Catéchèses S. J-Paul II 7111

Mercredi 7 novembre 2001: Ps 99 La joie de ceux qui entrent dans le Temple

7111 Lecture: Ps 99,2-5

1. La tradition d'Israël a imposé à l'hymne de louange qui vient d'être proclamé le titre de "Psaume pour la todáh", c'est-à-dire pour l'action de grâce dans le chant liturgique, raison pour laquelle il est bien adapté pour être entonné lors des Laudes du matin. Dans les versets peu nombreux de cet hymne joyeux, on peut identifier trois éléments significatifs, qui rendent son utilisation par la communauté chrétienne en prière spirituellement fructueuse.

2. Il y a tout d'abord l'appel pressant à la prière, clairement décrite dans une dimension liturgique. Il suffit d'établir la liste des verbes à l'impératif qui rythment le Psaume et qui sont accompagnés d'indications d'ordre cultuel: "Acclamez..., servez Yahvé dans l'allégresse, venez à lui avec des chants de joie! Sachez-le, c'est Yahvé qui est Dieu [...] Venez à ses portiques en rendant grâces, à ses parvis en chantant louange, rendez-lui grâces, bénissez son nom!" (vv. 2-4). Il s'agit d'une série d'invitations, non seulement à pénétrer dans l'aire sacrée du temple à travers les portes et les cours (cf. Ps Ps 14,1 Ps 23,3 Ps 23,7-10), mais également à élever joyeusement un hymne à Dieu.

C'est une sorte de fil constant de louange qui ne se rompt jamais, s'exprimant dans une profession de foi et d'amour permanente. Une louange qui s'élève de la terre vers Dieu, mais qui dans le même temps, nourrit l'âme du croyant.


3. Je voudrais formuler une deuxième petite observation à propos du début même du chant, où le Psalmiste appelle toute la terre à acclamer le Seigneur (cf. v. 1). Certes, le Psalmiste tournera ensuite son attention vers le peuple de l'élection, mais l'horizon de la louange est universel, comme cela se produit souvent dans le Psautier, en particulier dans ce qu'on appelle les "hymnes au Seigneur-Roi" (cf. Ps Ps 95-98). Le monde et l'histoire ne sont pas entre les mains du destin, du chaos, d'une nécessité aveugle. Ils sont en revanche gouvernés par un Dieu qui est assurément mystérieux, mais qui désire dans le même temps que l'humanité vive de façon stable selon des relations justes et authentiques: "Yahvé règne. Le monde est stable, point ne bronchera. Sur les peuples il prononce avec droiture [...] il jugera le monde en justice et les peuples en sa vérité" (Ps 95,10 Ps 95,13).


4. Nous nous trouvons donc tous entre les mains de Dieu, Seigneur et Roi, et nous le célébrons tous, certains qu'il ne nous laissera pas tomber de ses mains de Créateur et de Père. Sous cette lumière, on peut davantage apprécier le troisième élément significatif du Psaume. Au centre de la louange que le Psalmiste place sur nos lèvres, se trouve en effet une sorte de profession de foi, exprimée à travers une série de qualificatifs qui définissent la réalité intime de Dieu. Ce credo essentiel contient les affirmations suivantes: le Seigneur est Dieu, le Seigneur est notre créateur, nous sommes son peuple, le Seigneur est bon, son amour est éternel, sa fidélité n'a pas de fin (cf. vv. 3-5).


5. Nous avons tout d'abord une confession de foi renouvelée dans l'unique Dieu, comme le demande le premier commandement du Décalogue: "Je suis Yahvé, ton Dieu [...] Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi" (Ex 20,2 Ex 20,3). Et comme il est souvent répété dans la Bible: "Sache-le donc aujourd'hui et médite-le dans ton coeur: c'est Yahvé qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, lui et nul autre" (Dt 4,39). On proclame ensuite la foi dans le Dieu créateur, source de l'être et de la vie. Suit l'affirmation, exprimée à travers la "formule du pacte", de la certitude qu'Israël a de l'élection divine: "Nous sommes à lui, son peuple et le troupeau de son bercail" (v. 3). C'est une certitude que les fidèles du nouveau Peuple de Dieu font leur, en ayant conscience de constituer le troupeau que le Pasteur suprême des âmes conduit aux pâturages éternels du ciel (cf. 1P 2,25).


6. Après la proclamation du Dieu unique, créateur et source de l'alliance, le portrait du Seigneur chanté par notre Psaume est poursuivi à travers la méditation des trois qualités divines souvent exaltées dans le Psautier: la bonté, l'amour miséricordieux (hésed), la fidélité. Ce sont les trois vertus qui caractérisent l'alliance de Dieu avec son peuple; elles expriment un lien qui ne se rompra jamais, à travers le flux des générations et malgré le fleuve boueux des péchés, des rébellions et des infidélités humaines. Avec une confiance sereine dans l'amour divin qui ne fera jamais défaut, le Peuple de Dieu s'engage dans l'histoire avec ses tentations et ses faiblesses quotidiennes.

Cette confiance devient un chant, pour lequel les mots ne suffisent parfois plus, comme l'observe saint Augustin: "Plus la charité augmentera, plus tu te rendras compte que tu disais sans dire. En effet, avant de goûter certaines choses, tu croyais pouvoir utiliser des mots pour indiquer Dieu; en revanche, quand tu as commencé à en sentir le goût, tu t'es aperçu que tu n'es pas en mesure d'expliquer de façon adaptée ce que tu éprouves. Devrais-tu pour autant te taire et ne pas élever de louanges?... Absolument pas. Tu ne seras pas aussi ingrat. C'est à lui qu'est dû l'honneur, le respect, la louange la plus grande... Ecoute le Psaume: "Acclamez Yahvé, toute la terre". Tu comprendras la joie de toute la terre, si toi-même tu te réjouis devant le Seigneur" (Discours sur  les Psaumes III/1, Rome 1993, p. 459).

                                * * *


Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 7 novembre 2001 se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Paroisse Saint-Jean-Baptiste, de Bagnols-sur-Cèze; Anciennes élèves de l'Amicale Roseraie-Boissac-Sacré-Coeur, de Lyon; Communauté du Verbe de Vie.

Chers Frères et Soeurs,

Dans l’hymne de louange du psaume 99, nous pouvons identifier trois éléments significatifs. Avant tout, l’appel pressant à la prière, signifié par une série d’impératifs : acclamez le Seigneur, allez à lui, venez dans sa maison lui rendre grâce et bénissez son nom ! C’est l’invitation non seulement à pénétrer dans le Temple, mais aussi à exalter le Seigneur joyeusement !

C’est ensuite l’horizon de la louange qui se fait universel, quand le psalmiste appelle toute la terre à acclamer le Seigneur. Car le monde n’est pas soumis au hasard du destin ou à une nécessité aveugle. Il est, au contraire, dans la main de Dieu, Seigneur et Roi.

Enfin, c’est la profession de foi que le psalmiste met sur nos lèvres : le Seigneur est Dieu, il "est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge". Ces trois vertus - la bonté, l’amour, la fidélité - caractérisent l’alliance de Dieu avec son peuple, un lien qui ne se rompra jamais, malgré les péchés, les révoltes et les infidélités de l’homme. Avec une confiance sereine dans l’amour divin, le peuple de Dieu, avec ses tentations et ses faiblesses, s’engage dans l’histoire; et cette confiance, il la chante à Dieu.
Je salue avec joie les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier un groupe de la Communauté du Verbe de Vie. Frères et Soeurs, soyez témoins dans votre vie quotidienne de la confiance en Dieu, notre Père à tous. Je vous donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.




Mercredi 14 novembre 2001: Ps 118 La promesse d'observer la loi de Dieu


14111 Lecture: Ps 118,145-152

1. Le samedi de la première semaine, la liturgie des Laudes ne nous propose qu'une seule strophe, tirée du Psaume 118, une prière monumentale de vingt-deux strophes, aussi nombreuses que le sont les lettres de l'alphabet hébreu. Chaque strophe se caractérise par une lettre de l'alphabet particulière, avec laquelle commence chacun de ses versets; l'ordre des strophes suit celui de l'alphabet. Celle que nous venons de proclamer est la dix-neuvième strophe, qui correspond à la lettre qof.

Ce préambule, un peu en marge, nous permet de mieux comprendre la signification de ce chant en l'honneur de la Loi divine. Il est semblable à une musique orientale, dont les modulations sonores semblent n'avoir jamais de fin et s'élèvent vers le ciel selon une répétition qui interpelle l'esprit et les sens, l'âme et le corps de la personne en prière.


2. Dans une séquence qui se déroule de 'alef à tau, c'est-à-dire de la première à la dernière lettre de l'alphabet - de A à Z, dirions-nous avec l'alphabet français - la personne en prière s'épanche dans la louange de la Loi de Dieu, qu'elle adopte comme une lampe pour éclairer ses pas sur le chemin souvent obscur de la vie (cf. v. 105).

On dit que le grand philosophe et savant Blaise Pascal récitait quotidiennement ce Psaume qui est le plus long de tous, alors que le théologien Dietrich Bonhoeffer, assassiné par les nazis en 1945, le faisait devenir une prière vivante et actuelle en écrivant: "Sans aucun doute, le Psaume 118 est fastidieux en raison de sa longueur et de sa monotonie, mais nous devons avancer précisément mot par mot, phrase par phrase, très lentement et patiemment. Nous découvrirons alors que les répétitions apparentes sont en réalité des aspects nouveaux d'une seule et même réalité: l'amour pour la Parole de Dieu. De même que cet amour ne peut jamais avoir de fin, les paroles qui le confessent n'ont pas de fin elles non plus. Elles peuvent nous accompagner pendant toute notre vie, et dans leur simplicité, elles deviennent la prière de l'enfant, de l'homme, du vieillard" (Prier les Psaumes avec le Christ, Brescia 1978, p. 48).

3. Le fait de répéter des mots aide non seulement la mémoire dans le chant choral, mais représente donc aussi une façon de stimuler l'adhésion intérieure et l'abandon confiant entre les bras de Dieu, invoqué et aimé. Parmi les répétitions du Psaume 118, nous voulons en mentionner une très significative. Chacun des 176 versets dont est composée cette louange à la Torah, c'est-à-dire à la Loi et à la Parole divine, contient au moins l'un des huit mots par lesquels on définit la Torah elle-même: loi, parole, témoignage, jugement, dicton, décret, précepte, ordre. On célèbre ainsi la Révélation divine, qui est un dévoilement du mystère de Dieu, mais également un guide moral pour l'existence du fidèle.

Dieu et l'homme sont ainsi unis dans un dialogue composé de paroles et d'oeuvres, d'enseignement et d'écoute, de vérité et de vie.


4. Venons-en à présent à notre strophe (cf. vv. 145-152), qui s'adapte bien à l'atmosphère des Laudes du matin. La scène qui est placée au centre de ces huit versets est une scène nocturne, mais ouverte au jour nouveau. Après une longue nuit d'attente et de veille en prière dans le temple, lorsque l'aurore apparaît à l'horizon et que la liturgie commence, le fidèle est certain que le Seigneur exaucera celui qui a passé la nuit en prière, en espérant et en méditant la Parole divine. Réconforté par cette assurance, il ne craindra plus les dangers de la journée qui s'ouvre à lui. Il sait qu'il ne sera pas écrasé par ses persécuteurs qui l'assiègent par trahison (cf. v. 150), car le Seigneur est à ses côtés.


5. La strophe exprime une prière intense: "J'appelle de tout coeur, réponds-moi, Yahvé... Je devance l'aurore et j'implore, j'espère en ta parole..." (vv. 145.147). Dans le Livre des Lamentations on peut lire cette invitation: "Debout! Pousse un cri dans la nuit au commencement des veilles; répands ton coeur comme de l'eau devant la face de Yahvé, élève vers lui tes mains" (Lm 2,19). Saint Ambroise répétait: "Ne sais-tu pas, ô homme que chaque jour tu dois offrir à Dieu les prémisses de ton coeur et de ta voix? Hâte-toi à l'aube pour apporter à l'église les prémisses de ta piété" (Ex. in ps. CXVIII: PL 15, 1476A).

Dans le même temps, notre strophe est également l'exaltation d'une certitude: nous ne sommes pas seuls car Dieu écoute et intervient. La personne en prière le dit: "Tu es proche, toi, Yahvé" (v. 151). Les autres Psaumes le confirment: "Approche de mon âme, venge-la, à cause de mes ennemis, rachète-moi" (Ps 68,19); "Proche est Yahvé des coeurs brisés, il sauve les esprits abattus" (Ps 33,19).

                                  * * *

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 14 novembre 2001 se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Anciennes élèves de l'Amicale de Boisfleury-Sacré-Coeur de Meylan.

Chers Frères et Soeurs,

Nous venons d’entendre un extrait du psaume 118, qui célèbre la Torah, c’est-à-dire la Loi et la Parole de Dieu. En une longue litanie, tout au long des cent soixante-seize versets de ce chant, les diverses expressions qui désignent la Torah sont sans cesse reprises. Ce processus de répétition permet au fidèle de mémoriser et d’intérioriser la Révélation divine, et l’aide à adhérer intérieurement au Seigneur, dans un abandon confiant. Pénétrant ainsi davantage le mystère de Dieu, le croyant y découvre aussi une lumière qui éclaire sa vie morale.

Les versets chantés tout à l’heure évoquent l’intense prière du fidèle qui, durant la veille de la nuit, se tourne vers Dieu et médite sur sa Parole. À l’approche de l’aurore, il offre le jour nouveau au Seigneur, assuré que le Très-Haut veillera sur lui. Certain de la présence aimante de Dieu, qui écoute et qui répond, il rend grâce : «Le Seigneur est proche du coeur brisé, il sauve l’esprit abattu».

J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, notamment les anciennes élèves du Sacré-Coeur de Meylan. Que le Christ vous manifeste sa présence et que sa lumière vous apporte paix et joie ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.

                   


Mercredi 21 novembre 2001: Ex 15 Hymne de victoire pour le passage de la Mer Rouge

21111 Lecture: Ex 15,1-4 Ex 15,13 Ex 15,17

1. Cette hymne de victoire (cf. Ex Ex 15,1-18), proposée aux Laudes du samedi de la première semaine, nous reconduit à un moment-clé de l'histoire du salut: à l'événement de l'Exode, lorsqu'Israël fut sauvé par Dieu d'une situation humainement sans espoir. Nous connaissons les faits: après le long esclavage en Egypte, les Israélites désormais en marche vers la terre promise avaient été rejoints par l'armée du Pharaon, et rien ne pouvait empêcher qu'ils ne soient anéantis, si le Seigneur n'était pas intervenu de sa main puissante. L'hymne s'attarde à décrire l'arrogance des desseins de l'ennemi armé: "Je poursuivrai, j'atteindrai, je partagerai le butin..." (Ex 15,9).

Mais que peut même la plus grande armée face à la toute-puissance divine? Dieu commande à la mer de s'ouvrir pour laisser passer le peuple agressé et de se refermer au passage de ses agresseurs: "Tu soufflas de ton haleine, la mer les recouvrit, ils s'enfoncèrent comme du plomb dans les eaux formidables" (Ex 15,10).

Ce sont des images fortes, qui veulent donner la mesure de la grandeur de Dieu, alors qu'elles expriment l'émerveillement d'un peuple qui n'en croit presque pas ses yeux, et qui s'exprime à travers une seule voix dans un chant plein d'émotion: "Yahvé est ma force et mon chant, à lui je dois mon salut. Il est mon Dieu, je le célèbre, le Dieu de mon père et je l'exalte!" (Ex 15,2)


2. Le Cantique ne parle pas seulement de la libération obtenue; il en indique également le but positif, qui n'est autre que l'entrée dans la demeure de Dieu pour vivre dans la communion avec Lui: "Ta grâce a conduit ce peuple que tu as racheté, ta force l'a guidé vers ta sainte demeure" (Ex 15,13). Ainsi compris, cet événement fut non seulement à la base de l'alliance entre Dieu et son peuple, mais il devint comme le "symbole" de toute l'histoire du salut. En de nombreuses autres occasions, Israël fera l'expérience de situations analogues, et l'Exode se réactualisera ponctuellement. Cet événement préfigure de façon particulière la grande libération que le Christ réalisera à travers sa mort et sa résurrection.

C'est pourquoi notre hymne retentit à un titre particulier dans la liturgie de la Veillée pascale, pour illustrer avec l'intensité de ses images ce qui s'est accompli dans le Christ. En Lui, nous avons été sauvés non pas d'un oppresseur humain, mais de l'esclavage de Satan et du péché, qui depuis les origines, pèse sur le destin de l'humanité. Avec lui, l'humanité se remet en marche, sur le sentier qui reconduit à la maison du Père.


3. Cette libération, déjà accomplie dans le mystère et présente dans le Baptême comme une semence de vie destinée à croître, atteindra sa plénitude à la fin des temps, lorsque le Christ reviendra en gloire et "remettra la royauté à Dieu le Père" (1Co 15,24). C'est précisément cet horizon final, eschatologique, que la Liturgie des Heures nous invite à considérer, en introduisant notre cantique par une citation de l'Apocalypse: "Ceux qui ont triomphé de la Bête... ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu" (Ap 15,2 Ap 15,3).

A la fin des temps, se réalisera pleinement pour tous les rachetés ce que l'événement de l'Exode préfigurait et que la Pâque du Christ a accompli d'une façon définitive, mais ouverte à l'avenir. En effet, notre salut est réel et profond, mais il se trouve entre le "déjà" et le "pas encore" de la condition terrestre, comme nous le rappelle l'Apôre Paul: "Car notre salut est objet d'espérance" (Rm 8,24).


4. "Je chante pour Yahvé car il s'est couvert de gloire" (Ex 15,1). En mettant sur nos lèvres ces paroles de l'antique hymne, la liturgie des Laudes nous invite à placer notre journée dans le grand horizon de l'histoire du salut. Telle est la façon chrétienne de percevoir le passage du temps. Dans les jours qui succèdent aux jours, il n'y pas une fatalité qui nous opprime, mais un dessein qui s'accomplit et que nos yeux doivent apprendre à lire, comme en filigrane.

Les Pères de l'Eglise étaient particulièrement sensibles à cette perspective historique et salvifique, eux qui aimaient lire les faits de l'Ancien Testament - du déluge de l'époque de Noé à l'appel d'Abraham, de la libération de l'Exode au retour des Israélites après l'exil de Babylone - comme des "préfigurations" d'événements futurs, reconnaissant à ces faits une valeur d'"archétype": en ceux-ci étaient pré-annoncées les caractéristiques fondamentales qui devaient se répéter, d'une certaine façon, tout au long de l'histoire humaine.


5. Du reste, les prophètes avaient déjà relu les événements de l'histoire du salut, en montrant leur sens toujours actuel et en indiquant leur pleine réalisation dans l'avenir. C'est ainsi que, en méditant sur le mystère de l'alliance stipulée par Dieu avec Israël, ils en arrivent à parler d'une "nouvelle alliance" (Jr 31,31 cf. Ez Ez 36,26-27), dans laquelle la loi de Dieu aurait été écrite dans le coeur même de l'homme. Il n'est pas difficile de voir dans cette prophétie la nouvelle alliance stipulée dans le sang du Christ et réalisée à travers le don de l'Esprit. En récitant cette hymne de victoire de l'ancien Exode à la lumière de l'Exode pascal, les fidèles peuvent vivre la joie de se sentir Eglise en pèlerinage dans le temps, vers la Jérusalem céleste.


6. Il s'agit donc de contempler avec un émerveillement toujours nouveau ce que Dieu a préparé pour son Peuple: "Tu les amèneras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, lieu dont tu fis, Yahvé, ta résidence, sanctuaire, Seigneur, qu'ont préparé tes mains" (Ex 15,17). L'hymne de victoire n'exprime pas le triomphe de l'homme, mais le triomphe de Dieu. Ce n'est pas un chant de guerre, c'est un chant d'amour.

En laissant nos journées s'imprégner de ce frémissement de louange des anciens Israélites, nous marchons sur les routes du monde, qui ne manquent pas de dangers, de risques et de souffrances, avec la certitude d'être enveloppés par le regard miséricordieux de Dieu: rien ne peut résister à la puissance de son amour.

Chers Frères et Soeurs,

L’hymne de victoire entonnée par Moïse et les Israélites après le passage de la Mer Rouge, qui constitue un événement-clé et le «symbole» de toute l’histoire du salut, est aussi au point de départ de l’alliance entre Dieu et son peuple. Le Seigneur libère Israël de la servitude de l’Egypte pour le faire entrer dans sa sainte demeure, afin qu’il vive en communion avec lui. A de nombreuses reprises, Israël relira son histoire à la lumière de cet événement de l’Exode, aidé en particulier par la prédication des prophètes. L’Eglise a vu dans cet épisode de la vie du peuple de Dieu une préfiguration du salut. Dans la liturgie de la Vigile pascale, ce cantique prend un sens particulier, illustrant le salut apporté par le Christ à ceux qui étaient esclaves du péché, et que le Baptême a libérés de la mort. En récitant cette hymne du premier Exode à la lumière de l’Exode pascal, les fidèles peuvent se reconnaître comme étant l’Eglise qui chemine à travers le temps vers la Jérusalem céleste, à la rencontre du Père.

J’accueille avec joie les pèlerins de langue française. Que le Christ Sauveur qui, par le Baptême, vous a fait passer de la mort à la vie, vous affermisse dans l’espérance pour lutter contre la violence sous toutes ses formes et pour construire une humanité selon le coeur de Dieu ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.

A l'issue de l'Audience générale du 21 novembre 2001, le Saint-Père invitait les fidèles à prier pour les religieuses de clôture:

Aujourd'hui, fête liturgique de la Présentation de la Très Sainte Vierge au Temple, nous célébrons la Journée mondiale des religieuses de clôture. Je désire assurer les soeurs appelées par le Seigneur, de ma proximité particulière, ainsi que de celle de la communauté ecclésiale tout entière. Je renouvelle, dans le même temps, mon invitation à tous les chrétiens afin qu'ils apportent aux monastères de clôture le soutien spirituel et matériel nécessaire. Nous devons beaucoup à ces personnes qui se consacrent entièrement à la prière incessante pour l'Eglise et pour le monde!

J'envoie de tout coeur à toutes ces chères soeurs une Bénédiction apostolique spéciale.




Mercredi 28 novembre 2001: Ps 116 Une invitation à louer Dieu pour son amour

29111
Lecture: Ps 116,1-2


1. Il s'agit du Psaume le plus court de tous, qui n'est composé, dans l'original hébreu, que de dix-sept mots, dont neuf sont particulièrement importants. C'est une petite doxologie, c'est-à-dire un chant de louange essentiel, qui pourrait idéalement servir de sceau à des prières sous forme d'hymnes plus amples. C'est ce qui s'est parfois produit dans la liturgie, un peu comme pour le Gloria Patri, que nous plaçons à la fin de la récitation de chaque Psaume.

En réalité, ces quelques paroles de prière se révèlent significatives et profondes pour exalter l'alliance entre le Seigneur et son peuple, au sein d'une perspective universelle. C'est dans cette optique que le premier verset du Psaume est repris par l'Apôtre Paul, pour inviter tous les peuples du monde à glorifier Dieu. En effet, il écrit aux chrétiens de Rome: "Et les nations glorifient Dieu pour sa miséricorde, selon le mot de l'Ecriture: [....] Toutes les nations, louez le Seigneur, et que tous les peuples le célèbrent" (Rm 15,9 Rm 15,11).


2. La brève hymne que nous méditons s'ouvre donc, comme il arrive souvent à ce genre de Psaume, par une invitation à la louange, qui n'est pas seulement adressée à Israël, mais à tous les peuples de la terre. Un alléluia doit s'élever du coeur de tous les justes qui cherchent et qui aiment Dieu d'un coeur sincère. Encore une fois, le Psautier reflète une vision qui possède un vaste souffle, qui a probablement sa source dans l'expérience vécue par Israël au cours de l'exil à Babylone au VIème siècle av. J.C.: le peuple juif rencontra alors d'autres nations et cultures et il sentit le besoin d'annoncer sa propre foi à ceux parmi lesquels il vivait. Dans le Psautier apparaît la conscience que le bien fleurit dans de nombreux terrains et qu'il peut presque être orienté et offert à l'unique Seigneur et Créateur.

Nous pourrions donc presque parler d'un "oecuménisme" de la prière, qui rassemble dans une seule étreinte des peuples différents en raison de leur origine, de leur histoire et de leur culture. Nous nous trouvons dans le sillage de la grande "vision" d'Isaïe qui décrit "dans la suite des temps" l'affluence de toutes les nations vers "la montagne de la maison de Yahvé". Les épées et les lances tomberont alors des mains; et elles seront même forgées en socs et en serpes, afin que l'humanité vive en paix, en chantant sa louange à l'unique Seigneur de tous, en écoutant sa parole et en observant sa loi (cf. Is Is 2,1-5).


3. Israël, le peuple de l'élection, possède une mission à accomplir dans cet horizon universel. Il doit proclamer deux grandes vertus divines, dont il a fait l'expérience en vivant l'alliance avec le Seigneur (cf. v. 2). Ces deux vertus, qui sont comme les traits fondamentaux du visage divin, le "bon binôme" de Dieu, pour le dire avec les termes de saint Grégoire de Nysse (cf. Sur les titres des  Psaumes, Rome 1994, p. 183), sont exprimées par autant de termes hébreux qui, dans les traductions, ne réussissent pas à briller avec toute la richesse de leur signification.

Le premier est hésed, un terme fréquemment utilisé par le Psautier et sur lequel je me suis déjà arrêté à une autre occasion. Il désire indiquer la trame des sentiments profonds qui existent entre deux personnes, liées par un lien authentique et permanent. Il comprend donc des valeurs telles que l'amour, la fidélité, la miséricorde, la bonté, la tendresse. Entre nous et Dieu, il existe donc une relation qui n'est pas froide, comme celle qui existe entre un empereur et son sujet, mais vivante, comme celle qui se développe entre deux amis, entre deux époux, entre les parents et les enfants.

4. Le second terme est 'emét et il s'agit presque d'un synonyme du premier. Il est lui aussi cher au Psautier, qui le répète presque la moitié de toutes les autres fois où il apparaît dans l'Ancien Testament.

Le terme exprime en lui-même la "vérité", c'est-à-dire l'authenticité d'un rapport, sa loyauté, qui est conservée malgré les obstacles et les épreuves; c'est la fidélité pure et joyeuse qui ne connaît pas de faille. Ce n'est pas pour rien que le Psalmiste déclare: "Pour toujours sa vérité" (v. 2). L'amour fidèle de Dieu ne fera jamais défaut et il ne nous abandonnera pas à nous-mêmes ou à l'obscurité du non-sens, d'un destin aveugle, du vide et de la mort.

Dieu nous aime d'un amour inconditionnel, qui ne connaît pas de lassitude, qui ne s'éteint jamais. Tel est le message de notre Psaume, presque court comme une jaculatoire, mais intense comme un grand cantique.


5. Les paroles qu'il nous propose sont comme un écho du cantique qui retentit dans la Jérusalem céleste, où une foule immense de toute langue, peuple et nation, chante la gloire divine devant le trône de Dieu et devant l'Agneau (cf. Ap Ap 7,9). L'Eglise en pèlerinage s'unit à ce cantique avec d'infinies expressions de louange, souvent forgées par le génie poétique et l'art musical. Nous pensons - pour donner un exemple - au Te Deum, que des générations de chrétiens ont utilisé au cours des siècles pour louer et rendre grâce: "Te Deum laudamus, te Dominum confitemur, te aeternum Patrem omnis terra veneratur". Pour sa part, le petit Psaume sur lequel nous méditons aujourd'hui est une synthèse efficace de la liturgie de louange éternelle avec laquelle l'Eglise élève sa voix dans le monde, s'unissant à la louange parfaite que le Christ lui-même adresse au Père.

Louons donc le Seigneur! Louons-le sans nous lasser. Mais que notre louange soit exprimée à travers notre vie, avant d'être exprimée par des paroles. Nous serions bien peu crédibles si, avec notre Psaume, nous invitions les peuples à rendre gloire au Seigneur et que nous ne prenions pas au sérieux l'avertissement de Jésus: "Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux" (Mt 5,16). En chantant le Psaume 116, comme tous les Psaumes en l'honneur du Seigneur, l'Eglise, Peuple de Dieu, s'efforce de devenir elle-même un cantique de louange.

Chers Frères et Soeurs,

Nous venons d’entendre le plus court des psaumes: en hébreu il ne comporte que dix-sept mots. Il débute par une invitation à la louange, adressée non seulement à Israël, mais aussi à tous les peuples de la terre, à tous ceux qui, avec un coeur sincère, cherchent et aiment Dieu. Il témoigne que le bien, qui fleurit en tant de lieux, peut être orienté et offert à l’unique Seigneur et Créateur, rassemblant dans une même louange, en un véritable «oecuménisme» de la prière, des peuples divers.

Dans cette perspective universaliste, la mission d’Israël est de proclamer ce dont il a lui-même fait l’expérience dans le mystère de l’alliance: l’amour et la vérité, attributs divins qui expriment l’amour inconditionnel de Dieu pour son peuple.

Louons le Seigneur, louons-le sans cesse, mais que notre louange, avant de jaillir de nos lèvres, se manifeste d’abord dans notre vie! En unissant nos voix à la louange parfaite que le Christ adresse à son Père, puissions-nous devenir, avec toute l’Eglise, un chant de louange à Dieu!

Je vous salue cordialement, pèlerins de langue française. Que le Christ vous accorde la grâce de la louange, et que son amour vous apporte la paix! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.

                              


Mercredi 5 décembre 2001: Ps 117 Chant de joie et de victoire

51201 Lecture: Ps 117,1-2 Ps 117,19-20 Ps 117,22 Ps 117,24

1. Lorsque le chrétien, en harmonie avec la voix en prière d'Israël, entonne le Psaume 117 que nous venons d'entendre retentir, il ressent une émotion particulière. En effet, il trouve dans cette hymne, qui possède une profonde empreinte liturgique, deux phrases qui retentissent au sein du Nouveau Testament avec une nouvelle intensité. La première est constituée par le verset 22: "La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête de l'angle". Cette phrase est citée par Jésus, qui l'applique à sa mission de mort et de gloire, après avoir raconté la parabole des vignerons homicides (cf. Mt 21,42). La phrase est également rappelée par Pierre dans les Actes des Apôtres: "C'est lui la pierre que vous, les bâtisseurs, avez dédaignée, et qui est devenue la pierre d'angle. Car il n'y a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés" (Ac 4,11-12).

Cyrille de Jérusalem commente: "Nous disons qu'il n'y a qu'un seul Seigneur Jésus-Christ, afin que la filiation soit unique; nous disons un seul, afin que tu ne penses pas qu'il y en ait un autre... En effet, il est appelé pierre, une pierre qui n'est pas inanimée, ni taillée par des mains d'homme, mais pierre d'angle, car celui qui aura cru en elle ne sera pas déçu" (Le Catechesi, Rome 1993, PP 312-313).

La seconde phrase que le Nouveau Testament tire du Psaume 117 est proclamée par la foule le jour de l'entrée messianique solennelle du Christ à Jérusalem: "Béni celui qui vient au nom du Seigneur!" (Mt 21,9 cf. Ps Ps 117,26). L'acclamation est encadrée par un "Hosanna" qui reprend l'invocation juive hoshia'na', "deh, sauve-nous!".

2. Cette splendide hymne biblique appartient au petit groupe de Psaumes, allant du 112 au 117, appelé le "Hallel pascal", c'est-à-dire la louange psalmique utilisée par le culte juif pour la Pâque juive et également pour les principales solennités de l'année liturgique. Le rite de procession scandé par les chants alternés du soliste et du choeur, avec en arrière-plan la ville sainte et son temple, peut être considéré comme le fil conducteur du psaume 117. Une belle antienne ouvre et conclut le texte: "Rendez grâce à Yahvé, car il est bon, car éternel est son amour!" (vv. 1.29).

La parole "amour" traduit la parole juive hesed, qui désigne la fidélité généreuse de Dieu à l'égard de son peuple allié et ami. Trois catégories de personnes chantent cette fidélité: Israël en entier, la "maison d'Aaron", c'est-à-dire les prêtres, et ceux "qui craignent Yahvé", une locution qui indique les fidèles et également par la suite les prosélytes, c'est-à-dire les membres des autres nations souhaitant adhérer à la loi du Seigneur (cf. vv. 2-4).


3. La procession semble se dérouler dans les rues de Jérusalem, car l'on parle des "tentes des justes" (cf. Ps 117,15). Une hymne d'action de grâce s'élève cependant (cf. vv. 5-18), dont le message est essentiel: même lorsqu'on éprouve de l'angoisse, il faut maintenir vive la flamme de la confiance, car la main puissante du Seigneur conduit son fidèle à la victoire sur le mal et au salut.

Le poète sacré utilise des images fortes et vivantes: les adversaires cruels sont comparés à un essaim d'abeilles ou à un front de flammes qui avance en réduisant tout en cendres (cf. v. 12). Mais la réaction du juste, soutenu par le Seigneur, est véhémente; à trois reprises, il répète: "Au nom de Yahvé, je les sabre" et le verbe hébreu souligne une intervention destructrice à l'égard du mal (cf. vv. 10.11.12). En effet, à la base se trouve la main droite puissante de Dieu, c'est-à-dire son oeuvre efficace, et certainement pas la main faible et hésitante de l'homme. C'est pour cette raison que la joie pour la victoire sur le mal débouche sur une profession de foi très suggestive: "Ma force et mon chant, c'est Yahvé, il fut pour moi le salut" (v. 14).


4. La procession semble être parvenue au temple, aux "portes de justice" (v. 19), c'est-à-dire à la porte sainte de Sion. C'est là qu'est entonné un deuxième chant d'action de grâce, qui s'ouvre par un dialogue entre l'assemblée et les prêtres pour être admis au culte. "Ouvrez-moi les portes de justice, j'entrerai, je rendrai grâce à Yahvé!", dit le soliste au nom de l'assemblée en procession. "C'est ici la porte de Yahvé, les justes entreront" (v. 20), répondent d'autres personnes, probablement les prêtres.

Une fois entré, on peut commencer à entonner l'hymne de gratitude au Seigneur, qui, dans le temple, s'offre comme une "pierre" stable et sûre sur laquelle édifier la maison de la vie (cf. Mt Mt 7,24-25). Une bénédiction sacerdotale descend sur les fidèles, qui sont entrés dans le temple pour exprimer leur foi, élever leur prière et célébrer le culte.


5. La dernière scène qui s'ouvre à nos yeux est constituée par un rite joyeux de danses sacrées, accompagnées par des rameaux qui sont agités en signe de fête: "Serrez vos cortèges, rameaux en main, jusqu'aux cornes de l'autel" (v. 27). La liturgie est joie, rencontre de fête, l'expression de toute l'existence qui loue le Seigneur. Le rite des rameaux fait penser à la fête juive des Tentes, en mémoire du pèlerinage d'Israël dans le désert, solennité au cours de laquelle une procession était accomplie avec des rameaux de palmiers, de myrtes et de saules.

Ce rite évoqué par le Psaume est reproposé au chrétien à l'entrée de Jésus à Jérusalem, qui est célébrée lors de la liturgie du Dimanche des Rameaux. Le Christ est honoré comme le "fils de David" (cf. Mt Mt 21,9) par la foule qui, "venue pour la fête.... prit les rameaux des palmiers et sortit à sa rencontre en s'écriant: Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d'Israël!" (cf. Jn Jn 12,12-13). Au cours de cette célébration de fête, qui prélude cependant à l'heure de la passion et de la mort de Jésus, se réalise également et acquiert sa pleine signification le symbole de la pierre d'angle, proposé à l'ouverture, et qui revêt une valeur joyeuse et pascale.

Le Psaume 117 encourage les chrétiens à reconnaître dans l'événement pascal de Jésus "le jour que fit Yahvé", où "la pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête d'angle". Remplis de gratitude, ils peuvent donc chanter avec le Psaume: "Ma force et mon chant c'est Yahvé, il fut pour moi le salut" (v. 14); "Voici le jour que fit Yahvé, pour nous allégresse et joie" (v. 24).



Chers Frères et Soeurs,

Quand le chrétien entonne le psaume 117, il ressent une émotion particulière. Car on y trouve deux phrases qui résonnent avec une tonalité nouvelle dans le Nouveau Testament. La première : «La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle» : parole citée par Jésus, qui l’applique à son mystère pascal, et reprise par Pierre dans les Actes des Apôtres : «Ce Jésus, il est la pierre que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d’angle». La seconde est celle que proclame la foule, à l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, le jour des Rameaux : «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !»

Cette hymne splendide, qui fait partie des psaumes du Hallel, la louange pascale de la liturgie juive, a pour fil conducteur le rite d’une procession, scandée par les chants alternés du soliste et du choeur. C’est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour son amour et de trouver confiance en lui : «Ma force et mon chant, c’est le Seigneur, il est pour moi le salut». Quand s’ouvrent les portes de justice, celles du Temple, la louange redouble pour célébrer «l’oeuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux».

C’est dans la Pâque de Jésus que nous, chrétiens, nous reconnaissons cette merveille, «le jour que fit le Seigneur, jour de fête et de joie !»


Je vous salue, pèlerins de langue française présents à cette audience. Dans un monde marqué par la souffrance et le désarroi, soyez les témoins de la tendresse de Dieu. A tous, j’accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique.




Catéchèses S. J-Paul II 7111