Catéchèses S. J-Paul II 10072

Mercredi 10 juillet 2002: Da 3 Chaque créature loue le Seigneur

10072 Lecture: (Da 3,57-59 Da 3,84-87 Da 3,56)

1. Dans le chapitre 3 du livre de Daniel est insérée une lumineuse prière sous forme de litanie, un véritable Cantique des créatures que la Liturgie des Laudes nous propose à plusieurs reprises, en divers fragments.

Nous venons à présent d'en écouter la partie fondamentale, un choeur cosmique grandiose, encadré par deux antiennes qui le résument: "Vous toutes, oeuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur: chantez-le, exaltez-le éternellement... Béni sois-tu dans le firmament du ciel, chanté, glorifié éternellement" (Da 3,56 Da 3,68).

Entre ces deux acclamations se trouve une hymne solennelle de louange, qui s'exprime par l'invitation répétée: "Bénissez": de prime abord, il s'agit seulement d'une invitation à bénir Dieu qui est adressée à la création tout entière; en réalité, il s'agit d'un chant de remerciement que les fidèles élèvent au Seigneur, pour toutes les merveilles de l'univers. L'homme devient la voix de toute la création pour louer et rendre grâce à Dieu.


2. Cette hymne, chantée par trois jeunes juifs qui invitent toutes les créatures à louer Dieu, débouche sur une situation dramatique. Les trois jeunes, poursuivis par le souverain babylonien, se trouvent plongés dans une fournaise ardente en raison de leur foi. Pourtant, même s'ils vont subir le martyre, ils n'hésitent pas à chanter, à se réjouir, à louer. La douleur âpre et violente de l'épreuve disparaît, semble presque se dissoudre en présence de la prière et de la contemplation. C'est précisément cette attitude d'abandon confiant qui suscite l'intervention de Dieu.

En effet, comme l'atteste de façon suggestive le récit de Daniel, "l'ange du Seigneur descendit dans la fournaise auprès d'Azarias et de ses compagnons; il repoussa en dehors la flamme du feu et il leur souffla, au milieu de la fournaise, comme une fraîcheur de brise et de rosée, si bien que le feu ne les toucha aucunement et ne leur causa ni douleur ni angoisse" (Da 3,49-50). Les cauchemars se dissolvent comme brume au soleil, les peurs s'évanouissent, la souffrance est effacée lorsque tout l'être humain devient louange et confiance, attente et espérance. Telle est la force de la prière quand elle est pure, intense, emplie d'abandon à Dieu, qui est providentiel et rédempteur.

3. Le Cantique des trois jeunes fait défiler devant nos yeux une sorte de procession cosmique, qui part du ciel peuplé d'anges, où brillent également le soleil, la lune et les étoiles. D'en haut, Dieu diffuse sur la terre le don des eaux qui sont au-dessus du ciel (cf. Dn Da 3,60), c'est-à-dire les pluies et les rosées (cf. Dn Da 3,64).

Voilà cependant que soufflent également les vents, qu'explosent les éclairs et que font irruption les saisons avec la chaleur et le gel, avec l'ardeur de l'été, mais également le givre, la glace, la neige (cf. Dn Da 3,65-70 Dn Da 3,73). Le poète inclut également le rythme du temps au chant de louange, le jour et la nuit, la lumière et les ténèbres (cf. Dn Da 3,71-72). A la fin, le regard se pose également sur la terre, en partant des sommets des montagnes, des réalités qui semblent relier le ciel et la terre (cf. Dn Da 3,74-75).

C'est alors que s'unissent à la louange de Dieu les créatures végétales qui germent sur la terre (cf. Dn Da 3,76), les sources qui apportent vie et fraîcheur, les mers et les fleuves avec leurs eaux abondantes et mystérieuses (cf. Dn Da 3,77-78). En effet, le poète évoque également les "monstres marins" aux côtés des poissons (cf. Dn Da 3,79), comme signe du chaos aquatique primordial auquel Dieu a imposé des limites à observer (cf. Ps Ps 92,3-4 Jb 38,8-11 Jb 40, 15-41, Jb 26).

C'est ensuite le tour du vaste règne animal dans sa variété, qui vit et qui évolue dans les eaux, sur la terre et dans les cieux (cf. Dn Da 3,80-81).


4. Le dernier acteur de la création qui entre en scène est l'homme. Le regard s'étend tout d'abord à tous les "enfants de l'homme" (cf. Dn Da 3,82); puis l'attention se concentre sur Israël, le peuple de Dieu (cf. Dn Da 3,83); c'est ensuite le tour de ceux qui sont pleinement consacrés à Dieu non seulement comme prêtres (cf. v. 84), mais également comme témoins de la foi, de la justice et de la vérité. Ce sont les "serviteurs du Seigneur", les "esprits et les âmes des justes", les "saints et les humbles de coeur" et, parmi eux, apparaissent les trois jeunes, Ananias, Azarias et Misaël, qui se sont faits la voix de toutes les créatures, dans une louange universelle et éternelle (cf. Dn Da 3,85-88).

Les trois verbes de la glorification divine ont constamment retenti, comme dans une litanie: "Bénissez, chantez, exaltez" le Seigneur. Telle est l'âme authentique de la prière et du chant: célébrer le Seigneur sans relâche, dans la joie d'appartenir à un choeur qui comprend toutes les créatures.


5. Nous voudrions conclure notre méditation en laissant la parole aux Pères de l'Eglise, tels qu'Origène, Hyppolite, Basile de Césarée, Ambroise de Milan, qui ont commenté le récit des sept jours de la création (cf. Gn Gn 1, 1-2, 4a), précisément en relation avec le Cantique des trois jeunes gens.

Nous nous limiterons à reprendre le commentaire de saint Ambroise, lequel, en se référant au quatrième jour de la création (cf. Gn Gn 1,14-19), imagine que la terre parle et, en discourant du soleil, trouve toutes les créatures unies dans la louange à Dieu: "Le soleil est vraiment bon, car il est utile, il aide ma fécondité, il alimente mes fruits. Il m'a été donné pour mon bien, il est soumis avec moi à la même oeuvre. Il gémit avec moi, pour que vienne le temps de l'adoption des fils et de la rédemption du genre humain, afin que nous puissions nous aussi être libérés de l'esclavage. A mes côtés, avec moi, il loue le Créateur, avec moi, il élève une hymne au Seigneur notre Dieu. Là où le soleil bénit, la terre bénit, les arbres fruitiers bénissent, les animaux bénissent, les oiseaux bénissent avec moi" (Les six jours de la création, SAEMO, I, Milan-Rome 1977-1994, PP 192-193).

Personne n'est exclu de la bénédiction du Seigneur, pas même les monstres marins (cf. Dn Da 3,79). En effet, saint Ambroise poursuit: "Même les serpents louent le Seigneur, car leur nature et leur aspect révèlent à nos yeux une certaine beauté et ils montrent qu'ils ont une justification" (ibid. , pp. PP 103-104).

A plus forte raison, nous qui sommes des êtres humains, nous devons ajouter à ce concert de louange notre voix heureuse et confiante, accompagnée par une vie cohérente et fidèle.

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 10 juillet 2002, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Jeunes de la paroisse de Cavaillon; Collège Saint-François de Sales, de Dijon; groupe de Cholet.

Chers frères et soeurs,

Le cantique de Daniel est une hymne joyeuse d’action de grâce pour les merveilles du Seigneur, un chant de bénédiction auquel toutes les créatures sont invitées à s’associer. A l’homme il revient de manière éminente d’être la voix de la création qui loue et remercie Dieu de ses libéralités et de sa bonté. Puissions-nous, à l’exemple de Daniel et de ses compagnons, participer à ce concert de louange, tant par le chant qui jaillit de nos lèvres que par le témoignage d’une vie cohérente et fidèle !

Je suis heureux d’accueillir les francophones présents ce matin, parmi lesquels des pèlerins de Cholet et des jeunes de Cavaillon et de Dijon. Puisse votre séjour affermir votre foi et faire de vous des témoins de l’Evangile ! Avec la Bénédiction apostolique.

 

Mercredi 17 juillet 2002: Ps 148 Glorification de Dieu, Seigneur et Créateur

17072
  Lecture: (Ps 148,1-6)


1. Le Psaume 148 qui vient de s'élever vers Dieu constitue un véritable "cantique des créatures", une sorte de Te Deum de l'Ancien Testament, un alléluia cosmique qui entraîne tout et tous dans la louange divine.

Un exégète contemporain le commente ainsi: "Le psalmiste, en les appelant par leur nom, place les êtres dans l'ordre: dans le ciel, deux astres selon le moment, et les étoiles à part; d'un côté, les arbres fruitiers, de l'autre, les cèdres; sur un plan, les reptiles, et sur un autre, les oiseaux; ici, les princes et là, les peuples; sur deux rangs, se donnant peut-être la main, de jeunes garçons et de jeunes filles... Dieu les a établis en leur donnant une place et une fonction; l'homme les accueille, en leur donnant une place dans son langage, et ainsi disposés, il les conduit à la célébration liturgique. L'homme est le "pasteur de l'être" ou le liturgiste de la création" (L. Alonso Schökel, Trente psaumes: poésie et prière, Bologne 1982, p. 499).

Nous suivons nous aussi ce choeur universel, qui retentit dans l'abside du ciel et qui a pour temple le cosmos tout entier. Laissons-nous conquérir par le souffle de la louange que toutes les créatures élèvent à leur Créateur.


2. Dans le ciel, nous trouvons les poètes de l'univers stellaire: les astres les plus lointains, les groupes d'anges, le soleil et la lune, les étoiles brillantes, les "cieux des cieux" (cf. Ps Ps 148,4), c'est-à-dire l'espace interstellaire, les eaux supérieures que l'homme de la Bible imagine conservées dans des réservoirs avant de se déverser sous forme de pluie.

L'alleluia, c'est-à-dire l'invitation à "louer le Seigneur", retentit au moins huit fois et a pour objectif final l'ordre et l'harmonie des êtres célestes: "Il les posa [...] sous une loi qui jamais ne passera" (Ps 148,6).

Le regard se tourne ensuite vers l'horizon terrestre où se déroule une procession de poètes, au moins vingt-deux, c'est-à-dire une sorte d'alphabet de louange, disséminé sur notre planète. Voilà les monstres marins et les abîmes, symboles du chaos aquatique sur lequel la terre est fondée (cf. Ps Ps 23,2), selon la conception cosmologique des anciens sémites.

Le Père de l'Eglise, saint Basile, observait: "Même les abîmes ne furent pas jugés méprisables par le Psalmiste, qui les a accueillis dans le choeur général de la création; au contraire, avec un langage qui leur est propre, ils complètent eux aussi harmonieusement l'hymne au Créateur" (Homiliae in hexameron, III. 9: ).


3. La procession se poursuit avec les créatures de l'atmosphère: le feu des éclairs, la grêle, la neige, le brouillard et le vent d'ouragan, considéré comme un messager rapide de Dieu (cf. Ps Ps 148,8).

Arrivent ensuite les montagnes et les collines, considérées par la tradition populaire comme les créatures les plus antiques de la terre (cf. Ps Ps 148,9). Le règne végétal est représenté par les arbres fruitiers et les cèdres (cf. Ps Ps 148,9). Le monde animal est en revanche représenté par les fauves, le bétail, les reptiles et les oiseaux (cf. Ps Ps 148,10).

Voilà enfin l'homme qui préside la liturgie de la création. Il est présenté à tous les âges et sous toutes ses formes: enfants, jeunes et personnes âgées, rois et populations (cf. Ps Ps 148,11-12).

4. Nous confions à présent à saint Jean Chrysostome la tâche de jeter un regard d'ensemble sur cet immense choeur. Il le fait à travers des paroles qui renvoient également au Cantique des trois jeunes gens dans la fournaise ardente, sur lequel nous avons médité lors de la dernière catéchèse.
Cet éminent Père de l'Eglise et Patriarche de Constantinople affirmait: "En raison de leur grande rectitude d'âme, les saints, lorsqu'ils s'apprêtent à rendre grâce à Dieu, ont l'habitude d'appeler de nombreuses créatures à participer à leur louange, en les exhortant à entreprendre avec eux cette belle liturgie. C'est également ce que firent les trois jeunes gens dans la fournaise, lorsqu'ils appelèrent toute la création à rendre grâce pour les bienfaits reçus et à chanter des hymnes à Dieu (Da 3). C'est également ce que fait ce Psaume, en interpellant les deux parties du monde, celle qui se trouve en haut et celle qui se trouve en bas, la partie sensible et la partie intelligible. Le prophète Isaïe fit également la même chose, lorsqu'il dit: "Cieux criez de joie, terre exulte, que les montagnes poussent des cris, car Yahvé a consolé son peuple" (Is 49,13). Et le Psautier s'exprime de nouveau ainsi: "Lorsque Israël sortit d'Egypte, que la maison de Jacob sortit d'un peuple barbare, les montagnes sautillèrent comme des béliers et les collines comme les agneaux d'un troupeau" (Ps 113,1 Ps 113,4). Et ailleurs, dans Isaïe: "Que les nuages déversent la justice" (Is 45,8). En effet, les saints considérant qu'ils ne suffisaient pas à eux seuls pour louer le Seigneur, se tournent de tous les côtés en interpellant chacun pour participer à l'hymne commun" (Expositio in psalmum CXLVIII: PG55, 484-485).


5. Nous sommes invités nous aussi à nous associer à cet immense choeur, en devenant la voix explicite de chaque créature et en louant Dieu dans les deux dimensions fondamentales de son mystère. D'un côté, nous devons adorer sa grandeur transcendante, car "sublime est son nom, lui seul, sa majesté par dessus terre et ciel!", comme le dit notre Psaume (Ps 148,13). De l'autre côté, nous reconnaissons sa bonté pleine de bienveillance, car Dieu est proche de ses créatures et il vient en particulier en aide à son peuple: "Il rehausse la vigueur de son peuple... le peuple de ses proches" (Ps 148,14), comme l'affirme encore le Psalmiste.

Face au Créateur tout-puissant et miséricordieux, recueillons alors l'invitation de saint Augustin à le louer, à l'exalter, à le célébrer à travers ses oeuvres: "A la vue de ces créatures, tu es ravi, tu t'élèves jusqu'au Créateur, la vue des créatures visibles t'élève jusqu'aux créatures invisibles. Alors sa confession est sur la terre et aussi dans le Ciel... Si ses oeuvres sont belles, combien est plus grande la beauté du Créateur?" (Ennarationes sur les Psaumes, IV, Rome 1977, PP 887-889).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 17 juillet 2002, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français:

De France: Groupe de jeunes du Doyenné d'Orthez-Salies; groupe de jeunes de la paroisse de Gueugnon.

Chers Frères et Soeurs,

Ce psaume festif invite chaque croyant à s’associer à la louange universelle que toutes les créatures font monter vers leur Créateur. L’homme est en effet appelé à célébrer Dieu en contemplant la création. «Si ses oeuvres sont belles, combien est plus grande la beauté du Créateur ?», dira saint Augustin. En adorant la majesté de Dieu, le fidèle le vénère comme le Seigneur de l’univers. En reconnaissant sa bonté à travers la création tout entière, l’homme loue le Dieu miséricordieux, proche de ses créatures, en particulier de son peuple.

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins francophones, notamment aux groupes de jeunes. Que ce temps de vacances vous permette de contempler les beautés de la création, pour y reconnaître l’amour de Dieu à l’oeuvre dans le monde ! Avec la Bénédiction apostolique.



Mercredi 7 août 2002

7802 1. Dimanche dernier, lors de l'Angelus, j'ai voulu retourner en esprit à Toronto, où s'est déroulée la XVII Journée mondiale de la Jeunesse. Aujourd'hui, je voudrais m'arrêter sur les étapes suivantes de mon voyage apostolique au Guatemala et au Mexique, où le Seigneur m'a donné la joie de proclamer saints et bienheureux d'illustres fils du continent américain.

Je ressens tout d'abord le besoin de renouveler ma vive reconnaissance aux Autorités politiques, administratives et militaires et à tous les organismes institutionnels de chaque pays, pour l'accueil et l'hospitalité qui m'ont été réservées, ainsi qu'à mes collaborateurs.

Ma pensée reconnaissante s'étend aux évêques, aux prêtres, aux religieux et aux religieuses, aux volontaires et aux familles qui, avec une généreuse disponibilité, se sont prodigués pour accueillir les pèlerins et pour faire en sorte que tout se déroule de la meilleure des façons. La contribution de tous a permis que chaque étape de mon pèlerinage se distingue par un climat spirituel de joie et de fête. Mais mes remerciements les plus profonds et les plus affectueux vont au peuple chrétien qui est accouru en très grand nombre pour me rencontrer au Guatemala et au Mexique. A travers l'intense participation de ces frères et soeurs, j'ai pu ressentir la foi qui les anime, leur attachement filial au Successeur de Pierre et l'enthousiasme de leur appartenance à l'Eglise catholique.

2. L'occasion de ma visite dans la ville de Guatemala a été la canonisation de Frère Pedro de san José de Betancur qui, originaire de Tenerife, franchit l'océan pour aller évangéliser les pauvres et les autochtones à Cuba, puis au Honduras, et enfin au Guatemala, qu'il aimait appeler sa "terre promise". Ce fut un homme d'intense prière et un apôtre courageux de la miséricorde divine. Dans la contemplation des mystères de Bethléem et du Calvaire, il trouva l'énergie pour son ministère. La prière devint la source de son zèle et de son courage apostolique. Humble et austère, il sut reconnaître dans ses frères, en particulier les plus démunis, le visage du Christ, et pour quiconque se trouvait dans le besoin, il fut "un homme qui se fit charité". Son exemple est une invitation à pratiquer l'amour miséricordieux envers nos frères, en particulier les plus démunis. Que son intercession inspire et soutienne les croyants du Guatemala et du monde entier à ouvrir leur coeur au Christ et à leurs frères.

3. La dernière étape de mon pèlerinage a été la ville de Mexico où, dans la basilique de Guadalupe, à deux reprises, j'ai eu la joie d'élever aux honneurs des autels trois fils de cette terre qui m'est chère: saint Juan Diego, l'autochtone auquel la Vierge apparut sur la colline de Tepeyac; les bienheureux Juan Bautista et Jacinto de los Angeles qui, en l'an 1700, versèrent leur sang pour rester fidèles au baptême et à l'Eglise catholique.

Juan Diego, premier indien à être canonisé, fut un homme d'une grande simplicité, humble et généreux. Il est intimement lié à la Vierge de Guadalupe, dont le visage métis manifeste un tendre amour maternel pour tous les Mexicains. L'événement de Guadalupe a constitué le point de départ de l'évangélisation au Mexique, un modèle d'évangélisation parfaitement inculturée, qui montre comment le message chrétien peut être entendu sans pour autant renoncer à sa propre culture.

Les bienheureux Juan Bautista et Jacinto de los Angeles sont le fruit de la sainteté de la première évangélisation parmi les indios zapotèques. Pères de famille d'une grande intégrité, ils surent assumer leurs devoirs en s'inspirant toujours des enseignements de l'Evangile, sans abandonner la culture autochtone traditionnelle. Leur existence constitue un modèle exemplaire de la façon d'arriver aux sommets de la sainteté, tout en restant fidèle à la culture ancestrale, illuminée par la grâce rénovatrice du Christ.

Que ces fidèles disciples du Christ, manifestant une grande dévotion filiale pour Marie, la Vierge de Guadalupe, Mère et Reine de l'Amérique, dont le souvenir a constamment accompagné ma visite pastorale, soutiennent l'élan missionnaire des croyants en Amérique au service de la nouvelle évangélisation. Qu'ils soient pour tout le Peuple de Dieu un encouragement à construire une humanité nouvelle qui s'inspire des valeurs éternelles de l'Evangile.

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Je salue cordialement les pèlerins francophones. Que les fidèles disciples du Christ que nous venons d’évoquer soient pour le peuple de Dieu tout entier un encouragement à construire une humanité nouvelle, enracinée dans les valeurs de l’Évangile! Avec la Bénédiction apostolique.



Mercredi 21 août 2002

21082 1. Je reviens aujourd'hui en pensée au huitième voyage dans ma terre natale, que la Divine Providence m'a donné d'accomplir avec joie ces jours derniers.

Je renouvelle l'expression de ma gratitude au Président de la République de Pologne, au Premier ministre, aux représentants des autorités civiles et militaires de toute catégorie et de tout niveau, ainsi qu'à ceux de la ville de Cracovie, qui ont permis que ma visite se déroule sereinement. Ma pensée cordiale s'adresse également au Primat, le Cardinal Józef Glemp, à l'Archevêque de Cracovie, le Cardinal Franciszek Macharski, à tout l'épiscopat, aux prêtres, aux personnes consacrées et à ceux qui ont préparé cet important événement ecclésial, et qui y ont pris part avec foi et dévotion.

C'est surtout à mes très chers compatriotes que j'entends envoyer mon remerciement le plus chaleureux pour m'avoir accueilli en grand nombre, avec une affection émouvante et une intense participation. La visite s'est déroulée seulement dans un diocèse, mais j'ai embrassé en esprit toute la Pologne, à laquelle je souhaite de poursuivre son effort pour édifier l'authentique progrès social, en ne manquant jamais de protéger fidèlement son identité chrétienne.

2. "Dieu, qui est riche en miséricorde" (
Ep 2,4). Ces paroles ont souvent retenti au cours de mon pèlerinage apostolique. En effet, l'objectif principal de ma visite a précisément été celui d'annoncer encore une fois Dieu "riche de miséricorde", en particulier au cours de la consécration du nouveau Sanctuaire de la Divine Miséricorde à Lagiewniki. Le nouveau temple constituera un centre de rayonnement mondial du feu de la miséricorde de Dieu, selon ce que le Seigneur voulut manifester à sainte Faustyna Kowalska, Apôtre de la Divine Miséricorde.

"Jésus, j'ai confiance en toi!": telle est la prière simple que nous a enseignée soeur Faustyna et qu'à chaque instant de la vie, nous pouvons avoir sur les lèvres. Combien de fois moi aussi, en tant qu'ouvrier et étudiant, puis en tant que prêtre et évêque, à des périodes difficiles de l'histoire de la Pologne, ai-je répété cette simple invocation, en constatant son efficacité et sa force.

La miséricorde est l'une des plus belles qualités du Créateur et du Rédempteur et l'Eglise vit pour rapprocher les hommes de cette source intarissable, dont elle est la dépositaire et la dispensatrice. Voilà pourquoi j'ai voulu confier à la Divine Miséricorde ma patrie, l'Eglise et l'humanité tout entière.

3. L'amour miséricordieux de Dieu ouvre le coeur à des actes concrets de charité envers le prochain. Il en a été ainsi pour Monseigneur Zygmunt Szczesny Felinski, le Père Jan Beyzym, Soeur Sancja Szymkowiak et dom Jan Balicki, que j'ai eu la joie de proclamer bienheureux au cours de la Messe célébrée à Cracovie, dans le Parc Blonia, dimanche dernier.

J'ai voulu indiquer ces nouveaux bienheureux au peuple chrétien, afin que leurs paroles et leur exemple constituent un élan et un encouragement à témoigner, à travers les faits, de l'amour miséricordieux du Seigneur qui vainc le mal par le bien (cf. Rm Rm 12,21). Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible d'édifier la civilisation de l'amour désirée, dont la force douce s'oppose avec vigueur au mysterium iniquitatis présent dans le monde. C'est à nous, disciples du Christ, que revient la tâche de proclamer et de vivre le profond mystère de la Miséricorde Divine qui régénère le monde, en nous poussant à aimer nos frères et même nos ennemis. Ces bienheureux, ainsi que les autres saints, sont des exemples lumineux de la façon dont l'"imagination de la charité", dont j'ai parlé dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, nous permet d'être proches et solidaires de ceux qui souffrent (cf. NM NM 50), artisans d'un monde renouvelé par l'amour.

4. Mon pèlerinage m'a ensuite conduit à Kalwaria Zebrzydowska, pour rappeler les 400 ans du Sanctuaire consacré à la Passion de Jésus et à la Madone des Douleurs. Je suis lié à ce lieu depuis mon enfance. De nombreuses fois, j'y ai fait l'expérience de la façon dont la Mère de Dieu tourne son regard plein de miséricorde vers l'homme dans l'affliction, qui a besoin de sa sagesse et de son aide à Elle, Notre-Dame des Grâces.

Après Czestochowa, il s'agit de l'un des sanctuaires les plus connus et fréquentés de toute la Pologne, auquel se rendent également des fidèles des pays voisins. Après avoir parcouru les sentiers de la Via Crucis et de la Compassion de la Mère de Dieu, les pèlerins s'arrêtent devant l'image antique et empreinte de douleur de Marie notre Avocate, qui les accueille les yeux plein d'amour. En se tenant à ses côtés, on peut percevoir et pénétrer le lien mystérieux entre la "passion" du Rédempteur sur le Calvaire et la "compassion" de sa Mère au pied de la Croix. Dans cette communion d'amour dans la souffrance, il est difficile de ne pas voir la source de la force d'intercession que la prière de la Vierge possède pour nous ses enfants.

Nous demandons à la Madone d'allumer dans nos coeurs l'étincelle de la grâce de Dieu, en nous aidant à transmettre au monde le feu de la Divine Miséricorde. Que ce soit Marie qui obtienne pour tous le don de l'unité et de la paix: l'unité de la foi, l'unité de l'esprit et de la pensée, l'unité des familles; la paix des coeurs, la paix des nations et du monde, dans l'attente du retour glorieux du Christ.

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, leur souhaitant d’heureuses vacances, et je les encourage à prier avec confiance le Seigneur miséricordieux.


Mercredi 28 août 2002: Ps 83 Chanter la grandeur du Temple du Seigneur où se trouvent la lumière, la vie, la joie

28082 Lecture: (Ps 83,2-3 Ps 83,5-6 Ps 83,9-10)

1. Notre itinéraire à travers les Psaumes de la Liturgie des Laudes se poursuit. Nous venons d'écouter le Psaume 83, attribué par la tradition juive "aux fils de Coré", une famille de prêtres qui s'occupait du service liturgique et qui gardait l'entrée de la tente de l'arche de l'Alliance (cf. 1Ch 9,19).

Il s'agit d'un chant très doux, parcouru par un souffle mystique envers le Dieu de la vie, célébré à plusieurs reprises (cf. Ps Ps 83,2 Ps Ps 83,4 Ps Ps 83,9 Ps Ps 83,13) sous le titre de "Yahvé Sabaot", c'est-à-dire le Seigneur des étoiles, et donc du cosmos. D'autre part, ce titre avait un lien particulier avec l'arche conservée dans le Temple, qui était appelée "l'arche de Yahvé Sabaot, qui siège sur les chérubins" (1S 4,4 cf. Ps Ps 79,2). Celle-ci était en effet perçue comme le signe de la protection divine lors des jours de danger et de la guerre (cf. 1S 4,3-5 2S 11,11).

La toile de fond de tout le Psaume est représentée par le temple vers lequel se dirige le pèlerinage des fidèles. La saison semble être l'automne car l'on parle de la "pluie d'automne" qui apaise les brûlures de l'été (cf. Ps Ps 83,7). On pourrait donc penser au pèlerinage vers Sion pour la troisième fête principale de l'année juive, celle des Tentes, souvenir de la pérégrination d'Israël dans le désert.

2. Le temple est présent avec toute la fascination qu'il exerce au début et à la fin du Psaume. En ouverture (cf. Ps Ps 83,2-4), nous trouvons l'image admirable et délicate des oiseaux qui ont installé leur nid dans le sanctuaire, privilège enviable.

Il s'agit d'une représentation du bonheur de ceux qui - comme les prêtres du temple - ont une résidence fixe dans la Maison de Dieu, jouissant de son intimité et de sa paix. Tout l'être du croyant est en effet tendu vers le Seigneur, poussé par un désir presque physique et instinctif: "Mon âme soupire et languit après le parvis de Yahvé, mon coeur et ma chair crient de joie vers le Dieu vivant" (Ps 83,3). Le temple réapparaît ensuite à la fin du Psaume (cf. Ps Ps 83,11-13). Le pèlerin exprime son grand bonheur de passer quelque temps sur le parvis de la Maison de Dieu et il oppose ce bonheur spirituel à l'illusion de l'idolâtrie, qui pousse vers "la tente de l'impie", c'est-à-dire les temples infâmes de l'injustice et de la perversion.

3. Ce n'est que dans le sanctuaire du Dieu vivant que se trouve la lumière, la vie, la joie et qu'"est heureux qui se fie" au Seigneur, en choisissant la voie de la rectitude (cf. Ps Ps 83,12-13).

L'image du chemin nous conduit au centre du Psaume (cf. Ps Ps 83,5-9), où se déroule un autre pèlerinage plus significatif. Si celui qui habite dans le temple de façon stable est heureux, celui qui décide d'entreprendre un voyage de foi vers Jérusalem est encore plus heureux.

Les Pères de l'Eglise, dans leurs commentaires au Psaume 83, accordent eux aussi une importance particulière au verset (Ps 83,6): "Heureux les hommes dont la force est en toi, qui gardent au coeur les montées". Les anciennes traductions du Psautier parlaient de la décision d'accomplir les "ascensions" vers la ville sainte. C'est pourquoi, pour les Pères, le pèlerinage à Sion devenait le symbole du progrès permanent des justes vers les "tentes éternelles", où Dieu accueille ses amis dans la pleine joie (cf. Lc Lc 16,9).

Nous voudrions nous arrêter un moment sur cette "ascension" mystique, qui trouve dans le pèlerinage terrestre une image et un signe. Et nous le ferons à travers les paroles d'un écrivain chrétien du VII siècle, abbé du monastère du Sinaï.

4. Il s'agit de Jean Climaque, qui a consacré un traité tout entier - L'échelle du Paradis - à l'illustration des degrés innombrables par lesquels s'élève la vie spirituelle. A la fin de son oeuvre, il donne la parole à la charité elle-même, placée au sommet de l'échelle du progrès spirituel.

C'est elle qui invite et qui exhorte, en proposant des sentiments et des attitudes déjà suggérés par notre Psaume: "Montez, frères, montez. Cultivez dans votre coeur, frères, le vif désir de monter toujours (cf. Ps Ps 83,6). Ecoutez l'Ecriture qui invite: "Venez, montons à la montagne de Yahvé, à la maison du Dieu de Jacob" (Is 2,3), qui rendit nos pieds rapides comme ceux d'un cerf et qui nous donna pour objectif un lieu sublime, afin qu'en suivant ses voies nous puissions vaincre (cf. Ps Ps 17,33). Pressons-nous donc - comme il est écrit - tant que nous n'aurons pas tous rencontré dans l'unité de la foi le visage de Dieu et que, après l'avoir reconnu, nous n'aurons pas rejoint l'homme parfait dans la pleine maturité de l'âge du Christ (cf. Ep Ep 4,13)" (L'échelle du Paradis, Rome 1989, p. 355).

5. Le Psalmiste pense tout d'abord au pèlerinage concret qui conduit à Sion à partir de diverses localités de la Terre Sainte. La pluie qui tombe lui semble une anticipation joyeuse des bénédictions qui l'envelopperont comme un manteau (cf. Ps Ps 83,7) lorsqu'il sera devant le Seigneur dans le temple (cf. Ps Ps 83,8). Le voyage fatigant à travers "le val des pleurs" (cf. Ps Ps 83,7) est transfiguré par la certitude que l'objectif est Dieu, celui qui donne la force (cf. Ps Ps 83,8), qui écoute la supplication des fidèles (cf. Ps Ps 83,9) et devient son "bouclier" protecteur (cf. Ps Ps 83,10).

C'est précisément sous cette lumière que le pèlerinage concret se transforme - comme les Pères en avaient eu l'intuition - en une parabole de la vie tout entière, tendue entre l'éloignement et l'intimité avec Dieu, entre le mystère et la révélation. Même dans le désert de l'existence quotidienne, les six jours de travail de la semaine sont fécondés, illuminés et sanctifiés par la rencontre avec Dieu le septième jour à travers la liturgie et la prière de la rencontre dominicale.

Nous marchons alors, même lorsque nous nous trouvons dans le "val des pleurs", en gardant le regard fixé vers cet objectif lumineux de paix et de communion. Nous aussi nous répétons dans notre coeur la béatitude finale, semblable à une antienne qui scelle le Psaume: "Yahvé Sabaot, heureux qui se fie en toi!" (Ps 83,13).
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le groupe de l’Union nationale des Combattants de l’Afrique du Nord, venu des Vosges, ainsi que les jeunes venus du Liban. Je souhaite à tous un bon pèlerinage et je les bénis de grand coeur.

A l'issue de l'Audience générale du 28 août, le Saint-Père ajoutait les paroles suivantes:

Au cours de ces dernières semaines le mauvais temps s'est abattu sur plusieurs régions d'Europe et d'Asie, provoquant des dégâts importants. En Chine centrale, en particulier, des millions de personnes doivent faire face à de terribles difficultés. En République tchèque et en Allemagne, les populations, frappées par des inondations catastrophiques, s'apprêtent à un long travail de reconstruction. Alors que j'assure chacun de ma proximité dans l'affection et dans la prière, j'encourage et je bénis la course à la solidarité entre les nations et entre les populations victimes de ces douloureux événements.




Catéchèses S. J-Paul II 10072