Catéchèses S. J-Paul II 12121

Mercredi 12 décembre 2001: Da 3 Chaque créature loue le Seigneur

12121 Lecture: Da 3,52-53 Da 3,55-57

1. Le cantique que nous venons d'entendre proclamer est constitué par la première partie d'une longue et belle hymne qui est insérée dans la traduction grecque du livre de Daniel. Ce sont trois jeunes Hébreux jetés dans une fournaise pour avoir refusé d'adorer la statue du roi babylonien Nabuchodonosor qui la chantent. Une autre partie de ce même chant est proposée par la Liturgie des Heures pour les Laudes du dimanche, lors de la première et de la troisième semaine du Psautier liturgique.

Le livre de Daniel, comme on le sait, reflète les ferments, les espérances et les attentes apocalyptiques du peuple élu qui, à l'époque des Maccabées (IIème siècle av. J.C.) était en lutte afin de pouvoir vivre selon la Loi donnée par Dieu.

De la fournaise, les trois jeunes miraculeusement préservés des flammes, chantent une hymne de bénédiction adressée à Dieu. Cette hymne est semblable à une litanie, répétitive et en même temps nouvelle: ses invocations s'élèvent vers Dieu comme des volutes d'encens, qui parcourent l'espace en prenant des formes similaires, mais qui ne sont jamais tout à fait les mêmes. La prière ne craint pas la répétition, comme l'amoureux n'hésite par à déclarer un nombre infini de fois toute son affection à sa bien-aimée. Insister sur les mêmes questions constitue un signe d'intensité et de multiples nuances dans les sentiments, dans les pulsions intérieures, dans les liens d'affection.

2. Nous avons entendu proclamer le début de cette hymne cosmique, contenue dans le troisième chapitre de Daniel, aux versets 52-57. Il s'agit de l'introduction, qui précède le grandiose défilé des créatures contenues dans la louange. Un regard d'ensemble sur tout le chant, qui se développe comme une litanie, nous fait découvrir une succession de composantes qui constituent la trame de toute l'hymne. Celle-ci commence par six invocations directement adressées à Dieu; elles sont suivies par un appel universel aux "oeuvres du Seigneur", afin qu'elles ouvrent leurs lèvres idéales à la bénédiction (cf. v. 57).

Telle est la partie que nous prenons aujourd'hui en considération et que la liturgie propose pour les Laudes du dimanche de la deuxième semaine. Par la suite, le chant invite toutes les créatures du ciel et de la terre à louer et à magnifier leur Seigneur.


3. Notre passage du début sera repris une autre fois par la liturgie, dans les Laudes du dimanche de la quatrième semaine. C'est pourquoi nous ne choisirons à présent que quelques éléments pour notre réflexion. Le premier est l'invitation à la bénédiction: "Béni sois-tu", qui deviendra à la fin: "Bénissez...!".

Dans la Bible, il existe deux formes de bénédiction, qui s'entremêlent. D'un côté, il y a celle qui descend de Dieu: le Seigneur bénit son peuple (cf. Nb Nb 6,24-27). C'est une bénédiction efficace, source de fécondité, de bonheur et de prospérité. De l'autre, il y a la bénédiction qui s'élève de la terre vers le ciel. L'homme, qui bénéficie de la générosité divine, bénit Dieu, en le louant, en lui rendant grâce, en l'exaltant: "Béni Yahvé, mon âme" (Ps 102,1 Ps 103,1).

La bénédiction divine a souvent lieu par l'intermédiaire des prêtres (cf. Nb Nb 6,22-23 Nb Nb 6,27 Si 50,20-21) à travers l'imposition des mains; la bénédiction humaine est en revanche exprimée dans l'hymne liturgique, qui s'élève de l'assemblée des fidèles vers le Seigneur.


4. Un autre élément que nous prenons en considération à l'intérieur du passage proposé à notre méditation est constitué par l'antienne. On pourrait imaginer que le soliste, dans le temple rempli par la foule, entonnait la bénédiction: "Béni sois-tu, Seigneur...", dressant la liste des diverses merveilles divines, alors que l'assemblée des fidèles répétait sans cesse la formule: "Chantez-le, exaltez-le éternellement". C'est ce qui avait déjà lieu dans le Psaume 135, connu sous le nom de "Grand Hallel", c'est-à-dire la grande louange, où le peuple répétait: "Eternel est son amour", alors qu'un soliste énumérait les divers actes de salut accomplis par le Seigneur en faveur de son peuple.

L'objet de la louange dans notre Psaume est tout d'abord le nom "glorieux et saint" de Dieu, dont la proclamation retentit dans le temple, lui aussi "saint glorieux". Les prêtres et le peuple, alors qu'ils contemplent avec foi Dieu qui siège "sur le trône de son royaume", sentent sur eux son regard qui "pénètre les abîmes" et cette conscience fait jaillir de leur coeur la louange "Béni... béni...". Dieu, qui "siège sur les chérubins" et a pour habitation le "firmament du ciel", est toutefois proche de son peuple, qui pour cette raison se sent protégé et en sécurité.

5. La reprise de ce cantique le matin du dimanche, la Pâque hebdomadaire des chrétiens, est une invitation à ouvrir les yeux sur la nouvelle création qui a précisément eu origine avec la résurrection de Jésus. Grégoire de Nysse, un Père de l'Eglise grecque du IVème siècle, explique qu'avec la Pâque du Seigneur "sont créés un ciel nouveau et une terre nouvelle... est créé un homme différent renouvelé à l'image de son créateur, au moyen de la naissance d'en haut" (cf. Jn Jn 3,3 Jn Jn 3,7). Il poursuit: "De même que celui qui regarde vers le monde sensible déduit au moyen des choses visibles la beauté invisible... celui qui regarde vers ce nouveau monde de la création ecclésiale y voit Celui qui est devenu tout en tous, en conduisant par la main l'esprit, grâce aux choses compréhensibles de notre nature rationnelle, vers ce qui dépasse la compréhension humaine" (Langerbeck H., Gregorii Nysseni Opera, VI, 1-22 passim, p. 385).

En chantant ce cantique, le croyant chrétien est donc invité à contempler le monde de la première création, en y devinant le profil de la deuxième, inaugurée par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. Cette contemplation conduit chacun par la main, presque en dansant de joie, à entrer dans l'unique Eglise du Christ

Chers Frères et Soeurs,

Du milieu de la fournaise, dans laquelle ils avaient été jetés pour avoir refusé d’adorer la statue du roi de Babylone, trois jeunes Hébreux, miraculeusement préservés des flammes, entonnent à Dieu une hymne de bénédiction. Par leurs invocations litaniques, ils rendent grâce pour la bénédiction que Dieu ne cesse de faire descendre sur son peuple, et qui est source de fécondité, de bonheur et de prospérité. A la suite des trois enfants, les prêtres et l’assemblée d’Israël ont perpétué dans la liturgie cette louange du nom très saint de Dieu, lui qui sonde les abîmes et qui habite au firmament dans le ciel. Présent dans son saint temple de gloire, il demeure toujours proche de son peuple et le protège, l’invitant à vivre selon sa Loi. En reprenant ce cantique au matin du dimanche, jour où l’Eglise fait mémoire du Christ mort et ressuscité, chaque chrétien est invité à contempler le monde de la première création, pour y lire les signes de la création nouvelle, inaugurée par le mystère pascal du Seigneur Jésus.


J’accueille avec joie les pèlerins de langue française. Que ce temps de l’Avent, pendant lequel chacun est invité à prier et à jeûner pour la paix entre les peuples, renouvelle votre foi et vous prépare à accueillir le Prince de la paix ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.




Mercredi 19 décembre 2001 Le message de la grotte de Bethléem

19121 1. La Neuvaine de Noël, que nous célébrons au cours de ces journées, nous invite à vivre de façon intense et profonde la préparation à la grande fête, désormais proche, de la naissance du Sauveur. La liturgie trace un savant itinéraire pour rencontrer le Seigneur qui vient, en proposant jour après jour des thèmes de réflexion et de prière. Elle nous invite à la conversion et à l'accueil docile du mystère de Noël.

Dans l'Ancien Testament, les prophètes avaient préannoncé la venue du Messie et ils avaient conservé vivante l'attente vigilante du peuple élu. Avec les mêmes sentiments nous sommes invités, nous aussi, à vivre ce temps, pour pouvoir ainsi savourer la joie des fêtes de Noël désormais imminentes.

Notre attente devient la voix des espérances de l'humanité tout entière et elle s'exprime à travers une série d’invocations suggestives, que nous trouvons dans la célébration eucharistique avant l'Evangile et dans la récitation des Vêpres, avant le cantique du Magnificat. Il s'agit des antiennes "O", dans lesquelles l'Eglise s'adresse à celui qui va venir avec des titres profondément poétiques, qui manifestent bien le besoin de paix et de salut des peuples, un besoin qui ne trouve sa satisfaction pleine et définitive que dans le Dieu fait homme.


2. Comme l'antique Israël, la Communauté ecclésiale devient la voix des hommes et des femmes de tous les temps pour chanter l'avènement du Sauveur. Elle prie tour à tour: "O Sagesse qui sort de la bouche du Très-Haut", "ô Guide de la Maison d'Israël", "ô Racine de Jessé", "ô Clefs de David", "ô Astre naissant", "ô Soleil de justice", "ô Roi des nations, Emmanuel, Dieu-avec-nous".

Dans chacune de ces invocations passionnées, riches de références bibliques, on ressent le désir ardent que les croyants ont de voir s'accomplir leurs attentes de paix. C'est pourquoi ils implorent le don de la naissance du Sauveur promis. Dans le même temps, ils ressentent cependant clairement que cela implique un engagement concret à lui préparer une demeure digne de lui, non seulement dans leur âme, mais également dans le milieu qui les entoure. En un mot, invoquer la venue de Celui qui apporte la paix au monde comporte de s'ouvrir docilement à la vérité libératrice et à la force rénovatrice de l'Evangile.


3. Sur cet itinéraire de préparation à la rencontre avec le Christ, qui vient à Noël à la rencontre de l'humanité, a été insérée la Journée spéciale de jeûne et de prière que nous avons célébrée vendredi dernier, dans le but de demander à Dieu le Don de la réconciliation et de la paix. Il s'est agi d'un moment fort de l'Avent, d'une occasion pour approfondir les causes de la guerre et les raisons de la paix. Face aux tensions et aux violences qui, hélas, ont également lieu au cours de ces journées dans diverses parties de la terre, y compris en Terre Sainte, témoin singulier du mystère de la Naissance de Jésus, il faut que nous, chrétiens, nous fassions retentir encore plus fort le message de paix qui provient de la grotte de Bethléem.

Nous devons nous convertir à la paix; nous devons nous convertir au Christ, notre paix, certains que dans la crèche son amour qui désarme l'emportera sur toute menace obscure et sur tout projet de violence. Il faut continuer à demander avec confiance à l'Enfant-Jésus, né pour nous de la Vierge Marie, que l'énergie prodigieuse de la paix chasse la haine et la vengeance qui se nichent dans l'âme humaine. Nous devons demander à Dieu que le mal soit défait par le bien et l'amour.

4. Comme la liturgie de l'Avent nous le suggère, implorons du Seigneur le don "de nous préparer avec joie au mystère de son Noël", afin que la naissance de Jésus nous trouve "vigilants dans la prière, exultants dans la louange" (Préface de l'Avent II). Ce n'est qu'ainsi que Noël sera la fête de la joie et de la rencontre avec le Sauveur qui nous donne la paix.

N'est-ce pas précisément le voeu que nous voudrions échanger lors des prochaines fêtes de Noël? Dans ce but, notre prière doit devenir plus intense et unanime au cours de cette semaine. "Christus est pax nostra - le Christ est notre paix". Que sa paix renouvelle chaque milieu de notre vie quotidienne. Qu'elle remplisse les coeurs, pour qu'ils s'ouvrent à l'action de sa grâce transformante; qu'elle imprègne les familles, afin que, devant la crèche ou bien rassemblées autour de l'arbre de Noël, celles-ci affermissent leur communion fidèle; qu'elle règne dans les villes, au sein des nations et de la communauté internationale et se diffuse en chaque lieu du monde.

Comme les pasteurs dans la nuit de Bethléem, hâtons nos pas vers Bethléem. Nous contemplerons dans le silence de la Nuit sainte le "nouveau-né enveloppé de langes, couché dans la crèche", avec Joseph et Marie (
Lc 2,12 Lc 2,16). Que Marie, qui a accueilli le Verbe de Dieu dans son sein virginal et l'a serré entre ses bras maternels, nous aide à vivre avec un engagement plus actif cette dernière partie de l'itinéraire liturgique de l'Avent.

Avec ces sentiments, je présente avec affection mes voeux à vous tous ici présents, ainsi qu'à vos familles et à ceux qui vous sont chers.

Bon Noël à tous!


Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 19 décembre 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Collège Notre-Dame des Missions, de Charenton-le-Pont; Institution Notre-Dame des Dunes, de Dunkerque.

Chers Frères et Soeurs,

La liturgie de cette semaine nous invite à la conversion, à l’attente active du Christ et à un accueil docile du mystère de Noël, pour vivre pleinement la joie de cette fête. La communauté chrétienne se fait la voix des hommes et des femmes du monde pour chanter la venue du Sauveur, afin que soit comblée leur soif de paix. Le don divin suppose un engagement concret pour que chacun soit un temple du Seigneur. En quelque sorte, implorer la venue de Celui qui apporte la paix au monde nécessite une attitude d’ouverture à la vérité qui libère et à la force rénovatrice de l’Evangile.

C’est dans cette démarche d’attente que s’est déroulée la journée de jeûne et de prière de vendredi dernier, qui nous a permis de prendre conscience des causes de la guerre et des motifs de paix. Devant les conflits du monde, notamment au Moyen-Orient et en Afghanistan, les chrétiens désirent faire retentir de manière plus forte le message de la grotte de Bethléem. Nous devons nous convertir à la paix; nous devons nous convertir au Christ et à son amour qui désarme toute violence. Oui, le Christ est notre paix.


Je salue cordialement les francophones, notamment les jeunes du Collège Notre-Dame des Missions. Que la joie de Noël vous confirme dans votre désir d’être disciples du Sauveur et artisans de paix ! A tous, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.

      

Mercredi 2 janvier 2002 Début de la nouvelle année

20012 1. En cette première rencontre de la nouvelle année, au lendemain de la fête de Marie Mère de Dieu et de la Journée mondiale de la Paix, nous voulons renouveler l'action de grâce à Dieu pour les innombrables bienfaits avec lesquels il enrichit chaque jour notre vie. Dans le même temps, nous prolongeons la contemplation du grand mystère de l'Incarnation, que nous vivons au cours de ces journées et qui constitue un authentique point central du temps liturgique.

En reprenant l'expression de Jean "Et le Verbe s'est fait chair" (
Jn 1,14), la réflexion doctrinale de l'Eglise a forgé le terme "incarnation" pour indiquer le fait que le Fils de Dieu a assumé pleinement la nature humaine afin de réaliser en celle-ci, et à travers celle-ci, notre salut. Le Catéchisme de l'Eglise catholique rappelle que la foi dans l'incarnation réelle du Fils de Dieu est le "signe distinctif" de la foi chrétienne (cf. CEC CEC 463).

Du reste, c'est ce que nous professons à travers les paroles du Credo de Nicée-Constantinople: "Pour nous les hommes, et pour notre salut, Il descendit du ciel; par l'Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme".


2. Dans la naissance du Fils de Dieu du sein virginal de Marie, les chrétiens reconnaissent la bienveillance infinie du Très-Haut envers l'homme et envers la création tout entière. A travers l'Incarnation, Dieu vient visiter son peuple: "Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, de ce qu'il a visité et délivré son peuple, et nous a suscité une puissance de salut dans la maison de David, son serviteur" (Lc 1,68-69). La visite de Dieu ne manque jamais d'efficacité: elle libère de la douleur et donne de l'espérance, elle apporte le salut et la joie.

Dans le récit de la naissance de Jésus, nous voyons que l'heureuse annonce de la venue du Sauveur attendu est tout d'abord apportée à un groupe de pauvres bergers, comme le rapporte l'Evangile de Luc: "L'ange du Seigneur se tint près d'eux [les pasteurs]" (Lc 2,9). De cette façon, saint Luc, que dans un certain sens, nous pourrions définir l'"évangéliste" de Noël, désire souligner la bienveillance et la délicatesse de Dieu envers les petits et les humbles, auxquels il se manifeste et qui sont généralement mieux disposés à le reconnaître et à l'accueillir.

Le signe donné aux bergers, la manifestation de la majesté infinie de Dieu dans un enfant, est rempli d'espérances et de promesses: "Et ceci vous servira de signe: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche" (Lc 2,12).

Un tel message trouve immédiatement écho dans le coeur humble et ouvert des bergers. Pour eux, la parole que le Seigneur leur a fait connaître est certainement quelque chose de réel, un "événement" (cf. Lc Lc 2,15). Ils accourent donc sans attendre, ils trouvent le signe qui leur est promis et deviennent immédiatement les premiers missionnaires de l'Evangile, en diffusant aux alentours la bonne nouvelle de la naissance de Jésus.


3. Au cours de ces journées, nous avons à nouveau écouté le chant des anges à Bethléem: "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance" (Lc 2,14). Ce chant doit se diffuser dans le monde également à notre époque, car il est porteur de grandes espérances et d'ouvertures extraordinaires dans tous les domaines, mais également chargé de fortes tensions et de difficultés. Afin que l'humanité puisse avancer de façon plus rapide et sûre sur les voies de la paix au cours de la nouvelle année qui vient de commencer, la contribution effective de chacun est nécessaire.

C'est pourquoi hier, à l'occasion de la Journée mondiale de la Paix, j'ai voulu souligner le lien qui existe entre la paix, la justice et le pardon. Véritablement, "il n'y a pas de paix sans justice " et "il n'y a pas de justice sans pardon"! Un grand désir de réconciliation doit donc se développer en chacun, soutenu par une volonté sincère de pardon. Qu'au cours de toute l'année, notre prière devienne plus forte et insistante, afin d'obtenir de Dieu le don de la paix et de la fraternité, en particulier dans les régions les plus tourmentées de la planète.


4. Nous entrons ainsi dans la nouvelle année avec confiance, en imitant la foi et la disponibilité docile de Marie, qui conserve et médite en son coeur (cf. Lc Lc 2,19) toutes les merveilles qui se déroulent sous ses yeux. Dieu lui-même accomplit, à travers son Fils unique, le salut plein et définitif de l'humanité tout entière.

Contemplons la Vierge alors qu'elle accueille Jésus entre ses bras pour le donner à tous les hommes. Comme Elle, regardons avec soin et conservons dans notre coeur les grandes choses que Dieu accomplit chaque jour dans l'histoire. Nous apprendrons ainsi à reconnaître, dans les événements de la vie quotidienne, l'intervention constante de la divine Providence, qui guide tout avec sagesse et amour.

Encore une fois Bonne Année à tous!

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 2 janvier 2002 se trouvaient le groupe suivant, auquel le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Collège Saint-Jean, de Douai.

Chers Frères et Soeurs,

En ce début d’année, au lendemain de la fête de Marie, Mère de Dieu, et de la Journée mondiale de la Paix, je voudrais rendre grâce au Seigneur pour tous ses bienfaits et en même temps prolonger notre contemplation du mystère de l’Incarnation. Par ce terme Incarnation, l’Eglise manifeste que le Verbe de Dieu a assumé pleinement et complétement la nature humaine, réalisant en elle et par elle notre salut.

Par le mystère de l’Incarnation, Dieu est venu visiter son peuple, lui donnant le salut, la paix et la joie. L’annonce de la Bonne Nouvelle a d’abord été faite aux bergers, c’est-à-dire au plus petits et aux plus humbles, souvent mieux disposés à reconnaître le Sauveur. Nous avons entendu comme eux le cantique des Anges: «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime» (Lc 2,14). Ce chant doit se répandre dans le monde, appelant tous les hommes à se faire des artisans de paix. Avec Marie, entrons dans la nouvelle année avec confiance, imitant sa foi et sa disponibilité au Seigneur !

Je salue cordialement les francophones. Que la joie de Noël rayonne dans vos coeurs et dans vos vies, pour que vous deveniez toujours davantage témoins du salut et de la paix ! A tous, j’accorde la Bénédiction apostolique.



Mercredi 9 janvier 2002: Ps 150 Que chaque être vivant loue le Seigneur

9102 Lecture: (Ps 150,1-5)

1. L'hymne qui vient d'accompagner notre prière est le dernier chant du psautier, le Psaume 150. La parole finale qui résonne dans le livre de la prière d'Israël est l'alléluia, c'est-à-dire la louange pure de Dieu et c'est pour cela que le Psaume est reproposé deux fois dans la Liturgie des Laudes, le deuxième et le quatrième dimanche.

Ce bref texte est scandé par une succession de dix impératifs qui répètent la même parole: "hallelû", "louez!". Presque comme une musique et un chant éternel, ils semblent ne jamais s'éteindre, comme ce sera le cas également dans le célèbre alléluia du Messie de Haendel. La louange à Dieu devient une sorte de souffle de l'âme, qui ne connaît pas d'arrêt. Comme cela a été écrit, "c'est l'une des récompenses d'être des hommes: l'exaltation calme, la capacité de célébrer. Elle est bien exprimée dans une phrase que rabbí Akiba a offerte à ses disciples: Un chant chaque jour/un chant pour chaque jour" (A.J. Heschel, Qui est l'homme? Milan 1971, p. 198).


2. Le Psaume 150 semble se dérouler dans un triple moment. En ouverture, dans les deux premiers versets (Ps 150,1-2), le regard se fixe sur "Dieu", dans "son sanctuaire", sur "sa puissance", ses "oeuvres de vaillance", "sa grandeur". Dans un second temps, - semblable à un véritable mouvement musical - est inclue dans la louange l'orchestre du temple de Sion (cf. Ps Ps 150,3-5), qui accompagne le chant et la danse sacrée. Enfin, dans le dernier verset du Psaume (cf. Ps ) c'est l'univers qui est en scène, représenté par "chaque être vivant", ou, si l'on veut reproduire plus fidèlement l'original hébreu, par "tout ce qui respire". La vie même devient louange, une louange qui s'élève des créatures au Créateur.


3. En ce qui nous concerne, à l'occasion de cette première rencontre avec le Psaume 150, nous nous contentons de nous arrêter ici sur le premier et sur le dernier moment de l'hymne. Ceux-ci servent presque de cadre au second moment, qui occupe le coeur de la composition et que nous examinerons à l'avenir, lorsque le Psaume sera reproposé par la Liturgie des Laudes.

Le premier lieu dans lequel se déroulent le fil musical et celui de la prière est le "sanctuaire" (cf. Ps Ps 150,1). L'original hébreu parle du domaine "sacré", pur et transcendant dans lequel Dieu demeure. Il y a donc une référence à l'horizon céleste et paradisiaque où, comme le précisera le Livre de l'Apocalypse, l'on célèbre l'éternelle et parfaite liturgie de l'Agneau (cf. par exemple Ap 5,6-14). Le mystère de Dieu, dans lequel les saints sont accueillis pour une pleine communion, est un domaine de lumière et de joie, de révélation et d'amour. Ce n'est pas un hasard si, bien qu'en prenant certaines libertés, l'antique traduction grecque des Septante et la traduction latine elle-même de la Vulgate ont proposé, au lieu de "sanctuaire", le mot "saints": "Louez le Seigneur parmi ses saints".


4. Du ciel, la pensée passe implicitement à la terre avec l'accent sur les "oeuvres de vaillance" opérées par Dieu, qui manifestent "toute sa grandeur" (Ps 150,2). Ces prodiges sont décrits dans le Psaume 104, qui invite les Israélites à "réciter toutes les merveilles" de Dieu (Ps 104,2), à rappeler "quelles merveilles il a faites, ses miracles et les jugements de sa bouche" (Ps 104,5); le psalmiste rappelle alors "le pacte conclu avec Abraham" (Ps 104,9), l'histoire extraordinaire de Joseph, les prodiges de la libération d'Egypte et de la traversée du désert, et enfin, le don de la terre. Un autre Psaume parle de situations angoissantes dont le Seigneur libère ceux qui "crient" vers lui; les personnes libérées sont invitées de façon répétée à une action de grâce pour les merveilles accomplies par Dieu: "Qu'ils rendent grâce à Yahvé de son amour, de ses merveilles pour les fils d'Adam!" (Ps 106,8 Ps 106,15 Ps 106,21 Ps 106,31 .

On peut ainsi comprendre, dans notre Psaume, la référence aux "oeuvres de vaillance", comme le dit l'original hébreu, c'est-à-dire aux puissants "prodiges" (cf. Ps Ps 150,2) que Dieu dissémine dans l'histoire du salut. La louange devient une profession de foi en Dieu le Créateur et Rédempteur, célébration festive de l'amour divin, qui se réalise en créant et en sauvant, en donnant la vie et la libération.


5. Nous arrivons ainsi au dernier verset du Psaume 150 (cf. Ps ). Le terme hébreu utilisé pour indiquer les "vivants" qui louent Dieu renvoie au souffle, comme nous le disions, mais également à quelque chose d'intime et de profond, inscrit dans l'homme.

Si l'on peut penser que toute la vie du créé est une hymne de louange au Créateur, il est toutefois plus précis de considérer que, dans ce choeur, une place centrale est réservée à la créature humaine. A travers l'être humain, porte-parole de toute la création, tous les êtres vivants louent le Seigneur. Notre souffle de vie, qui signifie également connaissance de soi, conscience et liberté (cf. Pr Pr 20,27), devient un chant et une prière de toute la vie qui bat dans l'univers.

C'est pourquoi, tous, récitons entre nous "des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés, chantons et célébrons le Seigneur" de tout notre coeur (cf. Ep Ep 5,19).


6. En transcrivant les versets du Psaume 150, les manuscrits hébreux reproduisent souvent la Menorah, le célèbre candélabre à sept branches, placé sur le Saint des Saints du temple de Jérusalem. Ils suggèrent ainsi une belle interprétation de ce Psaume, véritable Amen dans la prière éternelle de nos "grands frères": tout l'homme, avec tous les instruments et toutes les formes musicales que son génie a inventés - "cor, harpe, cithare, danse, tambour, cordes, flûtes; cymbales sonores, cymbales triomphantes", comme dit le Psaume - mais également "chaque être vivant", est invité à resplendir comme la Menorah face au Saint des Saints, dans une prière constante de louange et d'action de grâce.

Unis avec le Fils, voix parfaite du monde entier qu'il a créé, devenons nous aussi une prière incessante face au trône de Dieu.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 9 janvier, se trouvait le groupe suivant, auquel le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Paroisse Notre-Dame du Rosaire, Ile de La Réunion.

«Alléluia !» Cette ultime parole du psaume 150, dernier chant du psautier, est un cri à Dieu qui, tel le thème d’une composition musicale, scande ce cantique de louange.

Les premiers versets du psaume invitent les fidèles à méditer sur la présence du Seigneur qui réside dans son temple saint, sur sa puissance et les prodiges de son amour, et ils les incitent à s’associer, dans une plénitude de lumière, de joie, à la liturgie céleste où se célèbre l’éternelle et parfaite louange de l’Agneau. Puis le regard se tourne vers la terre : devant les merveilles réalisées par Dieu pour son peuple, la louange devient profession de foi en Dieu, célébration de l’amour divin qui se déploie en créant et en sauvant.

Le dernier verset du Psaume évoque la louange que «tout être vivant» est appelé à faire monter vers le Seigneur. La place de l’être humain au centre de ce choeur apparaît alors dans toute sa singularité, car c’est par sa voix que tout vivant peut rendre gloire au Seigneur et le louer. Unis au Christ, voix parfaite du monde créé par Dieu, devenons nous aussi prière incessante devant le trône de Dieu !

Je suis heureux d’accueillir les francophones présents ce matin, particulièrement les paroissiens de Notre-Dame du Rosaire, venus de l’Île de la Réunion, et les membres de la Communauté Sant’Egidio. Puisse votre séjour affermir votre foi et faire de vous des témoins de l’Evangile ! Avec la Bénédiction apostolique.




Mercredi 16 janvier 2002: Ps 41 Soif du Seigneur et de son temple

16102 Lecture: (Ps 41,2-3 Ps 41,11-12)

1. Un cerf altéré, la gorge sèche, gémit dans le désert aride, cherchant les eaux fraîches d'un ruisseau. Cette image célèbre ouvre le psaume 41, qui vient d'être chanté. Nous pouvons presque y voir le symbole de la profonde spiritualité de cette composition, véritable joyau de foi et de poésie. En réalité, selon les spécialistes du psautier, notre psaume doit être étroitement lié au suivant, le 42, dont il fut séparé lorsque les psaumes furent mis en ordre pour former le livre de prière du Peuple de Dieu. En effet, ces deux Psaumes - en dehors du fait qu'ils sont unis par leur thème et leur développement - sont rythmés par la même antienne: "Qu'as-tu, mon âme, à défaillir et à gémir sur moi? Espère en Dieu: à nouveau je lui rendrai grâce, le salut de ma face est mon Dieu" (Ps 41, 6.12; 42, 5). Cet appel, répété deux fois dans notre Psaume, et une troisième fois dans le Psaume suivant, est une invitation adressée par l'orant à sa propre personne en vue de repousser la mélancolie grâce à la confiance en Dieu, qui se manifestera certainement à nouveau comme le Sauveur.


2. Mais revenons à l'image de départ du Psaume, sur laquelle il serait agréable de méditer sur un fond musical de chant grégorien ou bien sur le chef-d'oeuvre polyphonique qu'est le Sicut cervus, de Pierluigi da Palestrina. En effet, le cerf assoiffé est le symbole de l'orant qui tend de tout son être, corps et âme, vers le Seigneur ressenti dans le même temps comme lointain et nécessaire: "Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant" (Ps 41,3). En hébreu, une parole unique, nefesh, indique à la fois l'"âme" et la "gorge". Nous pouvons donc dire que l'âme et le corps de l'orant sont concernés par le désir primordial, spontané, substantiel de Dieu (cf. Ps Ps 62,2). Ce n'est pas un hasard s'il existe une longue tradition qui définit la prière comme un "souffle": elle est originelle, nécessaire, fondamentale comme le souffle vital.

Origène, un grand auteur chrétien du IIIème siècle, montrait que la recherche de Dieu de la part de l'homme est une entreprise qui n'est jamais terminée, car de nouveaux progrès sont toujours possibles et nécessaires. Dans une de ses homélies sur les Nombres, il écrit: "Ceux qui parcourent la voie de la recherche de la sagesse de Dieu ne construisent pas des maisons stables, mais des tentes mobiles, car ils vivent continuellement en voyage, progressant toujours en avant, et plus ils progressent, plus le chemin s'ouvre devant eux, en déployant un horizon qui se perd dans l'immensité" (Homélie XVII, In Numeros, GCS VII, 159-160).


3. Cherchons à présent à deviner la trame de cette supplication, que nous pourrions imaginer organisée en trois actes, dont deux se trouvent au sein de notre psaume, alors que le dernier s'ouvrira dans le psaume suivant, le 42, que nous prendrons en considération par la suite. La première scène (cf. Ps Ps 41,2-6) exprime la profonde nostalgie suscitée par le souvenir d'un passé rendu heureux par les belles célébrations liturgiques, désormais inaccessibles: "Oui, je me souviens, et mon âme sur moi s'épanche, je m'avançais sous le toit du Très-Grand, vers la maison de Dieu, parmi les cris de joie, l'action de grâces, la rumeur de la fête" (Ps 41,5).

"La maison de Dieu" avec sa liturgie est le temple de Jérusalem, que le fidèle fréquentait autrefois, mais c'est également le siège de l'intimité avec Dieu, "source d'eau vive", comme le chante Jérémie (Jr 2,13). A présent, l'unique eau qui affleure à ses yeux est celle des larmes (Ps 41,4) en raison de l'éloignement de la source de la vie. La prière de fête d'alors, élevée au Seigneur au cours du culte dans le temple, est à présent remplacée par les pleurs, par les gémissements, par l'imploration.

4. Un présent triste s'oppose hélas à ce passé joyeux et serein. Le psalmiste se trouve à présent loin de Sion: l'horizon qui l'entoure est celui de la Galilée, la région septentrionale de la Terre Sainte, comme le suggère la mention des sources du Jourdain, du sommet des Hermons, où ce fleuve prend naissance, et d'une autre montagne qui nous est inconnue, le Miçar (cf. Ps Ps 41,7). Nous nous trouvons donc plus ou moins dans la zone où se situent les cataractes du Jourdain, les cascades qui marquent le début du parcours de ce fleuve qui traverse toute la Terre promise. Ces eaux ne sont cependant pas désaltérantes comme celles de Sion. Aux yeux du psalmiste, elles sont plutôt semblables aux eaux chaotiques du déluge qui détruisent tout. Il les sent passer sur lui comme un torrent impétueux qui anéantit la vie: "la masse de tes flots et de tes ondes a passé sur moi" (Ps 41,8). Dans la Bible, en effet, le chaos et le mal, ainsi que le jugement divin, sont représentés comme un déluge qui engendre la destruction et la mort (Gn 6,5-8 Ps 68,2-3).


5. Cette irruption est définie par la suite dans sa valeur symbolique: ce sont les pervers, les adversaires de l'orant, peut-être même les païens, qui habitent dans cette région reculée où le fidèle est relégué. Ils méprisent le juste et se moquent de sa foi en lui demandant ironiquement: "Où est-il, ton Dieu?" (Ps 41,11 cf. Ps Ps 41,4). Celui-ci pose alors à Dieu une question pleine d'angoisse: "Pourquoi m'oublies-tu?" (Ps 41,10). Le "pourquoi" adressé au Seigneur, qui semble absent au jour de l'épreuve, est typique des supplications bibliques.

Face à ces lèvres sèches qui hurlent, face à cette âme tourmentée, à ce visage qui va être submergé par une mer de boue, Dieu pourra-t-il rester muet? Certainement pas! L'orant se remplit donc à nouveau d'espérance (cf. Ps Ps 41,6 Ps Ps 41,12). Le Troisième acte, contenu dans le Psaume suivant, le 42, sera une invocation confiante adressée à Dieu (Ps 42,1 Ps 42,2 Ps 42, Ps 42,3-4) et il utilisera des expressions joyeuses et reconnaissantes: "J'avancerai jusqu'à l'autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie".

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 16 janvier 2002, se trouvait le groupe suivant, auquel le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Ecole normale catholique de la rue Blomet, Paris.

Chers Frères et Soeurs,

Un cerf altéré, la gorge sèche, gémit dans le désert aride, cherchant les eaux fraîches d’un ruisseau. Véritable joyau de foi et de poésie, cette image bien connue ouvre le psaume 41, qu’il faut en vérité unir étroitement au suivant, le psaume 42.

La première scène du psaume exprime la profonde nostalgie des belles célébrations du Temple, désormais inaccessibles : «Je me souviens, et mon âme déborde : je conduisais vers la maison de mon Dieu la multitude en fête, parmi les cris de joie et les actions de grâce».

Malheureusement, le psalmiste se trouve maintenant loin de Sion, en Galilée, près des sources du Jourdain. Mais, à ses yeux, ces eaux ressemblent davantage à celles du déluge qui détruit tout: «La masse de tes flots et de tes vagues a passé sur moi». Au niveau symbolique, elles représentent ses adversaires, peut-être même les païens habitant la région, eux qui se moquent de sa foi et lui demandent ironiquement: «Où est-il ton Dieu ?» Et lui de lancer à Dieu sa question : «Pourquoi m’oublies-tu ?» Dieu pourrait-il rester muet devant ce cri? Certainement pas. Le psaume 42 le dira avec confiance : «J’avancerai jusqu’à l’autel de Dieu, vers Dieu qui est toute ma joie».
Je suis heureux de saluer les pèlerins de langue française présents à cette audience, spécialement le groupe de l’Ecole Normale Catholique Blomet, de Paris.

Que votre pèlerinage renouvelle en vous la confiance en l’amour de Dieu, pour que vous soyez témoins de sa miséricorde et artisans de paix ! A tous, j’accorde de grand coeur la Bénédiction apostolique.




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