Catéchèses S. J-Paul II 30501

Mercredi 30 mai 2001: Ps 5 Prière du matin pour bénéficier de l'aide du Seigneur

30501 Lecture: Ps 5

1. "Au matin tu écoutes ma voix; je fais pour toi les apprêts et je reste aux aguets". Avec ces paroles, le Psaume 5 se présente comme une prière du matin et, pour cette raison, il trouve bien sa place dans la liturgie des Laudes, le chant du fidèle au début de la journée. La tonalité de fond de cette prière est marquée par la tension et par l'inquiétude pour les dangers et les épreuves qui vont avoir lieu. Mais la confiance en Dieu ne manque pas, lui qui est toujours prêt à soutenir son fidèle pour qu'il ne butte pas sur le chemin de la vie.

"Personne, si ce n'est l'Eglise, ne possède une telle confiance" (Jérôme, Tractatus LIX in psalmos, 5, 27: PL 26, 829). Saint Augustin, quant à lui, attirant l'attention sur le titre qui est placé au début du Psaume, un titre qui dans sa version latine dit: Pour celle qui reçoit l'héritage, explique: "Il s'agit donc de l'Eglise qui reçoit en héritage la vie éternelle au moyen de notre Seigneur Jésus-Christ, de sorte qu'elle possède Dieu lui-même, qu'elle adhère à lui, et qu'elle trouve en lui son bonheur, selon ce qui est écrit: "Heureux les doux, car ils posséderont la terre" (Mt 5,4)" (Enarr. in Ps 5, CCL 38, 1, 2-3).


2. Comme cela est souvent le cas dans les Psaumes de "supplication" adressés au Seigneur pour être libérés du mal, trois personnages entrent en scène dans ce Psaume. Voilà tout d'abord apparaître Dieu (vv. 2-7), le Tu par excellence du Psaume, auquel le priant s'adresse avec confiance. Face aux cauchemars d'une journée difficile, voire dangereuse, une certitude apparaît. Le Seigneur est un Dieu cohérent, rigoureux devant l'injustice, étranger à tout compromis avec le mal: "Tu n'es pas un Dieu ami du mal" (v. 5).

Une longue liste de personnes méchantes - le méchant, l'arrogant, le malfaisant, l'imposteur, l'homme de sang, le fraudeur - défile devant le regard du Seigneur. Il est le Dieu saint et juste et il se range du côté de celui qui parcourt les voies de la vérité et de l'amour, en s'opposant à celui qui choisit "les pistes qui conduisent vers les ombres" (cf. Pr Pr 2,18). Ainsi, le fidèle ne se sent pas seul et abandonné lorsqu'il affronte la ville, en pénétrant dans la société et dans la confusion des événements quotidiens.


3. Dans les versets 8-9 de notre prière du matin, le second personnage, le priant, se présente lui-même comme un "je", révélant que toute sa personne est consacrée à Dieu et à sa "grande miséricorde". Il est sûr que les portes du Temple, c'est-à-dire le lieu de la communion et de l'intimité divine, barrées pour les impies, sont ouvertes toutes grandes devant lui. Il y entre pour goûter la sécurité de la protection divine, alors que dehors, le mal règne et célèbre ses triomphes apparents et éphémères.

De la prière du matin dans le temple, le fidèle reçoit la force intérieure pour affronter un monde souvent hostile. Le Seigneur lui-même le prendra par la main et le guidera sur les routes de la ville, "il aplanira devant lui le chemin", comme le dit le Psalmiste en utilisant une image simple mais suggestive. Dans l'original hébreu, cette confiance sereine se fonde sur deux termes (hésed et sedaqáh): "miséricorde ou fidélité" d'une part, et "justice ou salut" de l'autre. Ce sont les paroles typiques pour célébrer l'alliance qui unit le Seigneur à son peuple et à chaque fidèle.


4. Voilà que se dessine enfin à l'horizon l'obscure figure du troisième acteur de ce drame quotidien: ce sont les ennemis, les mauvais, qui se trouvaient déjà en arrière-plan des versets précédents. Après le "Tu" de Dieu et le "Je" du priant, il y a à présent le terme "eux", qui indique une masse hostile, symbole du mal dans le monde (vv. 10-11). Leur apparence est décrite à partir d'un élément fondamental dans la communication sociale, la parole. Quatre éléments - la bouche, le coeur, la gorge, la langue - expriment le caractère radical de la malice contenue dans leurs choix. Leur bouche est pleine de fausseté, leur coeur ourdit constamment des perfidies, leur gorge est comme un sépulcre béant, qui ne désire que la mort, leur langue est séduisante, mais "pleine d'un venin mortel" (Jc 3,8).


5. Après cette description âpre et réaliste du pervers qui porte atteinte au juste, le Psalmiste invoque la condamnation divine dans un verset (v. 11), que la liturgie chrétienne omet, voulant ainsi se conformer à la révélation néotestamentaire de l'amour miséricordieux, qui offre également au méchant la possibilité de la conversion.

A cet endroit, la prière du Psalmiste arrive à un final plein de lumière et de paix (vv. 12-13), après le sombre profil du pécheur qui vient d'être dessiné. Une vague de sérénité et de joie enveloppe celui qui est fidèle au Seigneur. La journée qui s'ouvre pour le croyant, même si elle est marquée par des difficultés et des inquiétudes, sera toujours sous le soleil de la bénédiction divine. Le Psalmiste, qui connaît en profondeur le coeur et le style de Dieu, n'a aucun doute: "Seigneur, tu bénis le juste, du bouclier de ta faveur tu le couvres" (v. 13).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 30 mai 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de l'Ecole internationale de formation et d'évangélisation de Paray-le-Monial; Collège "Gérard de Nerval", de Marne-la-Vallée; groupe de Bourgoin-Jallieu; groupe de Soeurs de Marie Réparatrice.

Du Bénin: Paroisse Saint-Augustin, d'Adjaha.

Chers Frères et Soeurs,

Le Psaume 5 se présente comme une prière du matin, le chant du croyant qui, au début de la journée, se tourne avec confiance vers Dieu. Comme souvent, trois personnages entrent en scène dans ce psaume. Le premier, c'est Dieu, le "Tu" par excellence du psaume, auquel le priant s'adresse avec confiance. Il est un Dieu rigoureux devant l'injustice, étranger à tout compromis avec le mal : "Tu n'es pas un Dieu ami du mal".

Le second personnage se présente comme un "je": c'est le croyant, consacré à Dieu. Il est sûr que les portes du Temple, lieu de la communion et de l'intimité avec Dieu, s'ouvriront toutes grandes devant lui. Le Seigneur le guidera, "il aplanira devant lui le chemin", comme dit le psaume dans une image simple et suggestive.

Voici enfin l'obscure figure du troisième personnage de ce drame : ce sont "eux", les ennemis, les mauvais : une masse hostile, symbole du mal du monde. Mais la finale du psaume est pleine de lumière et de paix. La journée qui s'ouvre pour le croyant sera toujours sous le soleil de la bénédiction de Dieu. Le psalmiste n'a aucun doute : "Seigneur, tu bénis le juste, du bouclier de ta faveur tu le couvres".
Je salue cordialement les pèlerins francophones présents à cette audience, en particulier les jeunes de Marne-la-Vallée et de Paray-le-Monial, les Soeurs de Marie Réparatrice, le groupe de la paroisse Saint-Augustin d'Adjaha au Bénin. Que le Seigneur vous donne d'avoir toujours confiance en lui ! A tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.

Psaume 5

Ecoute mes paroles, Seigneur,
comprends ma plainte;
entends ma voix qui t'appelle,
ô mon Roi et mon Dieu !

Je me tourne vers toi, Seigneur,
au matin, tu écoutes ma voix ;
au matin, je me prépare pour toi
et je reste en éveil.

Tu n'es pas un Dieu ami du mal,
chez toi le méchant n'est pas reçu.
Non, l'insensé ne tient pas
devant ton regard.

Tu détestes tous les malfaisants,
tu extermines les menteurs;
l'homme de ruse et de sang,
le Seigneur le hait.

Pour moi, grâce à ton amour,
j'accède à ta maison;
vers ton temple saint, je me prosterne,
saisi de crainte.

Seigneur, que ta justice me conduise:
des ennemis me guettent:
aplanis devant moi ton chemin.

Rien n'est vrai dans leur bouche,
ils sont remplis de malveillance;
leur gosier est un sépulcre béant
et leur langue un piège.

[Dieu, traite-les en coupables:
qu'ils échouent dans leurs projets!
Pour tant de méfaits, disperse-les,
puisqu'ils te résistent.]

Allégresse pour qui s'abrite en toi,
joie éternelle!

Tu les protèges, pour toi ils exultent,
ceux qui aiment ton nom.

Toi, Seigneur, tu bénis le juste:
du bouclier de ta faveur, tu le couvres.




Mercredi 6 juin 2001: 1Ch 29,10-13 "A toi Dieu, honneur et gloire"

60601 Lecture: 1Ch 29,10-13

"Béni sois-tu, Yahvé, Dieu d'Israël, notre Père" (1Ch 29,10). Cet intense cantique de louange que le livre des Chroniques met sur les lèvres de David, nous fait revivre l'explosion de joie avec laquelle la communauté de l'ancienne alliance salua les grands préparatifs faits en vue de la construction du temple, fruit d'un engagement commun du roi et des nombreuses personnes qui s'étaient prodiguées avec lui. Ils avaient rivalisé de générosité, car c'était ce qu'exigeait une demeure qui n'était pas "destinée à un homme mais à Yahvé Dieu" (1Ch 29,1).

En relisant cet événement après plusieurs siècles, le Chroniqueur a l'intuition des sentiments de David et de ceux de tout le peuple, de leur joie et de leur admiration pour ceux qui avaient apporté leur contribution: "Le peuple se réjouit de ce qu'ils avaient fait, car c'était d'un coeur sans partage qu'ils avaient ainsi fait des offrandes volontaires pour Yahvé; le roi David lui-même en conçut une grande joie" (1Ch 29,9).


2. Tel est le contexte dans lequel naît le cantique. Mais celui-ci ne s'arrête que brièvement sur la satisfaction humaine, pour placer immédiatement au centre de l'attention la gloire de Dieu: "A toi, Yahvé, la grandeur [...] la royauté...". La grande tentation qui est toujours aux aguets, lorsque l'on accomplit des oeuvres pour le Seigneur, est celle de se placer soi-même au centre, en se sentant comme les créditeurs de Dieu. David, en revanche, attribue tout au Seigneur. Ce n'est pas l'homme, avec son intelligence et sa force, qui est le premier artisan de ce qui a été réalisé, mais Dieu lui-même.

David exprime ainsi la profonde vérité que tout est grâce. D'une certaine façon, ce qui a été donné pour le temple n'est que la restitution, d'ailleurs extrêmement réduite, de ce qu'Israël a reçu avec le don inestimable de l'alliance que Dieu stipula avec les Pères. Dans la même optique, David attribue au Seigneur le mérite de tout ce qui a constitué sa fortune, que ce soit dans le domaine militaire ou politique et économique. Tout vient de Lui!


3. D'où l'élan contemplatif de ces versets. Il semble que les paroles ne suffisent pas à l'auteur du Cantique pour confesser la grandeur et la puissance de Dieu. Il le considère tout d'abord dans sa paternité particulière qu'il a révélée à Israël, "notre Père". Tel est le premier titre qui exige la louange "maintenant et à jamais".

Dans la récitation chrétienne de ces paroles nous ne pouvons que rappeler que cette paternité s'est pleinement révélée dans l'incarnation du Fils de Dieu. C'est lui, et lui seul, qui peut parler à Dieu en l'appelant, au sens propre et affectueusement, "Abbà" (Mc 14,36). Dans le même temps, à travers le don de l'Esprit nous est communiquée sa filiation, qui nous rend "fils dans le Fils". La bénédiction de l'antique peuple d'Israël pour Dieu le Père acquiert pour nous l'intensité que Jésus nous a manifestée en nous apprenant à appeler Dieu: "notre Père".


4. Le regard de l'auteur biblique passe ensuite de l'histoire du salut à l'univers tout entier, pour contempler la grandeur de Dieu créateur: "Tout ce qui est au ciel et sur la terre est à toi". Et aussi: "Tu es souverainement élevé au-dessus de tout". Comme dans le Psaume 8, le priant de notre Cantique lève la tête vers l'étendue infinie des cieux, il étend ensuite son regard émerveillé sur l'immensité de la terre, et il voit que tout est soumis à la domination du Créateur. Comment exprimer la gloire de Dieu? Les paroles se chevauchent, dans une sorte de rythme mystique: grandeur, puissance, gloire, majesté, splendeur; puis à nouveau force et puissance. Tout ce que l'homme éprouve de grand et de beau doit être référé à Celui qui est à l'origine de toute chose et qui gouverne tout. L'homme sait que ce qu'il possède est un don de Dieu, comme le souligne David en poursuivant dans le Cantique: "Car qui suis-je et qu'est-ce que mon peuple pour être en mesure de faire de telles offrandes volontaires? Car tout vient de toi et c'est de ta main même que nous t'avons donné" (1Ch 29,14).


5. Cette vision de la réalité comme don de Dieu, nous aide à conjuguer les sentiments de louange et de reconnaissance du Cantique avec l'authentique spiritualité "d'offrande" que la liturgie chrétienne nous fait vivre, en particulier dans la célébration eucharistique. C'est ce qui ressort de la double prière avec laquelle le prêtre offre le pain et le vin destinés à devenir le Corps et le Sang du Christ: "De ta bonté nous avons reçu ce pain, fruit de la terre et du travail de l'homme, nous te le présentons pour qu'il devienne pour nous nourriture de vie éternelle". La prière est répétée pour le vin. Des sentiments semblables sont suggérés par la Divine Liturgie byzantine ainsi que par l'antique Canon romain, lorsque dans l'anamnèse eucharistique ils expriment la conscience d'offrir en Don à Dieu les choses reçues de Lui.


6. Une dernière étude de cette vision de Dieu est effectuée par le Cantique en considérant l'expérience humaine de la richesse et du pouvoir. Ces deux dimensions étaient apparues alors que David préparait ce qui était nécessaire pour construire le temple. Il pouvait lui-même éprouver la tentation qui est une tentation universelle: agir comme si l'on était les arbitres absolus de ce que l'on possède, en faire un motif d'orgueil et d'abus envers les autres. La prière récitée dans ce Cantique ramène l'homme à sa dimension de "pauvre" qui reçoit tout.

Les rois de cette terre ne sont alors que l'image de la royauté divine: "A toi, Yahvé, la royauté". Les riches ne peuvent pas oublier l'origine de leurs biens: "La richesse et la gloire te précèdent". Les puissants doivent savoir reconnaître en Dieu la source de "toute grandeur et puissance". Le chrétien est appelé à lire ces expressions, en contemplant avec joie le Christ ressuscité, glorifié par Dieu "bien au-dessus de toute Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie" (Ep 1,21). Le Christ est le véritable Roi de l'Univers.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 6 juin 2001, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de pèlerins du diocèse de Vannes.

Du Luxembourg: Groupe de pèlerins de Marisca.

Chers Frères et Soeurs,

Le cantique de louange que le livre des Chroniques met sur les lèvres du roi David fait écho à l’explosion de joie que ce dernier avait manifestée quelques siècles auparavant, avec tout le peuple de l’ancienne alliance, à l’occasion de la construction du Temple de Jérusalem. En se tournant vers Dieu, David rend grâce pour ce qui est beau et grand dans l’histoire du salut et dans le cosmos, rappelant que tout doit être référé à Dieu, qui est à l’origine de toute chose et qui gouverne tout. En confessant la grandeur et la puissance du Seigneur, le peuple d’Israël faisait déjà l’expérience de la paternité bienveillante de Dieu. Dans l’incarnation du Fils, cette paternité s’est révélée en plénitude et, par le don de l’Esprit, nous sommes, nous aussi, devenus “fils dans le Fils”, conscients de notre pauvreté et joyeux d’offrir au Père, dans l’Eucharistie, les dons reçus de lui, par le Christ, vrai Roi de l’Univers.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Que l’Esprit de Pentecôte vous rende audacieux pour aller à la rencontre de vos frères et pour leur annoncer par toute votre vie la joie du salut, don gratuit que le Père nous a communiqué en son Fils Jésus. A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.




Mercredi 13 juin 2001: Ps 28 Le Seigneur proclame sa parole

13601 Lecture: Ps 28

1. Certains chercheurs considèrent le Psaume 28 que nous venons d'entendre réciter comme l'un des textes les plus antiques du Psautier. L'image qui sous-tend sa description poétique et sa prière est puissante: nous nous trouvons, en effet, devant le déroulement progressif d'une tempête. Elle est rythmée dans l'original hébreu par un terme, qol, qui signifie à la fois "voix" et "tonnerre". C'est pourquoi certains commentateurs intitulent notre texte "le Psaume des sept coups de tonnerre", en raison du nombre de fois où ce terme retentit dans celui-ci. En effet, on peut dire que le Psalmiste conçoit le tonnerre comme un symbole de la voix divine qui, par son mystère transcendant et inabordable, fait irruption dans la réalité créée jusqu'à la bouleverser et à l'effrayer, mais qui dans sa signification intime est une parole de paix et d'harmonie. Notre pensée se tourne ici vers le chapitre 12 du IVème Evangile, où la voix qui répond du ciel à Jésus est perçue par la foule comme le tonnerre (cf. Jn Jn 12,28-29).

En proposant le Psaume 28 pour la prière des Louanges, la Liturgie des Heures nous invite à prendre une attitude d'adoration profonde et confiante de la Majesté divine.


2. Les moments et les lieux dans lesquels le poète biblique nous conduit sont au nombre de deux. Au centre (vv. 3-9) se trouve la représentation de la tempête qui se déchaîne à partir de l'"immensité des eaux" de la Méditerranée. Aux yeux des hommes de la Bible, les eaux de la mer incarnent le chaos qui porte atteinte à la beauté et à la splendeur de la création, jusqu'à l'éroder, la détruire et l'abattre. Dans l'observation de la tempête qui fait rage on a donc la découverte de l'immense puissance de Dieu. Le priant voit l'ouragan se déplacer vers le nord et s'abattre sur la terre ferme. Les cèdres très hauts du mont Liban et du mont Syriôn, parfois appelé Hermon, sont abattus par la foudre et semblent bondir sous les coups de tonnerre comme des animaux effrayés. Les coups de tonnerre deviennent proches, traversent toute la Terre Sainte et descendent jusqu'au sud, dans les steppes désertiques de Kades.


3. Après cette description d'un grand mouvement et de forte tension nous sommes invités à contempler, par opposition, une autre scène qui est représentée au début et à la fin du Psaume (vv. 1-2 et 9b-11). A la terreur et à la crainte s'oppose à présent la glorification de Dieu pleine d'adoration, dans le temple de Sion.

Il existe comme une voie de communication qui unit le sanctuaire de Jérusalem et le sanctuaire céleste: dans ces deux domaines sacrés règne la paix et s'élève la louange à la gloire divine. Le bruit assourdissant du tonnerre est remplacé par l'harmonie du chant liturgique, la terreur laisse place à la certitude de la protection divine. Dieu apparaît à présent comme ayant "siégé pour le déluge", comme "roi éternel" (v. 10), c'est-à-dire comme le Seigneur et le Souverain suprême de toute la création.


4. Face à ces deux tableaux antithétiques le priant est invité à accomplir une double expérience. Il doit tout d'abord découvrir que le mystère de Dieu, exprimé dans le symbole de la tempête, ne peut pas être capturé et dominé par l'homme. Comme le chante le prophète Isaïe, le Seigneur, semblable à la foudre ou à la tempête, fait irruption dans l'histoire en semant la panique à l'égard des pervers et des oppresseurs. Grâce à l'intervention de son jugement, les adversaires pleins d'orgueil sont déracinés comme des arbres frappés par un ouragan ou comme des cèdres fracassés par les éclairs divins (cf. Is Is 14,7-8).

Sous cette lumière est mis en évidence ce qu'un penseur moderne (Rudolph Otto) a qualifié comme le tremendum de Dieu, c'est-à-dire sa transcendance ineffable et sa présence de juge juste dans l'histoire de l'humanité. Celle-ci a l'illusion vaine de s'opposer à sa puissance souveraine. Marie exaltera elle-aussi, dans le Magnificat, cet aspect de l'action de Dieu: "Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au coeur superbe. Il a renversé les puissants de leur trône" (Lc 1,51-52).


5. Le Psaume nous présente cependant un autre aspect du visage de Dieu, celui qui se découvre dans l'intimité de la prière et dans la célébration de la liturgie. Il s'agit, selon le penseur mentionné, du fascinosum de Dieu, c'est-à-dire de la fascination qui émane de sa grâce, du mystère d'amour qui se répand sur le fidèle, de la sécurité sereine de la bénédiction réservée au juste. Même devant le chaos du mal, les tempêtes de l'histoire et la colère de la justice divine, le priant se sent en paix, enveloppé par le manteau protecteur que la Providence offre à celui qui loue Dieu et suit ses voies. A travers la prière on apprend que le désir véritable du Seigneur consiste à donner la paix.
Dans le temple, notre inquiétude est apaisée et notre terreur est effacée; nous participons à la liturgie céleste avec tous les "fils de Dieu", anges et saints. Et sur la tempête, semblable au déluge destructeur de l'humanité mauvaise, se déploie alors l'arc-en-ciel de la bénédiction divine, qui rappelle "l'alliance que j'établis [Dieu] entre moi et toute chair qui est sur la terre" (Gn 9,16).

C'est surtout ce message qui ressort de la relecture "chrétienne" du Psaume. Si les sept "coups de tonnerre" de notre Psaume représentent la voix de Dieu dans le cosmos, l'expression la plus élevée de cette voix est celle avec laquelle le Père, dans la théophanie du Baptême de Jésus, a révélé l'identité la plus profonde de celui-ci en tant que "Fils bien-aimé" (Mc 1,11 et par.). Saint Basile écrit: "Peut-être, et de façon encore plus mystique, "la voix du Seigneur sur les eaux" a-t-elle retenti lorsqu'une voix vint d'en-haut lors du baptême de Jésus et dit: Celui-ci est mon Fils bien-aimé. En effet, le Seigneur planait alors sur de nombreuses eaux, les sanctifiant par le baptême. Le Dieu de la gloire tonna d'en-haut avec la voix de son témoignage... Et tu peux également comprendre par "tonnerre" ce changement qui, après le baptême, s'accomplit à travers la grande "voix" de l'Evangile" (Homélies sur les , PG 30, 359).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 13 juin 2001, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe du diocèse de Nantes; groupe Notre-Dame, d'Embrun; Communauté "Jeunesse Lumière" de Pratlong; Communauté "Le Verbe de Vie"; Ecole Saint-Erembert, de Saint-Germain-en-Laye.

Chers Frères et Soeurs,

Le Psaume 28 invite les fidèles à contempler la Majesté divine, dont la puissance s’exprime à travers la création, par la voix du tonnerre et la fureur de la tempête. Le déchaînement des éléments contraste cependant avec l’harmonie du chant liturgique et avec l’évocation paisible de la liturgie du Temple, au début et à la fin du psaume. Tout en montrant que le mystère de Dieu ne peut être dominé par l’homme, le psaume place les fidèles dans la proximité du Créateur.Pour eux, plus de crainte.En louant la gloire de Dieu dans le Temple, ils se découvrent fils, accueillant la tranquille sécurité que le Seigneur, souverain Maître de toute la création, accorde à tous ceux qui agissent avec justice et qui écoutent sa voix. Par cette même voix, le Père, dans la théophanie du Baptême de Jésus, a révélé l’identité la plus profonde de ce dernier, le désignant comme son Fils bien-aimé.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier les jeunes. Que le Dieu Trinité rende vos coeurs accueillants à sa vie de communion présente en vous depuis le jour de votre Baptême, afin que vous annonciez courageusement l’espérance du Royaume qui vient ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.




Mercredi 20 juin 2001: Ps 23 Le Seigneur entre dans son Temple

20601 Lecture: Ps 23

1. L'antique chant du Peuple de Dieu, que nous venons d'entendre, retentissait avec le temple de Jérusalem en arrière plan. Afin de pouvoir saisir avec clarté le fil conducteur qui traverse cet hymne, il est nécessaire d'avoir à l'esprit trois affirmations fondamentales. La première concerne la vérité de la création: Dieu a créé le monde et en est le Seigneur. La deuxième concerne le jugement auquel Il soumet ses créatures: nous devons paraître devant lui et être interrogés sur ce que nous avons accompli. La troisième est le mystère de la venue de Dieu: il vient dans l'univers et dans l'histoire, et il désire avoir un libre accès, pour établir avec les hommes un rapport de profonde communion. Un commentateur moderne a écrit ce qui suit: "Il s'agit des trois formes élémentaires de l'expérience de Dieu et du rapport avec Dieu; nous vivons par l'oeuvre de Dieu, devant Dieu et nous pouvons vivre avec Dieu" (G. Ebeling, Sur les Psaumes, Brescia 1973, p. 97).


2. A ces trois affirmations correspondent les trois parties du Psaume 23, que nous chercherons à présent à approfondir, en les considérant comme trois panneaux d'un tryptique poétique et de prière. La première est une brève acclamation au Créateur, à qui la terre et ses habitants appartiennent (vv. 1-2). C'est une sorte de profession de foi dans le Seigneur de l'univers et de l'histoire. La création, selon l'antique vision du monde, est conçue comme une oeuvre architecturale: Dieu jette les fondations de la terre sur la mer, symbole des eaux chaotiques et destructrices, signe de la limite des créatures, conditionnées par le néant et par le mal. La réalité créée est suspendue sur cet abîme et c'est l'oeuvre créatrice et providentielle de Dieu qui la conserve dans l'être et dans la vie.


3. De l'horizon cosmique, la perspective du Psalmiste se restreint au microcosme de Sion, "la montagne du Seigneur". Nous voilà à présent, dans le second tableau du Psaume (vv. 3-6). Nous sommes devant le temple de Jérusalem. La procession des fidèles adresse aux gardiens de la porte sainte une question d'entrée: "Qui montera sur la montagne de Yahvé? Et qui se tiendra dans son lieu saint?". Les prêtres - comme c'est également le cas de plusieurs autres textes bibliques appelés par les chercheurs "liturgie d'entrée" (cf. Ps Ps 14 Is 33,14-16 Mi 6,6-8) - répondent en dressant la liste des conditions pour pouvoir accéder à la communion avec le Seigneur dans le culte. Il ne s'agit pas de normes purement rituelles et extérieures à observer, mais bien d'engagements moraux et existentiels à pratiquer. C'est presque comme un examen de conscience ou un acte de pénitence qui précède la célébration liturgique.


4. Les exigences avancées par les prêtres sont au nombre de trois. Tout d'abord il faut avoir "les mains nettes et le coeur pur". "Les mains" et le "coeur" évoquent l'action et l'intention, c'est-à-dire tout l'être de l'homme qui doit être radicalement orienté vers Dieu et vers sa loi. La seconde exigence est celle que l'âme du croyant "ne se porte pas vers des riens" qui, dans le langage biblique, ne renvoie pas seulement à la sincérité mais surtout à la lutte contre l'idolâtrie, les idoles étant de faux Dieu, c'est-à-dire "des riens". On répète ainsi le premier commandement du Décalogue, la pureté de la religion et du culte. Enfin, voilà la troisième condition qui concerne la relation avec le prochain: "Ne jure pas pour tromper". La parole, comme on le sait, dans une civilisation orale comme celle de l'antique Israël, ne pouvait pas être un instrument de tromperie, mais elle était au contraire le symbole de relations sociales fondées sur la justice et la rectitude.


5. Nous parvenons ainsi au troisième tableau qui décrit indirectement l'entrée joyeuse des fidèles dans le temple pour rencontrer le Seigneur (vv. 7-10). Dans un jeu suggestif d'appels, de questions et de réponses, est présentée la révélation progressive de Dieu, ponctuée par trois de ses titres solennels: "Roi de la gloire, Yahvé le fort, le vaillant, Yahvé Sabaot". Les portes du temple de Sion sont personnifiées et invitées à lever leur fronton pour accueillir le Seigneur qui prend possession de sa maison.

La scène de triomphe, décrite par le Psaume dans ce troisième tableau poétique, a été utilisée par la liturgie chrétienne d'Orient et d'Occident pour commémorer la descente victorieuse du Christ aux enfers dont parle la première Lettre de Pierre (cf. 3, 19) et l'ascension glorieuse du Seigneur ressuscité au ciel (cf. Ac 1,9-10). Le même Psaume est encore actuellement chanté par des choeurs alternés dans la liturgie byzantine lors de la nuit de Pâques, de même qu'il était utilisé par la liturgie romaine au terme de la procession des Rameaux, lors du deuxième Dimanche de la Passion. La liturgie solennelle de l'ouverture de la Porte Sainte au cours de l'inauguration de l'année jubilaire nous a permis de revivre avec une intense émotion intérieure les mêmes sentiments éprouvés par le Psalmiste en franchissant le seuil de l'antique Temple de Sion.


6. Le dernier titre, "Yahvé Sabaot", n'a pas - comme il pourrait sembler à première vue - un caractère martial, même s'il n'exclut pas un renvoi aux troupes d'Israël. Il est en revanche doté d'une valeur cosmique: le Seigneur, qui va à présent venir à la rencontre de l'humanité à l'intérieur de l'espace restreint du sanctuaire de Sion, est le Créateur qui a pour armée toutes les étoiles du ciel, c'est-à-dire toutes les créatures de l'univers qui lui obéissent. Dans le livre du prophète Baruch on peut lire: "Les étoiles brillent à leur poste, joyeuses: les appelle-t-il, elles répondent: Nous voici! Elles brillent de joie pour leur Créateur" (Ba 3,34-35). Le Dieu infini, tout-puissant et éternel s'adapte à la créature humaine, s'approche d'elle pour la rencontrer, l'écouter et entrer en communion avec elle. La liturgie est l'expression de cette rencontre dans la foi, dans le dialogue et dans l'amour.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 20 juin 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri de Lyon; groupe de Lons-le-Saunier.

Chers Frères et Soeurs,

Le Psaume 23, que nous venons d’entendre, invite les croyants à méditer sur trois affirmations essentielles: Dieu est Créateur du monde et Seigneur de l’univers; tous nous nous présenterons un jour devant lui, pour rendre compte de nos actions; Dieu ne cesse de venir à la rencontre des hommes pour établir avec eux une profonde relation de communion.

Le psaume débute par une acclamation de Dieu, sorte de profession de foi au Maître du monde et de l’histoire. La terre et ses habitants lui appartiennent. Puis le psalmiste invite les croyants à faire un examen de conscience à la lumière des exigences morales: avoir le coeur pur, demeurer dans la vérité et vivre dans la justice. Discernant ainsi comment mieux accorder leur vie à leur foi et comment orienter leur existence vers Dieu, ils peuvent alors pénétrer avec joie dans le temple, à la rencontre du Seigneur.

Je salue cordialement les francophones présents à cette audience : Je suis heureux d’accueillir des membres du "Foyer Notre-Dame des Sans-Abri", de Lyon. Comme le fit mon vénérable prédécesseur, le Pape Paul VI qui reçut votre fondateur, Gabriel Rosset, je vous encourage à poursuivre votre action au service des plus démunis de vos frères: "Continuez, développez, multipliez". Mon salut rejoint également un groupe du Lycée français de Milan, et les pèlerins de Lons le Saunier. Puisse votre séjour affermir votre lien au Christ et à son Eglise! Avec la Bénédiction apostolique.




Mercredi 4 juillet 2001 Le pèlerinage en Ukraine

40701 1. Je désire aujourd'hui reparcourir avec vous les étapes du voyage apostolique que j'ai pu accomplir ces derniers jours en Ukraine. Je rends grâce à Dieu qui a rendu possible ce pèlerinage, qui me tenait tant à coeur. Il a voulu être un acte d'hommage à ce peuple, à sa longue et glorieuse histoire de foi, de témoignage et de martyre.

Avec une profonde affection, je repense aux confrères évêques de l'Ukraine, orientaux et latins, que j'ai eu la joie d'embrasser sur leur terre. Pour la circonstance, de nombreux cardinaux et évêques d'autres pays étaient présents, venus témoigner leur proximité spirituelle à ce peuple si éprouvé. Avec tous ces confrères dans l'épiscopat, j'ai rendu grâce au Seigneur pour la fidélité de l'Eglise ukrainienne, que j'ai encouragée à croître dans la communion et dans la collaboration, sans lesquelles il ne peut exister d'évangélisation authentique et efficace.

D'ici, auprès de la Tombe de l'Apôtre Pierre, je désire envoyer une fois de plus un salut respectueux et fraternel à l'Eglise orthodoxe, qui rassemble en Ukraine un grand nombre de fidèles et qui, au cours des siècles, a enrichi l'Eglise universelle avec le témoignage de fidélité au Christ d'un grand nombre de ses enfants.

Je renouvelle l'expression de ma vive reconnaissance au Président de la République, M. Leonid Kutchma, et aux autres Autorités de l'Etat, qui m'ont accueilli avec une grande cordialité et qui ont assuré la bonne réussite de ce voyage. J'ai pu leur manifester ces sentiments également au cours de la rencontre avec les représentants du monde politique, culturel, scientifique et économique, qui s'est déroulée au Palais présidentiel, le soir même de mon arrivée à Kiev. En cette circonstance j'ai souligné, en outre, le chemin de liberté et d'espérance entrepris par l'Ukraine qui, après un siècle de très dures épreuves, est à présent appelée à mieux consolider son identité nationale et européenne, tout en restant ancrée à ses racines chrétiennes.


2. Kiev est le berceau du christianisme en Europe orientale. L'Ukraine, d'où il y a plus de mille ans, rayonnèrent la foi et la civilisation chrétienne dans l'Orient européen, constitue un "laboratoire" important, où coexistent la tradition chrétienne orientale et la tradition latine.

Cela a été pour moi une expérience inoubliable de présider, à Kiev et à Lviv, des célébrations eucharistiques solennelles en rite latin et en rite byzantin-ukrainien. Cela a été comme vivre la liturgie avec ses "deux poumons". Il en était ainsi à la fin du premier millénaire, après le Baptême de la Rus' et avant la regrettable division entre l'Orient et l'Occident. Nous avons prié ensemble afin que la diversité des traditions n'empêche pas la communion dans la foi et dans la vie ecclésiale. "Ut unum sint": les paroles de la prière pressante du Christ ont retenti de façon éloquente sur cette "terre de frontières", dont l'histoire porte inscrit par le sang l'appel à être un "pont" entre les frères divisés.

J'ai ressenti cette vocation oecuménique particulière de l'Ukraine en rencontrant le Conseil pan-ukrainien des Eglises et des Organisations religieuses. Celui-ci comporte des représentants des Eglises chrétiennes, des communautés musulmane et juive, ainsi que d'autres confessions religieuses. Il s'agit d'une institution qui promeut les valeurs spirituelles, en favorisant un climat d'entente entre les diverses communautés religieuses. Cela est d'autant plus important dans un pays qui a subi de manière très douloureuse la répression de la liberté religieuse. Comment ne pas rappeler que, aux côtés de nombreux chrétiens, un nombre important de juifs fut également victime du fanatisme nazi et que de nombreux musulmans furent durement persécutés par le régime soviétique? Tous les croyants en Dieu, rejetant toute forme de violence, sont appelés à alimenter les incontournables racines religieuses de tout humanisme authentique.


3. Mon pèlerinage a voulu être un hommage à la sainteté sur cette terre imprégnée du sang des martyrs. A Lviv, capitale culturelle et spirituelle de la région occidentale du pays et siège des deux Archevêques, le Cardinal Lubomyr Husar, pour les grecs-catholiques, et Marian Jaworski, pour les latins, j'ai eu la joie de proclamer bienheureux trente fils de l'Ukraine, aussi bien latins que grecs-catholiques.

Il s'agit de l'Evêque Mykola Carneckj et de vingt-quatre compagnons, martyrs, dont sept évêques, treize prêtres, trois soeurs et un laïc, témoins héroïques de la foi au cours du régime communiste; Omeljan Kovc, prêtre et martyr sous l'occupation nazie; Mgr Teodor Romza, pasteur zélé, qui paya de sa vie une fidélité indéfectible au Siège de Pierre; Józef Bilczewski, éminent professeur de théologie et Archevêque exemplaire de Lviv des Latins; Zygmunt Gorazdowski, prêtre, inlassable apôtre de la charité et de la miséricorde, Josaphata Hordashevska, religieuse, fondatrice des Soeurs Servantes de Marie Immaculée.

Puisse l'Ukraine puiser un enthousiasme apostolique renouvelé au patrimoine de sainteté laissé par ces disciples exemplaires du Christ et par tant d'autres qu'ils représentent d'une certaine façon. Leur héritage, notamment celui des martyrs, demande à être précieusement conservé et transmis aux nouvelles générations.

Cette tâche revient en premier lieu aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, activement engagés dans l'apostolat. Notre souhait est qu'une riche floraison de vocations assure le renouvellement nécessaire pour un service pastoral efficace au Peuple de Dieu.


4. Dans cette perspective, il est significatif que, entre les deux cérémonies de béatification à Lviv, se soit déroulé la rencontre tant attendue avec les jeunes. A eux, espérance de l'Eglise et de la société civile, j'ai indiqué le Christ: Lui seul a "les paroles de la vie éternelle" (
Jn 6,68) et conduit à la liberté véritable. J'ai confié de façon symbolique à l'Ukraine "jeune" la Loi divine du Décalogue, comme boussole indispensable pour son chemin, en la mettant en garde contre les idoles d'un faux bien-être matériel et contre la tentation de fuir ses propres responsabilités.

Alors que je conserve intactes dans mon esprit et dans mon coeur les images de ce voyage et de ses diverses étapes, je prie le Seigneur de bénir les efforts de ceux qui, dans ce pays bien-aimé, se consacrent au service de l'Evangile et à la recherche du véritable bien de l'homme, de chaque homme. Je pense en ce moment à tant de situations de souffrance et de difficulté, dont celle des détenus, auxquels j'envoie mon salut affectueux, en les assurant d'un souvenir spécial dans la prière.

Je confie les bonnes intentions de chacun à l'intercession de la Très Sainte Vierge Marie, vénérée avec une tendre dévotion dans de nombreux Sanctuaires du pays.

Je renouvelle au Peuple ukrainien mes voeux de prospérité et de paix, en serrant tous ses membres dans une grande étreinte de sympathie et d'affection. Que Dieu guérisse chaque blessure de ce grand peuple et le guide vers un nouvel avenir d'espérance!

                                  * * *


Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 4 juillet 2001, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé, en français:

De France: Groupe de la paroisse malgache à Paris; Collège Saint-François-de-Sales, de Dijon.

De Suisse: Paroisse du Sacré-Coeur de Montreux et de Villeneuve.

De Belgique: Groupe du secteur pastoral de Martelange; jeunes acolytes du diocèse de Bruges.

Du Liban: Groupe de pèlerins, avec Mgr Georges Kwaiter.

De divers pays: Capitulantes de la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de l'Apparition.

Chers Frères et Soeurs,

Je désire revenir sur mon récent voyage apostolique en Ukraine, remerciant Dieu pour ce pèlerinage qui me tenait à coeur et qu’Il a rendu possible. Je repense avec émotion à mes Frères Évêques d’Ukraine, orientaux et latins, que j’ai eu la joie d’étreindre sur leur terre. Ma gratitude va aussi au Président de la République, Monsieur Ku…ma, pour son accueil cordial et les efforts déployés pour la réussite de cet événement.

Ce pèlerinage se voulait un hommage à l’Ukraine, à sa longue et glorieuse histoire marquée par la foi. Un hommage aussi à la sainteté, sur cette terre irriguée par le sang des martyrs, témoins du Christ parmi lesquels j’ai proclamé trente bienheureux, aussi bien latins que grecs-catholiques. Les célébrations eucharistiques solennelles, en rite latin et en rite byzantin-ukrainien, que j’ai présidées à Kiev et à Lviv, demeurent pour moi inoubliables. Nous avons vécu la liturgie avec ses "deux poumons", tel que cela existait après le baptême de la Rus’, avant la division entre l’Orient et l’Occident.

Je confie ce voyage à la très sainte Vierge Marie, vénérée par les chrétiens d’Ukraine dans de nombreux sanctuaires, demandant à Dieu d’accorder la paix et la pleine communion aux chrétiens et à tout le peuple de l’Ukraine.


Je salue cordialement les francophones présents, en particulier les fidèles grecs-melkites-catholiques de Saïda accompagnés de leur Archevêque, Mgr Kwaiter, les membres de la paroisse malgache de Paris, des jeunes de Dijon et des acolytes du diocèse de Bruges. Mon salut rejoint aussi les capitulantes de la Congrégation des Soeurs de Saint-Joseph de l’Apparition. À tous, je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.





Catéchèses S. J-Paul II 30501