Catéchèses Paul VI 30573

30 mai 1973: L’ANNEE SAINTE ET LE CULTE DE LA TRES-SAINTE VIERGE

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Chers Fils et Filles,



Bientôt l’Année Sainte, vous le savez déjà. Elle commence dans les Eglises locales dès la prochaine fête de Pentecôte. Il faut qu’elle soit une période de renouvellement spirituel et moral et elle doit trouver son expression caractéristique dans la réconciliation, c’est-à-dire dans une reconstitution de l’ordre dont le Christ est le principe : ordre dans les âmes au plus profond des consciences, ordre dans lés relations de tout homme avec Dieu, ordre de tous les rapports humains dans l’harmonie des sentiments communautaires, dans la justice, dans la concorde, dans la charité, dans la paix. L’Année Sainte devrait être une sorte de moment prophétique, de réveil messianique, de maturation chrétienne de la civilisation, qui eut parfois son intuition idéale dans la poésie dû monde, fut-elle même profane. Comment disait, par exemple l’antique et célèbre vaticination de Virgile ? — vous, les jeunes, frais émoulus des écoles, vous devez vous en souvenir : — magnus ab integro saeculorum nascitur ordo (Bucoliques, IV) ; ce fut un éclair lyrique, le sien ; le nôtre devrait être un de ces efforts conscients et collectifs qui laissent, dans l’Eglise et dans le monde, une marque de progrès chrétien, un enrichissement humain imprégné de l’Esprit vivifiant du règne de Dieu.

Ne serait-ce là qu’un rêve ? Non, c’est un idéal, assurément, mais un idéal qui ne doit pas être stérile, sans fondement. Ce n’est évidemment pas facile ; et pour nous, hommes de peu de foi, c’est une prétention qui dépasse nos forces. Renouveler les énergies spirituelles et morales de l’Eglise et, en conséquence ou en concomitance, celles de notre société, est une aspiration courageuse qui, ne serait-ce que cela, nous fait toucher du doigt la nécessité d’un secours supérieur, extrinsèque, mais qui est proche de nous, qui nous est accessible ; un secours compatissant, affectueux, qui se trouve déjà inséré dans un plan général de bonté et de miséricorde ; un plan qui doit certainement exister s’il est vrai, comme il est vrai, que l’humanité est appelée librement, mais certainement, à un destin de salut. Quel secours ? Quelle peut bien être l’aide qui nous rend capables d’oser, d’espérer la conquête des objectifs de l’Année Sainte ? Qui peut nous faire obtenir l’issue prodigieuse que, conformément aux exigences logiques du Concile, nous nous sommes proposée ?

La Vierge, Fils bien-aimés, la Très-Sainte Vierge Marie, la Mère du Christ Notre Sauveur, la Mère de l’Eglise, notre humble et glorieuse Reine.

Maintenant s’ouvre devant nous un vaste panorama théologique, propre à la doctrine catholique, dans lequel nous voyons comment le dessein divin de notre salut, offert au monde par l’unique Médiateur, efficace par sa vertu propre, entre Dieu et les hommes, c’est-à-dire donc par Jésus-Christ (cf.
1Tm 2,5 He 12,24), se réalise avec la coopération humaine, merveilleusement associée à l’oeuvre divine (cf. H. de lubac, Médit, sur l’Eglise, pp. 241 et ss.). Et quelle est la coopération humaine qui, dans l’histoire de nos destins chrétiens, a été choisie d’abord, pour sa fonction, pour sa dignité, pour son efficacité, non pas purement instrumentale et physique, mais comme facteur prédestiné et cependant libre, parfaitement docile, si ce n’est la collaboration de Marie ? (cf. Lumen Gentium, LG 56).

Ici, le discours sur la Vierge Marie pourrait se prolonger à l’infini. Pour nous, en ce moment, après nous être solidement accrochés à la doctrine qui la place au centre du plan rédempteur comme aide première et, en un certain sens indispensable, aux côtés du Christ notre Sauveur, il sera bien suffisant de rappeler et d’affirmer combien la réussite rénovatrice de l’Année Sainte dépendra de l’aide superlative de la Vierge. Nous avons besoin de son assistance, de son intercession. Nous devons inscrire au programme un culte tout particulier envers la Vierge Marie, si nous voulons que l’événement historico-spirituel auquel nous nous préparons, atteigne ses véritables objectifs.

Nous nous contenterons en ce moment de condenser en une double recommandation l’importance de ce culte mariai, en qui nous plaçons tant de nos espoirs. La première recommandation est capitale : nous devons apprendre à mieux connaître la Sainte Vierge comme modèle authentique et idéal de l’humanité sauvée. Etudions-la, cette créature merveilleusement limpide, cette Eve sans péché, cette fille de Dieu, en laquelle la pensée créatrice, primitive, intacte de Dieu, se reflète dans son innocente et admirable perfection. Marie est la beauté humaine, non seulement esthétique, mais essentielle, ontologique, dans sa synthèse avec l’Amour divin, avec la bonté et avec l’humilité, avec la spiritualité et avec la divination du « Magnificat ». Elle est la Vierge, elle est la Mère dans l’acception la plus pure, la plus authentique du terme. Elle est la Femme revêtue du soleil (cf. Ap 12,1), à la vue de laquelle nous devons baisser les yeux, nos yeux qui si souvent sont offensés, sont aveuglés par les images profanes et profanatrices de l’ambiance païenne et licencieuse dans laquelle nous nous trouvons plongés, images qui nous encerclent et souvent nous assaillent. La Vierge Marie est le « type » sublime non seulement de la créature sauvée par les mérites du Christ, mais aussi le « type » de l’humanité pèlerine dans la foi. Elle est la figure de l’Eglise, comme la définit Saint Ambroise (cf. Lc 2,7 PL 15,1555) ; et Saint Augustin la présente aux Catéchumènes comme figuram in se sanctae Ecclesiae demonstrat (de Symb., 1 ; PL 40, 661). Si nous tenons les regards fixés sur Marie, Vierge bénie, nous pourrons recréer en nous la ligne et la structure de l’Eglise renouvelée.

Et la seconde recommandation n’est pas moins importante : nous devrions avoir confiance dans le recours à l’intercession de la Vierge. Nous devrions la prier, l’invoquer. Elle est admirable en soi, Elle est aimable pour nous. Comme dans l’Evangile (cf. Jn 2,3 et ss.) Elle intervient auprès de son divin Fils, et, de Lui, Elle obtient des miracles que le déroulement normal des choses ne nous permettrait pas de concevoir et d’admettre. Elle est bonne, Elle est puissante. Elle connaît les besoins et les douleurs humaines. Nous devons rafraîchir notre dévotion envers la Sainte Vierge (cf. Lumen Gentium, LG 67), si nous voulons recevoir l’Esprit-Saint et devenir de sincères disciples du Christ Jésus. Que Sa foi (Lc 1,45) nous conduise dans la réalité de l’Evangile et qu’Elle nous aide à bien célébrer l’Année Sainte qui se prépare.

Avec notre Bénédiction Apostolique.





6 juin 1973: RENOUVELLEMENT ET RECONCILIATION

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Chers Fils et Filles,



Comme vous le savez, dimanche prochain 10 juin, nous célébrerons la fête de la Pentecôte qui commémore et tend à renouveler la descente du Saint-Esprit, animateur, sanctificateur, unificateur de l’Eglise, corps mystique du Christ. Et comme vous le savez également, cette solennité toute proche marquera le commencement dans les Eglises locales, c’est-à-dire dans les communautés ecclésiales présidées chacune par son propre Evêque, cet événement religieux, ou mieux : ce mouvement spirituel que nous appelons « Année Sainte », et qui sera ensuite proprement célébré au début du troisième quart de notre siècle, soit donc en 1975. Vous en entendrez encore parler, souvent, et partout; disposez- vous à le comprendre, à le vivre ; et précisément dans ses objectifs généraux, qui sont ceux d’un renouvellement de la vie chrétienne, un objectif qui est vivement réclamé et qui doit être possible dans le profond et tumultueux processus de métamorphose de notre époque, et d’une réconciliation des âmes et des choses à laquelle nous devons tendre, pensons-nous, si nous voulons recomposer en nous et en dehors de nous cet ordre supérieur, ce « royaume de Dieu », dont dépendent les destinées présentes et futures de l’humanité. Renouvellement et réconciliation : il nous semble, à nous, que ce doivent être, celles-là, les conséquences logiques et générales, dans l’histoire de l’Eglise et de l’humanité, dérivant du Concile, tel un fleuve de salut et de civilisation découlant de la source qui l’a engendré.

Pourquoi un tel événement prend-il son élan de la Pentecôte ? Parce que, non pas seulement cette merveilleuse fête, que nous pourrions définir comme la commémoration de la naissance historique de l’Eglise, offre une occasion inspiratrice, propice, mais surtout parce que nous espérons, nous supplions que le Saint-Esprit, dont nous fêtons à la Pentecôte la sensible et mystérieuse mission, veuille être l’Artisan principal des bénéfices que nous attendons de l’Année Sainte. Ceci sera également un des thèmes les plus importants et les plus féconds de la spiritualité propre de l’Année Sainte : à la Christologie et à l’Ecclésiologie du Concile doivent succéder une étude nouvelle et un culte nouveau dédiés au Saint-Esprit, précisément comme immanquable complément de l’enseignement conciliaire. Nous espérons que le Seigneur nous aidera à être disciples et maîtres de cette école successive qui est sienne : en quittant la scène visible de ce monde, Jésus nous a laissé deux facteurs pour que s’accomplisse son oeuvre salvatrice ici-bas : ses Apôtres et son Esprit (voir congar, Esquisses du mystère de l’Eglise, p. 129 et ss.).

Nous ne voulons pas pénétrer en ce moment dans ce magnifique domaine théologique. En vue des objectifs élémentaires de ce bref sermon, il nous suffira d’observer, avant tout, que dans l’économie ordinaire du dessein divin, l’action de l’Esprit s’accomplit dans nos âmes en plein respect de notre liberté, ou mieux, dans le jeu même de notre correspondance, ne fut-ce que comme condition de l’action divine en nous. Il faut au moins que nous ouvrions la fenêtre au souffle et à la lumière de l’Esprit.

Disons quelques mots au sujet de cette ouverture, c’est-à-dire de cette disponibilité de notre part à l’égard de la mystérieuse action de l’Esprit. Demandons-nous quel doit être notre état d’âme psychologique et moral pour qu’elle soit apte à recevoir ce dulcis Hospes animae ? Les états psychologiques et moraux de l’âme qui la rendent apte à recevoir cet Hôte sont si nombreux qu’ils pourraient fournir la matière d’interminables traités de vie spirituelle, ascétique et mystique. En ce moment nous les réduirons à deux seuls états, ne serait-ce que pour des raisons de simplification mnémonique, et nous les ferons correspondre aux champs préférés de l’action du Paraclet, c’est-à-dire de l’Esprit Saint qui se fait notre aide, notre consolateur, notre avocat.

Le premier champ est « le coeur » de l’homme. Il est vrai que l’action de la grâce peut faire abstraction de la correspondance subjective de celui qui l’a reçoit (par exemple un enfant, un infirmé, un mourant), mais, normalement, la conscience de l’homme doit se trouver à un stade conscient, au moins tout de suite après avoir reçu l’impulsion de l’action surnaturelle de la grâce. L’Esprit Saint a sa cellule préférée dans l’être humain, le coeur (cf.
Rm 5,5). Ce que signifie le mot « coeur » dans le langage biblique serait trop long à développer. Contentons-nous pour l’instant de qualifier le coeur comme centre intime, libre, profond, personnel de notre vie intérieure. Celui qui n’a pas de vie intérieure propre, manque de la capacité ordinaire de recevoir le Saint-Esprit, d’écouter sa voix ténue et douce, de subir son inspiration, de bénéficier de ses charismes. Le diagnostic de l’Homme moderne nous porte à le considérer comme un être extraverti, qui vit assez en dehors de soi et rarement en soi, comme un instrument plus sensible au langage des sens, moins à celui de la pensée, à celui de la conscience. La conclusion pratique nous stimule immédiatement à faire l’apologie du silence, non pas du silence inconscient, oiseux et aphone, mais de ce silence qui impose de se taire aux rumeurs et aux clameurs de l’extérieur, ce silence qui sait écouter, écouter, oui, en profondeur, les voix sincères de la conscience et percevoir celles qui naissent dans le recueillement de la prière, et celles ineffables de la contemplation.

C’est là, le premier champ d’action du Saint-Esprit. Il est bon que nous nous en souvenions !

Et l’autre, quel est-il ? L’autre est la « communion », c’est-à-dire la société des frères unis par la foi et par l’amour en un unique organisme divino-humain, le Corps mystique du Christ. C’est l’Eglise. Et l’adhésion à ce Corps mystique, animé précisément par l’Esprit-Saint qui a son Cénacle de Pentecôte dans la communauté des fidèles, hiérarchiquement unis, assemblés au nom et sous l’autorité des Apôtres, si bien que nous devrons réfléchir sur certaines de nos recherches sur l’Esprit, lesquelles préfèrent s’isoler pour éviter tant le ministère directeur de l’Eglise que la reddition impersonnelle de frères inconnus, et nous rendre compte si elles sont engagées sur la bonne voie. Une communion égoïste qui naîtrait de la fuite de la vraie communion, de la charité ecclésiale, quel Esprit pourrait-elle rencontrer ? Quelles expériences, quels charismes pourraient combler le vide de l’unité, suprême rencontre avec Dieu ?

Et voilà alors que le programme de l’Année Sainte, inauguré le jour de la fête de l’Esprit-Saint, nous place à l’instant même sur la bonne voie : celle de la vie intérieure où, Lui, le Don de l’Amour, habite et veille, et où il forme et sanctifie notre personnalité individuelle ; et celle de la société des « saints », c’est-à-dire de l’Eglise des fidèles, construite pour être le temple de l’Esprit, où le salut est en fête constante et pour tous.

Que notre Bénédiction Apostolique vous dirige sur le bon chemin, chers Fils et Frères et vous accompagne !


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Nous saluons particulièrement nos fils de France, venus très nombreux célébrer à Rome le centenaire de l’Association de Notre-Dame de Salut et le centenaire du «Pèlerin». Et nous saluons également leurs guides, dignes continuateurs du Père d’Alzon, du Père Picard et du Père Bailly.

En ces brefs instants que nous sommes si heureux de vous consacrer, nous voulons d’abord féliciter et remercier les responsables de l’CEuvre de Notre-Dame de Salut et leurs collaborateurs pour la remarquable impulsion donnée aux pèlerinages chrétiens. C’est bien ce mouvement qui a donné naissance à la populaire et bienfaisante revue du «Pèlerin». Certes les temps ont changé, mais la notion de pèlerinage demeure essentielle à la vie de l’Eglise. Aussi nous vous encourageons à conduire encore les fidèles, surtout les plus défavorisés, vers le Christ et Notre-Dame, et à leur procurer les meilleures conditions de conversion personnelle et communautaire. Nous apprécions beaucoup vos efforts comme ceux des diocèses de France et nous espérons que cet approfondissement aura sa répercussion sur le style et la qualité des pèlerinages de l’Année Sainte qui vient.

A vous qui animez la publication du Pèlerin, nous n’allons pas rappeler nos inaltérables convictions au sujet de la presse catholique. Nous vous dirons seulement trois choses qui nous tiennent à coeur. D’abord le merci de l’Eglise pour le rayonnement du Pèlerin pendant les cent années écoulées. Ensuite notre appel pressant et confiant pour conserver à votre revue son identité chréti’enne à travers les modifications de présentation et de contenu, requises par les conjonctures de l’Eglise et de la société: votre immense public a tellement besoin de points de repère sûrs, au plan de la foi comme au plan des problèmes contemporains. Enfin un souhait fervent: que les équipes de rédaction et de diffusion sauvegardent toujours leur unité d’optique et d’action, cet esprit de famille et cet esprit d’Eglise qui ont permis au Pèlerin de surmonter tant de difficultés!

Chers fils de France, nous ne craignons pas de l’affirmer: les forces chrétiennes demeurent aujourd’hui considérables, elles ont surtout besoin de converger. Puissent ces journées romaines marquer, pour l’Association de Notre-Dame de Salut et pour le Pèlerin, le départ d’un second centenaire aussi fécond que le premier! C’est dans ces sentiments que nous vous donnons notre affectueuse Bénédiction Apostolique.



13 juin 1973: UN MOMENT DE REFLEXION SUR NOTRE VIE SPIRITUELLE

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Chers Fils et Filles,



Cette annonce du début anticipé des célébrations jubilaires qui auront leur point culminant en 1975, cette annonce, dont vous aurez tous écouté certainement la voix qui a résonné dans tous les Diocèses, c’est-à-dire dans les Eglises locales, secoue en quelque sorte notre conscience dans sa sensibilité religieuse et morale et l’interroge, lui posant une question qui revient sans cesse sur les lèvres de l’Eglise : « comment va ta vie spirituelle ? » ; en somme, cette annonce pénètre au plus intime de notre personnalité, l’obligeant à faire un acte de réflexion, un examen de conscience à propos de quelques-unes de ses expressions que, bon gré mal gré, nous jugeons tous fondamentales, précisément dans la définition de notre personnalité même; c’est-à-dire que nous nous sentons obligés de répondre à nous-mêmes à des demandes comme celles-ci : moi, suis-je quelqu’un qui croit vraiment à la religion ? Je la professe, je la pratique, mais comment ? Est-ce que j’établis un rapport entre l’adhésion à mon credo religieux et l’orientation idéale et pratique de ma vie ? Si nous comprenons bien cette introspection critique, alors un des objectifs de l’Année Sainte est déjà atteint : celle-ci se présente à nous, avant tout, comme un de ces moyens pédagogiques dont l’Eglise se sert pour s’éduquer, pour se guider elle-même ; une secousse — ou si l’on veut « un choc » comme on le dit aujourd’hui — grâce à laquelle elle tend vers un but réputé important et digne d’un intérêt tout particulier.

Il en est ainsi. Arrêtons-nous pour l’instant au premier but qui fait indiscutablement partie des intentions de l’Eglise promotrice de l’Année Sainte : le but religieux.

Nous pourrions soulever une objection; la voici : est-il nécessaire de secouer le monde catholique, et, au moins de manière indirecte, le monde profane, avec le thème religieux ? L’effort normal et continu de l’Eglise en faveur de la religion n’est-il pas déjà en acte ? Ce qu’a fait le Concile n’est-il pas suffisant pour réaffirmer le droit de la religion d’être présente dans le monde contemporain ? Et chaque jour, chaque dimanche, à chaque fête, l’Eglise ne nous exhorte-t-elle pas à célébrer quelque mystère religieux ? Et alors, que veut-on de plus ?

Il n’est pas difficile de répondre. La Religion est, de par son essence même, une chose telle, qu’on ne peut jamais dire « ça suffit » à sa compréhension, à sa profession, à sa découverte ; elle met l’homme en contact avec de telles richesses de vérité et de vie qu’elle peut, oui, étancher toute notre soif, mais non l’éteindre : fons vincit sitientem ;au contraire, elle ne peut que la stimuler en vue d’autres conquêtes. Il peut se faire en outre — et c’est le point qui nous intéresse le plus en ce moment — que notre attitude à l’égard des biens spirituels ne soit pas constante ; nous sommes instables, nous sommes fragiles. Et c’est ce phénomène de décadence de la vie religieuse —toujours possible de la part des hommes — qui, historiquement, requiert de temps à autre des interventions nouvelles, mieux adaptées, plus efficaces afin que la fidélité humaine ne se tarisse pas. L’histoire de la vie religieuse est pleine de ces malheureuses vicissitudes, comme elle est d’ailleurs pleine de vigoureuses renaissances et de généreuses reprises. Or, nous sommes tous, plus ou moins, au courant du formidable, du systématique assaut que la religion, et en premier lieu la nôtre en tant que socialement structurée et organiquement précise dans sa doctrine et dans ses rites, subit de nos jours, à une époque au cours de laquelle on tend à faire coïncider la sécularisation de la société avec son progrès et à engendrer un humanisme radicalement athée. En un certain sens, qui ne se réduit pas, malheureusement, à des manifestations négligeables ou marginales, la mentalité des nouvelles générations laïques est à reprendre dès le début, au seuil même de la vie religieuse. Le ministère de la Foi doit recommencer depuis l’initiation élémentaire aux premières expressions religieuses.

Presqu’à titre d’exemple, nous voudrions proposer une première question : savons nous prier ? Avec cette demande agressive, nous ne mettons pas en doute la validité, l’efficacité, le succès de la réforme liturgique (dont nous parlerons en d’autres occasions) ; nous entendons plus exactement demander si l’homme d’aujourd’hui, disciple de notre civilisation « des consommations » — comme on l’appelle à présent — une civilisation engagée entièrement dans la recherche et dans la jouissance des biens temporels et envahie complètement de l’orgueilleuse conviction de pouvoir tout résoudre, d’elle-même, sans aucun recours à Dieu ou à n’importe quelle concession transcendante du monde sensible et rationaliste, si cet homme donc est encore capable de tirer du fond de son coeur quelque sincère, même informe mais vif et personnel, colloque avec Dieu.

Il serait intéressant que, à la lumière de l’Année Sainte, naisse sur les lèvres de l’homme contemporain la demande si franche que les disciples du Christ adressèrent un jour au Maître : « Seigneur, apprenez-nous à prier » (
Lc 11,1). C’est-à-dire qu’il serait souhaitable de faire renaître chez les gens le sens, la conception, le besoin de la religion ; et en même temps l’espérance, la certitude et — disons mieux — l’expérience de parler au Dieu de l’univers ; et en même temps, aussi, la surprise de pouvoir lui adresser le nom, le titre le plus authentique de sa bonté et de notre dignité : le titre de Père.

Un résultat semblable serait une sorte de révision de toutes nos déviations et aberrations ; il serait la renaissance de l’amour et de l’espérance dans le monde ; ce serait retrouver la raison d’appeler « Mère », l’Eglise (cf. S. cyprien, De Unitate Ecclesiae, VI ; PL 4, 519) ; ce serait l’insertion nouvelle du salut dans la conscience et dans l’histoire du monde. Notre Père ! Ainsi soit-il ! Avec notre Bénédiction Apostolique.


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C'est également aux deux cents sergents de ville de plusieurs pays européens que Nous adressons notre joyeux salut! Messieurs, votre aimable visite nous donne l’occasion de vous encourager à bien servir les communautés urbaines de vos différentes nations. Nous imaginons sans peine combien vous devez faire preuve d’attention, d’efficacité, de calme, d’amabilité, de fermeté, de respect, dans l’exercice quotidien de vos fonctions. Ces qualités donnent valeur à vos personnes et font apprécier votre austère et nécessaire profession. Ces qualités sont aussi l’honneur de vos cités et contribuent à leur rayonnement: tant de touristes sont enclins à juger d’un pays à travers l’accueil que vous leur réservez.

Tout en cherchant à promouvoir de meilleures conditions d’exercice de vos responsabilités très particulières, au milieu d’un trafic urbain toujours plus intense, aimez votre profession camme un service de l’homme, inspiré par l’esprit évangélique. Nous demandons au Seigneur de vous aider et Nous vous bénissons ainsi que vos familles et tous ceux qui vous sont chers.



20 juin 1973: L’ASPECT PERSONNEL ET INTERIEUR DU MOUVEMENT SPIRITUEL DE L’ANNEE SAINTE

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Chers Fils et Filles,



Parlons encore de l’Année Sainte qui, dans les Eglises locales, a fait ses premiers pas lors de la récente célébration de la Pentecôte. Et nous en reparlerons encore, parce que, dans cette formule « Année Sainte », nous aimerions voir non seulement le couronnement, mais surtout le développement d’un moment historique dans la vie spirituelle de l’Eglise, et pas seulement un événement, mais un mouvement religieux. Cette conception nous paraît, en premier lieu, conforme aux intentions motrices de cette célébration: rénovatrices, avons-nous dit, et réconciliatrices ; conçue, donc, pour imprimer un renouveau permanent et général dans la conscience religieuse et morale de notre époque, aussi bien, si possible, au dedans qu’en dehors de l’Eglise catholique ; en second lieu, cette vision de l’Année Sainte respecte, à notre avis, le grand dessein du Concile dans la réalité de l’idée et de la coutume, et elle évite à ses salutaires enseignements de passer aux archives comme des voix du passé au lieu d’opérer comme il se doit, magistralement, dans l’existence vécue de la présente et de la future génération ; elle doit être une école qui devient vie. Et en troisième lieu, nous voulons donner importance et extension à cette extraordinaire expression religieuse, que nous appelons Année Sainte, parce que les conditions historiques et sociales de notre époque sont tellement graves et accablantes au point de vue de notre foi et, par conséquent de la logique de son existence, qu’il nous semble s’imposer dès les premiers moments que le « mouvement » — répétons-le — de l’Année Sainte soit soutenu par une attitude grave, incisive, forte : ou l’Année Sainte s’affirme comme un effort général, sérieux et conforme, et en conséquence, authentiquement rénovateur, ou, au contraire, elle s’éteint tout de suite et s’épuise comme un effort stérile, peut-être bon et méritoire, mais, au point de vue pratique, éphémère et inefficace.

Il y a lieu maintenant de relever quelques remarques préalables, dont il est bon de tenir compte dès ce moment. Voici : il se pourrait que chez certaines personnes surgisse le doute, ou plus exactement la crainte, que l’Année Sainte puisse gêner tant d’autres mouvements spirituels et pastoraux qui ont des programmes, ou déjà parfaitement mis au point grâce à une longue et paisible expérience, ou déjà approuvés par les Autorités de l’Eglise ou reconnus comme libres et légitimes expressions de la vitalité du Peuple de Dieu. Nous répondons qu’il n’en est pas ainsi ; l’Année Sainte ne doit nullement suspendre, étouffer ou troubler la variété et la richesse des manifestations authentiques déjà en acte dans le monde ecclésial ; il est plus exactement dans les visées de l’Année Sainte d’y introduire de nouvelles énergies et, tout au plus, si c’est possible, de les relier, d’une manière ou de l’autre, à son propre programme général, ce qui demande, en ce cas, l’acceptation d’une nouvelle et profonde inspiration, plutôt qu’une adhésion déterminée et concrète à des encadrements particuliers limitatifs.

Il se pourrait également que, chez tel ou tel, se fasse jour l’opinion qu’on veuille célébrer l’Année Sainte dans un style de triomphalisme, à son de trompettes, avec de bouleversantes manifestations extérieures, donnant à l’aspect extérieur qui en découle une importance supérieure à d’autres aspects de la vie religieuse et catholique auxquels il y a cependant lieu d’accorder, de manière impérative, une importance certainement supérieure. Sur ce point de vue, qui. pourrait, au fond, constituer une sérieuse objection élevée contre l’Année Sainte, nous désirons inviter les gens consciencieux à une double réflexion. Et voici : oui, il est possible, et Dieu le veuille, que l’Année Sainte ait l’adhésion du Peuple, l’affluence des foules, l’apparence spectaculaire des multitudes ; elle vise à être un fait ecclésial, universel ; elle tend à réfléchir à certains moments le caractère de catholicité de la vocation à l’Evangile ; c’est de l’humanité, dans toute son extension, que nous faisons l’objet de notre invitation et de notre intérêt ; ensuite et surtout en cette occasion, nous voulons donner au coeur de l’Eglise les dimensions du monde ! Devrions-nous alors protester si le phénomène assume des formes et des proportions quantitatives aux mesures insolites ? Ne serait-ce pas peut-être, que le mystère de l’unité de l’Eglise se manifeste toujours dans la multiplicité de ses richesses, étendues et univoques ? Nous tous, nous en jouirons, si le Seigneur nous accorde la grâce de voir ainsi élargis les « espaces de la charité » (voir saint augustin, Sermon 69 ; PL 38, 440-441).

En second lieu, toutefois, et disons-le tout de suite, ce résultat spectaculaire, et peut-être touristique, n’est pas à vrai dire le but de l’Année Sainte ; si une intention de communion universelle ne peut pas ne pas figurer parmi les objectifs d’une affirmation qui regarde l’Eglise toute entière dans ses propriétés essentielles d’unité et de catholicité, ceci n’a toutefois aucune priorité ni comme effet dans le temps ni même comme valeur en soi, parce que cela suppose et impose la poursuite d’un autre but antécédent ; la conversion des coeurs, le renouvellement intérieur des âmes, l’adhésion personnelle de la conscience. D’abord l’homme, individuel et conscient ; puis la foule. Nous voudrions qu’à cette première finalité de l’Année Sainte soit accordée la plus grande importance. Nous devons viser avant tout à un renouvellement intérieur, à une conversion des sentiments personnels, à une libération des mimétismes conventionnels, à un renouvellement de notre mentalité, accompagné d’une imploration pour nos manquements envers Dieu et envers la société des hommes, nos frères, et à l’égard de la conception même que chacun doit avoir de soi, comme fils de Dieu, comme chrétien, comme membre de l’Eglise. C’est une nouvelle philosophie de la vie, si l’on peut dire, qui doit se former en chaque membre du corps mystique du Christ; chacun de nous est invité à rectifier sa manière de penser, de sentir, d’opérer, en se référant au modèle idéal de disciple du Christ, tout en restant citoyen loyal et actif de la société civile contemporaine.

Cette grande conception de l’Année Sainte : donner à la vie chrétienne une expression authentique, cohérente, intérieure, pleine, capable de « renouveler la face de la terre », dans l’Esprit du Christ, doit être bien présente dans nos pensées, avec une conséquence immédiate très importante : l’accomplissement de ce dessein doit commencer tout de suite et se poursuivre dans la conscience personnelle de chacun de nous. Nous voudrions que cet aspect personnel et intérieur de la grande entreprise spirituelle, à présent commencée, soit mis en tête de tous les programmes. Chacun de nous doit se sentir mis en cause pour appliquer sur soi-même, en soi-même, le renouvellement religieux, psychologique, moral, opératif auquel l’Année Sainte veut aboutir.

Avec cette première conséquence pratique : chacun de nous doit faire son inventaire et procéder à un examen introspectif de la ligne directrice de sa propre existence, c’est-à-dire donc un examen au sujet du choix libre et responsable de sa propre vocation, de sa propre mission, de sa propre définition, comme homme et comme chrétien. Un examen d’importance capitale !

Et deuxième conséquence, bien plus facile, mais infiniment plus insistante : il faut retrouver la pratique du bien, de l’honnêteté, de la recherche de ce qu’il y a de mieux dans les petites choses, c’est-à-dire dans la chaîne de nos actions ordinaires, là où nos défauts s’insinuent à chaque moment, et parfois de manière fatale ; et là où, au contraire, la droiture dans la manière d’agir peut être facilement rendue plus parfaite, en se rappelant l’enseignement du Seigneur : « Qui est fidèle dans les moindres choses, l’est aussi dans les grandes » (
Lc 16,10). De toute façon, commençons tout de suite, tous et chacun de nous: avec notre Bénédiction Apostolique.





27 juin 1973: LA NOUVEAUTE EST DANS LE CHRIST

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Chers Fils et Filles,



Renouvellement est un mot vraiment privilégié. L’Année Sainte, elle aussi, s’en est emparée. Chacun le répète et on s’en sert dans tous les domaines. Il s’applique aux lois, aux moeurs, aux manières de parler et de vivre ; à la culture, à l’art, aux structures sociales, à la manière de concevoir la vie, aux rapports internationaux ; il s’applique également aux habitudes mineures, à la mode, à la manière de parler, d’écrire, etc. Tout doit être nouveau, tout doit être renouvelé.

C’est, vous le voyez, une loi de la vie. La vie est une nouveauté continuelle : la respiration, les battements du coeur, la course du temps, la succession des jours et des saisons, les périodes de la vie, les événements, l’histoire, tout est transformation, tout est mouvement. Ce qui est passé nous parle de la fugacité de nos expériences ; ce qui est présent ne nous satisfait jamais entièrement : nous sommes toujours tendus vers des choses que nous désirons, que nous espérons, auxquelles nous nous attendons dans le futur. Dès l’instant où nous avons pris conscience des limites de notre jouissance des biens temporels et des merveilleuses conquêtes dont l’homme moderne a été capable, l’idée de progresser est devenue obsédante ; tout doit changer, tout doit faire des progrès. L’évolution semble être la loi qui libère.

Il doit y avoir beaucoup de vrai et de bon dans cette mentalité parce que, dans le domaine moral et religieux, existe aussi la tension vers un développement ultérieur, vers une ascension continuelle, vers une plénitude actuellement déficiente et qu’il faut désirer de toutes ses forces, une tension qui pousse sans relâche à chercher une perfection croissante ; il suffit de rappeler les paroles de Notre Seigneur qui nous propose comme modèle de perfection Dieu lui-même. « Soyez parfaits, a dit Jésus, comme votre Père céleste est parfait... » (
Mt 5,48). L’homme est donc un être implicite, susceptible de progrès toujours nouveaux et même extraordinaires ; c’est un être qui n’est prisonnier d’aucune limite définitive et qui, au contraire, est poussé à dilater progressivement sa personnalité spirituelle : « Croissons en celui qui est la tête, le Christ » (Ep 4,15). Et alors la nouveauté est norme, est style, est histoire pour l’économie du salut : « Si quelqu’un est dans le Christ, dit encore Saint Paul, il y est en tant que créature nouvelle. Tout ce qui était ancien est passé, tout est devenu nouveau » (1Co 5,17). Cette conception du nouveau dans le sentiment chrétien retourne continuellement à l’école de la parole de Dieu (cf. Is 43,19 Ap 21,5 etc.). Et c’est ainsi que, lorsque nous entendons l’annonce du renouvellement que l’Année Sainte doit nous porter, nous n’entendons pas une leçon nouvelle et originale mais plutôt le rappel, répété, incessant, à un principe fondamental de la vie chrétienne.

En attendant, faisons une première observation : comme elle est vraie, comme elle est belle, notre religion qui nous veut toujours renouvelables et renouvelés ! Quelle fraîcheur, quelle vivacité, quelle jeunesse d’esprit nous sont enseignées et, mieux encore, insufflées à son école ! Nous ne serions pas des chrétiens fidèles, si nous n’étions des chrétiens en voie de perpétuel renouvellement ! La leçon sur le renouvellement de la vie chrétienne est une leçon qui revient sans cesse ; nous l’entendrons encore tant et tant de fois, principalement à l’occasion toute proche de l’Année Sainte. Faisons en sorte qu’elle ne nous soit pas inutile, mais que plutôt elle rajeunisse en nous le sens du devoir de donner à notre manière de vivre la foi chrétienne, une expression nouvelle, authentique, adaptée au caractère tragique de notre époque.

Mais il importe de faire une deuxième observation. Soyons attentifs à ne pas tomber dans une périlleuse équivoque. Renouvellement peut signifier de nombreuses choses. Il peut signifier, par exemple, répudiation de valeurs auxquelles on ne peut pas renoncer, c’est-à-dire détachement de biens, de vérités, de devoirs dont nous ne pouvons pas, dont nous ne devons pas nous écarter sous prétexte de rénovation. Renouvellement peut signifier, certes, changement, conversion, metanoia ; c’est bien. Mais les changements ne sont pas nécessairement tous bons, tous utiles. L’homme possède un patrimoine, la vie, et il ne peut pas en abdiquer. Le chrétien possède une fortune, la foi, et il ne peut pas en faire fi. D’une manière générale, tout homme, même s’il est pauvre et malheureux, est héritier d’une tradition dont certains principes, certaines valeurs ont un grand prix, ne serait-ce que pour lui permettre de prétendre à juste titre que ses droits d’homme soient reconnus et ses besoins légitimes satisfaits. Le renouvellement dont nous avons parlé ne pourrait pas s’obtenir avec la perte des seuls titres qui le rendent possible, mais bien, au contraire, il s’acquiert grâce à la défense tenace de ces titres eux-mêmes et à la sage découverte des énergies qu’ils recèlent. Dans ce sens-là, on ne saurait être progressiste sans être conservateur.

C’est pourquoi nous ne devons pas confondre le renouvellement avec la soumission superficielle et servile au relativisme des idées qui triomphent à certains moments de l’histoire. La mode, qui peut mériter un respect approprié si on la considère sous l’aspect esthétique et contingent de la culture ambiante (cf. Lc 7,32), n’est certainement pas, si on l’élève à la fonction de critère de notre manière de penser et de-vivre, un maître plein de sagesse et de compétence ou un interprète éclairé des signes des temps. En réalité la mode ne libère pas ; elle engendre plutôt la vanité et les désillusions.

Où devons-nous chercher alors le critère qui orientera le renouvellement que nous sommes en train de chercher ? Nous ne vous donnerons pour l’instant qu’une réponse incomplète, mais qui est valable tout spécialement, pour nous autres qui sommes chrétiens ; nous la trouvons dans la fonction véhiculaire de la tradition authentique ; le critère d’orientation du renouvellement — (c’est un paradoxe, toutefois chargé de vérité) — sera celui de remonter aux sources, de rechercher dans l’Evangile, dans l’histoire du Peuple de Dieu et des Saints, dans le magistère de l’Eglise les bonnes formules de la nouveauté régénératrice ; Dans cette recherche, qui est moins rétrospective qu’introspective de la vérité divine et humaine, nous trouverons la clé pour ouvrir les voies nouvelles vers ce royaume de Dieu qui peut aussi, dès maintenant, avoir, dans le temps, sa lumineuse épiphanie.

Avec notre Bénédiction Apostolique.






Catéchèses Paul VI 30573