Catéchèses Benoît XVI 11029

Mercredi 11 février 2009 - Jean Climaque

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Chers frères et soeurs,

Après vingt catéchèses consacrées à l'Apôtre Paul, je voudrais reprendre aujourd'hui la présentation des grands Ecrivains de l'Eglise d'Orient et d'Occident de l'époque médiévale. Et je propose la figure de Jean, dit Climaque, translittération latine du terme grec klímakos, qui signifie de l'échelle (klímax). Il s'agit du titre de son oeuvre principale, dans laquelle il décrit l'ascension de la vie humaine vers Dieu. Il naquit vers 575. Sa vie se déroula donc pendant les années où Byzance, capitale de l'empire romain d'Orient, connut la plus grande crise de son histoire. A l'improviste, le cadre géographique de l'empire se transforma et le torrent des invasions barbares fit s'effondrer toutes ses structures. Seule tint bon la structure de l'Eglise, qui continua pendant ces temps difficiles à exercer son action missionnaire, humaine et socio-culturelle, en particulier à travers le réseau des monastères, dans lesquels oeuvraient de grandes personnalités religieuses, comme celle, précisément, de Jean Climaque.

Jean vécut et raconta ses expériences spirituelles dans les montagnes du Sinaï, où Moïse rencontra Dieu et Elie en entendit la voix. On conserve des informations le concernant dans une brève Vita (pg 88, 596-608), écrite par le moine Daniel de Raito: à seize ans, Jean, devenu moine sur le mont Sinaï, y devint le disciple de l'abbé Martirio, un "ancien"; c'est-à-dire un "sage". Vers vingt ans, il choisit de vivre en ermite dans une grotte au pied de la montagne, dans un lieu appelé Tola, à huit kilomètres du monastère de Sainte-Catherine. Mais la solitude ne l'empêcha pas de rencontrer des personnes souhaitant avoir une direction spirituelle, ainsi que de se rendre en visite dans plusieurs monastères à Alexandrie. En effet, sa retraite d'ermite, loin d'être une fuite du monde et de la réalité humaine, déboucha sur un amour ardent pour les autres (Vita 5) et pour Dieu (Vita 7). Après quarante ans de vie érémitique vécue dans l'amour pour Dieu et pour son prochain, des années pendant lesquelles il pleura, il pria, il lutta contre les démons, il fut nommé higoumène du grand monastère du mont Sinaï et revint ainsi à la vie cénobitique, dans un monastère. Mais, quelques années avant sa mort, nostalgique de sa vie d'ermite, il laissa à son frère, moine dans le même monastère, la conduite de la communauté. Il mourut après 650. La vie de Jean se développe entre deux montagnes, le Sinaï et le Thabor, et on peut vraiment dire que de lui rayonna la lumière vue par Moïse sur le Sinaï et contemplée par les trois apôtres sur le Thabor.

Il devint célèbre, comme je l'ai déjà dit, pour l'oeuvre intitulée l'Echelle (klímax), qualifiée en Occident comme Echelle du paradis (pg 88, 632-1164). Composée sur la requête insistante du proche higoumène du monastère de Raito au Sinaï, l'Echelle est un traité complet de vie spirituelle, où Jean décrit le chemin du moine depuis le renoncement au monde jusqu'à la perfection de l'amour. C'est un chemin qui - selon ce livre - se développe à travers trente marches, chacune d'elle étant liée à la suivante. Le chemin peut être synthétisé en trois phases successives: la première s'exprime dans la rupture avec le monde dans le but de retourner à l'état de l'enfance évangélique. L'essentiel n'est donc pas la rupture, mais le lien avec ce que Jésus a dit, c'est-à-dire revenir à la véritable enfance dans un sens spirituel, devenir comme les enfants. Jean commente: "Une bonne fondation est celle qui est formée par trois bases et par trois colonnes: innocence, jeûne et chasteté. Que tous les nouveau-nés en Christ (cf.
1Co 3,1) commencent par ces choses, en prenant exemple de ceux qui sont nouveau-nés physiquement" (1, 20; 636). Le détachement volontaire des personnes et des lieux chers permet à l'âme d'entrer en communion plus profonde avec Dieu. Ce renoncement débouche sur l'obéissance, qui est une voie vers l'humilité à travers les humiliations - qui ne manqueront jamais - de la part des frères. Jean commente: "Bienheureux celui qui a mortifié sa propre volonté jusqu'à la fin et qui a confié le soin de sa propre personne à son maître dans le Seigneur: en effet, il sera placé à la droite du Crucifié!" (4, 37; 704).

La deuxième phase du chemin est constituée par le combat spirituel contre les passions. Chaque marche de l'échelle est liée à une passion principale, qui est définie et diagnostiquée, avec l'indication de la thérapie et avec la proposition de la vertu correspondante. L'ensemble de ces marches constitue sans aucun doute le plus important traité de stratégie spirituelle que nous possédons. La lutte contre les passions revêt cependant un caractère positif - elle ne reste pas une chose négative - grâce à l'image du "feu" de l'Esprit Saint: "Que tous ceux qui entreprennent cette belle lutte (cf. 1Tm 6,12), dure et ardue [...], sachent qu'ils sont venus se jeter dans un feu, si vraiment ils désirent que le feu immatériel habite en eux" (1, 18; 636). Le feu de l'Esprit Saint qui est feu de l'amour et de la vérité. Seule la force de l'Esprit Saint assure la victoire. Mais selon Jean Climaque, il est important de prendre conscience que les passions ne sont pas mauvaises en soi; elles le deviennent en raison du mauvais usage qu'en fait la liberté de l'homme. Si elles sont purifiées, les passions ouvrent à l'homme la voie vers Dieu avec des énergies unifiées par l'ascèse et par la grâce et, "si celles-ci ont reçu du Créateur un ordre et un début..., la limite de la vertu est sans fin" (26/2, 37; 1068).
La dernière phase du chemin est la perfection chrétienne, qui se développe dans les dernières sept marches de l'Echelle. Il s'agit des stades les plus élevés de la vie spirituelle, dont peuvent faire l'expérience les "ésicastes", les solitaires, ceux qui sont arrivés au calme et à la paix intérieure; mais ce sont des stades accessibles également aux cénobites les plus fervents. Des trois premiers - simplicité, humilité et discernement - Jean, dans le sillage des Pères du désert, considère le dernier le plus important, c'est-à-dire la capacité de discerner. Chaque comportement doit être soumis au discernement; en effet, tout dépend des motivations profondes, qu'il faut évaluer. On entre ici dans le vif de la personne et il s'agit de réveiller chez l'ermite, chez le chrétien, la sensibilité spirituelle et le "sens du coeur", dons de Dieu: "Comme guide et règle en toute chose, après Dieu, nous devons suivre notre conscience" (26/1,5;1013). C'est de cette manière que l'on atteint la tranquillité de l'âme, l'esichía, grâce à laquelle l'âme peut se pencher sur l'abîme des mystères divins.

L'état de calme, de paix intérieure, prépare l'"ésicaste" à la prière, qui chez Jean, est double: la "prière corporelle" et la "prière du coeur". La première est propre à celui qui doit s'aider de gestes du corps: tendre les mains, émettre des gémissements, se frapper la poitrine, etc. (15, 26; 900); la deuxième est spontanée, car elle est l'effet du réveil de la sensibilité spirituelle, don de Dieu à ceux qui se consacrent à la prière corporelle. Chez Jean, elle prend le nom de "prière de Jésus" (Iesoû euché), et est constituée par l'invocation du seul nom de Jésus, une invocation continue comme la respiration: "Que la mémoire de Jésus ne fasse qu'une seule chose avec ta respiration, et alors, tu connaîtras l'utilité de l'esichía", de la paix intérieure (27/2, 26; 1112). A la fin, la prière devient très simple, simplement le nom "Jésus" qui ne fait qu'un avec notre respiration.

Le dernier degré de l'échelle (30), teinté de "la sobre ivresse de l'Esprit", est consacré à la suprême "trinité des vertus": la foi, l'espérance et surtout la charité. De la charité, Jean parle également comme éros (amour humain), figure de l'union matrimoniale de l'âme avec Dieu. Et il choisit encore l'image du feu pour exprimer l'ardeur, la lumière, la purification de l'amour pour Dieu. La force de l'amour humain peut être redirigée vers Dieu, de même que sur l'olivier sauvage peut être greffé l'olivier franc (cf. Rm 11,24) (15, 66; 893). Jean est convaincu qu'une intense expérience de cet éros fait progresser l'âme beaucoup plus que le dur combat contre les passions, car sa puissance est grande. Ainsi prévaut le positivisme sur notre chemin. Mais la charité est considérée également en relation étroite avec l'espérance: "La force de la charité est l'espérance: grâce à elle, nous attendons la récompense de la charité... L'espérance est la porte de la charité... L'absence d'espérance anéantit la charité: c'est à elle que sont liés nos efforts, c'est par elle que sont soutenus nos labeurs, et c'est grâce à elle que nous sommes entourés par la miséricorde de Dieu" (30, 16; 1157). La conclusion de l'Echelle contient la synthèse de l'oeuvre avec des paroles que l'auteur fait prononcer à Dieu lui-même: "Que cette échelle t'enseigne la disposition spirituelle des vertus. Je me tiens au sommet de cette échelle, comme le dit mon grand initié (saint Paul): Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité (1Co 13,13)!" (30, 18; 1160).

A ce point, une dernière question s'impose: l'Echelle, oeuvre écrite par un moine ermite qui a vécu il y a mille quatre cents ans, peut-elle encore nous dire quelque chose aujourd'hui? L'itinéraire existentiel d'un homme qui a toujours vécu sur le mont Sinaï à une époque si lointaine peut-il être d'une quelconque actualité pour nous? Dans un premier temps, il semblerait que la réponse doive être "non", car Jean Climaque est trop loin de nous. Mais, si nous observons d'un peu plus près, nous voyons que cette vie monastique n'est qu'un grand symbole de la vie baptismale, de la vie de chrétien. Elle montre, pour ainsi dire, en lettres capitales ce que nous écrivons jour près jour en lettres minuscules. Il s'agit d'un symbole prophétique qui révèle ce qu'est la vie du baptisé, en communion avec le Christ, avec sa mort et sa résurrection. Pour moi, il est particulièrement important que le sommet de l'"échelle", que les derniers degrés soient dans le même temps les vertus fondamentales, initiales, et les plus simples: la foi, l'espérance et la charité. Il ne s'agit pas de vertus uniquement accessibles à des champions de la morale, mais des dons de Dieu à tous les baptisés: en elles croît également notre vie. Le début est également la fin, le point de départ est également le point d'arrivée: tout le chemin va vers une réalisation toujours plus radicale de la foi, de l'espérance et de la charité. Dans ces vertus, est présente toute la montée. La foi est fondamentale, car cette vertu implique que je renonce à mon arrogance, à ma pensée; à la prétention de juger seul, sans m'appuyer sur les autres. Ce chemin vers l'humilité, vers l'enfance spirituelle, est nécessaire: il faut surmonter l'attitude d'arrogance qui fait dire: j'en sais plus, à mon époque du xxi siècle, que ce que pouvaient savoir les hommes de l'époque passée. Il faut en revanche s'en remettre uniquement à l'Ecriture Sainte, à la Parole du Seigneur, contempler avec humilité l'horizon de la foi, pour entrer ainsi dans l'étendue immense du monde universel, du monde de Dieu. De cette façon notre âme croît, la sensibilité du coeur vers Dieu croît. Jean Climaque dit à juste titre que seule l'espérance nous rend capables de vivre la charité. L'espérance dans laquelle nous transcendons les choses de tous les jours, nous n'attendons pas le succès de nos jours terrestres, mais nous attendons à la fin la révélation de Dieu lui-même. Ce n'est que dans cet élargissement de notre âme, dans cette auto-transcendance que notre vie devient grande et que nous pouvons supporter les peines et les déceptions de chaque jour, que nous pouvons être bons avec les autres sans attendre de récompense. Ce n'est que si Dieu existe, cette grande espérance à laquelle je tends que je peux, chaque jour, accomplir les petits pas de ma vie et apprendre ainsi la charité. Dans la charité se cache le mystère de la prière, de la connaissance personnelle de Jésus: une prière simple, qui tend uniquement à toucher le coeur du Maître divin. Et ainsi, on ouvre son coeur, on apprend de Lui la même bonté, le même amour. Utilisons donc cette "montée" de la foi, de l'espérance et de la charité; nous parviendrons ainsi à la vraie vie.
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Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones, notamment la délégation des consuls honoraires, accompagnée par Son Éminence le Cardinal Philippe Barbarin, Archevêque de Lyon, la Communauté de l’Arche « l’Olivier » de Rennes qui fête cette année ses vingt ans d’existence, ainsi que tous les jeunes, en particulier ceux des collèges La Rochefoucauld et Fénelon Sainte-Marie de Paris. Bon pèlerinage à tous !


Mercredi 18 février 2009 - Bède le vénérable

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Chers frères et soeurs,

Le saint que nous évoquons aujourd'hui s'appelle Bède et naquit dans le Nord-Est de l'Angleterre, plus exactement dans le Northumberland, en 672/673. Il raconte lui-même que ses parents, à l'âge de sept ans, le confièrent à l'abbé du proche monastère bénédictin, afin qu'il l'instruise: "Depuis lors - rappelle-t-il -, j'ai toujours vécu dans ce monastère, me consacrant intensément à l'étude de l'Ecriture et, alors que j'observais la discipline de la Règle et l'engagement quotidien de chanter à l'église, il me fut toujours doux d'apprendre, d'enseigner ou d'écrire" (Historia eccl. Anglorum, v, 24). De fait, Bède devint l'une des plus éminentes figures d'érudit du haut Moyen-Age, pouvant utiliser les nombreux manuscrits précieux que ses abbés, revenant de leurs fréquents voyages sur le continent et à Rome, lui portaient. L'enseignement et la réputation de ses écrits lui valurent de nombreuses amitiés avec les principales personnalités de son époque, qui l'encouragèrent à poursuivre son travail, dont ils étaient nombreux à tirer bénéfice. Etant tombé malade, il ne cessa pas de travailler, conservant toujours une joie intérieure qui s'exprimait dans la prière et dans le chant. Il concluait son oeuvre la plus importante, la Historia ecclesiastica gentis Anglorum, par cette invocation: "Je te prie, ô bon Jésus, qui avec bienveillance m'a permis de puiser aux douces paroles de ta sagesse, accorde-moi, dans ta bonté, de parvenir un jour à toi, source de toute sagesse, et de me trouver toujours face à ton visage". La mort le saisit le 26 mai 735: c'était le jour de l'Ascension.
Les Saintes Ecritures sont la source constante de la réflexion théologique de Bède. Après une étude critique approfondie du texte (une copie du monumental Codex Amiatinus de la Vulgate, sur lequel Bède travailla, nous est parvenue), il commente la Bible, en la lisant dans une optique christologique, c'est-à-dire qu'il réunit deux choses: d'une part, il écoute ce que dit exactement le texte, il veut réellement écouter, comprendre le texte lui-même; de l'autre, il est convaincu que la clef pour comprendre l'Ecriture Sainte comme unique Parole de Dieu est le Christ et avec le Christ, dans sa lumière, on comprend l'Ancien et le Nouveau Testament comme "une" Ecriture Sainte. Les événements de l'Ancien et du Nouveau Testament vont de pair, ils sont un chemin vers le Christ, bien qu'ils soient exprimés à travers des signes et des institutions différentes (c'est ce qu'il appelle la concordia sacramentorum). Par exemple, la tente de l'alliance que Moïse dressa dans le désert et le premier et le deuxième temple de Jérusalem sont des images de l'Eglise, nouveau temple édifié sur le Christ et sur les Apôtres avec des pierres vivantes, cimentées par la charité de l'Esprit. Et de même qu'à la construction de l'antique temple contribuèrent également des populations païennes, mettant à disposition des matériaux précieux et l'expérience technique de leurs maîtres d'oeuvre, à l'édification de l'Eglise contribuent les apôtres et les maîtres provenant non seulement des antiques souches juive, grecque et latine, mais également des nouveaux peuples, parmi lesquels Bède se plaît à citer les celtes irlandais et les Anglo-saxons. Saint Bède voit croître l'universalité de l'Eglise qui ne se restreint pas à une culture déterminée, mais se compose de toutes les cultures du monde qui doivent s'ouvrir au Christ et trouver en Lui leur point d'arrivée.

L'histoire de l'Eglise est un autre thème cher à Bède. Après s'être intéressé à l'époque décrite dans les Actes des Apôtres, il reparcourt l'histoire des Pères et des Conciles, convaincu que l'oeuvre de l'Esprit Saint continue dans l'histoire. Dans la Chronica Maiora, Bède trace une chronologie qui deviendra la base du Calendrier universel "ab incarnatione Domini". Déjà à l'époque, on calculait le temps depuis la fondation de la ville de Rome. Bède, voyant que le véritable point de référence, le centre de l'histoire est la naissance du Christ, nous a donné ce calendrier qui lit l'histoire en partant de l'Incarnation du Seigneur. Il enregistre les six premiers Conciles oecuméniques et leurs développements, présentant fidèlement la doctrine christologique, mariologique et sotériologique, et dénonçant les hérésies monophysite et monothélite, iconoclaste et néo-pélagienne. Enfin, il rédige avec beaucoup de rigueur documentaire et d'attention littéraire l'Histoire ecclésiastiques des peuples Angles, pour laquelle il est reconnu comme le "père de l'historiographie anglaise". Les traits caractéristiques de l'Eglise que Bède aime souligner sont: a) la catholicité, comme fidélité à la tradition et en même temps ouverture aux développements historiques, et comme recherche de l'unité dans la multiplicité, dans la diversité de l'histoire et des cultures, selon les directives que le Pape Grégoire le Grand avait données à l'Apôtre de l'Angleterre, Augustin de Canterbury; b) l'apostolicité et la romanité: à cet égard, il considère comme d'une importance primordiale de convaincre toutes les Eglises celtiques et des Pictes à célébrer de manière unitaire la Pâque selon le calendrier romain. Le Calcul qu'il élabora scientifiquement pour établir la date exacte de la célébration pascale, et donc tout le cycle de l'année liturgique, est devenu le texte de référence pour toute l'Eglise catholique.

Bède fut également un éminent maître de théologie liturgique. Dans les homélies sur les Evangiles du dimanche et des fêtes, il accomplit une véritable mystagogie, en éduquant les fidèles à célébrer joyeusement les mystères de la foi et à les reproduire de façon cohérente dans la vie, dans l'attente de leur pleine manifestation au retour du Christ, lorsque, avec nos corps glorifiés, nous serons admis en procession d'offrande à l'éternelle liturgie de Dieu au ciel. En suivant le "réalisme" des catéchèses de Cyrille, d'Ambroise et d'Augustin, Bède enseigne que les sacrements de l'initiation chrétienne constituent chaque fidèle "non seulement chrétien, mais Christ". En effet, chaque fois qu'une âme fidèle accueille et conserve avec amour la Parole de Dieu, à l'image de Marie, elle conçoit et engendre à nouveau le Christ. Et chaque fois qu'un groupe de néophytes reçoit les sacrements de Pâques, l'Eglise s'"auto-engendre" ou, à travers une expression encore plus hardie, l'Eglise devient "Mère de Dieu" en participant à la génération de ses fils, par l'oeuvre de l'Esprit Saint.

Grâce à sa façon de faire de la théologie en mêlant la Bible, la liturgie et l'histoire, Bède transmet un message actuel pour les divers "états de vie": a) aux experts (doctores ac doctrices), il rappelle deux devoirs essentiels: sonder les merveilles de la Parole de Dieu pour les présenter sous une forme attrayante aux fidèles; exposer les vérités dogmatiques en évitant les complications hérétiques et en s'en tenant à la "simplicité catholique", avec l'attitude des petits et des humbles auxquels Dieu se complaît de révéler les mystères du royaume; b) les pasteurs, pour leur part, doivent donner la priorité à la prédication, non seulement à travers le langage verbal ou hagiographique, mais en valorisant également les icônes, les processions et les pèlerinages. Bède leur recommande l'utilisation de la langue vulgaire, comme il le fait lui-même, en expliquant en dialecte du Northumberland le "Notre Père", le "Credo" et en poursuivant jusqu'au dernier jour de sa vie le commentaire en langue vulgaire de l'Evangile de Jean; c) aux personnes consacrées qui se consacrent à l'Office divin, en vivant dans la joie de la communion fraternelle et en progressant dans la vie spirituelle à travers l'ascèse et la contemplation, Bède recommande de soigner l'apostolat - personne ne reçoit l'Evangile que pour soi, mais doit l'écouter comme un don également pour les autres - soit en collaborant avec les évêques dans des activités pastorales de divers types en faveur des jeunes communautés chrétiennes, soit en étant disponibles à la mission évangélisatrice auprès des païens, hors de leur pays, comme "peregrini pro amore Dei".

En se plaçant dans cette perspective, dans le commentaire du Cantique des Cantiques, Bède présente la synagogue et l'Eglise comme des collaboratrices dans la diffusion de la Parole de Dieu. Le Christ Epoux veut une Eglise industrieuse, "le teint hâlé par les efforts de l'évangélisation" - il y a ici une claire évocation de la parole du Cantique des Cantiques (1, 5) où l'épouse dit: "Nigra sum sed formosa" (je suis noire, et pourtant belle) -, occupée à défricher d'autres champs ou vignes et à établir parmi les nouvelles populations "non pas une cabane provisoire, mais une demeure stable", c'est-à-dire à insérer l'Evangile dans le tissu social et dans les institutions culturelles. Dans cette perspective, le saint docteur exhorte les fidèles laïcs à être assidus à l'instruction religieuse, en imitant les "insatiables foules évangéliques, qui ne laissaient pas même le temps aux apôtres de manger un morceau de nourriture". Il leur enseigne comment prier continuellement, "en reproduisant dans la vie ce qu'ils célèbrent dans la liturgie", en offrant toutes les actions comme sacrifice spirituel en union avec le Christ. Aux parents, il explique que même dans leur petit milieu familial, ils peuvent exercer "la charge sacerdotale de pasteurs et de guides", en formant de façon chrétienne leurs enfants et affirme connaître de nombreux fidèles (hommes et femmes, mariés ou célibataires), "capables d'une conduite irrépréhensible, qui, s'ils sont suivis de façon adéquate, pourraient s'approcher chaque jour de la communion eucharistique" (Epist. ad Ecgberctum, ed. Plummer, p. 419).

La renommée de sainteté et de sagesse dont, déjà au cours de sa vie, Bède jouit, lui valut le titre de "vénérable". C'est ainsi également que l'appelle le Pape Serge i, lorsqu'en 701, il écrit à son abbé en lui demandant qu'il le fasse venir pour un certain temps à Rome afin de le consulter sur des questions d'intérêt universel. Après sa mort, ses écrits furent diffusés largement dans sa patrie et sur le continent européen. Le grand missionnaire d'Allemagne, l'Evêque saint Boniface (+ 754), demanda plusieurs fois à l'archevêque de York et à l'abbé de Wearmouth de faire transcrire certaines de ses oeuvres et de les lui envoyer de sorte que lui-même et ses compagnons puissent aussi bénéficier de la lumière spirituelle qui en émanait. Un siècle plus tard, Notkero Galbulo, abbé de Saint-Gall (+ 912), prenant acte de l'extraordinaire influence de Bède, le compara à un nouveau soleil que Dieu avait fait lever non de l'orient, mais de l'occident pour illuminer le monde. Hormis l'emphase rhétorique, il est de fait que, à travers ses oeuvres, Bède contribua de façon efficace à la construction d'une Europe chrétienne, dans laquelle les diverses populations et cultures se sont amalgamées, lui conférant une physionomie unitaire, inspirée par la foi chrétienne. Prions afin qu'aujourd'hui également, se trouvent des personnalités de la stature de Bède pour maintenir uni tout le continent; prions afin que nous soyons tous prêts à redécouvrir nos racines communes, pour être les bâtisseurs d'une Europe profondément humaine et authentiquement chrétienne.
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Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les groupes du diocèse de Créteil, avec leur Évêque Mgr Michel Santier, les prêtres du diocèse de Grenoble-Vienne, avec Mgr Guy de Kérimel, les nombreux jeunes des lycées et des aumôneries ainsi que les groupes provenant de diverses paroisses. À l’exemple de Bède le Vénérable, prenez le temps de scruter les merveilles de la Parole de Dieu, pour en faire votre nourriture. Que Dieu vous bénisse!



Mercredi 11 mars 2009 - Saint Boniface nous encourage à accueillir la Parole de Dieu

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Chers frères et soeurs,

Nous nous arrêtons aujourd'hui sur un grand missionnaire du viii siècle, qui a diffusé le catéchisme en Europe centrale, et dans ma patrie également: saint Boniface, passé à l'histoire comme l'"apôtre des Germains". Nous possédons beaucoup d'informations sur sa vie grâce à la diligence de ses biographes: il naquit dans une famille anglosaxonne dans le Wessex autour de 675 et fut baptisé avec le nom de Winfrid. Il entra très jeune au monastère, attiré par l'idéal monastique. Possédant de remarquables capacités intellectuelles, il semblait destiné à une carrière tranquille et brillante d'érudit: il devint enseignant de grammaire latine, écrivit plusieurs traités, composa plusieurs poésies en latin. Ordonné prêtre à l'âge de trente ans environ, il se sentit appelé par l'apostolat auprès des païens du continent. La Grande-Bretagne, sa terre, évangélisée à peine cent ans plus tôt par les Bénédictins guidés par saint Augustin, faisait preuve d'une foi si solide et d'une charité si ardente qu'elle envoya des missionnaires en Europe centrale pour y annoncer l'Evangile. En 716, Winfrid, avec quelques compagnons, se rendit en Frise (aujourd'hui la Hollande), mais il buta sur l'opposition du chef local et la tentative d'évangélisation échoua. Rentré dans sa patrie, il ne perdit pas courage, et deux ans plus tard, il se rendit à Rome pour s'entretenir avec le Pape Grégoire ii et en recevoir des directives. Le Pape, selon le récit d'un biographe, l'accueillit "avec le visage souriant et le regard empli de douceur", et dans les jours qui suivirent, il tint avec lui "des conversations importantes" (Willibald, Vita S. Bonifatii, éd. Levison, PP 13-14) et enfin, après lui avoir imposé le nouveau nom de Boniface, il lui confia avec des lettres officielles la mission de prêcher l'Evangile parmi les peuples de Germanie.

Conforté et soutenu par l'appui du Pape, Boniface se consacra à la prédication de l'Evangile dans ces régions, en luttant contre les cultes païens et en renforçant les bases de la moralité humaine et chrétienne. Avec un grand sens du devoir, il écrivait dans une de ses lettres: "Nous sommes fermes dans la lutte dans le jour du Seigneur, car des jours d'affliction et de malheur sont venus... Nous ne sommes pas des chiens muets, ni des observateurs taciturnes, ni des mercenaires qui fuient devant les loups! Nous sommes en revanche des pasteurs diligents qui veillent sur le troupeau du Christ, qui annoncent aux personnes importantes et aux personnes communes, aux riches et aux pauvres la volonté de Dieu... à temps et à contretemps..." (Epistulae, 3, 352-354: mgh). Avec son activité inlassable, ses dons d'organisation, son caractère souple et aimable bien que ferme, Boniface obtint de grands résultats. Le Pape "déclara qu'il voulait lui imposer la dignité épiscopale, pour qu'ainsi il puisse, avec une plus grande détermination, corriger et ramener sur la voie de la vérité les errants, qu'il se sente soutenu par la plus grande autorité de la dignité apostolique et fût d'autant mieux accepté de tous dans la charge de la prédication qu'il apparaissait que pour cette raison il avait été ordonné par le prélat apostolique" (Otloho, Vita S. Bonifatii, éd. Levison, livre 1 P 127).

Ce fut le Souverain Pontife lui-même qui consacra "évêque régional" - c'est-à-dire pour toute la Germanie - Boniface, qui reprit ensuite son oeuvre apostolique dans les territoires qui lui avaient été confiés et qu'il étendit son action également à l'Eglise de Gaule: avec une grande prudence, il rétablit la discipline ecclésiastique, réunit plusieurs synodes pour garantir l'autorité des canons sacrés, renforça la communion nécessaire avec le Pontife Romain: un point qui lui tenait particulièrement à coeur. Les successeurs du Pape Grégoire ii le tinrent également en très haute estime: Grégoire iii le nomma archevêque de toutes les tribus germaniques, lui envoya le pallium et lui donna faculté d'organiser la hiérarchie ecclésiastique dans ces régions (cf. Epist. 28: S. Bonifatii Epistulae, éd. Tangl, Berolini 1916); le Pape Zacharie confirma sa charge et loua son engagement (cf. Epist. 51, 57, 58, 60, 68, 77, 80, 86, 87, 89: op. cit.); le Pape Stéphane iii, tout juste élu, reçut de lui une lettre, par laquelle il lui exprimait son respect filial (cf. Epist. 108: op. cit.).

Ce grand évêque, outre ce travail d'évangélisation et d'organisation de l'Eglise à travers la fondation de diocèses et la célébration de synodes, ne manqua pas de favoriser la fondation de plusieurs monastères, masculins et féminins, pour qu'ils soient comme un phare pour le rayonnement de la foi et de la culture humaine et chrétienne sur le territoire. Des monastères bénédictins de sa patrie, il avait appelé des moines et des moniales qui lui apportèrent une aide très efficace et précieuse dans la tâche d'annoncer l'Evangile et de diffuser les sciences humaines et les arts au sein des populations. Il considérait en effet à juste titre que le travail pour l'Evangile devait également être un travail pour une véritable culture humaine. Le monastère de Fulda en particulier - fondé vers 743 - fut le coeur et le centre du rayonnement de la spiritualité et de la culture religieuse: en ce lieu, les moines, dans la prière, dans le travail et dans la pénitence, s'efforçaient de tendre à la sainteté, se formaient dans l'étude des disciplines sacrées et profanes, se préparaient à l'annonce de l'Evangile, à être missionnaires. Grâce au mérite de Boniface, de ses moines et de ses moniales - les femmes ont elles aussi joué un rôle très important dans cette oeuvre d'évangélisation - fleurit donc également cette culture humaine qui est inséparable de la foi et en révèle la beauté. Boniface lui-même nous a laissé des oeuvres intellectuelles significatives. Tout d'abord sa nombreuse correspondance, dans laquelle les lettres pastorales alternent avec les lettres officielles et d'autres à caractère privé, qui révèlent des faits sociaux et surtout son riche tempérament humain et sa foi profonde. Il composa également un traité d'Ars grammatica, dans lequel il expliquait les déclinaisons, les verbes, la syntaxe de la langue latine, mais qui pour lui devenait également un instrument pour diffuser la foi et la culture. On lui attribue aussi une Ars metrica, c'est-à-dire une introduction à la façon de faire de la poésie, et diverses compositions poétiques, et enfin un recueil de 15 sermons.

Bien qu'il fût déjà assez âgé - il était proche de 80 ans - il se prépara à une nouvelle mission évangélisatrice: avec une cinquantaine de moines il revint en Frise, où il avait commencé son oeuvre. Comme un présage de sa mort imminente, faisant allusion au voyage de la vie, il écrivait à son disciple et successeur sur le siège de Mayence, l'évêque Lullo: "Je désire mener à bien l'objectif de ce voyage; je ne peux en aucune façon renoncer au désir de partir. Le jour de ma fin est proche et le temps de ma mort s'approche; une fois déposée ma dépouille mortelle, je monterai vers la récompense éternelle. Mais toi, fils très cher, rappelle sans cesse le peuple de la confusion de l'erreur, mène à bien l'édification de la basilique de Fulda déjà commencée et, en ce lieu, tu déposeras mon corps vieilli par les longues années de vie" (Willibald, Vita S. Bonifatii, éd. cit., p. 46). Alors que commençait la célébration de la messe à Dokkum (aujourd'hui dans la Hollande du nord), le 5 juin 754 il fut assailli par une bande de païens. Alors, s'étant avancé, le visage serein, "il interdit à ses hommes de combattre en disant: "Mes fils, cessez les combats, abandonnez la guerre, car le témoignage de l'Ecriture nous exhorte à ne pas rendre le mal pour le mal, mais le bien pour le mal. Voilà le jour depuis longtemps désiré, voilà que le temps de notre fin est venu; courage dans le Seigneur!" (ibid. pp. 49-50). Ce furent ses dernières paroles avant de tomber sous les coups de ses agresseurs. La dépouille mortelle de l'évêque martyr fut ensuite portée dans le monastère de Fulda, où il reçut une digne sépulture. L'un de ses premiers biographes s'exprime déjà sur lui avec le jugement suivant: "Le saint évêque Boniface peut se dire le père de tous les habitants de la Germanie, car il a été le premier à les engendrer au Christ avec la parole de sa sainte prédication, il les a confirmés par l'exemple et, enfin, il a donné sa vie pour eux, un signe de charité qui ne pourrait pas être plus grand" (Otloho, Vita S. Bonifatii, éd. cit., lib. 1 P 158).

Des siècles plus tard, quel message pouvons-nous aujourd'hui recueillir de l'enseignement et de l'activité prodigieuse de ce grand missionnaire et martyr? Une première évidence s'impose à celui qui étudie saint Boniface: le caractère central de la Parole de Dieu, vécue et interprétée dans la foi de l'Eglise, Parole qu'il vécut, prêcha et dont il témoigna jusqu'au don suprême de lui-même dans le martyre. Il était tellement passionné par la Parole de Dieu qu'il ressentait l'urgence et le devoir de l'apporter aux autres, même au risque de sa propre vie. Sur elle reposait la foi à la diffusion de laquelle il s'était solennellement engagé au moment de sa consécration épiscopale: "Je professe intégralement la pureté de la sainte foi catholique et, avec l'aide de Dieu, je veux rester dans l'unité de cette foi, dans laquelle réside sans aucun doute tout le salut des chrétiens" (Epist. 12, in S. Bonifatii Epistolae, éd. cit., p. 29). La deuxième évidence, très importante, qui ressort de la vie de saint Boniface, est sa communion fidèle avec le Siège apostolique, qui était un point ferme et central de son travail de missionnaire. Il conserva toujours cette communion comme la règle de sa mission et la laissa comme son testament. Dans une lettre au Pape Zacharie, il affirmait: "Je ne cesse d'inviter et de soumettre à l'obéissance du Siège apostolique ceux qui veulent rester dans la foi catholique et dans l'unité de l'Eglise romaine et tous ceux que, dans ma mission, Dieu me donne comme auditeurs et disciples" (Epist. 50: in Ibid. p. 81). Le fruit de cet engagement fut le ferme esprit de cohésion autour du Successeur de Pierre que Boniface transmit aux Eglises de son territoire de mission, ajoutant à Rome l'Angleterre, la Germanie et la France, et contribuant ainsi de façon déterminante à planter les racines chrétiennes de l'Europe qui devaient produire des fruits féconds au cours des siècles successifs. Une troisième caractéristique par laquelle Boniface attire notre attention: il promut la rencontre entre la culture romano-chrétienne et la culture germanique. Il savait en effet qu'humaniser et évangéliser la culture était une partie intégrante de sa mission d'évêque. En transmettant l'antique patrimoine de valeurs chrétiennes, il donna aux populations germaniques un nouveau style de vie plus humain, grâce auquel les droits inaliénables de la personne étaient mieux respectés. En tant qu'authentique fils de saint Benoît, il sut unir la prière et le travail (manuel et intellectuel), la plume et la charrue.

Le témoignage courageux de Boniface représente une invitation pour nous tous à accueillir dans notre vie la Parole de Dieu comme point de référence essentiel, à aimer passionnément l'Eglise, à nous sentir coresponsables de son avenir, à rechercher son unité autour du Successeur de Pierre. Dans le même temps, il nous rappelle que le christianisme, en favorisant la diffusion de la culture, promeut le progrès de l'homme. C'est à présent à nous d'être à la hauteur d'un patrimoine si précieux et de le faire fructifier au bénéfice des générations qui suivront.

Je suis toujours impressionné par son zèle ardent pour l'Evangile: à quarante ans, il quitte une vie monastique belle et féconde, une vie de moine et de professeur pour annoncer l'Evangile aux simples, aux barbares; à quatre-vingt ans, une fois de plus, il se rend dans une région où il pressent son martyre. En comparant sa foi ardente, ce zèle pour l'Evangile à notre foi parfois si tiède et bureaucratisée, nous voyons ce que nous devons faire pour renouveler notre foi, pour donner en don à notre époque la perle précieuse de l'Evangile.
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Je suis heureux de vous accueillir, chers pèlerins francophones. Je salue en particulier les nombreux jeunes présents ce matin, l’école militaire de Saint-Cyr, ainsi que le groupe du Cameroun, où j’aurai la joie de me rendre dans quelques jours. Vous aussi, à la suite de saint Boniface, aimez passionnément l’Église du Christ et soyez toujours des artisans d’unité. Que Dieu vous bénisse!

Appel à la paix et à la réconciliation en Irlande du Nord

C'est avec une profonde douleur que j'ai appris l'assassinat de deux jeunes soldats britanniques et d'un policier en Irlande du Nord. J'assure les familles des victimes et les blessés de ma proximité spirituelle, et je condamne de la manière la plus ferme ces abominables actes de terrorisme qui, non seulement profanent la vie humaine, mais mettent sérieusement en danger le processus politique en cours en Irlande du Nord, et risquent de détruire les grandes espérances engendrées par ce processus dans la région et dans le monde entier. Je prie le Seigneur afin que personne ne se laisse vaincre à nouveau par l'horrible tentation de la violence, mais que chacun multiplie les efforts pour continuer à construire, à travers la patience du dialogue, une société pacifique, juste et réconciliée.



Catéchèses Benoît XVI 11029