Catéchèses Benoît XVI 15090

APPEL DU SAINT-PÈRE


Je suis avec préoccupation les événements qui se déroulent ces jours-ci dans les diverses régions de l'Asie du sud, notamment en Inde, au Pakistan et en Afghanistan. Je prie pour les victimes et je demande que le respect de la liberté religieuse et la logique de la réconciliation prévalent sur la haine et la violence.





Place Saint-Pierre

Mercredi 22 septembre 2010 - Voyage Apostolique au Royaume-Uni

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Chers frères et soeurs!

Je voudrais aujourd’hui m’arrêter pour parler du voyage apostolique au Royaume-Uni, que Dieu m’a donné d’accomplir ces jours derniers. Il s’est agi d’une visite officielle et, dans le même temps, d’un pèlerinage au coeur de l’histoire passée et présente d’un peuple riche de culture et de foi, comme l’est le peuple britannique. Il s’est agi d’un événement historique, qui a marqué une nouvelle phase importante dans l’histoire longue et complexe des relations entre ces populations et le Saint-Siège. Le but principal de la visite était celui de proclamer bienheureux le cardinal John Henry Newman, l’un des plus grands anglais de l’époque récente, éminent théologien et homme d’Eglise. En effet, la cérémonie de béatification a représenté le moment culminant du voyage apostolique, dont le thème s’inspirait de la devise du blason cardinalice du bienheureux Newman: «Le coeur parle au coeur». Et au cours des quatre très belles journées intenses passées dans cette noble terre, j’ai eu la grande joie de parler au coeur des habitants du Royaume-Uni, et ceux-ci ont parlé au mien, en particulier à travers leur présence et le témoignage de leur foi. J’ai pu en effet constater à quel point l’héritage chrétien est encore fort et toujours vivant dans chaque couche de la vie sociale. Le coeur des britanniques et leur existence sont ouverts à la réalité de Dieu et il existe de nombreuses expressions de religiosité que ma visite a encore davantage mises en évidence.

Dès le premier jour et tout au long de mon séjour au Royaume-Uni, j’ai reçu partout un accueil chaleureux de la part des autorités, des représentants des diverses institutions sociales, des représentants des diverses confessions religieuses et en particulier des personnes communes. Je pense de manière particulière aux fidèles de la communauté catholique et à ses pasteurs, qui, bien qu’étant en minorité dans le pays, sont largement appréciés et considérés, engagés dans l’annonce joyeuse de Jésus Christ, en faisant resplendir le Seigneur et en se faisant sa voix, en particulier parmi les derniers. Je renouvelle à tous l’expression de ma profonde gratitude, pour l’enthousiasme démontré et pour le zèle digne d’éloge avec lequel ils se sont prodigués pour la réussite de ma visite, dont je garderai à jamais le souvenir dans mon coeur.

Le premier rendez-vous a été à Edimbourg, avec Sa Majesté la reine Elisabeth II qui, avec son époux, le duc d’Edimbourg, m’ont accueilli avec une grande courtoisie au nom de tout le peuple britannique. Il s’est agi d’une rencontre très cordiale, caractérisée par le partage de plusieurs profondes préoccupations pour le bien-être des peuples du monde et pour le rôle des valeurs chrétiennes dans la société. Dans la capitale historique de l’Ecosse, j’ai pu admirer les beautés artistiques, témoignant d’une riche tradition et de profondes racines chrétiennes. J’ai fait référence à cela dans le discours à Sa Majesté et aux autorités présentes, en rappelant que le message chrétien est devenu une partie intégrante de la langue, de la pensée et de la culture des peuples de ces îles. J’ai également parlé du rôle que la Grande-Bretagne a joué et joue sur la scène internationale, en mentionnant l’importance des pas accomplis pour une pacification juste et durable en Irlande du Nord.

L’atmosphère de fête et de joie créée par les jeunes et les enfants a donné un caractère joyeux à l’étape d’Edimbourg. M’étant ensuite rendu à Glasgow, une ville embellie par des parcs merveilleux, j’ai présidé la première Messe du voyage précisément au Bellahouston Park. Cela a été un moment d’intense spiritualité, très important pour les catholiques du pays, également en considération du fait que ce jour était la fête liturgique de saint Ninian, premier évangélisateur de l’Ecosse. A cette assemblée liturgique réunie dans une prière attentive et fervente, rendue encore plus solennelle par les mélodies traditionnelles et des chants émouvants, j’ai rappelé l’importance de l’évangélisation de la culture, en particulier à notre époque où un relativisme envahissant menace d’assombrir la vérité immuable sur la nature de l’homme.

Au cours de la deuxième journée, j’ai commencé ma visite à Londres. Là, j’ai tout d’abord rencontré le monde de l’éducation catholique, qui revêt un rôle important dans le système d’instruction du pays. Dans une authentique atmosphère familiale, j’ai parlé aux éducateurs, rappelant l’importance de la foi dans la formation de citoyens mûrs et responsables. Aux nombreux adolescents et jeunes, qui m’ont accueilli avec sympathie et enthousiasme, j’ai proposé de ne pas poursuivre des objectifs limités, en se contentant de choix faciles, mais de viser à quelque chose de plus grand, c’est-à-dire la recherche du véritable bonheur, qui ne se trouve qu’en Dieu. Au cours du rendez-vous suivant avec les responsables des autres religions les plus représentées au Royaume-Uni, j’ai rappelé la nécessité inéluctable d’un dialogue sincère, qui a besoin du respect du principe de réciprocité pour être pleinement fructueux. Dans le même temps, j’ai souligné la recherche du sacré comme terrain commun à toutes les religions, sur lequel fortifier l’amitié, la confiance et la collaboration.

La visite fraternelle à l’archevêque de Canterbury a été l’occasion de réaffirmer l’engagement commun de témoigner du message chrétien qui lie catholiques et anglicans. L’un des moments les plus significatifs du voyage apostolique a suivi: la rencontre dans le grand salon du Parlement britannique avec les personnalités institutionnelles, politiques, diplomatiques, académiques, religieuses, des représentants du monde de la culture et des entreprises. Dans ce lieu aussi prestigieux, j’ai souligné que la religion, pour les législateurs, ne doit pas représenter un problème à résoudre, mais un facteur qui contribue de manière vitale au chemin historique et au débat public de la nation, en particulier en rappelant l’importance essentielle du fondement éthique pour effectuer les choix dans les différents secteurs de la vie sociale.

Dans ce même climat solennel, je me suis ensuite rendu à l’abbaye de Westminster: pour la première fois, un Successeur de Pierre est entré dans le lieu de culte symbole des très antiques racines chrétiennes du pays. La récitation de la prière des vêpres, avec les diverses communautés chrétiennes du Royaume-Uni, a représenté un moment important dans les relations entre la communauté catholique et la communion anglicane. Lorsque nous avons prié ensemble sur la tombe de saint Edouard le confesseur, alors que le choeur chantait: «Congregavit nos in unum Christi amor», nous avons tous loué Dieu, qui nous conduit sur la voie de la pleine unité.

Dans la matinée de samedi, le rendez-vous avec le premier ministre a ouvert ma série de rencontres avec les représentants les plus importants du monde politique britannique. Puis la célébration eucharistique dans la cathédrale de Westminster a suivi, consacrée au Très Précieux Sang de Notre Seigneur. Ce fut un moment extraordinaire de foi et de prière — qui a également souligné la riche et précieuse tradition de musique liturgique «romaine» et «anglaise» — à laquelle ont pris part les différentes composantes ecclésiales, spirituellement unies aux groupes de croyants de la longue histoire chrétienne de cette terre. Je suis vraiment heureux d’avoir rencontré un grand nombre de jeunes qui participaient à la Messe à l’extérieur de la cathédrale. A travers leur présence pleine d’enthousiasme et en même temps attentive et vivante, ils ont démontré vouloir être les acteurs d’une nouvelle saison de témoignage courageux, de solidarité effective, de généreux engagement au service de l’Evangile.

A la nonciature apostolique, j’ai rencontré plusieurs victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé et des religieux. Cela a été un moment d’intense émotion et de prière. Peu après, j’ai aussi rencontré un groupe de professionnels et de volontaires responsables de la protection des enfants et des jeunes dans les milieux ecclésiaux, un aspect particulièrement important et présent dans l’engagement pastoral de l’Eglise. Je les ai remerciés et encouragés à poursuivre leur travail, qui s’insère dans la longue tradition de l’Eglise d’attention au respect, à l’éducation et à la formation des nouvelles générations. Toujours à Londres, j’ai ensuite visité la maison de repos pour les personnes âgées gérées par les Petites Soeurs des pauvres, avec la précieuse collaboration de nombreuses infirmières et bénévoles. Cette structure d’accueil est le signe de la grande considération que l’Eglise a toujours eue pour les personnes âgées, ainsi que l’expression de l’engagement des catholiques britanniques pour le respect de la vie, sans tenir compte de l’âge ou des conditions.

Comme je le disais, le sommet de ma visite au Royaume-Uni a été la béatification du cardinal John Henry Newman, illustre fils de l’Angleterre. Elle a été précédée et préparée par une veillée spéciale de prière qui s’est déroulée samedi soir à Londres, à Hyde Park, dans une atmosphère de profond recueillement. A la multitude de fidèles, en particulier aux jeunes, j’ai voulu reproposer la figure lumineuse du cardinal Newman, intellectuel et croyant, dont le message spirituel peut être synthétisé dans le témoignage que la voie de la conscience n’est pas une fermeture à son propre «moi», mais est ouverture, conversion et obéissance à Celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Le rite de béatification a eu lieu à Birmingham, au cours de la célébration eucharistique solennelle dominicale, en présence d’une vaste foule provenant de toute la Grande-Bretagne et de l’Irlande, avec des représentants de nombreux autres pays. Cet événement touchant a encore davantage mis en lumière un intellectuel d’une grande envergure, un éminent écrivain et poète, un sage homme de Dieu, dont la pensée a illuminé de nombreuses consciences et exerce encore aujourd’hui une fascination extraordinaire. Que les croyants et les communautés ecclésiales du Royaume-Uni s’inspirent en particulier de lui, pour que de nos jours également, cette noble terre continue à produire des fruits abondants de vie évangélique.

La rencontre avec la Conférence épiscopale d’Angleterre et du Pays de Galles et avec celle de l’Ecosse, a conclu une journée de grande fête et d’intense communion des coeurs pour la communauté catholique en Grande-Bretagne.

Chers frères et soeurs, au cours de ma visite au Royaume-Uni, j’ai voulu comme toujours soutenir en premier lieu la communauté catholique, en l’encourageant à travailler sans relâche pour défendre les vérités morales immuables qui, reprises, illuminées et confirmées par l’Evangile, se trouvent à la base d’une société vraiment humaine, juste et libre. J’ai voulu également parler au coeur de tous les habitants du Royaume-Uni, sans exclusion, de la réalité véritable de l’homme, de ses besoins les plus profonds, de son destin ultime. En m’adressant aux citoyens de ce pays, carrefour de la culture et de l’économie mondiale, j’ai gardé à l’esprit tout l’Occident, en dialoguant avec les raisons de cette civilisation et en communiquant l’éternelle nouveauté de l’Evangile, dont celle-ci est imprégnée. Ce voyage apostolique a confirmé en moi une profonde conviction: les antiques nations de l’Europe ont une âme chrétienne, qui ne forme qu’un avec le «génie» et l’histoire des peuples respectifs, et l’Eglise ne cesse de travailler pour maintenir sans cesse éveillée cette tradition spirituelle et culturelle. Le bienheureux John Henry Newman, dont la figure et les écrits conservent encore une actualité extraordinaire, mérite d’être connu de tous. Qu’il soutienne les intentions et les efforts des chrétiens pour «diffuser partout le parfum du Christ, afin que toute leur vie ne soit qu’un rayonnement de la sienne», comme il l’écrivait avec sagesse dans son ouvrage Faire rayonner le Christ.
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Je salue les pèlerins venus d’Alsace, de Langres, Paris et de Poitiers. En cette fête de la saint Maurice, je salue les membres présents des groupes de psychothérapie de Montreux, en Suisse. Puisse l’enseignement et l’exemple du bienheureux John Henry Newman nous inspirer ! Bon pèlerinage à tous !

APPEL DU SAINT-PÈRE


Au cours de cette semaine, se déroule à Vienne la séssion plénière de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe dans son ensemble. Le thème de la phase actuelle d’étude est le rôle de l’Evêque de Rome dans la communion de l’Eglise universelle, avec une référence particulière au premier millénaire de l’histoire chrétienne. L’obéissance à la volonté du Seigneur Jésus, et la considération des grands défis qui se présentent aujourd’hui au christianisme, nous obligent à nous engager sérieusement dans la cause du rétablissement de la pleine communion entre les Eglises. J’exhorte chacun à prier intensément pour les travaux de la Commission et pour un développement permanent et une consolidation de la paix et de la concorde entre les baptisés, afin que nous puissions donner au monde un témoignage évangélique toujours plus authentique.





Place Saint-Pierre

Mercredi 29 septembre 2010 - Sainte Mathilde de Hackeborn

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Chers frères et soeurs,

Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Mathilde de Hackeborn, l’une des grandes figures du monastère de Helfta, ayant vécu au XIIIe siècle. Sa consoeur, sainte Gertrude la Grande, dans le vie livre de l’oeuvre Liber specialis gratiae (le livre de la grâce spéciale), dans lequel sont relatées les grâces spéciales que Dieu a données à sainte Mathilde, affirme: «Ce que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les si nombreuses grâces que Mathilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous» (Mathilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1).

Cette oeuvre a été rédigée par sainte Gertrude et par une autre consoeur de Helfta et possède une histoire singulière. A l’âge de cinquante ans, Mathilde traversait une grave crise spirituelle unie à des souffrances physiques. C’est dans cette situation qu’elle confia à deux consoeurs amies les grâces spéciales à travers lesquelles Dieu l’avait guidée depuis son enfance, mais elle ne savait pas que celles-ci notaient tout. Lorsqu’elle l’apprit, elle en fut profondément angoissée et troublée. Toutefois, le Seigneur la rassura en lui faisant comprendre que ce qui était écrit l’était pour la gloire de Dieu et le bénéfice de son prochain (cf. ibid., II, 25, v. 20). Ainsi, cette oeuvre est la source principale à laquelle nous pouvons puiser les informations sur la vie et la spiritualité de notre sainte.

A travers elle, nous sommes introduits dans la famille du baron de Hackeborn, l’une des plus nobles, riches et puissantes de Thuringe, apparentée à l’empereur Frédéric II, et nous entrons dans le monastère de Helfta à l’époque la plus glorieuse de son histoire. Le baron avait déjà donné au monastère une fille, Gertrude de Hackeborn (1231/1232-1291/1292), dotée d’une forte personnalité, abbesse pendant quarante ans, capable de conférer une empreinte particulière à la spiritualité du monastère, le conduisant à une floraison extraordinaire comme centre de mystique et de culture, école de formation scientifique et théologique. Gertrude offrit aux moniales une instruction intellectuelle de haut niveau, qui leur permettait de cultiver une spiritualité fondée sur l’Ecriture Sainte, sur la liturgie sur la tradition patristique, sur la Règle et la spiritualité cistercienne, avec une prédilection particulière pour saint Bernard de Clairvaux et Guillaume de Saint-Thierry. Elle fut une véritable maîtresse, exemplaire en tout, dans la radicalité évangélique et dans le zèle apostolique. Dès son enfance, Mathilde accueillit et goûta le climat spirituel et culturel créé par sa soeur, en apportant ensuite sa marque personnelle.

Mathilde naquit en 1241 ou 1242 dans le château de Helfta; elle était la troisième fille du baron. A l’âge de sept ans, avec sa mère, elle rendit visite à sa soeur Gertrude dans le monastère de Rodersdorf. Elle fut si fascinée par ce milieu qu’elle désira ardemment en faire partie. Elle y entra comme écolière, et en 1258, devint religieuse dans le couvent, se transférant entre temps à Helfta, dans le domaine des Hackeborn. Elle se distinguait par son humilité, sa ferveur, son amabilité, la transparence et l’innocence de sa vie, la familiarité et l’intensité avec lesquelles elle vivait la relation avec Dieu, la Vierge et les saints. Dotée de qualités naturelles et spirituelles élevées, comme «la science, l’intelligence, la connaissance des lettres humaines, la voix d’une merveilleuse douceur: tout la rendait apte à être pour le monastère un véritable trésor sous tous les aspects» (ibid., préambule). Aussi, «le rossignol de Dieu» — comme elle était appelée — encore très jeune, devint directrice de l’école du monastère, directrice du choeur, et maître des novices, fonctions qu’elle accomplit avec talent et un zèle inlassable, non seulement au bénéfice des moniales, mais de quiconque désirait puiser à sa sagesse et sa bonté.

Illuminée par le don divin de la contemplation mystique, Mathilde composa de nombreuses prières. C’est une maîtresse de doctrine fidèle et de grande humilité, conseillère, consolatrice, guide dans le discernement: «Elle distribuait — lit-on — la doctrine avec une abondance telle que l’on n’avait jamais vue dans le monastère, et nous avons hélas! la grande crainte que l’on ne verra plus jamais rien de semblable. Les soeurs se réunissaient autour d’elle pour entendre la parole de Dieu, comme autour d’un prédicateur. Elle était le refuge et le réconfort de tous, et elle avait, par un don singulier de Dieu, la grâce de révéler librement les secrets du coeur de chacun. De nombreuses personnes, pas seulement dans le monastère, mais aussi des étrangers, des religieux et des laïcs, venus de loin, attestaient que cette sainte vierge les avait libérés de leur peine et qu’ils n’avaient jamais éprouvé autant de réconfort qu’auprès d’elle. En outre, elle composa et elle enseigna de nombreuses prières qui, si elles étaient réunies, dépasseraient le volume d’un psautier» (ibid., VI, 1).

En 1261, une petite fille de cinq ans du nom de Gertrude arrive au couvent: elle est confiée aux soins de Mathilde, qui a à peine vingt ans, qui l’éduque et la guide dans la vie spirituelle jusqu’à en faire non seulement une excellente disciple, mais sa confidente. En 1271 ou 1272, Mathilde de Megdeburg entre elle aussi au monastère. Le lieu accueille ainsi quatre grandes femmes — deux Gertrude et deux Mathilde —, gloire du monachisme germanique. Au cours de sa longue vie passée au monastère, Mathilde est frappée par d’incessantes et intenses souffrances auxquelles elle ajoute les très dures pénitences choisies pour la conversion des pécheurs. De cette manière, elle participe à la passion du Seigneur jusqu’à la fin de sa vie (cf. ibid., VI, 2). La prière et la contemplation sont l’humus vital de son existence: les révélations, ses enseignements, son service au prochain, son chemin dans la foi et dans l’amour ont ici leur racine et leur contexte. Dans le premier livre de l’oeuvre Liber specialis gratiae, les rédactrices recueillent les confidences de Mathilde effectuées lors des fêtes du Seigneur, des saints et, de manière particulière, de la Bienheureuse Vierge Marie. La capacité que cette sainte possède de vivre la liturgie dans ses différents éléments, même les plus simples, en la portant dans la vie quotidienne monastique, est impressionnante. Certaines images, expressions, actions sont parfois éloignées de notre sensibilité, mais, si l’on considère la vie monastique et sa tâche de maîtresse et de directrice de choeur, on saisit sa capacité particulière d’éducatrice et de formatrice, qui aide ses consoeurs à vivre intensément, en partant de la liturgie, chaque moment de la vie monastique.

Dans la prière liturgique, Mathilde accorde une importance particulière aux heures canoniques, à la célébration de la Messe, en particulier à la communion. Là, elle est souvent ravie en extase dans une profonde intimité avec le Seigneur dans son coeur très ardent et très doux, dans un dialogue merveilleux, où elle demande des lumières intérieures, alors qu’elle intercède de manière particulière pour sa communauté et ses consoeurs. Au centre, se trouvent les mystères du Christ vers lesquels la Vierge Marie renvoie constamment pour marcher sur la voie de la sainteté: «Si tu désires la véritable sainteté, reste près de mon Fils; Il est la sainteté même qui sanctifie toute chose» (ibid., I, 40). Dans son intimité avec Dieu est présent le monde entier, l’Eglise, les bienfaiteurs, les pécheurs. Pour elle, le ciel et la terre s’unissent.

Ses visions, ses enseignements, les épisodes de son existence sont décrits avec des expressions qui évoquent le langage liturgique et biblique. On saisit ainsi sa profonde connaissance des Saintes Ecritures, qui étaient son pain quotidien. Elle y a constamment recours, que ce soit pour mettre en valeur les textes bibliques lus pendant la liturgie, ou en y puisant des symboles, des termes, des paysages, des images, des personnages. Sa préférence va à l'Evangile: «Les paroles de l'Evangile étaient pour elle une nourriture merveilleuse et suscitaient dans son coeur des sentiments d'une telle douceur que souvent, prise par son enthousiasme, elle ne pouvait en terminer la lecture... La manière dont elle lisait ces mots étaient si fervente qu'elle suscitait chez tous la dévotion. De même, lorsqu'elle chantait dans le choeur, elle était tout absorbée en Dieu, transportée par une telle ardeur qu'elle manifestait parfois ses sentiments avec des gestes... D'autres fois, comme ravie en extase, elle n'entendait pas ceux qui l'appelaient ou la secouaient et elle avait beaucoup de difficultés à reprendre conscience des choses extérieures» (ibid., VI, 1). Dans l'une de ses visions, c'est Jésus lui-même qui lui recommande l'Evangile; en lui ouvrant la plaie de son coeur très doux, il lui dit: «Vois combien mon amour est grand: si tu veux bien le connaître, tu ne le trouveras nulle part ailleurs mieux exprimé que dans l'Evangile. Personne n'a jamais entendu exprimer des sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci: Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés (Jean XV, 9)» (ibid., I, 22).

Chers amis, la prière personnelle et liturgique, notamment la liturgie des Heures et la Messe sont à la racine de l'expérience spirituelle de sainte Mathilde de Hackeborn. En se laissant guider par les Saintes Ecritures et nourrir du Pain eucharistique. Elle a parcouru un chemin d'intime union avec le Seigneur, toujours dans la pleine fidélité à l'Eglise. Cela est également pour nous une puissante invitation à intensifier notre amitié avec le Seigneur, surtout à travers la prière quotidienne et la participation attentive, fidèle et active à la Messe. La liturgie est une grande école de spiritualité.

La disciple Gertrude décrit avec des expressions intenses les derniers moments de la vie de sainte Mathilde de Hackeborn, très difficiles, mais éclairés par la présence de la Bienheureuse Trinité, du Seigneur, de la Vierge Marie, de tous les saints, ainsi que de sa soeur de sang Gertrude. Lorsque arriva l'heure où le Seigneur voulut l'appeler à Lui, elle lui demanda de pouvoir encore vivre dans la souffrance pour le salut des âmes et Jésus se complut de cette marque d'amour supplémentaire.

Mathilde avait 58 ans. Elle parcourut la fin de sa route marquée par huit ans de graves maladies. Son oeuvre et sa renommée de sainteté se répandirent rapidement. Lorsque son heure vint, «le Dieu de Majesté... unique douceur de l'âme qui l'aime.., lui chanta: Venite vos, benedicti Patris mei... Venez, ô vous qui êtes bénis par mon Père, venez recevoir le royaume... et il l'associa à sa gloire» (ibid., VI, 8).

Sainte Mathilde de Hackeborn nous confie au Sacré Coeur de Jésus et à la Vierge. Elle invite à louer le Fils avec le Coeur de la Mère et à louer Marie avec le Coeur du Fils: «Je vous salue, ô Vierge très vénérée, dans cette douce rosée qui, du Coeur de la Très sainte Trinité, se répand en vous; je vous salue dans la gloire et dans la joie avec laquelle vous vous réjouissez à présent dans l'éternité, vous qui la première d'entre toutes les créatures de la terre et du ciel, fûtes élue avant même la création du monde! Amen» (ibid., I, 45).
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Je suis heureux d’accueillir ce matin les francophones présents, en particulier ceux venus d’Haïti. Je continue à porter les Haïtiens dans ma prière suppliant Dieu de soulager leur misère. Que votre pèlerinage à Rome, chers pèlerins, soit pour vous tous l’occasion d’approfondir votre relation personnelle avec le Christ. Que Dieu vous bénisse!

APPEL DU SAINT-PÈRE


Mes pensées vont à présent à la grave crise humanitaire qui a récemment frappé le Nord du Nigeria, où près de deux millions de personnes ont été contraintes de quitter leurs maisons à cause de violentes inondations. A toutes les personnes concernées, j'exprime ma proximité spirituelle et je les assure de mes prières.




Place Saint-Pierre

Mercredi 6 octobre 2010 - Sainte Gertrude

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Chers frères et soeurs,

Sainte Gertrude la Grande, dont je voudrais vous parler aujourd'hui, nous conduit cette semaine aussi au monastère de Helfta, où sont nés certains des chefs-d’oeuvre de la littérature religieuse féminine latino-allemande. C'est à ce monde qu’appartient Gertrude, l'une des plus célèbres mystiques, seule femme en Allemagne à recevoir l'épithète de «Grande», en raison de sa stature culturelle et évangélique: à travers sa vie et sa pensée, elle a influencé de manière singulière la spiritualité chrétienne. C'est une femme exceptionnelle, dotée de talents naturels particuliers et d'extraordinaires dons de grâce, d'une profonde humilité et d’un zèle ardent pour le salut du prochain, d'une intime communion avec Dieu dans la contemplation et de disponibilité à venir au secours des plus démunis.

A Helfta, elle se mesure, pour ainsi dire, systématiquement à sa maîtresse Mathilde de Hackeborn, dont j'ai parlé à l'Audience de mercredi dernier; elle noue des relations avec Mathilde de Magdebourg, une autre mystique médiévale; elle grandit en recevant les soins maternels, doux et exigeants, de l'abbesse Gertrude. De ces trois consoeurs, elle puise des trésors d'expérience et de sagesse; elle les élabore dans sa propre synthèse, en parcourant son itinéraire religieux avec une confiance sans limite dans le Seigneur. Elle exprime la richesse de la spiritualité non seulement de son monde monastique, mais aussi et surtout biblique, liturgique, patristique et bénédictin, avec un timbre tout à fait personnel et de façon très communicative.

Elle naît le 6 janvier 1256, en la fête de l'Epiphanie, mais l'on ne sait rien ni de ses parents, ni de son lieu de naissance. Gertrude écrit que le Seigneur lui-même lui révèle le sens de ce premier déracinement: «Je l'ai choisie pour ma demeure parce que je vois avec délices que tout ce que les hommes aiment dans cette Elue est mon oeuvre propre […] Aussi je l'ai exilée en quelque sorte loin de tous ses parents, afin que personne ne l'aimât à ce titre et que je fusse le seul motif de l'affection qu'on aurait pour elle» (Les Révélations, I, 16).

A l'âge de cinq ans, en 1261, elle entre au monastère, comme c'était souvent le cas à l'époque, pour la formation et l'étude. Elle y passe toute son existence, dont elle signale elle-même les étapes les plus significatives. Dans ses mémoires, elle rappelle que le Seigneur l'a prévenue avec une patience compatissante et une infinie miséricorde, en oubliant les années de l'enfance, de l'adolescence et de la jeunesse, passées — écrit-elle — «dans un tel aveuglement, que si vous ne m'aviez donné une horreur naturelle du mal, un attrait pour le bien avec les sages conseils de mon entourage, il me semble que je serais tombée dans toutes les occasions de faute, sans remords de conscience, absolument comme si j'avais été une païenne […]. Cependant vous m'aviez choisie dès ma plus tendre enfance, afin de me faire grandir au milieu des vierges consacrées, dans le sanctuaire béni de la Religion» (ibid., II, 23 ).

Gertrude est une étudiante extraordinaire, elle apprend tout ce que l’on peut apprendre des sciences du Trivium et du Quadrivium, la formation de cette époque; elle est fascinée par le savoir et se donne tout entière à l'étude profane avec ardeur et ténacité, avec une réussite scolaire dépassant toutes les attentes. Si nous ne savons rien de ses origines, elle nous dit beaucoup de ses passions de jeunesse: littérature, musique et chant, art de l’enluminure la ravissent; elle a un caractère fort, décidé, immédiat et impulsif; elle dit souvent être négligente; elle reconnaît ses défauts, elle en demande humblement pardon. Elle demande avec humilité conseil et prière pour sa conversion. Certains traits et défauts de son tempérament l'accompagneront jusqu'à la fin, au point de surprendre certaines personnes s'étonnant que le Seigneur lui donne une telle préférence.

En tant qu’étudiante, elle se consacre ensuite entièrement à Dieu dans la vie monastique et pendant vingt ans, rien d’exceptionnel n’a lieu: l’étude et la prière constituent son activité principale. En raison de ses qualités, elle excelle parmi ses consoeurs; elle fait preuve de ténacité pour consolider sa culture dans divers domaines. Mais, au cours de l’Avent 1280, elle commence à ressentir un dégoût pour tout cela, en perçoit la vanité, et le 27 janvier 1281, quelques jours seulement avant la fête de la purification de la Vierge, vers l’heure des Complies, le soir, le Seigneur illumine ses denses ténèbres. Avec délicatesse et douceur, il calme le trouble qui l’angoisse, trouble que Gertrude voit comme un don même de Dieu «pour renverser la tour de vaine gloire et de curiosité élevée par mon orgueil. Orgueil insensé car je ne méritais même pas de porter le nom et l'habit de la Religion. Toutefois c'était bien le chemin que vous choisissiez, ô mon Dieu, pour me révéler votre salut» (Ibid., II,
1P 87). La vision d’un jeune homme la guide pour démêler le noeud d’épines qui opprimait son âme, en la prenant par la main. Dans cette main, Gertrude reconnaît «les joyaux précieux des plaies sacrées qui ont annulé tous les titres qui pouvaient nous être opposés» (ibid., II, 1P 89), et reconnaît Celui qui sur la Croix nous a sauvés par son sang, Jésus.

A partir de ce moment, sa vie de communion intime avec le Seigneur s’intensifie, en particulier au cours des temps liturgiques les plus significatifs — l’Avent et Noël, Carême et Pâques, la fête de la Vierge — même lorsque, malade, elle ne pouvait se rendre au choeur. C’est le même humus liturgique que Mathilde, sa maîtresse, que Gertrude décrit toutefois à travers des images, des symboles et des termes plus simples et linéaires, plus réalistes, avec des références plus directes à la Bible, aux Pères, au monde bénédictin.

Sa biographe indique deux directions de ce que nous pourrions définir sa «conversion» particulière: dans les études, avec le passage radical des études humanistes profanes à celles théologiques, et dans l’observance monastique, avec le passage de la vie qu’elle qualifie de négligente à la vie de prière intense, mystique, avec une exceptionnelle ardeur missionnaire. Le Seigneur, qui l’avait choisie dans le sein maternel et qui l’avait fait participer, dès son enfance, au banquet de la vie monastique, la ramène par sa grâce «des choses extérieures à la contemplation intérieure, des occupations terrestres au soin des choses célestes». Gertrude comprend alors qu'elle était restée loin de Lui dans une région de dissemblance, comme elle dit avec saint Augustin; de s’être consacrée avec trop d’ardeur aux études libérales, à la sagesse humaine, en négligeant la science spirituelle, se privant du goût de la véritable sagesse; elle est conduite à présent à la montagne de la contemplation, où elle se dépouille du vieil homme pour se revêtir de l’homme nouveau. «C'est ainsi que de grammairienne elle devint théologienne, relisant sans cesse les pages divines qu’elle pouvait se procurer, et remplissant son coeur des plus utiles et des plus douces sentences de la Sainte Ecriture. Aussi avait-elle toujours à sa disposition la Parole de Dieu afin de satisfaire ceux qui venaient la consulter et de réfuter toute idée fausse par des témoignages de la Sainte Ecriture employés si à propos, qu'on n'y trouvait rien à objecter» (ibid., I, 1, p. 25).

Getrude transforme tout cela en apostolat: elle se consacre à écrire et à divulguer la vérité de la foi avec clarté et simplicité, grâce et persuasion, servant avec amour et fidélité l’Eglise, au point d’être utile et appréciée par les théologiens et les personnes pieuses. Il nous reste peu de son intense activité, notamment en raison des événements qui conduisirent à la destruction du monastère d’Helfta. Outre Le Héraut de l'Amour Divin ou Les révélations, il nous reste les Exercices spirituels, un rare joyau de la littérature mystique spirituelle.

En ce qui concerne l’observance religieuse, notre sainte est «donc une très forte colonne de la Religion, un défenseur si zélé de la justice et de la vérité» (ibid., I, 1, ), dit sa biographe. A travers les mots et l’exemple, elle suscite chez les autres une grande ferveur. Aux prières et à la pénitence de la règle monastique, elle en ajoute d’autres avec une telle dévotion et un tel abandon confiant en Dieu, qu’elle suscite chez ceux qui la rencontrent la conscience d’être en présence du Seigneur. Et de fait, Dieu lui-même lui fait comprendre qu’il l’a appelée à être un instrument de sa grâce. Gertrude se sent indigne de cet immense trésor divin, elle confesse qu’elle ne l’a pas conservé et valorisé. Elle s’exclame: «Je vous offre la douleur que j'éprouve [...] de ne m'être pas servie avec soin et révérence des dons que j'avais reçus. Ne m'eussiez-vous donné, en souvenir de vous, à moi si indigne, qu'un léger fil de lin, j'aurais dû le recevoir avec un respect infini» (ibid., I, 5). Mais, reconnaissant sa pauvreté et son indignité, elle adhère à la volonté de Dieu: «j'ai dû combattre mon goût personnel — affirme-t-elle —, et considérer qu'ayant si peu profité de vos grâces, elles ne pouvaient m'avoir été accordées pour moi seule, puisque votre sagesse éternelle ne se trompe en rien. O Dispensateur de tous les biens, qui m'avez comblée gratuitement de tant de grâces, faites au moins qu'en lisant cet écrit, le coeur d'un de vos amis soit ému par votre condescendance, et vous remercie de ce que, pour l'amour des âmes, vous avez conservé si longtemps au milieu des souillures de mon coeur une pierre précieuse d'un tel prix» (ibid., II, 5).

En particulier, deux faveurs lui sont plus chères que toutes les autres, comme Gertrude l’écrit elle-même: «La première est l'empreinte que vous avez formée sur mon coeur, par les splendides joyaux de vos plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits. Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre divinité, c'est-à-dire votre Coeur sacré, pour que j'y trouve mes délices [...]. Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre mère l'épouse qu'il s'est choisie» (ibid., II, 23).

Tendue vers la communion sans fin, elle conclut sa vie terrestre le 17 novembre 1301 ou 1302 à l’âge d’environ 46 ans. Dans le septième Exercice, celui de la préparation à la mort, sainte Gertrude écrit: «O Jésus, toi qui m’es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon coeur demeure avec toi et que ton amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit béni par toi, afin que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en toi. Amen» (Exercices, Milan 2006, p. 148).

Il me semble évident que ces choses ne sont pas seulement des choses du passé, historiques, mais l'existence de sainte Gertrude reste une école de vie chrétienne, de voie droite, et nous montre que le coeur d'une vie heureuse, d'une vie véritable, est l'amitié avec Jésus, le Seigneur. Et cette amitié s'apprend dans l'amour pour Les Ecritures Saintes, dans l'amour pour la liturgie, dans la foi profonde, dans l'amour pour Marie, de manière à connaître toujours plus réellement Dieu lui-même et le bonheur véritable, but de notre vie. Merci.
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J’accueille avec joie les pèlerins francophones présents ce matin, en particulier les jeunes du Centre Madeleine Danielou de Blois, ainsi que les Paroisses de Saint-Raphaël et de Pamataii. N’ayez pas peur de vous laisser guider par l’exemple de sainte Gertrude! Fructueux pèlerinage à tous!




Place Saint-Pierre

Mercredi 13 octobre 2010 - Bienheureuse Angèle de Foligno


Catéchèses Benoît XVI 15090