Premières Catéchèses S. J-Paul II 1978-79 12979

12 septembre 1979 DES L'ORIGINE, LE CREATEUR LES FIT HOMME ET FEMME

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1. Nous avons ouvert, mercredi dernier, une série de réflexions sur la réponse donnée par le Christ Seigneur à ses interlocuteurs qui l'interrogeaient sur l'unité et l'indissolubilité du mariage.

Les pharisiens, vous vous en souvenez, ont fait appel à la loi de Moïse. Le Christ, lui au contraire, a fait allusion au commencement, en citant le livre de la Genèse. Ce commencement c'est ce dont parle l'une des premières pages du livre de la Genèse. Et, si nous voulons analyser cette réalité, il nous faut absolument nous référer au texte. En effet, les paroles prononcées par Jésus dans son dialogue avec les pharisiens et rapportées au chapitre 19 de saint Matthieu et au chapitre 10 de saint Marc, constituent un passage situé dans un contexte bien défini et ce n'est qu'en situant ces paroles dans ce contexte que l'on peut les comprendre et bien les interpréter. Ce contexte, ce sont les paroles : N'avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit homme et femme... ? (
Mt 19,4), et il se rapporte à ce que l'on appelle le premier récit de la création de l'homme, contenu dans le cycle des sept jours de la création du monde (Gn 1, 1-2, 4). Par contre, le contexte qui se rapproche davantage des autres paroles du Christ tirées du verset 24 du deuxième chapitre de la Genèse, c'est celui que l'on appelle le deuxième récit de la création de l'homme (Gn 2,15), mais indirectement, il constitue tout le troisième chapitre de la Genèse. Le second récit de la création avec l'homme ne fait qu'un, quant à l'idée et au style, avec le récit de l'innocence originelle, du bonheur de l'homme et de sa première chute.

Etant donné le sens précis des paroles du Christ tirées du verset 24 du deuxième chapitre de la Genèse, on pourrait insérer dans le même contexte la première phrase du quatrième chapitre de la Genèse qui traite de la conception et de la naissance de l'homme de parents terrestres. C'est ce que nous ferons dans cette analyse.



Dieu créa l'homme à son image

2. Du point de vue de la critique biblique, il faut rappeler que le premier récit de la création de l'homme se situe, dans le temps, après le second. L'origine de ce dernier remonte en effet beaucoup plus loin. Ce texte plus ancien est le texte yahviste, celui où Dieu est connu sous le nom de Yahvé. Il est difficile de ne pas être saisi par l'image que l’on y présente de Dieu, une image aux traits anthropomorphes assez évidents (on peut y lire en effet que ... Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie, (Gn 2,7). Par rapport à ce second récit, le premier, c'est-à-dire celui que l’on considère comme le plus récent dans le temps, est plus développé, soit en ce qui concerne l'image de Dieu, soit dans l'énoncé des vérités essentielles sur l'homme ; ce récit appartient à la tradition sacerdotale et Elohiste, de Elohim, terme par lequel on désigne Dieu.

3. Puisque dans ce récit, la création de l'homme, homme et femme, à laquelle fait allusion Jésus dans sa réponse rapportée au dix-neuvième chapitre de saint Matthieu, est contenue dans le cycle des sept jours de la création du monde, on pourrait lui conférer un caractère essentiellement cosmologique : l'homme est créé sur la terre et avec le monde visible. Mais, en même temps, le Créateur lui commande de soumettre et de dominer la terre (Cf. Gn Gn 1,28) : l’homme a donc été placé au-dessus du monde, bien que l'homme soit étroitement lié au monde visible, le récit biblique ne parle pas de sa ressemblance avec le reste des créatures ; il ne parle que de sa ressemblance avec Dieu (Dieu créa l'homme à son image ; à l’image de Dieu, il le créa... (Gn 1,27). Dans le cycle des sept jours de la création, il y a une progression bien précise ; l’homme, au contraire, n'est pas créé selon une progression naturelle ; le Seigneur semble s'arrêter avant de l'appeler à l'existence, comme s'il voulait se concentrer, pour prendre une décision : faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance... (Gn 1,16).



Dominez la terre

4. La dimension du premier récit de la création de l'homme, tout en se situant dans le temps, à un caractère éminemment théologique. On le voit, surtout dans la définition de l'homme d'après son rapport avec Dieu (A l'image de Dieu il le créa) et cela engendre en même temps l'impossibilité absolue de ne ramener l'homme qu'au monde. En effet, à la lumière des premières phrases de la Bible, on ne peut ni comprendre ni expliquer l'homme jusqu'au bout, par tes catégories tirées du monde, c'est-à-dire de l’ensemble visible des corps. Malgré cela, l'homme aussi est un corps. Le verset 27 du premier chapitre de la Genèse affirme que cette vérité essentielle sur l’homme se rapporte aussi bien à l'homme qu'à la femme : Dieu créa l'homme à son image… Homme et femmes il les créa. Il faut reconnaître que le premier récit est concis et exempt de tout subjectivisme : il ne rapporte que l'événement tel qu'il est et en exprime la réalité objective, soit lorsqu'il parle de la création de l'homme, homme et femme, à l'image de Dieu, soit lorsqu'il y ajoute les paroles de la première bénédiction : Dieu les bénit et leur dit : soyez féconds, multipliez, emplissez la terre, soumettez-la et dominez (Gn 1,28)

5. Le premier récit de la création de l'homme qui, nous l'avons vu, a un caractère théologique, renferme une puissante charge métaphysique. N'oubliez pas que ce texte du livre de la Genèse est devenu la source des inspirations les plus profondes des penseurs qui ont essayé de comprendre l'être et l'existence. (Seul le troisième chapitre du livre de l'Exode peut soutenir la comparaison). Malgré certaines expressions artistiques et minutieuses du texte, l'homme y est conçu dans les dimensions de l’être et de 1''exister (esse). La définition est plus métaphysique que physique.

Au mystère de sa création (A l'image de Dieu, il le créa) correspond l'intention de la procréation (Soyez féconds et multipliez, emplissez la terre), du devenir dans le monde et dans le temps, du fieri nécessairement lié à la dimension métaphysique de la création de l'être contingent (contingens), et c'est dans ce contexte métaphysique du récit du premier chapitre de la Genèse qu'il faut comprendre l'essence du bien, c'est-à-dire la reconnaissance de sa valeur. En effet, cette reconnaissance du bien s'effectue tout au long des sept jours de la création et atteint son apogée après la création de l'homme : Dieu vit tout ce qu'il avait fait : cela était très bon (Gn 1,31). On peut donc dire en toute certitude que le premier chapitre de la Genèse est un point de référence irréfutable et une base solide pour une métaphysique, mais aussi pour une anthropologie et une morale, selon lesquelles ens et bonum convertuntur (l'être et le bien coïncident). Naturellement tout cela vaut aussi pour la théologie et surtout pour la théologie du corps.

6. Restons-en là pour aujourd'hui. La semaine prochaine, nous parlerons du deuxième récit de la création, le plus ancien, selon les biblistes. L'expression théologie du corps que nous venons d'employer nécessite une explication mais nous en parlerons à une autre occasion. Il nous faut d'abord approfondir le passage du livre de la Genèse auquel a fait allusion le Christ.






19 septembre 1979 « ILS DEVIENNENT UNE SEULE ET MEME CHAIR »

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1. A partir de la réponse du Christ sur le mariage dans laquelle il faisait allusion au commencement, nous avons analysé la semaine dernière le premier récit de la création de l'homme tel que le rapporte le 1° chapitre du Livre de la Genèse. Aujourd'hui, nous étudierons le deuxième récit, appelé souvent yahviste, parce que Dieu est désigné sous le nom de Yahvé.

Le second récit de la création de l'homme (lié à la présentation de l'innocence du bonheur originels de l'homme et de sa chute) est différent du premier. Nous n'entrerons pas pour l'instant dans le détail du récit, nous le ferons dans les prochaines analyses. Mais il nous faut cependant reconnaître que tout ce texte, dans son énoncé de la vérité sur l'homme, nous surprend par sa profondeur, une profondeur différente de celle du texte du premier chapitre, de la Genèse. On peut dire qu'il s'agît d'une profondeur essentiellement subjective et donc, en un certain sens, psychologique.

Le chapitre 2 de la Genèse est, en quelque sorte, le récit le plus ancien de la compréhension de l'homme par lui-même, et, avec le chapitre 3, il est le premier témoignage de la conscience humaine. L'étude approfondie de ce texte et de son style archaïque qui en exprime le caractère mythique primitif, nous permet d'y trouver réunis presque tous les éléments de l'analyse de l'homme, auxquels est sensible l'anthropologie philosophique moderne et surtout contemporaine. On pourrait dire que le 2° chapitre de la Genèse raconte la création de l'homme sous un aspect essentiellement subjectif. Si nous comparons les deux récits, nous voyons que cette subjectivité correspond à la réalité objective de l'homme créé, à l'image de Dieu. Et cela aussi est important pour la théologie du corps. Mais nous n'en parlerons pas aujourd'hui.



Création de la femme

2. Ce n'est pas par hasard que dans sa réponse aux Pharisiens où il fait allusion au commencement, le Christ parle de la création de l’homme en se référant au verset 27 du premier chapitre de la Genèse : Au commencement, Dieu les créa homme et femme ;ce n'est qu'ensuite qu'il cite le verset 24 du 2° chapitre de la Genèse. Les paroles exprimant directement l'unité et l'indissolubilité du mariage dont le passage le plus caractéristique est celui de la création de la femme, qui a eu lieu à part (cf. Gn
Gn 2,18-23), tandis que le récit de la création du premier homme est rapporté aux versets 5-7 du 2° chapitre de la Genèse.

Ce premier être humain, la Bible l'appelle homme (Adam), tandis que dès la création de la première femme, elle commence à l'appeler mâle, is, par rapport à issah (femelle, car elle est issue du mâle : is).

Il faut ajouter aussi qu'en se référant au verset 24 du 2° chapitre de la Genèse, non seulement le Christ relie le commencement  au mystère de la création mais il nous conduit pour ainsi dire à la frontière qui sépare l'innocence primitive de l'homme du péché originel.

Le second récit de la création de l'homme a été introduit dans le livre de la Genèse précisément dans :ce contexte. Il y est écrit : De la côte qu'il avait tirée de l'homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors, celui-ci s'écria : voici cette fois l'os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci s'appellera femme car elle fut tirée de l’homme (Gn 2,23). C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme et ils deviennent une seule chair » (Gn 2,24).

Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre (Gn 2,25).



Récit de la première chute

3. C'est après ces versets que commence le chapitre 3 de la Genèse, c'est-à-dire le récit de la première chute de l'homme et de la femme, lié à l'arbre mystérieux qui avait déjà été appelé l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2,17). D'où une situation tout à fait nouvelle, essentiellement différente de la précédente. L'arbre de la connaissance du bien et du mal est une ligne de démarcation entre les deux situations originelles dont parle le livre de la Genèse. La première situation est celle de l'innocence originelle dans laquelle l'homme (homme et femme) est en dehors de la connaissance du bien et du mal jusqu'à ce qu'il désobéisse aux ordres du créateur et mange le fruit de l'arbre de la connaissance. La seconde situation, au contraire, est celle où l'homme, après avoir désobéi au commandement du Créateur sous l'instigation de l'esprit du mal symbolisé par le serpent, entre dans la connaissance du bien et du mal. Cette seconde situation à engendré l'état du péché, opposé à l'innocence primitive.

Bien que le texte yahviste soit dans l'ensemble très concis, il fait clairement la différence entre les deux situations originelles. Nous parlons ici de situations en songeant au récit qui est une présentation d'événements. Néanmoins de ce récit et de tous ses détails ressort bien la différence essentielle entre l’état de péché et l'innocence originelle de l'homme.

La théologie systématique décèlera dans ces deux situations opposées, deux différents états de la nature humaine : status naturae integrae (nature intègre) et status naturae lapsae (nature déchue) tout cela ressort bien du texte yahviste des 2° et 3° chapitres de la Genèse qui contiennent la parole de la révélation la plus ancienne. Ce qui revêt une importance fondamentale pour la théologie de l'homme et pour la théologie du corps.

4. Lorsqu'on faisant allusion au commencement, le Christ rappelle ses interlocuteurs le verset 24 du 2° chapitre de la Genèse, il leur ordonne, en un certain sens, d'aller au-delà de la frontière qui, dans le texte yahviste de la Genèse, sépare les deux situations de l'homme. Il n'approuve pas ce que « par dureté de coeur », Moïse a permise et il en appelle aux paroles du premier commandement divin, qui, dans ce texte, est essentiellement lié à l'innocence originelle de l'homme. Cela veut dire que ce commandement n'a rien perdu de sa force bien que l'homme ait perdu son innocence primitive.

La réponse du Christ est décisive et sans équivoque. Aussi, il nous en faut tirer les conclusions qui ont la valeur de loi, non seulement pour l'éthique, mais aussi et surtout pour la théologie de l'homme et pour la théologie du corps, qui comme un temps particulier de l'anthropologie théologique, est fondée sur la parole de Dieu révélée. Nous essaierons de tirer ces conclusions mercredi prochain.






26 septembre 1979 LE LIEN ENTRE L'INNOCENCE ORIGINELLE ET LA REDEMPTION

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1. Pour répondre à la demande concernant l'unité et l’indissolubilité du mariage le christ s'est réclamé de ce qui est écrit dans le de la Genèse sur ce thème du mariage. Lors des deux précédentes réflexions, nous avons soumis à l'analyse tant le texte dit « élohiste » (
Gn 1) que le texte dit « yahviste » (Gn 2). Nous désirons tirer aujourd'hui quelques conclusions de ces analyses.

Lorsque le Christ se réfère à « l'origine », il demande à ses interlocuteurs de dépasser, en un certain sens, la frontière qui, dans le Livre de la Genèse, sépare l’état d'innocence originelle et l'état de péché qui commence avec la chute originelle.

On peut lier symboliquement cette frontière à l'arbre de la connaissance du bien et du mal qui, dans le texte yahviste, délimite deux situations diamétralement opposées : la situation de l'innocence originelle et celle du péché originel. Ces deux situations ont leur propre dimension dans l'homme, au plus intime de lui-même. Dans sa connaissance, dans sa conscience, dans ses choix et décisions et tout ceci par rapport à Dieu-Créateur qui, dans le texte yahviste (Gn 2 et 3) est en même le temps le Dieu de l'Alliance, de la plus ancienne alliance du Créateur avec sa créature, c'est-à-dire avec l'homme. L'arbre de la connaissance du bien et du mal, comme expression et symbole de l'alliance avec Dieu violée dans le coeur de l'homme délimite et oppose deux situations et deux états diamétralement opposés : celui de l'innocence originelle et celui du péché originel et en même temps de la « peccabilité » héréditaire de l'homme qui en découle. Toutefois les paroles du Christ qui se réfèrent à l'« origine » nous permettent de trouver dans l'homme une continuité essentielle et un lien entre ces deux différents états ou dimensions de l'être humain. L'état de péché fait partie de « l'homme historique » tant celui dont parle saint Matthieu au chapitre XIX de son Evangile — c'est-à-dire l'interlocuteur de Jésus en ce temps-là — que tout autre interlocuteur, potentiel ou actuel, de tous les moments de l'histoire et naturellement donc, l'homme d'aujourd'hui également. Toutefois, chez tout homme, sans la moindre exception, cet état— l'état « historique » précisément enfonce ses racines dans sa propre « préhistoire » théologique qui est l'état de l'innocence originelle.

2. Il ne s'agit pas ici de seule dialectique. Les lois de la connaissance répondent à celles de l'existence. Il n'est pas possible de comprendre l'état de « peccabilité historique » sans se référer ou faire appel (comme le fait le Christ) à l'état d'originelle (en un certain sens préhistorique) et fondamentale innocence. Le surgissement de la « peccabilité » comme état, comme dimension de l'existence humaine se trouve dès le début en rapport avec cette réelle innocence de l’homme comme état originel et fondamental, comme dimension de l'être créé « à l'image de Dieu ». Il en fut ainsi pour le premier homme —homme et femme — en tant que dramatis personae et protagonistes des événements que décrit le texte yahviste (Gn 2 et 3), mais aussi pour tout le parcours historique de l'existence humaine. L'homme historique est donc, pour ainsi dire enraciné dans sa préhistoire théologique révélée. Et pour cette raison tout élément de sa « peccabilité,» historique s'explique (tant pour l'âme que pour le corps) par référencera l'innocence originelle. On peut dire que cette référence est un « co-héritage » du péché, et précisément du péché originel. Si, en chaque homme historique, ce péché signifie un, état de grâce perdue, alors il comporte aussi une référence à cette grâce, qui était précisément la grâce de l'innocence originelle.

3. Lorsque, selon le chapitre XIX de l'Évangile de saint Matthieu, le Christ se réclame de l’« origine », il n'entend pas, avec cette expression, indiquer seulement l'état d'innocence originelle comme horizon perdu de l’existence humaine dans l'histoire. Aux paroles qui franchissent ses propres lèvres, nous avons le droit d'attribuer en même temps toute l'éloquence du mystère de la rédemption. En effet, déjà dans le contexte yahviste de Genèse 2 et 3 nous sommes témoins du moment où, après avoir rompu l'alliance originelle avec son Créateur, l'homme — homme et femme — reçoit la première, promesse de rédemption avec les paroles de ce qu'on appelle le « Proto-évangile » dans Genèse 3, 15 et commence a vivre dans la perspective théologique de la rédemption. Et ainsi, donc, l'homme « historique » tant l'interlocuteur du Christ dont parle Matthieu (chapitre XIX) que l’homme d'aujourd'hui — participe à cette perspective. Il participe non seulement à l’histoire de la « peccabilité » humaine, comme un sujet héréditaire et en même temps personne et unique de cette histoire, triais il participe aussi à l'histoire du salut, ici également comme sujet et co-créateur. Il est donc non seulement fermé, à cause de son état de péché, par rapport à l'innocence originelle — mais il est aussi, en même temps, ouvert sur le mystère de la rédemption qui s'est accompli dans le Christ et à travers le Christ. Dans son épître aux Romains, saint Pierre exprime cette perspective de la rédemption dans laquelle vit l’homme historique : « nous, — écrit-il — qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de nos corps » (Rm 8,23). Nous ne pouvons perdre de vue cette perspective tandis que nous suivons les paroles du Christ qui, dans son colloque sur l'indissolubilité du mariage, fait recours à l’« origine ». Si cette « origine » indiquait seulement la création de l'homme et « femme », si — comme nous en avons déjà parlé — il conduisait simplement ses interlocuteurs au-delà de la limite de l'état de péché de l’homme jusqu'à l'innocence originelle, et n'ouvrait pas en même temps la perspective d'une « rédemption des corps », la réponse du Christ ne serait pas, en fait, entendue d'une manière adéquate. C'est précisément cette perspective de la rédemption du corps qui garantit la continuité et l'unité entre l'état héréditaire du péché de l'homme et son innocence originelle, bien que cette innocence, il l'a, historiquement, perdue de manière irrémédiable. Il est évident que le Christ a le plus grand droit de répondre à la question que lui posent les docteurs de la loi et de l'alliance (comme nous lisons dans Mt 19 et Mc 10), de répondre, donc, dans la perspective de la rédemption sur laquelle s'appuie l'Alliance même.

4. Si dans le contexte, substantiellement déterminé ainsi, de la théologie de l'homme-corps nous pensons à la méthode des analyses ultérieures au sujet de l'a révélation de l’« origine », où la référence aux premiers chapitres du Livre de la Genèse est essentielle, nous devons porter immédiatement notre attention sur un fait particulièrement important pour l'interprétation théologique : important parce qu'il consiste dans le rapport entre révélation et expérience. Dans l'interprétation de la révélation au sujet de l'homme, et surtout au sujet du corps, nous devons, pour des raisons compréhensibles, nous référer à l'expérience, parce que l'homme-corps nous est perceptible surtout grâce à l'expérience. A la lumière des considérations fondamentales mentionnées, nous avons pleinement le droit de nourrir la conviction que notre expérience historique doit, d'une certaine manière, s'arrêter au seuil de l'innocence originelle de l'homme, car elle est inadéquate à son égard. Toutefois à la lumière des mêmes considérations introductives, nous devons parvenir à la conviction que notre expérience humaine est, dans ce cas, un moyen en quelque sorte légitime pour l'interprétation théologique et, en un certain sens, un point de référence indispensable dont nous devons nous réclamer dans l'interprétation de l'« origine ». Une analyse plus détaillée du texte nous permettra d'en avoir une vision plus claire.

5. Il semble que les paroles de l’épître aux Romains que je viens de citer, indiquent de la meilleure façon, l'orientation de nos recherches centrées sur la révélation de cette « origine » à laquelle le Christ se réfère dans son colloque sur l'indissolubilité du mariage (Mt 19, Mc 10). Toutes les analyses qui seront successivement faites sur la base des premiers chapitres de la Genèse refléteront presque nécessairement la vérité des paroles de saint Paul : « Nous qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps » (Rm 8,23). Si nous nous plaçons dans cette position — qui va si bien d'accord avec l'expérience —1'« origine » doit nous parler avec la grande richesse de lumière qui provient de la révélation, à laquelle désire répondre surtout la théologie. La suite des analyses nous dira dans quel sens doit aller cette théologie du corps et pourquoi.






10 octobre 1979 QUATRIÈME RÉCIT DE LA CRÉATION DE L'HOMME

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Au cours de notre dernière réflexion sur la création de homme, homme et femme, nous avons tiré de la Genèse une première conclusion. C'est aux paroles de la Genèse, au commencement que le Seigneur Jésus a fait allusion dans sa conversation sur l'indissolubilité du mariage (cf. Mt
Mt 19,3-9 Mc 10,1-12).

Cette première conclusion ne terminé pas encore nos analyses ; nous devons, en effet, relire les récits du premier et du second chapitre du livré de la Genèse dans un contexte plus vaste, ce qui nous permettra de donner plusieurs interprétations du texte ancien auquel s'est référé le Christ.

Aujourd'hui, nous réfléchirons sur le sens de la solitude de l'homme à l'origine.

2. Et nous ferons partir cette réflexion directement des paroles suivantes du livre de la Genèse : Il n'est pas bien que l'homme soit seul, il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie (Gn 2,18). C'est Yahvé qui prononce ces paroles. Elles font partie du second récit de la création de l'homme et appartiennent donc à la tradition yahviste. Comme nous l'avons déjà souligné, dans le texte yahviste, le récit de la création de l'homme (homme) est un texte-à part (Gn 2-7) qui précède le récit de la création de la première femme (Gn 2,21-22). D'une part, le premier homme (Adam), créé de la glaise du sol n'est appelé mâle (Is) qu'après la création de la première femme. Ainsi, lorsque Yahvé fait allusion à la solitude, il parle de la solitude de l'homme en tant que tel et non seulement de la solitude de l'homme mâle.

Mais ce seul fait ne suffît pas à tirer les conclusions. Néanmoins, le contexte complet de cette solitude dont parle le verset 18 du second chapitre de la Genèse, indique bien qu'il s'agit ici de la solitude de l'homme — homme et femme — et non seulement de la solitude de l'homme causée par l'absence de la femme. Il semble donc que cette solitude ait deux significations : l'une qui se rapporte à la nature même de l'homme, c'est-à-dire à sa nature humaine (et cela ressort du récit du IIe chapitre de la Genèse), l'autre qui se rapporte à la relation homme-femme et qui découle de la première. Une analyse détaillée du récit semble le confirmer.

3. Le problème de la solitude n'apparaît que dans le contexte du second récit de la création de l'homme. Le premier récit n'aborde pas ce problème puisque l'homme y est créé en une seule action comme homme et femme. Dieu créa l'homme à son, image... Homme et femme, il les créa (Gn 1,27). Le second récit qui, comme nous l'avons dit parle d'abord de la création de l'homme et ensuite de la création de la femme issue de la côte attire notre attention sur la solitude de l'homme : l'homme est seul et c'est là un problème anthropologique fondamental, antérieur en quelque sorte à celui que pose l'état de l'homme homme et femme. Ce problème est antérieur pas tellement sur le plan chronologique, mais sur le plan de l'existence il est antérieur par sa nature. Et: nous verrons qu'il en est de même du problème de la solitude de l'homme du point de vue de la théologie du corps, lorsque nous ferons une analyse approfondie du second récit de la création tel que le rapporte le deuxième chapitre de la Genèse.

4. L'affirmation de Yahvé-Dieu : Il n'est pas bon que l'homme soit seul, apparaît non seulement dans le contexte immédiat de la décision de créer la femme (Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie) mais aussi dans le contexte plus vaste des motifs et des circonstances qui expliquent plus profondément le sens de la solitude de l'homme à l'origine. Le texte yahviste relie tout d'abord la création de l'homme à la nécessité de cultiver le sol (Gn 2,5), et cela correspondait dans le premier récit à la vocation à soumettre et à dominer la terre (cf. Gn Gn 1,28). Puis, le second récit de la création parle de l'homme placé dans le jardin de l'Eden et nous fait part ainsi de son état originel de bonheur.

Jusque-là, l'homme est l'objet de l'action créatrice de Yahvé qui établit en même temps, en législateur, les conditions de la première alliance avec l'homme. Et cela met déjà en évidence la subjectivité de l'homme, une subjectivité qui se manifeste, également lorsque le Seigneur-Dieu modela du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel et il les amena à l'homme pour voir comment celui-ci les appellerait (Gn 2,19). Ainsi le premier sens de la solitude de l'homme à l'origine part d'un test précis ou d'un examen que l'homme passe devant Dieu (et en un certain sens devant lui-même) par ce test, l'homme prend conscience de sa supériorité, il se rend compte qu'il ne peut être comparé à aucune autre espèce d'êtres vivant sur la terre. En effet, comme dit le texte chacun devait porter le nom que l'homme lui aurait donné (Gn 2,19), Ainsi l'homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas d'aide qui lui fut assortie (Gn 2,19-20).

5. Toute cette partie du texte est certainement une préparation au récit de la création de la femme. Cependant, elle revêt également un sens profond indépendamment de cette création. L'homme créé se trouve au commencement de son existence, devant Dieu, comme à la recherche de sa propre entité ; on pourrait dire, à la recherche de la définition de lui-même. Nous dirions aujourd'hui : à la recherche de son identité propre. Le fait que l'homme est seul dans le monde visible et en particulier parmi les êtres vivants, est négatif dans cette recherche, car il exprime ce que l’homme n'est pas. Cependant le fait qu'il ne peut s'identifier avec le nombre visible des autres êtres vivants (animalia) est positif dans cette première recherche. Car même si ce fait ne constitue pas une définition complète, il en est un élément. Si, dans la logique et dans l'anthropologie, nous acceptons la tradition aristotélicienne, il faudrait définir cet élément dans le genre le plus proche (genus proximum).

6. Le texte yahviste nous permet cependant de découvrir d'autres éléments dans ce beau passage où l'homme est seul devant Dieu pour lui exprimer, par sa première définition de lui-même, la connaissance qu'il a acquise de lui-même et qui va de pair avec la connaissance du monde, de toutes les créatures visibles, les êtres vivants auxquels l'homme a donné un nom pour souligner devant eux sa différence ainsi la conscience révèle l'homme comme celui qui, dans le monde visible, possède la faculté de connaître ?

Par cette connaissance qui le met en quelque sorte, en dehors de son être, l'homme se revête en même temps à lui-même dans toute la particularité de son être. Il n'est pas essentiellement et subjectivement seul. Solitude, en effet, veut dire aussi subjectivité de l'homme, une subjectivité qui naît de sa connaissance par lui-même, l'homme est seul parce qu'il est différent du monde visible, différent des êtres vivants. Lorsque nous analysons le texte du livre de la Genèse, nous voyons que l'homme se distingue devant Yahvé du monde des êtres vivants (animalia) par une prise de conscience propre, et qu'il se révèle à lui-même et au monde visible comme une personne. Ce processus de la recherche d'une définition de soi, si bien décrit aux versets 19 et 20 du second chapitre de la Genèse, n'indique pas seulement le genus proximum — pour en revenir à la tradition aristotélicienne — exprimé au chapitre 20 du livre de la Genèse par les mots : a donné un nom, auquel correspond la différence spécifique qui est, selon la définition d'Aristote, nous zoon noetikon. Ce processus définit aussi la première esquisse de l'être humain comme personne humaine avec la subjectivité qui la caractérise.

Interrompons Ici l'analyse du sens de la solitude de l'homme à l'origine. Nous la reprendrons la semaine prochaine.





17 octobre 1979 TEL EST LE BON PASTEUR, PÈLERIN PARMI LES HOMMES

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« L'évêque qui visite les communautés de son Église est un véritable pèlerin qui se rend chaque fois dans ce sanctuaire spécial du bon pasteur qu'est le peuple de Dieu qui participe au sacerdoce royal du Christ. Bien plus, ce sanctuaire, c'est chaque homme dont le mystère ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (Signe de contradiction et Gaudium et Spes,
GS 25).

J'ai eu l'occasion de prononcer ces paroles en la chapelle Mathilde lorsque le pape Paul VI m'invita à prêcher les Exercices spirituels au Vatican.

Ces mêmes paroles me reviennent aujourd'hui à l'esprit car elles renferment, il me semble, le contenu essentiel du voyage que j'ai fait en Irlande et aux États-Unis, à l'invitation du secrétaire général de l’ONU.

Ce voyage a été un authentique pèlerinage au sanctuaire vivant du peuple de Dieu. Si nous pouvons, grâce au Concile Vatican II, considérer ainsi chaque visite de l'évêque à une paroisse, nous pouvons en dire de même de cette visite du pape. Je veux également que ceux qui m'ont si chaleureusement accueilli sachent que je me suis efforcé de pénétrer ce mystère que le Christ, bon Pasteur, a modelé et continue de modeler dans leurs âmes, dans leurs communauté. Et c'est pour mettre cela en évidence que j'ai décidé d'interrompre aujourd'hui les réflexions sur les paroles du Christ à propos du mariage. Nous les reprendrons la semaine prochaine.

2. Je veux tout d'abord vous parler de la rencontre avec le mystère de l'Église en terre irlandaise. Je n'oublierai jamais ce lieu où nous avons fait une brève halte au matin du 30 septembre : Clonmacnois. Les ruines de l'abbaye et de l'église racontent la vie qui s'y déroulait autrefois. Il s'agit de l'un de ces monastères ou les moines irlandais implantèrent le christianisme qu'ils répandirent ensuite dans d'autres pays d'Europe. On ne peut contempler ces ruines comme un monument du passé ; des générations entières en Europe lui doivent la lumière de l'Évangile et la charpente de leur culture. Ces ruines renferment toujours une grande mission. Elles sont toujours un défi. Elles parlent encore de la plénitude de vie à laquelle nous a appelés le Christ. Il est difficile qu'un pèlerin arrive en ces lieux sans que ces traces du passé, apparemment mort, ne révèlent une dimension permanente et éternelle de la vie. C'est l'Irlande : au coeur de la mission éternelle de l'Église commencée par saint Patrick.

En marchant sur ses pas, nous nous dirigeons vers le siège primatial d'Armagh, et nous nous arrêtons, chemin faisant, à Drogheda, où avait été exposées, pour la circonstance, les reliques de saint Olivier Plunkett, évêque et martyr. En se prosternant devant ces reliques, on peut exprimer toute la vérité sur l'Irlande d'hier et d'aujourd'hui, et toucher ses blessures, confiants qu'elles se cicatriseront et permettront à tout l'organisme de vivre.

Nous touchons donc ainsi les douloureux problèmes contemporains mais nous continuons de marcher en pèlerin dans ce magnifique sanctuaire du peuple de Dieu qui s'ouvre devant nous, en tant de lieux et tant de merveilleuses assemblées liturgiques et eucharistiques à Dublin, à Galway, à Knock Mariano, à Maynooth, à Limerick. Et puis, je n'oublierai jamais ma rencontre avec le président de l'Irlande, M. Patrick Hillary, et avec les hautes personnalités de cette nation. Que tous ceux que j'ai rencontrés — les prêtres, les missionnaires, les religieux et les religieuses, les écoliers, les laïcs, les époux, les parents, les jeunes, les malades et surtout mes frères dans l'épiscopat — se souviennent que j'ai été parmi eux comme un pèlerin qui visité le sanctuaire du bon Pasteur, qui est en tout le peuple de Dieu ; qu'ils sachent que j'ai marché dans ce magnifique berceau de l'histoire du salut devenu, depuis les temps de saint Patrick, l'Ile verte, la tête inclinée et le coeur reconnaissant, en cherchant avec eux, les routes de l'avenir.

3. Je veux en dire de même à mes frères et soeurs d'Amérique. Leur Église est encore jeune car leur grande société est jeune : elle n'existe que depuis deux siècles dans la carte politique du globe. Je veux les remercier tous de l'accueil qu'ils m'ont réservé, de la manière dont ils ont répondu à ma courte présence. J'avoue que j'ai été surpris par un tel accueil. Nous avons célébré la messe pour les jeunes, le premier soir, à Boston, sous une pluie battante. Une pluie qui nous a accompagnés dans les rues de cette ville et puis dans celle de New York, au milieu des gratte-ciel. Une pluie qui n'a pas empêché a tant d'hommes de bonne volonté de persévérer dans la prière, en attendant mon arrivée, ma parole et ma bénédiction.

Je n'oublierai jamais les quartiers de Harlem et leur population noire, du South Bronx et ses émigrés latino-américains ; ma rencontre avec les jeunes au Madison Square Garden et au Battery Park sous une pluie torrentielle et un gros orage, et au stade de Brooklyn où est finalement sorti le soleil. Et le jour avant, l'immense Yankee Stadium bondé de fidèles venus assister à la liturgie eucharistique. Et puis : Philadelphie, la première capitale des États indépendants avec sa cloche de la liberté, et deux millions de participants à la messe célébrée l’après-midi en plein centre de la ville. Et ma rencontre avec l'Amérique rurale à Des Moines. Puis, Chicago, où j'ai pu mieux développer l'analogie sur le thème E pluribus unum. Enfin, Washington, capitale des États-Unis, avec un programme chargé jusqu'à la dernière messe au Capitol Hall.

L'évêque de Rome est entré en pèlerin, sur les pas du bon Pasteur, dans son sanctuaire du nouveau continent pour vivre avec vous les réalités du concile Vatican II, avec toute la profondeur et la vigueur de la doctrine. Et tout cela a été marqué par la grande joie d'être cette Église, c'est-à-dire le peuple auquel le Père offre rédemption et salut en son Fils et dans 1’Esprit-Saint La joie de voir que malgré les tensions de la civilisation contemporaine, de l'économie et de la politique, il existe sur la terre une telle dimension de l'existence humaine et que nous y participons. Et bien que nous portions notre attention sur ces problèmes que nous voulons résoudre dignement, la joie divine du peuple conscient d'être le peuple de Dieu, qui cherche son unité est plus grande et pleine d'espérance.

4. Dans ce contexte, les paroles prononcées à l'Organisation des Nations-Unies sont devenues elles aussi un fruit de mon pèlerinage à ces importantes étapes de l'Histoire de l'Église et du christianisme. De quoi pouvais-je parler devant ce suprême forum politique sinon de l'essentiel du message évangélique ? du grand amour pour l'homme qui vit dans les communautés de tant de peuples et de nations, entre les frontières de tant d'États et de systèmes politiques. Si l'activité politique au niveau national et international doit garantir la réelle primauté de l'homme sur la terre, si elle doit servir sa vraie dignité, le témoignage de l'esprit et de la vérité rendu par le christianisme et par l'Église, est nécessaire.

Donc, au nom du christianisme et de l'Église, je remercie tous ceux qui le 2 octobre 1979, ont bien voulu écouter mes paroles à l'O.N.U. à New York. Je remercie également de l'accueil qui m'a été réservé par le président des, U.S.A., M. Jimmy Carter, par sa chère famille et par toutes les autorités réunies à la Maison-Blanche.

5. Nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce qu'il fallait faire (Lc 17,10). C'est ce que le Christ enseigne à ses apôtres. Moi aussi, je veux terminer par ces mots cette allocution dont le thème a été dicté par l'importance de mon récent voyage. Je paie ainsi la dette que j'ai contractée avec le bon Pasteur et avec ceux qui ont ouvert les routes de mon pèlerinage.

Je me tourne à, présent vers les pèlerins français de la région apostolique Midi-Pyrénées et aussi vers ceux du diocèse de Digne ; je leur dis ma joie, ma très grande joie de recevoir leur visite, avant d'aller peut-être un jour, si Dieu le permet, encourager et stimuler chez eux la foi de tous leurs compatriotes. (Ici, le pape, arrêté par les applaudissements, ajoute : Mais pas si vite... »). Et je leur fais également confidence de ma prière à leur intention, pour que leur pèlerinage leur donne des forces nouvelles dans le témoignage qu'ils ont à rendre devant Dieu et devant les hommes : montrez-vous convaincus, n'hésitez pas, soyez heureux de croire et de proclamer tout ce que vous avez reçu de l'Église. Vous êtes affrontés à tant de problèmes que l'heure est à la clarté, à la fidélité. Merci, merci de ce que chacun de vous, du plus humble à celui qui peine sous le poids des responsabilités, fera pour annoncer généreusement la Bonne Nouvelle.




Premières Catéchèses S. J-Paul II 1978-79 12979