Catéchèses Paul VI 40577

4 mai 1977: LE MYSTÈRE PASCAL : OEUVRE DE RÉDEMPTION

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Chers Fils et Filles,



Nous devons méditer encore le mystère pascal. Nous ne pourrons jamais terminer notre « chemin de la Croix » sans ressentir sa valeur universelle et éternelle, c’est-à-dire sans rattacher la Passion du Seigneur et sa Résurrection aux destinées du genre humain. Il n’est pas suffisant que nous assistions à la scène des faits évangéliques qui concernent la divine Personne de Jésus, nous laissant emporter par l’émotion devant ces péripéties d’abord poignantes puis triomphantes, comme cela peut nous arriver devant une tragédie grecque ou un spectacle impressionnant, mais qui ne nous intéresse pas personnellement. Il importe qui nous saisissions la relation qui existe entre l’histoire de la mort de Jésus et de son retour à la vie, et notre propre existence. Le mystère pascal n’est autre que l’oeuvre de la Rédemption qui, par un ineffable dessein du Père, a été accomplie par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint. Voyez, par exemple, le premier chapitre de l’Epître de Saint Paul aux Ephésiens (cf. E. Prat, La théologie de Saint Paul).

Ceci est une observation extrêmement importante. Nous ne sommes pas de simples spectateurs devant les faits qui ont conclu la vie temporelle du Seigneur et inauguré, par Lui, une nouvelle forme de vie ultra-temporelle; qu’on le veuille ou non, nous sommes impliqués dans le drame du Christ. Il a une signification sacrificatoire. C’est-à-dire que le Christ a souffert pour nous ; qu’il est ressuscité pour nous. Saint Paul appliquera à lui-même le sacrifice du Christ : « Il m’a aimé, écrit-il aux Galates et il s’est immolé pour moi » (
Ga 2,20). Et chacun peut, et même doit, dire la même chose pour soi-même : notre pâque, le Christ, a été immolée » (1Co 5,7). La pensée de l’Apôtre va même plus loin, jusqu’à associer le destin d’un disciple du Christ, baptisé donc en Jésus-Christ, à celui du Seigneur : avec Lui, nous avons été ‘ensevelis’ ». (Rm 6,4) ; « avec lui nous sommes ressuscites » (Ep 2,6 Ga 3,27). Il ne s’agit pas d’une simple image. Il s’agit d’une fusion, d’une incorporation de notre vie dans celle du Christ. Cause méritoire de notre justification, le Christ, victime crucifiée, devient cause exemplaire et principe vivifiant avec sa résurrection (Denz-Schoen., DS 1529). Et il est vain de soutenir que cette vision divine, cosmique, anthropologique est le fruit du génie de Paul, quand nous la trouvons exprimée déjà dans un des premiers discours de Saint Pierre à Jérusalem : Il n’y a de salut que dans Notre Seigneur Jésus Christ le Nazaréen » (Ac 4,10-11).

Il reste encore tant de choses, tant de doctrines à exposer pour notre formation chrétienne ! Mais déjà si nous arrêtons notre pensée sur ces peu nombreuses, mais capitales vérités, nous pouvons nous demander si elles sont réellement présentes dans notre forma mentis de chrétiens authentiques, que nous devrions tous avoir la juste prétention d’être. Il nous faut avant tout décider d’avoir avec le Christ une « communion », une amitié, une confiance que nous pouvons nous concéder facilement — quelle chance ! — en nous approchant souvent de la Sainte Table : oui, nous devons vivre avec Lui, par Lui, pour Lui ; mais ceci comporte qu’il soit vraiment l’inspirateur de notre mentalité nouvelle, c’est-à-dire chrétienne, notre « Pain » de vie, qu’il alimente pensée, action, sentiments, désirs et espérances. C’est-à-dire que le Seigneur doit produire en nous un « sentiment », une âme, un style de pensée et de vie qui, au moins dans leur tendance, soient cohérents avec la coexistence qu’avec la foi et avec les sacrements qui nous viennent de Lui, le Christ a daigné établir en nous.

Cela signifie que la Pâque, c’est-à-dire la pensée de son mystère, l’engagement qui en découle, la joie dont elle est la source, l’énergie du bien qui en dérive doit demeurer en nous et entraîner nos esprits sur le sentier de la vie chrétienne qui, dans les jours qui suivent Pâques même, monte en spirale et nous prépare à la rencontre finale avec Lui, le Christ Seigneur.

Qu’il en soit ainsi pour vous tous, avec notre Bénédiction Apostolique.

***
Au chapitre gènéral des Cisterciens réformés

Chers Fils,

Nous tenions à ménager cette rencontre spéciale avec les cent vingt Abbés de l’ordre cistercien de la stricte observance à l’occasion de votre chapitre. Car les Trappistes ont une place de choix dans notre coeur comme dans toute 1’Eglise. Notre colloque s’articule autour de trois questions.

1. Qui êtes-vous et d’où venez-vous?

Vous venez d’une école de l’amour absolu de Dieu. Saint Bernard, votre Père, demeure un maître admirable pour nous parler de cet amour: «Vultis ergo a me audire, quare et quomodo diligendus sit Deus? Et ego: Causa diligendi Deum, Deus est; modus, sine modo diligere» (S. BEBNARDI De diligendo Deo, 1: PL 182, 584). Tous les fidèles du Christ sont appelés à la sainteté, et celle-ci s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite; mais le religieux, par état de vie, se livre entièrement à Dieu, aimé par-dessus tout (Cfr. Lumen Gentium LG 39 LG 40 LG 42 LG 44). Et votre vie de trappiste manifeste de façon radicale votre engagement de suivre le Christ pauvre, chaste, obéissant, avec une caractéristique essentielle que Nous vous encourageons à garder et à promouvoir: la solitude et le silence qui vous permettent de partager votre vie entre la prière et le travail.

2. Une telle vie contemplative a-t-elle encore une valeur suprême? Peut-elle suffire à l’homme d’aujourd’hui? Se justifie-t-elle?

Oui, pleinement, et à double titre. En elle-même, d’abord, car la sainteté est l’amour de Dieu, qui seul peut combler le coeur humain, et que cherchez-vous donc, sinon cet amour plénier?

Mais votre vie constitue aussi un exemple hors pair celui dont notre société a besoin, elle qui se laisse souvent absorber entièrement par les biens temporels. Les îlots ou plutôt les hauts-lieux de silence et de prière que vous constituez contribuent à rétablir, visiblement et plus encore dans le mystère de la communion des saints, l’équilibre spirituel d’un monde qui, autrement, dans son activisme fiévreux, perd le sens de l’essentiel. Si votre vie cachée en Dieu n’est pas toujours comprise de nos contemporains, même des chrétiens, elle demeure pour eux une question, un appel, un attrait d’autant plus puissant que votre prédication et votre propre silence.

3. Mais comment valoriser plus encore votre vocation aux yeux de la société?

Sans renoncer en rien au silence, à la prière et au sacrifice dans votre vie - cherchant même à éviter que le progrès technique n’introduise une atmosphère trop bruyante dans vos maisons – vous pouvez et vous devez aménager des contacts pour ceux qui cherchent un climat de retraite, une halte spirituelle: prêtres, religieux, laïcs, adultes ou jeunes. L’hospitalité que vous leur offrez généreusement est un service capital - et d’ailleurs heureusement recherché - que vous rendez à l’Eglise d’aujourd’hui. C’est un apostolat particulier, et des Trappistes comme Dom Chautard ont manifesté à quel point ils avaient l’âme apostolique.

Mais plus fondamentalement, au coeur même de votre vie, vous avez le sens de 1’Eglise. Aimez-la, avec la passion de saint Bernard. Aucune de ses préoccupations ne doit vous être étrangère. Vous portez avec Nous le drame spirituel de nos générations. L’Eglise, de son côté, a le sens de ce que vous représentez pour elle. Elle a besoin plus que jamais de la pénitence joyeusement consentie et de la prière assidue qui monte de vos cloîtres, pour témoigner de l’absolu de Dieu et obtenir que son oeuvre d’évangélisation porte ses fruits, dans l’Esprit Saint. «L’amour est à la source de tout apostolat. C’est cette source que le contemplatif a le devoir de maintenir dans sa force et sa pureté» (JACQUES MARITAIN, Points de vue actuels sur la vie monastique, Montserrat 1966, p. 198).

Nous vous confions à la Vierge, que vous saluez chaque jour comme la Reine de vos monastères, et Nous vous donnons de grand coeur, ainsi qu’à tous les moines cisterciens, notre paternelle Bénédiction Apostolique.




11 mai 1977: LE DESSEIN HISTORIQUE DU MYSTÈRE PASCAL

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Chers Fils et Filles,



Pâques est passé. Mais nous savons qu’il constitue un événement qui demeure. Attention : il demeure non seulement dans le double souvenir historique que chacun se rappelle : la mort sur la Croix infligée à Jésus parce que, comme Pilate l’avait écrit sur l’écriteau fixé au sommet de la croix, « Jésus de Nazareth était le roi des Juifs » ; et, le troisième jour, la résurrection du mystérieux Crucifié. Cet événement demeure aussi dans la réalité du fait prodigieux, inséré dans la profession de foi, le Credo, que l’Eglise nous fait réciter sur un ton de certitude à l’acte du Baptême, puis dans la célébration de la Messe ; il demeure dans la vie intérieure de tout croyant ; il demeure dans la conviction des disciples, parmi lesquels nous avons tous la joie et la fierté de nous compter, dans la société religieuse issue du Crucifié ressuscité ; il demeure dans la mystique et sacramentelle présence qui accompagne précisément l’Eglise dans le cours des temps, en attendant qu’à la fin, Lui, le Christ mort et ressuscité, arrache l’humanité au sommeil de la mort, la juge et, si elle en est digne, lui assigne une forme nouvelle de vie, jointe à la sienne, en ineffable plénitude (cf.
1Co 2,9). C’est cela, la foi ; c’est cela, la vérité. Et c’est la vision de l’histoire passée et la prophétie pour la vie future qui, dans la mort du Christ et dans son retour à la vie, a son foyer central, rayonnant sur le monde : c’est la Weltanchauung (conception du monde), la perspective de l’univers.

Nous ferions bien de considérer notre vie à la lumière de cette révélation : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12) a dit Jésus. Et, si nous cherchons à nous former une mentalité pascale, ce qui nous attire aujourd’hui, c’est la pensée que Jésus lui-même a offerte à ces deux voyageurs, déçus et attristés, que l’on désigne comme « les disciples d’Emmaüs », la vision synthétique de ce dessein historico-religieux dont il est Lui-même le centre. Vous souvient-il de la scène que raconte Saint Luc l’Evangéliste ?

Relisons-la ensemble :

« Et voici que ce même jour deux d’entre eux faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, à 60 stades de Jérusalem, et ils s’entretenaient de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils devisaient et discutaient ensemble, Jésus en personne s’approcha et fit route avec eux, mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Il leur dit : ‘Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant ?’ Et ils s’arrêtèrent, le visage morne. L’un d’eux, nommé Cléophas lui répondit : ‘Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui s’est passé ces jour-ci !’ - ‘Quoi donc ?‘ leur dit-il. Ils lui répondirent : ‘Ce qui est advenu à Jésus le Nazaréen, qui s’était montré un prophète puissant en oeuvres et en paroles, devant Dieu et devant tout le peuple ; comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Nous espérions, nous, que c’était lui qui délivrerait Israël ; mais avec tout cela, voilà deux jours que ces choses se sont passées ! Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, bouleversés ! S’étant rendues de grand matin au tombeau et n’y ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire que des anges mêmes leur étaient apparus, qui le déclarèrent vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses comme les femmes avaient dit ; mais Lui, ils ne l’ont pas vu !’

Alors il leur dit : ‘Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?’ Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d’aller plus loin. Mais ils le pressèrent en disant : ‘Reste avec nous, car le soir tombe et le jour touche déjà à son terme’. Il entra donc pour rester avec eux. Or, une fois à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux. Et ils se dirent l’un à l’autre : ‘Notre coeur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et qu’il nous expliquait les Ecritures ?’

Sur l’heure ils partirent et revinrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons qui leur dirent : ‘C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscité et Il est apparu à Simon !’. Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain » (Lc 24,13-35).

Vous avez entendu ? Jésus accompagne aimablement les deux voyageurs qui, extrêmement attristés par la tragédie du Vendredi Saint n’étaient pas loin de perdre la foi, et l’espérance : « nous espérions... ». Et le Seigneur qui, sous les apparences anonymes du compagnon s’est uni à leurs pas, de les réprimander ; et Il leur explique le sens, encore hermétique pour eux d’un dessein historique qui, à la lumière des Ecritures et grâce aux paroles du Seigneur, devient parfaitement clair et compréhensible dans sa signification profonde et bipolaire : primo : « il était nécessaire que le Christ souffrit », et, secundo « ... pour entrer ainsi dans sa gloire ».

Le drame de la liberté : première de toutes et mystérieuse, celle de Dieu qui est Amour, même dans le sacrifice de Jésus (cf. Jn 3,16) ; puis celle du Christ qui, bien que « sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang » (Lc 22,40), s’est livré et s’est sacrifié (Ga 2,20) ; puis, celle des artisans de la crucifixion, exécuteurs responsables mais défendus par Jésus lui-même parce qu’« ils ne comprennent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34), celle des disciples et des spectateurs, coresponsables dans une certaine mesure, et celle des myriades d’hommes qui, en péchant ont conspiré l’immolation de l’Agneau de Dieu, « qui efface les pèchés du monde », ... le drame de la liberté, disons-nous, est ici également exalté, mais absorbé dans un dessein supérieur ineffable de sagesse, de bonté et de volonté divine qui donne un caractère de salutaire nécessité à la Croix, et donc à la résurrection : « il était nécessaire que le Christ souffrit », « afin qu’il entrât dans sa gloire ».

Il importe de méditer toujours ce mystère pascal ! Il est le pivot de l’économie religieuse mondiale (cf. Ep 1). Méditons-le et revivons-le !

Avec notre Bénédiction Apostolique.





18 mai 1977: PÂQUES ET LA FOI

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Chers Fils et Filles,



Nous avons célébré Pâques, le grand événement de la mort et de la résurrection du Christ.

Cet événement est grand et l’on peut dire qu’il est capital sous deux aspects : l’aspect qui concerne Jésus lui-même ; c’est ainsi que Jésus s’est manifesté, qu’il a accompli l’oeuvre pour laquelle il était venu au monde. Jésus s’est inséré dans le monde, dans l’histoire, comme « lumière véritable qui éclaire tout homme » (cf.
Jn 1,9 Jn 8,12) ; et tel qu’une flamme qui resplendit dans la nuit qui couvre toute la terre, il fait voir les choses, leur donne un sens, à elles, à l’espace et au temps ; Jésus est le vrai Maître du monde (Mt 23,8) ; il est le commencement et la fin (Ap 1,8). A lui tout seul, Jésus-Christ fait de l’univers un spectacle splendide et terrible. Puis, la présence de Jésus, dans le temps, dans l’Evangile, assume une autre importance : le rapport qu’il a avec les hommes, avec nous, avec chacun de nous. Il est notre Sauveur ; et nous ne pouvons rien faire sans Lui (cf. Jn 15,5).

Il faut bien réfléchir à ce principe. Nous avons besoin du Christ. Comment devons-nous faire pour nous mettre en communication avec Lui et même si nous avions eu le bonheur de vivre à son époque, de nous approcher personnellement de Lui, aurions-nous été capables de le connaître pour ce qu’il était vraiment, de le comprendre, de pénétrer le secret de son Etre divin ? La découverte du Christ dans sa double nature divine et humaine, et de sa Personne divine, vrai Fils de Dieu, Verbe de Dieu, infini et éternel, aurait-elle été réellement possible ? Puis, nous-mêmes, éloignés de Lui dans le temps et plongés dans l’océan de l’humanité, comment pourrions-nous jamais nous approcher de Lui et goûter l’heureuse fortune d’être distinctement connus et aimés de Lui, d’être sauvés par Lui ? Car c’est là tout le problème à résoudre, celui de notre salut, celui d’être sauvés par le Christ ; comment est-ce possible ? A quoi nous sert de célébrer la Pâque du Seigneur si elle n’est pas, aujourd’hui, ici, actuelle et opérante ? Ce problème, nous ne saurions le résoudre de nous-mêmes ; le Seigneur, Lui l’a rendu admirablement soluble. Ecoutez une des dernières affirmations contenues dans la finale de l’Evangile de Marc : « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé » (Mc 16,16). La foi et l’action sacramentelle du Baptême sont les deux conditions fondamentales requises pour pénétrer dans l’orbite lumineuse et réelle de la rédemption chrétienne ; et ce n’est pas peu de chose si nous sommes ainsi associés à rien de moins que la vie immortelle et divine du Christ.

S’il en est ainsi — et il en est réellement ainsi — il est bon de nous intéresser d’abord et avant tout à la foi : qu’entend-on par « la foi » ? comment parvient-on, comment adhère-t-on à la foi ? De nouveau, la question devient grave : « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (He 11,6). Nous sommes sur le seuil de la religion du Christ : y entre qui croit ! Quelle masse énorme de problèmes religieux trouvons-nous là devant nous ! En ce moment, nous allons à peine effleurer les premières pages de ce livre de la foi ; des pages faciles à résumer en quelques mots très simples, mais qui ensuite, exigeront une longue étude si l’on veut poursuivre l’exploration du mystérieux volume. Déjà la première page, celle à laquelle s’arrête le monde profane se révèle immédiatement ardue et sévère : la foi est un royaume de mystère ; pour nous, durant cette vie qui est encore un apprentissage, une initiation, la foi est une science obscure ; elle ne repose pas sur des arguments rationnellement évidents ; certes, elle est étayée par d’excellentes raisons de crédibilité, tant intrinsèques qu’extrinsèques ; mais en soi elle est fondée sur l’autorité d’une révélation, sur la Parole de Dieu. Déjà ce caractère de la foi constitue une difficulté pour nous qui sommes tributaires de notre raison, qui sommes portés plutôt à nous déclarer libre-penseurs qu’à admettre des vérités dont l’explication directe nous échappe, oubliant que lorsque la Vérité se manifeste réellement comme telle, nous devons toujours, si nous sommes raisonnables, y adhérer docilement. La foi, certes, est mystérieuse et obscure pour notre esprit ; toutefois, quand il est admis à son école, il entrevoit déjà, au point d’en demeurer ébloui et heureux, des espaces merveilleux et profonds de beauté et de lumière.

Il en est ainsi toutefois : la foi est un ciel hors de portée pour nos facultés naturelles de comprendre. Certes, elle implique l’adhésion de l’intelligence, mais elle réclame aussi la volonté. Pour croire, il faut le vouloir. Ce qui signifie que la foi est un libre choix. Ceci est un discours de grande importance, spécialement aujourd’hui que le Concile a confirmé cette prérogative de l’homme pensant, même sur le plan religieux; il a en effet, réaffirmé que « tous les hommes sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Eglise » (Dignitatis humanae, DH 1).

Nous aurions un troisième point à considérer en examinant ces aspects préparatoires : le bonheur calme et profond que la certitude fait naître dans l’esprit de celui qui accueille la foi avec sagesse et humanité. Mais nous aurons vraisemblablement l’occasion d’y revenir. Qu’il nous suffise en ce moment de rappeler, comme rayonnement du mystère pascal, la foi qui nous le conserve et nous le fait revivre.

Nous le souhaitons, avec notre Bénédiction Apostolique.





25 mai 1977: LE JUSTE VIVRA PAR LA FOI

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Chers Fils et Filles,



Nous allons relire ensemble la déclaration de Saint Jean l’Evangéliste qui figure au début de sa première Epître, un message que nous trouvons dans les Saintes Ecritures reconnues par l’Eglise. Voici comment il s’exprime :

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; — car la vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue — ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père, et avec son Fils Jésus-Christ. Tout ceci, nous vous l’écrivons pour que votre joie soit parfaite » (
1Jn 1,1-4).

Ce prologue de la merveilleuse lettre apostolique nous amène à considérer un aspect très important de notre religion, c’est-à-dire le témoignage apostolique sur lequel, dans le milieu historique et externe, se fonde notre foi. Le passage que nous venons de lire démontre comment notre foi, c’est-à-dire ce que nous croyons au sujet de l’histoire et de la révélation chrétienne, nous est connue grâce a un témoignage apostolique. Les Apôtres, et avec eux la génération qui vécut à l’époque de Jésus et put avoir de Lui une connaissance immédiate et sensible, reçurent de Jésus lui-même le mandat de la transmettre, cette connaissance immédiate et sensible qu’ils avaient de Lui, pour en donner une connaissance indirecte et spirituelle, c’est-à-dire un « témoignage », une foi. Le Seigneur l’avait prédit, avant son Ascension, c’est-à-dire avant de disparaître de la scène de ce monde. Il leur avait dit : « … vous allez recevoir une force, celle de l’Eprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et jusqu’aux confins de la Terre » (Ac 1,8). Et il en fut ainsi. La première prédication des disciples, devenus Apôtres, et de tous ceux qui ont pris leur suite dans la charge d’annoncer le christianisme au monde, a été un témoignage qu’a rendu persuasif et, à certains moments, irrésistible, un charisme de l’Esprit opérant tant dans les Apôtres que dans leurs auditeurs. Elle témoignait, cette prédication, du fait évangélique de la mort et de la résurrection de Jésus de Nazareth ainsi que de l’interprétation prophétique et théologique de ce réel et stupéfiant événement.

Le témoignage apostolique qui, dans des conditions déterminées, reçoit de manière concomitante l’influence divine de l’Esprit Saint, est la source de notre foi ; celle-ci nous vient par l’intermédiaire du magistère, par voie de transmission extérieure et sociale dans laquelle opère la présence éclairante de l’Esprit Saint : c’est l’Eglise, dans son authentique mission évangélisatrice qui nous donne la foi.

Et l’on reconnaît ici le miracle historique de cette condition dont dépend rien de moins que notre salut et le fait d’être chrétien : « le juste vivra par la foi », nous enseignent les Saintes Ecritures (Ga 3,11).

Ici, chers Fils et Filles, s’impose une méditation consciencieuse sur cette parole-pivot de notre système religieux, nous voulons dire: la foi. « Sans la foi, il n’est pas possible de plaire à Dieu » (He 11,2). Peu de termes ont subi, sans doute, des interprétations plus variées que celui-là, depuis celle d’un sentiment spirituel et général jusqu’à une autre, d’opinion personnelle aussi imprécise que spécieuse. Aujourd’hui toute utilisation subjective semble devenir légitime. Chacun se croit autorisé à supprimer ce terme dans le langage scientifique, alors que dans un sens purement naturel, la foi domine tout enseignement scolaire et rationnel. De même tant d’intelligences modernes, lorsqu’elles admettent un langage de quelque manière spirituel, donnent au terme « foi » une signification imprécise et complaisante de vague sentimentalisme religieux. Ce terme prend alors un sens à peu près synonyme de pénombre, de doute, d’inquiétude intérieure quand ce n’est pas de tourment et de vaine attente d’une lumière autant désirée dans son réconfort sincère que repoussée dans ses exigences logiques. La pensée protestante au sujet du « libre-examen » réhabilite cette grande parole de « foi » et lui donne la dimension d’une conviction religieuse ; mais, décrochée d’un magistère autorisé et permanent, celui de notre Eglise catholique, que devient-elle ? Elle devient une opinion subjective, privée d’autorité supérieure ; elle devient une évasion dans un pluralisme équivoque ; elle devient une foi nominale et élastique, ouverte à trop d’insignifiantes adaptations. Ce n’est plus le trésor divin pour lequel tant d’hommes ont donné leur vie ; ce n’est plus la lumière matinale de la vie chrétienne qui permet d’avoir d’avance quelque lueur de la Vérité divine (cf. 1Co 13,12) et qui soutient effectivement la vie morale et intellectuelle. Et ainsi de suite.

En nous souvenant du mystère pascal, et comme prélude à la fête dont nous sommes tout proches, la Pentecôte, essayons tous de rafraîchir notre foi, approuvée par le magistère vivant de l’Eglise. Et s’il le faut, faisons nôtre cette prière de l’humble personnage de l’Evangile : « Je crois, ô Seigneur, mais Toi, aide-moi dans mon incrédulité » (Mc 9,24).

Ainsi soit-il ! Avec notre Bénédiction Apostolique.

***

Nous saluons avec joie un groupe international de Renouveau dans l’Esprit Saint, qui accompagne notre Frère le Cardinal Leo Jozef Suenens. Vous vous souvenez peut-être que notre Prédécesseur Léon XIII a demandé de prier specialement l’Esprit Saint, au cours de cette neuvaine préparatoire à la Pentecôte, pour l’unité des chrétiens. Nous vous encourageons donc, chers amis, à demander, avec tous les disciples du Seigneur Jésus, ce don de l’unité dans la vérité et la charité. C’est toute l’Eglise qui est invitée à prier l’Esprit Saint. C’est Lui qui permet l’accueil et la mise en pratique de la Parole de Dieu, du dépôt de la foi confié aux Apôtres et à leurs Successeurs. C’est Lui qui resserre l’unité entre tous les membres du Corps mystique du Christ, sous la vigilance de ceux qu’I1 a institués Pasteurs du troupeau (Cfr. Ac 20,28). C’est Lui qui répand l’amour de Dieu dans nos coeurs, un amour filial débordant en louange. C’est Lui qui épanouit toutes les vertus de l’amour fraternel qui sont ses fruits et que l’Apôtre Paul énumère (Cfr. Ga 5,25). Avec cet Apôtre, Nous disons: aspirez, avec discernement, aux dons supérieurs, en vue du bien commun de l’Eglise. Nous implorons sur vous, comme sur tous vos frères ici présents, les lumières et la force de l’Esprit Saint, de Celui qui guide vers la vérité entière révélée par le Christ.




1er juin 1977: PENTECÔTE, NAISSANCE DE L’ÉGLISE

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Chers Fils et Filles,



Nous avons célébré la grande fête de Pentecôte. Pourquoi grande ? Saint Jean Chrysostome la définit : « la métropole des fêtes » (PG 50,463) Grande, parce qu’elle inaugure la religion nouvelle, la religion de l’Esprit, une nouvelle forme de rapports entre la Divinité et l’humanité ; et grande parce que c’est cette mission de l’Esprit Saint qui donne la vie à l’Eglise, au Corps mystique du Christ. La Pentecôte est la naissance de l’Eglise.

Ce terme « Eglise » qui, historiquement, a dans l’Ancien Testament un sens limité et profane, et indique simplement une assemblée, une réunion, une convocation de gens, a pris, dans le Nouveau Testament, une signification nouvelle, précise et qualifiée, celle de multitude réunie par un lien réel et spirituel, celle de société de fidèles, de croyants, gouvernée par un appel divin et par une autorité pastorale. Pour nous, ce terme a une signification religieuse complexe. Il caractérise ce groupe, ou mieux cette partie de l’humanité qui a accueilli une vocation intérieure et a suivi un guide extérieur autorisé pour rencontrer le Père, par le Christ notre Sauveur, « avec la lumière et la force de l’Esprit Saint » (cf.
Jn 14,23).

Nous nous bornerons, en ce moment, à esquisser simplement quelques notions élémentaires qui nous donnent une idée descriptive de ce qu’est l’Eglise. Et même cela n’est guère facile. Il semble que le Concile lui-même ait renoncé à nous donner une liste complète des termes qui désignent l’Eglise dans le langage religieux commun. Les images se multiplient pour nous suggérer quelque concept de cette immense vision évangélique du Royaume de Dieu dans laquelle est représentée l’Eglise, et pas seulement elle. Le Concile évoque la figure du troupeau dont le Christ est le pasteur; celle du champ de Dieu ; celle d’édifice de Dieu ; celle de famille de Dieu, de Temple de Dieu et même celle d’épouse du Christ ; puis, enfin celle de Corps Mystique du Christ (Lumen Gentium, LG 6 LG 7). Alors, facile à saisir, intervient le concept essentiellement complémentaire de l’animation de ce corps, un concept qui se réfère à l’Eglise. Certes, celle-ci est un corps social, humain, une communauté d’hommes, mais elle n’est pas que cela; elle est un corps vivant, animé par une Présence, par une Energie, par une Lumière, par une Activité, c’est-à-dire, précisément, par l’Esprit du Christ (cf. Rm 8,77 2Co 12,9). Pour notre culture religieuse, nous avons toujours à nous rappeler l’Encyclique Mystici Corporis ainsi que les documents du Concile ; puis encore les « Méditations sur l’Eglise » d’Henri De Lubac et « L’Eglise est une communion » de Jérôme Hamer.

Nous disons ceci pour que s’anime, que se perfectionne en nous ce vrai concept de l’Eglise qui, à peine énoncé, doit transformer notre mentalité de croyant, que tant de laïcisme, tant de matérialisme menace aujourd’hui d’obscurcir et de priver d’un de ses éléments de la plus haute importance, c’est-à-dire : la connaissance de nous-mêmes, l’éternel problème de la pensée humaine : « Connais-toi toi-même » se complique d’une extraordinaire nouveauté introduite dans notre être — déjà par lui-même si mystérieux — cette nouveauté étant précisément l’Esprit Saint qui vient habiter en nous : « Ne savez-vous pas, écrit Saint Paul aux Corinthiens, que vous êtes un temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1Co 3,16). Mais observons bien le résultat de cette hospitalité qui nous offre l’immense privilège d’arbitrer le Saint-Esprit en nous : le privilège est comparable à une lumière allumée dans une chambre obscure ; rien n’est modifié, rien n’est touché, mais tout acquiert une figure, une position, une fonction, un nom : tout devient clair et donne la joie. C’est le mystère de la grâce ; c’est le mystère de l’Eglise qui est source de lumière ; la Lumière divine de l’Esprit reflète en sept faisceaux les dons de l’Esprit Saint : faisceaux d’intelligence, faisceaux d’amour dans l’humble cellule de la psychologie humaine si infantile ou primitive soit-elle.

Ce n’est pas facile à dire ; il est probablement plus facile d’en avoir quelqu’expérience, même dans la vie modeste et commune du chrétien fidèle. Nous devons tous aspirer à cette condition privilégiée de vie, y aspirer avec cette intention que nous tous cultivons en nous-mêmes, celle de vivre toujours dans la grâce de Dieu. Et nous devons ajouter à ceci, un culte supérieur et ardent rendu à l’Esprit Saint que Lui-même, le Paraclet, alimentera si nous nous souvenons de l’exhortation de Saint Paul : « N’éteignez point l’Esprit ! » (1Th 5,15).

Avec notre Bénédiction Apostolique.





8 juin 1977: QUE TOUS SOIENT UN

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Chers Fils et Filles,



Nous suivons le fil des pensées qui découlent de la célébration du grand mystère de la Pentecôte. Il est la continuation de l’Evangile ; il est l’héritage du Christ dans le monde. Il vaut mieux encore dire qu’il consiste en l’effusion de l’Esprit Saint, Dieu Amour vivifiant, la troisième Personne de la Très Sainte Trinité, dans les hommes qui reçoivent ainsi l’hospitalité au sens passif, de l’Hôte divin qui les sanctifie et les unit. Avec « la communication de l’Esprit Saint » (
2Co 13,13) se réalise l’animation de l’Eglise qui acquiert ainsi son unité vraie et surnaturelle « en s’appliquant, comme nous l’enseigne Saint Paul, à conserver l’unité de l’Esprit par ce lien qu’est la paix » (Ep 4,3). Et l’Apôtre ajoute : « Il n’y a qu’un Corps et qu’un Esprit comme il n’y a qu’une espérance au terme de l’appel que vous avez reçu ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui est au-dessus de tous, par tous et en tous » (ib. Ep 4,4-6). Cette conséquence de la présence de Dieu dans les croyants, dans les fidèles, dans l’humanité sanctifiée par la grâce et organisée en un corps social qui s’appelle l’Eglise, cette unité mystérieuse et réelle marquent le sommet des désirs du Christ au regard de son oeuvre de Frère de tous les hommes (Mt 23,8), de Maître Universel (ib. Mt 23,8), de Sauveur (Lc 2,11 Jn 4,42 1Tm 4,10 etc.). Ceci, d’ailleurs Il l’a affirmé et synthétisé dans la prière testamentaire que, la nuit précédant la Passion, il a répétée quatre fois : « Que tous soient un » (Jn 17,11 Jn 17,20 Jn 17,21 Jn 17,22).

Ce n’est pas que cette unité mystique, qui prend modèle dans l’unité divine et qui intercède entre le Père et le Fils, exclue les diverses articulations et fonctions qui distinguent les hommes composant le Corps du Christ qu’est l’unique Eglise ; la doctrine apostolique explique que, comme organes distincts d’un même Corps, le Christ lui-même « a donné aux uns d’être apôtres, à d’autres d’être prophètes, ou encore évangélistes, ou bien pasteurs et docteurs, organisant ainsi les saints pour l’oeuvre du ministère en vue de la construction du Corps du Christ » (Ep 4,12 1Co 12,4 et ss.).

Mais l’unité, avant tout. C’est tellement vrai que Jésus lui-même admet la possibilité d’exclure de la communion fraternelle celui qui, après des appels répétés, s’y est montré réfractaire (Mt 18,15-17).

Maintenant, cette réflexion au sujet de l’unité que le Christ a voulue pour ceux qui puisent en Lui leur foi, leur raison d’être, doit éclairer notre profession religieuse ; nous ne saurions avoir de rapport avec Dieu — c’est encore Lui qui nous en avertit — si nous n’avons pas des relations pacifiques avec notre frère (Mt 5,23-24). Ceci est un des principes dynamiques de l’oecuménisme moderne. C’est une exigence pour la paix du monde. Un des principes les plus clairs de l’Evangile est qu’il faut s’abstenir de toute vengeance personnelle, qu’il faut exclure toute haine tribale, toute haine entre frères ; dans cette prière fondamentale que Jésus Lui-même nous a enseignée, nous disons à Dieu le Père : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. S’écartent donc des voies du Seigneur ceux qui provoquent des fractures ou des discordes dans l’association harmonieuse et unitaire du Corps mystique du Christ. Rappelons-nous toujours l’exhortation de l’Apôtre : « Je vous en conjure, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, qu’il n’y ait point parmi vous de divisions (schismes) ; soyez bien unis dans le même esprit et dans la même pensée » (1Co 1,10).

Le ton plein d’autorité de cette leçon devrait nous inciter à réfléchir sur la signification qu’a prise, dans notre langage et dans nos habitudes, le mot « pluralisme » ; ceci à cause d’une conception philosophiquement inexacte de la liberté considérée comme arbitre autonome, dégagée de la norme qui doit l’ennoblir et la diriger, c’est-à-dire de la vérité (Jn 8,32), et non comme élection et adhésion personnelles à ce que l’esprit juge bon et vrai.

Et cette rapide considération nous ramène sur le chemin d’où nous sommes partis : à l’unité qui naît en nous comme invitation et conséquence de l’Esprit et qui nous éclaire les voies du salut présent et du salut éternel.

Répétons avec l’Eglise, la merveilleuse invocation à l’Esprit Saint : Lumière bienheureuse, illumine les profondeurs intérieures de tes fidèles.

Nous le souhaitons ; avec notre Bénédiction Apostolique.






Catéchèses Paul VI 40577