Catéchèses Benoît XVI 14066

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Mercredi 14 juin 2006 - André, le Protoclet



Chers frères et soeurs,

Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (Mt 10,1-4) et dans Luc (Lc 6,13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (Mc 3,13-18) et dans les Actes (Ac 1,13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.

Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: "Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c'était des pêcheurs. Jésus leur dit: "Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"" (Mt 4,18-19 Mc 1,16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'"agneau de Dieu" (Jn 1,36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean "Agneau de Dieu". L'évangéliste rapporte: ils "virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là" (Jn 1,37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit: "Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ)". André amena son frère à Jésus" (Jn 1,40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément "premier appelé". Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.

Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, "bien peu de chose" - remarqua-t-il - pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6,8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné: il remarqua l'enfant - il avait donc déjà posé la question: "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde!" (ibid.) -, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante: il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean: "Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir" (Mc 13,1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.

Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques - raconte Jean - quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît - comme souvent dans l'Evangile de Jean - énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec: "L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis: si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit" (Jn 12,23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte? Jésus veut dire: Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité: le "grain de blé mort" - symbole de ma crucifixion - deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Eglise des Grecs, l'Eglise des païens, l'Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.

Des traditions très antiques voient André, qui a transmis aux Grecs cette parole, non seulement comme l'interprète de plusieurs Grecs lors de la rencontre avec Jésus que nous venons de rappeler, mais elles le considèrent comme l'apôtre des Grecs dans les années qui suivirent la Pentecôte; elles nous font savoir qu'au cours du reste de sa vie il fut l'annonciateur et l'interprète de Jésus dans le monde grec. Pierre, son frère, de Jérusalem en passant par Antioche, parvint à Rome pour y exercer sa mission universelle; André fut en revanche l'Apôtre du monde grec: ils apparaissent ainsi de véritables frères dans la vie comme dans la mort - une fraternité qui s'exprime symboliquement dans la relation spéciale des Sièges de Rome et de Constantinople, des Eglises véritablement soeurs.

Une tradition successive, comme nous l'avons mentionné, raconte la mort d'André à Patras, où il subit lui aussi le supplice de la crucifixion. Cependant, au moment suprême, de manière semblable à son frère Pierre, il demanda à être placé sur une croix différente de celle de Jésus. Dans son cas, il s'agit d'une croix décussée, c'est-à-dire dont le croisement transversal est incliné, qui fut donc appelée "croix de saint André". Voilà ce que l'Apôtre aurait dit à cette occasion, selon un antique récit (début du VI siècle) intitulé Passion d'André: "Je te salue, ô Croix, inaugurée au moyen du Corps du Christ et qui as été ornée de ses membres, comme par des perles précieuses. Avant que le Seigneur ne monte sur toi, tu inspirais une crainte terrestre. A présent, en revanche, dotée d'un amour céleste, tu es reçue comme un don. Les croyants savent, à ton égard, combien de joie tu possèdes, combien de présents tu prépares. Avec assurance et rempli de joie, je viens donc à toi, pour que toi aussi, tu me reçoives exultant comme le disciple de celui qui fut suspendu à toi... O croix bienheureuse, qui reçus la majesté et la beauté des membres du Seigneur!... Prends-moi et porte-moi loin des hommes et rends-moi à mon Maître, afin que par ton intermédiaire me reçoive celui qui, par toi, m'a racheté. Je te salue, ô Croix; oui, en vérité, je te salue!". Comme on le voit, il y a là une très profonde spiritualité chrétienne, qui voit dans la croix non pas tant un instrument de torture, mais plutôt le moyen incomparable d'une pleine assimilation au Rédempteur, au grain de blé tombé en terre. Nous devons en tirer une leçon très importante: nos croix acquièrent de la valeur si elles sont considérées et accueillies comme une partie de la croix du Christ, si elles sont touchées par l'éclat de sa lumière. Ce n'est que par cette Croix que nos souffrances sont aussi ennoblies et acquièrent leur sens véritable.

Que l'Apôtre André nous enseigne donc à suivre Jésus avec promptitude (cf. Mt 4,20 Mc 1,18), à parler avec enthousiasme de Lui à ceux que nous rencontrons, et surtout à cultiver avec Lui une relation véritablement familière, bien conscients que ce n'est qu'en Lui que nous pouvons trouver le sens ultime de notre vie et de notre mort.
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J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, présents à cette audience, en particulier la Fraternité de la Famille Missionnaire Donum Dei, de Nouvelle-Calédonie, et les jeunes de Paris et de Saint Maur. Puissiez-vous, comme saint André, accueillir l’appel du Christ et être toujours prêts à témoigner de lui !




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Mercredi 21 juin 2006 - Jacques le Majeur

Chers frères et soeurs,

En poursuivant la série de portraits des Apôtres choisis directement par Jésus au cours de sa vie terrestre, nous avons parlé de saint Pierre, de son frère André. Aujourd'hui, nous rencontrons la figure de Jacques. Les listes bibliques des Douze mentionnent deux personnes portant ce nom: Jacques fils de Zébédée et Jacques fils d'Alphée (cf. Mc 3,17 Mc 3,18 Mt 10,2-3), que l'on distingue communément par les appellations de Jacques le Majeur et Jacques le Mineur. Ces désignations n'entendent bien sûr pas mesurer leur sainteté, mais seulement prendre acte de l'importance différente qu'ils reçoivent dans les écrits du Nouveau Testament et, en particulier, dans le cadre de la vie terrestre de Jésus. Aujourd'hui, nous consacrons notre attention au premier de ces deux personnages homonymes.

Le nom de Jacques est la traduction de Iákobos, forme grécisée du nom du célèbre Patriarche Jacob. L'apôtre ainsi appelé est le frère de Jean et, dans les listes susmentionnées, il occupe la deuxième place immédiatement après Pierre, comme dans Marc (3, 17), ou la troisième place après Pierre et André dans les Evangiles de Matthieu (10, 2) et de Luc (6, 14), alors que dans les Actes, il vient après Pierre et Jean (1, 13). Ce Jacques appartient, avec Pierre et Jean, au groupe des trois disciples préférés qui ont été admis par Jésus à des moments importants de sa vie.

Comme il fait très chaud, je voudrais abréger et ne mentionner ici que deux de ces occasions. Il a pu participer, avec Pierre et Jean, au moment de l'agonie de Jésus dans le jardin du Gethsémani, et à l'événement de la Transfiguration de Jésus. Il s'agit donc de situations très différentes l'une de l'autre: dans un cas, Jacques avec les deux Apôtres fait l'expérience de la gloire du Seigneur. Il le voit en conversation avec Moïse et Elie, il voit transparaître la splendeur divine en Jésus; dans l'autre, il se trouve face à la souffrance et à l'humiliation, il voit de ses propres yeux comment le Fils de Dieu s'humilie, en obéissant jusqu'à la mort. La deuxième expérience constitua certainement pour lui l'occasion d'une maturation dans la foi, pour corriger l'interprétation unilatérale, triomphaliste de la première: il dut entrevoir que le Messie, attendu par le peuple juif comme un triomphateur, n'était en réalité pas seulement entouré d'honneur et de gloire, mais également de souffrances et de faiblesse. La gloire du Christ se réalise précisément dans la Croix, dans la participation à nos souffrances.

Cette maturation de la foi fut menée à bien par l'Esprit Saint lors de la Pentecôte, si bien que Jacques, lorsque vint le moment du témoignage suprême, ne recula pas. Au début des années 40 du I siècle, le roi Hérode Agrippa, neveu d'Hérode le Grand, comme nous l'apprend Luc, "se mit à maltraiter certains membres de l'Eglise. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter" (Ac 12,1-2). La concision de la nouvelle, privée de tout détail narratif, révèle, d'une part, combien il était normal pour les chrétiens de témoigner du Seigneur par leur propre vie et, de l'autre, à quel point Jacques possédait une position importante dans l'Eglise de Jérusalem, également en raison du rôle joué au cours de l'existence terrestre de Jésus. Une tradition successive, remontant au moins à Isidore de Séville, raconte un séjour qu'il aurait fait en Espagne, pour évangéliser cette importante région de l'empire romain. Selon une autre tradition, ce serait en revanche son corps qui aurait été transporté en Espagne, dans la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. Comme nous le savons tous, ce lieu devint l'objet d'une grande vénération et il est encore actuellement le but de nombreux pèlerinages, non seulement en Europe, mais du monde entier. C'est ainsi que s'explique la représentation iconographique de saint Jacques tenant à la main le bâton de pèlerin et le rouleau de l'Evangile, caractéristiques de l'apôtre itinérant et consacré à l'annonce de la "bonne nouvelle", caractéristiques du pèlerinage de la vie chrétienne.

Nous pouvons donc apprendre beaucoup de choses de saint Jacques: la promptitude à accueillir l'appel du Seigneur, même lorsqu'il nous demande de laisser la "barque" de nos certitudes humaines, l'enthousiasme à le suivre sur les routes qu'Il nous indique au-delà de toute présomption illusoire qui est la nôtre, la disponibilité à témoigner de lui avec courage, si nécessaire jusqu'au sacrifice suprême de la vie. Ainsi, Jacques le Majeur se présente à nous comme un exemple éloquent de généreuse adhésion au Christ. Lui, qui avait demandé au début, par l'intermédiaire de sa mère, à s'asseoir avec son frère à côté du Maître dans son Royaume, fut précisément le premier à boire le calice de la passion, à partager le martyre avec les Apôtres.

Et à la fin, en résumant tout, nous pouvons dire que le chemin non seulement extérieur, mais surtout intérieur, du mont de la Transfiguration au mont de l'agonie, symbolise tout le pèlerinage de la vie chrétienne, entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu, comme le dit le Concile Vatican II. En suivant Jésus comme saint Jacques, nous savons que, même dans les difficultés, nous marchons sur la bonne voie.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les Soeurs de Saint-Joseph de l'Apparition, les pèlerins du diocèse de Saint-Brieuc et ceux de l'Île de la Réunion. Comme saint Jacques, puissiez-vous être prêts à accueillir l’appel du Seigneur, disponibles pour suivre généreusement le Maître et prêts à donner votre vie pour lui !




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Mercredi 28 juin 2006 - Jacques le Mineur

Chers frères et soeurs,

A côté de la figure de Jacques "le Majeur", fils de Zébédée, dont nous avons parlé mercredi dernier, un autre Jacques apparaît dans les Evangiles, dit "le Mineur". Il fait lui aussi partie des listes des douze Apôtres choisis personnellement par Jésus, et il est toujours désigné comme "fils d'Alphée" (cf. Mt 10,3 Mc 3,18 Lc 5 Ac 1,13). Il a souvent été identifié avec un autre Jacques, dit "le Petit" (cf. Mc 15,40), fils d'une Marie (cf. ibid.), qui pourrait être "Marie de Cléophas", présente, selon le Quatrième Evangile, au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jn 19,25). Il était lui aussi originaire de Nazareth et probablement parent de Jésus (cf. Mt 13,55 Mc 6,3), dont il est appelé "frère" à la manière sémite (cf. Mc 6, 3; Ga 1,19). Le Livre des Actes souligne le rôle prépondérant exercé dans l'Eglise de Jérusalem par ce dernier Jacques. Lors du Concile apostolique qui y fut célébré après la mort de Jacques le Majeur, il affirma avec les autres que les païens pouvaient être accueillis au sein de l'Eglise sans devoir d'abord se soumettre à la circoncision (cf. Ac 15,13). Saint Paul, qui lui attribue une apparition particulière du Ressuscité (cf. 1Co 15,7), à l'occasion de sa venue à Jérusalem, le nomme même avant Simon-Pierre, le qualifiant comme lui de "colonne" de cette Eglise (cf. Ga 2,9). Ensuite, les judéo-chrétiens le considérèrent comme leur principal point de référence. On lui attribue également la Lettre qui porte le nom de Jacques et qui est comprise dans le canon néo-testamentaire. Il ne s'y présente pas comme "frère du Seigneur", mais comme "serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus" (Jc 1,1).

Parmi les chercheurs, la question de l'identification de ces deux personnages portant le même nom, Jacques fils d'Alphée et Jacques "frère du Seigneur, est débattue. Les traditions évangéliques n'ont conservé aucun récit, ni sur l'un ni sur l'autre, se référant à la période de la vie terrestre de Jésus. En revanche, les Actes des Apôtres nous montrent qu'un "Jacques" a exercé un rôle très important, comme nous l'avons déjà mentionné, après la résurrection de Jésus, au sein de l'Eglise primitive (cf. Ac 12,17 Ac 15,13-21 Ac 21-18). L'acte le plus important qu'il accomplit fut son intervention dans la question du rapport difficile entre les chrétiens d'origine juive et ceux d'origine païenne: il contribua avec Pierre à surmonter, ou mieux, à intégrer la dimension juive originelle du christianisme avec l'exigence de ne pas imposer aux païens convertis l'obligation de se soumettre à toutes les règles de la loi de Moïse. Le Livre des Actes nous a transmis la solution de compromis, proposée précisément par Jacques et acceptée par tous les Apôtres présents, selon laquelle aux païens qui auraient cru en Jésus Christ on ne devait demander que de s'abstenir de la coutume idolâtre de manger la chair des animaux offerts en sacrifice aux dieux, et de l'"impudicité", terme qui faisait probablement allusion aux unions matrimoniales non permises. En pratique, il s'agissait de ne respecter que quelques interdictions considérées réellement importantes par la loi mosaïque.

De cette façon, on obtint deux résultats significatifs et complémentaires, tous deux encore valables actuellement; d'une part, l'on reconnut le rapport inséparable qui lie le christianisme à la religion juive comme à sa matrice éternellement vivante et valable; de l'autre, on permit aux chrétiens d'origine païenne de conserver leur identité sociologique, qu'ils auraient perdue s'ils avaient été obligés d'observer ce qu'on appelle les "préceptes cérémoniaux" mosaïques: désormais ceux-ci ne devaient plus être considérés comme obligatoires pour les païens convertis. En substance, on marquait le début d'une pratique d'estime et de respect réciproque, qui, malgré de malheureuses incompréhensions successives, cherchait par sa nature à sauvegarder ce qui était caractéristique de chacune des deux parties.

L'information la plus ancienne sur la mort de ce Jacques nous est offerte par l'historien juif Flavius Joseph. Dans ses Antiquités juives (20, 201sq), rédigées à Rome vers la fin du I siècle, il nous raconte que la fin de Jacques fut décidée sur une initiative illégitime du Grand Prêtre Anan, fils de Annas cité dans les Evangiles, qui profita de l'intervalle entre la déposition d'un Procureur romain (Festus) et l'arrivée de son successeur (Albinus) pour décréter sa lapidation en l'an 62.

Au nom de ce Jacques, outre le Protoévangile de Jacques apocryphe, qui exalte la sainteté et la virginité de Marie Mère de Jésus, est particulièrement liée la Lettre qui porte son nom. Dans le canon du Nouveau Testament, celle-ci occupe la première place parmi ce qu'on appelle les "Lettres catholiques", c'est-à-dire qui ne sont pas destinées à une seule Eglise particulière - comme Rome, Ephèse, etc. -, mais à de nombreuses Eglises. Il s'agit d'un écrit très important, qui insiste beaucoup sur la nécessité de ne pas réduire sa propre foi à une simple déclaration verbale ou abstraite, mais à l'exprimer concrètement par des oeuvres de bien. Entre autres, il nous invite à la constance dans les épreuves joyeusement acceptées et à la prière confiante pour obtenir de Dieu le don de la sagesse, grâce auquel nous parvenons à comprendre que les véritables valeurs de la vie ne se trouvent pas dans les richesses passagères, mais plutôt dans le fait de savoir partager ses propres biens avec les pauvres et les indigents (cf. Jc Jc 1,27).

Ainsi, la Lettre de saint Jacques nous montre un christianisme très concret et pratique. La foi doit se réaliser dans la vie, surtout dans l'amour du prochain et notamment dans l'amour pour les pauvres. C'est dans ce cadre que doit également être lue la phrase célèbre: "En effet, comme le corps qui ne respire plus est mort, la foi qui n'agit pas est morte" (Jc 2,26). Cette déclaration de Jacques a parfois été opposée aux affirmations de Paul, selon lequel nous sommes rendus justes par Dieu non en vertu de nos oeuvres, mais grâce à notre foi (cf. Ga 2,16 Rm 3,28). Toutefois, ces deux phrases, apparemment contradictoires avec leurs perspectives différentes, se complètent en réalité, si elles sont bien interprétées. Saint Paul s'oppose à l'orgueil de l'homme qui pense ne pas avoir besoin de l'amour de Dieu qui nous protège, il s'oppose à l'orgueil de l'autojustification sans la grâce simplement donnée et non méritée. Saint Jacques parle en revanche des oeuvres comme du fruit normal de la foi: "C'est ainsi que tout arbre bon donne de beaux fruits", dit le Seigneur (Mt 7,17). Et saint Jacques le répète et nous le dit.

En dernier lieu, la Lettre de Jacques nous exhorte à nous abandonner entre les mains de Dieu dans tout ce que nous accomplissons, en prononçant toujours les paroles: "Si le Seigneur le veut bien" (Jc 4,15). Il nous enseigne ainsi à ne pas présumer de planifier notre vie de manière autonome et intéressée, mais à laisser place à la volonté insondable de Dieu, qui connaît ce qui est véritablement bon pour nous. Ainsi, saint Jacques demeure aujourd'hui encore un maître de vie pour chacun de nous.
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Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier les jeunes du Collège Saint-François-de-Sales de Dijon, et le groupe d'étudiants de Montpellier. Que votre pèlerinage à Rome ouvre vos coeurs au mystère de l'Eglise, pour que vous en soyez vous-mêmes des pierres vivantes!


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Mercredi 5 juillet 2006 - Jean, fils de Zébédée

Chers frères et soeurs,

Nous consacrons notre rencontre d'aujourd'hui au souvenir d'un autre membre très important du collège apostolique: Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques. Son nom, typiquement juif, signifie "le Seigneur a fait grâce". Il était en train de réparer les filets sur la rive du lac de Tibériade, quand Jésus l'appela avec son frère (cf. Mt 4,21 Mc 1,19). Jean appartient lui aussi au petit groupe que Jésus emmène avec lui en des occasions particulières. Il se trouve avec Pierre et Jacques quand Jésus, à Capharnaüm, entre dans la maison de Pierre pour guérir sa belle-mère (cf. Mc 1,29); avec les deux autres, il suit le Maître dans la maison du chef de la synagogue Jaïre, dont la fille sera rendue à la vie (cf. Mc 5,37); il le suit lorsqu'il gravit la montagne pour être transfiguré (cf. Mc 9,2); il est à ses côtés sur le Mont des Oliviers lorsque, devant l'aspect imposant du Temple de Jérusalem, Jésus prononce le discours sur la fin de la ville et du monde (cf. Mc 13,3); et, enfin, il est proche de lui quand, dans le jardin de Gethsémani, il s'isole pour prier le Père avant la Passion (cf. Mc 14,33). Peu avant Pâques, lorsque Jésus choisit deux disciples pour les envoyer préparer la salle pour la Cène, c'est à lui et à Pierre qu'il confie cette tâche (cf. 22, 8).

Cette position importante dans le groupe des Douze rend d'une certaine façon compréhensible l'initiative prise un jour par sa mère: elle s'approcha de Jésus pour lui demander que ses deux fils, Jean précisément et Jacques, puissent s'asseoir l'un à sa droite et l'autre à sa gauche dans le Royaume (cf. Mt 20,20-21). Comme nous le savons, Jésus répondit en posant à son tour une question: il demanda s'ils étaient disposés à boire la coupe qu'il allait lui-même boire (cf. Mt 20,22). L'intention qui se trouvait derrière ces paroles était d'ouvrir les yeux des deux disciples, de les introduire à la connaissance du mystère de sa personne et de leur laisser entrevoir l'appel futur à être ses témoins jusqu'à l'épreuve suprême du sang. Peu après, en effet, Jésus précisa qu'il n'était pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa propre vie en rançon pour une multitude (cf. Mt 20,28). Les jours qui suivent la résurrection, nous retrouvons "les fils de Zébédée" travaillant avec Pierre et plusieurs autres disciples au cours d'une nuit infructueuse, à laquelle suit, grâce à l'intervention du Ressuscité, la pêche miraculeuse: ce sera "le disciple que Jésus aimait" qui reconnaîtra en premier "le Seigneur" et l'indiquera à Pierre (cf. Jn 21,1-13).

Au sein de l'Eglise de Jérusalem, Jean occupa une place importante dans la direction du premier regroupement de chrétiens. En effet, Paul le compte au nombre de ceux qu'il appelle les "colonnes" de cette communauté (cf. Ga 2,9). En réalité, Luc le présente avec Pierre dans les Actes, alors qu'ils vont prier dans le Temple (cf. Ac 3,1-4 Ac 3,11) ou bien apparaissent devant le Sanhédrin pour témoigner de leur foi en Jésus Christ (cf. Ac 4,13 Ac 4,19). Avec Pierre, il est envoyé par l'Eglise de Jérusalem pour confirmer ceux qui ont accueilli l'Evangile en Samarie, en priant pour eux afin qu'ils reçoivent l'Esprit Saint (cf. Ac 8,14-15). Il faut en particulier rappeler ce qu'il affirme, avec Pierre, devant le Sanhédrin qui fait leur procès: "Quant à nous, il nous est impossible de ne pas dire ce que nous avons vu et entendu" (Ac 4,20). Cette franchise à confesser sa propre foi est précisément un exemple et une invitation pour nous tous à être toujours prêts à déclarer de manière décidée notre adhésion inébranlable au Christ, en plaçant la foi avant tout calcul ou intérêt humain.

Selon la tradition, Jean est "le disciple bien-aimé" qui, dans le Quatrième Evangile, pose sa tête sur la poitrine du Maître au cours de la Dernière Cène (cf. Jn 13,21), qui se trouve au pied de la Croix avec la Mère de Jésus (cf. Jn 19,25) et, enfin, qui est le témoin de la Tombe vide, ainsi que de la présence même du Ressuscité (cf. Jn 20,2 Jn 21,7). Nous savons que cette identification est aujourd'hui débattue par les chercheurs, certains d'entre eux voyant simplement en lui le prototype du disciple de Jésus. En laissant les exégètes résoudre la question, nous nous contentons ici de tirer une leçon importante pour notre vie: le Seigneur désire faire de chacun de nous un disciple qui vit une amitié personnelle avec Lui. Pour y parvenir, il ne suffit pas de le suivre et de l'écouter extérieurement; il faut aussi vivre avec Lui et comme Lui. Cela n'est possible que dans le contexte d'une relation de grande familiarité, imprégnée par la chaleur d'une confiance totale. C'est ce qui se passe entre des amis; c'est pourquoi Jésus dit un jour: "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis... Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître; maintenant je vous appelle mes amis, car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître" (Jn 15, 13, 15).

Dans les Actes de Jean apocryphes, l'Apôtre est présenté non pas comme le fondateur d'Eglises, ni même à la tête de communautés déjà constituées, mais dans un pèlerinage permanent en tant que communicateur de la foi dans la rencontre avec des "âmes capables d'espérer et d'être sauvées" (18, 10; 23, 8). Tout cela est animé par l'intention paradoxale de faire voir l'invisible. Et, en effet, il est simplement appelé "le Théologien" par l'Eglise orientale, c'est-à-dire celui qui est capable de parler en termes accessibles des choses divines, en révélant un accès mystérieux à Dieu à travers l'adhésion à Jésus.

Le culte de Jean apôtre s'affirma à partir de la ville d'Ephèse, où, selon une antique tradition, il oeuvra long-temps, y mourant à la fin à un âge extraordinairement avancé, sous l'empereur Trajan. A Ephèse, l'empereur Justinien, au VI siècle, fit construire en son honneur une grande basilique, dont il reste aujourd'hui encore des ruines imposantes. Précisément en Orient, il a joui et jouit encore d'une grande vénération. Dans l'iconographie byzantine, il est souvent représenté très âgé - selon la tradition il mourut sous l'empereur Trajan - et dans l'acte d'une intense contemplation, presque dans l'attitude de quelqu'un qui invite au silence.

En effet, sans un recueillement approprié, il n'est pas possible de s'approcher du mystère suprême de Dieu et de sa révélation. Cela explique pourquoi, il y a des années, le Patriarche oecuménique de Constantinople, Athénagoras, celui que le Pape Paul VI embrassa lors d'une mémorable rencontre, affirma: "Jean est à l'origine de notre plus haute spiritualité. Comme lui, les "silencieux" connaissent ce mystérieux échange de coeurs, invoquent la présence de Jean et leur coeur s'enflamme" (O. Clément, Dialogues avec Athénagoras, Turin 1972, p. 159). Que le Seigneur nous aide à nous mettre à l'école de Jean pour apprendre la grande leçon de l'amour de manière à nous sentir aimés par le Christ "jusqu'au bout" (Jn 13,1) et donner notre vie pour lui.
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J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, en particulier les séminaristes du diocèse d’Avignon et leur Archevêque, Mgr Jean-Pierre Cattenoz, ainsi que le groupe de jeunes du diocèse de Blois et leur Évêque, Mgr Maurice de Germiny. Que le temps des vacances vous permette de revenir à l’essentiel et de vous mettre à l’écoute du Christ qui est la source de tout amour !


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Mercredi 2 août 2006 - A l'image des Apôtres, les servants d'autel doivent témoigner de l'amour de Jésus dans le monde



Chers frères et soeurs!

Merci de votre accueil! Je vous salue tous avec une grande affection. Après la pause due à mon séjour dans le Val d'Aoste, je reprends aujourd'hui les Audiences générales. Et je les reprends avec une Audience véritablement spéciale, car j'ai la joie d'accueillir le grand Pèlerinage européen des servants d'autel. Chers jeunes, soyez les bienvenus! Etant donné que la plupart des servants d'autel réunis aujourd'hui sur cette Place sont de langue allemande, je m'adresserai avant tout à eux dans ma langue maternelle.

Chers servants d'autel,

Je suis heureux que ma première Audience après mes vacances dans les Alpes ait lieu avec vous, servants d'autel, et je salue avec affection chacun de vous. Je remercie l'Evêque auxiliaire de Bâle, Mgr Martin Gächter, pour les paroles avec lesquelles, en qualité de Président du Coetus Internationalis Ministrantium, il a introduit l'Audience, et je remercie pour le foulard, grâce auquel je suis redevenu à nouveau servant d'autel. Il y a plus de 70 ans, en 1935, j'ai commencé comme servant d'autel, j'ai donc parcouru un long trajet sur ce chemin. Je salue cordialement le Cardinal Christoph Schönborn qui, hier, a célébré la Messe pour vous, ainsi que les nombreux Evêques et prêtres provenant d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et de Hongrie. A vous, chers servants d'autel, je voudrais offrir, brièvement, car il fait chaud, un message qui puisse vous accompagner dans votre vie et dans votre service à l'Eglise. Je désire pour cela reprendre le thème que j'ai abordé au cours des catéchèses de ces derniers mois. Certains d'entre vous savent peut-être qu'au cours des Audiences générales du mercredi, je présente les figures des Apôtres: d'abord Simon, auquel le Seigneur a donné le nom de Pierre; son frère André; puis deux autres frères, saint Jacques, dit "le Majeur", premier martyr parmi les Apôtres; et Jean, le théologien, l'évangéliste; puis Jacques, dit le "Mineur". J'ai l'intention de continuer à présenter les autres Apôtres lors des prochaines Audiences, au cours desquelles, pour ainsi dire, le visage de l'Eglise devient plus personnel. Mais aujourd'hui, nous nous arrêtons sur un thème commun: quel genre de personnes étaient les Apôtres? Nous pouvons dire brièvement qu'ils étaient les "amis" de Jésus. Lui-même les a appelés ainsi au cours de la dernière Cène, en leur disant: "Je ne vous appelle plus serviteurs... mais je vous appelle amis" (Jn 15,15). Ils ont été, et ont pu être, les apôtres et les témoins du Christ car ils étaient ses amis, car ils le connaissaient à travers l'amitié, parce qu'ils étaient proches de lui. Ils étaient unis par un lien d'amour vivifié par l'Esprit Saint. Nous pouvons entrevoir dans cette perspective le thème de votre pèlerinage: "Spiritus vivificat". C'est l'Esprit, l'Esprit Saint qui vivifie. C'est lui qui vivifie votre rapport avec Jésus, de sorte qu'il n'est plus uniquement extérieur: "Nous savons qu'il a existé et qu'il est présent dans le Sacrement", mais il le transforme en rapport intime, profond, d'amitié véritablement personnelle, capable de donner un sens à la vie de chacun d'entre vous. Et étant donné que vous le connaissez et que vous le connaissez dans l'amitié, vous pourrez en témoigner et l'apporter aux autres personnes. Aujourd'hui, en vous voyant ici devant moi, Place Saint-Pierre, je pense aux Apôtres, et j'entends la voix de Jésus qui vous dit: "Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis: demeurez dans mon amour et vous porterez beaucoup de fruit" (cf. Jn 15,9 Jn 15,16). Je vous y invite: écoutez cette voix! Le Christ ne l'a pas seulement dit il y a 2000 ans; il est vivant et vous le dit à vous maintenant. Ecoutez cette voix avec une grande disponibilité; elle a quelque chose à dire à chacun. Peut-être dit-elle à certains d'entre vous: "Je veux que tu me serves de façon spéciale comme prêtre en devenant ainsi mon témoin, en étant mon ami et en introduisant d'autres personnes à cette amitié". Ecoutez quoi qu'il en soit avec confiance la voix de Jésus. La vocation de chacun est diverse, mais le Christ désire instaurer une amitié avec tous, comme il l'a fait avec Simon, qu'il appela Pierre, avec André, Jacques, Jean et avec les autres Apôtres. Il vous a donné sa parole et continue à vous la donner, afin que vous connaissiez la vérité, afin que vous sachiez dans quelle situation vit véritablement l'homme, et que vous sachiez donc comment vivre de façon juste, comment il faut affronter la vie afin qu'elle devienne vraie. Vous pourrez ainsi être, chacun à votre façon, ses disciples et apôtres.

Chers servants d'autel, en réalité, vous êtes déjà les apôtres de Jésus! Lorsque vous participez à la Liturgie en accomplissant votre service à l'autel, vous offrez à tous votre témoignage. Votre attitude de recueillement, votre dévotion qui part du coeur et qui s'exprime dans les gestes, dans le chant, dans les réponses: si vous le faites comme il faut et non pas de façon distraite, de n'importe quelle façon, alors votre témoignage est un témoignage qui touche les hommes. Le lien d'amitié avec Jésus a sa source et son point culminant dans l'Eucharistie. Vous êtes très proches de Jésus Eucharistie, et cela est le plus grand signe de son amitié pour chacun de nous. Ne l'oubliez pas; et pour cela, je vous le demande: ne vous habituez pas à ce don, afin qu'il ne devienne pas une sorte d'habitude, sachant comment il fonctionne et le faisant de façon automatique, mais découvrez chaque jour à nouveau que quelque chose de grand a lieu, que le Dieu vivant est parmi nous, que vous pouvez être proches de Lui et l'aider afin que son mystère soit célébré et atteigne les personnes. Si vous ne cédez pas à l'habitude et que vous accomplissez votre service du plus profond de votre coeur, alors, vous serez véritablement ses apôtres et vous porterez des fruits de bonté et de service dans tous les domaines de votre vie: en famille, à l'école, pendants vos loisirs. Cet amour que vous recevez dans la Liturgie, apportez-le à toutes les personnes, en particulier là où vous constatez qu'elles manquent d'amour, qu'elles ne reçoivent rien de bon, qu'elles souffrent et qu'elles sont seules. Avec la force de l'Esprit Saint, efforcez-vous d'apporter Jésus précisément à ces personnes qui sont marginalisées, qui ne sont pas aimées, qui ont des problèmes. C'est précisément là, avec la force de l'Esprit Saint, que vous devez apporter Jésus. Ainsi, ce Pain, que vous voyez être rompu sur l'autel, sera encore partagé et multiplié, et vous, comme les douze Apôtres, vous aiderez Jésus à le distribuer au monde d'aujourd'hui, dans les diverses situations de la vie. Ainsi, chers servants d'autel, mes dernières paroles pour vous sont celles-ci: soyez toujours des amis et des apôtres de Jésus Christ!

Chers pèlerins de langue française, je vous salue tous avec affection. Après un temps de repos en Vallée d'Aoste, j'ai la joie d'accueillir le Pèlerinage européen des Servants d'autel. Chers jeunes, je voudrais vous adresser un message qui pourra vous accompagner dans votre vie et dans votre service. Les Apôtres ont été les témoins de Jésus parce qu'ils étaient ses "amis". Vous aussi, vous êtes déjà apôtres de Jésus! Quand vous participez à la Liturgie en exerçant votre service de l'autel, vous offrez à tous un témoignage. Votre attitude de prière, qui vient du coeur et qui se manifeste par les gestes, par le chant, par votre participation, tout cela est déjà apostolat. Vous êtes très proches de Jésus Eucharistie, ce qui est le plus grand signe de son amitié pour vous. Laissez-vous toujours émerveiller par tant d'amour et de proximité! Chers servants d'autel, soyez toujours amis et apôtres de Jésus!



Catéchèses Benoît XVI 14066