Catéchèses S. J-Paul II 15124

Mercredi 15 décembre 2004: Ps 71 Royaume de paix et de bénédiction

15124 Lecture: (Ps 71,12-13 Ps 71,17-19)


1. La Liturgie des Vêpres, que nous suivons à travers la série de ses Psaumes, nous propose en deux étapes distinctes le Psaume 71, un hymne royal et messianique. Alors que nous avons déjà médité sur la première partie (cf. Ps Ps 71,1-11), se trouve à présent devant nous le deuxième mouvement poétique et spirituel de ce chant consacré à la figure glorieuse du roi Messie (cf. Ps Ps 71,12-19). Nous devons cependant immédiatement signaler que le finale des deux derniers versets (cf. Ps Ps 71,18-19) est en réalité un ajout liturgique successif au Psaume.

Il s'agit, en effet, d'une brève mais intense bénédiction, qui devait sceller le deuxième des cinq livres dans lesquels la tradition hébraïque avait divisé le recueil des 150 Psaumes: ce deuxième livre avait commencé par le Psaume 41, celui de la biche assoiffée, symbole lumineux de la soif spirituelle de Dieu. C'est à présent un chant d'espérance dans une ère de paix et de justice qui conclut cette séquence de Psaumes et les paroles de la bénédiction finale sont une exaltation de la présence efficace du Seigneur dans l'histoire de l'humanité, où "il accomplit des merveilles" (Ps 7 Ps 1,18), ainsi que dans l'univers créé comblé de sa gloire (cf. Ps Ps 71,19).

2. Comme il apparaissait déjà dans la première partie du Psaume, l'élément décisif pour reconnaître la figure du roi messianique est surtout la justice et son amour pour les pauvres (cf. Ps Ps 71,12-14). Ces derniers n'ont que lui comme point de référence et source d'espérance, dans la mesure où il est le représentant visible de leur unique défenseur et patron, Dieu. L'histoire de l'Ancien Testament enseigne qu'en réalité, les souverains d'Israël n'ont que trop souvent oublié cet engagement, opprimant les faibles, les humbles et les pauvres.

C'est pourquoi le regard du Psalmiste se pose à présent sur un roi juste, parfait, incarné par le Messie, l'unique souverain prêt à racheter "de l'oppression, de la violence" les opprimés (cf. Ps Ps 71,14). Le verbe hébreu utilisé est le terme juridique du protecteur des derniers et des victimes, également appliqué à Israël "racheté" de l'esclavage lorsqu'il était opprimé par la puissance du pharaon.

Le Seigneur est le "racheteur-rédempteur" primordial qui oeuvre de façon visible à travers le roi-Messie, en protégeant "la vie et le sang des pauvres", ses protégés. Or, "vie" et "sang" sont la réalité fondamentale de la personne, il s'agit de la représentation des droits et de la dignité de chaque être humain, des droits souvent violés par les puissants et les violents de ce monde.

3. Le Psaume 71 se termine, dans sa version originale, avant l'antienne finale que l'on a déjà mentionnée, par une acclamation en l'honneur du roi-Messie (cf. Ps Ps 71,15-17). Celle-ci est semblable à un son de trompette qui accompagne un choeur de voeux et de souhaits adressés au souverain, pour sa vie, pour son bien-être, pour sa bénédiction, pour la permanence de son souvenir au cours des siècles.

Nous nous trouvons naturellement en présence d'éléments qui appartiennent au style des poésies de cour, avec l'emphase qui leur est propre. Mais ces paroles acquièrent désormais leur vérité dans l'action du roi parfait, attendu et espéré, le Messie.

Selon une caractéristique des poésies messianiques, toute la nature est concernée par une transformation qui est tout d'abord sociale: le froment des moissons sera tellement abondant qu'il deviendra comme une mer d'épis qui ondoient jusqu'au sommet des montagnes (cf. Ps Ps 71,16). Tel est le signe de la bénédiction divine qui se répand en plénitude sur une terre pacifiée et sereine. Toute l'humanité, oubliant et effaçant même chaque division, convergera vers ce souverain de justice, accomplissant ainsi la grande promesse faite par le Seigneur à Abraham: "Bénies seront en lui toutes les races de la terre" (Ps 71,17 cf. Gn Gn 12,3).

4. Dans la figure de ce roi-Messie, la tradition chrétienne a perçu le portrait de Jésus Christ. Saint Augustin, dans son Commentaire sur le Psaume 71, relisant précisément le chant dans une optique christologique, explique que les humbles et les pauvres, au secours desquels le Christ vient, sont "le peuple des croyants en lui". Rappelant les rois que le Psaume avait auparavant mentionnés, il précise même que "dans ce peuple sont aussi compris les rois qui l'adorent. Ils n'ont pas, en effet, dédaigné être humbles et pauvres, c'est-à-dire confesser humblement leurs propres péchés et reconnaître qu'ils ont besoin de la gloire et de la grâce de Dieu, afin que ce roi, fils du roi, les libérât du puissant", c'est-à-dire de Satan, le "calomniateur", le "puissant". "Mais notre Sauveur a humilié le calomniateur, et il est entré dans la maison du puissant, en emportant ses vases après l'avoir enchaîné; il "a libéré le petit du puissant, et le pauvre qui n'avait personne pour le secourir". En effet, aucune puissance créée n'aurait été capable d'accomplir cela: ni celle de quelque homme juste, ni même celle de l'ange. Il n'y avait personne en mesure de nous sauver; voilà alors qu'il est venu lui-même, en personne, et qu'il nous a sauvés" (71, 14: Nuova Biblioteca Agostiniana, XXVI, Roma 1970, PP 809-811).

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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Collège Sainte-Thérèse, de Bougival, ainsi que les pèlerins béninois de la paroisse de Lalo. Puissiez-vous veiller dans la foi pour accueillir le Seigneur qui vient !



Mercredi 22 décembre 2004 Le mystère de Noël: un "saut de qualité" dans l'histoire du salut

22124 1. En ce temps de préparation immédiate aux Fêtes de Noël, la liturgie nous repropose souvent l'invocation: "Viens, Seigneur Jésus". C'est comme un refrain, qui s'élève du coeur des croyants de tous les angles de la terre et qui retentit sans cesse dans la prière de l'Eglise.

Nous avons également invoqué l'Avent du Christ il y a quelques instants, avec le chant de l'Antienne "O" d'aujourd'hui. Dans celle-ci, le Messie est appelé par des titres plus beaux et plus significatifs que jamais, tirés de la tradition biblique. "Roi des nations", "Attendu par toutes les nations", "Pierre d'angle, qui réunit les peuples".

2. A Noël, nous contemplerons le grand mystère de Dieu, qui se fait homme dans le sein de la Vierge Marie. Il naît à Bethléem pour partager notre fragile condition humaine! Il vient parmi nous et apporte le salut au monde entier. Sa mission sera de rassembler les hommes et les peuples dans l'unique famille des fils de Dieu. Nous pouvons dire que, dans le Mystère de Noël, il nous est donné de contempler un "saut de qualité" dans l'histoire du salut. A l'homme, qui s'était éloigné du Créateur en raison du péché, est à présent offert dans le Christ le don d'une communion nouvelle et plus pleine avec Lui. C'est ainsi que l'espérance se réveille dans son coeur, alors que les portes du paradis s'ouvrent à nouveau pour l'humanité.

3. Très chers frères et soeurs! Que la célébration de Noël désormais proche constitue pour tous une occasion propice pour vivre en profondeur la valeur et la signification du grand événement de la naissance de Jésus.

Tel est le voeu que je forme pour vous, qui participez à cette Audience générale, pour vos familles et pour vos communautés d'origine.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les jeunes de l’Institution Saint-Stanislas, de Nice, du Lycée catholique Saint-Jean, de Douai, ainsi que leurs accompagnateurs. Puisse votre séjour à Rome être une occasion de grandir dans la foi et dans la confiance dans le Christ, qui est né de la Vierge Marie.



Mercredi 29 décembre 2004 Contempler la naissance de Jésus dans la crèche

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1. "Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé, par le Fils" (
He 1,1-2).

Lors de la période de Noël, ces mots par lesquels commence la Lettre aux Hébreux prennent une singulière éloquence. Au cours de la Nuit Sainte, Dieu a adressé à l'humanité de chaque époque et de chaque lieu sa Parole définitive de salut. Le Fils unique du Père, se faisant homme, a établi sa demeure parmi nous. Ainsi s'est accomplie l'attente du Messie annoncée par les prophètes. La liturgie de cette période est tout entière une méditation et un approfondissement du mystère de l'Incarnation.



2. Continuons à nous arrêter devant la crèche! Dans cette représentation traditionnelle de la Nativité "le Créateur éternel et tout puissant" nous parle à travers son Fils, Seigneur de l'univers qui s'est fait enfant pour rencontrer l'homme. La Vierge Marie est la première à l'accueillir et à le présenter au monde. A côté d'Elle, se trouve Joseph, appelé à être, en tant que Père, le gardien du Rédempteur.

La scène est complétée par les anges, qui proclament joyeusement la "gloire de Dieu" et annoncent la "paix aux hommes" (cf . Lc Lc 2,14), et par les pasteurs, qui représentent les gens humbles et pauvres de la terre. Dans quelques jours s'y ajouteront les Rois Mages, venus de loin pour adorer le Roi de l'univers.

La liturgie du temps de Noël nous invite à accourir joyeusement à la grotte de Bethléem pour rencontrer Jésus Christ, notre Sauveur: "Venez, fidèles! Venez, adorons le Seigneur Jésus!". Ouvrons-Lui les portes de notre coeur, pour qu'il nous accompagne maintenant et au cours de toute l'année qui va commencer.
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J’accueille avec joie les pèlerins francophones. Vous aussi, venez à la crèche adorer le Seigneur Jésus, ouvrez-lui votre coeur pour qu’il vous accompagne tout au long de l’année qui va commencer!


APPEL DU PAPE POUR LES VICTIMES DU RAZ-DE-MARRÉE

Les nouvelles qui continuent à parvenir d'Asie révèlent toujours davantage l'ampleur de la terrible catastrophe qui a frappé en particulier l'Inde, l'Indonésie, le Sri Lanka et la Thaïlande.

La Communauté internationale et de nombreuses organisations humanitaires se sont rapidement mobilisées pour apporter des secours. Un grand nombre d'institutions caritatives de l'Eglise se sont également mises à l'oeuvre. Dans le climat de Noël de ces jours-ci, j'invite tous les croyants et les hommes de bonne volonté à contribuer généreusement à cette grande oeuvre de solidarité envers des populations déjà durement éprouvées et à présent exposées au risque d'épidémies. Je suis proche de celles-ci par mon affection et ma prière, en particulier de toutes les personnes blessées et sans abri; dans le même temps, je confie à la miséricorde divine les innombrables personnes qui ont perdu la vie.

Prions pour tous, en chantant ensemble le Pater noster.




Mercredi 5 janvier 2005 Que la Sainte Vierge veille sur le monde entier!

50105 1. Très chers frères et soeurs, je suis heureux de vous accueillir en cette première Audience générale de l'année 2005. Au cours de ces derniers jours, nous avons contemplé le grand mystère de la naissance de Jésus. En lui, Dieu est entré définitivement dans l'histoire, pour offrir le salut aux hommes de tous les lieux et de tous les temps.

C'est précisément cette universalité du salut qui nous est rappelée par la fête de l'Epiphanie, que nous célébrerons demain. Le Fils de Dieu, né à Bethléem, est reconnu et adoré par les Rois Mages venus de l'Orient, dignes représentants de l'humanité tout entière.

2. L'heureuse annonce du salut est ainsi tournée, dès le début, vers tous les peuples du monde.

Nous confions cette tâche missionnaire du peuple chrétien à Marie, Mère de l'Eglise. Nous plaçons sous sa protection l'année qui vient à peine de commencer, marquée par une grande appréhension, également en raison de la situation dramatique que vivent les populations d'Asie du sud-est.

Que la Sainte Vierge veille sur le monde entier. Nous le demandons à travers les paroles de l'ancien hymne marial, qui a retenti au début de cette Audience.

3. Sainte Mère du Rédempteur,
Reine de la paix,
viens au secours de ton peuple,
protège-le de tout danger,
accompagne l'Eglise
dans sa marche
vers la Patrie éternelle.

Amen!
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience. Que la Vierge Marie vous accompagne tout au long de l’année nouvelle ! Bonne année à tous !
Prière du Pape pour les victimes du raz-de-marée en Asie du sud-est


En Europe, la journée d'aujourd'hui est consacrée au deuil pour les nombreuses victimes du raz-de-marée, qui a tragiquement frappé le sud-est asiatique. Encore une fois, je demande à tous de s'unir à ma prière pour les nombreux morts et pour les populations qui connaissent de graves difficultés.

Prions, avec le chant du Pater Noster.



Mercredi 12 janvier 2005: Ap 11 Le jugement de Dieu

12015 Lecture: (Ap 11,17 Ap 12,10 Ap 12,12)

1. L'hymne qui vient de retentir descend idéalement du ciel. En effet, l'Apocalypse, qui nous le propose, le relie dans sa première partie (cf. Ap Ap 11,17-18) aux "vingt-quatre Vieillards qui sont assis devant Dieu" (Ap 11,16) et, dans la deuxième strophe (cf. Ap Ap 12,10-12), à "une grande voix dans le ciel" (Ap 12,10).

Nous participons ainsi à la représentation grandiose de la cour divine, où Dieu et l'Agneau, c'est-à-dire le Christ, entourés du "conseil de la couronne", sont en train de juger l'histoire humaine dans le bien et dans le mal, montrant cependant également sa fin ultime de salut et de gloire. Les chants qui constellent l'Apocalypse ont précisément la fonction d'illustrer le thème de la seigneurie divine qui régit le cours, souvent déconcertant, des événements humains.

2. A ce propos, le premier passage de l'hymne, placé dans la bouche des vingt-quatre Vieillards qui semblent incarner le peuple de l'élection divine, dans ses deux étapes historiques, les douze tribus d'Israël et les douze apôtres de l'Eglise, est significatif.

A présent, le Seigneur Dieu tout-puissant et éternel "a pris en main son immense puissance pour établir son règne" (cf. Ap Ap 11,17) et son entrée dans l'histoire a pour but non seulement de bloquer les réactions violentes des rebelles (cf. Ps Ps 2,1 Ps Ps 2,5) mais surtout d'exalter et de récompenser les justes. Ceux-ci sont définis par une série de termes utilisés pour décrire la physionomie spirituelle des chrétiens. Ils sont les "serviteurs" qui adhèrent à la loi divine avec fidélité; ils sont les "prophètes", dotés de la parole révélée qui interprète et juge l'histoire; ils sont les "saints", consacrés à Dieu et respectueux de son nom, c'est-à-dire prêts à l'adorer et à en suivre la volonté. Parmi eux, il y a des "petits et des grands", une expression chère à l'Auteur de l'Apocalypse (cf. Ap Ap 13,16 Ap 19,5 Ap 19,18 Ap 20,12) pour désigner le Peuple de Dieu dans son unité et sa variété.

3. Nous passons ainsi à la deuxième partie de notre Cantique. Après la scène dramatique de la femme enceinte "vêtue de soleil" et du terrible dragon rouge (cf. Ap Ap 12,1-9), une voix mystérieuse entonne un hymne d'action de grâce et de joie.

La joie provient du fait que Satan, l'antique adversaire, qui dans la cour céleste avait pour rôle d'être "l'accusateur de nos frères" (Ap 12,10), comme nous le voyons dans le Livre de Job (cf. Jb Jb 1,6-11 Jb 2,4-5), a été désormais "jeté bas" du ciel et ne possède donc plus un pouvoir aussi grand. Il sait "que ses jours sont comptés" (Ap 12,12), car l'histoire va bientôt connaître un tournant décisif de libération du mal et c'est pourquoi il réagit en "frémissant de colère".

De l'autre côté, le Christ ressuscité se lève, lui dont le sang est principe de salut (cf. Ap Ap 12,11). Il a reçu du Père un pouvoir royal sur tout l'univers; en lui s'accomplissent "le salut, la force et le royaume de notre Dieu".

A sa victoire sont associés les martyrs chrétiens qui ont choisi la voie de la croix, en ne cédant pas au mal et à sa virulence, mais en se remettant au Père et en s'unissant à la mort du Christ à travers un témoignage de don et de courage qui les a conduits à "mépriser leur vie jusqu'à mourir" (ibid.). Il nous semble entendre l'écho des paroles du Christ: "Qui aime sa vie la perd et qui hait sa vie en ce monde, la conservera en vie éternelle" (Jn 12,25).

4. Les paroles de l'Apocalypse sur ceux qui ont vaincu Satan et le mal "au moyen du sang de l'Agneau" retentissent dans une splendide prière attribuée à Siméon, Catholicos de Séleucie-Ctésiphont en Perse. Avant de mourir en martyr avec un grand nombre de ses compagnons le 17 avril 341, durant les persécutions du roi Châhpuhr II, il adressa au Christ la supplication suivante:

"Seigneur, donne-moi cette couronne: tu sais comme je l'ai désirée parce que je t'ai aimé de toute mon âme et de toute ma vie. Je serai heureux de te voir et tu me donneras le repos... Je veux persévérer héroïquement dans ma vocation, accomplir avec force la tâche qui m'a été confiée et être un exemple pour tout ton peuple de l'Orient... Je recevrai la vie qui ne connaît ni peine, ni préoccupation, ni angoisse, ni persécuteur, ni persécuté, ni oppresseur, ni opprimé, ni tyran, ni victime; là, je ne verrai plus la menace des rois, ni la terreur des préfets; personne qui ne me cite au tribunal et qui m'abaisse toujours plus, personne qui ne m'entraîne et ne m'effraye. Les blessures de mes pieds guériront en toi, ô voie de tous les pèlerins; la lassitude de mes membres trouvera repos en toi, Christ, chrême de nos onctions. En toi, coupe de notre salut, disparaîtra la tristesse de mon coeur; en toi, notre consolation et joie, sécheront les larmes de mes yeux" (A. Hamman, Prière des premiers chrétiens, Milan 1955, PP 80-81).
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Je salue cordialement les pèlerins francophones. Demeurez dans l’amour du Christ Sauveur, pour grandir en sainteté et pour être des témoins radieux de l’Évangile !



Mercredi 19 janvier 2005 L'unité est un don de Dieu à implorer inlassablement avec humilité et dans la vérité

19015 1. La "Semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens" a commencé hier. Il s'agit de journées de réflexion et de prière, plus que jamais opportunes pour rappeler aux chrétiens que le rétablissement de la pleine unité entre eux, selon la volonté de Jésus, concerne chaque baptisé, tous les pasteurs et tous les fidèles (cf. Unitatis redintegratio UR 5).

La "Semaine" se déroule à quelques mois du quarantième anniversaire de la promulgation du Décret du Concile Vatican II Unitatis redintegratio, un texte clef qui a placé l'Eglise de façon ferme et irrévocable dans le sillage du mouvement oecuménique.

2. Cette année, son thème nous place face à une vérité fondamentale pour tout engagement oecuménique, à savoir que le Christ est le fondement de l'Eglise. Le Concile a fortement recommandé la prière pour l'unité comme l'âme de tout le mouvement oecuménique (cf. Unitatis redintegratio UR 8).

Etant donné que la réconciliation des chrétiens "dépasse les forces et les capacités humaines" (ibid. , UR UR 24), la prière permet d'exprimer l'espérance qui ne déçoit pas, la confiance dans le Seigneur qui fait toute chose nouvelle (cf. Rm Rm 5,5 Ap 21,5). Mais la prière doit être accompagnée de la purification de l'esprit, des sentiments, de la mémoire. Elle devient ainsi l'expression de cette "conversion intérieure", sans laquelle il n'y a pas de véritable oecuménisme (cf. ibid ., UR UR 7). En définitive, l'unité est un don de Dieu, un don à implorer inlassablement, avec humilité et dans la vérité.

3. Le désir de l'unité se développe et s'approfondit en abordant des milieux et des contextes nouveaux, en suscitant un foisonnement d'oeuvres, d'initiatives, de réflexions. Récemment encore, le Seigneur a accordé à ses disciples d'instaurer d'importants contacts de dialogue et de collaboration. La douleur de la séparation se fait ressentir avec une intensité toujours plus vive, face aux défis d'un monde qui attend un témoignage évangélique clair et unanime de la part de tous les croyants dans le Christ.

4. Comme d'habitude, la "Semaine" se conclura à Rome par la célébration des Vêpres, le 25 janvier, dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Je remercie le Cardinal Walter Kasper qui me représentera au cours de cette rencontre liturgique, à laquelle prendront part des représentants d'autres Eglises et Confessions chrétiennes. Je m'y unirai spirituellement et je vous demande à vous aussi de prier, afin que toute la famille des croyants puisse atteindre au plus tôt la pleine communion voulue par le Christ.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, notamment les jeunes de l’École catholique Rocroy Saint-Léon, de Paris, et les Artisans de la fête. Puisse votre pèlerinage à Rome affermir votre désir de travailler à la recherche de l’unité!



Mercredi 26 janvier 2005: Ps 114 Action de grâce

26015 Lecture: (Ps 114,1-2 Ps 114,5-7 Ps 114,9)

1. Dans le Psaume 114, qui vient d'être proclamé, la voix du Psalmiste exprime un amour reconnaissant envers le Seigneur, après qu'il ait exaucé une supplication intense: "J'aime, lorsque Yahvé entend le cri de ma prière, lorsqu'il tend l'oreille vers moi, le jour où j'appelle" (Ps 114,1-2). Immédiatement après cette déclaration d'amour, se trouve une description vivante du cauchemar mortel qui a tenaillé la vie de l'orant (cf. Ps Ps 114,3-6).

Le drame est représenté par les symboles habituels utilisés dans les Psaumes. Les cordes qui enserrent l'existence sont celles de la mort, les lacets qui l'étouffent sont les spirales des enfers, qui veulent attirer à eux les vivants sans jamais s'apaiser (cf. Pr Pr 30,15-16).

2. L'image est celle d'une proie qui est tombée dans le piège d'un chasseur inexorable. La mort est comme une tenaille qui enserre (cf. Ps Ps 114,3). Derrière l'orant se trouve donc un risque de mort, accompagné par une expérience psychique douloureuse: "L'angoisse et l'affliction me tenaient" (Ps 114,3). Mais de cet abîme tragique un cri a été lancé vers le seul qui puisse tendre la main et arracher l'orant angoissé à cet inextricable enchevêtrement: "De grâce, Yahvé, délivre mon âme" (Ps 114,4).

Il s'agit de la prière brève mais intense de l'homme qui, se trouvant dans une situation désespérée, s'agrippe à l'unique planche de salut. C'est ainsi que, dans l'Evangile, les disciples crièrent dans la tempête (cf. Mt Mt 8,25), ainsi que Pierre implora lorsque, marchant sur la mer, il commença à couler (cf. Mt Mt 14,30).

3. Une fois sauvé, l'orant proclame que le Seigneur est "bon et juste", et qu'il est même "tendresse" (Ps 114,5). Ce dernier adjectif, dans l'original hébreu, renvoie à la tendresse de la mère, dont il évoque les "entrailles".

La confiance authentique perçoit toujours Dieu comme amour, même si dans certains moments, il est difficile de comprendre le parcours de son action. Il reste cependant certain que "le Seigneur protège les humbles" (Ps 114,6). Dans la misère et l'abandon, nous pouvons donc toujours compter sur lui, "père des orphelins, justicier des veuves" (Ps 67,6).

4. C'est alors que commence un dialogue du Psalmiste avec son âme, qui se poursuivra dans le Psaume 115 qui suit et qu'il faut considérer comme ne faisant qu'un avec le nôtre. C'est ce qu'a fait la tradition juive, en donnant origine à l'unique Psaume 116, selon la numération juive du Psautier. Le Psalmiste invite son âme à retrouver la paix sereine après le cauchemar mortel (cf. Ps Ps 114,7).

Le Seigneur, invoqué avec foi, a tendu la main, a brisé les cordes qui enserraient l'orant, a séché les larmes de ses yeux, a arrêté sa descente précipitée vers l'abîme des enfers (cf. Ps Ps 114,8). Le tournant est désormais clair et le chant se termine par une scène de lumière: l'orant retourne "sur la terre des vivants", c'est-à-dire sur les routes du monde, pour marcher en "présence du Seigneur". Il s'unit à la prière communautaire dans le temple, anticipation de cette communion avec Dieu qui l'attendra à la fin de son existence (cf. Ps Ps 114,9).

5. Nous voudrions reprendre, pour finir, les passages les plus importants du Psaume, en nous laissant guider par un grand écrivain chrétien du III siècle, Origène, dont le commentaire en grec du Psaume 114 nous est parvenu dans la version latine de saint Jérôme.

En lisant que le Seigneur, "vers moi a tendu l'oreille", il observe: "Nous sommes petits et humbles, et nous ne pouvons pas grandir ni nous élever vers le haut, c'est pourquoi le Seigneur tend l'oreille et daigne nous écouter. En fin de compte, étant donné que nous sommes des hommes et que nous ne pouvons pas devenir des dieux, Dieu s'est fait homme et s'est penché, selon ce qui est écrit: "Il inclina les cieux et descendit" (Ps 17,10)".

En effet, poursuit plus avant le Psaume, "Yahvé protège les simples" (Ps 114,6): "Si quelqu'un est grand, il s'exalte et devient vaniteux, le Seigneur ne protège pas celui-là; si quelqu'un se croit grand, le Seigneur n'a pas miséricorde de celui-là; mais si quelqu'un s'abaisse, le Seigneur a miséricorde de lui et le protège. Au point qu'il dit: "Voici que moi et les enfants que Yahvé m'a donnés" (Is 8,18). Et encore: "Je me suis humilié et il m'a sauvé"".

Ainsi, celui qui est petit et humble peut retourner vers la paix, le repos, comme le dit le Psaume (cf. Ps Ps 114,7) et comme le commente Origène lui-même: "Lorsque l'on dit: "Reviens à ton repos", c'est signe qu'auparavant il jouissait du repos, et qu'il l'a perdu. Dieu nous a créés bons et nous a faits les arbitres de nos décisions, et il nous a tous placés dans le paradis, avec Adam. Mais puisqu'en raison de notre libre décision, nous avons chu de cette béatitude, finissant dans cette vallée de larmes, le juste exhorte sa propre âme à retourner là d'où elle est tombée... "Retourne, mon âme, à ton repos: car le Seigneur t'a comblée de bienfaits". Si toi, mon âme, tu retournes au paradis, ce n'est pas parce que tu en es digne, mais parce que c'est l'oeuvre de la miséricorde de Dieu. Si tu es sortie du paradis, cela a été de ta faute; en revanche, y retourner est l'oeuvre de la miséricorde de notre Seigneur. Disons nous aussi à notre âme: "Retourne à ton repos". Notre repos est le Christ, notre Dieu" (Origène-Jérôme, 74 homélies sur le livre des Psaumes Milan 1993, PP 409 PP 412-413).
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Je suis heureux d’accueillir les pèlerins de langue française. Je salue particulièrement la rédaction de La Documentation catholique et les jeunes du Collège Gerson, de Paris. À tous, je souhaite de retrouver la place essentielle de la prière dans votre vie.



Mercredi 23 février 2005


23025 C'est de la Bibliothèque privée, dans le Palais apostolique, que le Pape s'est adressé par vidéo-conférence aux pèlerins présents dans la Salle Paul VI et sur la Place Saint-Pierre, lors de l'Audience générale du mercredi 23 février 2005:

Très chers frères et soeurs!

Je vous salue avec affection, vous tous qui êtes rassemblés dans cette salle pour la traditionnelle rencontre du mercredi. Je vous remercie cordialement de votre présence.

Nous sommes en train de parcourir le chemin quadragésimal, aidés et stimulés par la liturgie, qui nous exhorte à un engagement particulier de prière, de jeûne et de pénitence et à une plus grande solidarité envers notre prochain, en particulier envers les pauvres et les indigents.

Ouvrons notre coeur aux suggestions intérieures de la grâce. Que l'égoïsme cède la place à l'amour, afin que nous puissions faire l'expérience de la joie du pardon et de la réconciliation intime avec Dieu et avec nos frères.

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Que votre pèlerinage à Rome vous fasse grandir dans l’amour du Christ et de son Église !





Catéchèses S. J-Paul II 15124