Révélations de Sainte Brigitte de Suède 9035

Chapitre 35 Sur le chapitre 20 de la règle de St-Sauveur

9035 p 238

  Le Fils de Dieu parle : Quand je conversais dans le monde avec les apôtres, je m’attendais seulement au lucre des âmes, car il n’était pas convenable ni agréable de servir au monde et aux âmes : c’est pourquoi les fidèles m’administraient les choses corporelles, aussi étaient-ils administrateurs et aides des labeurs de mes serviteurs et de ceux qui m’assistaient secrètement, savoir, des apôtres. De même en est-il maintenant. Je vous ai parlé du nombre des filles de ma Mère, qui la doivent assister avec plus de familiarité, desquelles quelques-unes auront été nourries plus délicatement que les autres, les autres seront infirmes ou vieilles, les autres moins accoutumées au labeur et au travail, quelques autres adonnées à la contemplation divine.

Partant, si la nécessité et le lieu le requièrent, il est permis à l’abbesse de recevoir quatre femmes circonspectes en âge et en moeurs, de bonne renommée, qui portent du bois au feu, de l’eau où il en sera besoin, et qui nettoient le monastère, et aident ès obédiences et charges aux Soeurs infirmes. Ces quatre femmes pourront entrer dans l’église et ès autres lieux du monastère, pour y travailler ; elles auront leur maison auprès de la cuisine, et aussi leur porte ; et qu’elles soient toujours prêtes à porter ou rapporter ce qu’on leur commandera. Elles ne doivent pas pourtant être associées avec les autres au choeur, ni au dortoir, ni au réfectoire, mais qu’elles demeurent hors du choeur, quand elles ne travaillent point. Elles ne doivent prendre leur réfection quand le couvent la prend, mais qu’elles vivent de l’aumône des Soeurs ou de la prébende que l’abbesse leur assignera ; qu’elles obéissent à l’abbesse. Elles pourront prendre en la dépense la réfection après la réfection des Soeurs ; et en signe de reconnaissance, qu’elles aient le scapulaire sans capuche. S’il faut faire quelque chose dans la cuisine par les mains des séculiers, qu’une de ces quatre femmes y assiste, ou deux, afin que rien ne se fasse contre la règle. Que les Frères aussi aient deux autres Frères pour leur service nécessaire. Ceux-ci n’auront pas de cucule, mais un manteau sur la tunique, auquel sera cousu un petit capuche, comme les autres religieux. Quand ils travaillent, qu’ils laissent et posent leur manteau, et qu’ils aient un petit capuche ou scapulaire fait pour cela, comme les convers de l’ordre de Saint-Benoît ou de Saint-Bernard, et qu’ils soient ceints d’une courroie noire.

p 239

Chapitre 36

9036   Sur le chapitre 21 de la règle de Saint-Sauveur.

  Le Fils de Dieu parle : D’autant que les choses chaudes excitent à luxure, il n’est pas convenable aux saints qu’au monastère on use de poivre ni d’aucune choses trop chaudes, mais qu’on use des choses communes que porte la terre de chaque pays. Aux fêtes de Neuf leçons, à raison du grand labeur, on leur doit donner quelque honnête récréation, et aux infirmes, quand il en est besoin.


Chapitre 37 Sur le chapitre 22 de la règle

9037 p 240

  Jésus-Christ, Fils de Dieu éternel, parle, disant que comme celui-là est appelé père qui a naturellement engendré un fils, de même je suis Père de tous, d’autant que je verse cette âme dans le corps, et la régénère par ma passion et par l’efficace de l’inspiration divine, et la renouvelle, quand elle a perdu sa beauté. Donc, comme je suis le Père de tous ceux qui sont créés et recréés par le baptême, de même je suis Père de tous ceux qui imite la voie de mon humilité et suivent la voie de mes commandements. Partant, Marie ma Mère, peut être appelée mère et fille ; mère, par génération de ma chair, fille, par imitation de ma volonté, car la semblance de son corps reluisait en quelque manière en ma chair, et la semblance de toutes les vertus a relui parfaitement en son coeur et en ses oeuvres.

D’autant donc que ma Mère se veut élire des filles desquelles je suis instituteur et recteur, auxquelles j’ai manifesté par vous un nouvel institut, partant, je veux être appelé, et être en signe de quoi je leur en montre deux privilèges signalés : l’un, qu’elles aient toujours le saint Sacrement sur leur autel en un vase décent de saphir ou de cristal, afin que, me contemplant spécialement sous une autre forme, elles me désirent avec plus de ferveur, jusques à ce qu’elles soient rassasiées de la vérité ; l’autre, que quand quelque Soeur est malade, en telle sorte qu’à raison du vomissement, elle ne puisse prendre mon corps en viatique, je permets qu’on le lui porte à l’infirmerie, qu’on le lui montre, mais qu’elle ne le touche point, et qu’on lui dise : Que votre foi vous soit profitable à salut et à la vie éternelle !
p 241

  Lors sainte Brigitte répondit : O seigneur, qui versez en nous toutes grâces, ne vous indignez point si je parle. Vraiment vous vous versez en nous d’une grâce trop surabondante ; voire, s’il est loisible de parler ainsi, vous êtes prodigue de vous-même pour l’amour de nous. Qui pourra jamais croire que votre bonté et votre douceur soient si grandes, si ce n’est celui qui est enivré de votre Esprit ? Car il est écrit que ceux-là qui, en la loi de Moïse, voyaient et touchaient l’arche sainte, qui vous préfigurait, mouraient ; et maintenant, vous permettez qu’on vous touche, vous qui êtes la vérité même de cette figure que les signes promettaient ! Oh ! Que celui-là est tenu et obligé d’être pur puisqu’il s’approche de Dieu souverain !

Dieu répondit : Qu’admirez-vous, ô fille, si le vase s’approche du vase, si, dis-je, le vase virginal s’approche du vase où est le trésor inépuisable ? Car comme à l’entrée de l’arche de Moïse, les murailles inutiles tombèrent et l’idole perdit la tête, de même, par l’amour virginal, la superbe du diable sera confuse, la dureté du coeur sera amollie, et l’impureté de la chair sera anéantie ; car qu’y a-t-il d’admirable qu’il soit touché d’une vierge, puisqu’il a voulu naître d’une Vierge ? De vrai, l’amour virginal peut toutes choses avec Dieu, s’il est joint à la vraie humilité. Néanmoins, afin que cela n’apportât de préjudice au clergé et à ceux qui pensent tout autrement, je commets cette grâce à la modération des prélats et à leur puissance, car ni Moïse ni les prophètes n’étaient lus sans le jugement et la discussion des pontifes, ni mes paroles ne devaient venir au jour sans le jugement et sans l’autorité des pontifes, auxquels j’ai donné puissance de lier et de délier. Qui les méprisera me méprisera moi-même.


p 242

Chapitre 38 Du pavé du monastère.

9038   Le fils du Père éternel parle : Je vous ai dit ci-dessus comment les Soeurs et les Frères doivent être ensevelis ; j’ajoute maintenant la disposition parfaite des enceintes du monastère qui sont entre les grilles : elles doivent être pavées, ou de pierres taillées proprement, ou de carreaux de brique, afin qu’aux filles pures le tout réponde avec pureté. Partant, qu’on fasse le cimetière entre le grand mur, où il pourra être fait le plus convenablement, dans lequel les Soeurs seront ensevelies. Que s’il les faut ensevelir dans les cloîtres et les enceintes, il faut prendre garde qu’il n’y reste après quelque chose de raboteux : c’est pourquoi on réparera soudain le pavé selon la première forme. Que le pavé aussi de l’église soit de pierres planes et égales, afin que ceux qui entreront ne bronchent point, et qu’elles soient bien peinte et ornées pour exciter à la dévotion. Que si on ensevelissait en l’église quelques personnes spirituelles et de dignité, on remette le pavé à sa première beauté et égalité.


Chapitre 39 Touchant le chapitre 26 de la règle de Saint-Sauveur, et les personnes qui y doivent entrer.

9039 p 243

  La Mère de Dieu parle, disant : Celui qui est assis au plus haut lieu verra la lumière à midi. Celui qui sera assis à droite s’éveillera le matin de son sommeil. Celui-là qui est à gauche se refroidira à raison de la rosée de la nuit. Partant, que celui qui entre en cette maison prenne garde de n’aimer la mort pour la vie, le froid pour la chaleur. Qu’il se donne aussi de garde, celui qui entre, de l’ennemi qui est aux portes : partant, qu’il ait pour docteur la raison, et Dieu pour directeur. Que cette maison soit comme la maison dont je vous avais avant parlé, comme un feu qui commence de brûler par les pailles, puis par tout le corps, de sorte que ceux qui sont au dehors n’en savent rien jusqu’à ce que tout soit embrasé. Que cette maison soit affermie au Saint-Esprit, car comme Elie, mangeant le pain et buvant de l’eau, marcha en la force d’icelui quarante jours et quarante nuits, de même ceux qui entreront en cette maison seront confortés et affermis, et la force spirituelle accroîtra en eux, ainsi que la ferveur de la foi et de la charité.

Dieu demeurera aussi avec ceux qui entrent en cette maison comme il fut jadis avec Jacob, qui, étant sorti seul de la maison de son père, y retourna avec une grande abondance. Et Joseph est sorti de lui, qui a été appelé le salut du peuple, d’autant qu’il a sauvé son peuple. Dieu gardera aussi cette maison et ceux qui entreront en icelle, comme il garda son apôtre qu’il ne fût brûlé de la graisse de l’huile, et il accordera à ses bien-aimés qu’ils ne soient brûlés du feu de l’amour du monde, et qu’ils ne succombent et ne défaillent en leur adversité. Que tous ceux qui entre en cette maison fructifient comme du grain, qui donne le centuple, et comme l’huile de la veuve, afin qu’ils aillent de vertu en vertu, jusques à ce qu’ils voient Dieu en sa gloire.


p 244

  Que cette maison soit aussi munie d’une muraille de garde spirituelle si forte et si grande que l’ennemi, la voulant fausser, dise : Tout le temps ne me suffit pas pour le faire, ni je n’ai point de fondement pour venir jusques aux fondements, et moins jusques aux murs. Que Dieu regarde aussi cette maison, comme jadis il regardait son peuple, quand il l’affranchissait de la captivité de l’Egypte, lui montrant la voie, le jour par la colonne, et la nuit par celle du feu. Qu’il bénisse encore ceux qui entreront en cette maison, comme il a béni ses apôtres et moi, sa Mère, nous donnant le Saint-Esprit, promettant de demeurer avec nous jusques à la consommation du siècle. Qu’il y ait aussi en cette maison une porte par laquelle il soit loisible à tous d’entrer, et que ceux qui y entreront soient des brebis de mon Fils oyant sa voix, puisqu’il a donné sa vie pour l’amour d’eux, lesquels le Père garde de sa puissance, que le Fils dirige par sa sagesse, et que le Saint-Esprit enflamme de sa charité, afin que si le loup était entré en son troupeau, il profite aux brebis pour un plus grand mérite, et que lui descende à l’espace du lieu qui lui est préparé.

D’ailleurs la Mère de Dieu dit : Sachez aussi qu’il fut commandé au prophète de Dieu de montrer au peuple ingrat les dimensions du temple détruit qu’il avait vu en la vision spirituelle, non que du ciel descendissent les choses corporelles, mais d’autant que les choses spirituelles étant entendues par les corporelles, afin que le peuple ingrat entendit son ingratitude, et se repentant de ses malheurs, se préparât à recevoir les promesses divines, lui qui en a été privé, d’autant que, persistant en sa malice, il n’a voulu changer de volonté en bien : c’est pourquoi aussi ce temple n’a pas été réédifié ni ne sera pas éternel. Mais qu’en ma maison, on n’érige pas seulement les murs matériels, mais les âmes des justes qui plairont en icelle à mon Fils, et il accomplit en soi les dimensions du temple que la prophétie divine avait vu en esprit.

p 245

Chapitre 40 De trois sortes de fruits des personnes de la règle de Saint-Sauveur.

9040   Le Fils de Dieu parle : Trois sortes de fruits seront produits de ma règle : le premier sera de la crainte qui, à guise d’une épouse, tantôt veut, tantôt ne veux point, qui, ayant goûté la volonté de son époux et la volupté, désirerait que la volonté de son époux se conformât à la sienne. Ce fruit ne goûtera pas parfaitement : les voluptés de époux, d’autant qu’il n’est pas entièrement occupé pour goûter la douceur de l’époux. Le deuxième fruit est qu’il désire participer à ses appétits, mais il s’afflige de souffrir les adversités. Celui-ci est semblable au soldat qui oublieux de la justice et des causes d’obtenir la couronne, demande, au temps d’heur et de félicité, une grande récompense, n’ayant voulu suivre son seigneur en temps d’adversité. Le troisième fruit est qu’il a renoncé, non seulement à soi-même et quitté tout ès mains de Dieu, mais il se sépare de tout ce qui n’est pour Dieu, comme une jument qui n’est que le plaisir du maître, il se réjouit ès adversités et est humble et craintif en la prospérité. Ce fruit mérite que

  Dieu fasse miséricorde, afin que la joie promise soit obtenue, que les païens en soient édifiés, les lâches excités et les froids embrasés.


p 246

Chapitre 41 Du voyage que sainte Brigitte fait à Rome.

9041   Du voyage que sainte Brigitte fait à Rome.

  Jésus-Christ, Fils de Dieu, parle : La règle est décrite déjà ; les fleurs y sont mises et les couleurs posées. Allez donc au lieu où vous visiterez le pape et l’empereur. Cette règle ira comme une lumière ; elle se serrera afin d’avancer jusques à ce qu’elle montrera un troisième fruit qui brisera les arêtes, et le pur grain sera mis au grenier.


Chapitre 42 Commandement à sainte Brigitte d’écrire à l’empereur pour la confirmation de la règle de Saint-Sauveur\i.

9042   Commandement à sainte Brigitte d’écrire à l’empereur pour la confirmation de la règle de Saint-Sauveur.

(Voyez le tout au Livre VIII, Chap. 51. )


Chapitre 43 Ici est montré à un roi le moyen de se réconcilier.

9043 p 247

  Le Fils de Dieu dit : Celui que j’ai appelé mon Fils s’est plutôt rendu rebelle et semblable à un enfant d’école qu’à un fils obéissant, d’autant qu’il n’a pas poursuivi le chemin contre les païens ; néanmoins je lui montrerai maintenant un autre chemin: s’il le poursuit, il sera bienheureux. Ce chemin est qu’il aille au pape, car les grands dettes doivent être amendées par le conseil du grand seigneur. Que s’il y va, il n’ait pas honte de lui dire qu’il a été un voleur du bien commun, un traître des âmes, contempteur de l’Eglise, violateur du jurement et de la loi publique, prodige aliénateur et dissipateur de la couronne royale et de ses richesses. Qu’il impètre encore l’absolution de ses péchés et la confirmation de ma règle, que j’ai manifestée en son royaume, afin que les mouches à miel qui doivent être assemblées en un lieu déjà disposé, soient affermies de ses bénédictions. Qu’il ne diffère donc de sortir, de peur que, s’il délaie, les locustes et le brac n’occupent le lieu préparé aux abeilles, et qu’aussi elles soient dispersées par leur corruption, et aussi de peur qu’il n’y ait plus de peine à le purifier et renouveler qu’à le bâtir.


Chapitre 44 Des indulgences de saint Pierre-aux-Liens et de la confirmation de la règle de Saint-Sauveur.

9044 (Voyez sur ce sujet le Livre IV, Chapitre 137.)


Chapitre 45 Du commandement d’écrire la règle.

9045 p 248

  Le Fils de Dieu dit à sainte Brigitte : Dites à celui-là (Pierre d’Alabastre, prieur ), qu’il écrive la règle dictée par le Saint-Esprit ; mais donnez-vous garde de n’ajouter ou diminuer quelque chose par votre esprit ; mettez-y seulement ce que je vous ai dit. Que si l’écrivain y met quelque chose de la règle des Pères, où la matière sera convenable, et étant attiré à cela par mon Esprit, et ressentira que je l’assiste, il ne sera pas fâcheux, car saint Benoît, saint François et les autres Pères, comme des abeilles, ont pris une grande partie des leurs, des Pères, et cela m’a été agréable, d’autant qu’ils avaient mon Saint-Esprit, et leur volonté était selon mes désirs. Partant, tout ce qu’ils ont statué m’est agréable.


Chapitre 46 Concernant la règle de Saint-Sauveur.

9046   Je vous veux montrer, dit Notre-Seigneur à sainte Brigitte, quelle règle on aura en la maison de ma Mère, d’autant que les ermites mêmes et les saints Pères reçurent les influences saintes et sacrées de mon Esprit : partant, déférez à écrire tout ce que vous oirez et concevrez de mon Esprit, et donnez garde qu’en aucune manière vous n’ajoutiez à mes paroles quelque chose de votre esprit. Mais vous pourriez admirer pourquoi moi, qui suis le Créateur de toutes choses, ne parle en telle langue qu’elle puisse être entendue de tous.

Il répondit : J’ai eu plusieurs prophètes qui ne pouvaient dire les paroles de mon Esprit à tous que par un truchement, et ils sont néanmoins parvenus à la lumière et à la connaissance, car quand le don de Dieu est commis à plusieurs, Dieu en est plus glorifié. Il en est de même de vous, car j’ai des amis par lesquels je déclare mes volontés, mais à vous, comme à un instrument nouveau, je vous veux montrer des choses nouvelles et anciennes, afin que les superbes soient humiliés et les humbles glorifiés.


p 249

Chapitre 47 Comment sainte Brigitte commença d’avoir des révélations, etc.

9047   Quelques années s’étant passées après la mort de son mari, sainte Brigitte étant en sollicitude de l’état qu’elle devait prendre, soudain l’Esprit du Seigneur l’environna et l’enflamma ; et étant ravie en esprit, elle vit une nuée éclatante, et de la nuée elle entendit une voix qui lui disait : Je suis votre Dieu qui veux vous parler. Et étant épouvantée, craignant que ce ne fût une illusion du malin esprit, elle ouït derechef : Ne craigniez point, car je suis le Créateur, et non le trompeur de ce qui est. Sachez que je ne parle pas pour vous toute seule, mais pour le salut de tous les chrétiens. Oyez donc ce que je dis. Vous serez en vérité mon épouse. Vous entendrez ma voix, et verrez les choses spirituelles et les secrets célestes, et mon Esprit demeurera avec vous jusques à la mort. Croyez donc fermement, car je suis celui qui est né de la Vierge, qui ai souffert et suis mort pour le salut des âmes, qui suis ressuscité des morts, qui suis monté au ciel, et qui parle maintenant à vous par mon Esprit


p 250

Chapitre 48 Du commandement d’écrire les révélations.

9048   Notre-Seigneur apparut à sainte Brigitte étant en prière, lui disant : Dites de ma part au Frère Pierre, sous-prieur, que je suis semblable à un seigneur dont les enfants étaient tenus captifs en un dur cep. Il lui envoya ses légats, afin que ses enfants fussent délivrés, et afin qu’ils avertissent les autres de ne tomber entre les mains des ennemis, qu’ils pensent amis. De même moi, Dieu, J’ai plusieurs enfants, c’est à dire, des chrétiens, qui sont détenus dans les lacets du diable. C’est ce qui fait que mon amour leur envoie les paroles de ma bouche par une femme. Oyez donc, vous, ô Frère Pierre ! écrivez en langue latine ce qu’elle vous baillera de ma par en langue vulgaire, et je vous donnerai pour chaque lettre, non l’or ou l’argent, mais un trésor qui ne vieillira jamais.

Sainte Brigitte manifesta de la par de Jésus-Christ cette révélation au prieur, qui lors était sous-prieur. Mais lui, voulant prendre révélation sur ce sujet, était un soir dans l’église, disputant avec ses pensées, et se révoltant à la fin par humilité à n’en rien faire, et s’estimant indigne d’écrire de telles révélations, et craignant l’illusion du diable. Il fut frappé lors d’un soufflet divin, et soudain il fut comme mort, privé du sentiment et des forces corporelles, mais néanmoins l’esprit demeurait entier. Mais les moines, le trouvant en cet état, gisant à terre, l’apportèrent à sa cellule et le mirent sur le lit, et il demeura un grand espace de la nuit comme demi-mort. Enfin, par l’ordonnance divine, la pensée suivante lui arriva en l’esprit : Peut-être je pâtis ceci pour n’avoir voulu obéir à la révélation divine et aux saints commandements qui m’était fais par sainte Brigitte de la part de Jésus-Christ. Et il disait en son coeur : O Seigneur, mon Dieu, si c’est pour cela, pardonnez-moi, car me voici préparé et disposé à obéir et à écrire toutes les paroles qu’elle me dira de votre part. Dès qu’il eut donné son consentement, soudain il fut guéri, et il s’en alla en hâte à sainte Brigitte, s’offrant à faire les écritures des révélations qu’elle lui dirait de la part de Jésus-Christ.

Jésus-Christ lui dit ; Je l’ai frappé pour ne pas avoir voulu obéir à ce que sainte Brigitte avait connu en une autre révélation, et je l’ai guéri après, d’autant que je suis le médecin qui a guéri Tobie et le roi d’Israël. Dites-lui donc : Prenez, feuilletez et refeuilletez le livre et les oeuvres de mes écritures. Je vous donnerai un maître en ma loi pour votre coadjuteur. Sachez que je veux faire cette oeuvre par mes paroles, que vous écrirez de la bouche de cette femme, dont les puissants seront humiliés et les sages se tairont. Ne croyez pas que ces paroles que cette femme vous dira procèdent du malin esprit, car je prouverais par oeuvres ce que je vous dis par paroles. Et soudain après, ledit prieur commença à écrire, et translater ou traduire en latin toutes les révélations et visions divines données à sainte Brigitte, bien que quelques-unes aient été écrites par ses compagnons, principalement par son confesseur, quand ledit prieur était absent ; et ledit prieur fut depuis confesseur de sainte Brigitte l’espace de trente ans jusques à la mort de sainte Brigitte. Après Notre-Seigneur commanda qu’elles fussent baillées à Alphonse Hermite, autrefois évêque de Giennense, et c’est de cette manière que les livres ont été écrits


p 252

Chapitre 49 Desdites révélations et de leurs déclarations.

9049   Le Fils de Dieu parle à son épouse, disant : Je suis semblable à un charpentier qui, ayant coupé le bois, le porte en sa maison et en fait une belle image, et l’embellit de belles couleurs et liniments. Ses amis, voyant que cette image pouvait être ornée de plus excellentes et vive couleurs, y apposent leurs couleurs. De même, moi Dieu, je coupe du bois de ma Déité, mes paroles en la charité, que j’ai mises en votre coeur, et mes amis les ont rédigées en livres, selon la grâce que je leur en avais faite, et leur ont donné les couleurs et les ornements. Afin donc qu’elles puissent aller partout, baillez-les au susdit évêque, qui les écrive, les déclare, et garde le sens catholique de mon Esprit, d’autant que mon Esprit les laisse quelquefois à mes élus, afin qu’ils les jugent et les pèsent comme une balance, et examinent mes paroles en leur coeur, afin qu’après plusieurs pensées, ils les déclarent mieux ; car comme votre coeur n’est pas toujours capable et fervent pour dire et écrire se que vous comprenez, mais que vous écrivez et ruminez en votre esprit jusques à ce que vous soyez arrivée au sens de mes paroles, de même mon Esprit montait et descendait avec les docteurs, d’autant qu’ils mettaient quelque chose qu’ils rétractaient ; d’autres fois ils étaient jugés et repris des autres, et néanmoins quelques-uns vinrent après, qui ont expliqué ce qu’ils disaient avec plus de subtilité et de clarté. Néanmoins tous les évangélistes eurent les paroles qu’ils écrivaient et proféraient de mon Esprit par infusion. Dites le même au susdit Hermite : qu’il accomplisse et fasse l’office d’évangéliste.


p 253

Chapitre 50 Il est ici traité de Jésus-Christ, de la création, etc.

9050   La Sainte Vierge, parlant, disait : Béni soyez-vous, mon Fils très cher, qui êtes sans principe et sans fin ! En vous sont la sapience, la puissance et la vertu. Vous avez manifesté votre puissance en la création du monde, le créant de rien ; votre sapience en la disposition, ayant rangé et ordonné sagement tout ce qui est au ciel, sur la terre et dans la mer ; votre vertu, quand vous avez été envoyé en mes entrailles. Vous avez encore la miséricorde et la justice. Vous avez manifesté votre sapience divine, quand vous avez disposé toutes choses miséricordieusement, quand vous avez combattu et abattu le plus fort. Vous avez montré votre vertu en votre miséricorde et justice, quand vous avez voulu naître de moi et racheter celui qui pouvait tomber de soi, mais non pas se relever sans vous.

Le Fils répondit : Bénie soyez-vous, Mère du Roi de gloire et Reine des anges ! Vos paroles sont vraies et très douces. Vous avez bien dit que je fais toutes choses en miséricorde et en justice.


p 254

  Cela a paru, en la création du monde, ès anges qui ont été créés : en cet instant, ils virent en leur conscience quel j’étais, bien qu’ils ne me goûtassent point : d’où vient que quelques-uns, se servent fort bien de la liberté de leur volonté, résolurent de demeurer fermement en la charité selon ma volonté ; les autres se rendirent orgueilleux, tournèrent leur volonté contre moi et contre la raison.

Partant, il était juste que les superbes tombassent, que les justes goûtassent ma douceur et qu’ils fussent plus fortement affermis. Après, afin de montrer ma miséricorde et que le lieu de ceux qui tombent ne fût vide, j’ai fait l’homme en terre, poussé par mon amour, lequel aussi, tombant par sa propre faute, perdit le premier bien et fut privé de la douceur ; mais à raison de ma miséricorde, il n’a pas été totalement délaissé ; mais la justice voulut que, comme il s’était retiré, par le libéral arbitre, de ma première institution, il y retournât aussi par celui qui n’aurait point de péché, mais une souveraine pureté. Mais on ne trouvait aucun qui pût satisfaire à la divine justice, et moins au salut des autres, ni il n’y en avait aucun né exempt de péché à raison de la première rébellion ; néanmoins Dieu, par sa grande miséricorde, ne manquait pas de créer les âmes en la chair, afin qu’après elles fussent affranchies du péché par celui qui serait impeccable et qui pourrait satisfaire à tout, et afin que le diable n’eut un sujet perpétuel de se réjouir de cette chute.


p 255

  Partant, le temps étant arrivé que Dieu avait prévu de toute éternité, il plut à Dieu le Père d’envoyer son Fils en vos saintes entrailles, prendre chair humaine et le sang, pour deux raisons : afin que l’homme ne servît autre que son Dieu, Créateur et Rédempteur ; afin qu’il manifestât l’amour infini qu’il avait envers l’homme et la justice, car n’ayant en rien péché, il mourut d’amour, afin que ceux qui étaient captifs fussent justement affranchis. Partant, ô ma Mère très chère, vous avez bien dit que j’ai fait toutes choses en miséricorde et en justice. Bénie soyez-vous, vous qui avez été si douce qu’il a plu à la Divinité de venir en vous et de ne se séparer jamais de vous !

Vous avez été comme une maison très pure et très nette, parfumée de l’odeur des vertus, embellie d’un éclat extra-ordinaire. Vous avez été brillante comme une étoile luisante qui brûle sans se consumer : vous avez brûlé du feu de l’amour sans vous consumer. Vous êtes justement appelée pleine de charité et de miséricorde, car toute la charité fleurit par vous, et tous trouvent par vous la miséricorde, d’autant que vous avez enveloppé et enserré en vous l’auteur de miséricorde, et vous feriez en quelque sorte miséricorde au diable, s’il la demandait humblement ! Je vous donnerai donc tout ce que vous me demanderez et désirerez.

La Mère répondit : Mon Fils, ma demande vous est connue de toute éternité. Partant afin que cette épouse entende ce qui est spirituel, je vous supplie que les paroles que vous m’avez dites soient enracinées ès coeurs de vos amis, et sortent à leur dernière perfection.
p 256

  Le Fils repartit : Bénie soyez-vous de tous les citoyens célestes ! Vous êtes comme une aurore qui s’élève en un amour tout plein de vertus. Vous êtes comme un astre qui va au soleil, qui précède ma justice par sa piété. Vous êtes une sage médiatrice pacifiant les dissensions des hommes et de Dieu même ; c’est pourquoi votre demande sera exaucée, et mes paroles seront accomplies, comme vous voulez. Mais d’autant que vous voyez et savez tout en moi, indiquez et signifiez à mon épouse en quelle manière ces paroles doivent profiter au monde, et comment elles doivent être publiées avec miséricorde et justice.

  Je suis comme cet oiseau qui ne désire manger que le coeur récent des autres oiseaux, ni boire que le sang ; il a la vue si claire qu’elle pénètre en volant si les autres oiseaux ont leur coeur pur, sinon il ne les arrête point. Je suis un tel oiseau. Je ne désire qu’un coeur tout récent et tout nouveau, c’est-à-dire, l’âme de l’homme toujours nouvelle et récente en bonnes oeuvres d’amour, ce que je désire prendre pour ma boisson. Ma réfection n’est qu’une fervente charité envers Dieu et une âme amendée de ses vices. D’autant donc que je suis la charité et la justice, et n’en désire d’autre que la charitable, c’est pourquoi mes paroles doivent entrer dans le monde avec charité et justice, de sorte néanmoins que l’homme ne me serve pas pour la seul crainte, ni qu’il ne soit pas aussi attiré à me servir par quelque désir charnel, mais par un amour divin, qui provient de la considération intime de mes oeuvres et de la souvenance de ses péchés, car ces deux choses, étant souvent considérées, nous excitent à l’amour et à trouver Dieu digne de tout bien. Mes paroles doivent encore entrer avec charité miséricordieuse, afin que l’homme considère que je suis prêt à faire miséricorde, afin que l’homme connaisse son Dieu, qu’il avait négligé, voyant qu’il fait les hommes pécheurs des saints.


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Chapitre 51 Pourquoi Dieu a voulu révéler le contenu de ce chapitre.

9051   Je suis celui qui ai été envoyé aux flancs de la Sainte Vierge, qui y ai pris chair et suis né. Mais pourquoi ? Certainement afin de montrer par paroles et par effets la foi. Je suis mort pour ouvrir le ciel. Je ressuscitai de la sépulture, et je viendrai faire le jugement. Or, maintenant, les évêques étant assemblés, dites à l’archevêque : Vous admirez pourquoi je parle. Elevez vos yeux, voyez, écoutez et oyez. Ouvrez votre bouche, et demandez comment je suis méprisé de tous, comment je suis chassé de tous, et que personne ne me veut avoir en sa dilection. Or, préparez vos oreilles, et oyez que le coeur de l’homme est en cupidité insatiable, du soleil levant jusqu’au soleil couchant, voire cruel à épancher le sang de son prochain. Oyez que tout le monde s’habille superbement. Oyez que les voluptés des hommes sont irraisonnables comme celles des animaux. Ouvrez votre bouche : enquérez-vous pour savoir quels sont les défenseurs de la foi, où on trouve quelques-uns qui combattent et abattent les ennemis de Dieu ; où sont ceux qui donnent leur vie pour le Seigneur. Informez-vous de cela diligemment, et vous en trouverez bien peu qui soient mes amis. Pensez à ces choses, et vous saurez que je ne parle pas sans sujet. Recherchez encore, et voyez quelle est la cour de Rome, qui devrait être mon siège, car comme siège il y a quatre colonnes qui l’appuient et le soutiennent, et un milieu où se repose celui qui y est assis, de même mon siège, que j’ai laissé aux souverains pontifes, devrait avoir comme quatre colonnes : l’humilité, l’obéissance, la justice et la miséricorde, et le milieu, la divine sagesse avec l’amour divin. Mais Rome est bien changée maintenant ! On a pris un siège nouveau, où est la superbe pour l’humilité, la propre volonté pour l’obéissance, l’amour de l’argent pour la justice, l’ire et l’envie pour la miséricorde ; le milieu n’est que d’être réputé sage et savant selon le monde. Voilà comme mon siège est renversé et changé.
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  Si vous voulez voir davantage, parcourez le reste des membres de ce chef et tout le clergé, et vous trouverez que moi, Dieu Créateur de tous, leur suis onéreux comme une pierre, je leur suis à goût comme le venin ; voyez comme je leur suis vil et abject ; voyez qu’est-ce qu’on me rend pour l’amour que je leur porte. Je les ai créés et les ai rachetés avec tant d’équité et de justice, que j’ai mis mon coeur comme dans une balance. Je suis né et j’ai été circoncis ; j’ai souffert diverses tribulations et angoisses ; j’ai ouï patiemment les opprobres ; j’ai été prisonnier, fouetté, lié de cordes, serré comme dans une presse ; mes nerfs étaient étendus ; mes veines se rompaient ; mes jointures étaient désemboîtées ; ma tête était percée d’épines ; le sang coulait et se congelait sur ma face et en ma barbe ; ma bouche en était remplie, mes joues et tout mon visage en étaient tout difformes ; mes pieds, tirés en bas, n’avaient d’autre soutien que les clous ; tout mon intérieur était sec et aride ; mon coeur était tout plein de douleur, d’autant plus qu’il était d’une nature plus délicate ; ma douleur allait du coeur aux nerfs, et des nerfs retournait au coeur, et de la sorte la douleur se rengrégeait et la mort se prolongeait.

  Or, demeurant ainsi plongé dans les douleurs, j’ouvris mes yeux et vis ma très chère Mère abîmée dans les amertumes et les douleurs, ce qui m’affligeait plus que ma propre douleur ! Je vis aussi mes amis accablés de douleur et d’anxiété, dont les uns doutaient presque, dont les autres gardaient la foi, bien qu’ils fussent troublés plus qu’il ne fallait.
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  Or, étant en telle douleur et étant en un si grand malheur, mon coeur creva par le milieu, à cause de la violence de la douleur, et l’âme sortit et se sépara du corps, et étant sortie, ma tête se leva en haut un peu, et tous les membres se roidirent. Mes yeux paraissaient quasi à demi, mes pieds soutenaient tout le poids du corps, et étaient ainsi là pendus sur ce gibet. Voilà ce que moi, votre Créateur, ai souffert, et pas un ne se soucie de tout cela. C’est de quoi je me plains devant vous, afin que vous considériez qu’est-ce que j’ai fait et qu’est-ce qu’on me rend.

  En deuxième lieu, je vous prie de travailler avec moi. Celui qui veut faire quelque chose doit avoir trois choses : le sujet et la matière dont l’oeuvre est faite ; les instruments pour le faire ; une diligente préméditation, afin qu’elle soit faite sagement. Je suis la sapience par laquelle toutes choses sont faites ; les instruments sont mes amis. Prenez donc mes paroles, et voyez si elles sont, non pas pourries, mais pures et entières, si elles ressentent à une foi saine et droite ; voyez si elles sont dignes de mon or ; considérez si elles conduisent de l’honneur du monde à l’honneur de Dieu, de la voie de l’enfer à la sublimité du ciel. Que si vous les trouvez ainsi, travaillez avec mes amis comme avec de bons instruments qui tendent à mon honneur ; travaillez sagement, comme un homme sage ; travaillez fortement, comme un homme généreux ; travaillez avec ferveur, comme un ami de Dieu.
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  En troisième lieu, je vous commande comme Seigneur de parachever ce que vous avez commencé. Vous avez marché par mes voies ; vous avez jeté le soc en la terre et l’avez cultivée. Maintenant je vous commande d’arracher les épines et d’édifier là une église des biens de votre église ; j’assigne cette partie de terre en vos mains : je la demande de vous. Partant, travaillez souvent et avec ferveur. Je commande au roi de se transporter à ses ennemis le plus tôt qu’il pourra. Que s’il pense que ce qu’il a fait pour moi est une grande chose, j’en ai fait de plus grandes pour lui, n’épargnant pas ma vie pour l’amour de lui. Je lui donnerai trois compagnons, deux qui aient l’intelligence spirituelle, le troisième qui entende les lois ecclésiastiques. Il commettra son royaume à l’évêque, qui aura pour compagnon un séculier qui ne recevra point d’argent pour la justice. Il ne craindra point l’homme en ses jugements ; il ne donnera point l’or pour l’air, ni ne prendra point la boue pour le ciel.

Je commande à l’évêque d’Aboen de rapporter cette affaire au pape, de n’en diminuer pas un mot, mais d’ajouter ce qu’il verra être convenable pour mon honneur et pour le salut des âmes.

Nous admirons pourquoi l’Esprit ne se retire de celui qui est obsédé, auquel on peut considérer ma justice, car je ne fais pas une moindre injure au diable qu’à l’ange dans le ciel, car la justice veut que comme quelque chose est arrivée, elle se retire en même manière : cet esprit est venu de loin et se retira de loin.
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  Il y a trois sortes de démons :

L’un est comme l’air, qui se glisse facilement et entre en l’esprit de l’homme, afin qu’il parle de chose impudique ; celui-là entre et sort facilement. Cet esprit fut en cet enfant, comme je vous l’ai manifesté.

  Le deuxième est comme un feu qui vexe le corps et la chair par impatience, et rend la vie de l’homme amère, de sorte qu’il aimerait plutôt mourir que vivre, et par impatience, il est emporté à tout ce que cet esprit lui suggère. Celui-là aussi entre et sort facilement, laissant néanmoins une infirmité dans le corps. Cela était en cette femme-là.

  Le troisième est comme la fumée, et où il entre, il entache tout et se mêle partout ; aussi cet esprit se mêle au corps et en l’esprit. Partant, comme la fumée, trouvant un trou ouvert, sort petit à petit et demeure longtemps, de même cet esprit qui a commencé de sortir, à la parole sortira petit à petit, jusques à ce qu’il en sera tout à fait affranchi. Quand tout autant de larmes seront versées dignes et dues pour cela, il sortira tout entièrement, et il se connaîtra purifié, car comme il est entré de loin, la justice veut qu’il sorte peu à peu.


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Révélations de Sainte Brigitte de Suède 9035