Augustin loc. heptateuque 3052

CHAPITRE XXII.

3052 Lv 22,11. Si autem sacerdos possederit animam emptam pecunia hic edetde partibus ejus[400].Ce n'est pas avec le mot animam que s'accorde le pronom masculin hic, mais avec l'idée exprimée par animam, c'est-à-dire avec hominem.

3053 Lv 22,12. Et filia hominis sacerdotis si fuerit viro alienigenae[401] ; c'est comme s'il y avait : si nupserit viro alienigenae.

3054 Lv 22,26-27. Et locutus est Dominus ad Moysen dicens : Vitulum aut ovem aut capram, cum natum fuerit, et erit septum dies sub matre sua[402].La conjonction et est de trop : c'est une de ces locutions très familières à l'Écriture, que la plupart des traducteurs latins n'ont pas jugé à propos de reproduire.

3055 Lv 22,32. « Et je serai sanctifié au milieu des enfants d'Israël, » c'est-à-dire ma sainteté sera honorée ; car il est impossible que le Seigneur ne soit pas saint partout, aussi bien que parmi les enfants d'Israël. C'est dans le même sens qu'il faut entendre cette demande de l'oraison dominicale: « Que votre nom soit sanctifié[403],» c'est-à-dire qu'il soit honoré comme saint par tous les hommes.

[399] Ils sont sanctifiés pour pouvoir offrir les sacrifices au Seigneur votre Dieu ; ils sont saints, parce que je suis saint moi-même, moi lé Seigneur qui les sanctifie.
[400] Mais si un prêtre a un esclave qu'il a acheté, celui-ci pourra manger de ce que mange le prêtre.
[401] Si la fille d'un prêtre épouse un homme d'une autre tribu.
[402] Et le Seigneur dit à Moïse : Quand un veau, ou un agneau, ou un chevreau est né, on le laissera sept jours à téter sa mère.
[403] Mt 6,9.


CHAPITRE XXIII.

3056 Lv 23,2-3. Loquere ad filios Israël, et dices ad eos : Solemnia Domini quae vocabitis vocata sancta, ista sunt solemnia mea ; sex diebus facies opera[404]. C'est à plusieurs que cette loi doit être annoncée ; dans la suite cependant, Dieu parle comme à un seul.

3057 Lv 23,15. Et numerabitis vobis a die crastino sabbati, qua obtulerit gremium superpositionis, septem septimanas integras numerabis[405]. Ici encore Dieu ne dit pas numerabitis, quoiqu'il ait commencé par adresser la parole à plusieurs.

[404] Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur : Voici les fêtes du Seigneur que vous appellerez saintes, ce sont les jours solennels que je me réserve ; tu travailleras pendant six jours.
[405] Vous compterez sept semaines pleines, à partir du lendemain de, la fête, en laquelle la gerbe des prémices aura été offerte.


CHAPITRE XXIV.

3058 Lv 24,11. Et cum nominasset filius mulieris Israëlitidis, nomen maledixit[406].Quoiqu'on n'ait pas exprimé le mot Dei, on voit clairement que c'est le nom du Seigneur qui a été maudit.

3059 Lv 24,15. Homo, homo si maledixerit Deum, suum peccatum accipiet[407].On voit ici, de manière à ne pouvoir en douter, que l'expression homo homo est une locution, qui signifie tel ou tel homme, ou tout homme. La répétition de homo n'est donc pas, comme quelques uns l'ont pensé, une formule élogieuse, qui reviendrait à ceci : un homme, mais ce qu'on appelle un homme, non pas le premier venu, non pas celui qui s'élève à peine au-dessus de la brute, mais celui qui mérite véritablement le nom d'homme. La fausseté de cette explication ressort clairement de ce passage, où il s'agit d'un homme qui mérite non la louange, mais le blâme. Il faut donc y voir une locution propre à l'Écriture.

[406] Le fils d'une femme Israélite, ayant blasphémé, maudit encore le nom du Seigneur.
[407] Tout homme, qui aura maudit le Seigneur, portera la peine de son péché.


CHAPITRE XXV.

3060 Lv 25,46. En parlant des esclaves que les Israëlites pourraient avoir, le Seigneur dit : Et erunt vobis in possessionem in aeternum[408] ; cependant ni les maîtres ni les serviteurs lie pouvaient vivre éternellement, puisque les uns et les autres devaient mourir. Le mot aeternum signifie donc ici, que la durée de leur esclavage n'était pas limitée, comme elle l'était pour ceux qu'on devait rendre à la liberté dans l'année jubilaire.

[408] Et ils vous appartiendront pour toujours.


CHAPITRE XXVI.

3061 Lv 26,3. Si in praeceptis meis ambulaveritis, et mandata mea observaveritis, et feceretis ea, et dabo pluviam vobis in tempore suo[409]. L'addition de la conjonction et est contraire aux règles de notre langue ; elle n'est reçue que dans le style de l'Écriture : car la suite naturelle des paroles était dabo vobis.

3062 Lv 26,18. Et si usque adhuc non obedieritis inihi, et apponam castigare vossepties in peccatis vestris[410].La conjonction et est encore de trop ici ; il suffisait de dire apponam castigare vos, pour faire suite aux paroles précédentes. Quant au mot septies, il est mis pour un nombre indéterminé.


LIVRE QUATRIÈME. LOCUTIONS TIRÉES DES NOMBRES.



CHAPITRE I.

4001 Nb 1,4. Et vobiscum erunt unusquisque secundum caput uniuscujusque principum[411].

4002 Nb 1,22. Filius Simeon secundum propinquitates eorum, secundum domos familiarum eorum, secundum numerum, nominum eorum, secundum caput eorum, omnia masculina a viginti annis et supra, omnis qui procedit in virtute, recognitio eorum[412].Au lieu de mettre filii Simeon, ou bien ex filiis Simeon, on a mis filiis Simeon au datif ; et la même chose se remarque dans le dénombrement des autres tribus : c'est une locution, qui n'a pas été reproduite dans les versions latines, que nous avons eues sous la main. Il n'y a qu'en ce qui concerne la tribu de Ruben, placée la première dans l'énumération, que cette locution n'existe pas ; car au lieu de ces paroles : Filiis Ruben secundum propinquitates eorum, on lit : Et fuerunt filii Ruben, primogeniti Israëlis secundum propinquitates eorum[413], et le reste comme pour les autres tribus.

4003 Nb 1,54. Et fecerunt filii Israël secundum omnia quae mandaverat Dominus Moysi et Aaron, ita fecerunt[414] .

[409] Si vous marchez dans la voie de mes commandements, si vous gardez et pratiquez mes préceptes, je ferai tomber la pluie sur vos champs au temps favorable.
[410] Et si vous me désobéissez encore, je vous punirai sept fois davantage à cause de vos péchés.
[411] Autant il y a de chefs de familles, autant il y aura d'hommes avec vous.
[412] Voici le dénombrement des fils de Siméon, de ceux qui, depuis l'iige de vingt ans et au-dessus, étaient propres à la guerre ; ils sont comptés par branches, par familles, par maisons, avec le nombre exact de chacun.
[413] Voici quels furent les fils de Ruben, l'aîné des enfants d'Israël, comptés par branches (Ib 20).
[414] Les enfants d'Israël firent tout ce que le Seigneur avait ordonné à Moïse et à Aaron.


CHAPITRE III.

4004 Nb 3,3. Sacerdotes qui uncti sunt, quorum consummaverunt manus eorum sacerdotio fungi[415].

[415] Les prêtres qui ont reçu l'onction, et dont les mains ont été remplies d'offrandes, afin qu'ils exerçassent les fonctions du sacerdoce.


CHAPITRE IV.

4005 Nb 4,14. Et imponent super illud omnia vasa ejus, quibus ministrant in ipsis[416].

[416] Ils placeront sur l'autel tous les vases qui leur servent dans leur ministère.

CHAPITRE V.

4006 Nb 5,6. Vir aut mulier quicumque fecerit ab omnibus peccatis humanis[417].On devait dire quaecumque fecerit. C'est une locution peu usitée, de faire accorder le pronom avec le nom masculin bien que le nom féminin, soit le plus rapproché.

4007 Nb 5,7. Et reddet cui deliquit ei[418]. Pour éviter de reproduire cette locution, il en est qui ont modifié l'ordre des paroles de cette matière : Et reddet ei cui deliquit.

4008 Nb 5,12. Viri, viri si praevaricata fuerit uxor ejus[419]. On voit ici une locution, non seulement dans la répétition du mot viri, mais encore dans l'addition de ejus.

4009 Nb 5,14-15. Si superveniet illi spirites zelandi, illa autem non fuerit inquinata, et adducet homo uxorem suam ad sacerdotem[420]. Il fallait mettre la conjonction et ; mais c'est une locution familière à l'Écriture.

4010 Nb 5,18. Erit aqua argutionis, quae maledicitur haec[421]. La locution inusitée, que présente cette phrase, est due uniquement à l'arrangement des mots ; car on pouvait employer cette forme régulière : Erit aqua argutionis haec quae maledicitur, ou bien erit haec aqua argutionis quae maledicitur, ou toute autre que l'usage autoriserait.

4011 Nb 5,19 . Innocens esto ab aqua argutionis, qua maledicitur haec[422].Ce qui fait la locution ici, ce n'est plus seulement la construction irrégulière de la phrase, c'est encore le changement de cas ; pour suivre tout à la fois les règles et l'usage, il fallait dire : innocens esto ab hac aqua argutionis, quae maledicitur, ou bien : ab aqua argutionis hac quae maledicitur.

4012 Nb 5,27. Et in flabitur ventrem[423] est mis pour : inflabitur ventre. Cette locution est familière même aux auteurs latins ; mais nos traducteurs, qui n'ont pas voulu la reproduire, ont mis : et inflabitur venter ejus.

[417] Si un homme ou une femme se permet une de ces fautes qui se commettent parmi les hommes.
[418] Il rendra à celui à qui il a fait tort.
[419] Si un homme a une femme qui lui manque de fidélité.
[420] Si un homme est transporté de jalousie contre sa femme, et que celle-ci soit innocente, il la conduira devant le prêtre.
[421] Il y aura une eau de probation, sur laquelle des malédictions seront prononcées.
[422] Sors saine et sauve de cette eau de probation, qui est chargée de malédictions.
[423] Et son ventre s'enflera.


CHAPITRE VI.

4013 Nb 6,2. Vir vel mulier quicumque magni voverit votum[424] ; il fallait quaecumque.

4014 Nb 6,9. Et radetur caput suum[425] ; c'est la même locution que dans inflabitur ventrem.

[424] L'homme ou la femme qui se sera consacrée par un voeu.
[425] Il se rasera la tête.


CHAPITRE VII.

4015 Nb 7,3. Sex vehicula testa et duodecim boves ; vehiculum a duobus principibus, et vitulum a singulis[426].Je dois faire remarquer que, dans cette locution, on désigne par vitulos les mêmes animaux, qu'on vient de désigner par boves, On sait que cette manière de parler est reçue même en grec.

4016 Nb 7,11. Princeps anus quotidie, princeps quotidie oferent dona sua[427] ; c'est comme s'il y avait singulis diebus singuli principes.

4017 Nb 7,15-16. Vitulum unum pro bobus, et, hircum ex capris unum[428].

[426] Six chariots couverts et douze boeufs ; un chariot offert par deux chefs, et un boeuf par chacun d'eux.
[427] Chaque jour un des chefs offrira ses présents.
[428] Un boeuf et un bouc de ses troupeaux.


CHAPITRE VIII.

4018 Nb 8,19. Et non erit in filiis Israël accederis filiorum Israël ad sancta[429].Apparemment on pouvait se contenter de dire : et non exit in filiis Israël accedens ad sancta.

4019 Nb 8,20. Et fecit Moyses et Aaron et omnis synagoga filiorum Israël Levitis, secundum quae praecepit Domines Moysi de Levitis, ita fecerunt eis filii Israël[430].

[429] Personne parmi les enfants d'Israël ne s'approchera du sanctuaire.
[430] Moïse et Aaron et toute l'assemblée des enfants d'Israël accomplirent â l'égard des Lévites, les ordres que Moïse avait reçus du Seigneur â leur sujet.


CHAPITRE IX.

4020 Nb 9,13. Et homo, homoquicumque mundus fuerit, et in viam longinquam non est, et defuerit facere pascha, exterminabitur anima illa depopulo suo[431] : preuve nouvelle que homo homo est une locution qui a le sens de tout homme, tel ou tel.

4021 Nb 9,17. Et eum ascendisset nubes a tabernaculo ; et postea promovebant filii Israël[432] ; il suffisait de dire : et eum ascendisset nubes a tabernaculo, promovebant filii Israël.

[431] Tout homme qui, étant pur et n'étant pas parti pour un pays éloigné, aura omis de célébrer la pâque sera exterminé du milieu de son peuple.
[432] Et lorsque la nuée s'éloignait du tabernacle, les enfants d'Israël partaient.


CHAPITRE X.

4022 Nb 10,14. Et promovebunt ordo castrorum filiorum Juda primi[433].

4023 Nb 10,17. Et promovebunt filii Gerson et filii Merari[434]. Le futur désigne ici un fait accompli. C'est ce qu'on remarque également dans les versets précédents, où il est question de la nuée qui se mettait en mouvement ou s'arrêtait, pour indiquer au peuple le moment de décamper ou de ramper. Le même temps est encore employé dans la suite[435], quand on parle des mouvements des différents corps de l'armée d'Israël.

4024 Nb 10,29. « Alors Moïse dit à Obeth, fils de Raguel : « Madianite, et gendre de Moïse, » au lieu de son gendre.

4025 Nb 10,30. Et dixit ad eum : Non ibo, sed ad terram meam et ad progeniem meam[436] ; il faut sous-entendre ibo.

[433] Et la troupe des enfants d'Israël et de Juda décampa la première.
[434] Les enfants de Gerson et les enfants de Mérari se mirent en marche.
[435] Ex 12,21-23.
[436] Et il lui répondit : Je n'irai pas avec vous, mais je retournerai en mon pays dans ma famille.


CHAPITRE XI.

4026 Nb 11,4. Et promiscues qui erat in eis, concupiverunt concupiscentiam[437].On a mis le singulier pour le pluriel, en disant promiscues au lieu de promiscui ; cependant, on a employé le pluriel dans concupierunt.

4027 Nb 11,6. Nunc autem anima nostra arida, nihil praeter in manna oculi nostri[438]. Il y a deux mots sous-entendus, est et surit ; la phrase entière serait anima nostra arida est, nihil praeter in marina sunt oculi nostri. C'est ainsi en effet que plusieurs interprètes ont traduit, en suppléant les mots qui ne sont pas dans le grec.

4028 Nb 11,8. Et molebant illud in mola[439].

4029 Nb 11,24. Sexcenta millia peditum, in quibus sum in eis[440].

4030 Nb 11,25. Et abstulit de spirite, qui super ipsum[441]. Il faut sous-entendre erat ou erit. Cette locution, qu'on appelle ellipse, si familière à la langue grecque et, autant que j'en puis juger, à la langue hébraïque, n'a pas été conservée par les traducteurs latins. Elle n'est cependant pas étrangère à notre langue, quoique nous l'employions moins fréquemment que les Grecs.

4031 Nb 11,33. Et percussit Dominus plagam magnam valde[442]. Il y a évidemment une locution dans percussit plagam, puisque les règles ordinaires demandaient percussi plaga.

[437] Et un grand nombre de ceux qui s'étaient joints à eux, brûlèrent d'un grand désir.
[438] Maintenant le dégoût s'est emparé de notre âme, et nos yeux ne voient jamais que la manne.
[439] Ils la broyaient sous la meule.
[440] Ce peuple, avec lequel je suis, compte six cent mille hommes de pied.
[441] Et il prit de l'Esprit qui était en lui.
[442] Et le Seigneur frappa le peuple d'une très grande plaie.


CHAPITRE XII.

4032 Nb 12,3. Et homo Moyses lenis valde[443] ; erat est sous-entendu.

4033 Nb 12,9. Et ira animationis Dominus super eos[444] ; il faut sous-entendre facta est.

4034 Nb 12,10. Et ecce Maria leprosa sicut nix[445] ; il faut encore sous-entendre ici facta est.

[443] Moïse était un homme d'une grande douceur.
[444] Et le Seigneur entra en colère contre eux.
[445] Et aussitôt Marie fut couverte d'une lèpre blanche comme la neige.


CHAPITRE XIII

4035 Nb 13,20. Et quae terra, in qua isti insident super eam ; et quae civitatis, in quibus isti habitant in ipsis[446].

4036 Nb 13,25. « Le lieu qu'ils appelèrent la vallée de la grappe ; » c'est donc par anticipation, qu'on dit au verset précédent : « Ils arrivèrent dans la vallée de la grappe. » En voici la raison bien que cette vallée ne portât pas ce nom, quand ils y arrivèrent, elle le portait déjà quand ce livre fut écrit.

4037 Nb 13,32. Quoniam fortior nobis est magis[447] ; la phrase eut été régulière sans le mot magis.

4038 Nb 13,33. Et protulerunt parvorem terrae, quam exploraverunt eam[448].

4039 Nb 13,33 Ibid. Terram quam transivimus eam explorare, terra comedens qui habitant super eam est[449].Les règles demandaient : terra quam transivimus explorare.

[446] Examinez quelle est la terre habitée par ces peuples ; et ce que sont les villes où ils demeurent.
[447] Parce qu'il est plus tort que nous.
[448] Ils firent une peinture effrayante du pays qu'ils avaient visité.
[449] La terre que nous avons été reconnaître est une terre qui dévore ses habitants.


CHAPITRE XIV.

4040 Nb 14,7. Terram quam exploravimus eam, bona est valde valde[450].

4041 Nb 14,10. Et ait munis synagoga lapidare eos in lapidibus[451]. On pouvait se contenter de mettre lapidibus ; et même l'usage demandait simplement lapidare.

4042 Nb 14,11. Et quousque non crederunt inihi in omnibus signis, quibus fecit in ipsis[452], il fallait quae feci in ipsis.

4043 Nb 14,24. Pater autem meus Chaleb, quoniam spiritus alius ira eo et assecutus est me, et inducam eum in terram[453] ; la phrase serait régulière sans la conjonction et.

4044 Nb 14,24 Ibid. Et inducam eum in terram, in quam intravit illuc[454] ; on pouvait se contenter de la forme ordinaire in quam intravit.

4045 Nb 14,26. « Le Seigneur dit encore à Moïse et à Aaron. » On a intercalé cette phrase dans le discours, quoique les paroles précédentes soient aussi du Seigneur. C'est un usage de l'Écriture, lorsqu'elle passe à un autre sujet, de mettre de nouveau en scène la personne qui parle, lors même que le discours n'est pas interrompu.

4046 Nb 14,29. Quotquot murmuraverunt super me[455] ; on n'a pas mis de me, ou adverses me.

4047 Nb 14,31. Et haereditate possidebunt terram, quam vos abscessistis ab ea[456].Les règles demandaient a qua vos abscessistis ; mais en disant quam abscessistis, on a créé une nouvelle locution, et en ajoutant ab ea, on n'a fait que répéter une locution familière à l'Écriture. Comme Virgile a pu dire[457] : Penitusque sonantes accestis scopulos, c'est-à-dire accessistis scopulos, pour ad scopulos[458] ; et encore : Devenere locos[459], pour ad locos ; de même ici on a mis quam abscessistis, pour a qua abscessistis.

4048 Nb 14,35. Ego Dominus locutus sum, nisi ita fecero synogagae malignae isti[460]. On peut légitimement se demander quel est le sens de l'expression grecque e men, que nos traducteurs rendent presque toujours par nisi.

[450] Le pays, que nous avons exploré, est très bon.
[451] Et tout le peuple s'écriait qu'il fallait les lapider.
[452] Refuseront-ils toujours de me croire, malgré tous les prodiges que j'ai opérés au milieu d'eux ?
[453] Mais parce que mon serviteur Chaleb a été animé d'un meilleur esprit et m'a parfaitement obéi, je le ferai entrer dans cette terre.
[454] Je le ferai entrer dans cette terre, qu'il a déjà parcourue.
[455] Tous ceux qui murmurèrent contre moi.
[456] Ils auront pour héritage le pays dont vous n'avez pas voulu.
[457] Enéid. I, V. 204.
[458] Vous avez touché à des rochers dont le bruit retentit au loin.
[459] Ils arrivèrent en des lieux (L. VI. V. 639).
[460] Moi le Seigneur je saurai exécuter les menaces que j'ai prononcées contre ce peuple méchant.


CHAPITRE XV.

4049 Nb 15,18 In terram in quam ego induco vos illuc[461].

4050 Nb 15,27-28. Si autem anima una peccaverit non sponte, offeret capram unam anniculam pro peccato, et exorabit sacerdos pro anima invita et quae peccaverit nolenter ante Dominum, exorare pro eo, et remittetur ei[462]. Cette phrase présente une première locution dans l'union de exorabit sacerdos avec exorare ; car en rapprochant ces deux verbes, on a exorabit exorare. On en remarque une seconde dans le changement du genre ; féminin au commencement il est masculin à la fin : car après avoir mis si anima una peccaverit, l'auteur sacré ajoute : exorare pro eo, comme s'il y avait pro eo homine ; dans le dernier membre de phrase et dimittetur ei, le latin, il est vrai, ne présente pas de genre déterminé, puisque ce pronom convient à tous les genres : mais là ou nous mettons ei, le grec porte auto mot qui est évidemment du genre masculin. Enfin l'expression pro anima invita, signifie que la personne a péché sans le vouloir, et non pas qu'elle s'oppose à l'offrande que le prêtre fait pour elle ; comme on le voit clairement par les paroles qui suivent et quae peccaverit nolenter. Le mot invita a été employé, parce que la langue latine n'a pas de terme correspondant au grec akousitheises on ne pouvait pas dire nolentata, ni trouver d'autres mots que nolens facere, pour rendre l'idée d'agir malgré soi.

4051 Nb 15,30. Et anima quaecumque fecerit ira manit superbiae[463]. Peccatum est sous-entendu. Il faut remarquer en outre l'expression manu superbiae, où manus est pris dans le sens de opus ou potestas.

4052 Nb 15,35. Morte moriatur homo, lapidate eum lapidibus omnis synagoga[464].Morte moriatur, lapidate lapidibus, et lapidate omnis synagoga, sont autant de locutions, qui ne sont pas reçues dans notre langue.

[461] Dans la terre où je vous mène.
[462] Si quelqu'un pèche par ignorance, il offrira une chèvre d'un an pour son péché ; et le prêtre priera pour la personne qui a péché devant le Seigneur par ignorance et sans le vouloir ; et son péché lui sera remis.
[463] Tout homme qui aura péché par orgueil.
[464] Que cet homme soit puni de mort, et qu'il soit lapidé par tout le peuple.


CHAPITRE XVI.

4053 Nb 16,1-7. Et accipite singuli thuribulum suum[465].

4054 Nb 16,33. Et deseenderunt ipsi, et omnia quae sunt eis[466]. Le présent est mis pour le passé, sunt pour erant ou fuerunt.

4055 Nb 16,34. Et omnis Israël qui in circuitu eorum, fugerunt a vote eorum[467].Il faut sous-entendre erat, et compléter ainsi la phrase : omnis Israël qui erat in circuitu eorum.

4056 Nb 16,37. Quoniam sanctificaverunt thuribula peccatorum horum in animabus suis[468].On n'a pas mis quia sanctificaverunt thuribula peccatores hi in animabus suis ; mais comme si l'on ne savait pas de qui étaient les encensoirs, on a dit peccatorum horum, au lieu de dire sua. Quant au sujet de sanctificaverunt, qui ne peut être que ipsi, on laisse au lecteur le soin de le suppléer.

[465] Prenez chacun vos encensoirs.
[466] Ils furent engloutis, eux et tout ce qui leur appartenait.
[467] Et tout le peuple d'Israël, qui était autour d'eux, s'enfuit en entendant leurs cris.
[468] Parce que les encensoirs de ces pécheurs ont été sanctifiés par leur mort.


CHAPITRE XVII.

4057 Nb 17,8. Et ecce germinavit virga Aaron in domum Levi[469] ; les règles de notre langue demandaient : in domo Levi.

[469] Et la verge d'Aaron, qui était confiée à la famille de Lévi, se trouva avoir fleuri.


CHAPITRE XVIII.

4058 Nb 18,6. Et ego accepi fratres vestros Levitas de medio filiorum Israël dationem datam Domino[470].Cette locution ne pouvait pas être exprimée autrement en latin. En effet le texte grec porte doma dedomenon ; dont la traduction littérale est : datum datant. Doma, en effet, se rend par datum, comme on le voit dans ces paroles de l'Apôtre : Non quia quaero datum, en grec, doma, sed requiro fructum[471], et dans ce passage de la Genèse : Dedit Abraham data filiis suis[472] en grec, domata ; et aussi dans ce passage de l'Évangile : Nostis boni data dare filii vestris[473], où le grec porte également domata . D'un autre côté, deidomenon se rend aussi par datum, non plus substantif, mais participe. On aurait donc pu traduire par datum datum, c'est-à-dire datum quod datur, s'il n'y avait pas eu d'équivoque à éviter. Pour ne pas donner lieu à cette équivoque, quelques uns de nos traducteurs ont mis donum datum. Mais donum s'exprime en grec par doron, et non par doma ; en négligeant cette distinction on tombe ici dans l'erreur, car ce n'est pas un don que Dieu déclare avoir reçu des enfants d'Israël, mais une compensation pour les premiers-nés qui lui étaient dûs. Le mot data se dit donc également des choses données en payement et des choses données en pur don. De la sorte, tout don peut s'exprimer par datant ; mais ce qui s'exprime par datum n'est pas toujours un pur don, puisqu'il y a des choses qu'on donne en payement.

4059 Nb 18,12. Omnis primitia olei, et omnis primitia vini et tritici, primitia eorum quaecumque dederint Domino, tibi dedi ea[474]. L'écrivain sacré n'a pas mis omnem primitivum tibi dedi eum ; mais après avoir dit omnis primitia, et énuméré les choses dont on devait offrir les prémices, il a ajouté tibi dedi ea. Il aurait pu dire du moins tibi dedi eam, ou bien tibi dedi eas, c'est-à-dire primitias ; mais il a employé le genre neutre. Ce changement de cas est reçu même dans la langue latine, en vertu d'une locution absolue. Quant au mot primitia, il ne me parait pas être admis dans notre langue, qui n'emploie guère que le pluriel primitive. Mais si nos traducteurs ont pu reproduire ces locutions grecques : Non congregabo conventicula eorum de sanguinibus[475], Virum sanguinum et dolosum abominabitur Dominus[476], quoique la langue latine n'emploie le mot sanguis qu'au singulier, pourquoi aurait-on plus de scrupule de mettre primitia au singulier, afin de se rapprocher davantage du grec ? Cependant quelques traducteurs recourant à l'accusatif pluriel primitias, ont écrit : omnes primitias tibi dabo. De cette manière ils ont évité de faire passer du grec en latin deux locutions qui nous sont étrangères.

[470] J'ai accepté, parmi tout le peuple d'Israël, les enfants de Lévi,vos frères, pour être consacrés au Seigneur.
[471] Ce n'est pas que je recherche des présents ; car je ne demande que des fruits (Ph 4,47).
[472] Abraham fit des présents à ses enfants ( Gn 25,6).
[473] Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants (Mt 7,11).
[474] Je vous ai donné toutes les prémices de l'huile, du vin et du blé, tout ce qu'on offre de prémices au Seigneur.
[475] Je ne prendrai point de part à leurs réunions, ou ils offrent le sang des victimes (Ps 15,4).
[476] Le Seigneur déteste l'homme de sang et de fraude (Ps 5,7.)


CHAPITRE XIX.

4060 Nb 19,2. Loquere filiis Israël et accipiant ad te juvencamrufam[477] : c'est comme s'il y avait adducant ad te. On pourrait aussi réunir les deux formes, et dire : accipiant et adducant ad te juvencam rufam.

4061 Nb 19,7. « Et il lavera son corps avec de l'eau ; » le sens n'eut pas été moins complet quand même on n'aurait pas ajouté : « avec de l'eau. »

4062 Nb 19,9. Et ponet extra castra in locum mundum[478]. Le latin demandait in loco mundo.

4063 Nb 19,15. Omne vas apertum quaecumque non habent alligaturam alligatam superea[479].

[477] Commande aux enfants d'Israël de t'amener une génisse rousse.
[478] Il les mettra hors du camp dans un lieu pur.
[479] Tout vase qui n'a point de couvercle, ou qui n'est point lié par-dessus.


CHAPITRE XX.

4064 Nb 20,9. Et accepit Moyses virgam, quae ante Dominum[480] ; il faut sous-entendre erat.

4065 Nb 20,12. « Parce que tu ne m'as pas cru, et que tu ne m'as pas sanctifié aux yeux des enfants d'Israël ; » c'est-à-dire, tu n'as pas rendu témoignage à ma sainteté. On retrouve la même locution dans ces paroles « Je me sanctifie pour eux[481] ; » et dans l'oraison Dominicale : « Que votre nom soit sanctifié[482]. »

4066 Nb 20,15. Et incolae fuimus in Aegypto dies plures[483] ; dies plures est mis pour annis multis.

4067 Nb 20,18. « Edom lui répondit. » Sous ce nom, on désigne la nation elle-même ; car Edom, qui n'était autre qu'Esaü, n'existait plus ; de même ceux qui avaient envoyé les ambassadeurs sont appelés Israël, qui était primitivement le nom d'un homme.

4068 Nb 20,19. Et dicunt ei filii Israël : Juxta montent transibimus, si aident de aqua tua biberimus ego et pecora mea, dabo pretium tibi[484].Ce passage du pluriel au singulier ne manque pas d'élégance. Bien qu'il y ait filii Israël, on croit voir Israël lui-même prendre la parole, et commencer son discours par le pluriel : transibimus et biberimus.

4069 Nb 20,30. Et vidit omnis synagoga, quia dimissus est Aaron[485]. Il est difficile de trouver dans l'Écriture le mot dimissus employé comme synonyme de mortuus ; si ce n'est dans ce passage de l'Évangile on Siméon dit : Nunc dimittis servum tuum in in pace[486].Encore le grec ne dit-il pas apheis, équivalant de dimittis mais apolueis, qui a plutôt la signification de resolvere que de dimittere.

4070 Nb 20,30 Ibid. Et fleverunt Aaron triginta dies omnis domus Israël[487] ; on n'a pas mis flevit.On ne lit pas non plus tota ou universa, mais omnis comme s'il y avait plusieurs maisons. Le sens, en effet, change considérablement selon que l'on emploie l'un ou l'autre de ces mots : ainsi omnis homo, désigne l'universalité des hommes tandis que totus homo se dit d'un seul homme. Mais l'Écriture emploie habituellement omnis pour totus.

[480] Moïse prit la verge qui était devant le Seigneur.
[481] Jn 17,19.
[482] Mt 6,9.
[483] Nous avons demeuré en Egypte pendant longtemps.
[484] Les enfants d'Israël lui dirent : Nous passerons auprès de la montagne ; et si nous prenons de votre eau pour nous et nos troupeaux, nous vous en payerons le prix.
[485] Et tout le peuple apprit qu'Aaron était mort.
[486] Maintenant laissez mourir votre serviteur en paix (Lc 2,29. )
[487] Et toute la maison d'Israël pleura Aaron pendant trente jours.


CHAPITRE XXI.

4071 Nb 21,5. Et detrahebat populus ad Deum et adversus Moysen[488] ; on a mis ad Deum au lieu de de Deo. Mais certains traducteurs pour ne pas reproduire cette locution, on dit : detrahebant de Deo.

4072 Nb 21,7 . Ora ad Deum, ut auferat a nobis serpentem[489].C'est le singulier au lieu du pluriel, comme nous l'avons remarqué pour rana, au livre de l’Exode[490].

4073 Nb 21,9. Et factum est quando momordit serpens hominem, et aspexit in aeneum serpentem, et vivebat[491].Cette locution a deux particularités ; elle change le temps du verbe, en passant du parfait à l'imparfait, puis elle ajoute sans nécessité la conjonction et.

4074 Nb 21,11. Et elevantes ex Oboth, castra collocaverunt in Archalgaï traits in eremo[492] : c'est comme s'il y avait in ulteriore eremo.

[488] Et le peuple murmurait contre Dieu et contre Moïse.
[489] Prie Dieu qu'il nous délivre des serpents.
[490] Ch. VIII, V. 6.
[491] Et tous ceux qui armaient été mordus par les serpents et qui regardèrent le serpent d'airain, furent guéris.
[492] Etant sortis d'Oboth, ils campèrent à Archalgaï dans le désert qui est de l'autre côté.


CHAPITRE XXII.

4075 Nb 22,23. Et percussit asinam in virga[493], il fallait virga, au lieu de in virga.

[493] Il frappa l'ânesse avec son bâton.



Augustin loc. heptateuque 3052