Anthologie poésie mariale - LA BASILIQUE


AH! DE SA TIGE D'OR





Ah! de sa tige d'or quand cette Fleur du ciel Tomba pour embaumer les vallons d'Israël, Que les vents étaient doux qui passaient dans les nues! Tu vis naître, ô Saron, des roses inconnues! Tes palmiers, ô Gadès émus d'un souffle pur, Bercèrent, rajeunis, leurs palmes dans l'azur! Ton cèdre, ô vieux Liban, noir d'une ombre profonde, Croyant qu'il revoyait les premiers jours du monde, Salua le soleil qui brilla sur Eden! Le parfum oublié de l'antique jardin, Comme un cher souvenir et comme une promesse, Des enfants de l'exil adoucit la tristesse, Et de célestes voix, en chanta harmonieux, Dirent ton nom, Marie, à l'univers joyeux. Terre! oublie en un jour ton antique détresse! O cieux! comme les mers, palpitez d'allégresse! La Vierge bienheureuse est née au sein de Dieu! Elle vole, aux clartés de l'arc-en-ciel en feu, La Colombe qui porte à l'arche du refuge Le rameau d'olivier qui survit au déluge! La mystique Rosier va parfumer les airs! L'étoile matinale illumine les mers!














Saluez, bénissez, créatures sans nombre, Celle que le Très-Haut doit couvrir de son ombre, Et qui devra porter, vierge, en ses flancs bénis. Le Dieu qui précéda les siècles infinis!














CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867) L'auteur des Fleurs du mal pourra paraître peu à sa place dans une « Anthologie mariale » Pourtant Baude­lairedont l'enfance fut malheureuse par l'absence de père et le manque de tendresse de la part de sa mère rema­riéeeut toujours la nostalgie de l'affection perdue. Dans le poème ci-dessous il laisse son âme s'adresser à sa façon c'est-à-dire d'une manière à la fois mystérieuse et pénétrante : A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère, Dont le regard divin t'a soudain refleuri... Baudelaire, comme l'a dit V. Hugo, a doté l'art « d'un frisson nouveau » // est par là le père des « symbolistes » tout en ayant gardé du « Parnasse » le souci de l'ouvrage bienfait. Sur le plan religieux, il semblerait paradoxal de voir en lui un poète catholique mais son sens aigu de la souffrance et du péché donne souvent à ses vers une émotion mystique et une puissance d'expression indé­niables...















QUE DIRAS-TU CE SOIR?





Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire, Que diras-tu mon cœur, cœur autrefois flétri, A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère, Dont le regard divin t'a soudain refleuri? Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges : Rien ne vaut la douceur de son autorité; Sa chair spirituelle a le parfum des Anges, Et son œil nous revêt d'un habit de clarté. Que ce soit dans la nuit et dans la solitude, Que ce soit dans la rue et dans la multitude, Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau. Parfois il parle et dit : « Je suis belle, et j'ordonne Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau; Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone. r














ALPHONSE DAUDET





(1840-1897) Prononcer le nom d'Alphonse Daudet, c'est évoquer la Provence, le merveilleux pays des cigales avec Tarlarin et l'Arlésienne. Né à Nîmes en 1840, Daudet passa quelques années d'enfance à Lyon et vécut la plus grande partie de sa vie à Paris mais garda toujours la nostalgie de son pays natal. Le succès de son premier recueil de vers Les Amoureuses, en 1858, le fit tout de suite s'orienter vers la carrière des lettres. Huit ans plus tard, Les Lettres de mon moulin consacrèrent à tel point son talent qu'à vingt-six ans il était peut-être l'écrivain le plus célèbre de sa génération. Tartarin de Tarascon et Le Petit Chose confirmèrent encore la gloire du poète ainsi que le livret de L'Arlésienne dont le succès fut considérable grâce éga­lement, il faut le reconnaître, à la partition musicale de Georges Bizet... Daudet est rangé le plus souvent avec les frères Concourt parmi les impressionnistes. Il a pourtant beaucoup de caractéristiques le rapprochant des réalistes. Il saisit tou­jours, en effet, le détail pittoresque, l'attitude qui campe un personnage et la scène typique prise sur le vif. Plein de verve et d'esprit Daudet est un conteur délicieux sachant, en bon méridional, manier la galéjade mais il y a par­fois aussi chez lui une sorte de délicate mélancolie, de tristesse douce et prenante à la fois. On retrouve toutes














ces qualités dans le poème de La Vierge à la crèche, véri­table berceuse, émouvante à souhait, où une seule larme de la Maman suffit à endormir l'Enfant espiègle mais au cœur d'or...















LA VIERGE A LA CRÈCHE





Dans ses langes blancs fraîchement cousus, La Vierge berçait son enfant Jésus. Lui, gazouillait comme un nid de mésanges. Elle le berçait, et chantait tout bas Ce que nous chantons à nos petits anges... Mais l'Enfant Jésus ne s'endormait pas. Étonné, ravi de ce qu'il entend, Il rit dans sa crèche et s'en va chantant Comme un saint lévite et comme un choriste; Il bat la mesure avec ses deux bras, Et la Sainte Vierge est triste, bien triste De voir son Jésus qui ne s'endort pas. « Doux Jésus, lui dit sa mère en tremblant, Dormez, mon agneau, mon bel agneau blanc, Dormez, il est tard, la lampe est éteinte, Votre front est rouge et vos membres las; Dormez, mon amour, et dormez sans crainte. » Mais l'Enfant Jésus ne s'endormait pas. « Si, quelques instants, vous vous endormiez, Les songes viendraient, en vols de ramiers,














Et feraient leurs nids sous vos deux paupières, Ils viendront; dormez, doux Jésus. » Hélas! Le petit Jésus ne s'endormait pas. Et Marie, alors, le regard voilé, Pencha sur son fils un front désolé : « Vous ne dormez pas, votre mère pleure, Votre mère pleure, ô mon bel ami... » Des larmes coulaient de ses yeux; sur l'heure, Le petit Jésus s'était endormi.














JOSÉ-MARIA DE HEREDIA (1842-1905) Fervent disciple et admirateur de Leconte de Liste, José-Maria de Heredia égala, pour ne pas dire dépassa, son maître. Né à Santiago de Cuba d'une mère française et d'un père espagnol descendant des « Conquistadors » célébrés dans le poème les Conquérants, il vint se fixer avec sa famille à Paris. Après de brillantes études, il entra à l'École des Chartes, abandonna un certain temps la carrière pour se consacrer à la poésie puis accepta finale­ment la charge d'administrateur de la Bibliothèque de l'Arsenal. Il publia dans différentes revues durant trente ans des sonnets qu'il réunit tardivement, en 1895, dans un seul recueil : Les Trophées. Le succès de l'ouvrage fut consi­dérable et lui ouvrit les portes de l'Académie deux ans plus tard. Heredia est un parnassien pur, il utilise avec bonheur les sonorités riches et tout ce qui donne éclat ou relief. Son Ave, maris Stella apporte une authentique bouffée de cette délicieuse poésie bretonnante qui, tel l'Angélus, s'envole « des clochers de Roscoff à ceux de Sgbiril! » ..















AVE, MARIS STELLA





Sous les coi des de lin, toutes, croisant leurs bras, Vêtus de laine rude ou de mince percale, Les femmes, à genoux sur le roc de la cale, Regardent l'Océan blanchir l'île de Batz. Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas, Avec ceux de Paimpol, d'Audierne et de Cancale, Vers le Nord, sont partis pour la lointaine escale; Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas! Par-dessus la rumeur de la mer et des côtes Le chant plaintif s'élève, invoquant à voix hautes L'Étoile sainte, espoir des marins en péril; Et l'Angélus, courbant tous ces fronts noirs de hâle, Des clochers de Roscoff à ceux de Sybiril S'envole, tinte et meurt dans le ciel rose et pâle.














FRANÇOIS COPPÉE (1842-1908) Parisien d'origine, François Coppée ne quitta jamais la capitale chère à son cœur. Dans l'un de ses poèmes, Pro­menade, il exprime délicieusement sa joie de folâtrer le soir dans les rues de sa ville pour : Voir la nuit qui s'étoile et Paris qui s'allume... Petit fonctionnaire successivement attaché au ministère de la Guerre, à la Bibliothèque du Sénat et au Théâtre-Français, il écrivait sans rien dire des poèmes. Il avait vingt-quatre ans quand il publia son premier recueil de vers Le Reliquaire. Vinrent ensuite : Intimités (1868), Les Humbles (1872), Le Cahier rouge (1873). Ses premières œuvres passèrent inaperçues mais le grand succès de la pièce Le Passant, bien oubliée aujourd'hui, lui apporta la gloire. Parnassien plus par son sens du réel que par la gran­deur et l'impassibilité, François Coppée s'est attaché sur­tout à la poésie des faubourgs, des gens humbles et des choses quotidiennes. Il excelle dans le genre triste et tran­quille d'où il sait faire ressortir le charme mélancolique et la secrète valeur. Joints à ces qualités, les sentiments de repentir et de confiance font du poème à la vierge En égrenant le chapelet une page fort émouvante et très typique de leur auteur...














EN ÉGRENANT LE CHAPELET





Prenant le chapelet qui s'use sous mes doigts, Ce soir, j'ai récité Y Ave dix fois, vingt fois. Ayant péché, j'étais d'une tristesse amère. Mais, simplement, ainsi qu'un fils devant sa mère, Mains jointes, à genoux, les yeux mouillés de pleurs, J'ai répété : « Priez pour nous, pauvres pécheurs! » Et dans mon cœur je sens la paix renaître. Je crois, j'espère en Dieu, je sais qu'il est un maître Miséricordieux, bon, clément, paternel. Pourtant il est aussi, sur son trône éternel, Mon juge, et quand je songe à ma vie, il me semble Que je suis bien souillé, bien coupable, et je tremble. Oui, mais la Bonne Vierge est là, qui me défend. Souvenez-vous. Jadis, quand vous étiez enfant Et, pour vous châtier de quelque grave faute, Quand le père irrité se levait, la main haute, Votre mère arrêtait le bras prêt à frapper. Or, dans le saint récit qui ne peut nous tromper, Jésus-Christ sur la croix, montrant Jean à Marie, Lui dit : « Voilà ton fdsl » C'est pourquoi je la prie, A l'heure de la mort, d'implorer mon pardon. Car, quand Jésus lui fit ce mystérieux don,














Il lui léguait ainsi l'humanité chrétienne Tout entière, et ta mère, ô Seigneur, est la mienne. Ma mère, intercédez donc pour moi, s'il vous plaît. Dans le creux de ma main, je vois mon chapelet, Et, pour moi, ses grains noirs sont comme une semence Qu'avec un grand espoir je jette au ciel immense. Chaque Ave va bientôt, miracle merveilleux! S'épanouir aux pieds de la Reine des Cieux Et, suave parfum, ma prière fleurie Montera doucement vers la Vierge Marie.














PAUL VERLAINE (1844-1896) Les psychanalystes classeraient sans doute Verlaine dans la catégorie des anxieux. En son cœur paraît sourdre tou­jours la musique triste de sa célèbre Chanson d'automne : Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon cœur D'une langueur Monotone. Sa vie reflète son tempérament tourmenté. Né à Metz en 1844, d'un père officier, il passe sa jeunesse à Paris, se lie d'une amitié inavouable avec Arthur Rimbaud qui se terminera par une querelle dramatique et conduira Ver­laine en prison. Ce fait plus que regrettable fut peut-être, en définitive, bénéfique. Dans le silence Verlaine réfléchit, prend des résolutions qu'Une tiendra d'ailleurs guère, mais retrouve la foi, ce qui va donner à son œuvre une nouvelle et toute différente orientation. Il avait jusque-là publié Les Poèmes saturniens en 1866, Les Fêtes galantes en 1869, La Bonne Chanson en 1870, autant d'ouvrages qui avaient attiré l'attention sur lui, mais sans plus. Ce sont ses dernières œuvres Sagesse, Élégies, Les Poètes maudits














qui lui apportent la gloire. Dès lors les jeunes poètes se pressent autour de lui et le considèrent comme un véri­table maître. Les poèmes à la Vierge reproduits ici éclatent comme toutes les œuvres de Verlaine de musicalité, d'émo­tion bohème et profonde tout ensemble!...





















MOIS DE MARIE





Les plus belles voix De la Confrérie Célèbrent le mois Heureux de Marie O les douces voix! Monsieur le curé L'a dit à la messe : C'est le mois sacré Écoutons sans cesse Monsieur le curé. Faut nous distinguer, Faut, mesdemoiselles, Bien dire et fuguer Les hymnes nouvelles. Faut nous distinguer. Bien dire et filer Les motets antiques, Bien dire et couler Les anciens cantiques Filer et couler.














Dieu nous bénira, Nous et nos familles. Marie ouïra Les vœux de ses filles, Dieu nous bénira. Elle est la bonté, C'est comme la Mère Dans la trinité, La Fille et la Mère. Elle est la bonté, La compassion, Sans fin et sans trêve, L'intercession Qu'appuie et soulève La compassion. Avant le salut Chantons ses louanges, Pendant le salut Chantons ses louanges Après le salut Chantons ses louanges.














JE NE VEUX PLUS AIMER





Je ne veux plus aimer que ma mère Marie. Tous les autres amours sont de commandement. Nécessaires qu'ils sont, ma mère seulement Pourra les allumer aux cœurs qui l'ont chérie. C'est pour Elle qu'il faut chérir mes ennemis, C'est pour Elle que j'ai voué ce sacrifice, Et la douceur de cœur et le zèle au service, Comme je la priais, Elle les a permis. Et comme j'étais faible et bien méchant encore, Aux mains lâches, les yeux éblouis des chemins, Elle baissa mes yeux et me joignit les mains, Elle m'enseigna les mots par lesquels on adore. C'est par Elle que j'ai voulu de ces chagrins, C'est pour Elle que j'ai mon cœur dans les Cinq Plaies. Et tous ces bons efforts vers les croix et les claies, Comme je l'invoquais, Elle en ceignit mes reins. Je ne veux plus penser qu'à ma mère Marie, Siège de la Sagesse et source des pardons, Mère de France aussi, de qui nous attendons Inébranlablement l'honneur de la patrie.














Marie Immaculée, amour essentiel, Logique de la foi cordiale et vivace, En vous aimant qu'est-il de bon que je ne fasse, En vous aimant du seul amour, Porte du Ciel?















ELLE





L'âme antique était rude et vaine Et ne voyait dans la douleur Que l'acuité de la peine Ou l'étonnement du malheur... La douleur chrétienne est immense Elle, comme le cœur humain Elle souffre, puis elle pense Et calme, poursuit son chemin. Elle est debout sur le Calvaire Pleine de larmes et sans cris, C'est également une mère Mais quelle mère, de quel fds? Elle participe au supplice Qui sauve toute nation Attendrissant le sacrifice Par sa vaste compassion. Et comme tous sont les fds d'elle, Sur le monde et sur sa langueur, Toute la charité ruisselle, Des sept blessures de son cœur.














Au jour qu'il faudra, pour la gloire Des cieux enfin tout grands ouverts Ceux qui surent et purent croire Bon et doux, sauf au seul pervers. Ceux-là, vers la joie infinie Sur la colline de Sion Monteront d'une aile bénie Aux plis de son Assomption.




















TRISTAN CORBIÈRE (1845-1875) Tristan Corbière incarne véritablement le vieux terroir breton. Né au manoir de Coat-Congar, près de Morlaix, d'un père obscur romancier maritime, il aurait voulu lui-même être marin. Diminué physiquement, perclus de rhu­matismes dès l'âge de quinze ans, il vécut accroché à sa lande finistérienne et mourut prématurément à trente ans dans la solitude la plus affreuse. Dans son unique volume Les Amours jaunes, il a montré son grand amour de la Bretagne et de la mer (plus encore chère à son cœur) en même temps que son tempérament passionné et cynique de révolté. Inconnu de son vivant, il le serait peut-être tou­jours si Verlaine n'avait signalé son talent et ne lui avait réservé un chapitre dans ses « Poètes maudits » .. Du poème que nous citons se dégage une peinture remar­quable des sentiments bretons à l'endroit de la Vierge. Bien des strophes semblent taillées à coup de hache comme la statue de la Madone, mais derrière les détails réalistes qui expriment bien les vieilles coutumes locales où se mélangent foi et superstition, apparaît aussi la profonde dévotion des gens d'Arvor « Tout cœur de chêne dur et bon » ..















LE PARDON





Mère taillée à coups de hache, Tout cœur de chêne dur et bon; Sous l'or de ta robe se cache L'âme en pièce d'un franc-Breton. — Vieille verte à face usée Comme la pierre du torrent, Par des larmes d'amour creusée, Séchée avec des pleurs de sang... — 0 toi qui recouvrais la cendre, Qui filais comme on fait chez nous, Quand le soir venait à descendre, Tenant I'enfant sur tes genoux; Toi qui fus là, seule pour faire Son maillot neuf à Bethléem, Et là, pour coudre son suaire Douloureux, à Jérusalem!... Des croix profondes sont tes rides, Tes cheveux sont blancs comme fils... — Préserve des regards arides Le berceau de nos petits-fils!














Fais venir et conserve en joie Ceux à naître et ceux qui sont nés. Et verse, sans que Dieu te voie, L'eau de tes yeux sur les damnés! Reprends dans leur chemise blanche Les petits qui sont en langueur... Rappelle à l'éternel Dimanche Les vieux qui traînent en longueur — Dragon-gardien de la Vierge, Garde la crèche sous ton œil. Que, près de toi, Joseph-concierge Garde la propreté du seuil! Prends pitié de la fille-mère, Du petit au bord du chemin... Si quelqu'un leur jette la pierre, Que la pierre se change en pain! Dame bonne en mer et sur terre, Montre-nous le ciel et le port, Dans la tempête ou dans la guerre... O fanal de la bonne mort! — Aux perdus dont la vie est grise, (— Sauf respect — perdus de boissons) Montre le clocher de l'église Et le chemin de la maison. Prête ta douce et chaste flamme Aux chrétiens qui sont ici... Ton remède de bonne femme Pour les bêtes-à-corne aussi!














Montre à nos femmes et servantes L'ouvrage et la fécondité... — Le bonjour aux âmes parentes Qui sont bien dans l'éternité! Nous mettrons un cordon de cire, De cire-vierge jaune, autour De ta chapelle; et ferons dire Ta messe basse au point du jour. — Préserve notre cheminée Des sorts et du monde malin... A Pâques te sera donnée Une quenouille avec du lin. Si nos corps sont puants sur terre, Ta grâce est un bain de santé; Répands sur nous, au cimetière, Ta bonne odeur-de-sainteté. — A l'an prochain! — Voici ton cierge : (C'est deux livres qu'il a coûté) ... Respects à Madame la Vierge, Sans oublier la Trinité.






ARTHUR RIMBAUD





(1854-1891) Né à Charleville dans un foyer désuni, garçon génial, à sept ans Arthur Rimbaud écrivait des vers, à quinze publiait ses poèmes les plus célèbres dans un journal local Le Progrès des Ardennes, pour terminer définitivement sa carrière de poète à vingt... Plusieurs fois, il quitta son domicile pour Charleroi, Bruxelles et Paris où il fut emprisonné parce que mineur voyageant sans billet, adresse ni bagages. Un jour il rencontra Verlaine, ils vagabon­dèrent ensemble à Londres puis à Bruxelles et, leur amitié dégénérant, il reçut de son belliqueux partenaire deux coups de revolver. Seulement blessé il repartit en équipée folle, en Allemagne cette fois, avec un garçon dont il avait fait connaissance, Germain Nouveau. En 1876, il s'en­gagea dans l'Armée coloniale, déserta bientôt et revint de Batavia en France puis repartit en Ethiopie où il mena une triste vie. On le retrouve à Marseille, où il mourra prématurément à l'hôpital le 10 novembre 1891... Son style est parfois digne d'un halluciné mais a également des accents d'un pathétique déconcertant... Il y a peut-être dans son œuvre les plus beaux vers jamais écrits car sa puissance d'évocation est inégalable. On est heureux de trouver sous sa plume un poème où il parle de Marie, et qui ressemble à tous les autres par sa prenante étran-geté...


CHANSON DE LA PLUS HAUTE TOUR

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah! que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent!
Je me suis dit : Laisse,
Et qu'on ne te voie.
Et sans la promesse
De plus hautes joies
Que rien ne t'arrête,
Auguste retraite.
0 mille veuvage
De la si pauvre âme
Qui n'a que l'image
De la Notre-Dame : Est-ce que l'on prie
La Vierge Marie?



J'ai tant fait patience
Qu'à jamais j'oublie.
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.
Ainsi la prairie
A l'oubli livrée;
Grandie et fleurie
D'encens et d'ivraies;
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.
Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse,
J'ai perdu la vie.
Ah! que le temps vienne
Où les cœurs s'éprennent l





LOUIS LE CARDONNEL (1862-1936)

« Ce n'est pas un poète, disait de Le Cardonnel J. Calvet, c'est la poésie même, radieuse, chantante, douce à tous les cœurs humains, au-delà des formules d'écoles et des esthétiques de chapelle. » Né à Valence en 1862, Le Cardonnel aima sa ville comme un enfant sa mère : Je suis né à Valence aux mémoires romaines Qui voit les monts bleuir dans ses horizons clairs... Enfant intelligent et songeur, il fit d'excellentes études classiques au petit Séminaire diocésain, fréquenta d'abord tous les cabarets à la mode avant de commencer sa théolo­gie à Paris et fut ordonné prêtre à Rome en 1896. Il publia son premier recueil, Poèmes, en 1904, puis Carmina sacra en 1912. A Paris, il était devenu l'ami des grands de l'époque plus particulièrement de Mallarmé, Samain et Verlaine. Tenté par la vie bénédictine puis oratorienne, il demeura un an à Ligugé et quelque temps à Fribourg. Il regagna ensuite l'Italie dont il avait la nostalgie, et partagea son temps entre Valence et Avignon. Le Cardonnel fut à la fois prêtre et poète. Il a apporté à la poésie son âme mystique et à la foi son cœur de poète, d'où la profondeur et la délicatesse de ses œuvres. La Prière mariale d'un soir d'été et Virgini matri que nous transcrivons mettent bien en relief ce mélange exceptionnel de gravité théologique et de douceur poétique qui l'a fait appeler assez justement « le pèlerin de l'Invisible » ..




PRIÈRE DU SOIR D'ÉTÉ





Le soir qui remplaça l'énervant crépuscule Lui-même va mourir : et peu à peu, sans bruit, Remplissant l'air fiévreux d'une haleine qui brûle, Se glissera vers nous l'insidieuse Nuit. Afin que nous soyons vainqueurs de ses prestiges, Assiste-nous, ô Reine au manteau constellé, Vierge toujours clémente et féconde en prodiges, Qui foule le Dragon d'un pied immaculé. Que par tes soins, avec le Sommeil taciturne, Les songes et l'oubli descendent bienfaisants, Et que le rampement de la Chose nocturne N'entoure pas nos cœurs de ses objets pesants. Fais qu'il retombe au fond de son Érèbe sombre, Le vieux Serpent jaloux de l'homme racheté, Le subtil Ennemi qui travaille dans l'ombre, Le Tentateur puissant des lourdes nuits d'été. Ainsi jusqu'au matin, sans périls et sans craintes, Aux douleurs d'ici-bas nous fermerons les yeux : Puis le cœur retrempé pour les batailles saintes, Dressés, dès le réveil, dans un élan joyeux,




Nous te dirons merci, grande Vierge, qui passes En beauté la blancheur des sommets et des lys, Tandis que s'épendra dans les profonds espaces L'éclatante lumière, image de ton Fils.





VIRGINI MATRI


0 Sagesse créée, en qui l'autre se mire, 0 Vierge, dont le nom murmuré sent la myrrhe, Tu n'as pas écarté le bras qui me défend; Et voici bien des jours que je suis ton enfant. Au berceau, mon destin fut mis sous tes auspices : Pour ton Fils je combats dans les saintes milices. Je lutte par la voix, Prêtre, Apôtre, Chanteur : Dans mon âme répands le souffle inspirateur. Fais, par tes soins jaloux, ma douce providence, Qu'en moi cessent tout mal et toute discordance; Sous ton manteau sacré, loin des corruptions, Nourris la pureté de mes conceptions. Temple vivant de Dieu, que, bientôt, je te dise En des chants inspirés qui consolent l'Église : Protège mon présent, garde mon avenir, Et, pour que dans mes vers toujours je sache unir La Foi prudente avec la poésie ailée, Préside à mes travaux, Sagesse immaculée.







JEHAN RICTUS (1867-1933)

Jehan Rictus (pseudonyme de Gabriel Randon de Saint-Amand) est né à Boulogne-sur-Mer en 1867. Fils naturel d'un aristocrate anglais et d'une marquise française, quasi abandonné par sa famille, il connut une jeunesse d'enfant de la balle. Il débuta en 1896 comme comédien au cabaret des « Quat'z Arts » y interprétant ses propres œuvres. Les Soliloques du Pauvre, poèmes satiriques, crus mais émou­vants lui apportent subitement la célébrité. Suivent Les Doléances en 1899, Les Cantilènes du malheur en 1902 et Le Cœur populaire en 1914, fort bien accueillis du public de l'époque malgré le patois faubourien... Les gens prudes et les tenants du beau langage seront peut-être surpris de voir citer ici un poème de Jehan Rictus. Nous leur répondrons en laissant la parole à d'éminents critiques, à Emile Faguet d'abord : « // peint les malheureux, les traîne-misère et il les fait parler avec une éloquence sauvage et amère qui donne le frisson. C'est un grand poète... » Henri d'Aimeras d'ajouter: lSi Villon vivait aujourd'hui, il s'appellerait Jehan Rictus et il reconnaîtrait comme siennes ces cantilènes pleines d'amertume et de pitié, de colère et de tendresse... r





LA CHARLOTTE


Seigneur Jésus, je pense à vous! Ça m'prend comm'ça, gn'y a pas d'offense! J'suis mort'de foid, j'me quiens pus d'bout, ce soir encor... j'ai pas eu d'chance. Ce soir, pardi! c'est Réveillon : on n'voit passer qu'des rigoleurs; j'gueul'rais « au feu » ou « au voleur r, qu'personne il y f'rait attention. Et vous aussi Vierge Marie, Sainte-Vierge, Mère de Dieu, qui pourriez croir'que j'vous oublie, ayez pitié du haut des cieux. J'suis là, Saint'Vierge, à mon coin d'rue où d'pis l'apéro, j'bats la semelle; j'suis qu'eune ordur, qu'eun'fill'perdue, c'est la Charlotte qu'on m'appelle. Sûr qu'avant d'vous causer preumière, eun'femm' qu'est pus bas que l'ruisseau devrait conobrer ses prières, mais y m'en r'vient qu'des p'tits morceaux.



Vierge Marie... pleine de grâce... j'suis fauchée à mort, vous savez; mes pognets, c'est pus qu'eun'crevasse et me v'ià ce soir su'l'pavé. Si j'entrais m'chaufîer à l'église, on m'foutrait dehors, c'est couru; ça s'voit trop que j'suis fuTsoumise... (oh! mand'pardon, j'viens d'dire <¦ foutu r)• T'nez, z'yeutez, c'est la Saint-Poivrot; tout flamb', tout chahut', tout reluit... les restaurants et les bistrots y z'ont la permission d'ia nuit. Tout chacun n'pens'qu'à croustiller. Y a plein d'mond' dans les rôtiss'ries, les épic'mards, les charcut'ries, et ça sent bon l'boudin grillé. Ça m'fait gazouiller les boïaux! Brrr! à présent Jésus est né. Dans les temps, quand c'est arrivé, s'y g'iait comme y gèle e'c'te nuit, su'la paill' de vot' écurie v's'z'avez rien dû avoir frio, Jésus et vous, Vierge Marie. Bing!... on m'bouscule avec des litres, des pains d'quatr'livr's, des assiett's d'huîtres, Non, r'gardez-moi tous ces salauds!



(Oh! esscusez, Vierge Marie, j'crois qu'j'ai cor dit un vilain mot!) N'est-c' pas que vous êt's pas fâchée qu'eun' fill' d'amour plein'de péchés vous caus' ce soir à sa magnère pour vous esspliquer ses misères? Dit's-moi que vous êt's pas fâchée! C'est vrai que j'ai quitté d'chez nous, mais c'était qu'la dèche et les coups, la doche à crans, l'dâb toujours saoul, les frangin's déjà affranchies... (C'était h'un vrai enfer, Saint'-Vierge; soit dit sans ête eune effrontée, vous-même y seriez pas restée.) C'est vrai que j'ai plaqué l'turbin. Mais l'ouvrier' gagn' pas son pain; quoi qu'a fasse, aile est mal payée, a n'fait mêm' pas pour son loyer; à la fin, quoi, ça décourage, on n'a pus de cœur à l'ouvrage, ni le caractère ouvrier. J'dois dire encor, Vierge Marie! que j'ai aimé sans permission mon p'tit... « mon béguin... » un voyou, qu'est en c'moment en Algérie, rapport à ses condamnations.



(Mais quand on a trinqué tout gosse, on a toujours besoin d'caresses, on se meurt d'amour tout'sa vie; on s'arr'fait pas que voulez-vous t) Pourtant j'y suis encor fidèle, malgré les aut's qui m'cour'nt après. Y a l'grand Jul's qui veut pas m'iaisser, faudrait qu'avec lui j'me marie, histoir' comme on dit, d'I'engraisser. Ben, jusqu'à présent, y a rien d'fait; j'ai pas voulu, Vierge Mariel Enfin, je suis déringolée, souvent on m'a mise à l'hosto, et j'm'ai tant battue et soûlée, que j'en suis plein' de coups d'couteau. Bref, je suis pus qu'eun' salop'rie, un vrai fumier, Vierge Marie! (Seul'ment, quoi qu'on fasse ou qu'on dise pour essayer d'se bien conduire, y a quèqu'chos' qu'est pus fort que vous.) Eh! ben, c'est pas des boniments, j'vous l'jur', c'est vrai, Vierge Marie! Malgré comm' ça qu'j'aye fait la vie, j'ai pensé à vous ben souvent. Et ce soir encor ça m'rappelle un temps, qui jamais n'arr'viendra, ousque j'allais à vot chapelle les mois que c'était votre fête.


J'arr'vois vot bell' rob' bleue, vot'voile, (mêm' qu'il était piqué d'étoiles), vot' bell' couronn'd'or su' la tête et votre trésor su' les bras. Pour sûr que vous étiez jolie comme eun' reine, comme un miroir, et c'est vrai que j'vous r'vois ce soir avec mes z'yeux de gosseline; c'est comm' si que j'y étais... parole. Seul'ment, c'est pus comme à l'école; ces pauv's callots, ce soir, Madame, y sont rougis et pleins de larmes. Aussi, si vous vouliez, Saint'Vierge, fair' ce soir quelque chos' pour moi, en vous rapp'lant de ce temps-là, ousque j'étais pas eune impie; vous n'avez qu'à l'ver un p'tit doigt et n'pas vous occuper du reste... J'vous d'mamd* pas des chos's... pas honnêtes! Fait's seul'ment que j'trouve et ramasse un port'-monnaie avec galette perdu par un d'ces muf's qui passent (à moi putôt qu'au balayeur!) Un port'-lasagn', Vierge Marie! gn'y aurait-y d'dans qu'un larantqué, ça m'aid'rait pour m'aller planquer, ça m'permettrait d'attendre à d'main et d'm'enfoncer dix ronds d'boudin!


Ou alors, si vous pouez pas ou voulez pas, Vierge Marie... vous allez m'trouver ben hardie, mais... fait's-moi de suit' sauter l'pas! Et pis... emm'nez-moi avec vous, prenez-moi dans le Paradis ousqu'y fait chaud, ousqu'y fait doux, où pus jamais je frai la vie, (sauf mon p'tit, dont j'suis pas guérie, vous pensez qu'je n'arr'grett'rai rien d'Saint-Lago, d'ia Tour, des méd'cins, des barbots et des argousins!) Ah! emm'nez-moi, dit's... emm'nez-moi avant que la nuit soye passée et que j'soye encor ramassée; Saint'-Viergc, emm'nez-moi, j'vous en prie? Je n'en peux pus de grelotter... t'nez... allumez mes mains gercées et mes p'tits souliers découverts; j'n'ai toujours qu'mon costum' d'été qu'j'ai fait teindre en noir pour l'hiver. Voui, emm'nez-moi, dit's, emm'nez-moi. Et comme y doit gn'y avoir du ch'min, si des fois vous vous sentiez lasse, Vierge Marie, pleine de grâce, de porter à bras not'Seigneur, (un enfant, c'est lourd à la fin),


Vous me l'repass'rez un moment, et moi, je l'port'rai à mon tour, (sans le laisser tomber par terre), comm' je faisais chez mes parents la p'tit moman dans les faubourgs quand j'trimballais mes petits frères.



FRANCIS JAMMES





(1868-1938) Francis Jammes a beaucoup écrit, dix-huit recueils de poèmes, une dizaine de romans. Dans toutes ses œuvres, il reste lui-même c'est-à-dire un solide Béarnais, plein de force et de bon sens, mais aussi ami de la nature et de sa beauté. On a souvent comparé ses vers à la cascade de la montagne, bondissant et scintillant au soleil sous une sérénade de chants d'oiseaux. Il fit des études un peu fan­taisistes, entra dans le notariat, puis l'abandonna bientôt pour écrire des chansons et des poèmes... C'est ainsi qu'il se fit connaître dans le monde des lettres, reçut des encou­ragements de Mallarmé et devint l'ami de Gide. Son recueil De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir et ses Géor-giques chrétiennes sont considérés comme les plus mar­quantes de ses oeuvres poétiques. Il publia trois volumes de mémoires De l'âge divin à l'âge ingrat. Trahissant son tempérament sensible et volage, il y maudit l'internat où il eut à souffrir de la méchan­ceté de ses camarades et de l'injustice des professeurs. Il avoue avoir vécu longtemps dans l'indifférence. La ren­contre de sa vie fut celle de Claudel, Jammes avait alors trente-sept ans. Sa conversion fut, on peut le dire, totale. Du four au lendemain, il changea de vie et même sa manière de penser et d'écrire s'en trouva transformée. Il consacra à la Vierge qu'il aimait un recueil entier de poèmes. Une fraîcheur toute franciscaine s'en dégage...



CANTIQUE DE LOURDES
Nuages qui passez, Louez l'Immaculée 1 Par les lys des vallées, Par les agneaux frisés, Ah! qu'Elle soit louée! Granges qui sur les monts Êtes éparpillées, Et myrtilles pillées Par les pauvres pinsons, Louez l'Immaculée! Vives truites d'argent Qui prenez la volée Sur les eaux déroulées Que l'on nomme torrents, Louez l'Immaculée! Isards interrompant Vos sauteries ailées Aux pierres dévalées Sous vos sabots tremblants, Louez l'Immaculée!


Il faut ici laver Nos âmes et nos plaies. De dessus une claie Un homme s'est levé! Louez l'Immaculée!



JE VOUS SALUE, MARIE





Par l'arc-en-ciel sur l'averse des roses blanches, Par le jeune frisson qui court de branche en branche Et qui a fait fleurir la tige de Jessé; Par les Annonciations riant dans les rosées Et par les cils baissés des graves fiancées : Je vous salue, Marie. Par l'exaltation de votre humilité Et par la joie du cœur des humbles visités, Par le Magnificat qu'entonnent mille nids, Par les lys de vos bras joints vers le Saint-Esprit Et par Elisabeth, treille où frémit un fruit : Je vous salue, Marie. Par l'âne et par le bœuf, par l'ombre et par la paille, Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille, Par les nativités qui n'eurent sur leurs tombes Que les bouquets de givre aux plumes de colombes Par la vertu qui lutte et celle qui succombe : Je vous salue, Marie. Par votre modestie offrant des tourterelles, Par le vieux Siméon pleurant devant l'autel, Par la prophétesse Anne et par votre mère Anne,

Par l'obscur charpentier qui, courbé sur sa canne, Suivait avec douceur les petits pas de l'âne : Je vous salue, Marie. Par la mère apprenant que son fds est guéri, Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid, Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée, Par le baiser perdu, par l'amour redonné, Et par le mendiant retrouvant sa monnaie : Je vous salue, Marie.


CANTIQUE A NOTRE-DAME DE SARRANCE





Vous qu'étreint la souffrance, Chrétiens, unissez-vous. Ce chant sera si doux, 0 Vierge de Sarrance, Si vous priez pour nous! Étoile de Sarrance, Conduisez les pasteurs, Illuminez leurs cœurs, Quand la brume s'avance En noyant les hauteurs 1 Lune du pays d'Aspe, Arc, lancez-nous l'Amour Plus beau que n'est le jourl Nef d'argent et de jaspe, Des nuits faites le tour! Soleil de Dieu, beau globe : Que du matin au soir Vos rayons fassent voir, Au bas de votre robe, Les sommets de l'Espoir!














Neige tellement pure Que nous baissons les yeux Quand vous tombez des cieux : Jetez sur nos souillures Votre voile pieux! Cascade qui s'élance Blanche comme le sel Et peinte avec le ciel, Comme du coup de lance L'eau du Verbe éternel! Blé des terres fertiles Dont s'est nourri Celui Qui notre âme nourrit Et qui dans l'Évangile Donne un Pain infini! Vigne où se désaltère Jésus à votre sein Avant qu'il fit le Vin Qui n'est pas de la terre Et fait germer les saints! Sentier de la montagne Qui grimpez entre buis, Œillets, roses et lys : Que le haut Ciel ils gagnent Ceux qui vous ont suivi!















Anthologie poésie mariale - LA BASILIQUE