Catéchèses Benoît XVI 10128

Mercredi 10 décembre 2008 - L'Eglise est un corps et non une organisation

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Chers frères et soeurs,

Dans la catéchèse de mercredi dernier, en suivant saint Paul, nous avons vu deux choses. La première est que notre histoire humaine, depuis le début, est contaminée par l'abus de la liberté créée, qui veut s'émanciper de la Volonté divine. Et ainsi, elle ne trouve pas la véritable liberté, mais s'oppose à la vérité et falsifie, par conséquent, nos réalités humaines. Elle falsifie surtout les relations fondamentales: avec Dieu, entre l'homme et la femme, entre l'homme et la terre. Nous avons dit que cette contamination de notre histoire se diffuse dans tout son tissu et que ce défaut hérité s'est étendu et qu'il est maintenant visible partout. Cela est le premier point. Le deuxième point est celui-ci: nous avons appris de saint Paul qu'il existe un nouveau début dans l'histoire et de l'histoire en Jésus Christ, Celui qui est homme et Dieu. Avec Jésus, qui vient de Dieu, commence une nouvelle histoire formée par son oui au Père, et donc fondée non pas sur l'orgueil d'une fausse émancipation, mais sur l'amour et sur la vérité.

Mais à présent se pose la question: comment pouvons-nous entrer dans ce nouveau début, dans cette nouvelle histoire? Comment cette nouvelle histoire arrive-t-elle à moi? A la première histoire contaminée, nous sommes inévitablement liés en vertu de notre descendance biologique, étant donné que nous appartenons tous à l'unique corps de l'humanité. Mais la communion avec Jésus, la nouvelle naissance pour faire partie de la nouvelle humanité, comment se réalise-t-elle? Comment Jésus arrive-t-il dans ma vie, dans mon être? La réponse fondamentale de saint Paul, de tout le nouveau Testament, est: il arrive au moyen de l'Esprit Saint. Si la première histoire commence, pour ainsi dire, avec la biologie, la seconde commence dans l'Esprit Saint, l'Esprit du Corps ressuscité. Cet Esprit a créé à la Pentecôte le début de la nouvelle humanité, de la nouvelle communauté, l'Eglise, le Corps du Christ.

Mais nous devons toutefois être encore plus concrets: cet Esprit du Christ, l'Esprit Saint, comment peut-il devenir mon Esprit? La réponse est que cela se produit de trois façons, intimement liées l'une à l'autre. La première est la suivante: l'Esprit du Christ frappe à la porte de mon coeur, me touche intérieurement. Mais étant donné que la nouvelle humanité doit être un véritable corps, étant donné que l'Esprit doit nous réunir et créer réellement une communauté, étant donné que surmonter les divisions et rassembler les personnes dispersées est caractéristique du nouveau commencemnet, cet Esprit du Christ se sert de deux éléments de rassemblement visible: la Parole de l'annonce et les Sacrements, en particulier le Baptême et l'Eucharistie. Dans la Lettre aux Romains, saint Paul dit: "Si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton coeur croit que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé" (10, 9), c'est-à-dire que tu entreras dans la nouvelle histoire, une histoire de vie et non de mort. Puis, saint Paul poursuit: "Mais comment l'invoquer sans d'abord croire en lui? Et comment croire sans d'abord l'entendre? Et comment entendre sans prédicateur? Et comment prêcher sans être d'abord envoyés?" (
Rm 10,14-15). Dans un passage successif, il dit encore: "La foi naît de la prédication" (Rm 10,17). La foi n'est pas le produit de notre pensée, de notre réflexion, c'est quelque chose de nouveau que nous ne pouvons pas inventer, mais uniquement recevoir comme don, comme une nouveauté produite par Dieu. Et la foi ne vient pas de la lecture, mais de l'écoute. Il ne s'agit pas uniquement de quelque chose d'intérieur, mais d'une relation avec Quelqu'un. Elle suppose une rencontre avec l'annonce, elle suppose l'existence de l'autre qui annonce et crée la communion.

Et enfin l'annonce: celui qui annonce ne parle pas de lui, mais est envoyé. Il s'inscrit dans une structure de mission qui commence avec Jésus envoyé par le Père, passe aux apôtres - le terme apôtres signifie "envoyés" - et continue dans le ministère, dans les missions transmises par les apôtres. Le nouveau tissu de l'histoire apparaît dans cette structure des missions, dans laquelle nous entendons parler en ultime analyse Dieu lui-même, sa Parole personnelle, le Fils parle avec nous, arrive jusqu'à nous. La Parole s'est faite chair, en Jésus, pour créer réellement une nouvelle humanité. C'est pourquoi, la parole de l'annonce devient Sacrement dans le baptême, qui est renaissance de l'eau et de l'Esprit, comme le dira saint Jean. Dans le sixième chapitre de la Lettre aux Romains, saint Paul parle de façon très profonde du Baptême. Nous avons entendu le texte. Mais sans doute est-il utile de le répéter: "Ou bien ignorez-vous que, baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle" (Rm 6,3-4).

Evidemment, dans cette catéchèse, je ne peux pas entrer dans une interprétation détaillée de ce texte qui n'est pas facile. Je voudrais brièvement souligner trois points. Le premier: "nous avons été baptisés" est une action passive. Personne ne peut se baptiser lui-même, il a besoin de l'autre. Personne ne peut devenir chrétien de lui-même. Devenir chrétiens est un processus passif. Nous ne pouvons être faits chrétiens que par quelqu'un d'autre. Et cet "auctre qui fait de nous des chrétiens, qui nous donne le don de la foi, est avant tout la communauté des croyants, l'Eglise. Nous recevons de l'Eglise la foi, le baptême. Sans nous laisser former par cette communauté, nous ne devenons pas chrétiens. Un christianisme autonome, auto-produit, est une contradiction en soi. En premier lieu, cette autre personne est la communauté des croyants, l'Eglise, mais en second lieu, cette communauté n'agit pas non plus d'elle-même, selon ses propres idées et désirs. La communauté vit elle aussi dans ce même processus passif: seul le Christ peut constituer l'Eglise. Le Christ est le véritable dispensateur des Sacrements. Tel est le premier point: personne ne se baptise tout seul, personne ne se fait chrétien. Nous devenons chrétiens.

Le second point est celui-ci: le Baptême est plus qu'un lavement. Il est mort et résurrection. Paul lui-même, en parlant dans la Lettre aux Galates, du tournant de sa vie qui s'est réalisé avec la rencontre avec le Christ ressuscité, la décrit en ces termes: je suis mort. A ce moment-là, commence réellement une nouvelle vie. Devenir chrétiens est plus qu'une opération cosmétique, qui ajouterait quelque chose de beau à une existence déjà plus ou moins complète. Il s'agit d'un nouveau début, d'une nouvelle naissance: mort et résurrection. Bien sûr, dans la résurrection ressort ce qu'il y avait de bon dans l'existence précédente.

Le troisième point est: la matière fait partie du Sacrement. Le christianisme n'est pas une réalité purement spirituelle. Il implique le corps. Il implique l'univers. Il s'étend vers la nouvelle terre et les nouveaux cieux. Revenons au dernier mot du texte de saint Paul: ainsi - dit-il - nous pouvons "marcher dans une vie nouvelle". Voici un élément pour un examen de conscience pour nous tous: marcher dans une vie nouvelle. Voilà pour le Baptême.

Venons-en à présent au Sacrement de l'Eucharistie. J'ai déjà montré dans d'autres catéchèses le profond respect avec lequel saint Paul transmet verbalement la tradition sur l'Eucharistie qu'il a reçue des témoins mêmes de la dernière nuit. Il transmet ces paroles comme un trésor précieux confié à sa fidélité. Et ainsi, dans ces paroles, nous entendons réellement les témoins de la dernière nuit. Nous entendons les paroles de l'Apôtre: "Pour moi, en effet, j'ai reçu du Seigneur ce qu'à mon tour je vous ai transmis: le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit: "Ceci est mon corps, livré pour vous; faites ceci en mémoire de moi". De même, après le repas, il prit la coupe en disant: "Cette Coupe est la nouvelle alliance dans mon sang; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi"" (1Co 11,23-25). Il s'agit d'un texte inépuisable. Ici aussi, dans cette catéchèse, je ne ferai que deux brèves observations. Paul transmet les paroles du Seigneur sur la coupe de cette façon: cette coupe est "la nouvelle alliance dans mon sang". Ces paroles recèlent une allusion à deux textes fondamentaux de l'Ancien Testament. La première allusion concerne la promesse d'une nouvelle alliance dans le Livre du prophète Jérémie. Jésus dit aux disciples et nous dit: maintenant, en cette heure, avec moi et par ma mort se réalise la nouvelle alliance; à partir de mon sang commence dans le monde cette nouvelle histoire de l'humanité. Mais dans ces paroles est également présente une allusion au moment de l'alliance du Sinaï, lorsque Moïse avait dit: "Ceci est le sang de l'Alliance que le Seigneur a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses" (Ex 24,8). Il s'agissait là du sang d'animaux. Le sang des animaux ne pouvait être que l'expression d'un désir, l'attente d'un véritable sacrifice, du véritable culte. Avec le don de la coupe, le Seigneur nous donne le véritable sacrifice. L'unique véritable sacrifice est l'amour du Fils. Avec le don de cet amour, amour éternel, le monde entre dans la nouvelle alliance. Célébrer l'Eucharistie signifie que le Christ se donne lui-même, donne son amour, pour nous conformer à lui et pour créer ainsi le monde nouveau.

Le deuxième aspect important de la doctrine sur l'Eucharistie apparaît dans la même première Lettre aux Corinthiens, où saint Paul dit: "La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas communion au sang du Christ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas communion au corps du Christ? Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique" (10, 16-17). Dans ces paroles apparaît également le caractère personnel et le caractère social du Sacrement de l'Eucharistie. Le Christ s'unit personnellement à chacun de nous, mais le même Christ s'unit également avec l'homme et la femme à mes côtés. Et le pain est pour moi, mais également pour l'autre. Ainsi, le Christ nous unit tous à lui et nous unit tous, l'un avec l'autre. Nous recevons le Christ dans la communion. Mais le Christ s'unit également avec mon prochain: le Christ et le prochain sont inséparables dans l'Eucharistie. Et ainsi, nous ne formons tous qu'un seul pain, un seul corps. Une Eucharistie sans solidarité avec les autres est une Eucharistie dont on abuse. Et ici, nous sommes aussi à la racine et dans le même temps au centre de la doctrine sur l'Eglise comme Corps du Christ, du Christ ressuscité.

Nous voyons également tout le réalisme de cette doctrine. Le Christ nous donne son corps dans l'Eucharistie, il se donne lui-même dans son corps et il fait de nous son corps, il nous unit à son corps ressuscité. Si l'homme mange le pain normal, ce pain, dans le processus de la digestion, devient partie de son corps, transformé en substance de vie humaine. Mais dans la sainte Communion, se réalise le processus inverse. Le Christ, le Seigneur, nous assimile à lui, nous introduit dans son Corps glorieux et ainsi, tous ensemble, nous devenons son Corps. Celui qui ne lit que le chapitre 12 de la première Lettre aux Corinthiens et le chapitre 12 de la Lettre aux Romains, pourrait penser que la parole sur le Corps du Christ comme organisme des charismes n'est qu'une sorte de parabole sociologique-théologique. En réalité, dans la politologie romaine, cette parabole du corps avec plusieurs membres qui forment une unité, était utilisée par l'Etat lui-même, pour dire que l'Etat est un organisme dans lequel chacun a sa fonction, la multiplicité et la diversité des fonctions forment un corps et chacun a sa place. En ne lisant que le chapitre 12 de la première Lettre aux Corinthiens, on pourrait penser que Paul se limite à transférer uniquement cela à l'Eglise, qu'ici aussi, il ne s'agit que d'une sociologie de l'Eglise. Mais en tenant compte de ce dixième chapitre, nous voyons que le réalisme de l'Eglise se situe bien ailleurs, il est beaucoup plus profond et vrai que celui d'un Etat-organisme. Parce que le Christ nous donne réellement son corps et fait de nous son corps. Nous devenons réellement unis au corps ressuscité du Christ, et ainsi, unis l'un à l'autre. L'Eglise n'est pas seulement une corporation comme l'Etat, c'est un corps. Ce n'est pas simplement une organisation, mais un véritable organisme.

Enfin, quelques très brèves réflexions sur le Sacrement du mariage. Dans la Lettre aux Corinthiens ne se trouvent que quelques allusions, tandis que la Lettre aux Ephésiens a véritablement développé une profonde théologie du Mariage. Paul définit ici le Mariage comme "mystère de grande portée". Il dit qu'"il s'applique au Christ et à l'Eglise" (5, 32). Il faut souligner dans ce passage une réciprocité qui se configure dans une dimension verticale. La soumission respective doit adopter le langage de l'amour, qui trouve son modèle dans l'amour du Christ envers l'Eglise. Ce rapport entre le Christ et l'Eglise, rend premier l'aspect théologal de l'amour matrimonial, il exalte la relation affective entre les époux. Un authentique mariage sera bien vécu si, dans la constante croissance humaine et affective, il s'efforcera de rester toujours lié à l'efficacité de la parole et au sens du baptême: le Christ a sanctifié l'Eglise, en la purifiant à travers le lavement de l'eau, accompagné par la Parole. La participation au corps et au sang du Seigneur ne fait que cimenter, et rendre visible, une union rendue indissoluble par la grâce.

Ecoutons enfin les paroles de saint Paul aux Philippiens: "Le Seigneur est proche" (Ph 4,5). Il me semble que nous avons compris que, au moyen de la Parole et à travers les Sacrements, dans toute notre vie le Seigneur est proche. Prions-le afin que nous puissions toujours être touchés au plus profond de notre être par sa proximité, afin que naisse la joie - cette joie qui naît lorsque Jésus est réellement proche.
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Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, en particulier les religieuses du cours de formation de formatrices à la vie consacrée et le groupe de la République du Congo. Que l’enseignement de saint Paul vous aide à approfondir votre communion au Christ et à l’Église, notamment par la vie sacramentelle. Avec ma Bénédiction apostolique!



Mercredi 17 décembre 2008

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Chers frères et soeurs,


C'est précisément aujourd'hui que commencent les jours de l'Avent, qui nous préparent immédiatement au Noël du Seigneur: nous sommes dans la Neuvaine de Noël qui, dans de nombreuses communautés chrétiennes, est célébrée avec des liturgies riches de textes bibliques, tous orientés pour nourrir l'attente de la naissance du Sauveur. En effet, l'Eglise entière concentre son regard de foi vers cette fête désormais proche en se prédisposant, comme chaque année, à s'unir au cantique joyeux des anges, qui au coeur de la nuit annonceront aux pasteurs l'événement extraordinaire de la naissance du Rédempteur, en les invitant à se rendre dans la grotte de Bethléem. C'est là que se trouve l'Emmanuel, le Créateur qui s'est fait créature, enveloppé de langes et couché dans une pauvre mangeoire (cf.
Lc 2,13-14).

En raison de l'atmosphère qui le caractérise, Noël est une fête universelle. En effet, même ceux qui ne se professent pas croyants peuvent percevoir dans cet événement chrétien annuel quelque chose d'extraordinaire et de transcendant, quelque chose d'intime qui parle au coeur. C'est la fête qui chante le don de la vie. La naissance d'un enfant devrait toujours être un événement qui apporte de la joie; prendre un nouveau-né dans ses bras suscite normalement des sentiments d'attention et de sollicitude, d'émotion et de tendresse. Noël est la rencontre avec un nouveau-né qui pleure dans une pauvre grotte. En le contemplant dans la crèche, comment ne pas penser aux nombreux enfants qui, aujourd'hui encore, viennent au monde dans une grande pauvreté, dans de nombreuses régions du monde? Comment ne pas penser aux nouveau-nés qui ne sont pas accueillis mais refusés, à ceux qui ne réussissent pas à survivre en raison du manque de soins et d'attention? Comment ne pas penser également aux familles qui voudraient connaître la joie d'un enfant et qui ne voient pas leur attente comblée? Sous la poussée d'un consumérisme hédoniste, Noël risque malheureusement de perdre sa signification spirituelle pour se réduire à une simple occasion commerciale d'achats et d'échange de dons! Mais en vérité, les difficultés, les incertitudes et la crise économique elle-même que de si nombreuses familles vivent au cours de ces mois, et qui touche l'humanité tout entière, peuvent être un stimulant pour redécouvrir la chaleur de la simplicité, de l'amitié et de la solidarité, des valeurs propres à Noël. Dépouillé des résidus du consumérisme et du matérialisme, Noël peut ainsi devenir une occasion pour accueillir, comme cadeau personnel, le message d'espérance qui émane du mystère de la naissance du Christ.

Mais tout cela ne suffit pas pour saisir dans sa plénitude la valeur de la fête à laquelle nous nous préparons. Nous savons que celle-ci célèbre l'événement central de l'histoire: l'Incarnation du Verbe divin pour la rédemption de l'humanité. Saint Léon le Grand, dans l'une de ses nombreuses homélies de Noël, s'exclame ainsi: "Exultons dans le Seigneur, ô mes chers amis, et ouvrons notre coeur à la joie la plus pure. Car est venu le jour qui pour nous signifie la nouvelle rédemption, l'antique préparation, le bonheur éternel. En effet, le grand mystère de notre salut qui, promis au début et accordé à la fin des temps, est destiné à durer sans fin, se renouvelle pour nous dans le cycle annuel récurrent" (Homilia xxii). Saint Paul revient plusieurs fois dans ses lettres sur cette vérité fondamentale. Il écrit par exemple aux Galates: "Mais lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils; il est né d'une femme, il a été sous la domination de la Loi de Moïse... pour faire de nous des fils" (4, 4). Dans la Lettre aux Romains, il souligne les conséquences logiques et exigeantes de cet événement salvifique: "Puisque nous sommes ses enfants [de Dieu], nous sommes aussi ses héritiers; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire" (8, 17). Mais c'est surtout saint Jean, dans le Prologue du quatrième Evangile, qui médite profondément sur le mystère de l'Incarnation. Et c'est pour cela que le Prologue fait partie de la liturgie de Noël dès les temps les plus anciens: en effet, dans celui-ci se trouve l'expression la plus authentique qui est la synthèse la plus profonde de cette fête et du fondement de sa joie. Saint Jean écrit: "Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis / Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous" (Jn 1,14).

A Noël, nous ne nous limitons donc pas à commémorer la naissance d'un grand personnage; nous ne célébrons pas simplement et de façon abstraite le mystère de la naissance de l'homme ou le mystère de la vie en général; pas plus que nous ne fêtons seulement le début de la nouvelle saison. A Noël, nous rappelons quelque chose de très concret et d'important pour les hommes, quelque chose d'essentiel pour la foi chrétienne, une vérité que saint Jean résume dans ces quelques mots: "Le Verbe s'est fait chair". Il s'agit d'un événement historique que l'évangéliste Luc se préoccupe de situer dans un contexte bien déterminé: au cours des jours où parut l'édit du premier recensement de César Auguste, lorsque Quirinius était déjà gouverneur de Syrie (cf. Lc 2,1-7). C'est donc dans la nuit d'une date historique qu'eut lieu l'événement de salut qu'Israël attendait depuis des siècles. Dans l'obscurité de la nuit de Bethléem s'alluma réellement une grande lumière: le créateur de l'univers s'est incarné, s'unissant de façon indissoluble à la nature humaine, au point d'être réellement "Dieu de Dieu, lumière de lumière", et dans le même temps homme, vrai homme. Ce que Jean appelle en grec "ho logos" - traduit en latin "Verbum" - et en italien "le Verbe" - signifie également "le Sens". Nous pourrions donc comprendre ainsi l'expression de Jean: le "Sens éternel" du monde est devenu tangible à nos sens et à notre intelligence; nous pouvons à présent le toucher et le contempler (cf. 1Jn 1,1). Le "Sens" qui s'est fait chair n'est pas simplement une idée générale présente dans le monde; il s'agit d'une "Parole" qui nous est adressée. Le Logos nous connaît, nous appelle, nous guide. Il ne s'agit pas d'une loi universelle, au sein de laquelle nous accomplissons un rôle, mais il s'agit d'une Personne qui s'intéresse à chaque personne: c'est le Fils du Dieu vivant, qui s'est fait homme à Bethléem.

A de nombreux hommes, et d'une certaine façon à nous tous, cela semble trop beau pour être vrai. En effet, on nous répète ici: oui, il existe un sens, et le sens n'est pas une protestation impuissante contre l'absurde. Le Sens a un pouvoir: c'est Dieu. Un Dieu bon qui ne doit pas être confondu avec un quelconque être très haut et lointain, auquel il ne nous serait jamais donné d'arriver, mais un Dieu qui s'est fait notre prochain et qui est très proche de nous, qui a du temps pour chacun de nous et qui est venu pour demeurer avec nous. Et alors, nous nous demandons spontanément: "Une telle chose est-elle possible? Est-ce digne de Dieu de se faire enfant?". Pour tenter d'ouvrir le coeur à cette vérité qui illumine l'existence humaine tout entière, il faut plier l'esprit et reconnaître la limite de notre intelligence. Dans la grotte de Bethléem, Dieu se montre à nous comme un humble "enfant" pour vaincre notre orgueil. Peut-être nous serions-nous inclinés plus facilement devant la puissance, devant la sagesse; mais Lui ne veut pas que nous nous inclinions; il fait au contraire appel à notre coeur et à notre libre choix d'accepter son amour. Il s'est fait petit pour nous libérer de cette prétention humaine de grandeur qui jaillit de l'orgueil; il s'est incarné librement pour nous rendre véritablement libres, libres de l'aimer.

Chers frères et soeurs, Noël est une occasion privilégiée pour méditer sur le sens et la valeur de notre existence. La proximité de cette solennité nous aide à réfléchir, d'une part, sur l'aspect dramatique de l'histoire dans laquelle les hommes, blessés par le péché, sont constamment à la recherche du bonheur et d'un sens satisfaisant de la vie et de la mort; de l'autre, elle nous exhorte à méditer sur la bonté miséricordieuse de Dieu, qui est venu à la rencontre de l'homme pour lui communiquer directement la Vérité qui sauve, et pour le faire participer à son amitié et à sa vie. Préparons-nous donc à Noël avec humilité et simplicité, en nous disposant à recevoir en don la lumière, la joie et la paix, qui émanent de ce mystère. Accueillons le Noël du Christ comme un événement capable de renouveler aujourd'hui notre existence. Que la rencontre avec l'Enfant Jésus fasse de nous des personnes qui ne pensent pas seulement à elles-mêmes, mais qui s'ouvrent aux attentes et aux nécessités de leurs frères. De cette façon, nous deviendrons nous aussi témoins de la lumière que Noël irradie sur l'humanité du troisième millénaire. Demandons à la Très Sainte Vierge Marie, tabernacle du Verbe incarné, et à saint Joseph, témoin silencieux des événements du salut, de nous communiquer les sentiments qu'ils ressentaient alors qu'ils attendaient la naissance de Jésus, de façon à ce que nous puissions nous préparer à célébrer saintement Noël prochain, dans la joie de la foi et animés par l'engagement d'une conversion sincère.

Bon Noël à tous!
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Je salue les pèlerins francophones présents aujourd’hui et d’une façon particulière les pèlerins du diocèse de Tarbes et Lourdes que je désire remercier une nouvelle fois pour la qualité de leur accueil au mois de septembre dernier. Que la Vierge Marie, Arche de la Nouvelle Alliance, et saint Joseph, gardien du mystère de la Rédemption, nous aident à bien recevoir Celui qui fait toute chose nouvelle. Bon Noël à tous !


Mercredi 7 janvier 2009 - Le culte que les chrétiens doivent rendre à Dieu dans la pensée de saint Paul

Chers frères et soeurs,

En cette première audience générale de 2009, je désire adresser à tous mes voeux fervents pour la nouvelle année qui vient de commencer. Ravivons en nous l'engagement à ouvrir au Christ notre esprit et notre coeur, pour être et vivre comme ses véritables amis. Sa compagnie aura pour effet que cette année, malgré ses inévitables difficultés, soit un chemin plein de joie et de paix. En effet, ce n'est que si nous restons unis à Jésus, que l'année nouvelle sera bonne et heureuse.

L'engagement d'union avec le Christ est l'exemple que nous offre également saint Paul. En poursuivant les catéchèses qui lui sont consacrées, nous nous arrêtons aujourd'hui pour réfléchir sur l'un des aspects importants de sa pensée, celui qui concerne le culte que les chrétiens sont appelés à exercer. Par le passé, on aimait parler d'une tendance plutôt anti-cultuelle de l'apôtre, d'une "spiritualisation" de l'idée du culte. Aujourd'hui, on comprend mieux que Paul voit dans la Croix du Christ un tournant historique, qui transforme et renouvelle radicalement la réalité du culte. C'est en particulier dans trois textes de la Lettre aux Romains qu'apparaît cette nouvelle vision du culte.

1. Dans Rm 3, 25, après avoir parlé de la "rédemption accomplie dans le Christ Jésus", Paul continue par une formule mystérieuse pour nous et dit ceci: Dieu "l'a exposé, instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi". Avec cette expression pour nous plutôt étrange - "instrument de propitiation" - saint Paul fait allusion à ce qu'on appelle la "propitiation" du temple antique, c'est-à-dire le couvercle de l'arche de l'alliance, que l'on pensait être un point de contact entre Dieu et l'homme, un point de sa présence mystérieuse dans le monde des hommes. Le grand jour de la réconciliation - "yom kippur" -, cette "propitiation" était aspergée avec le sang d'animaux sacrifiés - un sang qui portait symboliquement les péchés de l'année écoulée au contact de Dieu, et ainsi les péchés jetés dans l'abîme de la bonté divine étaient presque absorbés par la force de Dieu, dépassés, pardonnés. La vie commençait à nouveau.

Saint Paul évoque ce rite et dit: ce rite était l'expression du désir que l'on puisse réellement mettre toutes nos fautes dans l'abîme de la miséricorde divine et les faire ainsi disparaître. Mais avec le sang des animaux, ce processus ne se réalise pas. Un contact plus réel entre faute humaine et amour divin était nécessaire. Ce contact a eu lieu dans la croix du Christ. Le Christ, vrai Fils de Dieu, qui s'est fait vrai homme, a assumé en lui toute notre faute. Il est lui-même le lieu de contact entre la misère humaine et la miséricorde divine; dans son coeur se dilue la masse triste du mal accompli par l'humanité et la vie se renouvelle.

En révélant ce changement, saint Paul nous dit: Avec la croix du Christ - l'acte suprême de l'amour divin devenu amour humain - le vieux culte comprenant des sacrifices d'animaux dans le temple de Jérusalem est terminé. Ce culte symbolique, culte de désir, est à présent remplacé par le culte réel: l'amour de Dieu incarné en Christ et porté à sa plénitude dans la mort sur la croix. Ce n'est donc pas la spiritualisation d'un culte réel, mais au contraire le culte réel, le vrai amour divin-humain remplace le culte symbolique et provisoire. La croix du Christ, son amour à travers la chair et le sang est le culte réel, qui correspond à la réalité de Dieu et de l'homme. Déjà avant la destruction extérieure du temple, selon Paul, l'ère du temple et de son culte est terminée: Paul se trouve ici en parfaite harmonie avec les paroles de Jésus, qui avait annoncé la fin du temple et annoncé un autre temple "pas fait de mains d'homme" - le temple de son corps ressuscité (cf. Mc 14,58 Jn 2, 19sq). Cela est le premier texte.

2. Le deuxième texte dont je voudrais aujourd'hui parler se trouve dans le premier verset du chapitre 12 de la Lettre aux Romains. Nous l'avons écouté et je le répète encore: "Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu: c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre". Dans ces paroles a lieu un paradoxe apparent: alors que le sacrifice exige généralement la mort de la victime, Paul en parle en revanche en relation avec la vie du chrétien. L'expression "offrir vos personnes", étant donné le concept qui suit de sacrifice, prend la nuance cultuelle de "donner en oblation, offrir". L'exhortation à "offrir les corps" se réfère alors à la personne tout entière; en effet, dans Rm 6, 13, il invite à "s'offrir soi-même". Du reste, la référence explicite à la dimension physique du chrétien coïncide avec l'invitation à "glorifier Dieu dans votre corps" (cf. 1Co 6,20): il s'agit d'honorer Dieu dans l'existence quotidienne la plus concrète, faite de visibilité relationnelle et perceptible.

Un comportement de ce genre est qualifié par Paul de "sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu". C'est précisément ici que nous rencontrons le terme "sacrifice". Dans l'usage courant, ce terme fait partie d'un contexte sacré et sert à désigner l'égorgement d'un animal, dont une partie peut être brûlée en l'honneur des dieux et une autre partie peut être consommée par ceux qui font l'offrande au cours d'un banquet. Paul l'applique en revanche à la vie du chrétien. En effet, il qualifie un tel sacrifice en se servant de trois adjectifs. Le premier - "vivant" - exprime la vitalité. Le deuxième - "saint" - rappelle l'idée paulinienne d'une sainteté liée non pas à des lieux ou à des objets, mais à la personne même des chrétiens. Le troisième - "agréable à Dieu" - rappelle peut-être la fréquente expression biblique du sacrifice "en parfum d'apaisement" (cf. Lv Lv 1,13 Lv Lv 1,17 Lv 23,18 Lv 26,31 etc. ).

Immédiatement après, Paul définit ainsi cette nouvelle façon de vivre: tel est "votre culte spirituel". Les commentateurs du texte savent bien que l'expression grecque (ten logiken latreían)n'est pas facile à traduire. La Bible latine traduit: "rationabile obsequium". Le même mot "rationabile" apparaît dans la première prière eucharistique, le Canon romain: dans celui-ci, on prie pour que Dieu accepte cette offrande comme "rationabile". La traduction française habituelle "culte spirituel" ne reflète pas toutes les nuances du texte grec (ni du texte latin). Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas d'un culte moins réel, ou même uniquement métaphorique, mais d'un culte plus concret et réaliste - un culte dans lequel l'homme lui-même, dans sa totalité d'être doté de raison, devient adoration, glorification du Dieu vivant.

Cette formule paulinienne, qui revient ensuite dans la Prière eucharistique romaine, est le fruit d'un long développement de l'expérience religieuse au cours des siècles précédant le Christ. Dans cette expérience, on rencontre des développements théologiques de l'Ancien Testament et des courants de la pensée grecque. Je voudrais au moins montrer quelques éléments de ce développement. Les Prophètes et de nombreux Psaumes critiquent avec force les sacrifices sanglants du temple. Le Psaume 50 (49), dans lequel c'est Dieu qui parle, dit par exemple: "Si j'ai faim, je n'irai pas te le dire, car le monde est à moi et son contenu. Vais-je manger la chair des taureaux, le sang des boucs, vais-je le boire? Offre à Dieu un sacrifice d'action de grâces..." (vv. 12-14). Dans le même sens, le Psaume suivant, 51 (50) dit: "... Car tu ne prends aucun plaisir au sacrifice: un holocauste tu n'en veux pas. Le sacrifice à Dieu c'est un esprit brisé; d'un coeur brisé, broyé, Dieu n'a point de mépris" (vv. 18sq). Dans le Livre de Daniel, à l'époque de la nouvelle destruction du temple par le régime hellénistique (ii siècle av. j.c.), nous trouvons un nouveau pas dans la même direction. Au milieu du feu, - c'est-à-dire de la persécution, de la souffrance - Azarias prie ainsi: "Il n'est plus, en ce temps, chef, prophète ni prince, holocauste, sacrifice, oblation ni encens, lieu où te faire des offrandes et trouver grâce auprès de toi. Mais qu'une âme brisée et un esprit humilié soient agréés de toi, comme des holocaustes de béliers et de taureaux... que tel soit notre sacrifice aujourd'hui devant toi et qu'il te plaise" (Dn 3, 38sq). Dans la destruction du sanctuaire et du culte, dans cette situation de manque de tout signe de la présence de Dieu, le croyant offre comme véritable holocauste, le coeur plein de contrition - son désir de Dieu.

Nous voyons un développement important, beau, mais avec un danger. Il y a une spiritualisation, une moralisation du culte: le culte devient uniquement une chose du coeur, de l'esprit. Mais il manque le corps, il manque la communauté. On comprend par exemple que le Psaume 51 et également le Livre de Daniel, malgré la critique du culte, souhaitent le retour au temps des sacrifices. Mais il s'agit d'un temps renouvelé, d'un sacrifice renouvelé, dans une synthèse qui n'était pas encore prévisible, ou ne pouvait pas encore être pensée.

Revenons à saint Paul. Il est l'héritier de ces développements, du désir du vrai culte, dans lequel l'homme lui-même devient gloire de Dieu, adoration vivante avec tout son être. Dans ce sens, il dit aux Romains: "Offrez vos personnes en hosties vivantes... c'est là le culte spirituel" (Rm 12,1). Paul répète ainsi ce qu'il avait déjà indiqué dans le chapitre 3: le temps des sacrifices d'animaux, des sacrifices de remplacement, est terminé. Le temps est venu du culte véritable. Mais il y a là aussi le risque d'un malentendu: on peut facilement interpréter ce nouveau culte dans un sens moralisant: en offrant notre vie, c'est nous qui faisons le vrai culte. De cette manière, le culte avec les animaux serait remplacé par le moralisme: l'homme lui-même accomplirait tout à lui seul, avec son effort moral. Et cela n'était certainement pas l'intention de saint Paul. Mais la question demeure: Comment devons-nous donc interpréter ce "culte spirituel, raisonnable"? Paul suppose toujours que nous sommes devenus "un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28), que nous sommes morts dans le baptême (cf. Rm 1) et que nous vivons à présent avec le Christ, pour le Christ, en Christ. Dans cette union - et seulement ainsi - nous pouvons devenir en Lui et avec Lui "hostie vivante", offrir le "culte vrai". Les animaux sacrifiés auraient dû remplacer l'homme, le don de soi de l'homme, et ils ne pouvaient pas le faire. Jésus Christ, dans son don au Père et à nous, n'est pas un remplacement, mais il porte réellement en lui l'être humain, nos fautes et notre désir; il nous représente réellement, il nous assume en lui. Dans la communion avec le Christ, réalisée dans la foi et dans les sacrements, nous devenons, malgré tous nos manquements, un sacrifice vivant: le "culte vrai" s'accomplit.

Cette synthèse se trouve à la fin du Canon romain, dans lequel on prie afin que cette offrande devienne "rationabile" - que se réalise le culte spirituel. L'Eglise sait que, dans la Très Sainte Eucharistie, le don de soi du Christ, son sacrifice véritable devient présent. Mais l'Eglise prie pour que la communauté célébrante soit vraiment unie au Christ, soit transformée; elle prie, afin que nous-mêmes devenions ce que nous ne pouvons pas être avec nos forces: une offrande "rationabile" qui plaît à Dieu. Ainsi, la prière eucharistique interprète les paroles de saint Paul de manière juste. Saint Augustin a éclairci tout cela de façon merveilleuse dans le 10 livre de sa Cité de Dieu. Je ne cite que deux phrases: "Tel est le sacrifice des chrétiens: Bien qu'étant nombreux, nous ne sommes qu'un seul corps dans le Christ"... "Toute la communauté (civitas) rachetée, c'est-à-dire la congrégation et la société des saints, est offerte à Dieu à travers le Prêtre suprême qui s'est donné lui-même" (10, 6: ccl 47, 27sq).

3. Pour finir, encore une très brève parole sur le troisième texte de la Lettre aux Romains concernant le nouveau culte. Saint Paul s'exprime ainsi dans le chapitre 15: "En vertu de la grâce que Dieu m'a faite d'être un officiant (hierourgein) du Christ Jésus auprès des païens, ministre de l'Evangile de Dieu, afin que les païens deviennent une offrande agréable, sanctifiée dans l'Esprit Saint" (15, 15sq). Je ne voudrais souligner que deux aspects de ce texte merveilleux à propos de la terminologie unique dans les lettres pauliniennes. Tout d'abord, saint Paul interprète son action missionnaire parmi les peuples du monde pour construire l'Eglise universelle comme action sacerdotale. Annoncer l'Evangile pour unir les peuples dans la communion du Christ ressuscité est une action "sacerdotale". L'apôtre de l'Evangile est un véritable prêtre, il accomplit ce qui est le centre du sacerdoce: il prépare le vrai sacrifice. Et le deuxième aspect: l'objectif de l'action missionnaire est - ainsi pouvons-nous dire - la liturgie cosmique: que les peuples unis dans le Christ, le monde, devienne comme tel gloire de Dieu, "offrande agréable, sanctifiée dans l'Esprit Saint". Ici apparaît l'aspect dynamique, l'aspect de l'espérance dans le concept paulinien du culte: le don de soi du Christ implique la tendance à attirer chacun à la communion de son corps, d'unir le monde. Ce n'est qu'en communion avec le Christ, l'Homme-modèle, un avec Dieu, que le monde devient tel que nous le désirons tous: miroir de l'amour divin. Ce dynamisme est toujours présent dans l'Eucharistie - ce dynamisme doit inspirer et former notre vie. Et avec ce dynamisme, nous commençons la nouvelle année. Merci de votre patience.
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Je suis heureux de vous saluer, chers pèlerins de langue française, et particulièrement vous tous qui venez du diocèse de Bordeaux avec votre Archevêque, le Cardinal Jean-Pierre Ricard, et son Auxiliaire, Monseigneur Jacques Blaquart. Que votre pèlerinage vous confirme dans votre engagement à servir Dieu par toute votre vie!




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