Irénée adv. Hérésies Liv.3 ch.22

322

Le nouvel Adam: vraie naissance humaine

22 1 Ils sont donc dans l'erreur ceux qui disent que le Christ n'a rien reçu de la Vierge, parlant de la sorte afin de rejeter l'héritage de la chair, mais rejetant du même coup la similitude. Si en effet Adam a reçu son modelage et sa substance de la terre par la main et l'art de Dieu Ps 119,73, et si, de son côté, le Christ ne les a pas reçus de Marie par cet art de Dieu, on ne pourra plus dire que le Christ ait gardé la similitude de cet homme qui fut fait à l'image et à la ressemblance de Dieu Gn 1,26, et l'Artisan apparaîtra comme manquant de suite, faute d'avoir un objet en lequel il puisse faire la preuve de son savoir-faire. Autant dire que le Christ ne s'est montré qu'en apparence, comme s'il était un homme alors qu'il ne l'était pas, et qu'il s'est fait homme sans rien prendre de l'homme ! Car s'il n'a pas reçu d'un être humain la substance de sa chair, il ne s'est fait ni homme ni Fils de l'homme. Et s'il ne s'est pas fait cela même que nous étions, peu importait qu'il peinât et souffrît ! Or nous sommes un corps tiré de la terre et une âme qui reçoit de Dieu l'Esprit: tout homme, quel qu'il soit, en conviendra. C'est donc cela même qu'est devenu le Verbe de Dieu, récapitulant en lui-même son propre ouvrage par lui modelé. Et c'est pourquoi il se proclame Fils de l'homme, et il déclare "bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre en héritage Mt 5,5". De son côté, l'apôtre Paul dit ouvertement dans l'épître aux Galates: "Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme Ga 4,4." Il dit encore dans l'épître aux Romains: "... touchant son Fils, qui est né de la race de David selon la chair, qui a été constitué Fils de Dieu dans la puissance selon l'Esprit de sainteté en suite de sa résurrection d'entre les morts, Jésus-Christ notre Seigneur Rm 1,3-4."

2 S'il en eût été autrement, sa descente en Marie était elle-même superflue. Pourquoi serait-il descendu en elle, s'il ne devait rien recevoir d'elle? Au reste, s'il n'avait rien reçu de Marie, il n'eût pas pris les aliments tirés de la terre, par lesquels se nourrit le corps tiré de la terre; il n'eût pas, après avoir jeûné quarante jours comme Moïse et Elle, ressenti la faim Mt 4,2, du fait que son corps réclamait sa nourriture; Jean, son disciple, n'aurait pas écrit de lui: "Jésus, fatigué du voyage, était assis Jn 4,6", David non plus n'aurait pas proclamé d'avance à son sujet: "Ils ont encore ajouté à la douleur de mes blessures Ps 69,27"; il n'aurait pas pleuré sur Lazare Jn 17,35, il n'aurait pas sué des gouttes de sang Lc 22,44; il n'aurait pas dit: "Mon âme est accablée de tristesse Mt 26,38"; de son côté transpercé ne seraient pas sortis du sang et de l'eau Jn 19,34. Ce sont là en effet autant de signes caractéristiques de la chair tirée de la terre, chair que le Seigneur a récapitulée en lui-même, sauvant ainsi son propre ouvrage par lui modelé.

Le nouvel Adam et la nouvelle Ève.

3 C'est pourquoi Luc présente une généalogie allant de la naissance de notre Seigneur à Adam et comportant soixante-douze générations Lc 3,23-38: il rattache de la sorte la fin au commencement et donne à entendre que le Seigneur est Celui qui a récapitulé en lui-même toutes les nations dispersées à partir d'Adam, toutes les langues et les générations des hommes, y compris Adam lui-même. C'est aussi pour cela que Paul appelle Adam lui-même la "figure de Celui qui devait venir Rm 5,14": car le Verbe, Artisan de l'univers, avait ébauché d'avance en Adam la future "économie" de l'humanité dont se revêtirait le Fils de Dieu, Dieu ayant établi en premier lieu l'homme psychique afin, de toute évidence, qu'il fût sauvé par l'Homme spirituel 1Co 15,46. En effet, puisqu'existait déjà Celui qui sauverait, il fallait que ce qui serait sauvé vînt aussi à l'existence, afin que ce Sauveur ne fût point sans raison d'être.

4 Parallèlement au Seigneur, on trouve aussi la Vierge Marie obéissante, lorsqu'elle dit: "Voici ta servante, Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole Lc 1,38." Ève, au contraire, avait été désobéissante: elle avait désobéi, alors qu'elle était encore vierge. Car, de même qu'Eve, ayant pour époux Adam, et cependant encore vierge - car "ils étaient nus tous les deux" dans le paradis "et n'en avaient point honte Gn 2,25", parce que, créés peu auparavant, ils n'avaient pas de notion de la procréation: il leur fallait d'abord grandir, et seulement ensuite se multiplier - de même donc qu'Eve, en désobéissant, devint cause de mort pour elle-même et pour tout le genre humain, de même Marie, ayant pour époux celui qui lui avait été destiné par avance, et cependant Vierge, devint, en obéissant, cause de salut He 5,9 pour elle-même et pour tout le genre humain. C'est pour cette raison que la Loi donne à celle qui est fiancée à un homme, bien qu'elle soit encore vierge, le nom d' "épouse" de celui qui l'a prise pour fiancée Dt 22,23-24, signifiant de la sorte le retournement qui s'opère de Marie à Eve. Car ce qui a été lié ne peut être délié que si l'on refait en sens inverse les boucles du noeud, en sorte que les premières boucles soient défaites grâce à des secondes et qu'inversement les secondes libèrent les premières: il se trouve de la sorte qu'un premier lien est dénoué par un second et que le second tient lieu de dénouement à l'égard du premier.

C'est pourquoi le Seigneur disait que les premiers seraient les derniers, et les derniers les premiers Mt 19,30 Mt 20,16. Le prophète, de son côté, indique la même chose, en disant: "Au lieu de pères qu'ils étaient, ils sont devenus tes fils Ps 45,17." Car le Seigneur, en devenant le Premier-né des morts Col 1,18 et en recevant dans son sein les anciens pères, les a fait renaître à la vie de Dieu, devenant lui-même le principe des vivants parce qu'Adam était devenu le principe des morts. C'est pourquoi aussi Luc a commencé sa généalogie par le Seigneur, pour la faire remonter de celui-ci jusqu'à Adam Lc 3,23-38, indiquant par là que ce ne sont pas les pères qui ont donné la vie au Seigneur, mais lui au contraire qui les a fait renaître dans l'Evangile, de vie. Ainsi également le noeud de la désobéissance d'Eve a été dénoué par l'obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l'a délié par sa foi.


323

Dieu ne pouvait abandonner définitivement Adam au pouvoir de la mort

23 1 Il était donc indispensable que, venant vers la brebis perdue Mt 18,12-14 Lc 15,4-7, récapitulant une si grande "économie" et recherchant Lc 19,10 son propre ouvrage par lui modelé, le Seigneur sauvât Lc 19,10 cet homme-là même qui avait été fait à son image et à sa ressemblance , c'est-à-dire Adam, lorsque celui-ci aurait accompli le temps de sa condamnation due à la désobéissance - ce temps que "le Père avait fixé en sa puissance Ac 1,7", puisque toute l'"économie" du salut de l'homme se déroulait selon le bon plaisir du Père Ep 1,5 Ep 1,9-, afin que Dieu ne fût pas vaincu et que son art ne fût point tenu en échec. Si en effet cet homme même que Dieu avait créé pour vivre, lésé par le serpent corrupteur, avait perdu la vie sans espoir de retour et s'était vu définitivement jeté dans la mort, Dieu eût été vaincu et la malice du serpent l'eût emporté sur la volonté de Dieu. Mais, parce que Dieu est invincible et longanime, il a commencé par user de longanimité, en permettant que l'homme tombe sous le coup d'une peine et fasse ainsi l'expérience de toutes les situations, ainsi que nous l'avons déjà dit; ensuite, par le "second Homme 1Co 15,47", il a ligoté le "fort", s'est emparé de ses meubles Mt 12,29 Mc 3,27 et a détruit la mort 2Tm 1,10, en rendant la vie à l'homme que la mort avait frappé. Car le premier "meuble" tombé en la possession du "fort" avait été Adam, qu'il tenait sous son pouvoir pour l'avoir injustement précipité dans la transgression et, sous prétexte d'immortalité, lui avoir donné la mort: en leur promettant en effet qu'ils seraient comme des dieux Gn 3,5, chose qui n'est aucunement en son pouvoir, il leur avait donné la mort. Aussi est-ce en toute justice qu'a été fait captif à son tour par Dieu celui qui avait fait l'homme captif, et qu'a été libéré des liens de la condamnation l'homme qui avait été fait captif.

2 Or, à parler vrai, c'est d'Adam qu'il s'agit, car c'est lui cet homme modelé en premier lieu dont l'Écriture rapporte que Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance Gn 1,26." Nous, nous sommes tous issus de lui et, parce que nous sommes issus de lui, nous avons hérité de son nom. Si donc l'homme est sauvé, il faut que soit sauvé l'homme qui a été modelé le premier. Il serait par trop déraisonnable, en effet, de prétendre que celui qui a été gravement lésé par l'ennemi et qui le premier a souffert la captivité n'a pas été délivré par Celui qui a vaincu l'ennemi, alors que seraient délivrés les fils qu'il a engendrés dans cette même captivité. Au surplus, l'ennemi n'apparaîtra même pas comme vaincu, si ses anciennes dépouilles demeurent auprès de lui. Supposons que des ennemis aient remporté une victoire sur certains hommes, les aient chargés de chaînes, emmenés en captivité et possédés en esclavage assez longtemps pour qu'ils aient eu des enfants; supposons également que quelqu'un, affligé du sort de ces gens ainsi réduits en esclavage, vienne à triompher de ces mêmes ennemis: agira-t-il avec justice, s'il se contente de délivrer les fils des captifs du pouvoir de ceux qui ont réduit leurs pères en esclavage, et s'il laisse au pouvoir de leurs ennemis ceux-là mêmes qui ont subi la captivité et en faveur de qui précisément il a exercé la vengeance, - autrement dit si les fils recouvrent la liberté par suite de cette vengeance exercée en faveur de leurs pères, tandis que leurs pères, qui ont subi la captivité, sont abandonnés à leur sort? Mais Dieu n'est ni impuissant ni injuste, lui qui est venu au secours de l'homme et l'a rétabli dans sa liberté.


Miséricorde de Dieu envers Adam trompé et repentant

3 Et c'est pourquoi au commencement, lors de la transgression d'Adam, Dieu, comme le rapporte l'Écriture, ne maudit pas Adam lui-même, mais la terre qu'il travaillerait Gn 3,17. Comme le dit un des Anciens: "Dieu a transféré à la terre sa malédiction, pour que celle-ci ne demeure pas sur l'homme." Pour prix de sa transgression, l'homme fut condamné à travailler péniblement la terre, à manger son pain à la sueur de son front et à retourner à cette terre d'où il avait été tiré Gn 3,17-19; de même la femme fut condamnée aux peines, aux fatigues, aux gémissements, aux douleurs de l'enfantement, à la servitude sous la domination de son mari Gn 3,16: de la sorte, n'étant pas maudits par Dieu, ils ne périraient pas de façon définitive, et, d'autre part, ne restant pas impunis, ils ne pourraient mépriser Dieu. Par contre, toute la malédiction retomba sur le serpent qui les avait séduits: "Et Dieu dit au serpent: Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux domestiques et toutes les bêtes sauvages de la terre Gn 3,14." C'est la même malédiction que le Seigneur adresse dans l'Évangile à ceux qui se trouveront à sa gauche: "Allez, maudits, au feu éternel que mon Père a préparé pour le diable et ses anges Mt 25,41." Il indique par là que le feu éternel n'a pas été préparé principalement pour l'homme, mais pour celui qui a séduit et fait pécher l'homme et qui est l'initiateur de l'apostasie, ainsi que pour les anges qui sont devenus apostats avec lui; c'est ce même feu que subiront aussi en toute justice ceux qui, à l'instar de ces anges, dans l'impénitence et l'obstination, auront persévéré dans les oeuvres mauvaises.

4 Ce fut le cas de Caïn. Quoiqu'il eût reçu de Dieu le conseil de "se calmer", parce qu'il ne "partageait pas correctement" la communion à l'égard de son frère, mais s'imaginait pouvoir "dominer" sur lui par la jalousie et la méchanceté Gn 4,7, bien loin de se calmer, il accumula péché sur péché, en manifestant ses dispositions par ses actes. Car ce qu'il avait conçu en son esprit, il l'exécuta: il "domina" sur son frère et le "tua Gn 4,7-8", Dieu soumettant ainsi "le juste Mt 23,35" à l'injuste pour que la justice du premier éclatât dans sa "passion" et que l'injustice du second se demasquât dans son péché. Et même ainsi il ne s'adoucit pas ni ne "se calma" à la suite de son méfait, mais, comme Dieu lui demandait où était son frère: "Je ne sais, dit-il; suis-je donc le gardien de mon frère Gn 4,9 ?" Il étendait et multipliait sa faute par cette réponse. Car, s'il était mal de tuer son frère, il était encore beaucoup plus mal de répondre avec une telle audace et une telle effronterie au Dieu qui sait toutes choses. Comme s'il avait eu le pouvoir de le tromper ! C'est pourquoi aussi Caïn a porté la malédiction Gn 4,11, parce qu'il avait, de lui-même, apporté le péché, sans éprouver ensuite aucune crainte de Dieu ni aucune confusion pour son fratricide.

5 Dans le cas d'Adam, rien de tel, bien au contraire. C'est en effet par un autre qu'il a été séduit, sous prétexte d'immortalité; et aussitôt il est saisi de crainte et il se cache Gn 3,8, non avec le sentiment qu'il pourrait échapper à Dieu, mais rempli de confusion à la pensée qu'après avoir transgressé le précepte de Dieu il n'est plus digne de paraître en sa présence et de converser avec lui. Or "la crainte du Seigneur est le commencement de l'intelligence Pr 1,7 Pr 9,10 Ps 111,10", et l'intelligence de la transgression engendre le repentir, et à ceux qui se repentent Dieu dispense sa bonté. De fait, par la ceinture qu'il se fit, Adam montra son repentir, car c'est de feuilles de figuier qu'il se couvrit Gn 3,7, alors qu'il existait bien d'autres feuilles qui eussent moins molesté son corps; il se fit ainsi un vêtement accordé à sa désobéissance, parce qu'il était terrifié par la crainte de Dieu Gn 3,10; pour réprimer l'ardeur pétulante de sa chair - car il avait perdu son esprit ingénu et enfantin et il en était venu à la pensée du mal -, il s'entoura, lui et son épouse, d'un frein de continence, dans la crainte de Dieu et dans l'attente de sa venue, comme s'il eût voulu dire: "Puisque, cette robe de sainteté que j'avais reçue de l'Esprit, je l'ai perdue par ma désobéissance, je reconnais maintenant que je mérite un tel vêtement, qui n'apporte au corps aucune jouissance, mais qui le pique au contraire et le déchire." Et sans doute eût-il gardé toujours ce vêtement, pour s'humilier lui-même, si le Seigneur, qui est miséricordieux, ne les avait revêtus de tuniques de peaux Gn 3,21 à la place des feuilles de figuier.

C'est aussi pourquoi Dieu les interroge, afin que l'accusation se porte sur la femme; puis il interroge derechef celle-ci, pour qu'elle détourne l'accusation sur le serpent. Elle dit en effet ce qui s'était passé: "Le serpent m'a séduite, et j'ai mangé Gn 3,13." Quant au serpent, Dieu ne l'interrogea pas: il savait qu'il avait été l'instigateur de la transgression. Mais il fit d'abord tomber sa malédiction sur lui, pour en venir ensuite seulement au châtiment de l'homme: car Dieu eut de la haine pour celui qui avait séduit l'homme, tandis que, pour l'homme qui avait été séduit, il éprouva peu à peu de la pitié.

6 Et c'est aussi pour ce motif qu'il le chassa du paradis et qu'il le transféra loin de l'arbre de vie Gn 3,23-24: non qu'il lui refusât par jalousie cet arbre de vie, comme d'aucuns ont l'audace de le dire, mais il le fit par pitié, pour que l'homme ne demeurât pas à jamais transgressent, que le péché qui était en lui ne fût pas immortel et que le mal ne fût pas sans fin ni incurable. Il arrêta ainsi la transgression de l'homme, interposant la mort et faisant cesser le péché, lui assignant un terme par la dissolution de la chair qui se ferait dans la terre, afin que l'homme, cessant enfin de vivre au péché et mourant à ce péché, commençât à vivre pour Dieu Rm 6,2 Rm 6,10.

7 C'est pourquoi Dieu a mis une inimitié entre le serpent, d'une part, et la femme avec sa postérité, d'autre part, de telle sorte que les deux parties s'observent mutuellement Gn 3,15, l'une étant mordue au talon, mais ayant assez de force pour fouler aux pieds la tête de l'ennemi Lc 10,19, l'autre mordant, tuant et entravant la marche de l'homme, "jusqu'à ce que fût venue la postérité Ga 3,19" destinée d'avance à fouler aux pieds Lc 10,19 la tête du serpent, c'est-à-dire le Fruit de l'enfantement de Marie Ga 3,16. C'est de lui que le prophète a dit: "Tu marcheras sur l'aspic et le basilic, tu fouleras aux pieds le lion et le dragon Ps 91,13." Ce texte signifiait que le péché, qui se dressait et se déployait contre l'homme, qui éteignait en lui la vie, serait détruit, et avec lui l'empire de la mort Rm 5,14 Rm 5,17, que serait foulé aux pieds par la "postérité" de la femme, dans les derniers temps, le lion qui doit assaillir le genre humain, c'est-à-dire l'Antéchrist, et enfin que "le dragon, l'antique serpent Ap 20,2 Ap 12,9", serait enchaîné et soumis au pouvoir de l'homme jadis vaincu, pour que celui-ci foule aux pieds toute sa puissance Lc 10,19-20. Or, celui qui avait été vaincu, c'était Adam, lorsque toute vie lui avait été ôtée; c'est pourquoi, l'ennemi ayant été vaincu à son tour, Adam a recouvré la vie, car "le dernier ennemi qui sera anéanti, c'est la mort 1Co 15,26", qui avait d'abord tenu l'homme sous son pouvoir. C'est pourquoi, lorsque l'homme aura été libéré, "se réalisera ce qui est écrit: La mort a été engloutie dans la victoire. Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon 1Co 15,54-55 ?" Cela ne pourra être dit légitimement, si celui-là même sur qui la mort a dominé en premier lieu n'a pas été libéré, car le salut de cet homme est la destruction de la mort. Ainsi donc, puisque le Seigneur a vivifié l'homme, c'est-à-dire Adam, la mort a bien été détruite.


Erreur de Tatien

8 Ils mentent donc, tous ceux qui s'inscrivent en faux contre le salut d'Adam. Ils s'excluent eux-mêmes absolument de la vie, du fait qu'ils ne croient pas retrouvée la brebis qui était perdue Lc 15,4-7 Mt 18,12-13: car, si elle n'est pas retrouvée, toute la race humaine est encore au pouvoir de la perdition. Menteur donc celui qui a le premier introduit cette opinion, ou plutôt cette ignorance et cet aveuglement, à savoir Tatien. Devenu le point de rencontre de toutes les hérésies, comme nous l'avons montré, il a inventé de lui-même ce dernier trait: en ajoutant ainsi aux autres quelque chose de neuf, il voulait, par des paroles vides de sens, se préparer des auditeurs vides de foi ! Cherchant à se faire passer pour un maître, il tentait quelquefois d'exploiter des mots de ce genre fréquents chez Paul: "En Adam, nous mourons tous 1Co 15,22", mais il ignorait que, "là où le péché a abondé, la grâce a surabondé Rm 5,20". Ce point étant clairement démontré, que rougissent donc tous ces disciples de Tatien qui se déchaînent contre Adam, comme s'ils avaient beaucoup à gagner à sa perte, alors que celle-ci ne leur est d'aucun profit ! Car, de même que le serpent n'a tiré aucun profit de la séduction de l'homme, si ce n'est de s'être révélé lui-même comme transgresseur, pour avoir eu l'homme comme origine et point de départ de sa propre apostasie, et qu'il n'a pas vaincu Dieu: de même ceux qui nient le salut d'Adam n'en tirent aucun profit, si ce n'est de se rendre eux-mêmes hérétiques et apostats à l'égard de la vérité et de se révéler comme les avocats du serpent et de la mort.





CONCLUSION



MALHEUR DE CEUX QUI REJETTENT LA PREDICATION DE L'EGLISE



324

En s'excluant de l'Église, les hérétiques se sont exclus de l'Esprit de Vérité

24 1 Ainsi sont démasqués tous ceux qui introduisent des doctrines impies sur Celui qui nous a faits et modelés, qui a créé ce monde et au-dessus duquel il n'est point d'autre Dieu; ainsi sont également réfutés, par des preuves en due forme, ceux qui enseignent des faussetés au sujet de l'être de notre Seigneur et au sujet de l' "économie" qu'il a accomplie à cause de l'homme, sa créature. A l'inverse, la prédication de l'Église présente à tous égards une inébranlable solidité, demeure identique à elle-même et bénéficie, ainsi que nous l'avons montré, du témoignage des prophètes, des apôtres et de tous leurs disciples, témoignage qui englobe "le commencement, le milieu et la fin a", bref la totalité de l'"économie" de Dieu et de son opération infailliblement ordonnée au salut de l'homme et fondant notre foi. Dès lors, cette foi, que nous avons reçue de l'Église, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous l'action de l'Esprit de Dieu, telle un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qui la contient.

Note :

a cf. Platon, Lois IV, 715 e, cité plus loin 25, 5


C'est à l'Eglise elle-même, en effet, qu'a été confié le "Don de Dieu Jn 4,10", comme l'avait été le souffle à l'ouvrage modelé Gn 2,7, afin que tous les membres puissent y avoir part et être par là vivifiés; c'est en elle qu'a été déposée la communion avec le Christ, c'est-à-dire l'Esprit Saint, arrhes de l'incorruptibilité Ep 1,14 2Co 1,22, confirmation de notre foi Col 2,7 et échelle de notre ascension vers Dieu Gn 28,12: ar "dans l'Église, est-il dit, Dieu a placé des apôtres, des prophètes, des docteurs 1Co 12,28" et tout le reste de l'opération de l'Esprit 1Co 12,11. De cet Esprit s'excluent donc tous ceux qui, refusant d'accourir à l'Eglise, se privent eux-mêmes de la vie par leurs doctrines fausses et leurs actions dépravées. Car là où est l'Église, là est aussi l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Église et toute grâce. Et l'Esprit est Vérité 1Jn 5,6. C'est pourquoi ceux qui s'excluent de lui ne se nourrissent pas non plus aux mamelles de leur Mère en vue de la vie et n'ont point part à la source limpide qui coule du corps du Christ Ap 22,1 Jn 7,37-38, mais "ils se creusent des citernes crevassées Jr 2,13" faites de trous de terre et boivent l'eau fétide d'un bourbier: ils fuient la foi de l'Eglise de crainte d'être démasqués, et ils rejettent l'Esprit pour n'être pas instruits. 2 Devenus étrangers à la vérité, il est fatal qu'ils roulent dans toute erreur et soient ballottés par elle, qu'ils pensent diversement sur les mêmes sujets suivant les moments et n'aient jamais de doctrine fermement établie, puisqu'ils veulent être sophistes de mots plutôt que disciples de la vérité. Car ils ne sont pas fondés sur le Roc unique, mais sur le sable Mt 7,24-27, un sable qui renferme des pierres multiples.


Inanité d'un Dieu qui n'exercerait pas sa Providence sur le monde

Et c'est bien pourquoi ils fabriquent des Dieux multiples. Ils donnent sans cesse comme excuse qu'ils cherchent - ils sont aveugles, en effet ! -, mais ils ne peuvent jamais trouver Mt 7,7 Lc 11,9, et pour cause, car ils blasphèment leur Créateur, c'est-à-dire le vrai Dieu, Celui qui donne de pouvoir trouver: ils s'imaginent avoir trouvé au-dessus de lui un autre Dieu, ou un autre Plérôme, ou une autre "économie" ! C'est pourquoi la lumière qui vient de Dieu ne luit pas pour eux, car ils ont déshonoré et méprisé Dieu, le tenant pour minime parce que, dans son amour et sa surabondante bonté Ep 3,19, il est venu en la connaissance des hommes - connaissance qui n'est d'ailleurs pas selon sa grandeur ni selon sa substance, car personne ne l'a mesuré ni palpé, mais connaissance nous permettant de savoir que Celui qui nous a faits et modelés Ps 119,73, qui a insufflé en nous un souffle de vie Gn 2,7 et qui nous nourrit par la création, ayant tout affermi par son Verbe Ps 33,6 et tout coordonné par sa Sagesse Pr 8,30, Celui-là est le seul vrai Dieu -. Ils ont donc imaginé, au-dessus de ce Dieu, un Dieu qui n'est pas, pour paraître avoir trouvé un grand Dieu que personne ne peut connaître, qui ne communique pas avec le genre humain et n'administre pas les affaires terrestres: c'est à coup sûr le Dieu d'Epicure qu'ils ont ainsi trouvé, un Dieu qui ne sert à rien, ni pour lui-même, ni pour les autres, bref un Dieu sans Providence.

325 25 1 Mais en fait Dieu prend soin de toutes choses, et c'est pourquoi il donne des conseils; donnant des conseils, il est présent à ceux qui prennent soin de leur conduite. Les êtres bénéficiant de sa Providence et de son gouvernement connaissent donc nécessairement Celui qui les dirige, du moins ceux qui ne sont pas déraisonnables ni frivoles, mais qui perçoivent cette Providence de Dieu. Et c'est pourquoi quelques-uns d'entre les païens, moins esclaves des séductions et des plaisirs et moins emportés par la superstition des idoles, si faiblement qu'ils aient été mus par la Providence, n'en ont pas moins été amenés à dire que l'Auteur de cet univers est un Père qui prend soin de toutes choses et administre notre monde.


Inanité d'un Dieu qui serait bon sans être en même temps juste

2 Par ailleurs, afin d'ôter au Père le pouvoir de reprendre et de juger - car ils estiment que cela est indigne de Dieu et ils croient avoir trouvé un Dieu exempt de colère et bon -, ils distinguent un Dieu qui juge et un autre qui sauve, sans s'apercevoir qu'ils enlèvent ainsi toute intelligence et toute justice à l'un comme à l'autre. En effet, s'il est justicier, mais sans être en même temps bon pour pardonner à ceux à qui il le doit et ne reprendre que ceux qui le méritent, il apparaîtra comme un juge sans justice ni sagesse; à l'inverse, s'il n'est que bon sans être aussi l'examinateur de ceux qu'il veut faire bénéficier de sa bonté, il sera en dehors de la justice comme de la bonté, et cette bonté même apparaîtra comme impuissante en ne sauvant pas tous les hommes, si elle s'exerce sans un jugement.

3 Par conséquent Marcion, qui divise Dieu en deux et distingue un Dieu bon d'un Dieu justicier, supprime Dieu de part et d'autre. Si en effet le Dieu justicier n'est pas également bon, il n'est pas Dieu, car il n'y a pas de Dieu sans bonté; à l'inverse, si le Dieu bon n'est pas également justicier, il subira le même sort que le premier et se verra soustraire la qualité de Dieu.

D'ailleurs, comment peuvent-ils déclarer sage le Père de toutes choses, s'ils ne lui attribuent pas aussi le pouvoir de juger? Car, s'il est sage, il est aussi examinateur; or un examinateur ne se conçoit pas sans le pouvoir de juger, et ce pouvoir requiert la justice pour que l'examen se fasse d'une manière juste; ainsi la justice appelle le jugement, et le jugement à son tour, lorsqu'il est fait avec justice, fait remonter à la sagesse. Si donc le Père de toutes choses l'emporte en sagesse sur toute sagesse humaine et angélique, c'est précisément parce qu'il est le Seigneur, le juste juge et le Maître de tous. Mais il est également miséricordieux, bon et patient Ps 103,8 Ps 145,8, et il sauve ceux qu'il convient. De la sorte, ni la bonté ne lui manque du fait de la justice, ni la sagesse n'est diminuée pour autant, car il sauve ceux qu'il doit sauver et juge ceux qui méritent d'être jugés; et cette justice n'apparaît pas cruelle, précédée et prévenue qu'elle est par la bonté.

4 Ainsi donc Dieu qui, avec bonté, fait lever son soleil sur tous et fait pleuvoir sur les justes et les injustes Mt 5,45 jugera ceux qui, ayant bénéficié à titre égal de sa bonté, n'auront pas pareillement vécu d'une manière digne du don reçu, mais se seront adonnés aux voluptés et aux passions charnelles, se dressant contre sa bonté et allant même jusqu'à blasphémer Celui qui les a comblés de si grands bienfaits.

5 Plus religieux qu'eux apparaît Platon, qui a confessé un même Dieu à la fois juste et bon, ayant pouvoir sur toutes choses et faisant lui-même le jugement. Voici ses paroles: "Dieu, d'après une antique tradition, tenant le commencement, la fin et le milieu de toutes choses, va droit à son but, dans une marche conforme à sa nature; il est sans cesse accompagné de la justice, qui venge les infractions faites à la loi divinea." Ailleurs il montre dans l'Auteur et le Créateur de cet univers un être bon: "En Celui qui est bon, dit-il, ne naît jamais nulle envie au sujet de quoi que ce soitb." Il pose ainsi comme principe et comme cause de la création du monde la bonté de Dieu, - et non assurément une ignorance, ni un Éon égaré, ni un fruit de déchéance, ni une Mère pleurant et se lamentant, ni un autre Dieu ou un autre Père.

Notes :
a cf. Platon, Lois IV, 715 e.
b cf. Platon, Timée 3,29.


6 C'est à bon droit que leur Mère les pleure, les inventeurs de pareilles fables, car ils ont parfaitement menti contre leurs propres têtes Da 13,55 Da 13,59. Leur Mère, disent-ils, est hors du Plérôme: de fait, elle est hors de la connaissance de Dieu. La collection de ses rejetons n'a été qu'un avorton sans forme ni figure: de fait, il n'a rien saisi de la vérité. Leur Mère est tombée dans le vide et l'ombre: de fait, leur doctrine n'est que vide et ténèbres. La Limite n'a pas permis à leur Mère d'entrer dans le Plérôme: de fait, l'Esprit ne les a pas reçus dans le lieu du rafraîchissement, car leur Père, en engendrant l'ignorance, a opéré en eux des passions de mort. Ce n'est point là calomnie de notre part; ce sont eux qui l'affirment, eux qui l'enseignent; ils se glorifient de ces choses mêmes; ils s'enorgueillissent de leur Mère, qu'ils disent engendrée "sans Père" - c'est-à-dire sans Dieu -, "Femme issue de Femme" - c'est-à-dire corruption issue d'erreur - !

7 Quant à nous, nous prions pour qu'ils ne demeurent pas dans la fosse qu'ils se sont creusée eux-mêmes, mais qu'ils se séparent d'une telle Mère, qu'ils sortent de l'Abîme, qu'ils quittent le vide et qu'ils abandonnent l'ombre; qu'ils soient engendrés comme des enfants légitimes en "se convertissant" à l'Église de Dieu; que le Christ "soit formé Ga 4,19" en eux; qu'ils "connaissent" le Créateur et l'Auteur de cet univers, seul vrai Dieu et Seigneur de toutes choses. Telle est la prière que nous faisons pour eux: nous les aimons de la sorte plus efficacement qu'ils ne croient s'aimer eux-mêmes. Car notre amour, parce qu'il est vrai, leur est salutaire, si du moins ils veulent l'accepter. Il ressemble au remède austère qui ronge les chairs étrangères et superflues formées sur la blessure: il évacue leur orgueil et leur enflure. C'est pourquoi nous tenterons, de toutes nos forces et sans nous lasser, de leur tendre la main.

Nous remettons au prochain livre le soin d'apporter les paroles du Seigneur pour compléter ce qui vient d'être dit, avec l'espoir que plusieurs d'entre eux, lorsqu'ils auront été réfutés par l'enseignement même du Christ, se laisseront persuader de quitter une telle erreur et de renoncer à ce blasphème proféré contre leur Créateur, qui est tout à la fois le seul Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ. Amen.




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LIVRE IV


PRÉFACE



Pr 1 En t'envoyant, cher ami, ce quatrième livre de notre ouvrage "Dénonciation et réfutation de la Gnose au nom menteur", nous allons, comme nous l'avons promis, confirmer par les paroles du Seigneur ce que nous avons dit précédemment. Puisses-tu par là, comme tu l'as demandé, recevoir de nous de toute part des ressources pour confondre tous les hérétiques ! Et puissent-ils eux-mêmes, ainsi refoulés de toute manière, ne pas s'enfoncer au loin dans l'"abîme" de l'erreur ni se noyer dans l'océan de l'ignorance, mais, revenant au port de la vérité, en obtenir le salut !

2 Quiconque veut les convertir doit connaître exactement leurs systèmes: impossible de guérir des malades, si l'on ignore le mal dont ils souffrent. Voilà pourquoi nos prédécesseurs, pourtant bien supérieurs à nous, n'ont pu s'opposer de façon adéquate aux disciples de Valentin: ils ignoraient leur système. Ce système, nous te l'avons fait connaître avec toute l'exactitude possible dans notre premier livre. Nous y avons montré, de surcroît, que leur doctrine est la récapitulation de toute hérésie: c'est pourquoi aussi, dans notre second livre, nous les avons pris pour cible de toute notre réfutation, car ceux qui s'opposent à de telles gens comme il convient s'opposent à tous les tenants d'opinions fausses et ceux qui les réfutent réfutent toute hérésie.

3 Blasphématoire plus que tout autre est en effet leur système, puisqu'ils disent que l'Auteur et Créateur de l'univers, qui est le seul Dieu, comme nous l'avons montré, fut émis à partir d'une déchéance. Mais ils blasphèment aussi contre notre Seigneur, en coupant et séparant Jésus du Christ, le Christ du Sauveur, le Sauveur derechef du Verbe et le Verbe du Monogène. Et tout comme ils ont dit le Créateur issu d'une déchéance, de même ils ont enseigné que le Christ et l'Esprit Saint furent émis à cause de cette déchéance et que le Sauveur est le fruit des Éons qui tombèrent dans cette déchéance, si bien qu'il ne se trouve rien chez eux qui soit exempt de blasphème. Dans le livre précédent a donc été mise en lumière, sur tous ces points, la pensée des apôtres: non contents de ne rien penser de tel, "ceux qui furent dès le début les témoins oculaires et les serviteurs du Verbe Lc 1,2" de vérité allèrent jusqu'à nous commander par avance de fuir de semblables opinions, connaissant à l'avance par l'Esprit ceux qui tromperaient les simples.

4 Car, "de même que le serpent trompa Ève 2Co 11,3" en lui promettant ce qu'il ne possédait pas lui-même, de même ces gens, en faisant miroiter une connaissance supérieure et des mystères inénarrables et en promettant une assomption au sein du Plérôme, plongent dans la mort leurs crédules auditeurs, qu'ils rendent apostats à l'égard de Celui qui les a faits. Jadis, l'ange apostat provoqua par l'entremise du serpent la désobéissance des hommes, se flattant d'échapper ainsi aux regards de Dieu, et, pour ce motif, il hérita de la forme et du nom du serpent Gn 3,14. Mais à présent, parce que ce sont les derniers temps 1Jn 2,18, le mal s'étend de plus en plus, rendant les hommes non seulement apostats mais encore blasphémateurs à l'égard de Celui qui les a modelés, et cela par de multiples machinations, c'est-à-dire par l'entremise de tous les hérétiques dont nous venons de parler. Car tous ces gens, quoique venant d'endroits divers et enseignant des doctrines différentes, se rencontrent dans un même dessein de blasphème, causant des blessures mortelles par le fait qu'ils enseignent à blasphémer Dieu, notre Créateur et Nourricier, et à ne pas croire au salut de l'homme. Car l'homme est un mélange d'âme et de chair, et d'une chair formée selon la ressemblance de Dieu et modelée par les Mains de celui-ci Gn 2,7 Ps 119,73, c'est-à-dire par le Fils et l'Esprit, auxquels il a dit: "Faisons l'homme Gn 1,26." Tel est donc le dessein de celui qui jalouse notre vie Sg 2,24: rendre les hommes incrédules au sujet de leur salut et blasphémateurs à l'égard du Dieu qui les a modelés. Car, quelque solennelles déclarations qu'ils fassent, tous les hérétiques aboutissent en fin de compte à blasphémer le Créateur et à nier le salut de cet ouvrage modelé par Dieu qu'est la chair, alors que c'est précisément pour elle que le Fils de Dieu a accompli toute son "économie", comme nous l'avons montré de multiples manières, tout en faisant également ressortir que personne n'est appelé Dieu (ou dieu) par les Écritures, hormis le Père de toutes choses, son Fils et ceux qui possèdent la filiation adoptive.







PREMIÈRE PARTIE


UN SEUL DIEU, AUTEUR DES DEUX TESTAMENTS, PROUVÉ PAR LES PAROLES CLAIRES DU CHRIST


I. LE PÈRE DU CHRIST, CRÉATEUR DE TOUTES CHOSES ET AUTEUR DE LA LOI




Irénée adv. Hérésies Liv.3 ch.22