Catéchèses S. J-Paul II 26054

Mercredi 26 mai 2004: Ap 11 Le jugement de Dieu

26054 Lecture: (Ap 11,17 Ap 12,10 Ap 12,12)

1. Le Cantique que nous venons d'élever au "Seigneur Dieu Tout-Puissant" et qui est proposé dans la Liturgie des Vêpres, est le fruit de la sélection de plusieurs versets des chapitre 11 et 12 de l'Apocalypse. La dernière des sept trompettes qui retentissent dans ce livre de lutte et d'espérance a désormais sonné. Et voilà que les vingt-quatre Anciens de la cour céleste, qui représentent tous les justes de l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance (cf. Ap Ap 4,4 Ap 11,16), entonnent un hymne qui était peut-être déjà en usage dans les assemblées liturgiques de l'Eglise des origines. Ces derniers rendent gloire à Dieu, souverain du monde et de l'histoire, désormais prêt à instaurer son royaume de justice, d'amour et de vérité.

Dans cette prière, on entend battre le coeur des justes qui attendent dans l'espérance la venue du Seigneur qui rendra plus lumineuse l'histoire de l'humanité, souvent plongée dans les ténèbres du péché, de l'injustice, du mensonge et de la violence.

2. Le chant entonné par les vingt-quatre Anciens fait référence à deux Psaumes: le Psaume 2, qui est un poème messianique (cf. Ps Ps 2,1-5) et le Psaume 98, qui célèbre la royauté divine (cf. Ps Ps 98,1). De cette façon, on atteint l'objectif d'exalter le jugement divin et résolutif que le Seigneur va porter sur toute l'histoire humaine.

Les aspects de cette intervention bénéfique sont au nombre de deux, de même que les traits qui définissent le visage de Dieu. Il est juge, en effet, mais également sauveur; il condamne le mal, mais il récompense la fidélité; il est justice, mais surtout amour.

25 L'identité des justes, à présent sauvés dans le Royaume de Dieu, est significative. Ils sont répartis en trois catégories de "serviteurs" du Seigneur, c'est-à-dire les prophètes, les saints et ceux qui craignent son nom (cf. Ap Ap 11,18). Il s'agit d'une sorte de portrait spirituel du Peuple de Dieu, selon les dons reçus dans le baptême et que l'on a fait refleurir dans la vie de foi et d'amour. Un profil qui se retrouve aussi bien chez les grands que chez les petits (cf. Ap 19,5).

3. Notre hymne, comme on l'a dit, est également élaboré en utilisant d'autres versets du chapitre 12, qui se réfèrent à une scène grandiose et glorieuse de l'Apocalypse. Dans celle-ci s'affrontent la femme qui a donné naissance au Messie et le dragon de la méchanceté et de la violence. Dans ce duel entre le bien et le mal, entre l'Eglise et Satan, retentit à l'improviste une voix céleste qui annonce la défaite de l'"Accusateur" (cf. Ap Ap 12,10). Ce nom est la traduction du nom hébreu Satán, donné à un personnage qui, selon le Livre de Job, est un membre de la cour céleste de Dieu, où il joue le rôle de l'Avocat général (cf. Jb Jb 1,9-11 Jb 2,4-5 Za 3,1).

Il "les accusait [nos frères] jour et nuit devant notre Dieu", c'est-à-dire qu'il mettait en doute la sincérité de la foi des justes. A présent, le dragon satanique a été obligé de se taire et à la base de sa défaite se trouve "le sang de l'Agneau" (Ap 12,11), la passion et la mort du Christ rédempteur.

Le témoignage du martyre des chrétiens est associé à sa victoire. Il y a une intime participation à l'oeuvre rédemptrice de l'Agneau de la part des fidèles qui n'ont pas hésité à "mépriser leur vie jusqu'à mourir" (ibid.). La pensée se tourne naturellement vers les paroles du Christ: "Celui qui aime sa vie la perd; celui qui s'en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle" (Jn 12,25).

4. Le soliste céleste qui a entonné le cantique, le conclut en invitant tout le choeur angélique à s'unir à l'hymne de joie pour le salut obtenu (cf. Ap Ap 12,12). Nous nous associons à cette voix dans notre action de grâce joyeuse et remplie d'espérance, malgré les épreuves qui marquent notre chemin vers la gloire.

Nous le faisons en écoutant les paroles que le martyr saint Polycarpe adressait au "Seigneur Dieu Tout-Puissant" lorsqu'il était désormais attaché et prêt pour le bûcher: "Seigneur Dieu Tout-Puissant, père de ton Fils bien-aimé et béni Jésus Christ.., béni sois-tu pour m'avoir jugé digne de ce jour et de prendre place en cette heure au sein des martyrs, dans la coupe de ton Christ pour la résurrection à la vie éternelle, corps et âme, dans l'incorruptibilité de l'Esprit Saint. Que je puisse aujourd'hui être accueilli parmi eux à tes côtés, en qualité de sacrifice abondant et agréable, de la façon que Tu as, Dieu de la vérité, étranger au mensonge, auparavant disposée, manifestée et accomplie. C'est pourquoi, par dessus tout, je te loue, je te bénis, je te glorifie à travers ton Prêtre Suprême éternel et céleste, ton bien-aimé Fils Jésus Christ, grâce auquel gloire t'est rendue, avec lui et avec l'Esprit Saint, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen" (Atti e passioni dei martiri, Milano 1987, p. 23).
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, notamment le collège de jeunes filles de Châteauneuf-de-Galaure, ainsi que le collège Saint-Michel des Batignolles, de Paris. Puisse l’Esprit de Pentecôte, que nous attendons dans la foi avec Marie et les Apôtres, illuminer vos coeurs et faire de vous des témoins joyeux de l’Évangile!



Mercredi 2 juin 2004: Ps 40 Prière d'un malade

20604 Lecture: (Ps 40,2 Ps 40,5-6 Ps 40,10 Ps 40,13-14)

1. Un motif qui nous pousse à comprendre et à aimer le Psaume 40 que nous venons d'entendre, est le fait que Jésus lui-même l'ait cité: "Ce n'est pas de vous tous que je parle: je connais ceux que j'ai choisis; mais il faut que l'Ecriture s'accomplisse: celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon" (Jn 13,18).

C'est le dernier soir de sa vie terrestre et Jésus, au Cénacle, va offrir la bouchée de l'hôte à Judas, le traître. Sa pensée revient à cette phrase du Psaume, qui est en réalité la supplication d'un homme malade abandonné par ses amis. Dans cette antique prière, le Christ trouve des sentiments et des paroles pour exprimer sa profonde tristesse.

Nous chercherons à présent à suivre et à éclairer la trame entière de ce Psaume, qui s'est formé sur les lèvres d'une personne qui souffre, bien sûr, en raison de sa maladie, mais surtout de la cruelle ironie de ses "ennemis" (cf. Ps Ps 40,6-9) et de la trahison d'un "ami" (cf. Ps Ps 40,10).

2. Le Psaume 40 s'ouvre par une béatitude. Elle a pour destinataire le véritable ami, celui qui "pense au faible": il sera récompensé par le Seigneur le jour où il souffrira, lorsqu'il sera lui-même "sur son lit de douleur" (cf. Ps Ps 40,2-4).

Le coeur de la supplication se trouve, pourtant, dans la partie suivante où le malade prend la parole (cf. Ps Ps 40,5-10). Il commence son discours en demandant pardon à Dieu, selon la traditionnelle conception vétérotestamentaire qui faisait correspondre une faute à chaque douleur: "Pitié pour moi, Yahvé! guéris mon âme, car j'ai péché contre toi!" (Ps 40,5 cf. Ps Ps 37). Pour le juif de l'Antiquité la maladie était un appel lancé à la conscience afin d'entreprendre une conversion.

Même s'il s'agit d'une vision dépassée par le Christ, Révélateur définitif (cf. Jn Jn 9,1-3), la souffrance en elle-même peut cacher une valeur secrète et devenir une voie de purification, de libération intérieure, d'enrichissement de l'âme. Elle invite à vaincre la superficialité, la vanité, l'égoïsme, le péché et à se confier plus intensément à Dieu et à sa volonté salvifique.

3. Mais voilà qu'entrent en scène les méchants, ceux qui sont venus rendre visite au malade non pour le conforter, mais bien pour l'attaquer (cf. Ps Ps 40,6-9). Leurs paroles sont âpres et frappent le coeur de l'orant, qui fait l'expérience d'une méchanceté qui ne connaît pas de pitié. Un grand nombre de pauvres, humiliés, condamnés à rester seuls et à se sentir un poids également pour leurs proches, vivront la même expérience. Et s'ils reçoivent quelques paroles de réconfort, ils en perçoivent immédiatement le ton faux et hypocrite.

Au contraire, comme on le disait, l'orant fait l'expérience de l'indifférence et de la dureté, même de la part de ses amis (cf. Ps Ps 40,10), qui se transforment en figures hostiles et odieuses. Le Psalmiste leur prête le geste de "hausser le talon", l'acte menaçant de celui qui va écraser un vaincu ou l'impulsion du cavalier qui excite son cheval du talon pour qu'il piétine l'adversaire.

L'amertume est profonde lorsque celui qui nous frappe est l'"ami" en qui nous avions confiance, littéralement appelé en hébreu "l'homme de la paix". La pensée se tourne vers les amis de Job, qui, de compagnons de vie, se transforment en présences indifférentes et hostiles (cf. Jb Jb 19,1-6). A travers notre orant retentit la voix d'une foule de personnes oubliées et humiliées dans leur maladie et leur faiblesse, également par ceux qui auraient dû les soutenir.

4. La prière du Psaume 40 ne se conclut cependant pas sur ce ton sombre. L'orant est certain que Dieu se présentera à son horizon, révélant encore une fois son amour (cf. Ps Ps 40,11-14). Ce sera lui qui offrira un soutien et qui prendra le malade entre ses bras, ce dernier étant à nouveau "établi devant la face" de son Seigneur (Ps 40,13), c'est-à-dire - selon le langage biblique - qu'il recommencera à vivre l'expérience de la liturgie dans le temple.

Le Psaume, marqué par la douleur, finit donc sur une ouverture de lumière et d'espérance. Dans cette perspective, on réussit à comprendre que saint Ambroise, en commentant la béatitude initiale (cf. Ps Ps 40,2), y ait vu de façon prophétique une invitation à méditer sur la passion salvifique du Christ qui conduit à la résurrection. C'est ainsi que le Père de l'Eglise suggère, en effet, de s'imprégner de la lecture du Psaume: "Bienheureux celui qui pense à la misère et à la pauvreté du Christ, qui, de riche qu'il était, s'est fait pauvre pour nous. Riche dans son Royaume, pauvre dans la chair, car il a pris sur lui cette chair de pauvres... Il n'a donc pas souffert dans sa richesse, mais dans notre pauvreté. C'est pourquoi ce n'est pas la plénitude de la divinité qui a souffert..., mais la chair... Cherche donc à pénétrer le sens de la pauvreté du Christ, si tu veux être riche! Cherche à pénétrer le sens de sa faiblesse, si tu veux obtenir la santé! Cherche à pénétrer le sens de sa croix, si tu veux ne pas avoir honte; le sens de sa blessure, si tu veux guérir les tiennes; le sens de sa mort, si tu veux gagner la vie éternelle; le sens de sa sépulture, si tu veux trouver la résurrection" (Commentaire de douze , SAEMO, VIII, Milan-Rome 1980, PP 39-41).

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Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents ce matin, en particulier les membres de l’Institut européen des hautes études internationales de Nice, les pèlerins du diocèse de Douala au Cameroun, et les musiciens de Québec.

Que la lumière de l’Esprit Saint vous éclaire et vous fortifie pour être les témoins du Christ ressuscité !


Mercredi 9 juin 2004 Un message du Saint-Père pour tous les jeunes de Suisse, d'Europe et du monde

9064 1. Je garde dans mon coeur les images des différents moments du bref mais intense voyage que la Providence divine m'a donné d'effectuer en Suisse, samedi et dimanche derniers.

Je désire renouveler l'expression de ma gratitude à mes frères Evêques et aux Autorités civiles, en particulier au Président de la Confédération helvétique, pour l'accueil qui m'a été réservé et pour tout le travail de préparation accompli. Je remercie également le Conseil fédéral pour la décision d'élever le rang de la Représentation diplomatique de la Suisse près le Saint-Siège.

J'adresse également une pensée de profonde reconnaissance aux Soeurs de la Charité de la Sainte-Croix, qui m'ont accueilli dans leur résidence de Viktoriaheim. Je remercie, enfin, ceux qui se sont occupés des divers aspects de mon voyage pastoral.

2. Le motif principal du pèlerinage apostolique dans ce pays bien-aimé a été la rencontre avec les jeunes catholiques de Suisse, qui samedi dernier, ont participé à leur premier Meeting national. Je rends grâce au Seigneur qui m'a donné l'opportunité de vivre avec eux un moment de grand enthousiasme spirituel, et de proposer aux nouvelles générations helvétiques un message, que je voudrais étendre à tous les jeunes d'Europe et du monde.

Ce message, qui me tient tant à coeur, se résume en trois mots: "Lève-toi!", "Ecoute!", "Mets-toi en route!". C'est le Christ lui-même, ressuscité et vivant, qui répète ces paroles à chaque jeune garçon et jeune fille de notre époque. C'est Lui qui invite la jeunesse du troisième millénaire à "se lever", c'est-à-dire à donner un sens plénier à sa propre existence.J'ai voulu me faire l'écho de cet appel dans la conviction que seul le Christ, Rédempteur de l'homme, peut aider les jeunes à "se relever" à la suite d'expériences et de mentalités négatives, pour croître jusqu'à leur complète stature humaine, spirituelle et morale.

3. Dimanche matin, solennité de la Très Sainte Trinité, j'ai pu concélébrer l'Eucharistie avec les Evêques et de nombreux prêtres venus de tous les lieux de la Suisse. Ce rite joyeux s'est déroulé dans le Pré de l'"Allmend", vaste esplanade située devant le Palais du BEA Bern Expo. Nous avons ainsi élevé à Dieu, Un et Trine, d'une voix unanime, la louange et l'action de grâce pour les beautés de la création, dont la Suisse est riche, et plus encore pour la communion dans l'Amour, dont Il est la source.

A la lumière de ce mystère fondamental de la foi chrétienne, j'ai renouvelé l'appel à l'unité de tous les chrétiens, en invitant tout d'abord les catholiques à la vivre entre eux, en faisant de l'Eglise "la maison et l'école de la communion" (Novo millennio ineunte
NM 43). L'Esprit Saint, qui crée l'unité incite également à la mission, afin que la vérité de Dieu et de l'homme, révélée dans le Christ, soit apportée en témoignage et annoncée à tous. Chaque homme, en effet, porte en lui l'empreinte de Dieu, Un et Trine et ne trouve pas de paix si ce n'est en Lui.

4. Avant de quitter Berne, j'ai voulu rencontrer l'Association des Anciens de la Garde Suisse. Cela a représenté une occasion providentielle pour remercier du précieux service que, depuis presque cinq siècles, le Corps de la Garde Suisse rend au Siège apostolique. Combien de milliers de jeunes, provenant des familles et des paroisses suisses, ont offert leur contribution singulière au Successeur de Pierre au cours de ces siècles! Des jeunes comme tout le monde, pleins de vie et d'idéaux, ont pu ainsi manifester leur amour sincère au Christ et à l'Eglise. Puissent les jeunes de Suisse et du monde entier découvrir la merveilleuse unité entre la foi et la vie, et se préparer à accomplir avec enthousiasme la mission à laquelle Dieu les appelle!

Que la Très Sainte Vierge Marie, que je remercie de tout coeur pour la réalisation de ce cent-troisième voyage apostolique, obtienne pour tous ce grand et précieux don, qui est le secret de la joie véritable.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier le groupe de la ville de Dax, les jeunes du lycée Saint- François d’Assise, de Rennes, et du collège Saint-François de Sales, de Dijon. Que votre pèlerinage à Rome ouvre vos coeurs au mystère de l’Église, pour que vous en soyez vous-mêmes des pierres vivantes!



Mercredi 16 juin 2004: Ps 45 Dieu, refuge et force de son peuple

16064 Lecture: (Ps 45,2-3 Ps 45,5-6 Ps 45,10-11)

1. Nous venons d'entendre le premier des six hymnes à Sion qui sont contenus dans le Psautier (cf. Ps Ps 47 Ps 75 Ps 83 Ps 86 Ps 121). Le Psaume 45, comme les autres compositions analogues, célèbre la ville sainte de Jérusalem, "la cité de Dieu, [...] les demeures du Très-Haut" (Ps 45,5), mais il exprime surtout une confiance inébranlable en Dieu, qui "est pour nous refuge et force, secours dans l'angoisse toujours offert" (Ps 45,2 cf. Ps Ps 45,8 45,12). Le Psaume évoque les bouleversements les plus terribles pour affirmer avec une force plus grande l'intervention victorieuse de Dieu, qui donne une pleine sécurité. En raison de la présence de Dieu en elle, Jérusalem "ne peut chanceler, Dieu la secourt" (Ps 45,6).

La pensée se tourne vers l'oracle du prophète Sophonie, qui s'adresse à Jérusalem et lui dit: "Pousse des cris de joie, fille de Sion! Une clameur d'allégresse, Israël! Réjouis-toi, triomphe de tout ton coeur, fille de Jérusalem [...] Yahvé ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour, il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête" (So 3,14 So 3,17-18).

2. Le Psaume 45 est divisé en deux grandes parties par une sorte d'antienne, qui retentit dans les versets (Ps 45,8) et (Ps 45,12): "Avec nous Yahvé Sabaot, citadelle pour nous, le Dieu de Jacob". Le titre "Yahvé Sabaot" est typique du culte juif dans le temple de Sion et, malgré l'aspect martial, il est lié à l'arche de l'alliance; il renvoie à la domination de Dieu sur tout le cosmos et sur l'histoire.

Ce titre est donc une source de confiance, car le monde entier et tous les événements qui s'y produisent se trouvent sous le gouvernement suprême du Seigneur. Ce Seigneur est donc "avec nous", comme le dit encore cette antienne, avec une référence implicite à l'Emmanuel, le "Dieu-avec-nous" (cf. Is 7, 14; Mt 1,23).

3. La première partie de l'hymne (cf. Ps Ps 45,2-7) est centrée sur le symbole de l'eau et présente une double signification opposée. D'un côté, en effet, se déchaînent les eaux tumultueuses qui, dans le langage biblique, sont le symbole des destructions, du chaos et du mal. Elles font frémir les structures de l'être et de l'univers, symbolisées par les montagnes, qui sont ébranlées par une sorte de déluge destructeur (cf. Ps Ps 45,3-4). De l'autre côté, cependant, voilà les eaux désaltérantes de Sion, une ville sise sur des montagnes arides, mais qu'égayent "un fleuve et ses bras" (Ps 45,5). Le Psalmiste - bien que faisant allusion aux sources de Jérusalem, comme celle de Siloé (cf. Is Is 8,6-7) - voit en eux un signe de la vie qui prospère dans la ville sainte, de sa fécondité spirituelle, de sa force régénérante.

C'est pourquoi, malgré les bouleversements de l'histoire qui font frémir les peuples et qui ébranlent les royaumes (cf. Ps Ps 45,7), le fidèle rencontre en Sion la paix et la sérénité dérivant de la communion avec Dieu.

4. La deuxième partie du Psaume (cf. Ps Ps 45,9-11) peut ainsi décrire un monde transfiguré. Le Seigneur lui-même, de son trône de Sion, intervient avec une extrême vigueur contre les guerres et établit la paix à laquelle tous aspirent. Lorsque nous lisons le v. (Ps 45,10) de notre hymne: "Il met fin aux guerres jusqu'au bout de la terre; l'arc, il l'a rompu, la lance, il l'a brisée, il a brûlé les boucliers au feu", la pensée se tourne spontanément vers Isaïe.

Le prophète a lui aussi chanté la fin de la course aux armements et la transformation des instruments de guerre et de mort en moyen de développement pour les peuples: "Ils briseront leurs épées pour en faire des socs et leurs lances pour en faire des serpes. On ne lèvera plus l'épée nation contre nation, on n'apprendra plus à faire la guerre" (Is 2,4).

5. Avec ce Psaume, la tradition chrétienne a élevé des hymnes au Christ "notre paix" (cf. Ep 2,14) et notre libérateur du mal à travers sa mort et sa résurrection. Saint Ambroise a proposé un commentaire christologique suggestif du v. (Ps 45,6) du Psaume 45, qui décrit le "secours" offert à la ville par le Seigneur "au tournant du matin". Le célèbre Père de l'Eglise y voit une allusion prophétique à la résurrection.

En effet - explique-t-il - "la résurrection du matin nous procure le soutien de l'aide céleste; ayant repoussé la nuit, elle nous a rapporté le jour, comme le dit l'Ecriture: "Réveille-toi et lève-toi et relève-toi d'entre les morts! Et la lumière du Christ resplendira pour toi". Observe ce sens mystique! Au crépuscule s'est accomplie la passion du Christ... A l'aube la résurrection... Il est tué au crépuscule, lorsque la lumière meurt désormais, car ce monde gisait entièrement dans les ténèbres et aurait été plongé dans l'horreur de ténèbres encore plus noires, si le Christ n'était pas venu du ciel, lumière d'éternité, pour ramener l'âge de l'innocence au genre humain. Jésus Christ a donc souffert et, grâce à son sang, nos péchés ont été rachetés, la lumière a resplendi d'une conscience plus limpide et le jour d'une grâce spirituelle a brillé" (Commento a dodici Salmi: SAEMO, VII, Milan-Rome 1980, p. 213)
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier l’école Saint-Érembert, de Saint-Germain-en-Laye, ainsi que le groupe du collège d’Europe, de Bruges. Que votre pèlerinage aux tombeaux des Apôtres Pierre et Paul fortifie votre foi, nourrisse votre espérance et rende toujours plus vive votre charité!


Mercredi 23 juin 2004 Ap 15 Hymne d'adoration et de louange

23064 Lecture: (Ap 15,3-4)

1. La Liturgie des Vêpres comprend, en plus des Psaumes, une série de Cantiques tirés du Nouveau Testament. Certains, comme ceux que nous venons d'entendre, sont mêlés de passages de l'Apocalypse, le livre qui scelle toute la Bible, souvent marqué par des chants et des choeurs, par des voix solistes et des hymnes de l'assemblée des élus, par des trompettes, des harpes et des cithares

Notre Cantique, très bref, est extrait du chapitre 15 de cette oeuvre. Une scène grandiose va bientôt s'ouvrir: les sept trompettes qui ont introduit tout autant de fléaux divins, sont à présent remplacées par sept coupes elles aussi remplies de fléaux, en grec pleghè, un terme qui indique en lui-même un coup violent, au point de provoquer des blessures et parfois même la mort. Dans ce cas, un renvoi au récit des plaies d'Egypte est évident (cf. Ex Ex 7, 14-11, 10).

Dans l'Apocalypse, le "fléau-plaie" est le symbole d'un jugement sur le mal, sur l'oppression et sur la violence du monde. C'est pourquoi il est également signe d'espérance pour les justes. Les sept fléaux - comme on le sait, dans la Bible le nombre 7 est un symbole de plénitude - sont définis comme les "derniers" (cf. Ap Ap 15,1), car en eux l'intervention divine qui endigue le mal touche à son terme.

2. L'hymne est entonnée par les rachetés, les justes de la terre, qui sont "debout" dans la même attitude que l'Agneau ressuscité (cf. Ap Ap 15,2). Comme les juifs lors de l'Exode qui, après la traversée de la mer, chantaient l'hymne de Moïse (cf. Ex Ex 15,1-18), les élus élèvent à Dieu "le cantique de Moïse et de l'Agneau" (Ap 15,3), après avoir remporté la victoire sur la "Bête", l'ennemi de Dieu (cf. Ap Ap 15,2).

Cette hymne reflète la liturgie des Eglises johanniques et elle est constituée par un florilège de citations de l'Ancien Testament, en particulier des Psaumes. La Communauté chrétienne des origines considérait la Bible non seulement comme l'âme de sa foi et de sa vie, mais également de sa prière et de sa liturgie, comme cela se produit précisément dans les Vêpres que nous commentons.

Il est également significatif que le cantique soit accompagné par des instruments musicaux: les justes tiennent des harpes (ibid.) à la main, témoignage d'une liturgie enveloppée par la splendeur de la musique sacrée.

3. A travers leur hymne, ceux qui sont sauvés, plus que célébrer leur constance et leur sacrifice, exaltent les "grandes et merveilleuses oeuvres" du "Seigneur, Dieu Maître-de-tout", c'est-à-dire ses gestes salvifiques dans le gouvernement du monde et dans l'histoire. En effet, la véritable prière n'est pas seulement requête, mais également louange, action de grâce, bénédiction, célébration, profession de foi dans le Seigneur qui sauve.

Le dimension universaliste est également significative dans ce Cantique, qui reprend les termes du Psaume 85: "Toutes les nations que tu as faites viendront se prosterner devant toi, Seigneur" (Ps 85,9). Le regard s'élargit ainsi à tout l'horizon et l'on entrevoit des fleuves de peuples qui convergent vers le Seigneur pour en reconnaître "les justes jugements" (cf. Ap Ap 15,4), c'est-à-dire les interventions dans l'histoire pour endiguer le mal et faire l'éloge du bien. L'attente de justice présente dans toutes les cultures, le besoin de vérité et d'amour ressenti dans toutes les spiritualités, renferment une tension vers le Seigneur, qui ne s'apaise que lorsque l'on parvient à Lui.

Il est agréable de penser à ce souffle universel de religiosité et d'espérance, assumé et interprété par les paroles des prophètes: "Mais, du levant au couchant, mon Nom est grand chez les nations, et en tout lieu un sacrifice d'encens est présenté à mon Nom ainsi qu'une offrande pure. Car grand est mon Nom chez les nations! dit Yahvé Sabaot" (Ml 1,11).

4. Nous concluons, en associant notre voix à la voix universelle. Nous le faisons à travers les paroles d'une poésie de saint Grégoire de Nazianze, grand Père de l'Eglise du IV siècle: "Gloire au Père et au Fils roi de l'univers, gloire à l'Esprit Très Saint, à qui toute louange est due. Un seul Dieu est la Trinité: Il a créé et comblé toutes choses, le ciel des êtres célestes, la terre des êtres terrestres. Il a rempli les mers, les fleuves, les sources d'êtres aquatiques, en vivifiant tout par son Esprit, afin que toute la création élève une hymne au sage Créateur: vivre et rester en vie n'ont leur cause qu'en Lui. Puisse surtout la nature rationnelle en chanter pour toujours les louanges comme Roi puissant et Père bon. En esprit, avec l'âme, avec la langue, avec la pensée, fais que moi aussi je Te glorifie de façon pure, ô Père" (Poesie, 1, Collana di testi patristici 115, Rome 1994, PP 66-67).
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les jeunes du lycée Sainte-Marie, de Blois. Puisse votre séjour à Rome affermir votre foi et faire de vous des témoins de l’Évangile ! Avec la Bénédiction apostolique.



Mercredi 30 juin 2004 Le Pallium symbolise le principe fondamental de communion qui donne forme à la vie ecclésiale

30064 Vénérés frères dans l'épiscopat,
très chers frères et soeurs!

1. Nous avons célébré hier la solennité des Apôtres Pierre et Paul, vénérés en particulier ici à Rome, où tous les deux ont scellé par le sang leur admirable témoignage d'amour au Seigneur. La liturgie eucharistique solennelle a été enrichie cette année par la participation fraternelle de Sa Sainteté le Patriarche oecuménique Bartholomaios I, pour commémorer les quarante ans de la rencontre historique et du baiser, à Jérusalem, entre mon vénéré Prédécesseur, le serviteur de Dieu Paul VI, et le Patriarche oecuménique Athénagoras.

En outre, très chers Archevêques métropolitains élus au cours de l'année, votre présence a été significative. J'ai eu la joie de vous remettre le saint Pallium, et je vous rencontre à nouveau aujourd'hui. Je vous salue avec une profonde affection, ainsi que vos parents et vos amis, et j'étends ma pensée aux communautés qui sont confiées à vos soins pastoraux.

2. Votre présence appréciée, m'offre l'occasion de réfléchir sur la signification de l'antique tradition de l'imposition des Palliums.

A partir du IX siècle, les Archevêques nommés dans les Sièges métropolitains reçurent du Pape un signe liturgique particulier, précisément le "Pallium", en témoignage de la communion avec l'Evêque de Rome. Ce signe, que le Souverain Pontife porte lors de toutes les célébrations solennelles et les Archevêques métropolitains en certaines circonstances, consiste en une bande de laine blanche qui doit être placée autour du cou. Chaque année, on confectionne autant de Palliums qu'il y a de nouveaux Archevêques métropolitains. Bénis par le Pape lors des Premières Vêpres de la solennité des saints Pierre et Paul, ils sont rangés dans un écrin particulier qui est placé dans la "Confession" de la Basilique vaticane, près de la tombe de l'Apôtre, pour être remis le jour suivant aux Archevêques.

3. Le signe du Pallium conserve aujourd'hui encore une singulière éloquence. Il exprime le principe fondamental de la communion, qui donne forme à la vie ecclésiale dans chacun de ses aspects; il rappelle que cette communion est organique et hiérarchique; il manifeste que l'Eglise, pour être une, a besoin du service particulier de l'Eglise de Rome et de son Evêque, Chef du Collège épiscopal (cf. Exhortation apos. post-synodale Pastores gregis ).

L'autre aspect complémentaire, que le rite du Pallium met bien en lumière, est celui de la catholicité de l'Eglise. Celle-ci, en effet, a été envoyée par le Christ pour annoncer l'Evangile à toutes les nations et pour servir l'humanité tout entière.

4. Très chers frères et soeurs! Beaucoup d'entre vous ont voulu être présents aux côtés de ces prélats en cette occasion tellement significative. Ce sont vos Pasteurs! Je vous invite à rester unis à eux et à prier pour la mission pastorale qu'ils sont appelés à accomplir. Ma pensée se tourne également vers les huit Archevêques métropolitains qui ne sont pas présents, et qui recevront le Pallium dans leurs sièges.

Le Christ répète à tous, comme il l'a dit un jour à Pierre: Duc in altum! Il nous invite à avancer en eaux profondes et à nous aventurer avec confiance sur la mer de la vie, en nous en remettant au soutien constant de Marie, Mère de Dieu, et à l'intercession des Apôtres Pierre et Paul qui, par leur sang, ont fécondé les débuts de l'Eglise.
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J'adresse une cordiale bienvenue aux pèlerins francophones présents ce matin sur la Place Saint-Pierre. En particulier, je salue avec affection les Archevêques métropolitains qui viennent de recevoir le Pallium et qui participent à cette audience avec leurs fidèles et leurs amis: les Archevêques de Besançon, de Toliara, de Fort-de-France, de Dijon, de Korhogo, de Rouen. Puissent les Apôtres Pierre et Paul faire grandir en vous le désir de vous donner entièrement pour le service du Christ et de son Eglise, et pour être des bâtisseurs de paix dans tous les continents!



Mercredi 21 juillet 2004: Ps 118 La promesse d'observer les commandements de Dieu

21074 Lecture: (Ps 118,105-106 Ps 118,109-112)

1. Après une pause à l'occasion de mon séjour au Val d'Aoste, nous reprenons à présent, au cours de cette Audience générale, notre itinéraire à travers les Psaumes proposés par la Liturgie des Vêpres. Nous rencontrons aujourd'hui la quatorzième des vingt-deux strophes qui composent le Psaume 118, hymne grandiose à la Loi de Dieu, expression de sa volonté. Le nombre des strophes correspond aux lettres de l'alphabet hébreu et indique la plénitude; chacune d'elles est composée de huit versets et de mots qui commencent par la lettre correspondante de l'alphabet parcouru en succession.

Dans notre cas, c'est la lettre de l'alphabet hébreu nun qui ouvre les premiers mots des versets que nous venons d'écouter. Cette strophe est éclairée par l'image lumineuse de son premier verset: "Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route" (Ps 118,105). L'homme avance sur le parcours souvent obscur de la vie, mais à l'improviste les ténèbres sont déchirées par la splendeur de la Parole de Dieu.

Le Psaume 18 fait lui aussi le rapprochement entre la Loi de Dieu et le soleil, lorsqu'il affirme que "le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux" (Ps 18,9). Dans le Livre des Proverbes, il est ensuite réaffirmé que "le précepte est une lampe, l'enseignement une lumière" (Pr 6,23). Le Christ lui-même présentera sa personne comme une révélation définitive en utilisant précisément la même image: "Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie" (Jn 8,12).

2. Le Psalmiste continue ensuite sa prière en évoquant les souffrances et les dangers de la vie qu'il doit conduire et qui a besoin d'être illuminée et soutenue: "Je suis au fond de la misère, Yahvé, vivifie-moi selon ta parole... Mon âme à tout moment entre mes mains, je n'oublie pas ta loi" (Ps 118,107 Ps 118,109).

Toute la strophe est traversée par une touche sombre: "...les impies me tendent un piège" (Ps 118,110), confesse encore l'orant, ayant recours à une image de chasse souvent utilisée dans le Psautier. Le fidèle sait qu'il avance sur les routes du monde parmi les dangers, les difficultés, les persécutions; il sait que l'épreuve est toujours aux aguets. Le chrétien, quant à lui, sait que chaque jour, il doit porter sa croix le long de la montée de son Calvaire (cf. Lc Lc 9,23).

3. Toutefois, le juste conserve sa fidélité intacte: "J'ai juré d'observer, et je tiendrai, tes justes jugements... Je n'oublie pas ta loi... Je ne dévie pas de tes préceptes" (Ps 118,106 Ps 118,109 Ps 118,110). La paix de la conscience est la force du croyant; sa constance dans l'obéissance aux commandements divins est la source de la sérénité.

La déclaration finale apparaît alors cohérente: "Ton témoignage est à jamais mon héritage, il est la joie de mon coeur" (Ps 118,111). Voilà la réalité la plus précieuse, l'"héritage", la "récompense" (Ps 118,112) que le Psalmiste conserve avec un soin vigilant et un amour ardent: les enseignements et les commandements du Seigneur. Il veut être entièrement fidèle à la volonté de son Dieu. En empruntant cette voie, il trouvera la paix de l'âme et réussira à traverser le sombre enchevêtrement des épreuves, pour parvenir à la joie véritable.

4. Les paroles de saint Augustin à ce propos nous éclairent, lorsqu'il commence son commentaire sur le Psaume 118 en développant précisément le thème de la joie qui naît de l'observance de la Loi du Seigneur. "Ce long psaume, dès le commencement, mes frères bien-aimés, nous convie au bonheur, que nul ne s'abstient de désirer. Pourrait-on, en effet, a-t-on pu, et pourra-t-on jamais rencontrer un autre homme qui n'aspire point au bonheur? A quoi bon, dès lors, nous stimuler pour un bien que le coeur humain convoite si naturellement? ... Pourquoi donc nous engager à vouloir ce qu'il nous est impossible de ne vouloir point, sinon parce que tout homme à la vérité désire le bonheur, mais beaucoup ignorent de quelle manière on y arrive? Aussi le Psalmiste nous l'enseigne-t-il, en disant: "Heureux les hommes irréprochables dans leur voie, qui marchent dans la loi du Seigneur".

Comme s'il nous disait, Ô homme, je connais ton désir, tu cherches le bonheur: si donc tu veux être heureux, sois d'abord pur. Tous veulent du bonheur, mais peu veulent de cette pureté sans laquelle on ne saurait parvenir à ce bonheur convoité par tous. Mais où donc l'homme peut-il être sans tache, sinon dans sa voie? Et quelle est cette voie, sinon ta loi Seigneur? Cette parole dès lors: "Bienheureux les hommes irréprochables dans leur voie, qui marchent dans la loi du Seigneur", n'est plus une parole superflue, c'est pour nos coeurs une exhortation bien nécessaire" (Discours sur les Psaumes, III, Rome 1976, p. 1113).

Nous faisons nôtre la conclusion du grand Evêque d'Hippone, qui réaffirme l'actualité permanente de la béatitude promise à ceux qui s'efforcent d'accomplir fidèlement la volonté de Dieu.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les groupes de jeunes ainsi que le groupe de pèlerins du Liban. Que le temps des vacances vous permettent de refaire vos forces, soutenus par la Parole de Dieu, source de la vraie joie !





Catéchèses S. J-Paul II 26054