Catéchèses S. J-Paul II 30101

Mercredi 3 janvier 2001 Plongés dans la "joie sainte" de Noël

30101 1. "Réjouissons-nous dans le Seigneur, exultons de joie sainte: le salut est apparu dans le monde, alleluia". C'est par ces mots que la liturgie nous invite aujourd'hui à demeurer plongés dans la "joie sainte" de Noël. Au début d'une nouvelle année, cette exhortation nous invite à la vivre entièrement dans la lumière du Christ, dont le salut est apparu dans le monde pour tous les hommes.

Le temps de Noël repropose, en effet, à l'attention des chrétiens le mystère de Jésus et son oeuvre de salut. Face à la crèche, l'Eglise adore le noble mystère de l'Incarnation: l'Enfant qui pleure dans les bras de Marie est le Verbe éternel qui est entré dans le temps et qui a assumé notre nature humaine blessée par le péché, pour l'incorporer à lui et la racheter. Chaque réalité humaine, chaque événement dans le temps prend ainsi une résonance éternelle: dans la personne du Verbe incarné la création est merveilleusement sublimée.

Saint Augustin écrit: "Dieu se fit homme pour que l'homme devienne Dieu". Entre le ciel et la terre un pont s'est définitivement établi: dans l'Homme-Dieu l'humanité retrouve la voie du Ciel. Le Fils de Marie est le Médiateur universel, le Pontife suprême. Chaque acte de cet Enfant est un mystère destiné à révéler la bienveillance sans limite de Dieu.


2. L'amour infini que Dieu éprouve pour chaque être humain s'exprime avec une simplicité désarmante dans la grotte de Bethléem. Nous contemplons dans la crèche le Dieu fait homme pour nous.

Saint François d'Assise eut l'idée de reproposer ce message à travers la crèche vivante à Greccio, le 25 décembre 1223. Son biographe, Tommaso da Celano, rapporte qu'il était rayonnant de joie, car dans ce spectacle émouvant resplendissait la simplicité évangélique, la pauvreté était louée et l'humilité était encouragée. Le biographe termine en observant que "après cette veillée solennelle, chacun revient chez soi rempli d'une joie ineffable" (cf. Vita prima, cap. XXX, 86, 479).

L'intuition de François est surprenante: la Crèche n'est pas seulement une nouvelle Bethléem, car elle en évoque à nouveau l'événement historique et en actualise le message, mais elle est également une occasion de réconfort et de joie: c'est le jour de la joie, le temps de l'exultation. Tommaso da Celano observe encore que cette nuit de Noël était claire comme en plein jour et douce aux hommes et aux animaux (cf. ibid., 85, 469).

Dans la Crèche est célébrée l'alliance entre Dieu et l'homme, entre la terre et le ciel. Bethléem, lieu de la joie, devient également une école de bonté, car c'est là que se manifestent la miséricorde et l'amour qui lient Dieu à ses enfants. C'est là qu'est témoignée de façon visible la fraternité qui doit unir ceux qui sont frères dans la foi, car fils de l'unique Père céleste. Dans cet espace de communion, Bethléem resplendit comme la maison où tous peuvent trouver de la nourriture - l'étymologie du nom signifie maison du pain -, et où s'annonce déjà, d'une certaine façon, le mystère pascal de l'Eucharistie.

A Bethléem, presque comme sur un autel symbolique, est déjà célébrée la vie qui ne meurt pas et il est comme donné aux hommes de chaque époque de goûter à l'avance la nourriture de l'immortalité, qui est "pain des pèlerins, vrai pain des fils" (Séquence du Corpus Domini). Seul le rédempteur, né à Bethléem, peut combler les attentes les plus profondes du coeur humain et en adoucir les souffrances et les blessures.


4. Dans la grotte de Bethléem nous contemplons Marie, qui a donné le jour au Fils de Dieu par l'oeuvre de l'Esprit Saint. "Femme fidèle à la voix de l'Esprit, la femme du silence et de l'écoute, la femme de l'espérance, qui sut accueillir comme Abraham la volonté de Dieu, "espérant contre toute espérance" (
Rm 4,18)" (Tertio millennio adveniente TMA 48), la Madone resplendit comme modèle pour ceux qui se confient de tout leur coeur aux promesses de Dieu.

Avec Elle et Joseph restons en adoration devant le Berceau de Bethléem, alors que s'élève vers le ciel notre invocation implorante: "Dieu, que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés!".

Réconfortés par le don de la naissance du Sauveur, intensifions notre engagement en ces derniers jours de l'Année Sainte. Ouvrons notre coeur au Christ, voie unique et universelle qui mène à Dieu. Nous pourrons ainsi poursuivre la nouvelle année avec une confiance solide. Que la puissante intercession de Marie, Vierge fidèle, témoin silencieux du mystère de Bethléem, nous soutienne sur ce chemin.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 3 janvier 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Pèlerins du diocèse de Belley-Ars; Collège Saint-Jean, de Douai; Association catholique des Familles de Vassieux-Crépieux, Caluire; groupe de pèlerins de Paris.

Chers Frères et Soeurs,

Nous sommes entrés dans une nouvelle année, encore illuminés par la naissance du Christ venu apporter le salut à tous les hommes. L'enfant que Marie nous présente est le Fils de Dieu fait chair, le Verbe éternel qui entre dans le temps, pour conduire la nature humaine à la sainteté.

L'amour infini de Dieu pour l'homme s'exprime ainsi avec une désarmante simplicité. Mais on ne peut honorer Dieu sans honorer l'homme. Bethléem, lieu de la joie, est aussi une école de bonté et de fraternité parce que s'y manifestent la miséricorde et l'amour qui lient Dieu à ses enfants.

Dans le mystère de Noël nous contemplons Marie qui a mis au monde le Fils de Dieu et qui s'est laissée conduire dans toute son existence par l'action de l'Esprit. Aussi pouvons-nous la regarder comme le modèle rayonnant de ceux qui se confient totalement aux promesses de Dieu.

Avec Marie et soutenus par sa puissante intercession, élevons vers le ciel notre prière fervente: "Dieu, que ton visage s'éclaire et nous serons sauvés!"

Je suis heureux de vous accueillir ce matin, chers pèlerins de langue française. Je vous salue très cordialement, vous les jeunes du collège Saint-Jean de Douai. Que l'Enfant-Dieu, dont nous célébrons la naissance en ces jours, soit pour vous lumière et joie. Qu'il vous fasse rayonner de sa paix! A tous je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.




Mercredi 10 janvier 2001 L'engagement pour la liberté et la justice

10101 Lecture: Is 58,1 Is 58,4 Is 58,6-8

1. La voix des prophètes - comme celle d'Isaïe que nous venons d'entendre - retentit de façon répétée pour nous rappeler que nous devons nous engager pour libérer les opprimés et faire régner la justice. Si cet engagement fait défaut, le culte rendu à Dieu ne lui est pas agréable. Il s'agit d'un appel intense, parfois exprimé avec un ton paradoxal, comme lorsque Osée réfère cet oracle divin, également cité par Jésus (cf. Mt Mt 9,13 Mt 12,7): "Car c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes" (6, 6).

Le prophète Amos présente lui aussi, avec une véhémence cinglante, Dieu qui détourne le regard et qui n'accepte pas les rites, les fêtes, les jeûnes, les musiques, les supplications, alors qu'à l'extérieur du sanctuaire on vend le juste pour de l'argent et le pauvre pour une paire de sandales et que l'on écrase dans la poussière la tête des pauvres (cf. 2, 6-7). C'est pourquoi, il invite sans hésitation: "Mais que le droit coule comme de l'eau, et la justice, comme un torrent qui ne tarit pas" (5, 24). Les prophètes, en parlant au nom de Dieu, récusent donc un culte isolé de la vie, une liturgie séparée de la justice, une prière détachée de l'engagement quotidien, une foi pauvre d'oeuvres.


2. Le cri d'Isaïe: "Cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien! Recherchez le droit, redressez le violent! Faites droit à l'orphelin, plaidez pour la veuve" (1, 16-17), retentit dans l'enseignement du Christ qui nous admoneste: "Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande" (Mt 5, 23, 24). Au terme de la vie de chaque homme et à la fin de l'histoire de l'humanité, le jugement de Dieu portera précisément sur l'amour, sur la pratique de la justice, sur l'accueil des pauvres (cf. Mt Mt 25,31-46). Face à une communauté déchirée par les divisions et les injustices comme celle de Corinthe, Paul arrive au point d'exiger la suspension de la participation eucharistique, en invitant les chrétiens à examiner tout d'abord leur conscience, pour ne pas être responsables du corps et du sang du Seigneur (cf. 1Co 11,27-29).


3. Le service de la charité, lié de façon cohérente à la foi et à la liturgie (cf. Jc Jc 2,14-17), l'engagement pour la justice, la lutte contre toute oppression, la protection de la dignité de la personne ne sont pas pour le chrétien des expressions de philanthropie motivée par leur seule appartenance à la famille humaine. Il s'agit, en revanche, de choix et d'actes qui possèdent une âme profondément religieuse, ce sont de véritables sacrifices dont Dieu se complaît, selon l'affirmation de la Lettre aux Hébreux (cf. 13, 16). L'avertissement de saint Jean Chrysostome est particulièrement incisif: "Tu désires honorer le corps du Christ? Ne l'ignore pas lorsqu'il est nu. Ne lui rends pas honneur ici dans le temple avec des étoffes de soie, pour ensuite l'ignorer à l'extérieur, où il souffre le froid et la nudité" (In Matthaeum hom. 50, 3).


4. C'est précisément parce que "dans le monde contemporain et sur une vaste échelle, le sens de la justice s'est réveillé...; [que] l'Eglise partage avec les hommes de notre temps ce désir ardent et profond d'une vie juste à tous points de vue, et [qu'] elle n'omet pas non plus de réfléchir aux divers aspects de la justice, telle que l'exige la vie des hommes et des sociétés. Le développement de la doctrine sociale catholique au cours du siècle dernier le confirme bien" (Dives in misericordia DM 12). Cet engagement de réflexion et d'action doit précisément recevoir une impulsion extraordinaire du Jubilé. Dans sa perspective biblique, il est une célébration de solidarité: lorsque sonnait la trompette de l'année jubilaire, chacun rentrait "dans son patrimoine et dans son clan", comme le rapporte le texte officiel du Jubilé (Lv 25,10).


5. Les terrains vendus en raison de diverses difficultés économiques et familiales étaient tout d'abord restitués à leurs anciens propriétaires. L'année jubilaire permettait donc à tous de revenir à un point de départ idéal, à travers une oeuvre de justice distributive hardie et courageuse. La dimension que l'on pourrait appeler "utopique", proposée comme un remède concret à la consolidation des privilèges et des prévarications, est évidente: c'est la tentative de pousser la société vers un idéal plus élevé de solidarité, de générosité et de fraternité. Dans le contexte historique moderne, le retour aux terres perdues pourrait s'exprimer, comme je l'ai plusieurs fois proposé, par l'annulation totale, ou tout au moins par la réduction, de la dette internationale des pays pauvres (cf. TMA, TMA 51).


6. L'autre engagement jubilaire consistait à faire en sorte que le serviteur retourne en homme libre dans sa famille (cf. Lv Lv 25,39-41). La misère l'avait conduit dans l'humiliation de l'esclavage; à présent s'ouvrait à lui la possibilité de construire son avenir dans la liberté, au sein de sa famille. C'est pour cette raison que le prophète Ézéchiel appelle l'année jubilaire "année de l'affranchissement", c'est-à-dire du rachat (cf. Ez Ez 46,17). Un autre livre biblique, le Deutéronome, souhaite une société juste, libre et solidaire en ces termes: "Qu'il n'y ait donc pas de pauvres chez toi [...] Se trouve-t-il chez toi un pauvre [...] Tu n'endurciras pas ton coeur ni ne fermeras ta main" (15, 4.7).

Nous devons nous aussi tendre vers cet objectif de solidarité: "Solidarité des pauvres entre eux, solidarité avec les pauvres, à laquelle les riches sont appelés, solidarité des travailleurs et avec les travailleurs" (Instruction de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur Liberté chrétienne et libération, n. 89). Vécu ainsi, le Jubilé qui vient de se terminer continuera à produire des fruits abondants de justice, de liberté et d'amour.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 10 janvier 2001, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Collège Notre-Dame des Missions, Charenton-le-Pont.

Chers Frères et Soeurs,

La voix des prophètes, comme celle d’Isaïe que nous venons d’entendre, a réclamé, à maintes reprises, l’engagement pour la liberté et la justice. Et cette voix retentit dans l’enseignement de Jésus : "Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande" (Mt 5,23-24).

L’engagement pour la justice n’est donc pas pour les chrétiens une forme de philanthropie motivée par la seule appartenance à la famille humaine. Il est une exigence de leur foi, qui ne peut se satisfaire d’une liturgie séparée de la pratique de la justice. C’est d’ailleurs le vrai sens de tout Jubilé qui est, dans la perspective biblique, une célébration de la solidarité. Pour vivre ce devoir avec les plus pauvres, pour avancer sur la voie d’une société plus généreuse et plus fraternelle, nous sommes appelés à nous engager maintenant avec ardeur et courage. Ainsi le Jubilé continuera de produire des fruits de justice, de liberté et d’amour.

Je salue cordialement les francophones présents à cette audience, en particulier le groupe de jeunes du Collège Notre-Dame des Missions, de Charenton-le-Pont. Que votre pèlerinage vous renouvelle dans l’amour du Christ et dans l’amour concret de vos frères ! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 17 janvier 2001: L'engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure

17101 Lecture: Ps 148,1-5

1. Dans l'hymne de louange, qui vient d'être proclamé (Ps 148,1-5), le Psalmiste convoque, en les appelant par leur nom, toutes les créatures. En haut, se trouvent les anges, le soleil, la lune, les étoiles et le ciel; sur la terre évoluent vingt-deux créatures, le même nombre que celui des lettres de l'alphabet hébraïque, pour indiquer la plénitude et la totalité. Le fidèle est comme "le pasteur de l'être", c'est-à-dire celui qui conduit tous les êtres à Dieu, les invitant à entonner un "alléluia" de louanges. Le Psaume nous introduit comme dans un temple cosmique qui a le ciel pour abside, les régions du monde pour nefs, et à l'intérieur duquel le choeur des créatures élève un chant vers Dieu.

Cette vision pourrait être, d'un côté, la représentation d'un paradis perdu et, de l'autre, celle du paradis promis. Ce n'est pas un hasard si l'horizon d'un univers paradisiaque, qui est situé par la Genèse (c. 2) aux origines mêmes du monde, par Isaïe (c. 11) et par l'Apocalypse (cc. 21-22) est situé à la fin de l'histoire. On voit ainsi que l'harmonie de l'homme avec son prochain, avec la création et avec Dieu est le dessein poursuivi par le Créateur. Ce projet a été, et est, sans cesse bouleversé par le péché humain qui s'inspire d'un plan alternatif, présenté dans le livre même de la Genèse (cc. 3-11), dans lequel est décrite l'affirmation d'une tension progressive en conflit avec Dieu, avec son semblable et même avec la nature.


2. Le contraste entre les deux projets apparaît clairement dans la vocation à laquelle l'humanité, selon la Bible, est appelée et dans les conséquences provoquées par son infidélité à cet appel. La créature humaine reçoit pour mission de gouverner la création afin d'en développer toutes les potentialités. Il s'agit d'un pouvoir délégué par le Roi divin aux origines mêmes de la création, lorsque l'homme et la femme, qui sont à l'"image de Dieu" (Gn 1,27), reçoivent l'ordre d'être féconds, de se multiplier, de remplir la terre, de la soumettre et de dominer les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tout être vivant qui rampe sur terre (cf. Gn Gn 1,28). Saint Grégoire de Nysse, l'un des trois grands Pères de Cappadoce, commentait: "Dieu a fait l'homme de telle sorte qu'il est apte au pouvoir royal sur la terre... L'homme a été créé à l'image de celui qui gouverne l'univers. Tout manifeste que, depuis l'origine, sa nature est marquée par la royauté... Il est l'image vivante qui participe à l'archétype par sa dignité" (De hominis opificio, 4: PG 44,136).


3. Toutefois, la seigneurie de l'homme n'est pas "absolue, mais c'est un ministère; elle est le reflet véritable de la seigneurie unique et infinie de Dieu. De ce fait, l'homme doit la vivre avec sagesse et amour, participant à la sagesse et à l'amour incommensurables de Dieu" (Evangelium vitae EV 52). Dans le langage biblique, "donner un nom" aux créatures (cf. Gn Gn 2,19-20) est le signe de cette mission de connaissance et de transformation de la réalité créée. Ce n'est pas la mission d'un patron absolu et sans appel, mais d'un ministre du Royaume de Dieu, appelé à poursuivre l'oeuvre du Créateur, une oeuvre de vie et de paix. Sa tâche, définie dans le Livre de la Sagesse, est celle de gouverner "le monde avec sainteté et justice" (Sg 9,3).

Malheureusement, si le regard parcourt les régions de notre planète, il s'aperçoit immédiatement que l'humanité a déçu l'attente divine. A notre époque, en particulier, l'homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l'environnement de la planète, rendu l'air irrespirable, bouleversé les systèmes hydrogéologiques et atmosphériques, désertifié des espaces verdoyants, accompli des formes d'industrialisation sauvage, en humiliant - pour utiliser une image de Dante Alighieri (Paradis XXII, 151) - ce "parterre" qui est la terre, notre demeure.


4. C'est pourquoi, il faut encourager et soutenir la "conversion écologique", qui au cours de ces dernières décennies a rendu l'humanité plus sensible à l'égard de la catastrophe vers laquelle elle s'acheminait. L'homme n'est plus le "ministre" du Créateur. En despote autonome, il est en train de comprendre qu'il doit finalement s'arrêter devant le gouffre. "Il faut saluer aussi positivement l'attention grandissante à la qualité de la vie, à l'écologie, que l'on rencontre surtout dans les sociétés au développement avancé, où les attentes des personnes sont à présent moins centrées sur les problèmes de la survie que sur la recherche d'une amélioration d'ensemble des conditions de vie" (Evangelium vitae EV 27). Ce qui est en jeu n'est donc pas seulement une écologie "physique", attentive à sauvegarder l'habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie "humaine" qui rende plus digne l'existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur.


5. Dans cette harmonie retrouvée avec la nature et avec soi-même, les hommes et les femmes doivent recommencer à se promener dans le jardin de la création, en cherchant à faire en sorte que les biens de la terre soient disponibles pour tous et pas seulement pour certains privilégiés, précisément comme le suggérait le Jubilé biblique (cf. Lv Lv 25,8-13 Lv Lv 25,23). Parmi ces merveilles, nous découvrons la voix du Créateur, transmise du ciel et de la terre, du jour et de la nuit: un langage qui n'est "nulle voix qu'on puisse entendre", capable de franchir toutes les frontières (cf. Ps Ps 19 [18], 2-5).

Le Livre de la Sagesse, repris par Paul, célèbre cette présence de Dieu dans l'univers en rappelant que "la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur" (Sg 13,5 cf. Rm Rm 1,20). C'est ce que chante la tradition juive des Chassidim: "Où que j'aille, Toi! Où que je m'arrête, Toi..., où que je me tourne, quoi que j'admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi" (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan 1979, p. 256).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 17 janvier 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De différents pays: Amicale internationale des sous-directeurs et chefs de réception des grands hôtels.

De Belgique: Lycée français Jean Monnet, de Bruxelles.

Chers frères et soeurs,

L’hymne de louange adressé au Créateur par tout le cosmos manifeste que l’harmonie de l’homme avec son prochain, avec la création et avec Dieu, est le dessein poursuivi par le Créateur depuis toute éternité. En appelant l'homme à être fécond et à se multiplier, à remplir la terre et à la soumettre (Cf. Gn Gn 1,28), Dieu lui confie de gérer la création et d'en développer les potentialités. Malheureusement, le péché de l’homme ternit cette haute vocation, en particulier dans le non-respect de la création, entraînant l’humanité sur la voie d’une catastrophe écologique majeure. L’humanité est donc invitée à privilégier non seulement une "écologie physique", attentive à sauvegarder l’habitat des êtres vivants, mais aussi une "écologie humaine", pour rendre plus digne l’existence des créatures, protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et préparant pour les générations futures un environnement qui soit toujours plus conforme au projet du Créateur.

Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier des membres de l’Amicale internationale des sous-directeurs et chefs de réception des grands hôtels. Que votre pèlerinage sur la Tombe de l’Apôtre Saint Pierre ravive votre foi et fasse de vous des témoins du Christ ressuscité et des artisans de paix au milieu de vos frères ! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.



Mercredi 24 janvier 2001: L'engagement pour un avenir digne de l'homme

24101 Lecture: 1Jn 2,12-14

1. Si nous jetons un regard sur le monde et sur son histoire, il semble, à première vue, que domine l'étendard de la guerre, de la violence, de l'oppression, de l'injustice, de la dégradation morale. Il nous semble, comme dans la vision du chapitre 6 de l'Apocalypse, que sur les landes désolées de la terre chevauchent les chevaliers qui, tour à tour, tiennent la couronne du pouvoir triomphateur, l'épée de la violence, la balance de la pauvreté et de la faim, la faux affilée de la mort (cf. Ap Ap 6,1-8).

Face à la tragédie de l'histoire et à l'immoralité qui se diffuse, on en vient à répéter la question que le prophète Jérémie adresse à Dieu, se faisant la voix de nombreuses personnes qui souffrent et qui sont opprimées: "Tu es trop juste, Yahvé, pour que j'entre en contestation avec toi. Cependant, je parlerai avec toi de questions de droit: Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère? Pourquoi tous les traîtres sont-ils en paix?" (12, 1). A la différence de Moïse, qui du haut du Mont Nebo, contemple la terre promise (cf. Dt Dt 34,1), nous nous penchons sur un monde tourmenté, dans lequel le Royaume de Dieu éprouve de la difficulté à se frayer un chemin.


2. Saint Irénée, au IIème siècle, trouvait une explication à cela dans la liberté de l'homme qui, au lieu de suivre le projet divin de coexistence pacifique (cf. Gn Gn 2), déchire les relations avec Dieu, avec l'homme et avec le monde. L'Evêque de Lyon écrivait donc: "Ce qui est imparfait n'est pas l'art de Dieu, qui est en mesure de donner un fils à Abraham à partir de pierres, mais c'est celui qui ne le suit pas qui est la cause de sa propre perfection manquée. Ce n'est pas, en effet, la lumière qui manque à cause de la faute de ceux qui se sont aveuglés, mais ceux qui se sont aveuglés qui demeurent dans l'obscurité à cause de leur faute, alors que la lumière continue à briller. La lumière n'assujettit personne par la force, et Dieu ne contraint personne à accepter son art" (Adversus haereses IV, 39, 3).

Il y a donc besoin d'un effort de conversion permanent qui redresse la route de l'humanité, afin qu'elle choisisse librement de suivre "l'art de Dieu", c'est-à-dire son dessein de paix et d'amour, de vérité et de justice. C'est cet art qui se révèle pleinement dans le Christ, et que Paulin de Nola, qui s'était converti, faisait sien avec ce touchant programme de vie: "Mon seul art est la foi et la musique est le Christ" (Carme XX, 32).

3. Avec la foi l'Esprit Saint dépose également dans le coeur de l'homme la semence de l'espérance. En effet, la foi est, comme le dit l'Epître aux Hébreux, "la garantie des biens que l'on espère, la preuve des réalités qu'on ne voit pas" (11, 1). Dans un contexte souvent marqué par le découragement, par le pessimisme, par des choix de mort, d'inertie et de superficialité, le chrétien doit s'ouvrir à l'espérance qui naît de la foi. Cela apparaît dans la scène évangélique de la tempête qui se déchaîne sur le lac: "Maître, maître, nous périssons!", s'écrient les disciples. Et le Christ leur demande: "Où est votre foi?" (Lc 8,24-25). En ayant foi dans le Christ et dans le Royaume de Dieu, on n'est jamais perdu, et l'espérance du calme serein réapparaît à l'horizon. Pour un avenir digne de l'homme, il est également nécessaire de faire refleurir la foi active qui engendre l'espérance. A propos de celle-ci, un poète français a écrit: "L'espérance est l'attente impatiente du bon semeur, elle est l'inquiétude de celui qui se présente comme candidat à l'éternité. L'espérance est l'infinité de l'amour" (Charles Péguy, Le portique du mystère de la seconde Vertu).


4. L'amour pour l'humanité, pour son bien-être matériel et spirituel, pour un progrès authentique, doit animer tous les croyants. Tout acte accompli pour créer un avenir meilleur, une terre plus habitable et une société plus fraternelle participe, même si c'est de façon indirecte, à l'édification  du Royaume de Dieu. Précisément dans la perspective de ce Royaume, "l'homme, l'homme vivant, constitue la route première et fondamentale de l'Eglise" (Evangelium vitae EV 2 cf. Redemptor hominis RH 14). C'est la voie que le Christ a lui-même suivie, en se faisant dans le même temps la "voie" de l'homme (cf. Jn Jn 14,6).

Sur cette voie, nous sommes tout d'abord appelés à effacer la peur de l'avenir. Celle-ci tenaille souvent les jeunes générations, en les conduisant par réaction à l'indifférence, au refus face aux engagements dans la vie, à l'anéantissement de soi-même dans la drogue, la violence, la déchéance. Il faut ensuite manifester la joie pour chaque enfant qui naît (cf. Jn Jn 16,21), afin qu'il soit accueilli avec amour et qu'on lui offre la possibilité de grandir physiquement et en esprit. De cette façon, on collabore à l'oeuvre même du Christ, qui a ainsi défini sa mission: "Moi, je suis venu pour qu'on ait la vie et qu'on en abondance" (Jn 10,10).


5. En ouverture, nous avons écouté le message que l'Apôtre Jean adresse aux pères, aux fils, aux personnes âgées et aux jeunes, afin qu'ils continuent ensemble à lutter et à espérer, dans la certitude qu'il est possible de vaincre le mal et le Malin, en vertu de la présence efficace du Père céleste. Montrer l'espérance est une tâche fondamentale de l'Eglise. Le Concile Vatican II nous a laissé à ce propos une note lumineuse: "On peut légitimement penser que l'avenir est entre les mains de ceux qui auront su donner aux générations de demain des raisons de vivre et d'espérer" (Gaudium et  spes, n. 31). Dans cette perspective, j'ai plaisir à reproposer l'appel à la confiance que j'ai lancé dans mon discours aux Nations unies, en 1995: "Nous ne devons pas avoir peur de l'avenir [...] Nous sommes capables de sagesse et de vertu. Avec ces dons et avec l'aide de la grâce de Dieu, nous pouvons construire dans le siècle qui est sur le point d'arriver et pour le prochain millénaire, une civilisation digne de la personne humaine, une vraie culture de la liberté.
Nous pouvons et nous devons le faire! Et, en le faisant, nous pourrons nous rendre compte que les larmes de ce siècle ont préparé la voie d'un nouveau printemps de l'esprit humain" (cf. Insegnamenti XVIII/2 [1995], p. 744, cf. ORLF n. 41, du 10 octobre 1995).


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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 24 janvier 2001, se trouvait le groupe suivant, auquel le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Lycée Notre-Dame des Dunes, de Dunkerque.

Chers Frères et Soeurs,

Un regard sur les événements du monde, qui sont faits de violence et de guerres, d’injustices et d’oppressions, pourrait conduire au découragement. Mais nous sommes invités à témoigner de notre espérance, fondée sur le Christ et déposée en nos coeurs par l’Esprit Saint. Le mal n’est pas une fatalité; l’amour nous presse de bâtir un avenir digne de l’homme. Alors que l’inquiétude de l’avenir tenaille tant de personnes, notamment les jeunes, les chrétiens doivent montrer qu’il est possible de vaincre le mal, avec la grâce de Dieu et par un engagement résolu.

L’amour pour les hommes, le souci de leur bien-être matériel et spirituel, doivent animer tous les croyants, en vue d’un progrès authentique de chaque personne et de l’humanité entière. Tout acte accompli pour édifier une société plus fraternelle y participe, contribuant à la venue du Règne de Dieu. Nous ne devons donc pas avoir peur de l’avenir, mais nous avons à témoigner de nos raisons de vivre et d’espérer (Gaudium et spes GS 31).

Je salue cordialement les francophones présents à cette audience, en particulier les jeunes du lycée Notre-Dame des Dunes, de Dunkerque. Que votre pèlerinage sur la tombe de l’Apôtre saint Pierre ravive votre foi et fasse de vous des artisans de paix au milieu de vos frères ! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.




Mercredi 31 janvier 2001 Vers des cieux nouveaux et une terre nouvelle

31101 Lecture: 2P 3,8-9 2P 3,13-14

1. En ayant recours aux symboles caractéristiques du langage apocalyptique en usage dans la littérature juive, la deuxième Epître de Pierre montre la création presque comme une fleur qui naît des cendres de l'histoire et du monde (cf. 3, 11-13). Il s'agit d'une image qui scelle le Livre de l'Apocalypse, lorsque Jean proclame: "Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle - car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus" (Ap 21,1). L'Apôtre Paul, dans l'Epître aux Romains, décrit la création qui gémit sous le poids du mal, mais destinée à "être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la gloire des enfants de Dieu" (Rm 8,21).

L'Ecriture Sainte introduit ainsi comme un fil d'or parmi les faiblesses, les misères, les violences et les injustices de l'histoire humaine et conduit vers un objectif messianique de libération et de paix. Sur cette solide base biblique, le Catéchisme de l'Eglise catholique enseigne que "l'univers biblique est donc destiné, lui aussi, à être transformé, "afin que le monde lui-même, restauré dans son premier état, soit, sans plus aucun obstacle, au service des justes", participant à leur glorification en Jésus-Christ ressuscité" (Catéchisme de l'Eglise catholique CEC 1047 cf. saint Irénée, Adv. haer., 5, 32, 1). Alors, finalement, dans un monde pacifié, "le pays sera rempli de la connaissance de Yahvé, comme les eaux couvrent les fonds de la mer" (Is 11,9).


2. Cette nouvelle création, humaine et cosmique, est inaugurée par la résurrection de Jésus, prémice de la transfiguration à laquelle nous sommes tous destinés. C'est ce qu'affirme Paul dans l'Epître aux Corinthiens: "Comme prémice le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son avènement. Puis ce sera la fin, lorsqu'il remettra la royauté à Dieu le Père [...] Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort [...] afin que Dieu soit tout en tous" (1Co 15,23-24 1Co 15,26 1Co 15,28).

Certes, il s'agit d'une perspective de foi qui peut parfois être soumise au doute, chez l'homme qui vit dans l'histoire sous le poids du mal, des contradictions et de la mort. La deuxième Epître de Pierre susmentionnée exprime déjà ce doute, en réfléchissant sur l'objection de ceux qui sont dubitatifs ou sceptiques, ou même "railleurs pleins de raillerie", et s'interrogent: "Où est la promesse de son avènement? Depuis que les Pères sont morts, tout demeure comme au début de la création" (2P 3,3-4).


3. Telle est l'attitude découragée de ceux qui renoncent à tout engagement à l'égard de l'histoire et de sa transformation. Ceux-là sont convaincus que rien ne peut changer, que tout effort est destiné à être vain, que Dieu est absent et en rien intéressé par ce minuscule point de l'univers qu'est la terre. Déjà, dans le monde grec, certains penseurs enseignaient cette perspective et la deuxième Epître de Pierre réagit sans doute également face à cette vision fataliste, aux conséquences pratiques évidentes. En effet, si rien ne peut changer, quel sens cela a-t-il d'espérer? Il ne reste qu'à se mettre en marge de la vie, en laissant le mouvement répétitif de la vie humaine accomplir son cycle éternel. Dans cette lignée, de nombreux hommes et femmes sont désormais abattus, en marge de l'histoire, privés de confiance, indifférents à tout, incapables de lutter ou d'espérer. En revanche, la vision chrétienne est illustrée de façon limpide par Jésus, alors que, "les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume de Dieu, il leur répondit: "la venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, et l'on ne dira pas: "Voici, il est ici! ou bien: il est là!' Car voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous"" (Lc 17,20-21).


4. A la tentation de ceux qui envisagent des scénarios apocalyptiques d'irruption du Royaume de Dieu et de ceux qui ferment les yeux, alourdis par le sommeil de l'indifférence, le Christ oppose la venue sans clameur des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Cette venue est semblable à la croissance cachée, bien que fervente, de la semence dans la terre (cf. Mc Mc 4,26-29).

Dieu est donc entré dans la vie humaine et dans le monde et poursuit silencieusement son oeuvre, en attendant patiemment l'humanité, avec ses retards et ses conditionnements. Il en respecte la liberté, la soutient lorsqu'elle est tenaillée par le désespoir, la conduit d'étape en étape et l'invite à collaborer au projet de vérité, de justice et de paix du Royaume. L'action divine et l'engagement humain doivent donc s'entremêler. "Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables: il leur en fait au contraire un devoir plus pressant" (Gaudium et spes GS 34).


5. C'est ainsi que s'ouvre devant nous un thème de grande importance qui a toujours intéressé la réflexion et l'oeuvre de l'Eglise. Sans tomber dans les excès inverses de l'isolement sacré et du sécularisme, le chrétien doit exprimer son espérance également au sein des structures de la vie séculière. Si le Royaume est divin et éternel, il est cependant semé dans le temps et dans l'espace et est "parmi nous", comme le dit Jésus.

Le Concile Vatican II a souligné avec force ce lien intime et profond: "La mission de l'Eglise n'est pas seulement d'apporter aux hommes le message du Christ et de sa grâce, mais aussi de pénétrer et de parfaire par l'esprit évangélique l'ordre temporel" (Apostolicam actuositatem AA 5).

L'ordre spirituel et temporel, "bien que [...] distincts, sont liés dans l'unique dessein divin; aussi Dieu lui-même veut-il, dans le Christ, réassumer le monde tout entier, pour en faire une nouvelle créature en commençant dès cette terre et en lui donnant sa plénitude au dernier jour" (ibid.).
Animé par cette certitude, le chrétien marche avec courage sur les routes du monde, en cherchant à suivre les pas de Dieu et en collaborant avec lui pour faire naître un horizon dans lequel "Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent" (Ps 85 [84], 11).

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Parmi les pèlerins qui participaient à l'Audience générale du 31 janvier 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Collège Rocroy, de Saint-Léon.

De Belgique: Lycée français Jean Monnet, de Bruxelles.

Chers Frères et Soeurs,

L'Ecriture Sainte nous enseigne que l'univers visible est destiné à être libéré de l'esclavage et de la corruption, pour connaître la liberté et la gloire des enfants de Dieu. Affronté aux misères et aux faiblesses de l'histoire, l'homme est tenté d'en douter, de croire que rien ne peut changer et que Dieu est absent de ce monde. Mais si rien ne peut changer, l'espérance n'a plus aucun sens !

Le Christ oppose à ces tentations la venue silencieuse des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, comme une semence qui germe et qui grandit. Dieu attend patiemment l'humanité. Il respecte sa liberté, la soutient quand elle désespère, la conduit d'étape en étape et l'invite à collaborer au projet de vérité, de justice et de paix de son Règne. Pour répondre à cet appel, le chrétien doit aussi exprimer son espérance dans les structures de la vie séculière, car il y a un lien étroit et profond entre l'action de Dieu et l'engagement de l'homme.

J'accueille cordialement les francophones présents ce matin. Je salue particulièrement les jeunes du collège Rocroy, de Saint-Léon, et ceux du lycée français de Bruxelles. Que votre pèlerinage vous aide à faire une profonde expérience ecclésiale et à devenir d'ardents témoins du Christ ! À tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.





Catéchèses S. J-Paul II 30101