Catéchèses S. J-Paul II 27083

Mercredi 27 août 2003 Jean-Paul I: maître de foi limpide dont l'humilité et l'optimisme sont un message d'espérance

27083 1. Le samedi 26 août 1978, tard dans la soirée, mon vénéré prédécesseur Jean-Paul I fut élu Souverain Pontife. C'était hier le vingt-cinquième anniversaire de cet événement.

Je repense aujourd'hui avec une profonde émotion à ces moments que j'ai eu la joie de vivre. Je me rappelle combien ses paroles touchèrent profondément le coeur des personnes qui se pressaient sur la Place Saint-Pierre. Dès sa première apparition sur la Loggia centrale de la Basilique Vaticane, s'établit avec les personnes présentes un courant de sympathie spontanée. Son visage souriant, son regard confiant et ouvert conquirent le coeur des romains et des fidèles du monde entier.

Il provenait de l'illustre communauté ecclésiale de Venise, qui avait déjà donné à l'Eglise, au XX siècle, deux grands Souverains Pontifes: Saint Pie X, dont nous commémorons précisément cette année le centenaire de l'élection au trône pontifical, et le Bienheureux Jean XXIII, dont nous avons rappelé en juin le quarantième anniversaire de la mort.

2. "Nous nous abandonnons avec confiance à l'assistance du Seigneur", dit le nouveau Pape dans son premier radio-message. Il fut avant tout un maître de foi limpide, sans concessions aux modes passagères et de ce monde. Il cherchait à adapter ses enseignements à la sensibilité des personnes, mais en conservant toujours la clarté de la doctrine et la cohérence de son application à la vie.

Mais quel était le secret de ce charisme, si ce n'est le contact ininterrompu avec le Seigneur? "Tu le sais. Avec Toi je m'efforce de conserver un dialogue permanent", avait-il noté dans l'un de ses écrits sous forme de lettre à Jésus: "L'important est qu'on imite le Christ et qu'on l'aime": voilà la vérité qui, traduite dans la vie vécue, fait en sorte que "le christianisme et la joie aillent bien ensemble".

3. Au lendemain de son élection, lors de l'Angelus du dimanche 27 août, après avoir rappelé ses prédécesseurs, le nouveau Pape dit: "Je n'ai ni la sapientia cordis du Pape Jean, ni la préparation et la culture du Pape Paul, je suis pourtant à leur place. Je dois chercher à servir l'Eglise".

Il était très lié aux deux Papes qui l'avaient précédé. Face à eux, il se faisait petit, manifestant cette humilité qui constitua toujours pour lui la première règle de vie. L'humilité et l'optimisme furent la caractéristique de son existence. C'est précisément grâce à ces qualités qu'Il laissa, au cours de son bref passage parmi nous, un message d'espérance qui fut accueilli dans d'aussi nombreux coeurs. "Être optimistes malgré tout", aimait-il répéter. "La confiance en Dieu doit être le pivot de nos pensées et de nos actions". Et il observait avec un réalisme animé par la foi: "Les principaux personnages de notre vie sont deux: Dieu et chacun de nous".

4. Sa parole et sa personne étaient entrées dans l'âme de tous, et c'est pourquoi la nouvelle de sa mort soudaine, survenue dans la nuit du 28 septembre 1978, fut bouleversante. Le sourire d'un Pasteur proche des gens, qui avec sérénité et équilibre savait dialoguer avec la culture et avec le monde, s'éteignait.

Les quelques discours et écrits qu'il nous a laissés en tant que Pape, enrichissent le recueil important de ses textes qui, à vingt-cinq ans de sa mort, conservent une actualité surprenante. Il avait dit une fois: "Le progrès avec des hommes qui s'aiment, qui se considèrent comme des frères et des fils de l'unique Dieu le Père, peut être une chose merveilleuse. Le progrès avec des hommes qui ne reconnaissent pas en Dieu un unique Père, devient un danger permanent". Que de vérité dans ces paroles, utiles également pour les hommes de notre époque!

5. Que l'humanité sache accueillir un avertissement aussi sage et éteindre les multiples foyers de haine et de violence présents dans de nombreuses parties de la Terre, afin d'édifier dans la concorde un monde plus juste et solidaire!

Par l'intercession de Marie, dont Jean-Paul I se professa toujours le fils tendre et dévoué, prions le Seigneur afin qu'il accueille dans son royaume de paix et de joie son fidèle Serviteur. Nous prions également afin que son enseignement, qui affronte le caractère concret des situations quotidiennes, soit une lumière pour les croyants et pour chaque personne de bonne volonté.
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Je salue avec joie les pèlerins de langue française, spécialement le Pèlerinage interdiocésain du Sénégal, accompagné de Mgr Benjamin Ndiaye, Évêque de Kaolack. Que votre pèlerinage à Rome vous renouvelle dans la confiance en l’amour du Seigneur !



Mercredi 3 septembre 2003: Ps 91 Louange au Seigneur créateur

30903 Lecture: (Ps 91,2-3 Ps 91,6-7)

1. Le cantique qui vient d'être proposé est celui d'un homme fidèle au Dieu saint. Il s'agit du Psaume 91 qui, comme le suggère l'antique titre de la composition, était utilisé par la tradition hébraïque "pour le jour du sabbat" (Ps 91,1). L'hymne s'ouvre par un ample appel à célébrer et à louer le Seigneur à travers le chant et la musique (cf. Ps Ps 91,2-4). Il s'agit d'un genre de prière qui semble ne jamais s'interrompre, car l'amour divin doit être exalté le matin, lorsque la journée commence, mais il doit aussi être proclamé durant la journée et tout au long des heures nocturnes (cf. Ps Ps 91,3). C'est précisément la référence aux instruments musicaux, faite par le Psalmiste dans l'invitation de l'introduction, qui a poussé saint Augustin à cette méditation dans son Discours sur le Psaume 91: "Que signifie, mes frères, prononcer des hymnes avec le psautier? Le psautier est un instrument musical muni de cordes. Notre psautier est notre oeuvre. Quiconque accomplit de bonnes oeuvres de ses mains élève des hymnes à Dieu avec le psautier. Quiconque confesse avec la bouche, élève un chant à Dieu. Chante avec la bouche! Prononce un psaume à travers les oeuvres!... Mais alors, qui sont ceux qui chantent? Ceux qui accomplissent le bien dans la joie. Le chant, en effet, est signe d'allégresse. Que dit l'Apôtre? "Dieu aime celui qui donne avec joie" (2Co 9,7). Quoi que tu fasses, fais-le avec joie. Alors tu fais le bien, et tu le fais bien. Si, en revanche, tu oeuvres avec tristesse, même si le bien est accompli à travers toi, ce n'est pas toi qui le fais: tu tiens le psautier, tu ne chantes pas" (Discours sur les Psaumes, III, Rome 1976, PP 192-195).

2. A travers les paroles de saint Augustin nous pouvons entrer au coeur de notre réflexion, et affronter le thème fondamental du Psaume: celui du bien et du mal. L'un et l'autre sont examinés par le Dieu juste et saint, "élevé pour toujours" (Ps 91,9), Celui qui est éternel et infini, à qui rien n'échappe de l'action humaine.

Deux comportements antithétiques sont ainsi confrontés à plusieurs reprises. La conduite du fidèle est consacrée à célébrer les oeuvres divines, à pénétrer dans la profondeur des pensées du Seigneur et, sur cette voie, sa vie rayonne de lumière et de joie (cf. Ps Ps 91,5-6). Au contraire, l'homme pervers est décrit à travers son caractère obtus, incapable de comprendre le sens caché des événements humains. La chance momentanée le rend arrogant, mais en réalité, il est intimement fragile et voué, après son succès éphémère, à la débâcle et à la ruine (cf. Ps Ps 91,7-8). Le Psalmiste, suivant un modèle d'interprétation tiré de l'Ancien Testament, celui de la rétribution, est convaincu que Dieu récompensera les justes déjà dans cette vie, en leur accordant une vieillesse heureuse (cf. Ps Ps 91,15) et qu'il châtiera au plus tôt les mauvais.

En réalité, comme l'affirmera Job et l'enseignera Jésus, l'histoire ne peut pas être interprétée de façon aussi linéaire. La vision du Psalmiste devient donc une supplication au Dieu juste et "élevé" (cf. Ps 91,9), afin qu'il pénètre la succession des événements humains pour les juger, en faisant resplendir le bien.

3. L'opposition entre le juste et le mauvais est à nouveau reprise par l'orant. D'un côté, voilà les "ennemis" du Seigneur, les "malfaisants" sont encore une fois voués à la dispersion et à la défaite (cf. Ps Ps 91,10). De l'autre, les fidèles apparaissent dans toute leur splendeur, incarnés par le Psalmiste qui se décrit lui-même à travers des images pittoresques, tirées du symbolisme oriental. Le juste a la force irrésistible d'un taureau et il est prêt à défier toute adversité; son front glorieux est oint par l'huile de la protection divine, qui devient comme une sorte de bouclier, protégeant l'élu en le mettant en lieu sûr (cf. Ps Ps 91,11). Du haut de sa puissance et de son abri, l'orant voit les iniques précipiter dans l'abîme de leur ruine (cf. Ps Ps 91,12).

Du Psaume 91 se dégage donc une impression de bonheur, de confiance, d'optimisme: des dons que nous devons demander à Dieu précisément à notre époque, dans laquelle s'insinue facilement la tentation du découragement et même du désespoir.

4. Notre hymne, dans le sillage de la profonde sérénité qui l'imprègne, jette pour finir un regard sur les jours de vieillesse des justes et il prévoit qu'ils seront également sereins. Même lorsque ces jours viendront, l'esprit de l'orant sera encore vif, joyeux et actif (cf. Ps Ps 91,15). Il se sent comme les palmiers et les cèdres, qui sont plantés dans les cours du temple de Sion (cf. Ps Ps 91,13-14).

Les racines du juste plongent en Dieu même, dont il reçoit la lymphe de la grâce divine. La vie du Seigneur l'alimente et le transforme, en le rendant florissant et luxuriant, c'est-à-dire en mesure de donner aux autres et de témoigner de sa propre foi. Les dernières paroles du Psalmiste, dans cette description d'une existence juste et active et d'une vieillesse intense et dynamique, sont en effet liées à l'annonce de la fidélité éternelle du Seigneur (cf. Ps Ps 91,16). Nous pourrions donc conclure, à ce point, par la proclamation du chant qui s'élève vers le Dieu glorieux dans le dernier Livre de la Bible, l'Apocalypse: un livre de lutte terrible entre le bien et le mal, mais également d'espérance dans la victoire finale du Christ: "Grandes et merveilleuses sont tes oeuvres, Seigneur, Dieu Maître-de-tout; justes et droites sont tes voies, ô Roi des nations... Car seul tu es saint; et tous les païens viendront se prosterner devant toi, parce que tu as fait éclater tes vengeances. Tu es juste "Il est et Il était ", le Saint, d'avoir ainsi châtié. Oui, Seigneur, Dieu Maître-de-tout, tes châtiments sont vrais et justes" (Ap 15,3-4 Ap 16,5 Ap 16,7).
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les séminaristes de Marseille, accompagnés de leur archevêque, Monseigneur Bernard Panafieu. Nourris par la Parole de Dieu et par les Sacrements de l’Église, puissiez-vous chanter par toute votre vie les louanges du Seigneur!

A l'issue de l'Audience générale, le Saint-Père priait pour l'ouvrier victime d'un accident du travail qui a eu lieu sur la Place Saint-Pierre le lundi 1 septembre:

Je voudrais à présent rappeler, avec vous, notre cher frère Costantino Marchionni, décédé lundi dernier sur son lieu de travail, Place Saint-Pierre. Nous élevons au Seigneur notre prière à son intention et pour ceux qui le pleurent, ainsi que pour toutes les victimes des accidents du travail. Requiem aeternam dona eis, Domine!



Mercredi 10 septembre 2003: Ez 36 Dieu renouvellera son peuple

10093 Lecture: (Ez 36,24-28)

1. Le Cantique qui vient de retentir à nos oreilles et dans nos coeurs, a été composé par l'un des grands prophètes d'Israël. Il s'agit d'Ezéchiel, témoin de l'une des époques les plus tragiques vécues par le peuple juif: celle de l'effondrement du royaume de Judée et de sa capitale Jérusalem, qui a été suivie par l'épisode amer de l'exil à Babylone (VI siècle av. J. C.). Le passage qui a été choisi pour faire partie de la prière chrétienne des Laudes est tiré du chapitre 36 d'Ezéchiel.

Le contexte de cette page, transformée en hymne par la liturgie, veut saisir le sens profond de la tragédie vécue par le peuple au cours de ces années. Le péché d'idolâtrie avait contaminé la terre donnée en héritage par le Seigneur à Israël. Celui-ci, plus que tout autre cause, est responsable, en dernière analyse, de la perte de la patrie et de la dispersion dans divers pays. En effet, Dieu n'est pas indifférent face au bien et au mal; il entre mystérieusement en scène dans l'histoire de l'humanité avec son jugement qui, tôt ou tard, démasque le mal, défend les victimes, indique la voie de la justice.

2. Mais l'objectif de l'action de Dieu n'est jamais la ruine, la condamnation pure et simple, l'anéantissement du pécheur. C'est le prophète Ezéchiel lui-même qui rapporte ces paroles divines: "Prendrais-je donc plaisir à la mort du méchant et non pas plutôt à le voir renoncer à sa conduite et vivre? Je ne prends pas plaisir à la mort de qui que ce soit. Convertissez-vous et vivez!" (Ez 18,23 Ez 18,32). Sous cette lumière, on réussit à comprendre la signification de ce Cantique, rempli d'espérance et de salut. Après la purification à travers l'épreuve et la souffrance, l'aube d'une ère nouvelle va se lever, une ère que le prophète Jérémie avait déjà annoncée en parlant d'une "nouvelle alliance" entre le Seigneur et Israël (cf. Jr 31,31-34). Ezéchiel lui-même, dans le chapitre 11 de son livre prophétique, avait proclamé ces paroles divines: "Je leur donnerai un seul coeur et je mettrai en eux un esprit nouveau: j'extirperai de leur chair le coeur de pierre et je leur donnerai un coeur de chair, afin qu'ils marchent selon mes lois, qu'ils observent mes coutumes et qu'ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu" (Ez 11,19-20).

Dans notre Cantique (cf. Ez Ez 36,24-28), le prophète reprend cet oracle et le complète par une précision merveilleuse: l'"esprit nouveau" donné par Dieu aux fils de son peuple sera son Esprit, l'Esprit de Dieu lui-même (cf. Ez Ez 36,27).

3. Ce qui est annoncé n'est donc pas seulement une purification, exprimée à travers le signe de l'eau qui lave les souillures de la conscience. On n'a pas seulement l'aspect, bien que nécessaire, de la libération du mal et du péché (cf. Ez Ez 36,25). L'accent du message d'Ezéchiel porte surtout sur un autre aspect bien plus surprenant. L'humanité, en effet, est destinée à naître à une nouvelle existence. Le premier symbole est celui du "coeur" qui, dans le langage biblique, renvoie à l'intériorité, à la conscience personnelle. De notre poitrine sera arraché le "coeur de pierre", gelé et insensible, signe de l'obstination dans le mal. Dieu y placera un "coeur de chair", c'est-à-dire une source de vie et d'amour (cf. Ez Ez 36,26). L'esprit de vie, qui lors de la création, nous avait transformés en créatures vivantes (cf. Gn Gn 2,7), laissera place, dans la nouvelle économie de la grâce, à l'Esprit Saint qui nous soutient, nous donne l'impulsion, nous guide vers la lumière de la vérité et déverse "l'amour de Dieu dans nos coeurs" (Rm 5,5).

4. Apparaîtra ainsi cette "nouvelle création" qui sera décrite par saint Paul (cf. 2Co 5,17 Ga 6,15), lorsqu'il affirmera en nous la mort du "vieil homme", du "corps du péché", car "nous ne sommes plus esclaves du péché" mais des créatures nouvelles, transformées par l'Esprit du Christ ressuscité: "Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s'achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l'image de son Créateur" (Col 3,9-10 cf. Rm Rm 6,6). Le prophète Ezéchiel annonce un nouveau peuple, que le Nouveau Testament verra convoqué par Dieu lui-même à travers l'oeuvre de son Fils. Cette communauté au "coeur de chair" et ayant reçu l'"esprit", ressentira la présence vivante et active de Dieu lui-même, qui animera les croyants en agissant en eux à travers sa grâce efficace. "Et celui qui garde ses commandements - dira saint Jean - demeure en Dieu et Dieu en lui; à ceci nous savons qu'il demeure en nous: à l'Esprit qu'il nous a donné" (1Jn 3,24).

5. Nous concluons notre méditation sur le Cantique d'Ezéchiel, en écoutant saint Cyrille de Jérusalem qui, dans sa Troisième catéchèse baptismale, entrevoit dans la page prophétique le peuple du baptême chrétien.

Dans le baptême, - rappelle-t-il - tous les péchés sont remis, même les transgressions les plus graves. C'est pourquoi l'Evêque s'adresse à ses auditeurs: "Aie confiance, Jérusalem, le Seigneur éliminera tes iniquités (cf. So So 3,14-15). Le Seigneur lavera vos souillures...; "il répandra sur vous une eau pure et vous serez purifiés de tous vos péchés" (cf. Ez Ez 36,25). Les anges vous entourent en exultant et ils chanteront bientôt: "Qui est celle-ci qui monte du désert, appuyée sur son bien-aimé?" (Ct 8,5). Celle-ci, en effet, est l'âme autrefois esclave et à présent libre d'appeler son Seigneur "frère adoptif", lui qui en accueillant son intention sincère lui dit: "Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle!" (Ct 4,1)... Ainsi s'exclame-t-il en faisant allusion aux fruits d'une confession faite avec bonne conscience... Veuille le ciel que tous... vous conserviez vivant le souvenir de ces paroles et que vous en tiriez des fruits en les traduisant en oeuvres saintes pour vous présenter de façon irrépréhensible à l'Epoux mystique et obtenir du Père le pardon des péchés" (n. 16: Les catéchèses, Rome 1993, PP 79-80).

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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Séminaire de Bordeaux. Que l’Esprit de Dieu, qui habite en vous, vous donne la joie de marcher à la suite du Christ et d’être ses témoins!

A l'issue de l'Audience générale le Saint-Père ajoutait les paroles suivantes:

Je m'apprête demain à accomplir avec une grande espérance mon troisième voyage apostolique en Slovaquie, une terre enrichie par le témoignage d'héroïques disciples du Christ, qui ont laissé d'éloquentes traces de sainteté dans l'histoire du pays.

Très chers frères et soeurs, je vous invite à m'accompagner par la prière. Je confie ce voyage apostolique à la Mère du Rédempteur, si vénérée en Slovaquie. Que ce soit Elle qui guide mes pas et qui obtienne pour le peuple slovaque un printemps renouvelé de foi et de progrès civil.



Mercredi 17 septembre 2003 Voyage apostolique en Slovaquie

17093 Lecture: (Ph 1,27 Ph 1,29)

Très chers frères et soeurs!

1. Je voudrais aujourd'hui m'arrêter avec vous sur le voyage apostolique, que j'ai eu la joie d'accomplir la semaine dernière en Slovaquie. Je rends grâce au Seigneur qui, pour la troisième fois, m'a permis de visiter ce noble pays. Je renouvelle l'expression de mes sentiments reconnaissants à tous ceux qui m'ont accueilli avec tant de cordialité. Je remercie tout d'abord mes vénérés frères dans l'épiscopat, Monsieur le Président de la République et les autres Autorités, ainsi que ceux qui ont organisé chaque aspect de mon séjour dans cette terre.

2. Fidèle au Christ et à l'Eglise: c'est ainsi que se présente la Slovaquie dans son histoire. En y allant en personne, j'ai voulu la confirmer dans cette fidélité, alors qu'elle avance avec confiance vers l'avenir. J'ai pu admirer avec plaisir le développement économique et social qui a été réalisé au cours de ces dernières années. Je suis certain que, en entrant dans l'Union européenne, le peuple slovaque saura offrir à la construction de l'Europe une contribution précieuse, également sur le plan des valeurs. Grâce à Dieu, en effet, il possède un riche patrimoine spirituel, que, malgré la dure persécution subie dans le passé, il a su solidement conserver. La prometteuse floraison de vie chrétienne et de vocations sacerdotales et religieuses que l'on constate aujourd'hui en est un témoignage éloquent. Je prie pour que cette nation bien aimée poursuive avec confiance ce chemin.

3. La première étape de mon pèlerinage a été la visite à la cathédrale de Trnava, église-mère de l'archidiocèse de Bratislava-Trnava. De ce temple, consacré à saint Jean-Baptiste, j'ai demandé aux chrétiens d'être toujours davantage des témoins courageux de l'Evangile.

Les journées suivantes ont été centrées sur de belles et suggestives célébrations eucharistiques, dont la liturgie et les chants étaient bien préparés, avec une intense et pieuse participation de la part du peuple chrétien. La première s'est déroulée sur la place de Banská-Bystrica, au coeur du pays. En commentant l'Evangile de l'Annonciation, j'ai souligné l'exigence de cultiver, à partir de la famille, une liberté mûre. Ce n'est qu'ainsi que l'on est en mesure de répondre à l'appel de Dieu, sur l'exemple de la Vierge Marie.

Toujours à Banská Bystrica, j'ai rencontré les membres de la Conférence épiscopale de Slovaquie. Je les ai encouragés à poursuivre la vaste oeuvre de promotion de la vie chrétienne, après les années sombres de l'isolement et de la dictature communiste.

4. Je me suis ensuite rendu à Roznava, chef-lieu d'une région agricole. C'est dans ce contexte qu'a retenti de façon extrêmement éloquente la parabole évangélique du semeur. Oui! La Parole de Dieu est semence de vie nouvelle. En m'adressant de façon particulière aux agriculteurs, j'ai souligné combien leur contribution à l'édification de la nation est importante. Il faut cependant qu'ils restent solidement enracinés dans leur tradition chrétienne séculaire. De même, à Roznava, j'ai eu l'occasion de saluer une importante communauté de langue hongroise.

Le dernier et principal arrêt de mon voyage apostolique a eu lieu dans la capitale, Bratislava. Au cours d'une Messe solennelle, j'ai eu la joie de béatifier deux fils de cette terre: l'Evêque Vasil' Hopko et Soeur Zdenka Cecilia Schelingová, victimes de persécutions atroces au cours des années 50, sous le régime communiste; ce sont tous deux des témoins de la foi du XX siècle, élevés aux honneurs des autels précisément le jour de l'Exaltation de la Sainte Croix. Ils nous rappellent que le peuple slovaque, dans les moments dramatiques de la souffrance, a trouvé la force et l'espérance dans la Croix du Christ: O Crux, ave spes unica!

5. Le soutien de l'Eglise en Slovaquie a été la Madone des Douleurs, sa Patronne principale. Unis à Elle, qui est restée aux côtés de son Fils sur le Calvaire, nos frères slovaques, également à notre époque, entendent rester fidèles au Christ et à l'Eglise.

Que la Vierge des Douleurs protège la Slovaquie, afin qu'elle conserve jalousement l'Evangile, le bien le plus précieux à annoncer et à témoigner à travers la sainteté de la vie.

Que Dieu te bénisse, chère Slovaquie! Merci de ton amour pour l'Eglise et le Successeur de Pierre!
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier le groupe des Frères maristes et les Haïtiens avec leur évêque auxiliaire, Mgr Dumas. Avec la Bénédiction apostolique.


Mercredi 24 septembre 2003: Ps 8 Grandeur du Seigneur et dignité de l'homme

24093 Au début de l'Audience générale du mercredi 24 septembre 2003, qui s'est déroulée dans la Salle Paul VI, le Cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d'Etat, a introduit la catéchèse sur le Psaume 8 par les paroles suivantes:


Vénérés frères dans l'épiscopat,
Frères et Soeurs dans le Seigneur,

en raison d'une indisposition, le Saint-Père ne pourra pas être présent à cette Audience générale. Ensemble, nous prierons pour lui, en espérant qu'il se remette rapidement.

Pour sa part, le Pape désire faire savoir qu'il nous suit à travers la télévision et, au terme de cette rencontre, il se mettra en liaison avec nous pour nous adresser sa parole. Dès à présent nous le remercions.

A présent je lirai, comme il m'en a chargé, le texte préparé pour cette rencontre qui commente le Psaume 8, exaltant la grandeur du Seigneur et la dignité de l'homme.

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Lecture: (
Ps 8,2 Ps 8,4-7)



57 1. En méditant le Psaume 8, un hymne de louange admirable, notre itinéraire parmi les Psaumes et les Cantiques qui constituent l'âme en prière de la Liturgie des Laudes, s'approche de sa conclusion. Au cours de ces catéchèses notre réflexion s'est arrêtée sur 84 prières bibliques, dont nous avons en particulier cherché à mettre en relief l'intensité spirituelle, sans en occulter la beauté poétique.

La Bible, en effet, nous invite à ouvrir le chemin de notre journée par un chant qui proclame non seulement les oeuvres merveilleuses accomplies par Dieu et notre réponse de foi, mais qui les célèbre aussi "avec art" (cf. Ps
Ps 46,8), c'est-à-dire de façon belle, lumineuse, douce et forte en même temps.

Le Psaume 8 resplendit en particulier parmi tous les psaumes; dans celui-ci l'homme, plongé dans une atmosphère nocturne, lorsque la lune et les étoiles s'allument dans l'immensité du ciel (cf. Ps Ps 8,4), se sent comme un grain de poussière dans l'infini et dans les espaces illimités qui le dominent.

2. Au centre du Psaume 8, en effet, apparaît une double expérience. D'une part, la personne humaine se sent presque écrasée par le caractère grandiose de la création, "ouvrage des doigts divins". Cette curieuse locution remplace l'"oeuvre des mains" de Dieu (cf. Ps Ps 8,7), comme pour indiquer que le Créateur a tracé un dessin ou une broderie avec les astres lumineux, lancés dans l'immensité du cosmos.

D'autre part, cependant, Dieu se penche sur l'homme et le couronne comme son vice-roi: "Tu le couronnes de gloire et de beauté" (Ps 8,6). Il confie même tout l'univers à cette créature si fragile, afin qu'elle en tire la connaissance et de quoi subvenir à son existence (cf. Ps Ps 8,7-9).

L'horizon de la souveraineté de l'homme sur les autres créatures est spécifié en reprenant pratiquement les pages d'ouverture de la Genèse: les troupeaux, les animaux de la campagne, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer sont remis à l'homme afin que, en leur donnant un nom (cf. Gn Gn 2,19-20), il en découvre la réalité profonde, qu'il la respecte et la transforme à travers le travail et qu'il la destine à être source de beauté et de vie. Le Psaume nous rend conscients de notre grandeur, mais également de notre responsabilité à l'égard de la création (cf. Sg Sg 9,3).

3. En relisant le Psaume 8, l'auteur de la Lettre aux Hébreux y a découvert une compréhension plus profonde du dessein de Dieu à l'égard de l'homme. La vocation de l'homme ne peut pas être limitée au monde terrestre actuel; si le Psalmiste affirme que Dieu a tout placé sous les pieds de l'homme, cela signifie qu'il veut lui soumettre également le "monde à venir" (He 2,5), "un royaume inébranlable" (He 12,28). En définitive, la vocation de l'homme est une "vocation céleste" (He 3,1). Dieu désire "conduire à la gloire" céleste "un grand nombre de fils" (2, 10). Pour que ce projet divin se réalise, il était nécessaire que la vie soit tracée par un "pionnier" (cf. ibid.), dans lequel la vocation de l'homme puisse trouver son premier accomplissement. Ce pionnier est le Christ.

L'auteur de la Lettre aux Hébreux a observé à ce propos que les expressions du Psaume s'appliquent au Christ de manière privilégiée, c'est-à-dire plus précise que pour les autres hommes. En effet, le Psalmiste utilise le verbe "abaisser", en disant à Dieu: "tu l'as un moment abaissé au-dessous des anges. Tu l'as couronné de gloire et d'honneur" (cf. Ps Ps 8,6 He 2,6). Pour les hommes ordinaires ce verbe n'est pas adapté; ils n’ont pas été "abaissés" par rapport aux anges, car ils ne se sont jamais trouvés au-dessus d'eux. En revanche, le verbe est exact pour le Christ, car, en tant que Fils de Dieu, il se trouvait au dessus des anges et a été abaissé lorsqu'il est devenu homme, puis il a été couronné de gloire dans sa résurrection. C'est ainsi que le Christ a pleinement accompli la vocation de l'homme et il l'a accomplie, précise l'auteur, "au bénéfice de tout homme" (He 2,9).

4. Sous cette lumière, saint Ambroise commente le Psaume et l'applique à nous. Il part de la phrase où l'on décrit le "couronnement" de l'homme: "Tu le couronnes de gloire et de beauté" (Ps 8,6). Dans cette gloire, il voit cependant la récompense que le Seigneur nous réserve lorsque nous avons surmonté l'épreuve de la tentation.

Voici les paroles de cet éminent Père de l'Eglise dans son Commentaire de l'Evangile selon Luc: "Le Seigneur a couronné son bien-aimé également de gloire et de magnificence. Ce Dieu, qui désire distribuer les couronnes, procure les tentations: c'est pourquoi, lorsque tu es tenté, sache que l'on te prépare la couronne. Si tu abolis les combats des martyrs, tu aboliras également leurs couronnes; si tu abolis leurs supplices, tu aboliras leur béatitude" (IV, 41: SAEMO 12, PP 330-333).

Dieu tresse pour nous la "couronne de justice" (2Tm 4,8) qui récompensera la fidélité que nous avons conservée pour Lui, également lorsque la tempête secoue notre coeur et notre esprit. Mais, à chaque époque, il est attentif à sa créature bien-aimée et il voudrait qu'en elle brille toujours l'"image" divine (cf. Gn Gn 1,26), de façon à savoir être dans le monde un signe d'harmonie, de lumière, de paix.

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Je salue cordialement les pèlerins français, en particulier ceux de Nouvelle-Calédonie, ainsi que les groupes venus de Belgique et du Canada. Puisse le Seigneur vous soutenir dans la foi, pour que brille toujours plus en vous «son image» (Cf. Gn Gn 1,26), afin que vous soyez des signes éloquents de lumière et de paix !

Paroles du Pape Jean-Paul II à l'issue de l'Audience

En conclusion de l'Audience générale, le Pape Jean-Paul II, en liaison radio-télévisée depuis la Chapelle du Palais pontifical de Castel Gandolfo, a adressé un "salut cordial" aux pèlerins présents dans la Salle Paul VI et sur la Place Saint-Pierre. Il a également donné sa Bénédiction apostolique en latin. Voici les paroles du Saint-Père:

Très chers frères et soeurs,

J'adresse à tous mon salut cordial.
Je regrette de ne pas pouvoir être avec vous à l'occasion de cette rencontre hebdomadaire habituelle.

Je vous garde tous dans mon coeur et je vous bénis.




Mercredi 1er octobre 2003

11003
Chers Frères et Soeurs,

L’évangile selon saint Luc nous rapporte le Cantique du Benedictus, par lequel Zacharie, le père de Jean-Baptiste, bénit le Seigneur pour la libération qu’il offre à son peuple. Évoquant l’alliance conclue avec Abraham et avec David, cette lecture «prophétique» de l’histoire tourne le regard des croyants vers la nouvelle alliance en Jésus Christ, dans laquelle le Précurseur les introduit. Leurs pas sont ainsi soutenus par la lumineuse vérité que le Christ, «soleil levant», répand dans le monde et sur l’histoire.

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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier l’École Normale catholique Blomet, de Paris, ainsi que les fidèles de la Guadeloupe. Puissiez-vous, par la qualité de votre foi et par l’exemple lumineux de votre vie, annoncer les merveilles de Dieu, «qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière» (
1P 2,9)!




Mercredi 8 octobre 2003 Introduction à la liturgie des Vêpres

8103 (Lecture: Lc 1,46-50)

1. Étant donné que "chaque jour de notre pèlerinage sur terre est un don toujours nouveau" de l'amour de Dieu (Préface des Dimanches, VI), l'Église a toujours ressenti l'exigence de consacrer à la louange divine les jours et les heures de l'existence humaine. Ainsi, l'aurore et le coucher du soleil, moments religieux typiques chez tous les peuples, déjà rendus sacrés dans la tradition biblique par l'offrande du matin et du soir de l'holocauste (cf. Ex Ex 29,38-39) et de l'encens (cf. Ex Ex 30,6-8), représentent pour les chrétiens, dès les premiers siècles, deux moments particuliers de prière.

Le lever et le coucher du soleil ne sont pas des moments anonymes de la journée. Ils possèdent un caractère unique: la beauté joyeuse d'une aube et la splendeur triomphale d'un coucher de soleil marquent les rythmes de l'univers, qui influent profondément sur la vie de l'homme. En outre, le mystère du salut, qui se réalise dans l'histoire, voit ses moments liés à diverses phases du temps. C'est pourquoi, en même temps que la célébration des Laudes au début de la journée, s'est progressivement affirmée dans l'Église la célébration des Vêpres, à la tombée du soir. Ces deux Heures liturgiques possèdent une puissance d'invocation qui rappelle les deux aspects essentiels du mystère pascal: "Le soir le Seigneur se trouve sur la Croix, le matin il ressuscite... Le soir, je raconte les souffrances qu'Il a endurées dans la mort; le matin, j'annonce la vie de Celui qui ressuscite" (Saint Augustin, Commentaires sur les Psaumes, XXVI, Rome 1971, p. 109).

Précisément parce qu'elles sont liées à la mémoire de la mort et de la résurrection du Christ, les deux Heures, des Laudes et des Vêpres constituent, "selon la vénérable tradition de toute l'Eglise, le double pivot de l'Office quotidien" (Cons. Sacrosanctum Concilium SC 89).

2. Dans l'antiquité, après le coucher du soleil, allumer une lampe apportait une note de joie et de communion dans les maisons. La communauté chrétienne elle aussi, en allumant une lampe lorsque le soir arrivait, invoquait avec une âme reconnaissante le don de la lumière spirituelle. C'était ce qu'on appelle le "lucernaire"; c'est-à-dire l'allumage rituel de la lampe, dont la flamme est le symbole du Christ, "Soleil sans déclin".

En effet, lorsque les ténèbres tombent, les chrétiens savent que Dieu illumine également la nuit obscure par la splendeur de sa présence et par la lumière de ses enseignements. Il faut rappeler, à ce propos, le très antique hymne de la lampe Fôs hilarón, repris dans la liturgie byzantine, arménienne et éthiopienne: "Lumière joyeuse de la sainte gloire du Père immortel, céleste, saint, bienheureux, ô Jésus Christ! Arrivés au coucher du soleil, et ayant vu la lumière vespérale, nous élevons un hymne au Père, au Fils et à l'Esprit Saint, Dieu. Il est beau de te chanter à chaque moment avec des voix harmonieuses, ô Fils de Dieu, toi qui donnes la vie: c'est pourquoi l'univers proclame ta gloire". L'Occident aussi a créé de nombreux hymnes pour célébrer le Christ lumière.

En puisant son inspiration au symbolisme de la lumière, la prière des Vêpres s'est développée comme un sacrifice vespéral de louange et de reconnaissance pour le don de la lumière physique et spirituelle et pour les autres dons de la création et de la rédemption. Saint Cyprien écrit: "Une fois le soleil couché et le jour s'en allant, on doit nécessairement prier à nouveau. En effet, le Christ étant le véritable soleil, au coucher du soleil et du jour de ce monde, nous prions et nous demandons que vienne à nouveau sur nous la lumière et nous invoquons la venue du Christ qui nous apportera la grâce de la lumière éternelle" (De oratione dominica, 35: PL 4, 560).

3. Le soir est un moment propice pour examiner devant Dieu, dans la prière, la journée écoulée. C'est le moment "pour rendre grâce de ce qui nous a été donné ou que nous avons accompli avec droiture" (Saint Basile, Regulae fusius tractatae, Resp. 37, 3: ). C'est également le moment où demander pardon pour ce que nous avons commis de mal, en implorant de la miséricorde divine que le Christ recommence à resplendir dans nos coeurs.

Toutefois, la venue du soir évoque également le "mysterium noctis". Les ténèbres sont ressenties comme une occasion de tentations fréquentes, de faiblesse particulière, de fléchissement aux incursions du Malin. Avec ses menaces, la nuit devient le symbole de toutes les méchancetés dont le Christ est venu nous libérer. D'autre part, chaque fois que le soir tombe, la prière nous fait participer au mystère pascal, où "la nuit resplendit comme le jour" (Exultet). La prière fait ainsi refleurir l'espérance dans le passage du jour transitoire au dies perennis, de la faible lumière de la lampe à la lux perpetua, de l'attente vigilante de l'aube à la rencontre avec le Roi d'éternelle gloire.

4. Pour l'homme antique, plus encore que pour nous, l'alternance du jour et de la nuit réglait l'existence, étant à l'origine d'une réflexion sur les grands problèmes de la vie. Le progrès moderne a en partie dénaturé la relation entre la vie humaine et le temps cosmique. Mais le rythme rapide des activités humaines n'a pas totalement fait échapper les hommes d'aujourd'hui aux rythmes du cycle solaire.

C'est pourquoi, les deux centres de la prière quotidienne conservent toute leur valeur, étant liés à des phénomènes immuables et à des symbolismes immédiats. Le matin et le soir constituent des moments toujours opportuns à consacrer à la prière, qu'elle soit communautaire ou individuelle. Liées à des moments importants de notre vie et de notre activité, les Heures des Laudes et des Vêpres se révèlent ainsi des moyens efficaces pour orienter notre chemin quotidien et le diriger vers le Christ, "lumière du monde" (Jn 8,12).

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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes prêtres du diocèse de Belley-Ars accompagnés de leur évêque, Mgr Guy Bagnard. Que le témoignage des Apôtres Pierre et Paul vous éclaire tous, pour être à votre tour témoins du Christ ressuscité !




Catéchèses S. J-Paul II 27083