Révélations de Sainte Brigitte de Suède 4011

Chapitre 11 Pour le jour de l’Annonciation de la Sainte Vierge

4011   Sainte Agnès loue et bénit la glorieuse Vierge Marie. Comment elle la prise pour sa fille. Douce réponse de Notre-Seigneur, et de la Vierge grandement excellente pour consoler l’épouse, et en quelle manière le monde est désigné par lui.

Pour le jour de l’Annonciation de la Sainte Vierge.

  Sainte Agnès dit : O Marie, Mère, et Vierge des vierges ! Vous pouvez être appelée à bon droit Aurore que Jésus-Christ, le vrai soleil, illumine. Mais est-ce que je ne vous appelle pas aurore à cause de votre race royale, ou pour les richesses et honneurs ? Nullement, mais à bon droit vous êtes nommée aurore à raison de l’humilité, à raison de l’illumination de la foi et à raison du voeu singulier de votre chasteté. Vous êtes l’avant-courrière du soleil et sa productrice, la joie des justes, la chasse des diables, la consolation des pécheurs. Je vous en prie par les noces que Dieu a faites en vous à cette heure, que votre fille sainte Brigitte se puisse arrêter en l’honneur, et en l’honneur de Jésus-Christ.

La Mère de Dieu répondit : Comment entendez-vous ces noces ? Dites-le pour l’amour de cette fille, qui vous entend.

Sainte Agnès répondit : Vraiment, vous êtes Mère de tous deux, Vierge et épouse, car des noces très belle ont été faites en vous à cette heure, quand Dieu s’est fait homme en vous par un saint mariage, et alliance, et union, sans confusion ni diminution de la Divinité. La virginité et la maternité se sont assemblées en un, sans blesser la candeur de la virginité.

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Vous avez été faite mère et fille tout ensemble de votre Créateur, car vous avez engendré corporellement celui qui est éternellement engendré du Père, et fait toutes choses avec le Père ; car le Saint-Esprit a été en vous, hors de vous, et partout avec vous ; il vous a rendue féconde et consentant au noce de Dieu. Le même Fils de Dieu, qui est né ce jourd’hui de vous, était en vous par grâce avant que son messager arrivât à vous, c’est pourquoi faites miséricorde à votre fille, car elle ressemble à ces pauvres femmes, qui, habitant dans les vallées, n’ont que peu de chose pour vivre, comme par exemple, une geline, une oie qui est encore au seigneur, qui habite en la montagne au pied de laquelle est la vallée, car tout ce qu’elle avait, elle l’offrait avec amour à Dieu en la montagne.

Notre-Seigneur lui répliqua : Je surabonde en toutes choses : ce que vous avez ne m’est pas nécessaire ; mais peut-être donnez-vous peu afin de recevoir beaucoup.

Elle répondit : Je ne l’offre point pour cette fin et intention, et ne pense pas que vous en ayez nécessité ; mais parce que vous avez fait habiter une si pauvre en votre montagne et suis honorée de vos serviteurs, c’est pourquoi je vous offre ce peu qui m’est à grande consolation, afin que vous voyiez que j’offrirais de plus grandes choses, si je pouvais, et pour n’être ingrate à vos grâces.

Notre-Seigneur repartit : parce que vous m’aimez d’une si grande charité, je vous élèverai en ma montagne, et je donnerai à vous et aux vôtres des vêtements et des vivres annuellement. C’est en cette sorte que votre fille sainte Brigitte est maintenant disposée, car elle vous a laissé tout ce qu’elle a de vie, c’est-à-dire, l’amour du monde et celui de ses enfants. C’est pourquoi c’est à votre piété de la pourvoir et de l’aider.

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La Mère répondit à l’épouse de son fils, disant : Cette fille est constante. Je prierai mon Fils, qui vous donnera les vivres annuels, et vous colloquera en la montagne, où mille et mille anges vous serviront ; car si on comptait tous les hommes qui sont nés depuis Adam jusqu’au dernier qui naîtra à la fin du monde, il se trouverait plus de dix anges pour chaque homme. Certes, le monde est comme un pot sous lequel est le feu ; la cendre, ce sont les amis du monde ; mais les amis de Dieu sont comme la bonne viande qui est dans le pot. Donc, quand la table sera préparée, lors on présentera la viande douce à Notre-Seigneur, et il se plaira en elle, et on cassera le pot, mais on n’éteindra point le feu.


Chapitre 12 Révélation des amis de Dieu en ce monde, qui sont maintenant en tribulation spirituelle, maintenant en consolation

4012   Notre Dame la Vierge, Mère de Dieu, parle à sa fille de la Révélation des amis de Dieu en ce monde, qui sont maintenant en tribulation spirituelle, maintenant en consolation. Qu’est ce que la tribulation spirituelle et consolation, et en quelle manière les amis de Dieu se doivent consoler et se réjouir temporellement.

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La Mère de Dieu parle : Les amis de Dieu disent : on voit le monde maintenant en tribulation spirituelle, maintenant en consolation spirituelle. La consolation spirituelle est une infusion du Saint-Esprit, une considération des grandeurs des oeuvres de Dieu, une admiration de sa patience, et quand toutes ces choses sont accomplies par oeuvre avec plaisir. La tribulation spirituelle est celle-ci: quand les pensées mauvaises, immondes et par trop importunes, troublent l’esprit ; quand l’esprit s’angoisse des déshonneurs qu’on fait à Dieu et du dommage des âmes ; quand l’esprit est contraint de s’envelopper dans les soins temporels.

De même les amis de Dieu se peuvent quelquefois consoler par des consolations temporelles, comme des paroles d’édification, des récréations honnêtes, ou en parlant des vertus de quelqu’un sans en médire, ni dire rien de déshonnête, comme vous le pourrez mieux comprendre par un exemple : car comme si le poing était tenu toujours fermé les nerfs se retireraient ou la main se débiliterait, de même en est-il dans les exercices spirituels, car si l’âme demeurait incessamment en la contemplation, ou s’oubliait elle-même, elle s’évanouirait par la superbe, ou la couronne de gloire dominerait.

C’est pourquoi les amis de Dieu sont consolés, quelquefois par l’infusion du Saint-Esprit, quelquefois sont affligés par la permission divine ; car les tribulations et les racines du péché étant arrachées, les fruits de justice prennent racine ; néanmoins, Dieu, qui voit les coeurs et comprend toutes choses, modère les tentations de ses amis, afin qu’elles leur soient à leur avancement, car il fait et permet toutes choses en poids et mesure.

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Partant, vous, qui êtes appelée en l’Esprit de Dieu, ne soyez en sollicitude de la longanimité de Dieu, car il est écrit qu’aucun ne vient à Dieu si le Père ne l’attire ; car comme le pasteur attire et allèche les brebis à la maison avec un faisceau de fleurs, bien qu’elles courent tout à l’entour de la maison qui n’a point de sortie, d’autant qu’elle est entourée de murailles, que le toit est haut et que les portes sont closes, c’est pourquoi les brebis s’accoutument à manger le foin, et se rendent si douces que même elles mange le foin dans la main du pasteur. La même chose a été faite en vous, car ce qui auparavant vous semblait difficile et insupportable, vous est maintenant doux et facile, de sorte que rien ne vous plaît que Dieu.


Chapitre 13 quelles sont les larmes qui sont agréables à Dieu

4013   Notre-Seigneur Jésus-Christ dit à son épouse quelles sont les larmes qui sont agréables à Dieu, et qu’elles non. De quelles choses il faut faire aumône aux pauvres pour les âmes des défunts, et du conseil et gouvernement de Jésus vers son épouse.

  Le Fils de Dieu dit (à sainte Brigitte) : vous admirez pourquoi je n’exauce celui que vous voyez répandre plusieurs larmes, et donner beaucoup aux pauvres pour mon honneur. Je vous réponds au premier : Là où deux fontaines ruissellent fréquemment, il arrive que, s’assemblant, si l’une est trouble, l’autre en sera salie, bien qu’elle sorte d’une claire fontaine ; que si elle est salie, qui en pourra boire ? Il est de même des larmes de plusieurs, car les larmes de quelques-uns procèdent de l’humiliation de la nature inclinée à cela.

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Quelquefois, la tribulation du monde et la crainte de l’enfer rendent telles larmes boueuses et puantes, car elles ne sortent pas de l’amour de Dieu ; mais ces larmes me sont agréables qui procèdent de la considération des bienfaits de Dieu, de la méditation de ses péchés et de l’amour de Dieu. Telles larmes élèvent l’âme de la terre au ciel, et régénèrent l’homme à la vie éternelle, car il y a double génération : la génération charnelle et la génération spirituelle.

La génération charnelle engendre l’homme de l’immondicité à la mondicité ; elle pleure les dommages et les détriments de la chair, et souffre joyeusement les labeurs du monde. Le fils de telle sorte de gens n’est pas fils de larmes, car par telles larmes, on n’acquiert pas la vie éternelle ; mais celle-là engendre un fils de larmes, qui déplore les détriments de l’âme, qui est soigneuse que son fils n’offense Dieu. Une telle mère est plus proche parente de son fils que celle qui l’a engendré charnellement, car par une telle génération, on peut acquérir la vie bienheureuse.

Au deuxième : qu’il donne des aumônes aux pauvres, je réponds : Si vous achetiez une chemise à votre fils avec l’argent de votre serviteur, de droit la chemise serait-elle à votre fils ou à celui à qui était l’argent ? Certainement, elle serait au serviteur. De même en est-il dans les choses spirituelles, car quiconque charge ses sujets ou son prochain, afin que, de leur argent, il secoure les âmes de ses chers amis, provoque plus ma colère qu’il ne m’apaise, car ce qui est offert injustement, profite seulement à celui à qui les dons appartenaient, et non à celui qui les donne. Néanmoins, parce que celui-ci vous a fait du bien, il lui en faut faire, et corporellement, et spirituellement ; spirituellement, faisant prières pour lui, car personne ne peut comprendre combien plaisent à Dieu les prières des humbles, comme je vous le montrerai par un exemple.

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Si quelqu’un offrait au roi un grand prix d’argent, et s’il disait aux assistants : Ceci est un grand don et présent, que s’il lui disait un pater, il s’en moquerait. Le contraire est bien devant Dieu, car quiconque offre à Dieu pour l’âme d’autrui un Pater noster, etc. lui est plus agréable qu’un grand poids d’or. Le même paraît en ce bon Grégoire, qui, par ses prières, éleva César infidèle à un grand et sublime degré du bien. En second lieu, dites-lui ces paroles : Parce que vous m’avez bien fait, je prie Dieu, rémunérateur de toutes choses, qu’il vous le rende selon sa grâce. D’ailleurs, dites-lui et parlez-lui en ces termes : Mon cher ami, je vous conseille une chose et vous prie d’une autre : je vous conseille d’ouvrir les yeux de votre coeur, considérant l’inconstance et la vanité du monde, méditant combien la charité de Dieu s’est refroidie en votre coeur ; combien dure et amère est la peine, et horrible le jugement futur, et attirez l’amour de Dieu en votre coeur, disposant tout votre temps, les biens temporels, les affections et les pensées à l’honneur de Dieu. Donnez aussi vos enfants à l’ordre et à la disposition divine, ne dominant en rien de l’amour de Dieu pour leur considération. Je vous supplie en deuxième lieu de vous efforcer d’obtenir par vos prières que Dieu, qui peut toutes choses, vous donne la patience et remplisse votre coeur de son amour.

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Chapitre 14. Jésus-Christ dit des paroles de consolation à son épouse

4014   Notre-Seigneur Jésus-Christ dit des paroles de consolation à son épouse, plongée dans l’affliction, lui disant qu’elle ne doit pas craindre ce qu’elle a vu et ouï, d’autant que ces choses sont du Saint-Esprit. Comment le diable est signifié par le serpent et par le lion, et la consolation du Saint-Esprit par la langue. En quelle manière il faut s’opposer au diable.

  Le Fils de Dieu dit à sainte Brigitte : pourquoi craignez-vous et êtes-vous en anxiété, de ce que le diable mêle quelque chose aux paroles du Saint-Esprit ? N’avez-vous pas ouï qu’on garde sa langue entière, bien qu’on l’ait mise entre les dents des lions rugissants ? Et quelqu’un ne suce-t-il pas le doux miel de la queue du serpent ? Nullement. Mais qui est ce lion ou ce serpent, si ce n’est le diable, qui est lion à cause de sa malice, et serpent à raison de sa finesse ? Et la langue est la consolation du Saint-Esprit. Qu’est-ce que mettre la langue entre les dents du lion, sinon dire les paroles du Saint-Esprit, qui apparut en espèce de langue, pour avoir les faveurs et les louanges humaines ?

Quiconque donc dit les louanges de Dieu pour plaire aux hommes, celui-là certainement se trompe et sera mordu par le serpent, car bien que ces paroles soient de Dieu, elles ne procèdent pourtant pas de la charité et de la bouche enflammée par l’amour de Dieu, et la langue, c’est-à-dire, la consolation du Saint-Esprit, lui sera ôtée.

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Or, celui qui ne désire que Dieu, toutes choses mondaines lui sont fâcheuses ; son corps n’affectionne de voir ni ouïr, sinon ce qui est de Dieu ; son âme se réjouit en l’infusion du Saint-Esprit. Celui-là ne peut être déçu ni trompé, attendu que l’esprit mauvais cède au bon ni n’ose s’en approcher. Or, que signifie sucer le miel de la queue du serpent, si ce n’est attendre les consolations du Saint-Esprit, les suggestions du diable, ce qui ne se peut, car le diable aimerait mieux se laisser tuer mille fois, s’il se pouvait, que de donner la moindre consolation à l’âme, dont la fin est la vie éternelle ? Ne craignez donc point, car Dieu, qui a commencé le bien, le conduira à une parfaite fin.

Néanmoins, sachez que le diable est comme un chien de chasse échappé de la laisse : quand il vous voit ne recevoir les influences du Saint-Esprit, il court à vous par ces tentations et ses suggestions ; mais si vous lui opposez quelque chose de dur et d’amer, que ses dents y soient agacées, il se retirera soudain de vous et ne vous nuira point. Or, qu’est cela de dur qu’on oppose au diable, sinon l’amour de Dieu et l’obéissance à ses commandements ? Quand il verra parfaits et accomplis en vous cet amour et cette obéissance, soudain ses assauts, ses efforts et ses volontés, seront vains et brisés, car il considère que vous voulez pâtir toutes les choses qui vous contrarient, plutôt que de contrevenir aux commandements de Dieu.


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Chapitre 15. pourquoi les bons sont affligés en cette vie, et pourquoi les mauvais prospèrent

4015   Jésus-Christ dit à son épouse pourquoi les bons sont affligés en cette vie, et pourquoi les mauvais prospèrent. En quelle manière Dieu prouve par exemple que quelquefois il promet des choses temporelles, et qu’elles sont entendues les spirituelles. Comment Dieu n’a pas prédit toutes choses en détail à chaque heure, bien que toutes les heures et tous les moments lui soient connus.

  Notre-Seigneur parle, disant : Vous admirez que l’ami de Dieu, qui devrait être honoré, est affligé, et que l’ennemi de Dieu est honoré, que vous pensiez devoir être fait comme il avait été dit en l’autre vision. Je vous réponds : Mes paroles doivent être entendues spirituellement et corporellement, car la tribulation du monde n’est autre chose qu’une préparation et élévation à la couronne, et la prospérité du monde n’est autre chose à l’homme qui abuse de la grâce, qu’une descente à la perdition. Être donc affligé au monde est une vraie exaltation à la vie, et prospérer au monde est, pour un homme injuste, un descendant en enfer. Partant, pour instruire votre patience aux paroles de Dieu, je vous rapporterai un exemple.

Supposons qu’il y eût une mère qui eût deux enfants, dont l’un fût né dans les obscurités d’une prison, ne sachant ni n’ayant ouï parler que des ténèbres et du lait de sa mère, et que l’autre fût né en une pauvre loge, ayant de bonnes viandes pour nourriture, repos en son lit et service d’une servante.

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Or, cette mère dit à celui qui était né en prison : Mon Fils, si vous voulez sortir des ténèbres, vous aurez une viande fort délicate, un lit mollet et un lieu plus assuré. L’enfant, entendant cela, sortirait soudain, car si la mère lui eût promis de plus grandes choses, comme chevaux courants, maisons d’ivoire, ou une ample famille, il ne l’eût pas cru, car il ne connaissait rien que les ténèbres et le lait de sa mère.

De même en fait Dieu : il promet souvent de petites choses, par lesquelles il entend des choses éminentes, afin que l’homme, par les choses temporelles, apprenne à considérer les choses éternelles.

La mère dit à l’autre fils : Mon fils, quelle utilité avez-vous de demeurer en cette vile loge ? Oyez et écoutez donc mon conseil, et il vous profitera. Je sais deux cités : en la première, il y a de la joie pour ceux qui y habitent, mais joie indicible et éternelle, et un honneur sans fin. En la deuxième, il y a un grand exercice pour ceux qui combattent, où tous ceux qui combattent deviennent rois, et tous ceux qui y sont surmontent et triomphent. Son enfant, entendant cela, est sorti pour se présenter à la lice ; et étant sorti, il a dit à sa mère : J’ai vu, en cette lice, un grand et admirable jeu: les uns y tombaient et y étaient foulés aux pieds ; les autres y étaient dépouillés et mortifiés, et néanmoins, tous se taisaient, tous jouaient, et aucun ne levait la tête ni la main contre ceux qui étaient prosternés.

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La mère répondit : Cette cité que vous avez vue, ce n’est que les faubourgs de la cité de gloire, car Dieu éprouve en ce faubourg ceux qui y sont pour entrer après en cité de gloire. Et ceux qu’il verra plus vigilants au combat, il les couronnera en la gloire avec plus d’éminence et de grandeur. C’est pourquoi ceux qui résident en ce faubourg, doivent être éprouvés et couronnés un jour en la gloire. Quand à ceux que vous avez vus prosternés être dépouillés, fouettés, et qui ne disent mot, c’est parce que nos habits sont tachés et souillés des ténèbres de notre vile loge, où il faut un grand combat et labeur afin qu’ils soient bien nettoyés.

L’enfant répondit : C’est une chose dure d’être foulé aux pieds et ne dire mot ; selon mon jugement, il me vaut mieux retourner à ma vile loge.

La mère repartit : Si vous demeurez en notre vile loge, il sortira de nos ténèbres et puanteurs des vermisseaux et des serpents, des sifflements desquels votre ouï aura horreur, de la morsure desquels votre vertu sera toute brisée, et vous aimerez mieux n’être pas né que de demeurer avec eux.

Cet enfant, oyant ceci, et désirant le bien corporel, que néanmoins la mère avait entendu spirituellement, fut paisible en son coeur, et il s’efforçait tous les jours d’acquérir la couronne.

De même en fait Dieu, car souvent il promet et donne des choses temporelles, par lesquelles il entend des choses spirituelles, afin que l’esprit s’excite, par les présents reçus, à la ferveur divine, et que, par l’intelligence spirituelle, il s’humilie, afin qu’il ne présume de soi-même, comme Dieu fit à Israël : car en premier lieu, il lui promit et lui donna des richesses temporelles, et fit avec eux de grandes merveilles, afin que, par eux, ils fussent instruits aux choses spirituelles.

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Après, la connaissance de la Déité étant plus grande en leur esprit, il leur disait avec les prophètes des paroles plus obscures et plus difficiles à entendre, entremêlant quelques choses de consolation et quelques choses joyeuses, savoir : il promit au peuple le retour en sa patrie, la paix perpétuelle, et de rétablir et réédifier tout ce qui était ruiné. Et bien que le peuple entendît tout ceci charnellement et le voulût aussi posséder, Dieu néanmoins avait ordonné et disposé quelques choses selon la chair, et d’autres selon l’esprit.

Mais vous me demanderez pourquoi Dieu, à qui toutes les heures et tous les moments sont connus, n’a pas prédit en détail toutes choses, et à quelle heure ou pourquoi il a dit quelque choses et a seulement marqué quelques autres. Je vous réponds : Israël était en la chair et désirait tout selon la chair, et ne pouvais connaître ni atteindre les choses invisibles que par les visibles. C’est pourquoi il plut à Dieu d’instruire son peuple en plusieurs manières, afin que ceux qui croyaient aux promesses de Dieu fussent plus éminemment couronnés à raison de leur foi ; afin que avançant vers le bien, ils fussent plus fervents ; afin que les lâches et les paresseux fussent excités et allumés avec plus de ferveur d’amour envers Dieu ; afin que les transgresseurs cessassent d’offenser Dieu si librement ; afin que les affligés tolérassent leurs misères avec plus de patience ; afin que ceux qui travaillent subsistassent avec plus de plaisir, et afin que les attendants par les promesses obscures et cachées, fussent couronnés plus sublimement et plus glorieusement.

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Car si Dieu eût seulement promis aux hommes charnels ce qui était seulement spirituel, tous se fussent dégoûtés de l’amour de ce qui est céleste. Que s’il leur eût seulement promis ce qui était charnel, qu’elle différence il y eût eu alors entre l’homme et les juments ? Mais Dieu, pieux et sage, a donné à l’homme ce qui est corporel, afin qu’il gouvernât son corps avec modération et équité, afin qu’il désirât ce qui est céleste : il lui a manifesté ses bienfaits et ses miracles signalés, et afin qu’il eût peur du péché, il lui a manifesté ses jugements terribles et leur a envoyé des messages par les anges mauvais, afin que celui qui donne effet et lumière aux promesses, et celui qui est l’auteur de la sapience, fût attendu et désiré, et c’est aussi pour cela qu’il mêlait se qui était obscur et douteux avec quelques consolations.

Dieu juge les jugements spirituels aujourd’hui en même manière par des similitudes corporelles ; et parlant d’un honneur corporel, il entend un honneur spirituel, afin qu’on attribut à Dieu toute sorte de doctrine. Car qu’est l’honneur du monde sinon vent, labeur et diminution de la consolation divine ? Qu’est-ce que tribulation, sinon une préparation et disposition aux vertus ? Donc, promettre au juste l’honneur du monde, n’est autre chose que le priver des commodités spirituelles ; et lui promettre des tribulations du monde, qu’est-ce autre chose qu’un antidote et un médicament à une grande infirmité ?

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Partant, ô ma fille ! Les paroles de Dieu se peuvent entendre en plusieurs manières, et néanmoins, pour cela, il ne faut pas considérer quelque changement en Dieu, mais bien l’immobilité de son admirable et formidable sagesse. Car comme, dans les prophètes, j’ai dit plusieurs choses corporellement et qui s’accomplissaient corporellement, j’ai dit aussi plusieurs choses corporellement, qui s’entendaient et qui s’accomplissaient spirituellement. J’en fais de même maintenant, et quand cela arrive, je vous en montrerai la cause.


Chapitre 16 Comment le diable amène finement et souvent, sous prétexte de dévotion

4016   La Sainte Vierge Marie parle à sa fille sainte Brigitte. Comment le diable amène finement et souvent, sous prétexte de dévotion, quelques-uns d’entre les serviteurs de Dieu pour les troubler, auxquels les indulgences sont données. Comment la disposition de l’Eglise est désignée par une oie, et Dieu par une poule, et qui sont ceux qui sont dignes d’être appelés poussins de Dieu.

  La Mère de Dieu, dont la grandeur, en qualité de Mère, n’aura jamais d’égale, parle à l’épouse de son fils : Pourquoi, dit-elle, avez-vous logé celui dont la langue est babillarde, la vie inconnue et les moeurs mondaines ?

Elle répondit : D’autant que je le croyais être bon, et qu’il ne fût confus, si, étant d’un langage connu, il était méprisé. Néanmoins, si j’eusse su de déplaire à Dieu, je ne l’eusse non plus logé qu’un serpent venimeux.

La Mère répliqua : Votre bonne volonté a gardé et retenu sa langue et son coeur, afin qu’il ne vous troublât tous. Le diable, fin et rusé, vous a conduit le loup au milieu des brebis, afin de trouver occasion de vous solliciter et de se jouer avec vous.

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Elle répliqua : Il nous apparaît qu’il est dévot pénitent, qu’il visite les saints, et dit qu’il se veut abstenir de pécher.

La Mère répondit : Où on trouve de l’oie avec des plumes, mange-t-on la chair ou les plumes ? Les plumes ne sont-elles pas abominables à l’estomac ? Et la chair ne rassasie t-elle pas, ne conforte-t-elle pas ? En telle sorte est la disposition spirituelle, la constitution de la sainte Eglise, car elle est comme une oie en laquelle est le corps de Jésus-Christ, comme une chair très récente. Les sacrements sont comme l’intérieur de l’oie. Les ailes signifient les vertus et les actes des martyrs et des confesseurs. Les plumes marquent la charité et la patience des saints ; mais les plumes signifient les indulgences que les saints ont données et méritées. Donc, celui qui vient gagner les indulgences à cette intention, afin qu’il soit absous des péchés passés et pour demeurer néanmoins en sa première et vicieuse coutume, celui-là certainement a les plumes d’une oie, desquels l’âme n’est nourrie ni confortée, mais même ce qu’elle prend n’est que pour être rejeté. Or, ceux qui viennent gagner les indulgences avec intention de fuir et d’éviter désormais le péché ; de restituer ce qu’ils ont pris injustement ; de satisfaire à ceux qu’ils ont injustement offensés ; de n’acquérir avec un lucre vilain, pas même une obole ; de ne vouloir pas vivre un seul jour, sinon selon la volonté de Dieu ; de soumettre leur volonté à la volonté divine, tant en adversité qu’en prospérité, et de fuir les honneurs et les amitiés du monde, celui-là véritablement obtiendra abolition et rémission de tous ses péchés, et il est semblable à l’ange de Dieu, devant Dieu.

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Or, celui qui se réjouit de l’absolution de ses péchés, ni n’a pas pourtant volonté de quitter ses vanité ni les affections déréglées de son coeur, mais qui veut retenir ce qu’il a injustement acquis, aimer le monde en soi et en ce qu’il possède, avoir honte de l’humilité, ne fuir les mauvaises habitudes, ne mortifier sa chair des choses superflues, à celui-là les indulgences pourront profiter, non à pardon, mais à quelque disposition pour obtenir la contrition et pour se confesser : par le moyen desquelles il pourrait chasser le péché et acquérir la grâce, et s’envolerait, comme par des ailes, des griffes de Satan au sein de Dieu, si toutefois il voulait changer ses mauvaises volontés et coopérer à la grâce.

Elle répliqua : O Mère de miséricorde, priez pour lui, afin qu’il trouve grâce devant votre Fils.

Elle repartit : Le Saint-Esprit la visite ; mais il y a quelque chose dans son coeur comme une pierre, qui empêche que la grâce de Dieu n’y entre ; car Dieu fait comme une poule qui échauffe les oeufs d’où sont éclos des poussins vivants. Tous les oeufs qui sont sous la poule sont échauffés de sa chaleur naturelle, et non d’aucune autre étrangère ; la mère ne casse point la coque de l’oeuf, mais le poussin même le casse avec son petit bec. La mère, voyant cela, lui prépare un lieu plus chaud où elle le pose. Dieu fait de même, car il nous visite tous par sa grâce.

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Mais ceux qui pensent en leur coeur de s’abstenir de leur péché et de s’efforcer d’aller à la perfection, autant qu’ils pourront, le Saint-Esprit les visite plus souvent, afin qu’ils puissent être plus parfaits. Mais ceux qui commettent et résignent leur volonté à Dieu, ne voulant pas faire la moindre chose contre la volonté de Dieu, mais suivent et imitent ceux qui tendent à la perfection, et se gouvernent selon le conseil des hommes humbles, résistant discrètement aux moeurs corrompues de la chair, Dieu les couvre et les échauffe comme une poule, leur rendant le joug doux et suave, les consolant en leurs difficultés. Mais ceux qui suivent leur propre volonté, pensent à de petits biens, qui rendent, devant Dieu, l’homme digne de quelque récompense, ni ne s’efforcent d’aller à une plus grande perfection, mais s’arrêtent en ce que leur esprit ce plaît, excusant leur fragilité par l’exemple des autres, et rendant leurs fautes légères en comparaison des grandes fautes d’autrui, telles personnes ne sont pas poussins de Dieu, car elles n’ont pas la volonté de briser la dureté et la vanité de leur coeur ; mais si elles pouvaient, elles aimeraient mieux vivre longtemps, afin de pouvoir persévérer en leur péché.

Ce bon Zachée n’en fit pas de la sorte, ni la Magdelaine aussi ; mais d ‘autant qu’ils avaient offensé Dieu en tous leurs membres, ils lui donnèrent tous leurs membres pour satisfaire avec tous, pour toutes les offenses commises ; et d’autant qu’ils étaient mortellement montés aux honneurs du monde, ils descendirent humblement, en les méprisant, car il est difficile d’aimer Dieu et le monde tout ensemble, si ce n’est qu’on fût comme cet animal qui avait des yeux devant et derrière ; et celui-là, bien qu’il eût tout le soin qu’on peut imaginer, sera néanmoins affligé. Mais ceux qui font comme Zachée et la Magdelaine, choisissent la meilleur part.

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DECLARATION.

L’homme dont il est parlé en ce chapitre, fut un avocat d’Osgie, qui était venu à Rome l’an du jubilé, plus par crainte que par amour. Celui qui a évité quelque danger doit prendre garde de retomber au premier état de son office ; autrement, s’il ne s’en donne de garde, il perdra ce qu’il désire, et les étrangers emporteront ce qu’il aura amassé. Ses enfants n’auront pas l’héritage, et lui mourra avec les étrangers avec de grandes douleurs. S’en étant retourné, il reprit son office, et tout se perdit comme il avait été prédit.


Chapitre 17 Pour le jour de sainte Agnès

4017   Il est ici traité d’une bonne doctrine que sainte Agnès donne à sa Fille pour bien et louablement vivre, et pour éviter une mauvaise vie, qui est ingrate à Dieu, en laquelle la force et la patience sont désignées par le chariot et par les quatre roues, ces quatre vertus : laisser parfaitement toutes choses pour l’amour de Dieu ; l’humilité ; aimer Dieu sagement ; mortifier et retenir la chair discrètement. On y traite aussi quelques choses pour les religieux.

Pour le jour de sainte Agnès.

Sainte Agnès parle à l’épouse de Jésus-Christ : Vous avez vu aujourd’hui, dit-elle, madame la Superbe sur le carrosse de l’orgueil.

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L’épouse lui répondit : Je l’ai vue et j’en sèche d’ennui, car la chair et le sang, la poudre et la fiente cherchent les louanges là où elle se devrait humilier, car qu’est autre chose cette ostentation, sinon une prodigue dissipation des dons de Dieu, une admiration vulgaire, une tribulation des justes, une désolation des pauvres, une provocation de l’ire de Dieu, un oubli de soi-même, un horrible et formidable jugement et une ruine des âmes ?

Sainte Agnès répondit : Réjouissez-vous, ô ma fille ! car vous êtes exempte de telles choses : c’est pourquoi je vous veux d’écrire un chariot, dans lequel vous vous pourrez mettre avec assurance. Le chariot donc sur lequel vous devez vous asseoir ; c’est la force et la patience dans les tribulations

En effet, quand l’homme commence de retenir la chair et de soumettre sa volonté à Dieu, ou la superbe le sollicite, élevant l’homme en soi et par- dessus soi, comme s’il était semblable à Dieu et aux hommes justes, ou bien l’impatience et l’indiscrétion le saisissent, et c’est, ou pour le ramener à ses premières habitudes, ou pour l’affaiblir tout à fait, et pour le rendre inutile au service de Dieu. Partant, il est besoin de patience et de discrétion, afin qu’il ne recule par l’impatience et ne persévère par indiscrétion, mais qu’il se conforme à ses forces et au temps.

Or, la première roue de ce chariot est une volonté parfaite de laisser toutes choses et ne désirer que Dieu, car il y en a plusieurs qui laissent les biens afin de s’affranchir des adversités, voulant néanmoins que rien ne leur manque pour entretenir la volupté et leur utilité. La roue de ceux-là ne tourne pas bien, car quand la pauvreté presse, ils désirent la suffisance ; quand l’adversité les talonne, ils souhaitent la prospérité : quand l’abaissement les éprouve, ils murmurent de l’ordre et de la disposition divine et affectent les honneurs ; quand on leurs commande ce qui les contrarie, ils cherchent leur propre liberté. Cette volonté est donc agréable à Dieu, qui ne désire avoir rien du sien, en prospérité ni en adversité.

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La deuxième roue est l’humilité, par laquelle l’homme se répute indigne de tout, mettant à toute heure ses péchés devant ses yeux, s’estimant coupable devant Dieu.

La troisième roue est aimer Dieu sagement. Celui-là aime Dieu sagement, qui, se regardant soi-même, a haine de ses péchés ; qui s’afflige des péchés du prochain et de ses parents, et se réjouit de leur progrès et avancement spirituel ; qui ne désire pas que son ami vive pour sa propre utilité et commodité propre, mais afin qu’il serve Dieu, et craint son avancement mondain, craignant qu’il n’offense Dieu. Une telle dilection est donc sage, qui hait le vice et fomente la vertu, et aime plus ceux qu’il voit plus fervents en l’amour de Dieu.

La quatrième roue est mortifier et retenir la chair avec discrétion, car quiconque est marié et pense ainsi : Voici que la chair m’entraîne désordonnément. Si je vis selon la chair, infailliblement j’offenserai le Créateur de la chair, qui peut blesser, rendre infirme, qui occira et jugera : c’est pourquoi, pour l’amour de Dieu, je veux refréner et mortifier ma chair, vivre comme je dois et avec ordre, pour l’honneur de Dieu.

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Quiconque pense de la sorte, demandant aide à Dieu, sa roue sera agréable à Dieu. Que s’il est religieux et pense en cette sorte : Voici que la chair m’emporte aux délices. Le temps, le lieu et l’occasion s’en présentent, et l’âge est apte à prendre mes plaisirs : néanmoins, je ne veux pas pécher par la grâce de Dieu, à raison de ma sainte profession, et pour avoir un bien passager et une délectation momentanée. Certes, ce que j’ai voué à Dieu est grand. Je suis entré pauvre, je veux sortir plus pauvre. Je dois être jugé de toutes choses ; partant, je me veux abstenir d’offenser Dieu, de scandaliser mon prochain et de me faire parjure.

Une telle abstinence est digne d’une grande récompense. Que si quelqu’un, étant en honneur et délices, pensait de la sorte : Voici que j’abonde de tout et que le pauvre manque de tout, et néanmoins, il n’y a qu’un Dieu pour tous ; qu’est-ce que j’ai mérité et qu’est-ce que j’ai démérité ? Qu’est-ce que la chair, sinon la pâture des vers ? Que sont tant de délices, sinon dédain et occasion d’infirmité, perte de temps et induction au péché ?

C’est pourquoi je retiendrai ma chair afin que les vers ne s’y engraissent, que je ne sois jugé plus rigoureusement, que je n’emploie le temps de pénitence en vain, et que si, par aventure la chair mal nourrie ne peut facilement être fléchie aux choses grossières comme un pauvre, je lui soustrairai néanmoins peu à peu quelques délices, sans lesquelles elle peut bien subsister, afin qu’elle ait la nécessité, et non la superfluité ; quiconque considère de la sorte et s’efforce de le faire autant qu’il peut, celui-là peut être appelé confesseur et martyr, car c’est un genre de martyre d’avoir des délices et n‘en user point, d’être en honneur et mépriser l’honneur, d’être grand devant les hommes et se sentir petit ; c’est pourquoi cette roue plaît grandement à Dieu

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Voyez, ma fille, que je vous ai figuré le chariot. Le cocher est votre ange, si toutefois vous n’ôtez son frein ni ne rejetez le joug, c’est-à-dire, si vous ne laissez en arrière les inspirations salutaires, relâchant vos sens et votre coeur aux choses vaines et babillardes.

Or, maintenant, je veux vous parler du chariot sur lequel cette dame (la superbe) était assise. Son chariot était impatience contre Dieu, contre son prochain et contre elle-même : contre Dieu, jugeant ses occultes jugements mal à propos, d’autant qu’ils ne réussissent point selon ses appétits et ses désirs ; maudissant le prochain, parce qu’elle ne pouvait avoir ses biens ; contre elle-même, manifestant extérieurement la fureur cachée de son coeur.

La première roue de ce chariot est l’orgueil, se préférant aux autres et jugeant les autres, méprisant les humbles et désirant les honneurs.

La deuxième roue est la rébellion et la désobéissance aux commandements de Dieu, induisant en son coeur qu’elle est infirme, s’excusant par là et amoindrissant sa faute, couvrant la présomption de son coeur et défendant sa malice.

La troisième roue est la cupidité des richesses du monde, qui induit son coeur à la prodigalité et profluité dans les dépenses, qui est négligente et oublieuse de soi et des choses futures, et tiède et lâche en l’amour de Dieu.

La quatrième roue est l’amour-propre, par lequel elle bannit de soi la révérence et la crainte de Dieu, et ne considère sa fin ni son jugement.

Le cocher de ce chariot est le diable, qui la rend audacieuse et joyeuse à faire tout ce qu’il lui suggère dans son coeur.

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Les deux chevaux qui traînent le chariot sont l’espérance d’une longue vie et une volonté de péché jusqu’à la fin. Leur frein est la honte de se confesser, qui, certainement, entraîne et emporte tellement l’âme sous l’espoir d’une longue vie, et la charge tellement de péchés qu’elle ne sait en sortir, ni par honte, ni par crainte, ni par avertissements salutaires. Mais quand elle pensera être assurée, elle tombera dans l’abîme, si la grâce de Dieu ne l’en préserve.

  ADDITION

  Notre-Seigneur parle de la même dame, disant : Elle est une vipère qui a sa langue lubrique, le fiel du dragon dans son coeur, un venin mortifère en sa chair, c’est pourquoi ses oeufs sont vénéneux Heureux sont ceux qui n’éprouvent sa charge lourde et pesante !



Révélations de Sainte Brigitte de Suède 4011