Bulle Jubilé 6

VII.

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Nous voulons, enfin, proclamer que la réconciliation entre les chrétiens est un des buts principaux de l’Année Sainte. La réconciliation de tous les hommes avec Dieu, notre Père, présuppose, en effet, le rétablissement de la communion entre ceux qui ont déjà, dans la foi, reconnu et accueilli Jésus-Christ, comme le Seigneur de la miséricorde, qui libère et unit dans l’Esprit d’amour et de vérité. De cette façon, l’Année Jubilaire, que l’Eglise catholique a assumée comme une part de sa propre tradition, peut constituer une période exceptionnelle de renouvellement spirituel et aussi de progrès pour l’unité des chrétiens.

Nous rappelons que le Concile Vatican II a enseigné que toute recherche et toute réalisation de la réconciliation entre tous les chrétiens, de même que tout véritable oecuménisme, doivent nécessairement partir d’une certaine conversion intérieure, parce que le désir de l’unité naît et mûrit par le renouveau de l’esprit, par l’abnégation de soi-même, par le plein exercice de la charité, par la fidélité à la vérité révélée38.

Le mouvement oecuménique, auquel l’Eglise catholique donne autant qu’elle le peut son adhésion et par lequel les Eglises et les communautés qui se sont pas encore en plein communion avec le Siège Apostolique désirent et recherchent l’unité parfaite voulue par le Christ, trouve dans ce thème une de ses plus concrètes réalisations. Rétablir l’unité dans la pleine communion ecclésiale est, en effet, une responsabilité et un engagement pour toute l’Eglise39. L’Année de grâce est donc, en ce sens, un temps opportun pour faire pénitence de manière particulière pour les divisions entre chrétiens, une occasion de renouveau en tant qu’expérience approfondie de la vie de sainteté qui est dans le Christ, et un pas vers la réconciliation dans l’intensification du dialogue et de la collaboration concrète des chrétiens pour le salut du monde : Qu’ils soient un en nous, afin que le monde croie40.

Nous avons exprimé, une fois encore, nos intentions et nos voeux au sujet de la célébration de l’Année Sainte à Rome. Nous invitons maintenant nos Frères dans l’Episcopat, tous les pasteurs et les fidèles des Eglises dispersées dans le monde, également ceux des Eglises qui ne sont pas pleinement unies à l’Eglise romaine, et aussi tous ceux qui croient en Dieu, à participer au moins spirituellement à cette table de la grâce et de la rédemption, où le Christ lui-même s’offre à nous comme maître de vie. Avec eux et avec leurs fidèles venus en pèlerins aux tombeaux des Apôtres et des premiers Martyrs. Nous désirons professer notre foi en Dieu le Père tout-puissant et miséricordieux et en Jésus-Christ notre Rédempteur.

Pour notre part, Nous voudrions que tous ceux qui viennent à Rome pour « voir Pierre »41, puissent expérimenter plus clairement en notre personne, au cours de l’Année Sainte, la vérité de ce qu’écrivait Saint Léon le Grand : Dans l’Eglise tout entière, en effet, Pierre répète chaque jour : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu vivant » et toute langue qui confesse le Seigneur est inspirée par l’enseignement de cette voix42.

Voici ce que Nous voudrions, ce que Nous désirerions : qu’une grande multitude de fidèles s’approche des fontaines du Sauveur43, grâce à notre ministère et à celui de nos frères dans le sacerdoce ; que la Porte Sainte, que nous ouvrirons durant la nuit de la vigile de la Nativité, soit le signe certain d’un nouvel accès au Christ, qui seul est la Route44 et la Porte45 et aussi le symbole de la charité paternelle avec laquelle Nous ouvrons notre coeur à tous, avec des pensées d’amour et de paix.

Nous prions la Vierge très sainte, vénérable Mère du Rédempteur et aussi de l’Eglise, Mère de la Grâce et de la Miséricorde, servante de la Réconciliation, modèle absolument resplendissant de la vie nouvelle, d’intercéder près de son Fils pour que soit accordée à tous nos frères et fils la grâce rénovatrice et salvatrice de l’Année Sainte dont Nous confions l’ouverture, le déroulement et l’achèvement parfait entre ses mains et à son coeur de Mère.

Nous voulons que ce document acquière pour le présent et le futur sa pleine vigueur en sorte que tout ce que Nous y avons exposé et décrété soit observé religieusement par tous ceux qui sont concernés et soit donc efficace, nonobstant toutes choses contraires. Tout ce qui, sciemment ou non, serait fait à l’encontre de ce que Nous avons établi Nous le déclarons nul et non avenu.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, en la solennité de l’Ascension du Seigneur, le 23 mai de l’année 1974, onzième de notre Pontificat.


PAUL

évêque de l’église catholique



38 Cf. Unitatis Redintegratio,
UR 7 : AAS 57, 1965, p. 97.
39 Cf. Unitatis Redintegratio, UR 5 : AAS 57, 1965, p. 96.
40 Jn 17,21.
41 Cf. Ga 1,18.
42 Sermon III; PL 54, 146.
43 Cf. Is 12,3.
44 Cf. Jn 14,6.
45 Cf. Jn 10,7 Jn 10,9.









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