Révélations de Sainte Brigitte de Suède 6104

Chapitre 104. Sainte Anne enseigne à sainte Brigitte une oraison pour l’honorer et pour impétrer de Dieu des enfants.

6104 Sainte Anne enseigne à sainte Brigitte une oraison pour l’honorer et pour impétrer de Dieu des enfants.

  Le sacristain du monastère de Saint-Paul hors les murs de Rome, donna à sainte Brigitte des reliques de sainte Anne, mère de la Mère de Dieu ; or, elle, pensant comment elle pourrait les enchâsser et les honorer, saint Anne lui apparut, disant : Je suis Anne, la dame de tous les mariés fidèles qui sont après la loi, d’autant que Dieu a voulu naître de ma race : partant, vous, ma fille, honorez Dieu en cette manière :

Béni soyez-vous, Jésus, Fils de Dieu et Fils de la Vierge, qui vous êtes choisis une Mère du mariage d’Anne et de Joachim ! Partant, ayez miséricorde de tous les mariés pour l’amour des prières de sainte Anne, afin qu’ils fructifient à Dieu. Dirigez aussi tous ceux qui tendent au mariage, pour que Dieu soit honoré en eux. Les reliques que vous avez de moi seront en soulagement aux bien-aimés, jusques à ce qu’il plaise à Dieu d’honorer plus hautement le jour de la résurrection dernière.

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Chapitre 105. La Mère de Dieu exhorte à visiter les saints lieux de Rome, etc.

6105 La Mère de Dieu exhorte à visiter les saints lieux de Rome, etc.

  La Mère de Dieu dit à l’épouse sainte Brigitte : pourquoi vous troublez-vous ?

Elle répondit : Je me trouble d’autant que je ne visite pas les saints lieux qui sont à Rome.

La Mère lui repartit : Il vous est permis de les visiter avec l’humilité, révérence et dévotion, car à Rome, il y a de plus grandes indulgences que les hommes ne croient, lesquelles les saints et amis de Dieu ont mérité d’impétrer de mon Fils par leur sang et par leurs prières. Néanmoins, ma fille, ne quittez point l’étude de la grammaire ni la sainte obéissance de votre Père spirituel.


Chapitre 106. Il est traité d’un dissimulateur qui, feignant d’avoir quitté le monde, demandait à sainte Brigitte en quel état il pourrait servir Dieu.

6106 Il est traité d’un dissimulateur qui, feignant d’avoir quitté le monde, demandait à sainte Brigitte en quel état il pourrait servir Dieu.

  Un homme disait qu’il voulait servir Dieu et voulait savoir en quel état il plairait plus à Dieu : il consulta pour cela sainte Brigitte, désirant avoir en cela la réponse divine ; duquel Notre-Seigneur parlant, dit à son épouse : Celui-ci n’est point encore arrivé au Jourdain, et moins, l’a-t-il passé, comme on écrit d’Élie qu’ayant passé le Jourdain et étant arrivé au désert, il ouït les secrets divins. Mais quel est ce Jourdain, sinon le monde, qui s’écoule comme de l’eau, d’autant que les choses temporelles montent tantôt avec l’homme, tantôt descendent ; maintenant l’élèvent en honneur et prospérités, ores l’oppriment par l’adversité, de sorte que l’homme n’est jamais sans soin et tribulation ? Il est donc nécessaire que celui qui désire les choses célestes retire de son esprit toutes les affections terrestres, car celui à qui Dieu est doux, les choses caduques et passagères lui son véritablement viles. Mais cet homme n’est pas encore parvenu à ce point qu’il méprise toutes choses, voire il a encore sa volonté en ses mains. Partant, il n’ouïra point les secrets du ciel, jusques à ce que plus parfaitement il méprise le monde et qu’il résigne sa volonté en la main de Dieu.

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Chapitre 107. Notre-Seigneur dit qu’il garde ses élus comme l’aigle ses petits. Il conseille à sainte Brigitte de visiter le corps de saint André.

6107 Notre-Seigneur dit qu’il garde ses élus comme l’aigle ses petits. Il conseille à sainte Brigitte de visiter le corps de saint André.

  Le Fils de Dieu parle à son épouse, disant : L’aigle voit d’en haut celui qui veut nuire à ses petits, et le prévient par son vol très prompt, les défendant : de même je prévois tout ce qui vous est de plus salutaire. C’est pourquoi je dis souvent : Attendez. Et derechef je dis : Allez. Mais d’autant qu’il est maintenant temps, allez maintenant à la cité d’Amaphre à mon apôtre André, le corps duquel a été mon temple très orné de toute sorte de vertus ; c’est pourquoi il a été là le dépositaire des fidèles et le secours des pêcheurs, car ceux qui vont là d’une âme fidèle, non seulement seront déchargés des péchés, mais auront la vie éternelle ; ni n’est pas de merveilles, car lui n’a pas eu honte de ma croix, mais il la porta joyeusement ; et partant, je n’ai pas honte d’ouïr et de recevoir ceux pour lesquels il prie, car sa volonté est la mienne. Quand vous serez chez lui, tournez soudain à Naples pour ma Nativité.

L’épouse dit : O Seigneur, notre temps et notre âge se passe, les infirmités s’approchent, et le soutien temporel se diminue.

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Notre-Seigneur lui dit : Je suis l’auteur de la nature, le Seigneur et le réformateur. Je suis aussi aide dans les nécessités, protecteur et distributeur ; car comme celui qui a un cheval qui lui est char n’épargne point son pré, bien qu’il soit agréable, afin que là ce cheval paisse, de même moi, qui ai toutes choses et ne manque de rien, qui regarde l’esprit de tous, j’inspirerai aux coeurs de ceux qui m’aiment de faire du bien à ceux qui m’aiment, car j’avertis même ceux qui ne m’aiment point, afin qu’ils fassent du bien à mes amis et qu’ils deviennent meilleurs par leurs prières.

Chapitre 108. Pour le jour de saint Etienne

6108   D’une apparition faite à sainte Brigitte à Rome de saint Etienne, etc.

Pour le jour de saint Etienne.

  Sainte Brigitte, épouse, priait au sépulcre de saint Etienne à Rome hors les murs, disant : Béni soyez-vous, ô saint Etienne ! qui êtes du même mérite que saint Laurent, car comme il prêchait aux infidèles, de même vous prêchiez aux juifs ; et comme saint Laurent a souffert le feu avec joie, de même cous avez enduré les pierres : C’est pourquoi vous êtes loué le premier des martyrs.

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  Lors saint Etienne lui apparut, disant : J’ai commencé dès ma jeunesse d’aimer Dieu chèrement, car j’ai eu des parents soigneux du salut de mon âme. Or, quand Notre-Seigneur Jésus-Christ fut incarné et qu’il commença de prêcher, lors je l’écoutais de tout mon coeur, et soudain après son ascension, je m’unis avec les apôtres, servant avec humilité en la charge qui m’étais enjointe. Je prenais joyeusement occasion de parler constamment avec les Juifs qui blasphémaient Jésus-Christ. Je reprenais l’endurcissement de leur coeur, étant prêt à mourir pour la vérité et à imiter mon Seigneur. Mais il y avait trois choses qui coopéraient à ma couronne, dont je me réjouis maintenant : la première fut ma bonne volonté ; la deuxième l’oraison des apôtres ; la troisième la passion et l’amour de Dieu. C’est pourquoi je possède aussi trois sortes de biens : le premier est que je vois incessamment la face et la gloire de Dieu ; la deuxième est que je peux tout ce que je veux, et je ne veux sinon ce que Dieu veut ; le troisième que ma joie sera sans fin, et d’autant que vous vous réjouissez de ma gloire, mon oraison vous aidera pour avoir une plus grande connaissance de Dieu, et l’Esprit de Dieu persévérera avec vous. Vous irez en Jérusalem, lieu de ma passion.


Chapitre 109. Répréhension et avis que la Sainte Vierge Marie donne à un spirituel.

6109 Répréhension et avis que la Sainte Vierge Marie donne à un spirituel.

  La Mère de Dieu parle : Là où est une très bonne viande, si on y verse quelque amertume, elle est soudain vile et méprisée : de même quelqu’un pourrait avoir toutes les vertus ; s’il se plaît en quelque péché, il ne plaît point à Dieu : partant, ô Brigitte, dites à ce mien ami que, s’il désire plaire à mon Fils et à moi, il ne se confie point en sa vertu ; qu’il contienne sa langue d’une grande quantité et vanité de paroles provoquant le rire ; qu’il garde qu’en ses moeurs on ne trouve point de légèreté, car il doit porter les fleurs à la bouche, afin d’attirer les autres aux fruits. Que si on trouve quelque chose d’amer entre les fleurs, les fleurs sont méprisées et on ne désire pas les fruits, quoique bons : partant, dites-lui que comme l’homme et sa femme s’aiment quelquefois pour la seule sustentation du corps, et que comme quelquefois on est dans le monastère pour le seul bien du corps, de même cet homme que vous connaissez désire être dans le monastère pour le bien corporel, afin de ne souffrir rien de contraire ; il désire aussi d’être pauvre à condition que rien en lui manque : partant, qu’il laisse donc sa propre volonté, car Dieu aime plus qu’on vive au monde justement et qu’on travaille de ses propres mains, que dans le désert ou religion sans l’amour de Dieu.

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Chapitre 110. Jésus-Christ dit à l’épouse ce que signifient les sept tonnerres.

6110 Jésus-Christ dit à l’épouse ce que signifient les sept tonnerres.

  Un docteur demanda une fois à sainte Brigitte ce que signifiaient les sept tonnerres (
Ap 10,3-4). Elle, étant ravie en esprit, ouït de Jésus-Christ ce qui suit :

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  Ne croyez pas, ma fille, qu’il faille penser qu’en ma Divinité il y ait quelque chose temporelle, ni qu’il y ait des tonnerres, des vents, ou des créatures sensibles ayant une voix humaine. Mais Jean vit par mon inspiration les dangers futurs de l’Église sous des espèces corporelles, lesquelles choses, s’il les eût écrites devoir venir en un certain temps, les auditeurs les eussent eues en horreur, et les attendant, ils se fussent séchés de crainte et d’effroi. Partant, il lui fut commandé de marquer ce qu’il vit, mais non pas de l’écrire, car là où quelque chose est marquée, c’est un signe qui porte de la crainte et de l’effroi, comme nous voyons aux hurlements des tonnerres, des foudres et des vents, car ils signifiaient les menaces furieuses des tyrans qui troublaient mon Église, lesquelles Jean voyait si véhémentes par esprit de prophéties qu’il fallait plutôt les marquer que les déclarer par écrit ; car comme celui qui écrit ou dit une petite parabole qui signifie beaucoup, afin que les auditeurs aient sujet de craindre les choses futures, de même j’ai montré les choses futures, mais je ne les ai point exposées, afin que les hommes en eussent crainte ; et d’autant que le temps n’était pas arrivé qu’on cassât la noix et qu’on en retirât le noyau, je les ai voulu montrer fort obscurément, car on doit plutôt préparer le vase qu’y verser la liqueur. Sachez aussi que de si grands tonnerres et foudres viendront en mon Eglise que plusieurs de ceux qui vivent maintenant le verront avec une si grande douleur qu’ils désireront la mort, et elle s’enfuira d’eux.


Chapitre 111. L’obéissance est préférée à la chasteté, et elle introduit à la gloire.

6111   L’obéissance est préférée à la chasteté, et elle introduit à la gloire.

  Le Fils de Dieu dit à saint Brigitte : Que craignez-vous ? Bien que vous mangeassiez dix fois le jour par le commandement de l’obéissance, certainement il ne vous serait point imputé à péché, car la virginité mérite la couronne, la viduité s’approche de Dieu, mais l’obéissance les introduit tous en la gloire.

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Chapitre 112. De la peau qui fut ôtée à la circoncision à Notre-Seigneur, et du sang, qui furent donnés en garde à saint Jean.

6112 De la peau qui fut ôtée à la circoncision à Notre-Seigneur, et du sang, qui furent donnés en garde à saint Jean.

  La sainte Mère de Dieu dit : Lorsque mon Fils fut circoncis, je gardai la membrane avec un grand honneur partout où l’allais, car comment eussé-je pu la remettre en la terre, ayant été engendrée de moi sans péché ? Quand le temps de mon départ du monde s’approchait, je la donnai en garde à saint Jean, mon gardien, avec le sang précieux qui était demeuré dans les plaies quand nous l’eûmes descendu de la croix. Après cela, saint Jean et ses successeurs étant morts, la malice et la perfidie des infidèles croissant, les fidèles qui restaient lors la cachèrent en un lieu très pur sous terre, où elle fut longtemps inconnue, jusqu’à ce que l’ange de Dieu la révélât à ses amis.

O Rome ! ô Rome ! Si vous saviez, vous vous réjouiriez ! Certainement si vous saviez, vous pleureriez même incessamment, d’autant que vous avez un trésor qui m’est très cher, et vous ne l’honorez pas !


Chapitre 113. De l’état des frères d’Alvastre.

6113 De l’état des frères d’Alvastre.
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  Sainte Brigitte, étant ravie en prière, vit en esprit une grande maison, et sur la maison le ciel grandement serein ; et le regardant, elle l’admirait. Elle vit aussi deux colombes qui montaient et pénétraient dans le ciel, lesquelles quelques Éthiopiens tachaient d’empêcher, mais ils ne pouvaient pas. Au-dessus de la maison, on voyait un cahos dans lequel il y avait trois ordres de frères : les premiers étaient simples comme des colombes, c’est pourquoi aussi ils montaient fort facilement ; les deuxièmes venaient en purgatoire ; les troisièmes sont ceux qui avaient un pied dans la mer, et l’autre dans un navire, le jugement desquels s’approche maintenant ; et afin que vous sachiez et que vous éprouviez que l’un passera après l’autre, selon que je vous en exprime les noms, ce qui arriva, car la mortalité en ravagea trente-trois.


Chapitre 114. Du péché véniel, qui est fait mortel par le mépris.

6114 Du péché véniel, qui est fait mortel par le mépris.

  Un jour sainte Brigitte se confessant, son confesseur fut appelé par quelque prêtre, et y allant, il oublia de donner l’absolution à sainte Brigitte. Elle, se voulant aller coucher et s’agenouillant, le Saint-Esprit lui dit : Humiliez-vous, ma fille pour recevoir l’absolution, le Saint-Esprit lui dit : Ceux qui ne prennent garde aux choses petites tombent dans les grandes, car même le péché véniel dont la conscience remord, si on le continue avec mépris, sera mortel et sera rudement puni.

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Chapitre 115. La bonne volonté suffit au pénitent, quand il ne peut trouver un confesseur.

6115   La bonne volonté suffit au pénitent, quand il ne peut trouver un confesseur.

  Un certain homme était venu d’un diocèse à Rome ; ignorant l’idiome et la langue, ne trouvant à Rome pas un qui l’entendit et ne pouvant avoir de confesseur, il se conseilla avec sainte Brigitte afin de savoir ce qu’il ferait. Lors Jésus-Christ lui dit : Cet homme qui vous a consultée pleure d’autant qu’il n’a personne qui l’oie en confession. Dites-lui que la volonté lui suffit, car qu’est-ce qui profita au larron en la croix ? ne fut-ce pas la bonne volonté et les affections déréglées. Lucifer n’a-t-il pas été bien créé ? ou moi, qui suis la bonté et la vertu même, aurais-je créé quelque mal ? non certes, aucun. Mais après que Lucifer eut abusé de sa volonté et la porta au dérèglement, il a été lui-même déréglé et mauvais par sa mauvaise volonté. Partant, que le pauvre homme demeure stable et qu’il ne se retire point de ses bonnes résolutions ; quand il sera en son pays, qu’il cherche et qu’il oie ce qui est salutaire à son âme ; qu’il soumette sa volonté et qu’il obéisse plutôt au conseil des sages et des justes qu’à sa volonté, ou autrement, s’il meurt par le chemin, il en sera comme du bon larron : Vous serez ce jourd’hui en paradis.

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Chapitre 116. Combien la simplicité est agréable à Dieu.

6116 Combien la simplicité est agréable à Dieu.

  Un certain homme ne savait pas à grand’peine le Pater noster ; il demanda un conseil pour son âme à sainte Brigitte, à laquelle Notre-Seigneur dit : Plus me plait la simplicité de ce pauvre homme simple que la prudence des superbes, d’autant que leur superbe les éloigne de Dieu, et en celui-ci, l’humilité introduit Dieu dans son coeur, partant, dites-lui qu’il continue comme il a fait, et il aura la récompense avec ceux dont j’ai dit : Venez, vous qui avez travaillé, et je vous soulagerai avec le pain éternel ; car si je lui dis comme j’ai dit à Judas quand il me demandait conseil trompeusement : gardez les commandements et vendez ce que vous avez, il ne pourra le souffrir, d’autant que la vieillesse fuit la réforme et que la pauvreté n’a rien à vendre. Néanmoins, les commandements de Dieu sont nécessaires à ceux qui tendent à la vie éternelle, car sans eux l’homme ne peut être sauvé, s’il peut en être instruit. Mais quant à cet homme, sa docte folie et sa bonne volonté me plaisent en telle sorte comme les deux deniers de la veuve que j’ai préférés aux présents des rois, car en sa folie, il a toute la sagesse, car il m’aime de tout son coeur. Mais d’où vient cet amour, sinon de mon Esprit? Et ceci semble folie aux sages du monde de n’aimer les richesses et de ne savoir parler des grandes choses ; partant, je l’appelle docte folie, d’autant qu’il puise de moi la sagesse, qui consiste à aimer Dieu.

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Ne vous semble-t-il pas sage, celui qui ne sait qu’une parole : aimer ? Par cette délection, il garde tous les commandements de la loi de Moise ; par icelle, il donne à Dieu ce qu’il lui faut donner ; par icelle, il garde tous les conseils ; par icelle, il garde tout le droit et les lois ; par icelle, il aime son prochain, ne désirant point le bien d’autrui, ne trompant point son prochain ; par icelle, il se souvient incessamment de la mort et du jugement, dont je le dois juger : et partant, celui qui veut venir à moi ne se doit inquiéter de l’ignorance de la loi, pourvu qu’il veuille se servir de sa conscience, qui dit qu’il veut pâtir ce qu’elle voudrait faire à autrui. Car pourquoi l’homme feuillette-t-il tant et tant de livres ? N’est-ce pas pour me servir ? N’est-ce pas plus pour sa curiosité, ostentation et pour être appelé docte ? Véritablement, chacun sait en sa conscience et chacun est jugé par icelle. Partant, ma fille, celui qui dit d’une foi parfaite et d’une bonne volonté ces paroles : Jésus, ayez miséricorde de moi, me plaît plus que celui qui dira cent versets sans attention.

Chapitre 117. Pour les Bénédictions.

6117 Du grand bien qu’il y a d’invoquer la Sainte Vierge Marie.

Pour les Bénédictions.

  La Sainte Vierge Marie dit : Il n’y a pas si grand pécheur plongé en des crimes si sales, qui, s’il m’invoque, ne soit par moi secouru. Car qu’y a-t-il de plus vil que de soigner une tête galeuse ? Si quelqu’un m’invoque, je le guérirai. Qu’y a-t-il de plus sordide que l’instrument avec lequel on nettoie les ordures ? Néanmoins, si celui-là qui est aussi souillé m’invoque, je le nettoierai. Qu’y a-t-il de plus vil que de laver les pieds à un lépreux ? Et néanmoins je laverai ce lépreux-là.

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  L’épouse répondit : O très sainte Dame, je sais que vous êtes très humble, très puissante et très bénigne. Aidez cette âme pour laquelle je vous ai priée si souvent.

La Mère répondit : Cette âme a eu trois choses en sa vie : 1. elle a voulu avoir le monde, mais le monde ne l’a pas voulue ; 2. elle a aimé la chair par l’incontinence, d’autant qu’elle n’a pas voulu se marier ; 3. elle a aimé Dieu moins qu’elle ne devait, bien qu’elle fut constante en la foi ; elle est maintenant affranchie de ces choses-là, et elle participe à la table de ma piété. Quelques choses encore lui restent, desquelles étant purifiée, elle sera délivrée des peines.


Chapitre 118. Jésus-Christ conseille à sainte Catherine, fille de sainte Brigitte, de ne s’en retourner point au pays, car son mari mourra bientôt.

6118   Jésus-Christ conseille à sainte Catherine, fille de sainte Brigitte, de ne s’en retourner point au pays, car son mari mourra bientôt.

Le Fils de Dieu parle à sainte Brigitte : Consultez cette dame, et priez-la de demeurer quelque temps avec vous, car il vous est plus utile de vous en retourner, car je lui ferai comme le père fait à sa fille, qui est aimée de deux et est demandée en mariage, l’un desquels est pauvre et l’autre riche, et tous deux sont aimés de la fille. Le père donc, qui est sage et prudent, voit l’affection de la fille se porter vers celui qui est pauvre ; il donne au pauvre des vêtements et des dons, et donne au riche sa fille : j’en veux faire de même. Celle-là m’aime et aime son mari ; partant, puisque je suis plus riche et le Seigneur de toutes choses, je le veux combler de mes dons, qui lui seront utiles pour son âme. Il me plaît de l’appeler bientôt, et la maladie dont il est atteint est un signe de son décès, car il est très décent que celui qui tend à un très puissant soit connu en ses raisons, et qu’il soit dépêtré des choses charnelles. Je la (1) veux conduire et réduire en son pays jusques à ce qu’elle soit propre à l’oeuvre à laquelle je l’ai appelée de toute éternité et que je veux manifester.

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  Un peu de temps s’étant écoulé après que sainte Catherine eut fait voeu de demeurer à Rome avec sa mère, étant ébranlée de l’horreur d’une vie inaccoutumée et étant mémorative de la liberté passée, étant en anxiété, demanda à sa mère qu’elle put retourner en Suède. Sa mère priant pour cette tentation, Notre-Seigneur lui dit : Dites à cette fille vierge qu’elle est veuve, et que je lui conseille de demeurer avec vous, car ma providence en doit avoir le soin.

(1) Sainte Catherine, fille de sainte Brigitte


Chapitre 119. Des trois états de mariage, viduité et virginité.

6119 Des trois états de mariage, viduité et virginité.

  Jésus-Christ parle : L’état commun et louable m’a été agréable, car Moise, conducteur de mon peuple, m’agréa, bien qu’il fût marié. Saint Pierre a été appelé à l’apostolat pendant le vivant de sa femme, et en cela il me plut, car il faut monter aux choses parfaites des moins parfaites, et il fallait que le peuple charnel fût instruit par des choses sensibles, signes et oeuvres, afin qu’il comprît les choses spirituelles.

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De même Judith, à raison de sa viduité et pour le bien de la viduité, trouva grâce en ma présence, et elle fut digne, à raison de la continence, de délivrer son peuple. Mais Jean, à la garde duquel je commis ma mère, ne m’a point déplu pour avoir été vierge, voire il me plut grandement, car la vie très parfaite en la chair est de ne vivre point charnellement et d’être semblable aux anges, c’est pourquoi il mérita d’être gardien de la chasteté et de lui montrer des signes signalés de charité. J’en dis de même maintenant : la viduité de cette dame me plaît plus que son mariage, d’autant qu’une veuve humble m’est plus agréable qu’une vierge superbe ; et plus mérita Magdelaine en son humilité et ses larmes que si elle eût demeuré en ses propres volontés.


Chapitre 120. La charité est comparée à un arbre entre les vertus ; l’obéissance tient le premier rang entre les morales.

6120 La charité est comparée à un arbre entre les vertus ; l’obéissance tient le premier rang entre les morales.

  Jésus-Christ, Fils de l’Éternel, parle : Comme sur un arbre à plusieurs rameaux, ceux qui sont plus hauts participent plus aux ardeurs du soleil et des vents, de même en est-il des vertus. La charité est comme un arbre ; d’elle procèdent toutes les vertus, entre lesquelles l’obéissance tient le premier rang, pour l’amour de laquelle je n’ai pas hésité de subir la mort et la croix : c’est pourquoi l’obéissance m’est très agréable comme le fruit qui m’est très doux, car comme la paix est très paisible, de même cet homme m’est très bon ami, qui se soumet aux autres par humilité, et met et consigne ses vouloirs aux vouloirs des autres. Partant, il me plaît que cette dame (1) obéisse, renonçant à sa volonté pour sa plus grande couronne et pour avoir un plus grand amour. Abraham, renonçant à sa volonté, a été plus aimable, et Ruth a été plus chère à Dieu en son peuple, d’autant qu’elle n’obéit pas à sa propre volonté.

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  Notre-Seigneur parla derechef : Cette dame ne mourra point, comme le médecin dit, mais elle vivra un temps convenable, car je la veux nourrir sous la protection de ma main droite, et je lui donnerais la sapience, afin qu’elle me donne des fruits amoureux et qu’elle vive pour mon honneur.

(1) Sainte Catherine de Suède.


Chapitre 121. De l’excellence de l’obéissance, etc.

6121 De l’excellence de l’obéissance, etc.

  Notre-Seigneur Jésus-Christ dit : L’obéissance est une vertu par laquelle les choses imparfaites sont parfaites, et toutes les négligences sont éteintes ; car moi, Dieu, la perfection même, j’ai obéi à mon Père jusques à la mort de la croix, afin de montrer par mon exemple combien il est agréable à Dieu de renoncer à ses propres volontés. Mais plusieurs, ne considérant point l’excellence de l’obéissance ni n’ayant un zèle discret, suivent la conception de leur esprit, et ainsi, en peu de temps, ils affligent indiscrètement leur chair et sont après longtemps inutiles à eux-mêmes et aux autres, de quoi ils plaisent moins à Dieu et sont à charge aux autres ; et ceux-là considérant après leurs défauts et voulant rétracter les choses passées, soudain la confusion les saisit de laisser ce qu’ils avaient commencé, et adhurtés à leur vanité, ils n’osent reprendre la première vie. De telle condition est cet homme que vous voyez, qui ne considère point les conseils des hommes éprouvés ni ne pense aux paroles que j’en ai dites : Je ne veux point la mort de la chair, mais du péché : partant, il faut craindre qu’il ne tombe en de plus grandes tribulations, voire en défaut d’esprit.

Néanmoins, s’il obéit aux sages, et s’il soumet et démet son esprit de ses propres pensées, la couronne lui sera redoublée, et la dévotion s’augmentera en lui ; autrement, il lui sera fait comme il est écrit : L’homme est venu et a surmené la zizanie, et les épines naissantes ont suffoqué la bonne semence.

  P463

Chapitre 122. Le Fils de Dieu montre par son exemple la modestie à l’oraison, etc.

6122 Le Fils de Dieu montre par son exemple la modestie à l’oraison, etc.

  Jésus-Christ parle : Moi, étant en l’humanité, j’ai tellement tempéré mes oraisons, mes labeurs et mes jeûnes, que ceux qui me voyaient n’en étaient scandalisés ni les absents n’en étaient point offensés, mais tous ceux qui voulaient, pouvaient imiter mes paroles, mes oeuvres et suivre mes exemples.

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  Or, cette dame que vous voyez a des gestes admirables ; elle n’est pas sans un grand remords de conscience : c’est pourquoi le conseil veut qu’elle modère avec plus de tempérance ses façons de faire, et qu’elle fasse ce qu’elle fait plus en cachette qu’en public, autrement son labeur sera vain et son oraison lui réussira moins à sa couronne.

  Fin du Tome Troisième et fin du Livre 6 des Révélations célestes.



Livre VII




Chapitre I. Du voyage que sainte Brigitte devait faire à Jérusalem, et des biens de ce voyage.

7001 Du voyage que sainte Brigitte devait faire à Jérusalem, et des biens de ce voyage.

  Sainte Brigitte, étant à Rome et étant une fois en oraison, commença à penser à l’enfantement de la Sainte Vierge, et à la souveraine bonté de Dieu qui avait voulu se choisir une Mère si pure; et lors son coeur s’enflammait d’amour en telle sorte pour la Sainte Vierge, qu’elle disait dans son coeur : ô ma Dame, Reine du ciel, mon coeur se réjouit tellement que le grand Dieu vous ait choisie pour sa Mère et qu’il vous ait voulu élever à une si grande dignité, que j’aimerais mieux endurer les peines éternelles de l’enfer que vous voir privée un seul moment d’une gloire si excellente et d’une si éminente dignité; et elle était enivrée de la douceur de cet amour et aliénée des sens, étant suspendue en l’extase d’une sublime contemplation. Et lors la Sainte Vierge lui apparut, disant : Voyez, ma fille! Je suis la Reine du ciel; et d'autant que vous m’aimez d’un amour si grand, je vous annonce que vous irez en pèlerinage en la sainte cité de Jérusalem, quand il plaira à mon Fils, et de là, vous irez à Bethléem, et là je vous montrerai en même lieu la manière dont j’ai enfanté mon Fils Jésus-Christ, car il le veut ainsi.

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Chapitre 2. Pour le jour de la Purification

7002 Du glaive de douleur qui perça l’âme de la Sainte Vierge.

Pour le jour de la Purification

  Le jour de la Purification de la Sainte Vierge Marie, lorsque sainte Brigitte, épouse de Jésus-Christ, était à Rome, elle fut ravie, et vit au ciel que quasi toutes choses se préparaient pour cette grande fête; et lors elle vit aussi comme un temple d’une beauté admirable, et là était ce vénérable Siméon, vieux et juste, préparé à recevoir l’enfant Jésus entre ses bras avec un grand et sensible désir et joie indicible; elle voyait aussi la Sainte Vierge qui venait avec une grande honnêteté, portant le petit Jésus pour l’offrir au temple, selon la loi du Seigneur. Après, une grande multitude d’anges, de saints de divers ordres, de vierges saintes et autres dames qui allaient devant la Sainte Vierge, et l’entouraient avec une grande joie et dévotion, devant laquelle un ange portait un glaive fort long et large et tout sanglant, qui signifiait les douleurs que la Sainte Vierge avait endurées en la mort de son Fils, préfigurées par le glaive que le juste Siméon avait prédit, qui outre-percerait son coeur, d’où vient que, toute la cour céleste se réjouissant, il fut dit à l’épouse : Voyez quel honneur et gloire on fait aujourd'hui à la Reine du ciel en cette fête, pour le glaive de douleur qu’elle a souffert en la passion de son cher Fils. Et lors cette vision disparut.

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Chapitre 3 Pour le jour de saint François.

7003   De saint François qui apparut à sainte Brigitte.

Pour le jour de saint François.

  Le jour de la fête de saint François, en son église qui est à Rome au-delà du Tibre, ce saint apparut à sainte Brigitte, épouse de Jésus-Christ, lui disant : Venez à ma chambre, pour manger et boire avec moi. Ce qu’oyant, elle se disposa soudain à s’en aller visiter Assise; y étant arrivée, elle y demeura cinq jours; et proposant de s’en retourner à Rome, elle entra en l’église, afin de se recommander, elle et les siens, à saint François. Et lors ce saint lui apparut : Vous, soyez la bienvenue, dit-il. Je vous ai conviée à ma chambre, afin de manger et boire avec moi. Sachez néanmoins que cette maison n’est pas ma chambre, dont je vous ai parlé, mais ma chambre est la vraie obéissance que j’ai toujours chèrement gardée, de sorte que je n’ai jamais été sans maître, car j’ai eu toujours avec moi un prêtre à qui j’ai obéi fidèlement en tous ses commandements, et ce fut là ma chambre. Faites-en de même, car cela plaît à Dieu. La viande qui me rassasiait grandement était tirer, voire arracher mon prochain de la vanité du siècle pour servir Dieu de tout coeur. Et lors j’avalais ce morceau comme les plus douces viandes. Ma boisson était cette joie que j’eus, quand je vis quelques-uns de ceux que j’avais convertis, aimer Dieu de toutes leurs forces, s’adonner et s’occuper à la contemplation et à l’oraison, instruire les autres à bien vivre, imiter et embrasser la vraie pauvreté; ma fille, cette boisson réjouissait mon âme, de sorte que j’avais en dégoût tout ce qui était du monde.

Mangez donc en cette chambre, mangez une telle viande et buvez une telle boisson, buvez-la donc, afin qu’avec Dieu vous soyez réfectionnée éternellement.

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Chapitre 4 révélation touchant le corps de saint Thomas l’apôtre.

7004   Il est ici parlé d’une révélation touchant le corps de saint Thomas l’apôtre.

  Il semblait à une certaine personne veillant en oraison que son coeur était enflammé du divin amour et tout plein de joie spirituelle, de sorte que son corps manquait de forces pour le supporter. Lors elle ouït une voix qui lui disait : Je suis le créateur de toutes choses, et le Rédempteur. Sachez donc que la joie que vous ressentez en l'âme, c’est mon trésor, car, comme il est écrit, l’esprit souffle où il veut et on entend sa voix, mais on ne sait pas d’où il vient ni où il va.. Je donne ce trésor à mes amis en diverses manières et en divers dons : néanmoins je vous veux parler d’un autre trésor qui n’est pas encore dans le ciel, mais est encore avec vous en terre. Ce trésor, ce sont les reliques des saints et les corps de mes amis : soit qu’ils soient pourris, soit qu’ils soient récents, convertis en poudre ou non, ils sont toujours certainement mon trésor.

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  Mais vous me pourriez demander, l’Écriture même le disant : Là où est votre trésor, là est votre coeur, comment mon coeur est maintenant avec ce trésor, savoir, avec les reliques des saints.

Je vous réponds : La grande délectation de mon coeur est en ceux qui ont été honorés et glorifiés de merveilles, et sont canonisés par les souverains pontifes, et de leur donner les récompenses éternelles selon les volontés, foi et travaux de ceux qui les visitent. Partant, mon coeur est avec mon trésor. Partant, je veux que vous sachiez pour certain qu’en ce lieu, il y a un mien trésor très choisi, savoir, les reliques de saint Thomas l’apôtre, et en aucun lieu, il n’y en a avec autant d’abondance qu’en ce lieu, sans être divisées. En effet, quand cette cité fut ruinée, où le corps de cet apôtre fut mis, lors ce trésor fut transféré par ma permission par quelques miens amis en cette cité (d’Ortone); or, maintenant il demeure là comme caché, d'autant que les princes de ce royaume étaient disposés comme David dit : Ils ont des bouches, et ne parlent point. Ils ont des yeux, et ils ne voient point. Ils ont des oreilles, et ils n’oient point. Ils ont des mains, et ne touchent point. Ils ont des pieds, et ne marchent point, etc. Comment donc, étant de la sorte, pourront-ils rendre un tel honneur à ce trésor, eux qui sont contre moi? Quiconque donc m’aime et mes amis, aimant plutôt mourir que de ne m’aimer et que de m’offenser en la moindre chose, ayant encore la volonté et le pouvoir de m’honorer avec ma grâce et de le commander aux autres, celui-là exaltera et honorera mon trésor, savoir, les reliques de ce mien apôtre, lequel je choisis et j’élus.

  On doit donc pour certain assurer et dire que comme les corps de saint Pierre et saint Paul sont à Rome, de même les reliques de saint Thomas sont en Ortone.

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  L’épouse dit : O Seigneur, les princes de ce royaume n’ont-ils pas fait édifier ces églises, et ne leur ont-ils pas fait de grands dons?

Notre-Seigneur lui dit : Oui, certes, et ils m’offraient force argent pour m’apaiser; mais plusieurs de leurs aumônes me furent déplaisantes, à raison de leurs mariages faits contre les statuts des saints Pères; et bien que ce que les souverains pontifes ont permis soit assuré et qu’on le doive tenir et observer, néanmoins, d’autant que leur volonté était corrompue et qu’ils s’efforçaient d’agir contre les statuts de l’Église, cela doit être jugé au jugement divin.

  ADDITION.

  Sainte Brigitte étant allée à Ortone, il arriva qu’il fallut qu’elle et ses compagnons demeurassent sans logis au serein, au froid, et une grande pluie les assaillit environ vers l’aurore. Et lors, Jésus-Christ lui parla et lui dit : Les tribulations assaillent l’homme pour deux raisons, ou pour une plus grande humilité et humiliation, comme le roi David qui fut affligé, afin qu’il fût plus humble et plus avisé; comme Sara, femme d’Abraham, qui fut prise par le roi, pour sa plus grande consolation et honneur. De même vous en est-il arrivé : j’avais inspiré à vos âmes de ne passer outre ce jour-là, mais vous n’avez pas voulu croire, c’est pourquoi vous avez souffert cette affliction. Entrez dans la cité. Mon serviteur Thomas, mon apôtre, vous donnera ce que vous désirez.

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  Notre-Seigneur apparut encore à Ortone, disant sur le même sujet : Mon épouse, je vous ai dit que saint Thomas, mon apôtre, était mon trésor. Certainement cela est vrai, car saint Thomas est véritablement la lumière du monde; mais les hommes aiment plus les ténèbres que la lumière.

Lors apparut aussi saint Thomas, disant : Je vous donnerai le trésor que vous désirez depuis si longtemps, et en ce moment, sans qu’aucun me touche.

Il sortit donc, du coffre où étaient les reliques du saint, un fragment d’un os de saint Thomas, que sainte Brigitte reçut et qu’elle garda avec grande révérence.



Révélations de Sainte Brigitte de Suède 6104