Révélations de Sainte Brigitte de Suède 6015

Chapitre 15 les prélats, les grands et savants qui se glorifient et s’enrichissent de leur savoir

6015   Notre-Seigneur Jésus-Christ dit à son épouse que les prélats, les grands et savants qui se glorifient et s’enrichissent de leur savoir et en vivent mal, sont comparés aux courtisanes et aux ivrognes, qui précipitent les autres et eux-mêmes dans les abîmes des péchés. Bien que pourtant ils eussent obligations d’être meilleurs que les autres, ma miséricorde néanmoins ira au-devant de celui qui se convertira, comme un père ayant recouvré son fils qui s’était perdu.

  Ce prélat pour lequel vous priez détourne ses yeux de moi et se convertit au monde avec l’ornement et l’éclat de la dignité. S’il voulait être à moi, il me regarderait tous les jours ; il lirait mon livre avec plus d’attention, et considérerait non avec tant de soin du monde ma loi, qu’est ce qui est dit à l’Église.

  Elle lui répondit : La loi de l’Église n’est-elle pas votre loi ?

  Notre-Seigneur répondit. Elle était ma loi, tant que les miens l’ont lue et observée pour l’amour de moi. Or, maintenant, elle n’est point à moi, d’autant qu’on la lit en la maison des dés qui jettent trois points sur un dé, qui, pour une petite justice qu’ils trouvent en la loi de l’Église, en acquièrent une grande somme d’argent. On ne la lit plus pour mon honneur, mais pour acquérir des richesses.

  Aux maisons des joueurs de dés se trouvent les courtisanes et les ivrognes : tels maintenant sont ceux qui lisent les lois de mon Église ; tels maintenant se nomment savants et sages, quoiqu’ils soient vraiment fous : car qu’est-ce qu’une courtisane a accoutumé de faire ? certainement, elle est babillarde, légère en ses moeurs, belle de face par le plâtre, et bien vêtue : tels sont maintenant ceux qui apprennent mes lois : ils sont babillards en plaisanteries, muets à prêcher ma parole et à me louer, si légers en leurs moeurs, que même les séculiers ont honte du dérèglement de leurs moeurs ; et non seulement ils se perdent, mais ils ravagent et précipitent les autres par leurs pernicieux exemples ; ils n’affectionnent ni n’affectent rien tant que d’être vus du monde, d’être honnêtes et honorés, et d’aller pompeux en leurs vêtements, d’acquérir richesses et honneurs. Mes paroles et mes préceptes leur sont fort amers ; ma vie et ma voie leur sont abominables. En vérité, leur conversation et leur vie sont aussi puantes devant moi qu’une courtisane, qui est la plus vile et la plus abjecte des femmes. De même ceux-là me sont odieux par-dessus les autres ; ils disent et se glorifient de savoir mes lois, mais c’est pour décevoir et tromper les simples, pour assouvir leurs voluptés.

  En la maison où ma loi se lit, il y a des ivrognes et des incontinents, la gloire desquels est d’exceller, voire excéder les autres, et de pousser leur nature aux superfluités : tels sont maintenant les maîtres de la loi, qui se réjouissent des superfluités, qui ont bien peu honte de leur excès, et qui ne s’affligent nullement des offenses et des péchés d’autrui. Néanmoins, s’ils lisaient vraiment ma loi, ils trouveraient qu’ils doivent être plus continents que les autres, et qu’ils sont plus obligés de vivre plus parfaitement.

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Or, je suis comme un seigneur puissant, aimant les brebis de plusieurs cités, lequel, bien qu’il soit puissant, n’usurpe point les brebis des cités circonvoisines ; il n’en veut d’autres que celles que la justice l’oblige d’avoir. De même moi, qui suis Créateur de toutes choses et suis très puissant, je ne reçois pas pourtant, sinon ceux que je dois avoir par justice, et qui se connaissent être à moi par amour. En vérité, quiconque se sera retiré de moi, voudra retourner à moi et voudra ouïr ma voix, pourra être sauvé. Une brebis errante de son propre bercail, si elle oyait la voix de sa mère, ne retournerait-elle pas soudain à sa mère ? Et semblablement, quand la mère entend la voix de celui qu’elle a enfanté, elle court de toute sa force au-devant de lui, de sorte que, s’il est en sa puissance libre, il n’y a ni labeur ni peine qui l’empêche de courir : de même, moi, Créateur de toutes choses, je reçois librement ceux qui oient ma voix, et je leur vais au-devant avec joie, et je me réjouis d’avoir retrouvé l’enfant perdu, et comme une mère, je me réjouis du retour de mon agneau.

  DÉCLARATION.

  L’homme dont il est ici parlé fut prévôt de l’Église de Saint-Pierre, puis cardinal. Plusieurs qui sont le sort de Dieu et aumôniers de Dieu, thésaurisent au autres les dons de Dieu, car le clerc, qui est le sort de Dieu, n’a point d’autres biens hors le vivre et le vêtir, mais est des pauvres tout ce qui est par-dessus cela, d’où vient que celui-là est heureux qui amasse en l’été ce dont il puisse vivre en hiver.

  Car voyez comme ses parents ont évidemment dispersé ce que celui-ci avait amassé, ne se souciant point de son âme ; mais néanmoins, d’autant qu’il a eu une bonne volonté de distribuer ses biens, il est parvenu à ce qu’il désirait ; néanmoins, il eût été plus heureux s’il les eût dispensés pendant sa vie.


Chapitre 16

6016   Quelque saint dit à l’épouse que, si l’homme mourait chaque jour pour Dieu, il ne saurait assez remercier et reconnaître Dieu pour la gloire éternelle qu’il lui réserve. Il raconte aussi des peines terribles qu’une femme endurait pour les délectations de la chair qu’elle avait eues en sa vie.

Un des saints parlait à sainte Brigitte, disant : Si j’avais souffert pour l’amour de Dieu autant de morts qu’il y a d’heures au monde, et que je fusse à toute heure ressuscité, je ne pourrais pourtant avec tout cela reconnaître Dieu pour l’amour qu’il m’a porté ; sa louange ne se retire jamais de ma bouche, sa joie de mon coeur ; sa gloire et son honneur ne sont jamais cachés de ma vue, ni ses concerts de mon oreille.

  Lors Notre-Seigneur dit au même saint : Dites à cette épouse assistante ce que mérite celui qui se soucie plus du monde que de Dieu, qui aime plus la créature que le Créateur, et quel supplice cette femme endure, qui, pendant qu’elle à vécu, a cherché les plaisirs de la chair.

  Ce saint répondit : Son supplice est très cruel, car pour la superbe qu’elle a eue en tous ses membres, sa tête, ses mains, ses bras et ses pieds, sont allumés comme d’un foudre horrible. Sa poitrine est piquée comme d’une peau de hérisson, les épines duquel percent sa peau comme des épines, et l’affligent sans consolation. Ses bras et le reste des membres, qu’elle étendait pour embrasser avec douceur les hommes, sont comme deux serpents qui l’environnent, la rongent et le déchirent sans cesse avec désolation continuelle ; son ventre est misérablement tourmenté, comme si, avec une grande force, on s’efforçait d’y planter un pal. Ses cuisses et ses genoux sont comme de la glace dure et inflexible, n’ayant point de repos ni de chaleur. Ses pieds aussi, avec lesquels, elle se portait aux délices, avec lesquels elle a attiré les autres à soi, sont comme des rasoirs aigus que la taillent incessamment.

DÉCLARATIONS.

  Cette dame abhorrait fort les confessions et suivait ses volontés ; étant atteinte d’une tumeur à la gorge, elle est morte sans confession. On l’a vue être au jugement de Dieu, laquelle tous les diables accusaient, disant et criant : Voici cette femme qui a voulu se cacher de vous et être connue de nous.

  Le juge répondit : La confession est une bonne lavandière ; et d’autant qu’elle ne s’est pas voulu laver en temps et saison, elle sera maintenant noircie de vos immondices ; et d’autant qu’elle n’a pas voulu se confondre devant peu de gens, il est juste qu’elle soit confondue de tous devant tous.


Chapitre 17

6017 Lors le démon dit à la Sainte Vierge : Vierge, donnez-moi puissance sur celle-ci.

  La Vierge lui dit : Pourquoi ne la recevez-vous en votre puissance ?

  Le démon lui dit : Je ne puis pas, d’autant que je ne puis pas séparer le sang du sang étant dans un vase pèle mêle : le sang de la charité de Dieu est mêlé avec le sang de la charité de son coeur.

  La Sainte Vierge Marie lui dit derechef : Pourquoi ne la laissez-vous en repos ?

  Le diable dit : Je ne le ferai jamais, car si je ne puis la faire tomber en péché mortel, je ferai en sorte qu’elle soit fouettée pour le péché véniel. Et si je ne puis encore faire cela, je jetterai en son esprit plusieurs pensées qui l’inquiéteront.

  Lors la Vierge dit : Je veux l’aider, car toutes les fois qu’elle chasse ces pensées et les jette à votre front, tout autant de fois les péchés lui seront pardonnés, et son prix et sa couronne s’augmenteront. DÉCLARATION.

  Un jour, sainte Brigitte était tentée de gourmandise ; et lors, ravie en esprit, elle vit un Éthiopien qui avait en la main comme une bouchée de pain, et un jeune homme qui avait un vase d’or.

  Lors le jeune homme dit à l’Éthiopien : Pourquoi la sollicitez-vous et la tentez-vous, elle qui est commise à ma garde ?

  L’Éthiopien répondit : Je la tente, d’autant qu’elle se glorifie de l’abstinence qu’elle n’avait pas eue : c’est pourquoi je lui présente mon pain, afin que le pain le plus bis lui soit à goût. Jésus-Christ n’a-t-il pas jeûné quelque temps sans manger ? Les prophètes n’ont-ils pas mangé le pain et bu à mesure ? D’où ils ont mérite ce qui est excellent et sublime. Et comment donc celle-ci méritera-t-elle, qui est toujours saoule ?

  Le jeune homme répartit : Jésus-Christ à enseigné de jeûner, non pas à débiliter notablement son corps : il ne demande pas ce qui est impossible à la nature, mais la modération ; et il ne demande pas compte de la quantité et de la qualité des viandes, mais il considère l’intention et l’amour avec lequel on les prend, car il faut garder la coutume de la bonne éducation avec action de grâces, afin que la chair ne soit débilitée plus qu’il ne faut.

  Lors le diable disparut, et elle fut affranchie de la tentation.


Chapitre 18.

6018 Notre-Seigneur dit que les religieux et les personnes spirituelles qui reçoivent des consolations du Saint-Esprit, s’ils n’en remercient très humblement Dieu, mais négligent la grâce et s’enorgueillissent, se délectant au monde, sont semblables au pauvre ingrat qui, après avoir bu, jette la boisson avec mépris devant les yeux de celui qui lui avait donné à boire. Quelques-uns sont comme un homme pauvre, indigent, qui souffre la soif, ce que le père de famille sachant, il lui donne la meilleure boisson qu’il a. Or, ayant reçu la boisson et l’ayant goûtée, il dit : Ce breuvage ne me plaît point, et je ne vous en rends point grâces ; et il jette la boisson en présence de celui qui la lui a donnée, lui rendant contumélie pour charité. Le père de famille, ayant reçu une telle injure d’icelui, étant tout plein de douceur et de bénignité, pense à part soi : Voici que mon hôte m’a fait une grande injure, mais je ne veux pas pourtant me venger de lui avant de venir au jugement et que le temps en soit arrivé, car lors les taches, les notes et les injures seront ôtées de sa face.

  De même m’en font plusieurs religieux, car en leur pauvreté et humiliation, ils crient à moi et disent : Seigneur, nous sommes accablés de mépris et de tribulations ; donnez-nous quelque consolation. Lors, j’en ai compassion, et leur donne pour consolation le meilleur vin que faire se peut, c’est-à-dire, mon Esprit, la douceur duquel remplit les âmes, et l’ardeur duquel fait qu’ils ne se soucient point ni du mépris ni de la pauvreté. Or, ayant goûté le vin du Saint-Esprit et l’ayant eu quelque temps en leur coeur, ils le négligent et ne me remercient point, mais le jettent en ma présence, lorsqu’ils choisissent les délectations du monde, et quand ils se rendent orgueilleux de mes grâces et de mes faveurs.

  Celui que vous connaissez s’est comporté de la sorte avec moi, lequel étant pauvre et délaissé, mon Saint-Esprit le consolait ; quand il était méprisé et qu’il n’avait point la joie de son coeur, je le réjouissais, car bien que je ne lui parlasse point d’une voix corporelle et qu’il ne l’ouît pas sensiblement, néanmoins, mon Saint-Esprit l’avertissait de faire bien, et je l’excitais, en le réjouissant, à ce qui était le meilleur. Mais lui, ayant goûté mon Esprit et ayant reçu les grâces de mes consolations, répute à néant ce que je lui ai donné, et délibère en son esprit de jeter devant ma face les divines et amoureuses liqueurs ; Il ne les a pas pourtant jetées encore.

  Voyez et considérez en ce fait combien je suis patient et miséricordieux, car je ne le souffre pas seulement avec patience, mais je lui distribue des biens pour ses ingratitudes ; car il est maintenant plus honoré et plus estimé des hommes, et les biens qu’il avait accoutumé de recevoir, lui arrivent avec plus d’abondance qu’auparavant, mais lui me sert moins pour cela qu’auparavant. Il répute mes grâces pour néant et ma dilection à nulle estime. Or, il s’arrête comme un homme qui délibère de jeter les faveurs devant la face de celui qui l’en a enrichi, et ce, d’autant que le monde qu’il aime lui plaît plus que moi ; la vie spirituelle qu’il avait embrassée lui est onéreuse et à dégoût, et afin que vous éprouviez ceci, expérimentez que l’odeur qui sortait de ses vêtements pendant qu’il me servait, n’est plus, ni n’est pas de merveilles, car les anges tous pleins de force et de vertu, protègent mes amis. Or, maintenant, sa volonté étant changée, l’odeur l’est aussi, et cette odeur montre aujourd’hui quelles sont son intention et sa volonté. Or, qu’est-ce que je dois faire, quand on jette devant ma face, mes grâces et mes faveurs ? Véritablement, je le souffrirai patiemment comme un homme débonnaire, jusqu'à ce que le jour de jugement arrive et sentence générale, afin qu’alors apparaissent l’ingratitude et la présomption de ce présomptueux, et la patience du Seigneur qui l’a souffert. DÉCLARATION.

  L’homme dont il est ici parlé fut moine du monastère de Saint-Paul, qui, ayant eu contrition de ses fautes, mourut heureusement.


Chapitre 19.

6019   Notre-Seigneur se plaint des hommes qui se plaisent dans les délices temporelles, méprisant la gloire future et les bénéfices de sa passion, l’oraison desquels est comparée à la voix d’une canne et au cliquetis des pierres ; tels seront damnes, et lors ils ne verront pas la gloire de Dieu dans le ciel, hors, dessous et en tout lieu, à leur confusion.

Celui que vous connaissez chante : Seigneur, délivrez-moi de l’homme mauvais. Cette voix est à mes oreilles comme la voix d’un flageolet, comme l’harmonie d’une canne et comme le son du cliquetis des pierres. Or, qui pourra répondre à leur son, vu qu’on ignore ce qu’il signifie ? Car son coeur crie à moi comme par trois voix.

  La première dit : Je veux avoir les volontés. Je dormirai et me lèverai quand il me plaira ; je prendrai plaisir en mes paroles. Ce qui me plaît et délecte entrera en ma bouche. Je ne me soucie point de la sobriété, mais je cherche l’assouvissement de la nature ; je lui donnerai à suffisance ce qu’elle désire : je désire avoir de l’argent en ma bourse, la douceur et la mollesse des vêtements. Quand j’aurai toutes ses choses, je serai content, et je répute à félicité d’avoir ce que je désire.

  La deuxième voix crie et dit : La mort n’est pas si dure qu’on le dit ; le jugement n’est pas si sévère qu’il est écrit. Les prédicateurs nous menacent de plusieurs choses dures pour nous faire prendre garde à bien vivre, mais elles seront plus douces à raison de la miséricorde divine. Mais pour que je puisse accomplir ici mes volontés, faire ce qui me plaît et jouir du meilleur, que l’âme aille où elle pourra.

  La troisième voix criait et disait : Dieu ne m’aurait pas créé, s’il ne voulait me donner le ciel ; il n’aurait pas souffert, s’il ne voulait m’introduire dans la patrie des vivants. Et pourquoi aurait-il voulu endurer une mort si cruelle ? Qui l’y a contraint ? Ou bien quelle utilité en résulterait-il ? Je ne puis entendre ni comprendre que par l’ouïe ce qu’est le royaume céleste ; je ne vois pas sa bonté ; je ne sais si je le dois croire ou non. Je sais et tiens pour royaume céleste ce que je tiens.

  Voilà quelles étaient ses pensées et ses volontés ; c’est pourquoi aussi sa voix m’est comme le cliquetis des pierres.

Mais je veux répondre à la première voix de son coeur. Mon ami, votre voix ne tend point au ciel ; la considération de ma passion ne vous est pas à goût : c’est pourquoi l’enfer vous est ouvert, d’autant que votre vie désire les choses basses et les aime.

  Je réponds à la deuxième voix : Mon fils, la mort vous sera très dure ; le jugement vous sera intolérable ; il est impossible que vous les fuyiez ; vous aurez une peine très amère, si vous ne vous amendez pas.

  Je réponds à la troisième voix de votre coeur : Mon frère, tout ce que j’ai fait par amour, je l’ai fait pour l’amour de vous, afin que vous me fussiez, et que, vous étant retiré de moi, vous puissiez revenir à moi. Or, maintenant, ma charité été éteinte en vous ; Mes oeuvres vous sont pesantes et onéreuses ; mes paroles vous semblent des fadaises, mes voies vous paraissent difficiles : c’est pourquoi il vous reste un supplice amer et la compagnie des diables, et vous ne changez votre coeur en mieux, si vous me tournez le dos, à moi qui suis votre très débonnaire Seigneur et Créateur ; vous aimez mon ennemi en me méprisant ; vous foulez aux pieds mes trophées et dressez ceux de mon ennemi.

  Hélas ! Voici comment ceux qui semblent être à moi sont contre moi ; voyez en quelle sorte ils s’en sont retirés. Je vois ces choses et les souffrances, et encore, ils sont si endurcis qu’ils ne veulent prendre garde à ce que j’ai fait pour eux et comme j’ai été devant eux.

1. J’ai été devant eux comme un homme dont un couteau aigu perçait les yeux ;

2- comme un homme dont un glaive transperçait le coeur ;

3- comme un homme dont tous les membres ont été roidis à raison de l’amertume et de la douleur de ma douloureuse passion : C’est de la sorte que j’ai été devant eux.

  Or, qu’est-ce que mon oeil signifie, sinon mon corps, auquel le ressentiment de ma passion fut aussi amer que la douleur en la prunelle de l’oeil ? Néanmoins, je souffrais tout cela patiemment avec un grand amour. Mais le glaive signifie la douleur de ma très chère Mère, qui affligea plus mon coeur que la douleur même.

  En troisième lieu, tous mes membres et toutes les parties intérieures se roidirent en ma passion, et c’est ce que j’ai pâti pour eux. Mais hélas ! Les misérables ! Ils méprisent tout cela comme un fils qui méprise sa mère. Eh quoi ! Ne leur ai-je pas été comme une mère qui, ayant dans le ventre son enfant, désire l’heure de l’enfantement, afin que l’enfant naisse vivant ? Que s’il peut être baptisé, la mère n’a pas tant de peine de la mort qu’elle en aurait autrement. J’en ai fait de même : j’ai enfanté comme une mère, par ma passion, l’homme des ténèbres de l’enfer au jour éternel. Je l’ai porté et nourri comme dans mon sein avec de grandes difficultés, lorsque j’ai accompli les prophéties qui parlaient de moi ; je l’ai nourri de mon lait, quand je lui ai montré les paroles saintes et lui ai donné les préceptes de vie. Mais lui, comme un méchant fils, méprisant les douleurs de sa mère, me rend haine pour amour ; pour la douleur, des sujets de pleurs, et surajoute à mes plaies de nouvelles infirmités ; il donne à ma faim des pierres, et pour étancher ma soif, il me donne de la boue.

  Or, quelle est cette douleur que l’homme me cause, vu que je suis sans changement, impassible et Dieu éternel ? En vérité, lors l’homme me fait comme endurer, quand il se sépare de moi par le péché, non pas que je sois sujet à quelque douleur, mais seulement d’une manière ineffable, comme un homme a compassion d’un autre. Or, l’homme me causait alors de la douleur, quand il ignorait la gravité et la laideur du péché, lorsqu’il n’avait ni prophètes ni loi, ni n’avait encore les paroles de ma bouche. Or, il me cause maintenant une double douleur comme un pleur, bien que je sois impassible, quand, ayant connu mes volontés, ressenti mon amour, il s’agit contre mes commandements, et pèche impudemment contre la raison de sa conscience ; et c’est pourquoi plusieurs sont plus profondément précipités dans l’enfer, ayant la connaissance de mes volontés, que s’ils ne l’eussent pas eue et n’eussent reçu mes commandements ; et certes, lors l’homme faisait en moi quelques plaies, bien que je sois invulnérable, lorsqu’il ajoutait péché sur péché.

  Or, maintenant, ils ajoutent sur mes plaies quelque malheur vénéneux, lorsque, non seulement ils multiplient les péchés, mais lorsqu’ils s’en glorifient et ne s’en repentent point. Or, quand l’homme me donne encore des pierres au lieu de pain, et de la boue au lieu de boisson, remarquez que, par le pain, sont entendus le profit des âmes, la contrition du coeur, le désir divin et l’humilité fervente en charité : au lieu de ces choses, l’homme me donne des pierres, savoir, par l’endurcissement de son coeur. Il me donne de la boue par l’impénitence et vaine confiance. Il méprise de revenir à moi par les avertissements salutaires ; et par les adversités, il dédaigne de me regarder, et de peser et considérer la grandeur de mon amour. Partant, je puis me plaindre à juste sujet, car je les ai enfantés comme une mère en la lumière par la douleur de ma passion ; mais ils aiment mieux être plongés dans les ténèbres palpables. Je les ai repus et je les repais du lait de ma douceur, et ils me méprisent, et ajoutent impudemment la boue de leur malice à la douleur de l’ignorance. Ils me rassasient du péché, bien qu’ils me dussent arroser des larmes de leurs vertus. Ils me présentent des pierres, bien qu’ils soient obligés de me présenter leur coeur plein de douceur. Partant, ayant patience comme un juste juge en la justice, et en la justice miséricorde, et en la miséricorde sagesse, je me lèverai contre eux en leur temps, et leur rendrai selon leurs mérites ; et ils verront ma gloire dans le ciel, dedans, dehors, de toutes parts, dans les vallées, sur les collines ; et ceux qui seront damnés seront confus et honteux de leur propre honte et confusion.

  DÉCLARATION.

  Celui-ci fut religieux, moine du monastère de Saint-Laurent, dissolu et dissipé, qui fut occis par ses ennemis et enseveli en l’Église de Saint-Laurent.

  Saint-Laurent a été vu parler au juge, disant : Qu’est-ce que ce volage fait avec les élus, lesquels ont répandu leur sang ? Ce moine a aime les voluptés. Et cela étant dit, son corps a été jeté du sépulcre puant et infect.

  Après, le juge dit à l’âme qui était là présente : Allez, maudite, aux incirconcis et abortifs que vous avez suivis, d’autant que vous n’avez voulu ouïr la voix de votre Père ! Et la vision disparut de la sorte.


Chapitre 20. L’homme qui a la contrition et la volonté de s’amender, et qui néanmoins est froid en la dévotion

6020 La Mère de miséricorde dit que l’homme qui a la contrition et la volonté de s’amender, et qui néanmoins est froid en la dévotion et en l’amour de Dieu, doit impétrer de Dieu une bluette de feu divin, par la fréquente méditation de la passion de Jésus-Christ ; et de là, elle échauffera son âme par le divin amour, et elle sera allaitée des mamelles virginales, c’est-à-dire, de la vertu, de la crainte divine et de l’obéissance.

La Vierge Marie dit : Je suis comme une mère qui a deux enfants ; mais ils ne peuvent atteindre aux mamelles de leur mère, d’autant qu’elles sont trop froides et sont en une maison trop froide. Néanmoins, la mère les aime tellement qu’elle les couperait volontiers, s’il était possible, pour leur utilité.

  Je suis en vérité Mère de miséricorde, d’autant que je fais miséricorde à tous ces misérables qui me la demandent. J’ai deux enfants : l’un s’appelle la contrition de ceux qui faillent contre Dieu, mon Fils ; le second est la volonté de se corriger des fautes commises. Mais les deux enfants sont trop froids, et ils n’ont aucune chaleur d’amour, et ne ressentent aucun plaisir divin, et la maison de leur âme est si froide des flammes des consolations divines, qu’ils ne peuvent s’approcher de mes divines mamelles.

  Lors, mon Fils me répondit : Ma Mère bien-aimée, j’enverrai pour l’amour de vous une scintille de feu en leur maison, de laquelle on pourra allumer un grand feu. Qu’on garde, fomente et nourrisse La scintille, et qu’on en chauffe vos enfants, afin qu’ils puissent recevoir vos mamelles.

  Après, la Mère parlait à l’époux, disant : celui-là pour l’amour duquel vous me priez eut une spéciale dévotion envers moi ; et bien qu’il se soit plongé en des misères infinies, il se confiait néanmoins en mon secours, et eut quelque amour envers moi, mais point envers mon Fils, ni crainte ; et partant, s’il eût été alors appelé du monde, il eût été tourmenté éternellement. Mais d’autant que je suis pleine de miséricorde, c’est pour cela aussi que je ne l’ai pas oublié ; mais il y a encore quelque espérance du bien à ma considération. S’il se voulait aider soi-même, car il a maintenant contrition des péchés commis, et volonté de s’en amender ; mais il est trop froid en la charité et dévotion ; partant, afin qu’il puisse être chauffé et recevoir mes mamelles, on doit envoyer ma scintille en son âme, c’est-à-dire, la considération de la passion de mon Fils, qu’il doit assidûment méditer.

  Et de fait, qu’il considère ce que le Fils de Dieu et le Fils de la Vierge, qui est un Dieu avec le Père et le Saint-Esprit, a souffert et enduré ; comment il a été lié, souffleté ; comment on lui a craché au visage ; comment il a été fouetté jusqu’au dedans, de sorte qu’on arrachait la chair avec les fouets ; comment ayant tous les os désemboîtés et tous les nerfs étendus, il était pendu au gibet avec grande douleur ; comment, criant en la croix, il rendit l’esprit.

  S’il souffle souvent cette bluette, il s’échauffera, et je l’appliquerai à mes mamelles, c’est-à-dire, à deux vertus que j’ai eues, savoir : la crainte de Dieu et l’obéissance ; car bien que je n’aie jamais péché, je craignais toutefois à toute heure afin que, ni par parole ne par démarche, je n’offensasse mon Dieu. Par cette crainte, j’allaiterai mon fils, savoir, la contrition de celui qui m’est dévot, pour lequel vous priez, afin qu’il se repente de ce qu’il a fait, mais encore il craindra le supplice et craindra d’offenser désormais mon Fils Jésus-Christ. J’allaiterai aussi sa volonté à la mamelle de mon obéissance, car de fait, je suis celle qui n’a jamais été désobéissante à Dieu. Je ferai donc que celui qui a été échauffé de la charité de mon Fils, obéira en tout ce qu’on lui commandera.

  DÉCLARATION.

  Celui-ci fut allié de sainte Brigitte et était grandement mondain ; il se convertit, et eut contrition de ses péchés par un avertissement divin. Il avait coutume de dire : Tant que j’ai eu horreur de la pénitence, je me suis senti chargé comme d’un grand et pesant faix de chaînes ; et lorsque je commençai de fréquenter les confessions, je me suis senti fort allégé, et mon esprit a été fort paisible, de sorte que je ne me souciais point des honneurs et des ambitions mondaines, mais rien ne m’était si doux que de parler ou d’ouïr parler de Dieu. Celui-ci, ayant reçu les sacrements et ayant en la bouche le nom vénérable de Jésus, dit : O doux Jésus, ayez miséricorde de moi ! et s’endormit en Notre-Seigneur.


Chapitre 21. La Sainte Vierge priant pour un défunt

6021   La Sainte Vierge priant pour un défunt, son ami, Jésus-Christ lui dit que les biens que ses successeurs ont faits pour son âme, lui ont peu profité, d’autant qu’ils l’avaient fait, plus par vanité que par charité et amour de Dieu, et que néanmoins, sa peine était soulagée par les prières de la Vierge.

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La Sainte Vierge Marie parle, disant : Béni soit votre nom, ô mon Fils ! Vous êtes le Roi de gloire et le Seigneur tout-puissant, ayant la miséricorde avec la justice. Votre corps, qui a été engendré et nourri en mon ventre sans péché, a été aujourd’hui consacré pour cette âme. Je vous prie donc, ô mon très cher Fils ! Qu’il profite à son âme et que miséricorde lui soit faite.

  Le Fils répondit : Béni soyez-vous, ô ma Mère, bénie de toute créature, d’autant que votre miséricorde est infinie ! Je suis semblable à l’homme qui a acheté à grand prix un petit champ de cinq pieds dans lequel était caché le bon or. Ce champ est l’homme qui a cinq sens, que j’ai acheté et racheté par mon sang, dans lequel il y avait un or précieux, c’est-à-dire, l’âme créée par ma Divinité, laquelle est maintenant séparée du corps et demeure seule en terre. Ses successeurs sont semblables à un homme puissant qui, allant au jugement, crie au bourreau : Séparez avec le couteau la tête de son corps ; ne permettez point qu’il vive plus ; ne pardonnez point à son sang. De même en font-ils, car ils vont comme au jugement, quand ils prient pour l’âme de leur père ; mais on crie au bourreau : Séparez leur tête du corps. Qui est ce bourreau que le diable, qui sépare de son Dieu l’âme qui consent à ses suggestions ? Ils lui crient : Séparez, quand, ayant méprisé l’humilité, ils font par superbe le bien pour l’âme ou pour l’honneur du monde, plus que par charité et amour de Dieu.

Par la superbe, Dieu est séparé de l’homme et est uni à lui par l’humilité, car ils crient : Ne souffrez pas qu’ils vivent longtemps, quand ils ne se soucient point de bien faire pour le mort ; ils crient qu’il ne faut pardonner au sang, quand ils ne se soucient point de soulager sa grande peine, ni ne se soucient du temps qu’il y demeurera, pourvu qu’ils puissent accomplir leurs volontés ; ils ne se soucient de rien plus, tant ils sont liés aux honneurs du monde et réputent à peu ma passion.

  Lors la Sainte Vierge répondit : J’ai vu votre justice, ô mon Fils, grandement sévère, à laquelle je ne m’adresse point, mais bien à votre infinie miséricorde. Partant, pour l’amour de mes prières, ayez miséricorde de celui-ci : il disait tous les jours les heures pour mon honneur, et n’imputez point à superbe les biens que ses successeurs font pour lui : ils se réjouissent, et celui-ci pleure et est puni sans consolation aucune.

  Le Fils répondit : Bénie soyez-vous, ma Mère très chère ! Vos paroles sont toutes pleines de clémence et sont plus douces que le miel ; vos paroles procèdent et sortent d’un coeur tout plein de miséricorde, c’est pourquoi vos paroles ne prêchent que miséricorde.

  Celui pour lequel vous priez aura trois sortes de miséricorde pour l’amour de vous :

1- Il sera affranchi des mains des démons, qui l’affligent comme des corbeaux, car comme les oiseaux, oyant quelque grand son, laissent la proie qu’ils tiennent, à cause de la peur qu’ils ont, de même les diables quitteront, à cause de la crainte qu’ils auront de vous, et ils ne la toucheront désormais ni ne l’affligeront.

2- Cette âme sera transférée d’une peine plus ardente à une moins ardente ;

3- mes anges la consoleront ; elle n’est pas entièrement affranchie ; elle a encore besoin de secours, car vous savez et voyez la justice qui est en moi, et que personne ne peut entrer en la béatitude, s’il n’est purifié comme de l’or par le feu ; partant, en son temps, pour l’amour de vos prières, elle sera entièrement affranchie.

p.242 à 245


Chapitre 22. Notre-Seigneur Jésus-Christ reçoit à miséricorde quelque évêque par les prières de sa Mère, bien qu’il fût dénué de bonnes oeuvres

6022 Notre-Seigneur Jésus-Christ reçoit à miséricorde quelque évêque par les prières de sa Mère, bien qu’il fût dénué de bonnes oeuvres ; mais s’étant depuis peu converti à la contrition et à une sainte résolution de mieux vivre, il l’a prévenu de miséricorde et de douceur, montrant comme il devait vivre humblement, sans cupidité et de la manière dont il doit corriger ses sujets défaillants, avec miséricorde et justice.

Le Fils de Dieu parle : Ce prélat pour lequel vous me priez, ô mon épouse ! est déjà revenu à moi en trois manières :

1- comme un homme nu ;

2- comme ayant en sa main un glaive ;

3- comme étendant la main et demandant pardon ; et moi, pour l’amour des prières de ma Mère, je me tourne vers lui, et je lui irai au-devant comme une mère à son enfant qui avait été perdu ; et bien que mes apôtres, par leurs prières, me l’aient recommandé, ils avaient néanmoins obtenu peu, d’autant que celui-ci me fut contraire, lorsqu’il eut la dignité de l’Église, ni ne se comporta pas envers elle comme prélat.

  Or, je l’ai revêtu maintenant, afin qu’il ne soit plus nu. Quelle est sa nudité, sinon le peu de bonnes oeuvres, lesquelles, certes, doivent revêtir de l’éclat des vertus son âme qui, hélas ! paraît nue devant ma face, bien qu’elle pense être habillée ? Je lui donnerai secours maintenant par les prières de ma très chère Mère et de mes saints, afin qu’il puisse être touché et revêtu, car il s’en venait autrement tout nu devant moi. Or, c’est lorsqu’il venait nu qu’il s’entretenait en ces pensées : je n’ai rien de bon de moi ; je ne puis rien de bien sans Dieu ; je ne suis pas digne de quelque bien, car si je savais comment je puis plaire à Dieu et qu’est-ce qui lui plaît, bien que je dusse mourir ; je le ferais franchement. Par une telle pensée, il vient nu à moi. C’est pourquoi je lui irai au-devant et je le revêtirai.

  Il eut aussi le glaive en ses mains, quand il considérait la rigueur et la fureur de mes jugements, disant à part soi : Le jugement de Dieu est intolérable, et il est impossible de l’éviter ; partant, tout ce que Dieu veut de moi, je le veux librement, et ma volonté est disposée à faire la sienne ; je n’ai point de bonnes oeuvres.

Que sa volonté soit faite et non la mienne. Cette pensée et cette résolution arrachèrent de mes mains le glaive de ma fureur, et lui attirèrent ma miséricorde.

  En troisième lieu, il étendit sa main, quand il s’occupait en ces pensées : Je sais que j’ai péché outre mesure, et que je suis digne de la rigueur du jugement ; néanmoins, me confiant en votre bonté, j’espère secours, car vous n’avez pas méprise saint Paul persécuteur, ni rejeté Magdelaine pécheresse. C’est pourquoi j’ai mon recours à votre secours, afin que vous me fassiez selon votre grande pitié et miséricorde.

Pour cette pensée et désir, je lui donnerai ma main miséricordieuse, et je lui augmenterai ma douceur, s’il accomplit généreusement ces trois choses, car il doit :

1- chasser de lui tout orgueil et toute ostentation, et embrasser l’humilité ;

2- qu’il arrache de son coeur toute sorte de cupidités, afin qu’il se gouverne dans les choses temporelles comme un bon dispensateur qui doit rendre raison à son maître ;

3- qu’il ait soin que les péchés propres et les siens ne soient négligés, mais qu’il les corrige avec miséricorde et justice, considérant mes oeuvres, de moi qui ai pardonné et fréquenté les publicains et les courtisanes, qui ai néanmoins méprisé les superbes.

  N’est-il pas écrit que quelqu’un, venant à moi et disant : Maître, je vous suivrai où vous irez ? Il répondit : Non, car les renards ont des tanières ? Et pourquoi l’ai-je méprisé, si ce n’est que j’ai vu son coeur et sa volonté qui désiraient la gloire et la nourriture sans rien faire ? Et partant, ma justice a voulu qu’il fût repoussé. Qu’il en fasse de même, car quiconque viendra à lui, s’humiliant et promettant de s’amender, demandant pardon, il est tenu de lui faire miséricorde. Mais celui qu’il attrapera en la volonté de croupir dans son vice ni ne voudra se convertir, il le châtiera avec modération et avec des verges ; on le changera avec de l’argent.

  Qu’il prenne néanmoins garde qu’il ne fasse pas le châtiment pour assouvir sa cupidité, mais par amour et pour l’amour de la justice, et qu’il convertisse l’argent qu’il a en tels usages qu’il en puisse rendre compte à Dieu un jour, savoir, qu’il ait pris l’argent du délinquant par droit et justice, et qu’il soit employé en de bons et divins usages. Que si, ayant été puni une fois en la bourse, il ne s’amende point, qu’il le prive après du bénéfice et du plus haut degré d’honneur, afin qu’étant ainsi confus, il demeure là comme un âne, qui, portant auparavant une selle dorée, était en grande réputation et en grand mépris, et qui, quand elle lui a été ôtée, a été regardé comme s’il était insensé : de même en fais-je, moi qui suis le Créateur de toutes choses : je châtie l’homme,

1- par la tribulation temporelle ;

2- par les infirmités de corps et d’esprit, par les résistances et contradictions de sa volonté ; et si lors, il ne veut se convertir, je le laisse et l’abandonne aux peines qui lui sont dues de droit et de justice.

p.246



Révélations de Sainte Brigitte de Suède 6015