tournons notre regard et notre coeur vers Jésus mort et ressuscité pour notre salut. C'est lui, notre Rédempteur, qui rend possible, comme il le fit pour cette chère sainte, la mission d'unité et de fidélité qui est propre à la famille, même dans les moments de crise et de difficultés. C'est encore lui qui rend concret l'engagement des chrétiens dans l'édification de la paix, en les aidant à surmonter les conflits et les tensions, malheureusement si fréquents dans la vie quotidienne.


4. La sainte de Cascia appartient au grand groupe des femmes chrétiennes qui "ont eu une influence significative sur la vie de l'Eglise, ainsi que sur celle de la société" (Mulieris dignitatem MD 27). Rita a bien interprété le "génie féminin": elle l'a vécu intensément, tant dans sa maternité physique que spirituelle.

J'ai rappelé, à l'occasion du sixième centenaire de sa naissance, que sa leçon "se concentre sur ces éléments typiques de spiritualité: l'offre du pardon et l'acceptation de la souffrance, non pas en raison d'une forme de résignation passive [...], mais en vertu de cet amour envers le Christ qui, précisément lors de l'épisode du couronnement, a subi, en même temps que d'autres humiliations, une atroce parodie de sa royauté" (Insegnamenti, V/1 [1982], 874).

Très chers frères et soeurs, la dévotion à sainte Rita dans le monde est symbolisée par la rose. Il faut espérer que la vie de tous ses fidèles soit également comme la rose cueillie dans le jardin de Roccaporena au cours de l'hiver qui précéda la mort de la sainte. C'est-à-dire qu'il s'agisse d'une vie soutenue par l'amour passionné pour le Seigneur Jésus; une existence capable de répondre à la souffrance et aux épines par le pardon et le don total de soi, pour diffuser partout le bon parfum du Christ (cf. 2Co 2,15), à travers l'annonce cohérente et vécue de l'Evangile. Chers fidèles et pèlerins, Rita redonne sa rose à chacun de vous: en la recevant spirituellement engagez-vous à vivre comme les témoins d'une espérance qui ne déçoit pas, et comme des missionnaires de la vie qui vainc la mort.


5. J'adresse à présent une pensée cordiale aux membres de la Fédération nationale italienne des Chevaliers du Travail, venus à Rome pour célébrer leur Jubilé. Je souhaite la bienvenue à chacun. Très chers amis, votre activité est placée au service de l'élévation économique et sociale des travailleurs. Je souhaite que, grâce à votre effort, vous puissiez constamment contribuer au bien commun, à la formation des jeunes qui s'insèrent dans le monde de la production, à l'élimination progressive des répartitions injustes, à la résolution du problème inquiétant du chômage.

Face aux changements rapides qui touchent la société moderne, soyez prêts à affronter les défis actuels de l'économie et de la globalisation, sans jamais perdre de vue les valeurs fondamentales de la dignité de l'homme, de la solidarité avec les plus faibles, de l'humanisation du labeur et de la socialité du travail.


6. Très chers frères et soeurs, j'invoque sur vous la protection de Marie, en ce mois qui lui est consacré de manière particulière. Que par son intercession, ainsi que par l'intercession de sainte Rita et saint Benoît, vous soient accordées toutes les grâces qui vous sont nécessaires ainsi qu'à vos proches. Je vous assure à cet effet de ma prière, alors que de tout coeur je vous bénis.




AUX MEMBRES DE LA DÉLÉGATION BULGARE, À L'OCCASION DE LA FÊTE ANNUELLE DES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODE

Lundi 22 mai 2000



Excellence,
Chers amis,

1. La fête annuelle des saints Cyrille et Méthode, co-patrons de l'Europe, m'offre l'heureuse occasion de vous saluer cordialement, vous qui représentez le cher peuple bulgare. Inscrit dans le contexte territorial et culturel du vieux continent, il a beaucoup à apporter aux autres peuples en fait de traditions, d'énergies humaines et spirituelles, de trésors de civilisation.

À travers vous, Membres de la Délégation venue rendre visite à l'Évêque de Rome, je veux exprimer à vos compatriotes mes sentiments les plus affectueux et les assurer de mon souvenir constant et de ma prière fervente pour que Dieu leur accorde tout le bien qu'ils désirent.

2. En évoquant les grandes figures des deux frères de Salonique, «fils de l'Orient, byzantins par leur patrie, grecs par leur origine, romains par leur mission, slaves par leur apostolat», mon prédécesseur Pie XI faisait remarquer qu'ils avaient dépensé toute leur énergie, se donnant sans réserve, pour gagner les peuples au Christ (cf. lettre apostolique Quod S. Cyrillum, 13 février 1927: AAS 19 [1927], p. 95).

L'oeuvre évangélisatrice de Cyrille et de Méthode a renforcé également dans le peuple bulgare les fondements du processus d'identité nationale et d'ouverture à la rencontre avec d'autres peuples du continent, au point de faire de la nation bulgare l’instrument irremplaçable du dialogue entre l'Orient et l'Occident.

La dimension universelle de la prédication des saints Cyrille et Méthode et l'apostolat intense qu'ils ont exercé pour que tous puissent parvenir à la connaissance de la vérité et participer dans l'unité à l'amour salvifique de Dieu, nous aident à comprendre que «tous les hommes, toutes les nations, toutes les cultures et toutes les civilisations ont un rôle propre à remplir et une place particulière dans le plan mystérieux de Dieu et dans l'histoire universelle du salut» (encyclique Slavorum apostoli, 2 juin 1985, n. 19).

Leur souvenir nous remet en mémoire des événements anciens mais non oubliés. De leurs figures imposantes émane aujourd’hui encore une lumière de sainteté et de grâce qui honore grandement l’Église du Christ. Leur témoignage intrépide nous pousse à rechercher constamment des chemins de dialogue et à former des projets d’unité.

Je sais que le cher peuple bulgare est déterminé à affronter avec courage et confiance les inévitables difficultés, et je souhaite qu’il sache construire un présent toujours plus serein et plus pacifique, d’où puisse jaillir un avenir riche de bons fruits.

3. Votre pèlerinage sur la tombe de saint Cyrille s’inscrit dans le contexte plus large du grand Jubilé, événement qui rappelle les deux mille ans écoulés depuis la naissance du Christ. Puisse ce temps être témoin d’une volonté renouvelée de paix, de dialogue, de collaboration avec tous, afin que progressent toujours plus intensément la compréhension entre les peuples et l’échange des dons que Dieu leur a faits!

Je vous remercie de votre visite et je forme des voeux fervents pour que vos compatriotes puissent persévérer sur la voie de la reconstruction spirituelle et matérielle déjà en cours. Je confie ces souhaits à Dieu et, par l’intercession des saints Cyrille et Méthode, j’invoque sur vous et sur tous ceux que vous représentez l’abondance des bénédictions divines.


  AUDIENCE AUX PÈLERINS RÉUNIS POUR LA CANONISATION DE 27 BIENHEUREUX

Lundi 22 mai 2000



Chers frères et soeurs,

1. Je suis heureux de vous rencontrer tous, chers pèlerins mexicains qui avez participé hier à la solennelle canonisation de Cristóbal Magallanes et de ses compagnons martyrs, de José María de Yermo y Parres, fondateur des Servantes du Sacré-Coeur de Jésus et des Pauvres, et de María de Jesús Sacramentado Venegas, fondatrice des Filles du Sacré-Coeur.

Toute l'Eglise se réjouit avec vous en voyant ainsi proclamée la gloire de ces fils et également de votre noble patrie, qui peut compter sur l'exemple de leur dévouement au Seigneur et sur leur puissante intercession pour ses nécessités. Ils annoncent avec un témoignage éloquent, la force transformatrice de l'amour envers Dieu et envers le prochain, essence de la vie chrétienne et ils nous encouragent à vivre avec une fidélité renouvelée notre condition d'enfants appelés à rendre témoignage de la foi, à conserver vivante l'espérance et à pratiquer la charité dans toutes les circonstances de la vie.

Je salue avec affection les cardinaux, les archevêques et les évêques, les prêtres et les fidèles, et en particulier les religieuses qui ont assisté à la canonisation de leurs fondateurs. Je voudrais souhaiter à tous ma plus cordiale bienvenue à cette rencontre, caractérisée par la joie, et qui se déroule au cours du grand Jubilé de l'Incarnation.


2. Votre présence ici me rappelle les inoubliables journées que j'ai vécues au Mexique à l'occasion des quatre voyages apostoliques que la Providence m'a permis d'accomplir dans ce pays, et dont le sommet a été atteint l'année dernière, lorsque j'ai présenté l'Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America, aux pieds de la Vierge de Guadalupe. J'ai placé sous sa protection la vie de toutes les Communautés ecclésiales présentes sur le continent de l'espérance afin qu'Elle le bénisse par de nouveaux fruits abondants de sainteté.

Le peuple mexicain s'est toujours distingué par son grand amour pour Dieu, la Vierge, l'Eglise et le Pape, étant profondément enraciné dans la foi catholique qui, malgré les vicissitudes de l'histoire, fait partie intégrante et de façon fondamentale de l'âme de votre nation. C'est pourquoi je désire vous répéter ce que je vous ai déjà dit lors de la Messe à l'autodrome de la capitale fédérale: "Ne laissez pas la lumière de la foi s'éteindre! Le Mexique continue à en avoir besoin pour pouvoir construire une société plus juste et fraternelle, solidaire... Faites en sorte que la parole du Christ parvienne à ceux qui l'ignorent encore! Ayez le courage de témoigner de l'Evangile dans les rues et sur les places, dans les vallées et sur les montagnes de ce pays" (Homélie, 25 janvier 1999, cf. ORLF n. 5 du 2 février 1999).


3. Nous sommes en train de vivre l'année du grand Jubilé, qui nous offre la possibilité de nous rapprocher du trésor infini de grâce et de miséricorde que Dieu a confié à l'Eglise. Dans ce but, il est nécessaire - en partant de la vocation particulière de chacun - de suivre le Christ de façon radicale. Il est le chemin qui donna la force à saint Cristóbal Magallanes et à ses compagnons de vaincre dans le martyre, à saint José María de Yermo y Parres de devenir le "Géant de la charité", à sainte María de Jesús Sacramentado Venegas de se soumettre avec humilité et générosité à la volonté de Dieu. Que leurs exemples et leurs enseignements vous insufflent sans cesse l'enthousiasme et le courage pour suivre le Christ avec une fidélité renouvelée! Vous serez ainsi préparés à affronter avec confiance et espérance les difficultés de notre temps et les défis de la nouvelle évangélisation.


4. Les Etats de Jalisco, Zacatecas, Durango, Chihuahua, Guanajuato, Morelos, Guerrero et Colima sont les terres d'origine du groupe de nouveaux saints martyrs. Le souvenir de leur personne et de leur don généreux et héroïque est encore vivant et leur gloire devant Dieu sera impérissable. Ces prêtres, qui offrirent leur vie par fidélité au ministère sacerdotal sont un exemple clair pour les prêtres d'aujourd'hui de la façon dont il faut assister les fidèles, même en risquant sa propre vie. Avec eux, les trois laïcs constituent un témoignage précieux de l'engagement ecclésial et de la vocation à la sainteté propre à tous les baptisés, qui doit nous conduire à vivre en communion de foi et d'amour, en particulier aux côtés de ceux qui ont besoin de nous, et en ayant toujours confiance en Dieu.


5. Saint José María de Yermo y Parres, originaire du clergé de Puebla de los Angeles, mena une existence empreinte de prière et de sacrifice, nourrissant une confiance ardente dans la divine Providence et manifestant de l'héroïsme dans la charité. Sa vie est une invitation adressée aux chrétiens à suivre le Christ dans l'amour pour le prochain en s'oubliant soi-même et, lorsque cela est nécessaire, en acceptant la croix. Dans le monde actuel, qui a tant besoin de fraternité et de solidarité, le nouveau saint enseigne à établir de nouveaux rapports dans lesquels le service généreux, créatif, concret et dynamique sera capable de favoriser un nouveau climat de fraternité entre tous dans le Christ.

Pour poursuivre son oeuvre, son esprit éminemment sacerdotal fut à l'origine de la fondation des Servantes du Sacré-Coeur de Jésus et des Pauvres, auxquelles il a laissé le témoignage d'un don de soi sans égal à la cause du Christ et des pauvres. Chères religieuses, Filles de saint José María de Yermo, conservez toujours vivantes ses caractéristiques évangéliques d'humilité et de simplicité dans le service d'amour miséricordieux pour le frère qui est dans le besoin, en l'assistant avec les mêmes sentiments que le Coeur divin. Cela vous aidera à conserver vivant le sens ecclésial et missionnaire de votre charisme et la juste orientation dans l'apostolat social et spirituel en faveur des pauvres.


6. C'est dans l'Etat de Jalisco que naquit sainte María de Jesús Sacramentado Venegas. Après une enfance vécue dans un milieu familial où, malgré les difficultés, un intense climat spirituel était encouragé, elle fut conduite par Dieu à l'hôpital du Sacré-Coeur de Guadalajara, où elle s'unit à d'autres femmes pieuses qui se consacraient aux soins des malades. Là, en tant qu'infirmière compétente et pleine d'abnégation, elle se prodigua au service de la santé et, à partir de 1921, année où elle fut élue Supérieure, elle se consacra au développement de l'Institut naissant, en communiquant aux soeurs l'amour pour l'Eglise et les âmes, pour les privations et les sacrifices. Elle ne recula pas devant la persécution religieuse, et créa au contraire de nouvelles fondations dans divers Etats de la République. Sa vie spirituelle s'alimentait de la prière assidue, de la réception des Sacrements et de la dévotion filiale à la Vierge Marie, tout cela dans la plus stricte observance des règles de l'Institut.

Son message conserve toute son actualité. De fait, la rigueur de sa foi, sa confiance illimitée en Dieu, son amour inlassable, jusqu'à s'oublier elle-même, firent d'elle une femme consacrée digne d'être imitée. Elle sut développer la Congrégation des Filles du Sacré-Coeur de Jésus, dans laquelle le don d'elle-même s'étend, à l'exemple du bon samaritain, à ceux qui, comme elle le disait, "dans leur corps et dans leur âme ressemblent le plus au Christ qui souffre". Une existence comme la sienne, consacrée à accomplir la volonté de Dieu avant tout autre chose, permet de vivre dans la paix et la sérénité, qui constituent des aspirations humaines nécessaires à la vie actuelle. Heureusement, l'on vit aujourd'hui au Mexique un printemps des vocations à la vie religieuse, dont des personnes de l'envergure de Mère María de Jésus Sacramentado sont des pionnières.


7. Chers pèlerins mexicains, vous avez participé hier à un événement exceptionnel: la canonisation de 27 de vos concitoyens lors du grand Jubilé. Retournez au Mexique avec l'engagement de renouveler votre fidélité à Dieu et à l'Eglise, de rendre toujours et partout un témoignage courageux de vie chrétienne, de collaborer à la nouvelle évangélisation afin que le Christ soit connu et aimé par tous les Mexicains. Défendez également la cause de la vie, de la famille, des pauvres et des indigents.

Que dans cette mission vous assiste l'intercession des nouveaux saints, que vous accompagne la protection maternelle de la Vierge de Guadalupe, Reine du Mexique et Impératrice de l'Amérique! Que la Bénédiction apostolique que je vous donne avec affection, et que j'étends à vos proches, à vos amis et aux personnes qui vous sont chères, soit le gage des faveurs célestes.




Discours 2000 -   MESSAGE À L'OCCASION DU 450 ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT CAMILLE DE LELLIS