Irénée adv. Hérésies Liv.2 ch.6

Une ignorance chez les Anges ou chez le Démiurge

206 6 1 Autre question: Comment se fait-il que les Anges ou l'Auteur du monde ignoraient le premier Dieu, alors qu'ils se trouvaient dans son domaine, qu'ils étaient sa création et qu'ils étaient contenus par lui? Il pouvait bien leur être invisible, à cause de sa suréminence: il ne pouvait en aucune manière leur être inconnu, à cause de sa providence. En effet, à supposer même que, du fait de leur venue ultérieure à l'existence, ils fussent considérablement éloignés de lui, comme disent les hérétiques, ils n'en devaient pas moins, puisque sa souveraineté s'étend sur tous, connaître Celui qui domine sur eux et savoir cette chose fondamentale, que celui qui les a créés est le Seigneur de toutes choses. Car la Réalité invisible qu'est Dieu, étant puissante, procure à tous une grande intelligence et perception de sa souveraine et toute-puissante suréminence Rm 1,20. Dès lors, même si "nul ne connaît le Père si ce n'est le Fils ni le Fils si ce n'est le Père et ceux à qui le Fils les aura révélés ", néanmoins tous les êtres connaissent cette Réalité invisible elle-même qu'est Dieu, puisque le Verbe, inhérent aux intelligences, meut ces êtres et leur révèle qu'il existe un seul Dieu, Seigneur de toutes choses.

2 Et c'est pourquoi tous les êtres sont soumis au Nom du Très-Haut et du Tout-Puissant; par l'invocation de ce Dieu, même avant la venue de notre Seigneur, les hommes étaient déjà sauvés des esprits mauvais, de tous les démons et de toute l'Apostasie: non que les esprits terrestres et les démons aient vu Dieu, mais parce qu'ils savaient qu'il est le Dieu qui est au-dessus de toutes choses Rm 9,5, à l'invocation duquel ils tremblaient Jc 2,19, comme tremble aussi toute créature, Principauté, Puissance ou Vertu placée au-dessous de lui. Les hommes vivant sous le commandement des Romains, quoique n'ayant jamais vu l'empereur et étant même considérablement éloignés de lui par les terres et les mers, connaissent pourtant, par la domination qu'il exerce, celui qui détient la suprême autorité: et les Anges, qui sont au-dessus de nous, et celui qu'ils nomment l'Auteur du monde, ne connaîtront-ils pas le Tout-Puissant, alors que déjà les animaux sans raison tremblent et fuient à son invocation? Et de même que, sans l'avoir vu, tous les êtres n'en sont pas moins soumis au Nom de notre Seigneur Ph 2,10 1Co 15,27, de même le sont-ils également au Nom de Celui qui a fait et créé toutes chosesa, car ce n'est pas un autre que Dieu qui a fait le monde. Voilà pourquoi les juifs, jusqu'à maintenant, chassent les démons par ce Nom même: car tous les êtres craignent l'invocation de Celui qui les a faits.

Note:
a Hermas Pasteur, Mand. 1.


3 Si donc les hérétiques ne veulent pas que les Anges soient plus déraisonnables que les animaux sans raison, ils admettront que les Anges, lors même qu'ils n'auraient pas vu le Dieu qui est au-dessus de toutes choses Rm 9,5, ont dû connaître sa puissance et sa souveraineté. Car il serait vraiment ridicule que ces gens-là, qui sont sur terre, prétendent connaître le Dieu qui est au-dessus de toutes choses et qu'ils n'ont jamais vu, tandis qu'à celui qu'ils disent être leur Auteur et l'Auteur de l'univers et qu'ils situent dans les hauteurs et par-dessus les cieux, ils refusent la connaissance de ce qu'ils savent, eux qui sont dans les lieux les plus bas. A moins peut-être qu'ils ne veuillent que leur Abîme soit sous la terre, dans le Tartare: cela expliquerait qu'ils l'aient connu les premiers, avant les Anges qui résident dans les hauteurs. Ils en sont venus à un tel degré de folie qu'ils déclarent privé de raison l'Auteur du monde: gens vraiment dignes de pitié, qui, dans l'excès de leur folie, osent dire qu'il n'a connu ni la Mère, ni la semence de celle-ci, ni le Plérôme des Éons, ni le Pro-Père, ni même ce qu'étaient les êtres qu'il faisait: car ces êtres étaient, disent-ils, les images des réalités intérieures au Plérôme, produites sous l'action secrète du Sauveur en l'honneur des réalités d'en haut.



V. DES "IMAGES" DES RÉALITÉS DU PLÉRÔME


Un monde voué à l'anéantissement

207 7 l Ainsi, tandis que le Démiurge était dans la plus totale ignorance, le Sauveur, disent-ils, a honoré le Plérôme, lors de la création du monde, en produisant, par l'entremise de la Mère, des ressemblances et des images des réalités d'en haut. Mais il était impossible qu'existât en dehors du Plérôme un lieu dans lequel eussent été faites ces prétendues images des réalités intérieures au Plérôme, ou encore que ce monde eût été fait par un autre que le premier Dieu: tout cela, nous l'avons montré déjà. Toutefois, s'il peut être agréable de les réfuter de toute part et de les convaincre de mensonge, nous ferons valoir contre eux que, si les êtres de ce monde avaient été faits par le Sauveur en l'honneur des réalités d'en haut et à l'image de celles-ci, ils devraient durer toujours, afin que soient toujours en honneur ces réalités qu'on veut honorer. Si ces êtres passent, à quoi bon un honneur si bref, qui tantôt n'était pas et, dans un instant, ne sera plus? Le Sauveur est donc convaincu par vous de viser à une gloire vaine plutôt qu'à honorer les réalités d'en haut. Car quel honneur les choses temporelles peuvent-elles constituer pour les éternelles, celles qui passent, pour celles qui demeurent, les corruptibles, pour les incorruptibles? Même les hommes, tout éphémères qu'ils soient, ne prennent point plaisir à l'honneur qui s'évanouit promptement; ils goûtent celui qui dure aussi longtemps qu'il est possible. On dira à bon droit que des êtres détruits aussitôt que créés ont été créés bien plutôt pour outrager ce que l'on croit honorer: c'est un outrage qui est infligé à l'éternel, lorsque son image se corrompt et est détruite. Eh quoi ! Si leur Mère n'avait pleuré et ri et n'avait été plongée dans l'angoisse, le Sauveur n'aurait pas eu de quoi honorer le Plérôme, puisque, dans une telle hypothèse, cette extrême angoisse n'aurait pas eu de réalité propre par quoi le Sauveur pût honorer le Pro-Père ! 2 O vain honneur, qui passe aussitôt et n'apparaît plus ! Il y aura donc un Éon auquel l'honneur sera totalement refusé. Les réalités d'en haut se verront donc traitées avec mépris. Ou alors il faudra émettre, pour honorer le Plérôme, une autre Mère plongée dans les larmes et l'angoisse. O image à la fois dissemblable et blasphématoire !


Un Démiurge ignorant

Vous me dites, par ailleurs, qu'a été émise par l'Auteur du monde une image du Monogène, de ce Monogène que vous prétendez identifier avec l'Intellect du Père de toutes choses; vous me dites que cette Image s'ignore elle-même, ignore la création, ignore même sa Mère, ignore absolument tout ce qui existe et a été fait par elle. Et vous n'avez pas honte de vous-mêmes, vous qui faites ainsi remonter l'ignorance jusque chez le Monogène lui-même? Si en effet les choses de ce monde ont été faites par le Sauveur à la ressemblance des réalités d'en haut, et s'il existe une si grande ignorance chez celui qui a été fait à la ressemblance du Monogène, de toute nécessité une ignorance analogue existe, selon un mode pneumatique, chez celui à la ressemblance de qui a été fait le Démiurge ignorant. Il n'est pas possible, en effet, tous deux ayant été émis d'une façon spirituelle, sans modelage ni composition, que l'image ait gardé en partie la ressemblance et se soit écartée en partie de celle-ci, elle qui a été émise précisément pour être à la ressemblance de l'Éon émis dans le monde d'en haut. Que si cette image n'était pas ressemblante, la faute en incomberait au Sauveur qui, en mauvais artisan, aurait émis une image dissemblable. Car ils ne peuvent dire que le Sauveur n'a pas le pouvoir de faire des émissions, lui qu'ils nomment Tout. Si donc l'image est dissemblable, l'artisan ne vaut rien et leur prétendu Sauveur est en faute. Si, au contraire, elle est ressemblante, la même ignorance se retrouve chez l'Intellect de leur Pro-Père, autrement dit chez le Monogène: l'Intellect du Père s'ignore lui-même, ignore le Père, ignore tout ce qui a été fait par lui. Si, par contre, le Monogène connaît tout cela, la même connaissance existe nécessairement chez celui qui a été fait par le Sauveur à la ressemblance du Monogène. Et ainsi se trouve réduit à néant, d'après leurs principes mêmes, leur énorme blasphème.


Des créatures multiples et diverses

3 Mais, indépendamment de tout cela, de quelle manière les êtres de la création, si variés, si nombreux, innombrables même, peuvent-ils être les images de ces Éons qui sont dans le Plérôme au nombre de trente et dont nous avons reproduit les noms, tels que les donnent les hérétiques, dans notre livre précédent? Non seulement la variété de tout l'ensemble de la création, mais même la diversité d'une seule de ses parties, céleste, terrestre ou aquatique, ne peut s'adapter à la petitesse de leur Plérôme. Qu'il y ait en effet trente Éons dans leur Plérôme, eux-mêmes l'attestent; mais que, dans une seule partie de la création susdite, on puisse compter, non pas trente espèces, mais des milliers et des milliers d'espèces, c'est ce dont n'importe qui conviendra. Et comment les êtres si nombreux de la création, composés d'éléments contraires, s'opposant entre eux et se détruisant les uns les autres, peuvent-ils être les images et les ressemblances des trente Eons du Plérôme, s'il est vrai que ceux-ci sont de même nature, comme ils disent, égaux et semblables et sans aucune différence? De plus, si les choses de ce monde sont les images des réalités supérieures, et si les hommes, à ce qu'ils disent, sont les uns naturellement mauvais et les autres naturellement bons, il fallait mettre aussi dans leurs Éons des différences semblables et dire que les uns ont été émis naturellement bons et les autres naturellement mauvais, pour qu'il y ait correspondance entre ces Eons et leurs images. De même encore, il y a dans le monde des êtres doux et des êtres féroces, des êtres inoffensifs et des êtres nuisibles et destructeurs, des êtres terrestres, des êtres aquatiques, des êtres ailés, des êtres célestes: leurs Eons devraient présenter les mêmes manières d'être, s'il est vrai que les choses de ce monde sont les images des réalités supérieures. Et le "feu éternel, que le Père a préparé pour le diable et pour ses anges Mt 25,41", duquel des Éons d'en haut est-il l'image? Ils devraient nous l'expliquer, car ce feu aussi fait partie de la création.

4 Peut-être diront-ils que les choses de ce monde sont les images de l'Enthymésis de l'Éon tombé en passion. Mais en ce cas, tout d'abord, ils commettent une impiété à l'égard de leur Mère, en faisant d'elle le principe d'images mauvaises et corruptibles; ensuite, comment des êtres nombreux, dissemblables, de natures contraires, pourront-ils être les images de cette unique et même Enthymésis? Peut-être encore diront-ils qu'il existe une multitude d'Anges dans le Plérôme et que les multiples êtres d'ici-bas sont précisément les images de ces Anges. Mais, en ce cas encore, leur système ne tient pas. Tout d'abord, les Anges du Plérôme devraient présenter des propriétés contraires, conformément à leurs images qui sont de natures contraires. Ensuite, il existe une multitude innombrable d'Anges autour du Créateur, ainsi qu'en témoignent tous les prophètes, disant que des myriades de myriades se tiennent auprès de lui et que des milliers de milliers le servent Da 7,10; s'il en est ainsi, les prétendus Anges du Plérôme auront pour images les Anges du Créateur et, dès lors, l'intégralité de la création demeurera à l'image du Plérôme, dont les trente Eons sont bien incapables de faire pendant à la multiforme diversité de la création.


Un Plérôme lui-même à l'image de réalités supérieures

5 De même encore, si les choses de ce monde ont été faites à la ressemblance des réalités supérieures, celles-ci, à leur tour, à la ressemblance de quoi auront-elles été faites? Si en effet l'Auteur du monde n'a pas créé de lui-même les êtres d'ici-bas, mais si, tel un artisan médiocre ou un écolier novice, il a simplement copié des modèles étrangers, où donc leur Abîme a-t-il puisé l'idée de la production émise en premier lieu par lui? Il est vraisemblable qu'il en a reçu le modèle de quelqu'un d'autre se trouvant au-dessus de lui, et ce dernier, à son tour, d'un autre. De la sorte, nous allons remonter à l'infini dans la série des images ainsi que des Dieux, à moins que nous ne fixions notre esprit sur le seul Artisan, sur le seul Dieu qui a fait de lui-même tout ce qui existe. On permet à des hommes d'avoir inventé d'eux-mêmes quelque objet utile à la vie: et à Dieu, qui a édifié le monde, on ne permettra pas d'avoir de lui-même conçu l'idée des choses et inventé l'ordonnance de l'univers ?

Choses de ce monde contraires aux réalités du Plérôme

6 D'ailleurs, comment expliquer que les choses de ce monde soient les images des réalités supérieures, alors qu'elles leur sont contraires et ne peuvent rien avoir de commun avec elles? En effet, des choses contraires peuvent bien être destructrices de ce dont elles sont les contraires, mais jamais elles ne pourront être leurs images. Ainsi l'eau et le feu, la lumière et les ténèbres, de même que les autres choses de ce genre, ne seront jamais les images les unes des autres. De même les choses corruptibles, terrestres, composées et passagères ne peuvent être les images de ce qu'ils nomment les réalités pneumatiques: à moins qu'ils n'admettent que ces dernières soient, elles aussi, composées, affectées de contours et de figures, et non plus spirituelles, fluides et insaisissables. Car il est indispensable qu'elles soient affectées de figures et de contours, pour que leurs images soient vraies, et, en ce cas, il est clair qu'elles ne sont pas spirituelles. Si, en revanche, elles sont spirituelles, fluides et insaisissables, comme ils le prétendent, comment des choses affectées de formes et de contours peuvent-elles être les images de réalités non affectées de figures et insaisissables ?

7 Ils diront peut-être qu'elles en sont les images, non selon la figure ou la forme, mais selon le chiffre et le rang de l'émission. Mais en ce cas, tout d'abord, on ne devrait pas dire que les choses de ce monde sont les images et les ressemblances des Éons qui sont là-haut: si elles n'ont ni leur figure ni leur forme, comment peuvent-elles être leurs images? Ensuite, qu'ils adaptent donc le nombre des Eons émis là-haut de manière à le faire correspondre à celui des êtres de la création: pour l'instant, en nous montrant trente Éons seulement et en assurant que les êtres innombrables de la création sont les images de ces trente, ils seront justement convaincus par nous d'être hors de sens.


208

Des "ombres" des réalités d'en haut

8 1 De plus, si, comme osent le dire certains d'entre eux, les choses de ce monde sont l'ombre des réalités supérieures, de telle sorte qu'elles soient par là même leurs images, ils devront nécessairement admettre que les réalités d'en haut sont, elles aussi, des corps. Car ce sont les corps placés en haut qui font de l'ombre, et non les êtres spirituels, qui ne peuvent fournir d'ombre à quoi que ce soit. Mais accordons-leur - ce qui est certes impossible - qu'il existe une ombre des réalités spirituelles et lumineuses, dans laquelle leur Mère serait descendue, à les en croire. En ce cas, puisque ces réalités supérieures sont éternelles, l'ombre faite par elles dure aussi éternellement, et les choses de ce monde ne sont plus transitoires, mais demeurent aussi longtemps que les réalités dont elles sont les ombres. Si les choses de ce monde passent, les réalités supérieures passent nécessairement aussi, puisque les premières sont l'ombre des secondes; mais, si les réalités supérieures demeurent, leur ombre demeure elle aussi.

2 Ils diront peut-être que, s'il y a une ombre, ce n'est pas que quelque chose fasse de l'ombre, mais c'est à cause de l'immense distance qui sépare les choses d'ici-bas de celles d'en haut. Mais cela revient à accuser de faiblesse et d'impuissance leur lumière paternelle, puisque celle-ci n'arriverait pas jusqu'à ce monde, mais se montrerait incapable de remplir le vide et de dissiper l'ombre, et cela quand personne ne lui oppose d'obstacle: car, d'après eux, leur lumière paternelle s'obscurcira et se changera en ténèbres, elle deviendra impuissante dans les lieux du vide, puisqu'elle est incapable de tout remplir. Qu'ils cessent alors de dire que leur Abîme est le Plérôme de toutes choses, s'il est vrai qu'il n'a ni rempli ni illuminé le vide et l'ombre. Ou bien, à l'opposé, qu'ils ne parlent plus d'ombre et de vide, s'il est vrai que leur lumière paternelle remplit tout.



VI. CONCLUSION


Témoignage unanime en faveur du Dieu Créateur

Résumé de la première partie

3 Ainsi donc, il ne peut exister, hors du premier Père, c'est-à-dire du Dieu qui est au-dessus de toutes choses, ou hors du Plérôme, un lieu en lequel serait descendue l'Enthymésis de l'Éon tombé en passion, si l'on ne veut pas que le Plérôme lui-même ou le premier Dieu soient limités, circonscrits et contenus par ce qui leur sera extérieur. Il ne peut non plus exister un vide ou une ombre, puisque le Père existe déjà auparavant, si l'on ne veut pas que sa lumière soit défaillante et se termine au vide: il est en effet stupide et impie d'imaginer un lieu où cesserait et prendrait fin celui qu'ils appellent le Pro-Père, le ProPrincipe, le Père de toutes choses et du Plérôme. Et il n'est pas davantage permis de dire, pour les motifs donnés plus haut, qu'un autre que le Père aurait fait une si vaste création dans le sein du Père, soit avec le consentement de celui-ci, soit sans son consentement: il est en effet pareillement impie et insensé de prétendre qu'une si vaste création aurait été faite, soit par des Anges, soit par un être émis et ignorant du vrai Dieu, dans le propre domaine de celui-ci. Il est impossible aussi que les choses terrestres et choïques aient été faites à l'intérieur de leur Plérôme, puisque celui-ci est tout entier pneumatique. Il est encore impossible que les êtres nombreux et mutuellement contraires de la création aient été faits à l'image des Éons du Plérôme, puisque ceux-ci sont, de l'aveu des hérétiques, peu nombreux, possèdent une forme semblable et ne font qu'un. Enfin leurs dires concernant l'ombre et le vide sont apparus faux à tous égards. Par conséquent la preuve est faite que leurs inventions sont vides, et leur doctrine, inconsistante: vides aussi sont ceux qui s'attachent à eux, en descendant en toute vérité dans l' "abîme" de la perdition.

209 9 l Qu'il y ait un Dieu Auteur du monde, c'est évident même pour ceux-là qui le contredisent de multiples façons et qui, malgré tout, le confessent encore en l'appelant Démiurge ou Ange - pour ne rien dire de toutes les Écritures qui proclament et du Seigneur qui enseigne que ce Dieu est le Père qui est aux cieux Mt 5,16 Mt 5,45 Mt 6,19 et nul autre que lui, comme nous le montrerons dans la suite de notre ouvrage. Pour l'instant, il nous suffit de posséder le témoignage de ceux qui nous contredisent, témoignage d'ailleurs corroboré par tous les hommes: par les anciens, qui ont gardé cette croyance grâce à la tradition issue du premier homme et qui ont célébré dans leurs chants un seul Dieu Créateur du ciel et de la terre; par tous ceux qui sont venus après eux et auxquels les prophètes de Dieu n'ont cessé de rappeler cette vérité, par les païens, enfin, qui l'ont apprise de la création elle-même: car la création montre son Créateur, l'oeuvre révèle son Ouvrier, le monde manifeste son Ordonnateur. Quant à toute l'Église, répandue dans le monde entier, c'est cette tradition même qu'elle a reçue des apôtres.


Nul témoignage en faveur du "Père" des hérétiques.

2 Si donc l'existence de ce Dieu est solidement établie, comme nous venons de le dire, et reçoit le témoignage de tous, sans aucun doute le Père inventé par eux est inconsistant et dépourvu de témoins: c'est Simon le Magicien qui, le premier, a déclaré qu'il était lui-même le Dieu qui est au-dessus de toutes choses et que le monde avait été fait par ses Anges; ensuite ses successeurs, comme nous l'avons montré dans notre Premier livre, ont échafaudé autour de cette donnée toute une diversité de doctrines impies et blasphématoires à l'adresse du Créateur; et ces gens-là enfin, qui sont leurs disciples, rendent pires que des païens ceux qui se fient à eux. Car les païens, "au lieu du Créateur, servent la créature Rm 1,25" et "des dieux qui ne le sont pas Ga 4,8"; toutefois ils attribuent le premier rang dans la divinité au Dieu Créateur de notre univers. Ces gens-là, au contraire, font du Créateur un "fruit de déchéance"; ils le taxent de psychique; ils le font ignorer la Puissance qui est au-dessus de lui et s'écrier: "C'est moi qui suis Dieu, et hors de moi il n'est point d'autre Dieu Is 46,9." Par là, il ment, disent-ils; or, les menteurs ce sont eux, qui rejettent sur lui toute leur perversité. En imaginant, selon leur système, un être inexistant au-dessus de Celui qui est Ex 3,14, ils sont convaincus de blasphémer le Dieu qui est et d'inventer un Dieu qui n'est pas, pour leur condamnation. Eux qui se disent "parfaits" et prétendent posséder la gnose de toutes choses, ils sont pires que les païens: leurs pensées sont plus blasphématoires, car elles se portent même contre leur propre Créateur.

210 10 1 Il est donc complètement déraisonnable d'abandonner le vrai Dieu, auquel tous rendent témoignage, pour chercher s'il est au-dessus de lui un Dieu qui n'est pas et qui n'a jamais été annoncé par personne. Car jamais rien n'a été dit de ce Dieu d'une manière manifeste, comme les hérétiques eux-mêmes en témoignent: s'ils présentent un autre Dieu que jamais personne n'avait cherché avant eux, il est clair que c'est en partant de paraboles, qui nécessitent elles-mêmes une recherche pour être correctement comprises, et en les accommodant de façon arbitraire au Dieu inventé par eux. C'est en effet en voulant expliquer les passages obscurs des Écritures - obscurs, non relativement à un autre Dieu, mais relativement aux "économies" de Dieu - qu'ils ont fabriqué un autre Dieu, tressant ainsi des cordes avec du sable, comme nous l'avons dit, et faisant naître une question plus considérable à côté d'une question de moindre importance. On ne résout pas une question par une autre question; des gens intelligents ne résolvent pas une obscurité par une autre obscurité, ni une énigme par une autre énigme encore plus grande; mais ces sortes de choses se résolvent à partir de ce qui est clair, harmonieux et évident.

2 Or ces gens-là, en cherchant à expliquer les Écritures et les paraboles, introduisent une autre question plus considérable et même impie, à savoir si, au-dessus du Dieu Auteur du monde, il existe un autre Dieu. De la sorte, ils ne résolvent pas les questions - on se demande pourquoi -, mais ils mêlent à une question moindre une question plus considérable et ils produisent un noeud impossible à délier. Car, pour paraître savoir, sans l'avoir appris, que le Seigneur est venu à l'âge de trente ans au baptême de la vérité, ils méprisent sacrilègement le Dieu Créateur qui l'a envoyé pour le salut des hommes; et pour paraître capables d'exposer d'où vient la substance de la matière, au lieu de croire que Dieu a fait de rien
2M 7,28 toutes choses comme il l'a voulu, afin qu'elles soient , en se servant de sa volonté et de sa puissance en guise de matière, ils ont accumulé de vains discours où s'étale leur incrédulité: c'est ainsi que, ne croyant pas à ce qui est, ils sont tombés dans ce qui n'est pas.


Crédibilité de l'enseignement de la foi, absurdité de la thèse hérétique

3 Car, quand ils disent que des larmes d'Achamoth est sortie la substance humide, de son rire, la substance lumineuse, de sa tristesse, la substance solide, et de sa crainte, la substance mobile, et quand ils s'élèvent et s'enflent d'orgueil à propos de telles inventions, comment ne pas trouver tout cela digne de moquerie et vraiment ridicule? Ils refusent de croire que Dieu, qui est puissant et riche en toutes choses, ait créé la matière elle-même, ignorants qu'ils sont du pouvoir de la substance spirituelle et divine; mais ils croient que leur Mère, qu'ils appellent "Femme issue de Femme", a émis la vaste matière de la création à partir des passions ci-dessus mentionnées. Ils cherchent à savoir d'où le Démiurge a tiré la matière de la création; mais ils ne cherchent pas à savoir d'où a pu venir à leur Mère, qu'ils appellent l' "Enthymésis de l'Éon égaré", une telle quantité de larmes, de sueurs et de tristesse, sans compter le reste de la matière émise par elle.

4 En effet, attribuer la matière des êtres créés à la puissance et à la volonté du Dieu de toutes choses, c'est croyable, admissible et cohérent. C'est ici qu'on peut dire avec raison: "Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu Lc 18,27." Les hommes ne peuvent pas faire quelque chose de rien, mais seulement à partir d'une matière préalable; Dieu l'emporte sur les hommes en ceci d'abord qu'il pose lui-même la matière de son ouvrage alors qu'elle n'existait pas auparavant. Mais prétendre que la matière proviendrait de l'Enthymésis d'un Eon égaré, que cet Éon aurait été d'abord séparé par une distance considérable de son Enthymésis, puis que la passion et la disposition de cette Enthymésis auraient été expulsées hors d'elle pour devenir la matière, voilà qui est incroyable, insensé, impossible et incohérent.

211 11 1 Ils ne croient pas que le Dieu qui est au-dessus de toutes choses a créé, dans son propre domaine, les êtres divers et dissemblables, et cela par son Verbe, comme il l'a voulu - puisqu'il est le Créateur de toutes choses -, à la façon d'un sage architecte et du plus grand des rois. Ils croient, au contraire, que ce sont des Anges ou quelque Puissance séparée de Dieu et ignorante de lui qui ont fait cet univers. C'est ainsi que, ne croyant pas à la vérité et roulant dans le mensonge, ils ont perdu le pain de la vraie vie et sont tombés dans le vide et dans l'"abîme" de l'ombre, pareils au chien d'Esope qui laissa là le pain pour se précipiter sur l'ombre et perdit sa nourriture. Il nous serait aisé de le démontrer à partir des paroles mêmes du Seigneur: celui-ci confesse un seul Père Mt 11,25, qui a fait le monde et modelé l'homme, qui a été annoncé par la Loi et les prophètes, et il n'en connaît point d'autre, et il confesse que ce Père est le Dieu qui est au-dessus de toutes choses, d'autre part, il enseigne et procure par lui-même à tous les justes la filiation adoptive à l'égard du Père, en laquelle consiste la vie éternelle Jn 17,2-3.

2 Mais, puisqu'ils aiment quereller et qu'ils brandissent en chicaneurs ce qui ne prête pas à chicane, en nous présentant une foule de paraboles et de questions, nous avons jugé à propos de les interroger d'abord à notre tour sur leurs doctrines, pour mettre en lumière l'invraisemblance de celles-ci et couper court à leur audace, et d'apporter ensuite les paroles du Seigneur: de cette manière, non seulement ils n'auront plus le loisir de poser des questions, mais, incapables de répondre de façon sensée à nos interrogations et voyant s'effondrer leur système, ils reviendront à la vérité, s'humilieront, renonceront à leurs multiformes imaginations, obtiendront de Dieu le pardon de leurs blasphèmes et seront sauvés; ou, s'ils persévèrent dans la vaine gloire qui s'est emparée de leurs âmes, ils modifieront du moins leur système.






DEUXIEME PARTIE


REFUTATION DES THÈSES VALENTINIENNES RELATIVES AUX ÉMISSIONS DES ÉONS, À LA PASSION DE SAGESSE ET À LA SEMENCE



I. LA TRIACONTADE


212

Défaut d'Éons

12 1 Tout d'abord, pour ce qui est de leur Triacontade, nous dirons qu'elle s'écroule tout entière des deux côtés à la fois de façon remarquable, et par défaut et par excès, cette Triacontade à cause de laquelle, prétendent-ils, le Seigneur serait venu au baptême à l'âge de trente ans Lc 3,23. Une fois celle-ci écroulée, il est clair que c'en sera fait de la totalité de leur système.

Leur Triacontade pèche donc d'abord par défaut. Premièrement, ils comptent le Pro-Père avec les autres Éons. Or il est inadmissible que le Père de toutes choses soit compté avec le reste des Éons, celui qui n'a pas été émis, avec ce qui a été émis, celui qui est inengendré, avec ce qui est engendré, celui qui ne peut être contenu, avec ce qui est contenu par lui, celui qui est sans forme, avec ce qui a reçu une forme. Pour autant qu'il est supérieur aux autres, il ne doit pas être compté avec eux. Il est d'autant plus inadmissible de compter avec un Éon passible et tombé dans l'erreur celui qui est impassible et incapable d'erreur: dans notre livre précédent, en effet, nous avons montré comment ils comptent leur Triacontade à partir de l'Abîme jusqu'à Sagesse, qu'ils nomment l' "Eon égaré", et nous avons reproduit les noms dont ils affublent tous ces Éons. Si donc nous décomptons le Pro-Père, il n'y a plus trente Éons, mais seulement vingt-neuf.

2 Ensuite, en appelant la première émission Pensée ou Silence et en disant que d'elle ont été émis à leur tour l'Intellect et la Vérité, ils s'égarent doublement. En effet, il est impossible de concevoir la pensée ou le silence de quelqu'un comme une entité à part, comme quelque chose qui serait émis au dehors et aurait sa figure propre. S'ils disent que la Pensée n'a pas été émise au dehors, mais qu'elle reste unie au Pro-Père, pourquoi alors la mettre en ligne de compte avec le reste des Éons, qui, eux, ne sont pas unis au Pro-Père et, pour cette raison, ignorent sa grandeur? Mais admettons leur hypothèse. Si la Pensée est unie au Pro-Père, il est de toute nécessité que, de cette syzygie unie, inséparable et ne faisant qu'un, soit faite une émission également inséparable et unie, pour qu'il n'y ait pas dissemblance. Or, s'il en est ainsi, tout comme l'Abîme et le Silence ne font qu'un, de même l'Intellect et la Vérité ne feront qu'une seule et même chose, toujours adhérents l'un à l'autre, du fait que l'un ne peut pas se concevoir sans l'autre. De même que l'eau ne va pas sans l'humidité, ni le feu sans la chaleur, ni la pierre sans la dureté - car ces choses sont mutuellement unies et ne peuvent être séparées l'une de l'autre, mais coexistent toujours -, de même faut-il que l'Abîme soit uni à la Pensée, et, semblablement, l'Intellect à la Vérité. A leur tour, le Logos et la Vie, émis par des Éons unis, doivent être unis et ne faire qu'un. De même l'Homme et l'Église et tous les autres Éons émis par couples doivent être unis et coexister toujours l'un avec l'autre. Car il faut bien, d'après leur système, que l'Éon féminin soit avec l'Éon masculin, puisqu'il est comme la propriété de celui-ci.

3 Et bien qu'il en soit ainsi et qu'ils affirment tout cela, néanmoins ils ont l'impudente audace d'enseigner que le plus jeune Éon de la Dodécade, celui qu'ils appellent Sagesse, a éprouvé une passion sans s'unir à son conjoint, qu'ils nomment Thélètos, et que cette Sagesse a engendré séparément et sans lui un fruit, qu'ils nomment "Femme issue de Femme". Tel est l'excès de leur folie, qu'ils professent de la façon la plus évidente deux thèses contradictoires sur le même sujet. Si, en effet, l'Abîme est uni au Silence, l'Intellect à la Vérité, le Logos à la Vie, et ainsi de suite, comment Sagesse a-t-elle pu éprouver une passion et engendrer en dehors de l'union à son conjoint? Et si elle a éprouvé cette passion sans lui, nécessairement aussi les autres couples pourront connaître défection et séparation mutuelles. Mais cela est impossible, comme nous l'avons dit plus haut. Il est donc impossible que Sagesse ait éprouvé une passion sans Thélètos, et c'en est fait, une fois encore, de tout leur système: car c'est de la passion prétendument éprouvée par Sagesse sans être unie à son conjoint qu'ils font sortir toute la suite de leur drame.

4 Peut-être, pour sauver leur vain discours, admettront-ils sans vergogne que, à cause de la dernière syzygie, les autres syzygies se soient trouvées séparées elles aussi. Mais alors, tout d'abord, ils s'arrêtent à une impossibilité: comment séparer le Pro-Père de sa Pensée, l'Intellect de la Vérité, le Logos de la Vie, et de même tous les autres? D'autre part, comment les hérétiques peuvent-ils dire qu'ils font eux-mêmes retour à l'unité et que tous ils ne sont qu'un, si les syzygies qui sont à l'intérieur du Plérôme ne gardent pas leur unité, si les Éons qui les composent se séparent les uns des autres, au point d'éprouver des passions et d'engendrer sans s'unir à leur conjoint, comme feraient des poules sans coqs ?

5 Voici une dernière manière de renverser leur primitive et fondamentale Ogdoade. Dans le même Plérôme se trouveraient notamment l'Abîme et le Silence, l'Intellect et la Vérité, la Parole et la Vie, l'Homme et l'Église. Mais il est impossible qu'existe le Silence lorsqu'est présente la Parole, ou la Parole, lorsqu'est présent le Silence. Ces choses s'éliminent mutuellement, comme la lumière et les ténèbres qui ne peuvent se trouver en un même lieu: s'il y a lumière, il n'y a pas ténèbres, et, s'il y a ténèbres, il n'y a pas lumière, car la venue de la lumière entraîne la disparition des ténèbres. De même là où est le Silence n'est pas la Parole, et là où est la Parole n'est pas le Silence. Diront-ils qu'il s'agit d'une Parole demeurant à l'intérieur? Mais alors le Silence est intérieur lui aussi: par conséquent il est évacué par la Parole intérieure. Mais, que cette Parole ne soit pas intérieure, la notion même d'émission, telle qu'ils l'entendent, le dit assez. 6 Qu'ils ne disent donc plus que la primitive et fondamentale Ogdoade renferme la Parole et le Silence, mais qu'ils rejettent ou la Parole ou le Silence.

Ainsi croule leur primitive et fondamentale Ogdoade. En effet, s'ils déclarent unies leurs syzygies, c'en est fait de tout leur système: comment, les syzygies étant unies, Sagesse a-t-elle pu engendrer sans son conjoint la déchéance? Si, au contraire, ils déclarent que chaque Éon, du fait de son émission, possède sa substance à soi, comment le Silence et la Parole pourront-ils exister dans un même Plérôme? Ainsi la Triacontade pèche-t-elle par défaut.

Excès d'Eons

7 Mais cette même Triacontade pèche aussi par excès. Le Monogène, disent-ils en effet, a émis, de la même manière que les autres Eons, Limite, qu'ils désignent par plusieurs vocables, comme nous l'avons dit dans le livre précédent; certains, du moins, le font dériver du Monogène, tandis que, selon d'autres, c'est le Pro-Père lui-même qui l'aurait émis à sa propre ressemblance. Ce n'est pas tout: le Monogène, disent-ils, a encore émis Christ et Esprit Saint. Or, ces Eons, ils ne les comptent pas au nombre des Eons du Plérôme, non plus que le Sauveur, auquel ils donnent aussi le nom de Tout. Il saute pourtant aux yeux, même d'un aveugle, qu'il n'y a pas seulement trente Eons à avoir été émis, d'après leur système, mais bien trente-quatre. Ils comptent dans le Plérôme le Pro-Père lui-même et les Eons émis successivement les uns à partir des autres. Pourquoi, dès lors, ne pas compter avec eux des Eons se trouvant dans le même Plérôme et émis de la même manière qu'eux? Pour quel juste motif refuser de compter avec les autres Éons le Christ, émis par le Monogène sur l'ordre du Père, et l'Esprit Saint, et Limite, appelé aussi Croix, et le Sauveur lui-même, venu pour secourir et former leur Mère? Serait-ce parce que ceux-ci sont inférieurs à ceux-là et, dès lors, indignes du nom et du rang d'Eons? Ou parce qu'ils leur seraient supérieurs et l'emporteraient sur eux? Mais comment leur seraient-ils inférieurs, eux qui ont été émis pour la consolidation et le redressement des autres? Supérieurs à la première et fondamentale Tétrade, ils ne peuvent l'être non plus, puisqu'ils ont été émis par elle: car cette Tétrade appartient bien à la Triacontade susdite. Il faudrait donc compter, aussi ceux-ci dans le Plérôme des Éons, ou enlever à ces Eons-là l'honneur d'un tel nom.

8 Ainsi donc, comme nous venons de le montrer, leur Triacontade s'évanouit et par manque et par excédent: car si, dans le cas d'un nombre de cette sorte, un excédent ou un manque suffit à éliminer le nombre en question, combien plus le feront l'un et l'autre à la fois. De la sorte, la fable relative à leur Ogdoade et à leur Dodécade ne tient plus debout, et c'est même leur système tout entier qui chancelle, une fois que cet appui a été détruit et s'est évanoui dans l'Abîme, autrement dit dans le néant. Qu'ils cherchent donc dorénavant d'autres raisons explicatives aux trente années qu'avait le Seigneur lors de son baptême, au fait qu'il y avait douze apôtres ou que la femme souffrait d'un flux de sang depuis douze ans, ainsi qu'à tous les autres problèmes sur lesquels ils peinent bien vainement.





II. LE FAIT DES ÉMISSIONS



Irénée adv. Hérésies Liv.2 ch.6