Catéchèses Benoît XVI 60411

Mercredi 6 avril 2011: Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

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Chers frères et soeurs,

Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Thérèse de Lisieux, Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui ne vécut que 24 ans dans ce monde, à la fin du XIXe siècle, conduisant une vie très simple et cachée mais qui, après sa mort et la publication de ses écrits, est devenue l’une des saintes les plus connues et aimées. La «petite Thérèse» n’a jamais cessé d’aider les âmes les plus simples, les petits, les pauvres, les personnes souffrantes qui la priaient, mais elle a également illuminé toute l’Eglise par sa profonde doctrine spirituelle, au point que le vénérable Pape Jean-Paul II, en 1997, a voulu lui conférer le titre de Docteur de l’Eglise, s’ajoutant à celui de patronne des missions, qui lui avait été attribué par Pie XI en 1927. Mon bien-aimé prédécesseur la définit «experte en scientia amoris» (Novo Millennio ineunte
NM 42). Cette science, qui voit resplendir dans l’amour toute la vérité de la foi, Thérèse l’exprime principalement dans le récit de sa vie, publié un an après sa mort sous le titre Histoire d’une âme. C’est un livre qui eut immédiatement un immense succès, et qui fut traduit dans de nombreuses langues et diffusé partout dans le monde. Je voudrais vous inviter à redécouvrir ce petit-grand trésor, ce commentaire lumineux de l’Evangile pleinement vécu! L’Histoire d’une âme, en effet, est une merveilleuse histoire d’Amour, racontée avec une telle authenticité, simplicité et fraîcheur que le lecteur ne peut qu’en être fasciné! Mais quel est cet Amour qui a rempli toute la vie de Thérèse, de son enfance à sa mort? Chers amis, cet Amour possède un Visage, il possède un Nom, c’est Jésus! La sainte parle continuellement de Jésus. Reparcourons alors les grandes étapes de sa vie, pour entrer au coeur de sa doctrine.

Thérèse naît le 2 janvier 1873 à Alençon, une ville de Normandie, en France. C’est la dernière fille de Louis et Zélie Martin, époux et parents exemplaires, béatifiés ensemble le 19 octobre 2008. Ils eurent neuf enfants; quatre d’entre eux moururent en bas âge. Les cinq filles survécurent, et devinrent toutes religieuses. A l’âge de 4 ans, Thérèse fut profondément frappée par la mort de sa mère (MSA 13r). Son père s’installa alors avec ses filles dans la ville de Lisieux, où se déroulera toute la vie de la sainte. Plus tard, Thérèse, frappée d’une grave maladie nerveuse, fut guérie par une grâce divine, qu’elle-même définit comme le «sourire de la Vierge» (ibid., MSA 29-30v). Elle reçut ensuite la Première Communion, intensément vécue (ibid., MSA 35r), et plaça Jésus Eucharistie au centre de son existence.

La «Grâce de Noël» de 1886 marque un tournant important, qu’elle appelle sa «complète conversion» (ibid., MSA 44-45v). En effet, elle guérit totalement de son hypersensibilité infantile et commence une «course de géant». A l’âge de 14 ans, Thérèse s’approche toujours plus, avec une grande foi, de Jésus Crucifié, et prend à coeur le cas, apparemment désespéré, d’un criminel condamné à mort et impénitent (ibid., v). «Je voulus à tout prix l’empêcher de tomber en enfer» écrit la sainte, dans la certitude que sa prière le mettrait en contact avec le Sang rédempteur de Jésus. C’est sa première expérience fondamentale de maternité spirituelle: «tant j'avais de confiance en la Miséricorde infinie de Jésus», écrit-elle. Avec la très Sainte Vierge Marie, la jeune Thérèse aime, croit et espère avec «un coeur de mère» (cf. RP 6/10r).

En novembre 1887, Thérèse se rend en pèlerinage à Rome avec son père et sa soeur Céline (ibid. MSA 55-67r). Pour elle, le moment culminant est l’audience du Pape Léon XIII, auquel elle demande l’autorisation d’entrer, à l’âge de quinze ans à peine, au carmel de Lisieux. Un an plus tard, son désir se réalise: elle devient carmélite «pour sauver les âmes et prier pour les prêtres» (ibid., MSA 69v). Dans le même temps, commence également la douloureuse et humiliante maladie mentale de son père. C’est une grande souffrance qui conduit Thérèse à la contemplation du Visage de Jésus dans sa passion (ibid., MSA 71rv). Ainsi, son nom de religieuse — soeur Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face — exprime le programme de toute sa vie, dans la communion aux mystères centraux de l’Incarnation et de la Rédemption. Sa profession religieuse, en la fête de la Nativité de Marie, le 8 septembre 1890, est pour elle un véritable mariage spirituel dans la «petitesse» évangélique, caractérisée par le symbole de la fleur: «Quelle belle fête que la Nativité de Marie pour devenir l’épouse de Jésus! — écrit- elle — C’était la petite Sainte Vierge d’un jour qui présentait sa petite fleur au petit Jésus» (ibid., MSA 77r). Pour Thérèse, être religieuse signifie être l’épouse de Jésus et mère des âmes (cf. MSB 2v). Le même jour, la sainte écrit une prière qui indique toute l’orientation de sa vie: elle demande à Jésus le don de l’Amour infini, d’être la plus petite, et surtout elle demande le salut de tous les hommes: «Qu’aucune âme ne soit damnée aujourd’hui» (PRI 2). Son Offrande à l’Amour miséricordieux, faite en la fête de la Très Sainte Trinité de 1895, est d’une grande importance (MSA 83-84r; PRI 6): une offrande que Thérèse partagea immédiatement avec ses consoeurs, étant déjà vice-maîtresse des novices.

Dix ans après la «Grâce de Noël», en 1896, arrive la «Grâce de Pâques», qui ouvre la dernière période de la vie de Thérèse, avec le début de sa passion en union profonde avec la Passion de Jésus. Il s’agit de la passion du corps, avec la maladie qui la conduira à la mort à travers de grandes souffrances, mais il s’agit surtout de la passion de l’âme, avec une très douloureuse épreuve de foi (MSC 4-7v). Avec Marie à côté de la Croix de Jésus, Thérèse vit alors la foi la plus héroïque, comme une lumière dans les ténèbres qui envahissent son âme. La carmélite a conscience de vivre cette grande épreuve pour le salut de tous les athées du monde moderne, qu’elle appelle «frères». Elle vit alors encore plus intensément l’amour fraternel (8r-33v): envers les soeurs de sa communauté, envers ses deux frères spirituels missionnaires, envers les prêtres et tous les hommes, en particulier les plus lointains. Elle devient véritablement une «soeur universelle»! Sa charité aimable et souriante est l’expression de la joie profonde dont elle nous révèle le secret: «Jésus, ma joie est de T’aimer» (PN 45,7). Dans ce contexte de souffrance, en vivant le plus grand amour dans les petites choses de la vie quotidienne, la sainte conduit à son accomplissement sa vocation d’être l’Amour au coeur de l’Eglise (cf. MSB 3v).

Thérèse meurt le soir du 30 septembre 1897, en prononçant les simples paroles «Mon Dieu, je vous aime!», en regardant le Crucifix qu’elle serrait entre ses mains. Ces dernières paroles de la sainte sont la clé de toute sa doctrine, de son interprétation de l’Evangile. L’acte d’amour, exprimé dans son dernier souffle, était comme la respiration continuelle de son âme, comme le battement de son coeur. Les simples paroles «Jésus je T’aime» sont au centre de tous ses écrits. L’acte d’amour à Jésus la plonge dans la Très Sainte Trinité. Elle écrit: «Ah tu le sais, Divin Jésus je T’aime, / L’Esprit d’Amour m’embrase de son feu, / C’est en T’aimant que j’attire le Père» (PN 17,2).

Chers amis, nous aussi, avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, nous devrions pouvoir répéter chaque jour au Seigneur que nous voulons vivre d’amour pour Lui et pour les autres, apprendre à l’école des saints à aimer de manière authentique et totale. Thérèse est l’un des «petits» de l’Evangile qui se laissent conduire par Dieu dans les profondeurs de son Mystère. Un guide pour tous, surtout pour ceux qui, dans le Peuple de Dieu, accomplissent le ministère de théologiens. Avec l’humilité et la charité, la foi et l’espérance, Thérèse entre continuellement dans le coeur de la Sainte Ecriture qui renferme le Mystère du Christ. Et cette lecture de la Bible, nourrie par la science de l’amour, ne s’oppose pas à la science académique. La science des saints, en effet, dont elle parle elle-même dans la dernière page de l’Histoire d’une âme, est la science la plus élevée. «Tous les saints l’ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l’univers de l’illumination de la doctrine évangélique. N’est-ce point dans l’oraison que les saints Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d’Aquin, François, Dominique et tant d’autres illustres Amis de Dieu ont puisé cette science divine qui ravit les plus grands génies?» (MSC 36r). Inséparable de l’Evangile, l’Eucharistie est pour Thérèse le Sacrement de l’amour divin qui s’abaisse à l’extrême pour s’élever jusqu’à Lui. Dans sa dernière Lettre, sur une image qui représente l’Enfant Jésus dans l’Hostie consacrée, la sainte écrit ces simples mots: «Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit! (...) Je l’aime car Il n’est qu’Amour et Miséricorde!» (LT 266).

Dans l’Evangile, Thérèse découvre surtout la Miséricorde de Jésus, au point d’affirmer: «A moi il a donné sa Miséricorde infinie, et c’est à travers elle que je contemple et adore les autres perfections divines! (…) Alors toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même (et peut-être encore plus que toute autre) me semble revêtue d’amour» (MSA 84r). Ainsi s’exprime-t-elle dans les dernières lignes de l’Histoire d’une âme: «Je n'ai qu'à jeter les yeux dans le Saint Evangile, aussitôt je respire les parfums de la vie de Jésus et je sais de quel côté courir... Ce n’est pas à la première place, mais à la dernière que je m’élance... Oui je le sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j'irais, le coeur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien Il chérit l'enfant prodigue qui revient à Lui» (MSC 36-37r). «Confiance et Amour» sont donc le point final du récit de sa vie, deux mots qui comme des phares ont éclairé tout son chemin de sainteté, pour pouvoir guider les autres sur sa propre «petite voie de confiance et d’amour», de l’enfance spirituelle (cf. MSC 2-3r; LT 226). Confiance comme celle de l’enfant qui s’abandonne entre les mains de Dieu, inséparable de l’engagement fort, radical du véritable amour, qui est un don total de soi, pour toujours, comme le dit la sainte en contemplant Marie: «Aimer c’est tout donner, et se donner soi-même» (Pourquoi je t’aime, ô Marie, PN 54,22). Ainsi Thérèse nous indique à tous que la vie chrétienne consiste à vivre pleinement la grâce du Baptême dans le don total de soi à l’Amour du Père, pour vivre comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, Son propre amour pour tous les autres.
* * *


Je salue cordialement les pèlerins de langue française, particulièrement les Frères du Sacré-Coeur, ainsi que les lycéens et les collégiens! N’ayez pas peur d’imiter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus! La vie chrétienne consiste vraiment à vivre pleinement la grâce du baptême dans le don total de soi à l’amour du Père, pour manifester comme le Christ, dans le feu de l’Esprit Saint, son amour pour les autres. Ma prière vous accompagne!


APPEL

Je continue de suivre avec une grande préoccupation les événements dramatiques que vivent en ces jours les chères populations de Côte d’Ivoire et de Libye. Je souhaite, en outre, que le cardinal Turkson, que j’avais chargé de se rendre en Côte d’Ivoire pour exprimer ma solidarité, puisse entrer au plus tôt dans le pays. Je prie pour les victimes et je suis proche de tous ceux qui souffrent. La violence et la haine sont toujours un échec! C’est pourquoi j’adresse un nouvel appel pressant à toutes les parties en conflit afin que soit entamée l’oeuvre de pacification et de dialogue et que l’on évite de nouvelles effusions de sang.



Place Saint-Pierre

Mercredi 13 avril 2011: La sainteté

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Chers frères et soeurs,

Au cours des Audiences générales de ces deux dernières années nous ont accompagnés les figures d'un grand nombre de saints et de saintes: nous avons appris à les connaître de plus près et à comprendre que toute l'histoire de l'Eglise est marquée par ces hommes et femmes qui par leur foi, par leur charité, par leur vie ont été des phares pour de si nombreuses générations, et qu’ils le sont aussi pour nous. Les saints manifestent de différentes manières la présence puissante et transformatrice du Ressuscité; ils ont laissé le Christ se saisir si pleinement de leur vie qu'ils peuvent affirmer avec saint Paul: «Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (
Ga 2,20). Suivre leur exemple, recourir à leur intercession, entrer en communion avec eux, «nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même» (Conc. OEc. Vat. ii, Const. dogm. Lumen gentium LG 50). Au terme de ce cycle de catéchèses, je voudrais alors offrir quelques pensées sur ce qu'est la sainteté.

Que veut dire être saint? Qui est appelé à être saint? On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle du grand dessein de Dieu et affirme: «C'est ainsi qu'Il (Dieu) nous a élus en lui (le Christ), dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour» (Ep 1,4). Et il parle de nous tous. Au centre du dessein divin, il y a le Christ, dans lequel Dieu montre son Visage: le Mystère caché dans les siècles s'est révélé en plénitude dans le Verbe qui s'est fait chair. Et Paul dit ensuite: «Car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la plénitude» (Col 1,19). En Christ, le Dieu vivant s'est fait proche, visible, touchable, il s’est fait entendre afin que chacun puisse puiser de sa plénitude de grâce et de vérité (cf. Jn 1,14-16). C'est pourquoi toute l'existence chrétienne connaît une unique loi suprême, celle que saint Paul exprime dans une formule qui revient dans tous ses écrits: en Jésus Christ. La sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s'unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l'Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne. C'est être conformes à Jésus, comme affirme saint Paul: «Car ceux que d'avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l'image de son Fils» (Rm 8,29). Et saint Augustin s'exclame: «Ma vie sera vivante toute pleine de Toi» (Confessions, 10, 28). Le Concile Vatican ii, dans la Constitution sur l'Eglise, parle avec clarté de l'appel universel à la sainteté, en affirmant que personne n'en est exclu: «A travers les formes diverses de vie et les charges différentes, il n’y a qu’une seule sainteté cultivée par tous ceux que conduit l’Esprit de Dieu et qui... marchent à la suite du Christ pauvre, humble et chargé de sa croix, pour mériter de devenir participants de sa gloire» (n. LG 41).

Mais la question demeure: comment pouvons-nous parcourir la voie de la sainteté, répondre à cet appel? Puis-je le faire avec mes propres forces? La réponse est claire: une vie sainte n’est pas principalement le fruit de notre effort, de nos actions, car c’est Dieu, le trois fois Saint (cf. Is Is 6,3), qui nous rend saints, c’est l’action de l’Esprit Saint qui nous anime de l’intérieur, c’est la vie même du Christ ressuscité qui nous est communiquée et qui nous transforme. Pour le dire encore une fois avec le Concile Vatican ii: «Appelés par Dieu, non au titre de leurs oeuvres mais au titre de son dessein gracieux, justifiés en Jésus notre Seigneur, les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par là même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie» (ibid., n. 40). La sainteté a donc sa racine ultime dans la grâce baptismale, dans le fait d’être greffés dans le Mystère pascal du Christ, avec lequel nous est communiqué son Esprit, sa vie de Ressuscité. Saint Paul souligne de manière très puissante la transformation que la grâce baptismale accomplit dans l’homme et il arrive à créer une terminologie nouvelle, forgée avec le préfixe «co»: co-morts, co-ensevelis, co-ressuscités, co-vivifiés avec le Christ: notre destin est indissolublement lié au sien. «Si par le baptême — écrit-il — dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts» (Rm 6,4). Mais Dieu respecte toujours notre liberté et demande que nous acceptions ce don et vivions les exigences qu’il comporte, il demande que nous nous laissions transformer par l’action de l’Esprit Saint, en conformant notre volonté à la volonté de Dieu.

Comment notre façon de penser et nos actions peuvent-elles devenir la manière de penser et d’agir du Christ et avec le Christ? Quelle est l’âme de la sainteté? Le Concile Vatican ii précise à nouveau: «Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui (cf. 1Jn 4,16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5,5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit s’ouvrir à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en oeuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3,14 Rm 13,10), oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin» (Lumen gentium LG 42). Peut-être ce langage du Concile Vatican ii est-il encore un peu trop solennel pour nous, peut-être devons-nous dire les choses de manière encore plus simple. Qu’est-ce qui est essentiel? Il est essentiel de ne jamais laisser passer un dimanche sans une rencontre avec le Christ Ressuscité dans l’Eucharistie; cela n’est pas un poids en plus, mais une lumière pour toute la semaine. Il ne faut pas commencer ni finir une journée sans avoir au moins un bref contact avec Dieu. Et, sur la route de notre vie, suivre les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués dans le décalogue lu avec le Christ, qui est tout simplement l’explicitation de ce qu’est la charité dans des situations déterminées. Il me semble que cela est la véritable simplicité et la grandeur de la vie de sainteté: la rencontre avec le Ressuscité le dimanche; le contact avec Dieu au début et à la fin de la journée; suivre, dans les décisions, les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués, qui sont seulement des formes de charité. «C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable disciple du Christ» (Lumen gentium LG 42). Telle est la véritable simplicité, grandeur et profondeur de la vie chrétienne, du fait d’être saints.

Voilà pourquoi saint Augustin, en commentant le quatrième chapitre de la Première Lettre de saint Jean, peut affirmer une chose courageuse: «Dilige et fac quod vis», «Aime et fais ce que tu veux». Et il poursuit: «Si tu te tais, tais-toi par amour; si tu parles, parle par amour; si tu corriges, corrige par amour; si tu pardonnes, pardonne par amour; qu’en toi se trouve la racine de l’amour, car de cette racine ne peut rien procéder d’autre que le bien» (7, 8: PL 35). Celui qui est guidé par l’amour, qui vit la charité pleinement est guidé par Dieu, car Dieu est amour. C’est ce qui donne sa valeur à cette grande parole: «Dilige et fac quod vis», «Aime et fais ce que tu veux».

Sans doute pourrions-nous nous demander: pouvons-nous, avec nos limites, avec notre faiblesse, tendre à des sommets si élevés? Au cours de l’Année liturgique, l’Eglise nous invite à faire mémoire d’une foule de saints, c’est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. Ils nous disent qu’il est possible pour tous de parcourir cette voie. A toute époque de l’histoire de l’Eglise, à toute latitude de la géographie du monde, les saints appartiennent à tous les âges et à tous les états de vie, ils ont le visage concret de chaque peuple, langue et nation. Et ils sont de types très divers. En réalité, je dois dire qu’en ce qui concerne ma foi personnelle également, de nombreux saints, pas tous, sont de véritables étoiles dans le firmament de l’histoire. Et je voudrais ajouter que pour moi, ce sont non seulement certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui «indiquent la voie», mais précisément les saints simples également, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie, qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. Cette bonté, qu’elles ont mûrie dans la foi de l’Eglise, est pour moi la plus sûre apologie du christianisme et le signe qui indique où se trouve la vérité.

Dans la communion des saints, canonisés et non canonisés, que l’Eglise vit grâce au Christ dans tous ses membres, nous jouissons de leur présence et de leur compagnie et nous cultivons la ferme espérance de pouvoir imiter leur chemin et partager un jour la même vie bienheureuse, la vie éternelle.

Chers amis, comme la vocation chrétienne est grande et belle, et également simple, vue sous cette lumière! Nous sommes tous appelés à la sainteté: elle est la mesure même de la vie chrétienne. Encore une fois, saint Paul l’exprime avec une grande intensité, lorsqu’il écrit: «Chacun de nous a reçu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons... C'est lui encore qui “a donné” aux uns d'être apôtres, à d'autres d'être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l'oeuvre du ministère, en vue de la construction du Corps du Christ, au terme de laquelle nous devons parvenir, tous ensemble, à ne faire plus qu'un dans la foi et la connaissance du Fils de Dieu, et à constituer cet Homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ» (Ep 4,7 Ep 4,11-13). Je voudrais inviter chacun à s’ouvrir à l’action de l’Esprit Saint, qui transforme notre vie, pour être nous aussi comme des pièces de la grande mosaïque de sainteté que Dieu crée dans l’histoire, afin que le visage du Christ resplendisse dans tout son éclat. N’ayons pas peur de tendre vers le haut, vers les sommets de Dieu; n’ayons pas peur que Dieu nous demande trop, mais laissons-nous guider dans chacune de nos actions quotidiennes par sa Parole, même si nous nous sentons pauvres, inadéquats, pêcheurs: c’est Lui qui nous transformera selon son amour. Merci.
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J’accueille avec joie les pèlerins de langue française, particulièrement les membres de l’Association Evangelizo! En diffusant quotidiennement la Parole de Dieu, vous offrez aux baptisés la possibilité de se configurer au Christ. Je vous encourage dans cette noble mission. Je salue également les Confréries de Saint-Eloi et de Charité. Chers pèlerins venus de France, de Belgique, de Suisse et du Canada, puissiez-vous par toute votre vie faire resplendir le visage du Christ ressuscité. Bonne préparation à Pâques!



Place Saint-Pierre

Mercredi 20 avril 2011: Triduum pascal

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Chers frères et soeurs,

Nous sommes désormais parvenus au coeur de la Semaine Sainte, accomplissement du chemin quadragésimal. Demain, nous entrerons dans le Triduum pascal, les trois jours saints au cours desquels l’Eglise fait mémoire du mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus. Le fils de Dieu, après s’être fait homme en obéissance au Père, devenant en tout semblable à nous, à l’exception du péché (cf.
He 4,15), a accepté d’accomplir jusqu’au bout sa volonté, d’affronter par amour pour nous la passion et la croix, pour nous faire participer à sa résurrection, afin qu’en Lui et pour Lui, nous puissions vivre pour toujours, dans le réconfort et dans la paix. Je vous exhorte donc à accueillir ce mystère de salut, à participer intensément au Triduum pascal, coeur de l’année liturgique et moment de grâce particulière pour chaque chrétien; je vous invite à rechercher en ces jours le recueillement et la prière, afin de puiser plus profondément à cette source de grâce. A ce propos, en vue des fêtes imminentes, chaque chrétien est invité à célébrer le sacrement de la Réconciliation, moment d’adhésion spéciale à la mort et à la résurrection du Christ, pour pouvoir participer de façon plus fructueuse à la Sainte Pâque.

Le Jeudi saint est le jour où l’on fait mémoire de l’institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce ministériel. Dans la matinée, chaque communauté diocésaine, rassemblée dans l’Eglise cathédrale autour de l’évêque, célèbre la Messe chrismale, au cours de laquelle sont bénis le saint Chrême, l’Huile des catéchumènes, et l’Huile des malades. A partir du Triduum pascal, et pendant toute l’année liturgique, ces Huiles seront utilisées pour les sacrements du baptême, de la confirmation, des ordinations sacerdotales et épiscopales et de l’onction des malades; on souligne de cette manière que le salut, transmis par les signes sacramentels, jaillit précisément du Mystère pascal du Christ; en effet, nous avons été rachetés par sa mort et sa résurrection et, à travers les Sacrements, nous puisons à cette même source salvifique. Au cours de la Messe chrismale, demain, aura lieu également le renouvellement des promesses sacerdotales. Dans le monde entier, chaque prêtre renouvelle les engagements qu’il a pris le jour de son ordination, pour être totalement consacré au Christ dans l’exercice du ministère sacré au service de ses frères. Nous accompagnons nos prêtres par notre prière.

Dans l’après-midi du Jeudi saint commence véritablement le Triduum pascal, avec la commémoration de la Dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua le Mémorial de sa Pâque, en accomplissant le rite de la Pâque juive. Selon la tradition, chaque famille juive, rassemblée autour d’une table en la fête de Pâque, mange l’agneau rôti, en faisant mémoire de la libération des juifs de l’esclavage d’Egypte; ainsi, au cénacle, conscient de sa mort imminente, Jésus, véritable Agneau pascal, s’offre lui-même pour notre salut (cf. 1Co 5,7). En prononçant la bénédiction sur le pain et le vin, Il anticipe le sacrifice de la croix et manifeste l’intention de perpétuer sa présence au milieu des disciples: sous les espèces du pain et du vin, Il se rend présent de façon réelle à travers son corps donné et son sang versé. Au cours de la Dernière Cène, les Apôtres sont constitués ministres de ce Sacrement de salut; Jésus leur lave les pieds (cf. Jn 13,1-25), les invitant à s’aimer les uns les autres comme Lui les a aimés, en donnant sa vie pour eux. En répétant ce geste dans la Liturgie, nous sommes nous aussi appelés à témoigner de façon concrète de l’amour de notre Rédempteur.

Enfin, le Jeudi saint se conclut par l’Adoration eucharistique, dans le souvenir de l’agonie du Seigneur dans le jardin de Gethsémani. Ayant quitté le Cénacle, Il se retira pour prier, seul, devant le Père. Dans ce moment de communion profonde, les Evangiles rapportent que Jésus ressentit une profonde angoisse, une souffrance telle qu’il verse une sueur de sang (cf. Mt 26,38). Conscient de sa mort imminente sur la croix, Il ressent une profonde angoisse et l’approche de la mort. Dans cette situation, apparaît également un élément de grande importance pour toute l’Eglise. Jésus dit aux siens: demeurez ici et veillez; et cet appel à la vigilance concerne précisément ce moment d’angoisse, de menace, au cours duquel arrivera le traître, mais il concerne toute l’histoire de l’Eglise. C’est un message permanent pour tous les temps, car la somnolence des disciples était le problème non seulement de ce moment, mais est le problème de toute l’histoire. La question est de savoir en quoi consiste cette somnolence, et en quoi consisterait la vigilance à laquelle le Seigneur nous invite. Je dirais que la somnolence des disciples tout au long de l’histoire est un certain manque de sensibilité de l’âme pour le pouvoir du mal, un manque de sensibilité pour tout le mal du monde. Nous ne voulons pas nous laisser trop troubler par ces choses, nous voulons les oublier: nous pensons que peut-être ce ne sera pas si grave, et nous oublions. Et il ne s’agit pas seulement de manque de sensibilité pour le mal, alors que nous devrions veiller pour faire le bien, pour lutter pour la force du bien. C’est un manque de sensibilité pour Dieu: telle est notre véritable somnolence; ce manque de sensibilité pour la présence de Dieu qui nous rend insensibles également au mal. Nous ne sentons pas Dieu — cela nous dérangerait — et ainsi, nous ne sentons pas non plus naturellement la force du mal et nous restons sur le chemin de notre confort. L’adoration nocturne du Jeudi saint, la vigilance avec le Seigneur, devrait être précisément le moment pour nous faire réfléchir sur la somnolence des disciples, des défenseurs de Jésus, des apôtres, de nous, qui ne voyons pas, qui ne voulons pas voir toute la force du mal, et qui ne voulons pas entrer dans sa passion pour le bien, pour la présence de Dieu dans le monde, pour l’amour du prochain et de Dieu.

Puis, le Seigneur commence à prier. Les trois apôtres — Pierre, Jacques et Jean — dorment, mais quelques fois se réveillent, et entendent le refrain de cette prière du Seigneur: «Que soit faite non pas ma volonté, mais ta volonté». Qu’est-ce que ma volonté, qu’est-ce que ta volonté dont parle le Seigneur? Ma volonté est «qu’il ne devrait pas mourir», que lui soit épargnée la coupe de la souffrance: c’est la volonté humaine, de la nature humaine, et le Christ ressent, avec toute la conscience de son être, la vie, l’abîme de la mort, la terreur du néant, cette menace de la souffrance. Et Lui plus que nous, qui avons cette aversion naturelle pour la mort, cette peur naturelle de la mort, encore plus que nous, il ressent l’abîme du mal. Il ressent, avec la mort, également toute la souffrance de l’humanité. Il sent que tout cela est la coupe qu’il doit boire, qu’il doit s’obliger à boire, il doit accepter le mal du monde, tout ce qui est terrible, l’aversion pour Dieu, tout le péché. Et nous pouvons comprendre que Jésus, avec son âme humaine, est terrorisé face à cette réalité, qu’il perçoit dans toute sa cruauté: ma volonté serait de ne pas boire cette coupe, mais ma volonté est soumise à ta volonté, à la volonté de Dieu, à la volonté du Père, qui est également la véritable volonté du Fils. Et ainsi, Jésus transforme, dans cette prière, l’aversion naturelle, l’aversion pour la coupe, pour sa mission de mourir pour nous; il transforme sa volonté naturelle en volonté de Dieu, dans un «oui» à la volonté de Dieu. L’homme en soi est tenté de s’opposer à la volonté de Dieu, d’avoir l’intention de suivre sa propre volonté, de se sentir libre uniquement s’il est autonome; il oppose sa propre autonomie contre l’hétéronomie de suivre la volonté de Dieu. Cela est tout le drame de l’humanité. Mais en vérité, cette autonomie est fausse et cette obéissance à la volonté de Dieu n’est pas une opposition à soi-même, n’est pas un esclavage qui viole ma volonté, mais cela signifie entrer dans la vérité et dans l’amour, dans le bien. Et Jésus tire notre volonté, qui s’oppose à la volonté de Dieu, qui cherche l’autonomie, il tire notre volonté vers le haut, vers la volonté de Dieu. Tel est le drame de notre rédemption, que Jésus tire vers le haut notre volonté, toute notre aversion pour la volonté de Dieu et notre aversion pour la mort et le péché, et l’unit à la volonté du Père: «Non pas ma volonté mais la tienne». Dans cette transformation du «non» en «oui», dans cette insertion de la volonté de la créature dans la volonté du Père, il transforme l’humanité et nous rachète. Et il nous invite à entrer dans son mouvement: sortir de notre «non» et entrer dans le «oui» du Fils. Ma volonté existe, mais la volonté du Père est décisive, car elle est la vérité et l’amour.

Un ultérieur élément de cette prière me semble important. Les trois témoins ont conservé — comme on le voit dans les Saintes Ecritures — la parole juive ou araméenne avec laquelle le Seigneur a parlé au Père, il l'a appelé «Abbà», père. Mais cette formule, «Abbà», est une forme familière du terme père, une forme qui s'utilise uniquement en famille, qui n'a jamais été utilisée à l'égard de Dieu. Ici, nous voyons dans l'intimité de Jésus comment il parle en famille, il parle vraiment comme un Fils à son Père. Nous voyons le mystère trinitaire: le Fils qui parle avec le Père et rachète l'humanité.

Encore une remarque. La Lettre aux Hébreux nous a donné une profonde interprétation de cette prière du Seigneur, de ce drame de Gethsémani. Elle dit: ces larmes de Jésus, cette prière, ce cri de Jésus, cette angoisse, tout cela n'est pas simplement une concession à la faiblesse de la chair, comme on pourrait dire. C'est précisément ainsi qu'il réalise la charge de Souverain Prêtre, parce que le Souverain Prêtre doit porter l'être humain, avec tous ses problèmes et les souffrances, à la hauteur de Dieu. Et la Lettre aux Hébreux dit: avec tous ces cris, ces larmes, ces souffrances, ses prières, le Seigneur a porte notre réalité à Dieu (cf. He 5, 7sqq). Et il utilise ce mot grec «prosfere in », qui est le terme technique de ce que doit faire le Souverain Prêtre pour offrir, pour élever ses mains.

C'est précisément dans ce drame de Gethsémani, où il semble que la force de Dieu ne soit plus présente, que Jésus réalise la fonction du Souverain Prêtre. Et il dit en outre que dans cet acte d'obéissance, c'est-à-dire de conformation de la volonté naturelle humaine à la volonté de Dieu, il est perfectionné comme prêtre. Et il utilise de nouveau le mot technique pour ordonner prêtre. C'est précisément ainsi qu'il devient réellement le Souverain Prêtre de l'humanité et ouvre ainsi le ciel et la porte à la résurrection.

Si nous réfléchissons sur ce drame de Gethsémani, nous pouvons voir aussi le fort contraste entre Jésus avec son angoisse, avec sa souffrance, par rapport au grand philosophe Socrate, qui reste pacifique, sans être perturbé face à la mort. Et cela semble l'idéal. Nous pouvons admirer ce philosophe, mais la mission de Jésus était une autre. Sa mission n'était pas cette totale indifférence et liberté; sa mission était de porter en soi toute notre souffrance, tout le drame humain. Et c'est pourquoi précisément cette humiliation de Gethsémani est essentielle pour la mission de l'Homme-Dieu. Il porte en lui-même notre souffrance, notre pauvreté, et il la transforme selon la volonté de Dieu. Et il ouvre ainsi les portes du ciel, il ouvre le ciel: ce rideau du Très Saint, que jusqu'alors l'homme a fermé contre Dieu, est ouvert à cause de cette souffrance et cette obéissance. Voilà quelques remarques pour le Jeudi saint, pour notre célébration de la nuit du Jeudi saint.

Le Vendredi saint, nous ferons mémoire de la passion et de la mort du Seigneur; nous adorerons le Christ crucifié, nous participerons à ses souffrances, avec la pénitence et le jeûne. En tournant «le regard vers celui qu'ils ont transpercé» (cf. Jn 19,37), nous pourrons puiser à son coeur déchiré d'où jaillit le sang et l'eau comme d'une source; de ce coeur d'où jaillit l'amour de Dieu pour tout homme, nous recevons son Esprit. Accompagnons donc nous aussi, en ce Vendredi saint, Jésus qui monte au Calvaire, laissons-nous guider par Lui jusqu'à la croix, recevons l’offrande de son corps immolé. Enfin, dans la nuit du Samedi saint, nous célébrerons la Veillée pascale solennelle, au cours de laquelle nous est annoncée la résurrection du Christ, sa victoire définitive sur la mort qui nous interpelle à être en Lui des hommes nouveaux. En participant à cette sainte Veillée, la Nuit centrale de toute l'Année liturgique, nous ferons mémoire de notre Baptême, dans lequel nous aussi avons été ensevelis avec le Christ, pour pouvoir avec lui connaître la résurrection et participer au banquet du ciel (cf. Ap Ap 19,7-9).

Chers amis, nous avons cherché à comprendre l'état d'âme avec lequel Jésus a vécu le moment de l'épreuve extrême, pour saisir ce qui orientait son action. Le critère qui a guidé chaque choix de Jésus durant tout sa vie a été la ferme volonté d'aimer le Père, d'être un avec le Père, et de lui être fidèle; cette décision de répondre à son amour l'a conduit à embrasser, en chaque circonstance, le projet du Père, à faire sien le dessein d'amour qui lui est confié et récapituler toute chose en Lui, pour ramener toute chose en Lui. En revivant le saint Triduum, disposons-nous à accueillir nous aussi dans notre vie la volonté de Dieu, conscients que dans la volonté de Dieu, même si elle semble dure, en opposition avec nos intentions, se trouve notre vrai bien, le chemin de la vie. Que la Vierge Mère nous guide sur cet itinéraire, et nous obtienne de son Fils divin la grâce de pouvoir consacrer notre vie par amour de Jésus, au service de nos frères. Merci.
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Je salue cordialement les fidèles francophones, particulièrement les jeunes! Durant ces jours saints, puissiez-vous chercher le recueillement et la prière, et vivre le sacrement de la réconciliation pour participer avec fruits aux célébrations de la Sainte Pâque. Avec ma bénédiction!



Place Saint-Pierre

Mercredi 27 avril 2011: Octave de Pâques


Catéchèses Benoît XVI 60411