Catéchèses Benoît XVI 28911

Mercredi 28 septembre 2011: Voyage Apostolique en Allemagne

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Chers frères et soeurs!

Comme vous le savez, de jeudi à dimanche derniers, j’ai accompli une visite pastorale en Allemagne; je suis donc heureux, comme de coutume, de profiter de l’occasion de l’Audience d’aujourd’hui pour reparcourir avec vous les intenses et extraordinaires journées passées dans mon pays d’origine. J’ai traversé l’Allemagne du nord au sud, d’est en ouest: de la capitale Berlin à Erfurt et à l’Eichsfeld et, enfin, à Fribourg, ville voisine de la frontière avec la France et la Suisse. Je rends tout d’abord grâce au Seigneur pour la possibilité qu’il m’a offerte de rencontrer les personnes et de parler de Dieu, de prier ensemble et de confirmer mes frères et soeurs dans la foi, conformément au mandat particulier que le Seigneur a confié à Pierre et à ses successeurs. Cette visite, qui s’est déroulée sous la devise «Là où se trouve Dieu, là se trouve l’avenir», a vraiment été une grande fête de la foi: au cours des différentes rencontres et entretiens, lors des célébrations, et notamment les Messes solennelles avec le peuple de Dieu. Ces moments ont été un don précieux qui nous a fait percevoir à nouveau que c’est Dieu qui donne à notre vie son sens le plus profond, la vraie plénitude, et plus encore, que Lui seul nous donne, donne à tous un avenir.

C’est avec une profonde gratitude que je me souviens de l’accueil chaleureux et enthousiaste, ainsi que de l’attention et de l’affection qui m’ont été démontrées dans les divers lieux que j’ai visités. Je remercie de tout coeur les évêques allemands, notamment ceux des diocèses qui m’ont accueilli, pour l’invitation et pour tout ce qu’ils ont fait, avec leurs nombreux collaborateurs, pour préparer ce voyage. Mes sincères remerciements vont aussi au président fédéral et à toutes les autorités politiques et civiles au niveau fédéral et régional. Je suis profondément reconnaissant à ceux qui ont contribué de différentes manières au succès de cette visite, surtout aux nombreux bénévoles. Ainsi a-t-elle été un grand don pour moi et pour nous tous et elle a suscité la joie, l’espérance et un nouvel élan de foi et d’engagement pour l’avenir.

Dans la capitale fédérale Berlin, le président fédéral m’a accueilli dans sa résidence et il m’a souhaité la bienvenue en son nom et au nom de ses compatriotes, en exprimant l’estime et l’affection à l’égard d’un Pape né en terre allemande. Pour ma part, j’ai pu proposer une brève réflexion sur le rapport réciproque entre religion et liberté, en rappelant une phrase du grand évêque et réformateur social Wilhelm von Ketteler: «De même que la religion a besoin de la liberté, la liberté a besoin de la religion».

J’ai accepté avec plaisir l’invitation à me rendre au Bundestag, ce qui a assurément été l’un des moments de grande portée de mon voyage. Pour la première fois, un Pape a tenu un discours devant les membres du parlement allemand. A cette occasion, j’ai voulu exposer le fondement du droit et du libre Etat de droit, c’est-à-dire la mesure de tout droit, inscrit par le Créateur dans l’être même de sa création. Il est donc nécessaire d’élargir notre concept de nature, en la comprenant non seulement comme un ensemble de fonctions mais au-delà encore, comme le langage du Créateur pour nous aider à discerner le bien du mal. Ensuite a également eu lieu une rencontre avec des représentants de la communauté juive en Allemagne. En rappelant nos racines communes dans la foi dans le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, nous avons souligné les fruits obtenus jusqu’à présent dans le dialogue entre l’Eglise catholique et le judaïsme en Allemagne. J’ai eu également l’occasion de rencontrer des membres de la communauté musulmane, en convenant avec eux de l’importance de la liberté religieuse pour un développement pacifique de l’humanité.

La Messe dans le stade olympique de Berlin, en conclusion du premier jour de la visite, a été l’une des grandes célébrations liturgiques qui m’ont donné la possibilité de prier avec les fidèles et de les encourager dans la foi. Je me suis profondément réjoui de la participation de nombreuses personnes! En ce temps de fête impressionnant, nous avons médité sur l’image évangélique de la vigne et des sarments, c’est-à-dire sur l’importance d’être unis au Christ pour notre vie personnelle de croyants et pour notre être Eglise, son corps mystique.

La deuxième étape de ma visite a été en Thuringe. L’Allemagne, et la Thuringe de manière particulière, est la terre de la réforme protestante. J’ai donc ardemment voulu, dès le début, accorder une importance particulière à l’oecuménisme dans le cadre de ce voyage, et j’ai fortement désiré vivre un moment oecuménique à Erfurt, car c’est précisément dans cette ville que Martin Luther est entré dans la communauté des Augustins et c’est là qu’il a été ordonné prêtre. Je me suis donc profondément réjoui de la rencontre avec les membres du Conseil de l’Eglise évangélique en Allemagne et de l’acte oecuménique dans l’ancien couvent des Augustins: une rencontre cordiale qui, dans le dialogue et dans la prière, nous a conduits de manière plus profonde au Christ. Nous avons vu à nouveau combien notre témoignage commun de la foi en Jésus Christ est important dans le monde d’aujourd’hui, qui ignore souvent Dieu et qui ne s’intéresse pas à Lui. Notre effort commun est nécessaire sur le chemin vers la pleine unité, mais nous sommes toujours bien conscients que nous ne pouvons pas «faire» la foi ni l’unité tant souhaitée. Une foi créée par nous-mêmes n’a aucune valeur, et la véritable unité est plutôt un don du Seigneur, qui a prié et prie toujours pour l’unité de ses disciples. Seul le Christ peut nous donner cette unité, et nous serons toujours davantage unis dans la mesure où nous revenons à Lui et nous nous laissons transformer par Lui.

Un moment particulièrement émouvant été pour moi la célébration des vêpres mariales devant le sanctuaire d’Etzelsbach, où une multitude de pèlerins m’a accueilli. Dans ma jeunesse, j’avais déjà entendu parler de la région de l’Eichsfeld — une langue de terre qui est toujours restée catholique au cours des diverses vicissitudes de l’histoire — et de ses habitants qui se sont courageusement opposés à la dictature du nazisme et du communisme. J’ai ainsi été très content de visiter cette Eichsfeld et de rencontrer sa population au cours d’un pèlerinage à l’image miraculeuse de la Vierge des Douleurs d’Etzelsbach, où pendant des siècles, les fidèles ont confié à Marie leurs requêtes, leurs préoccupations, leurs souffrances, recevant réconfort, grâces et bénédictions. Tout aussi touchante a été la Messe célébrée sur la magnifique place de la cathédrale à Erfurt. En rappelant les saints patrons de la Thuringe — sainte Elisabeth, saint Boniface et saint Kilien — et l’exemple lumineux des fidèles qui ont témoigné de l’Evangile sous les régimes totalitaires, j’ai invité les fidèles à être les saints d’aujourd’hui, de valables témoins du Christ, et à contribuer à construire notre société. En effet, ce sont toujours les saints et les personnes envahies par l’amour du Christ qui ont transformé véritablement le monde. La rencontre avec Mgr Hermann Scheipers, le dernier prêtre allemand vivant ayant survécu au camp de concentration de Dachau, a également été émouvante. A Erfurt, j’ai aussi eu l’occasion de rencontrer plusieurs victimes d’abus sexuels de la part de religieux. J’ai voulu les assurer de mes regrets et de ma proximité avec leur souffrance.

La dernière étape de mon voyage m’a conduit dans le sud-ouest de l’Allemagne, dans l’archidiocèse de Fribourg. Les habitants de cette belle ville, les fidèles de l’archidiocèse, ainsi que les nombreux pèlerins venus de la France et la Suisse voisines ou d’autres pays, m’ont réservé un accueil particulièrement chaleureux. J’ai pu en faire également l’expérience au cours de la veillée de prière avec des milliers de jeunes. J’ai été heureux de voir que la foi dans ma patrie allemande possède un visage jeune, qu’elle est vivante et qu’elle a un avenir. Au cours du rite suggestif de la lumière, j’ai transmis aux jeunes la flamme du cierge pascal, symbole de la lumière qui est le Christ, en leur adressant l’exhortation suivante: «Vous êtes la lumière du monde». Je leur ai répété que le Pape a confiance dans la collaboration active des jeunes: avec la grâce du Christ, ils sont en mesure d’apporter au monde le feu de l’amour de Dieu.

Un moment particulier a été la rencontre avec les séminaristes au séminaire de Fribourg. Répondant dans un certain sens à la lettre touchante qu’ils m’avaient envoyée quelques semaines auparavant, j’ai voulu montrer à ces jeunes la beauté et la grandeur de leur appel de la part du Seigneur, et leur offrir une aide pour poursuivre le chemin à la suite de Jésus avec joie et dans une profonde communion avec le Christ. Toujours au séminaire, j’ai pu rencontrer dans une atmosphère fraternelle également certains représentants des Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales, dont nous, catholiques, nous sentons très proches. C’est précisément de cette ample communion que dérive également le devoir commun d’être un levain pour le renouveau de notre société. Une rencontre amicale avec des représentants du laïcat catholique allemand a conclu la série de rendez-vous au séminaire.

La grande célébration eucharistique du dimanche à l’aéroport touristique de Fribourg a représenté un autre point culminant de ma visite pastorale, et l’occasion de remercier tous ceux qui s’engagent dans les divers domaines de la vie ecclésiale, en particulier les nombreux volontaires et les collaborateurs des initiatives caritatives. Ce sont eux qui rendent possibles les multiples aides que l’Eglise allemande offre à l’Eglise universelle, en particulier dans les terres de mission. J’ai également rappelé que leur service précieux sera toujours fécond, lorsqu’il découle d’une foi authentique et vivante, en union avec les évêques et le Pape, en union avec l’Eglise. Enfin, avant mon retour, j’ai parlé à un millier de catholiques engagés dans l’Eglise et la société, en suggérant certaines réflexions sur l’action de l’Eglise dans une société sécularisée, sur l’invitation à se libérer des fardeaux matériels et politiques pour être plus transparente devant Dieu.

Chers frères et soeurs, ce voyage apostolique en Allemagne m’a offert une occasion propice pour rencontrer les fidèles dans ma patrie allemande, pour les confirmer dans la foi, dans l’espérance et dans l’amour, et partager avec eux la joie d’être catholiques. Mais mon message était adressé à tout le peuple allemand, pour inviter chacun à se tourner avec confiance vers l’avenir. C’est vrai, «là où se trouve Dieu, là se trouve l’avenir». Je remercie une fois de plus tous ceux qui ont rendu cette visite possible et tous ceux qui m’ont accompagné par la prière. Que le Seigneur bénisse le peuple de Dieu en Allemagne et vous bénisse tous. Merci.
* * *


«Là où est le Christ, là est l’avenir», telle était la devise de la visite pastorale que j’ai accomplie en Allemagne, pour confirmer les fidèles de ma patrie dans la foi, et partager avec eux la joie d’être catholique, particulièrement lors des messes. Aux membres du parlement allemand, accueillant un Pape pour la première fois, j’ai rappelé que Dieu n’est pas un danger pour la démocratie et pour la liberté, mais le garant de la possibilité d’un vivre ensemble de l’humanité dans la paix et la justice. J’avais également le désir de donner une grande place à l’oecuménisme durant ce voyage. Dans la terre de Luther et de la Réforme protestante, la prière commune avec ses représentants nous a introduits plus profondément dans le Christ, bien conscients que malgré notre effort commun, la véritable unité est d’abord un don à recevoir du Christ qui prie toujours pour elle. Les rencontres cordiales avec les communautés juive, orthodoxe et orthodoxe orientale, et musulmane ont permis de rappeler que la liberté a besoin de la religion comme la religion a besoin de la liberté. A Fribourg-en-Brisgau, j’ai assuré des milliers de jeunes de ma confiance dans leur capacité à porter au monde la lumière de Dieu. Enfin, j’ai rendu grâce, avec les séminaristes pour la beauté et la grandeur de l’appel du Seigneur à Le suivre. Etre levain pour le renouvellement de notre société, voilà la tâche à accomplir ensemble, en tant que chrétien.

Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les pèlerins de Paris, de Nantes, et de Russ, ainsi que ceux venus de Tournai et du Bénin, pays que je vais visiter bientôt. Chers amis, le Christ-Jésus donne à notre vie son sens le plus profond. C’est Lui notre présent et notre avenir. Redécouvrons la joie de croire en Lui et restons unis à Lui dans l’Église ! Je vous bénis de tout coeur.



Place Saint-Pierre

Mercredi 5 octobre 2011: Psaume 33

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Chers frères et soeurs,

S’adresser au Seigneur dans la prière implique un acte radical de confiance, dans la conscience de s’en remettre à Dieu qui est bon, «Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (
Ex 34,6-7 Ps 86,15 cf. Jl Jl 2,13 Gn 4,2 Ps 103,8 Ps 145,8 Ne 9,17). C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui réfléchir avec vous sur un Psaume plein de confiance, dans lequel le Psalmiste exprime sa sereine certitude d’être guidé et protégé, mis à l’abri de tout danger, parce que le Seigneur est son pasteur. Il s’agit du Psaume 23 — selon la datation gréco-latine 22 — un texte familier à tous et aimé de tous.

«Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque»: c’est ainsi que débute cette belle prière, évoquant le contexte nomade de l’élevage des brebis et l’expérience de la connaissance réciproque qui s’établit entre le pasteur et les brebis qui composent son petit troupeau. L’image rappelle une atmosphère de confidence, d’intimité, de tendresse: le pasteur connaît ses brebis une par une, il les appelle par leur nom et elles le suivent parce qu’elles le reconnaissent et qu’elles se fient à lui (cf. Jn 10,2-4). Il prend soin d’elles, il les garde comme des biens précieux, prêt à les défendre, à en garantir le bien-être, à les faire vivre dans la tranquillité. Rien ne peut leur manquer si le pasteur est avec elles. C’est à cette expérience que fait référence le Psalmiste en appelant Dieu son pasteur, en se laissant guider par Lui vers des pâturages sûrs :

«Sur des prés d’herbe fraîche il me parque. / Vers les eaux du repos il me mène, / il y refait mon âme; il me guide aux sentiers de justice / à cause de son nom» (vv. Ps 33,2-3).

La vision qui s’ouvre sous nos yeux est celle de prés verts et de sources d’eau limpide, une oasis de paix vers laquelle le pasteur accompagne le troupeau, symboles des lieux de vie vers lesquels le Seigneur conduit le Psalmiste, qui se sent comme les brebis étendues sur l’herbe à côté d’une source, au repos, non en tension ou en état d’alerte, mais confiantes et tranquilles, parce l’endroit est sûr, l’eau est fraîche, et le pasteur veille sur elles. Et n’oublions pas ici que la scène évoquée par le Psaume se passe dans une terre en grande partie désertique, battue par un soleil cuisant, où le pasteur semi-nomade du Moyen-Orient vit avec son troupeau dans les steppes desséchées, qui s’étendent autour des villages. Mais le pasteur sait où trouver l’herbe et l’eau fraîche, essentielles pour la vie, il sait conduire à l’oasis où l’âme «se raffermit» et où il est possible de reprendre des forces et de nouvelles énergies pour se remettre en chemin.

Comme le dit le Psalmiste, Dieu le guide vers les «prés d'herbe fraîche» et les «eaux du repos», où tout est surabondant, tout est donné de façon copieuse. Si le Seigneur est le pasteur, même dans le désert, lieu d’absence et de mort, la certitude d’une présence radicale de vie ne fait pas défaut, au point de pouvoir dire: «rien ne me manque». Le pasteur, en effet, a à coeur le bien de son troupeau, il adapte ses propres rythmes et ses propres exigences à celles de ses brebis, il marche et il vit avec elles, en les guidant sur des sentiers «justes», c’est-à-dire adaptés à elles, attentif à leurs besoins et non aux siens. La sécurité de son troupeau est sa priorité et c’est à elle qu’il obéit quand il le conduit.

Chers frères et soeurs, nous aussi, comme le Psalmiste, si nous marchons derrière le «bon Pasteur», aussi difficiles, tortueux ou longs que puissent apparaître les parcours de notre vie, souvent aussi dans des zones spirituellement désertiques, sans eau et sous le soleil d’un rationalisme cuisant, sous la conduite du bon pasteur, le Christ, nous sommes certains d’aller sur les routes «justes», que le Seigneur nous guide et qu’il est toujours proche de nous et qu’il ne nous manquera rien.

C’est pourquoi le Psalmiste peut déclarer une tranquillité et une sécurité sans incertitudes ni craintes :

«Passerais-je un ravin de ténèbres, / je ne crains aucun mal car tu es près de moi; / ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent» (v. 4).

Qui passe avec le Seigneur dans le ravin de ténèbres de la souffrance, de l’incertitude et de tous les problèmes humains, se sent en sécurité. Tu es avec moi: telle est notre certitude, celle qui nous soutient. L’obscurité de la nuit fait peur, avec ses ombres changeantes, la difficulté à distinguer les dangers, son silence rempli de bruits indéchiffrables. Si le troupeau se déplace à la nuit tombée, quand la visibilité se fait incertaine, il est normal que les brebis soient inquiètes, le risque existe de trébucher ou de s’éloigner et de se perdre, et il y a encore la crainte de possibles agresseurs qui se cachent dans l’obscurité. Pour parler de ce ravin de «ténèbres», le Psalmiste utilise une expression en hébreu qui évoque les ténèbres de la mort, pour lequel la vallée à traverser est un lieu d’angoisse, de terribles menaces, de dangers de mort. Et pourtant, l’orant continue avec certitude, avec assurance, sans peur, parce qu’il sait que le Seigneur est avec lui. Ce «tu es avec moi» est une proclamation de confiance, inébranlable, et elle synthétise l’expérience d’une foi radicale; la proximité de Dieu transforme la réalité, le ravin de ténèbres perd toute dangerosité, se vide de toute menace. Le troupeau à présent peut cheminer tranquille, accompagné par le bruit familier du bâton qui frappe le terrain et signale la présence rassurante du pasteur.

Cette image réconfortante termine la première partie du Psaume et laisse place à une scène différente. Nous sommes encore dans le désert, où le pasteur vit avec son troupeau, mais à présent nous sommes transportés sous sa tente, qui s’ouvre pour donner l’hospitalité:

«Devant moi tu apprêtes une table / face à mes adversaires; / d'une onction tu me parfumes la tête, / ma coupe déborde» (v. 5).

Maintenant, le Seigneur est présenté comme Celui qui accueille l’orant, avec les signes d’une hospitalité généreuse et pleine d’attentions. L’hôte divin prépare la nourriture sur la «table», un terme qui en hébreu indique, dans son sens primitif, la peau de bête qui était étendue par terre et sur laquelle on posait les plats pour le repas commun. Il s’agit d’un geste de partage non seulement de la nourriture, mais également de la vie, dans une offrande de communion et d’amitié qui crée des liens et exprime la solidarité. Et ensuite, il y a le don munificent de l’huile parfumée sur la tête, qui procure un soulagement contre la brûlure du soleil du désert, qui rafraîchit et adoucit la peau et réjouit l’esprit de son parfum. Enfin, le calice débordant ajoute une note de fête, avec son vin exquis, partagé avec une générosité surabondante. Nourriture, huile, vin: ce sont les dons qui font vivre et qui donnent la joie car ils vont au-delà de ce qui est strictement nécessaire et expriment la gratuité et l’abondance de l’amour. Le Psaume 104 proclame, en célébrant la bonté providentielle du Seigneur: «Tu fais croître l'herbe pour le bétail et les plantes à l'usage des humains, pour qu'ils tirent le pain de la terre et le vin qui réjouit le coeur de l'homme, pour que l'huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le coeur de l'homme» (vv. 14-15). Le Psalmiste est l’objet de nombreuses attentions, c’est pourquoi il se voit comme un voyageur qui trouve refuge sous une tente hospitalière, alors que ses ennemis doivent s’arrêter pour regarder, sans pouvoir intervenir, car celui qu’ils considéraient comme leur proie a été mis en sécurité, il est devenu un hôte sacré, intouchable. Et nous sommes nous-mêmes le Psalmiste, si nous sommes réellement croyants en communion avec le Christ. Quand Dieu ouvre sa tente pour nous accueillir, rien ne peut nous faire de mal.

Ensuite, lorsque le voyageur repart, la protection divine se prolonge et l’accompagne au cours de son voyage :

«Oui, grâce et bonheur me pressent / tous les jours de ma vie; / ma demeure est la maison du Seigneur / en la longueur des jours» (v. 6).

La bonté et la fidélité de Dieu sont l’escorte qui accompagne le Psalmiste qui sort de la tente et se remet en chemin. Mais c’est un chemin qui acquiert un sens nouveau, et devient pèlerinage vers le Temple du Seigneur, le lieu saint où l’orant veut «demeurer» pour toujours et auquel il veut également «retourner». Le verbe hébreu utilisé ici a le sens de «revenir» mais, au moyen d’une petite modification de voyelle, il peut être entendu comme «demeurer» et et c’est ainsi qu’il est rendu par les antiques versions et par la majorité des traductions modernes. Les deux sens peuvent être maintenus: retourner au Temple et y demeurer est le désir de chaque Israélite, et habiter près de Dieu dans sa proximité et sa bonté est le désir et la nostalgie de tout croyant: pouvoir habiter réellement là où est Dieu, près de Dieu. Se placer à la suite du Pasteur conduit à sa maison, tel est le but de tout chemin, oasis recherchée dans le désert, tente où se réfugier en fuyant ses ennemis, lieu de paix où faire l’expérience de la bonté et de l’amour fidèle de Dieu jour après jour, dans la joie sereine d’un temps sans fin.

Les images de ce Psaume, avec leur richesse et leur profondeur, ont accompagné toute l’histoire et l’expérience religieuse du peuple d’Israël et accompagnent les chrétiens. La figure du pasteur, en particulier, évoque le temps originel de l’Exode, le long chemin dans le désert, comme un troupeau guidé par le Pasteur divin (cf. Is Is 63,11-14 Ps 77,20-21 Ps 78,52-54). Et sur la terre promise, c’était le roi qui avait le devoir de paître le troupeau du Seigneur, comme David, pasteur choisi par Dieu et figure du Messie (cf. 2S 5,1-2 2S 7,8 Ps 78,70-72). Puis, après l’exil de Babylone, presque dans un nouvel exode (cf. Is Is 40,3-5 Is Is 40,9-11 Is 43,16-21), Israël revient dans sa patrie comme une brebis égarée et retrouvée, reconduite par Dieu vers de verts pâturages et des lieux de repos (cf. Ez Ez 34, 11-16, 23-31). Mais c’est dans le Seigneur Jésus que toute la force évocatrice de notre Psaume atteint sa plénitude, trouve sa pleine signification: Jésus est le «Bon Pasteur» qui va à la recherche de la brebis égarée, qui connaît ses brebis et donne sa vie pour elles (cf. Mt 18,12-14 Lc 15,4-7 Jn 10,2-4 Jn 10,11-18). Il est le chemin, la juste voie qui nous conduit à la vie (cf. Jn 14,6), la lumière qui illumine la vallée obscure et vainc chacune de nos peurs (cf. Jn 1,9 Jn 8,12 Jn 9,5 Jn 12,46). C’est Lui l’hôte généreux qui nous accueille et nous met à l’abri des ennemis en préparant la table de son corps et de son sang (cf. Mt 26,26-29 Mc 14,22-25 Lc 22,19-20) et celle définitive du banquet messianique au Ciel (cf. Lc 14, 15sq; Ap 3,20 Ap 19,9). C’est Lui le Pasteur royal, le roi dans la douceur et dans le pardon, intronisé sur le bois glorieux de la croix (cf. Jn 3,13-15 Jn 12,32 Jn 17,4-5).

Chers frères et soeurs, le Psaume 23 nous invite à renouveler notre confiance en Dieu, en nous abandonnant totalement entre ses mains. Demandons donc avec foi que le Seigneur nous accorde, même sur les chemins difficiles de notre temps, de marcher toujours sur ses sentiers comme un troupeau docile et obéissant, qu’il nous accueille dans sa maison, à sa table et qu’il nous conduise vers des «eaux tranquilles» afin que, dans l’accueil du don de son Esprit, nous puissions nous abreuver à ses eaux, sources de l’eau vive «jaillissant en vie éternelle» (Jn 4,14 cf. Jn 7,37-39). Merci.

Saluts

Je salue les pèlerins francophones, particulièrement la Communauté du Séminaire Français de Rome, les Soeurs de la Présentation de Marie réunies en Chapitre général et les groupes venus du Canada, de Suisse, et des Iles de la Réunion et de la Martinique. Chers amis, plaçons toute notre confiance en Dieu. Demandons-lui de marcher toujours sur ses sentiers, à la suite de Jésus, notre Bon Pasteur. Que la Vierge du Rosaire nous accompagne. A tous je souhaite un bon pèlerinage.


APPEL

Des nouvelles dramatiques relatives à la famine qui frappe la Corne de l'Afrique ne cessent de nous parvenir. Je salue le cardinal Robert Sarah, président du Conseil pontifical «Cor Unum» et Mgr Giorgio Bertin, administrateur apostolique de Mogadiscio, présents à cette audience avec des représentants d'organisations caritatives catholiques, qui se réuniront pour analyser et donner un nouvel élan aux initiatives visant à faire face à une telle urgence humanitaire. Un représentant de l'archevêque de Canterbury, qui a lui aussi lancé un appel en faveur des populations touchées, participera également à la rencontre. Je renouvelle mon invitation pressante à la communauté internationale afin qu'elle poursuive son engagement à l'égard de ces peuples et j'invite chacun à offrir ses prières et son aide concrète pour ces nombreux frères et soeurs si durement éprouvés, en particulier les enfants qui dans cette région meurent tous les jours à cause de maladies et du manque d'eau et de nourriture.



Place Saint-Pierre

Mercredi 12 octobre 2011: Psaume 126

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Ps 126


Chers frères et soeurs,

Dans les précédentes catéchèses nous avons médité sur plusieurs Psaumes de lamentation et de confiance. Aujourd’hui, je voudrais méditer sur un Psaume aux accents festifs, une prière qui, dans la joie, chante les merveilles de Dieu. C’est le Psaume 126 — 125 selon la numérotation gréco-latine —, qui célèbre les grandes choses que le Seigneur a accomplies avec son peuple et qu’il opère constamment dans chaque croyant.

Le Psalmiste, au nom de tout Israël, commence sa prière en rappelant l’expérience exaltante du salut:

«Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, / nous étions comme en rêve! / Alors notre bouche était pleine de rires, / nous poussions des cris de joie» (vv. Ps 126,1-2a).

Le Psaume parle d’une libération des «captifs», qui sont donc rendus à leur état originel, à une positivité précédente. On part donc d’une situation de souffrance et de besoin à laquelle Dieu répond en offrant le salut et en ramenant l’orant à sa condition d’origine, qui est même enrichie et changée en mieux. C’est ce qu’il advient à Job, lorsque le Seigneur lui redonne ce qu’il avait perdu, en lui redoublant et en élargissant une bénédiction plus grande encore (cf. Jb Jb 42,10-13), et c’est ce dont fait l’expérience le peuple d’Israël en retournant dans sa patrie après l’exil babylonien. C’est justement en référence à la fin de la déportation en terre étrangère qu’est interprété ce Psaume: l’expression «ramener les captifs de Sion» est une lecture et une interprétation du texte «rétablir le sort de Sion». En effet, le retour de l’exil est le paradigme de toute intervention divine de salut parce que la chute de Jérusalem et la déportation à Babylone ont été une expérience dévastatrice pour le peuple élu, non seulement sur le plan politique et social, mais aussi et surtout sur le plan religieux et spirituel. La perte de la terre, la fin de la monarchie davidique et la destruction du Temple apparaissent comme un démenti des promesses divines, et le peuple de l’alliance, dispersé parmi les païens, s’interroge douloureusement sur un Dieu qui semble l’avoir abandonné. C’est pourquoi la fin de la déportation et le retour dans la patrie sont vécus comme un merveilleux retour à la foi, à la confiance, à la communion avec le Seigneur; c’est un «rétablissement du sort» qui implique aussi la conversion du coeur, le pardon, l’amitié retrouvée avec Dieu, la conscience de sa miséricorde et la possibilité renouvelée de le louer (cf. Jr 29,12-14 Jr 30,18-20 Jr 33,6-11 Ez 39,25-29). Il s’agit d’une expérience de joie extraordinaire, de rires et de cris de joie, tellement belle qu’il semble être «comme en rêve». Les interventions divines ont souvent des formes inattendues, qui vont au-delà de ce que l’homme peut imaginer; voilà alors l’émerveillement et la joie qui s’expriment à travers la louange: «Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!». C’est ce que disent les nations, c’est ce que proclame Israël:

«Alors on disait parmi les nations: / “Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur!” / Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous: / nous étions en grande fête!» (vv. 2b-3).

Dieu fait des merveilles dans l’histoire des hommes. En apportant le salut, il se révèle à tous comme le Seigneur puissant et miséricordieux, refuge contre l’oppression, qui n’oublie pas le cri des pauvres (cf. Ps 9,10 Ps 9,13), qui aime la justice et le droit et dont l’amour comble la terre (cf. Ps 33,5). C’est pourquoi, face à la libération du peuple d’Israël, toutes les nations reconnaissent les grandes choses extraordinaires que Dieu accomplit pour son peuple et elles célèbrent le Seigneur dans sa réalité de Sauveur. Et Israël fait écho à la proclamation des nations, et il la reprend en la répétant, mais à la première personne, comme le destinataire direct de l’action divine: «Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous»; «pour nous», ou plus précisément encore, «avec nous», en hébreu ‘immanû, affirmant ainsi le rapport privilégié que le Seigneur entretient avec ses élus et qui trouvera dans le nom Immanuel, «Dieu avec nous», par lequel est appelé Jésus, son sommet et sa pleine manifestation (cf. Mt 1,23).

Chers frères et soeurs, dans notre prière nous devrions regarder plus souvent comment, dans les événements de notre vie, le Seigneur nous a protégés, guidés, aidés et le louer pour ce qu’il a fait et continue de faire pour nous. Nous devons être plus attentifs aux choses bonnes que le Seigneur nous donne. Nous sommes toujours attentifs aux problèmes, aux difficultés et c’est comme si nous ne voulions pas percevoir que des choses belles nous viennent du Seigneur. Cette attention, qui devient gratitude, est très importante pour nous et nous crée une mémoire du bien qui nous aide aussi dans les heures sombres. Dieu accomplit de grandes choses et qui en fait l’expérience — attentif à la bonté du Seigneur avec l’attention du coeur — est comblé de joie. C’est sur cet accent festif que se conclut la première partie du Psaume. Etre sauvés et rentrer dans sa patrie après l’exil est comme être retournés à la vie: la libération ouvre au rire, mais aussi à l’attente d’un accomplissement encore à souhaiter et à demander. C’est la seconde partie du Psaume qui dit ceci:

«Ramène, Seigneur, nos captifs, / comme les torrents au désert. / Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie: / il s’en va, il s’en va en pleurant, / il jette la semence; / il s’en vient, il s’en vient dans la joie, / il rapporte les gerbes» (vv. 4-6).

Si au début de sa prière, le Psalmiste célébrait la joie d’un sort désormais rétabli par le Seigneur, il le demande à présent en revanche comme quelque chose restant encore à réaliser. Si l’on applique ce Psaume au retour de l’exil, cette apparente contradiction s’expliquerait avec l’expérience historique, faite par Israël, d’un retour dans sa patrie difficile, seulement partiel, qui conduit l’orant à solliciter une nouvelle intervention divine pour accomplir pleinement la restauration du peuple.

Mais le Psaume va au-delà du fait purement historique pour s’ouvrir à des dimensions plus amples, de type théologique. L’expérience réconfortante de la libération de Babylone est cependant encore inachevée, «déjà» arrivée, mais «pas encore» marquée par la plénitude définitive. Ainsi, alors que dans la joie elle célèbre le salut reçu, la prière s’ouvre à l’attente de la pleine réalisation. C’est pourquoi le Psaume utilise des images particulières, qui, avec leur complexité, renvoient à la réalité mystérieuse de la rédemption, dans laquelle se mêlent le don reçu et encore à attendre, la vie et la mort, la joie rêveuse et les larmes de peine. La première image fait référence aux torrents secs du désert du Néghev, qui lors des pluies se remplissent d’eau impétueuse qui redonne vie au terrain desséché et le fait refleurir. La requête du Psalmiste est donc que le rétablissement du sort du peuple et le retour de l’exil soient comme de l’eau, bouleversante et irréfrénable, et capable de transformer le désert en une immense étendue d’herbe verte et de fleurs.

La deuxième image se déplace des collines arides et rocheuses du Néghev aux champs que les agriculteurs cultivent pour en tirer de la nourriture. Pour parler de salut, on rappelle ici l’expérience qui se renouvelle chaque année dans le monde agricole: le moment difficile et fatigant des semailles et ensuite la joie immense de la récolte. Des semailles qui sont accompagnées de larmes, car l’on jette ce qui pourrait encore devenir du pain, en s’exposant à une attente pleine d’incertitude: l’agriculteur travaille, prépare le terrain, jette les semences, mais, comme l’illustre bien la parabole du semeur, il ne sait pas où cette semence tombera, si les oiseaux la mangeront, si elle prendra, si elle mettra racines, si elle deviendra un épi (cf. Mt 13,3-9 Mc 4,2-9 Lc 8,4-8). Jeter la semence est un geste de confiance et d’espérance; le travail de l’homme est nécessaire, mais ensuite il doit entrer dans une attente impuissante, en sachant bien que de nombreux facteurs seront déterminants pour la bonne issue de la récolte et que le risque d’un échec est toujours aux aguets. Et pourtant, année après année, l’agriculteur répète son geste et jette sa semence. Et lorsque celle-ci devient épi et que les champs se remplissent de blé, se manifeste la joie de celui qui se trouve devant un prodige extraordinaire. Jésus connaissait bien cette expérience et en parlait avec les siens: «Et il disait: “Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui aurait jeté du grain en terre, qu'il dorme et qu'il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment”» (Mt 4,26-27). C’est le mystère caché de la vie, ce sont les merveilleuses «grandes choses» du salut que le Seigneur opère dans l’histoire des hommes et dont les hommes ignorent le secret. L’intervention divine, quand elle se manifeste en plénitude, révèle une dimension impétueuse, comme les torrents du Néghev et comme le blé dans les champs, ce dernier évoquant également une disproportion typique des choses de Dieu: une disproportion entre la fatigue des semailles et l’immense joie de la récolte, entre l’inquiétude de l’attente et la vision rassérénante des greniers remplis, entre les petites semences jetées à terre et les grands tas des meules dorées par le soleil. Lors de la moisson, tout est transformé, les pleurs sont terminés, ils ont laissé place à l’exultation, à des cris de joie.

Le Psalmiste fait référence à tout cela pour parler du salut, de la libération, du rétablissement du destin, du retour de l’exil. La déportation à Babylone, comme toute autre situation de souffrance et de crise, avec son obscurité douloureuse faite de doutes et d’un éloignement apparent de Dieu, est en réalité, dit notre Psaume, comme des semailles. Dans le Mystère du Christ, à la lumière du Nouveau Testament, le message se fait encore plus explicite et clair: le croyant qui traverse cette obscurité est comme le grain de blé tombé en terre qui meurt, mais pour donner beaucoup de fruit (cf. Jn 12,24); ou bien, en reprenant une autre image chère à Jésus, il est comme la femme qui souffre des douleurs de l’accouchement pour pouvoir parvenir à la joie d’avoir donné le jour à une nouvelle vie (cf. Jn 16,21).

Chers frères et soeurs, ce Psaume nous enseigne que, dans notre prière, nous devons rester toujours ouverts à l’espérance et solides dans la foi en Dieu. Notre histoire, même si elle est souvent marquée par la douleur, par des incertitudes, par des moments de crise, est une histoire de salut et de «rétablissement du sort». En Jésus, chaque exil finit et chaque larme est séchée, dans le mystère de sa Croix, de la mort transformée en vie, comme le grain de blé qui s’ouvre dans la terre et qui devient épi. Pour nous aussi cette découverte de Jésus Christ est la grande joie du «oui» de Dieu, du rétablissement de notre sort. Mais comme ceux qui — revenus de Babylone pleins de joie — ont trouvé une terre appauvrie, dévastée, ainsi que la difficulté des semailles et qui ont souffert en pleurant, ne sachant pas si réellement la récolte aurait eu lieu à la fin, nous aussi, après la grande découverte de Jésus Christ — notre vie, la vérité, le chemin — en entrant dans le terrain de la foi, dans la «terre de la foi», nous trouvons aussi souvent une vie sombre, dure, difficile, des semailles de larmes, mais dans l’assurance que la lumière du Christ nous donne, à la fin, réellement, la grande récolte. Et nous devons apprendre cela également lors des nuits sombres; ne pas oublier que la lumière existe, que Dieu est déjà au milieu de notre vie et que nous pouvons semer avec la grande confiance que le «oui» de Dieu est plus fort que nous tous. Il est important de ne pas perdre ce souvenir de la présence de Dieu dans notre vie, cette joie profonde que Dieu est entré dans notre vie, en nous libérant: c’est la gratitude pour la découverte de Jésus Christ, qui est venu à nous. Et cette gratitude se transforme en espérance, elle est l’étoile de l’espérance qui nous donne la confiance, elle est la lumière, car précisément les douleurs des semailles sont le début d’une nouvelle vie, de la joie de Dieu grande et définitive.

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Je suis profondément attristé par les épisodes de violences qui ont été commis au Caire dimanche dernier. Je m'unis à la douleur des familles et à tout le peuple égyptien, déchiré par les tentatives de porter atteinte à la coexistence pacifique entre ses communautés. J'exhorte les fidèles à prier afin que cette société jouisse d'une paix véritable, basée sur la justice, sur le respect de la liberté et de la dignité de chaque citoyen. Je soutiens, en outre, les efforts des autorités civiles et religieuses égyptiennes, en faveur d'une société dans laquelle soient respectés les droits humains de tous et, en particulier, des minorités, au bénéfice de l'unité nationale.



Je salue les pèlerins francophones, particulièrement les Petites Soeurs de Jésus réunies en Chapitre général, les Servants de Messes de Monthey, et les groupes venus de France, spécialement de la Guadeloupe et de Guyane. Chers amis, notre existence, souvent marquée par des incertitudes, est une histoire de salut et de libération. Puissions-nous marcher avec Jésus vers la maison du Père, notre vraie patrie et chanter avec la Vierge Marie les merveilles de Dieu dans notre vie ! Je vous bénis de grand coeur.



Place Saint-Pierre

Mercredi 19 octobre 2011: Le ‘Grand Hallel’ Psaume 136 (135)


Catéchèses Benoît XVI 28911