Pie XII 1948 - LETTRE PROCLAMANT SAINT JOSEPH CALASANCE PATRON DES ÉCOLES CATHOLIQUES (13 août 1948.*)


RADIOMESSAGE A LA JEUNESSE CATHOLIQUE EN PELERINAGE A SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE

(28 août 1948) 1

C'est une chose propre à la jeunesse d'évoquer les prouesses des ancêtres pour les reproduire ensuite, en les améliorant, si possible. Votre présence aujourd'hui à Saint Jacques — enthousiaste, nombreuse, fervente — le prouve d'une manière admirable.

Effectivement, Compostelle avait été pendant plusieurs siècles comme la résonnance vivante d'une histoire, depuis les jours obscurs, mais héroïques d'un Alphonse II, jusqu'aux jours resplendissants d'un Charles V, et siège d'insignes Prélats, tels qu'un Diègue Gelmirez et d'un Pierre Mufiiz, qui laissèrent leurs chroniques écrites avec les pierres granitiques de cette incomparable cathédrale; mais elle avait été surtout le coin choisi par la Providence parmi les douces et verdoyantes collines de cette terre tendre et chérie, pour faire d'elle un des plus puissants centres d'attraction pour la foi, pour la piété et pour l'esprit généreux de cette Chrétienté en pleine ferveur de vie. Rois et bourgeois, évêques et moines, saints et pécheurs, gentilhommes et campagnards, artistes et savants, jongleurs et troubadours, passant dans un flux et reflux constant, telle une alluvion indomptable, au long du Chemin de Saint Jacques, non seulement ils accélérèrent et approfondirent le rythme de l'histoire, servant de creuset à l'élaboration des sciences et des arts, mais aussi ils semèrent dans le monde un grand désir de purification et diffusèrent en tous lieux ces élans de pacification et de fraternelle union des esprits qui ont été et continueront toujours d'être l'unique base sûre de la paix.

Aller du Mont de la Joie à la Porte des Pardons était le couronnement d'un désir qui avait eu peut-être auparavant des phases intimement douloureuses; sous les voûtes sévères et dans la mystique pénombre éclairée jour et nuit par des centaines de flambeaux de cire, le rythme archaïque des hautbois et le grave balancement des encensoirs ouvraient les portes à l'admiration; le fait d'embrasser la hiératique image en pierre était un geste de réconciliation et de purification, symbolisée peut-être par la coquille de Saint Jacques que le pèlerin ne manquait pas d'épingler sur sa poitrine; les dernières filoches de la sombre bure abandonnées sur la Croix des haillons, devenaient ensuite le symbole d'une vie qui se faisait chaque fois plus lointaine; et finalement l'extatique contemplation du Portique de la Gloire représentait, sans doute, comme un avant-goût de ce paradis dont les portes allaient s'ouvrir pour lui, grâces aux magnifiques indulgences de Compostelle, largement accordées par les Souverains Pontifes nos Prédécesseurs.

Mais tout devait-il finir en souvenirs lointains ou en mémoires mortes?

Et voici que vous, fils bien-aimés, jeunes espagnols de l'Action catholique — à qui appartient tout le mérite de l'initiative et de l'imposante et soigneuse organisation — associés à vos frères des Congrégations Mariales et à toute la jeunesse espagnole, à laquelle ont voulu s'unir, dans un édifiant et fraternel accord, les représentants de presque toutes les nations d'Europe et d'Amérique; voici que vous, pour montrer votre jeunesse intacte, pour proclamer la sublime folie d'un Dieu crucifié et pour créer en vous-mêmes une Chrétienté exemplaire, vous avez répondu carrément : nous voici ! Des souvenirs lointains et les mémoires mortes, au contact de votre vibrant enthousiasme juvénile, sont devenus de nouveau une réalité.

Et il fallait qu'il en fût ainsi, car si le pèlerin fut une pièce indispensable dans le tableau du monde médiéval, si le fait de faire des pèlerinages eut alors la noble fonction de consolider la foi du peuple, de rapprocher entre elles les nations les plus diverses, de soulager les malheureux et de consoler tout le monde, aujourd'hui, parmi les énormes difficultés et douleurs de l'heure présente, les pèlerinages sont encore une bénédiction pour le monde.

Le pèlerin vit de foi, et pour cette foi il laisse tout, entraîné par cette lumière qui attire son âme pour la purifier; « credidit Abraham Deo » « Abraham crut en Dieu, et cela lui fut imputé à justice » (Rom. IV, 3) ; le pèlerin est une flamme vivante de piété, dont l'ardeur doit consumer la scorie de ses péchés; le pèlerin n'est pas seulement générosité impétueuse qui veut aller toujours en avant et prendre place à l'avant-garde; le pèlerin est amour, respect et adhésion à l'Église, aux pénitences de laquelle il se soumet et dont il cherche les grâces; il est vaste et chrétienne universalité, qui ne supporte pas les étroitesses de races, de pays ou de frontières, mais se lance résolument dans le large canal de la catholicité.

Esprit de foi et de sacrifice; vie de piété et de progrès continuel à l'avant-garde; adhésion, respect et amour à l'Église; coeur vaste comme le monde : voilà ce que vous êtes en ce moment, jeunes pèlerins de Compostelle et voilà ce que vous devez être demain et toujours, jeunes catholiques de tout le monde; et si jadis au cri irrésistible de « Saint Jacques protège l'Espagne », on brisa avec les ennemis de la foi, si hier encore l'Apôtre n'abandonna pas ceux qui l'invoquaient, soyez sûrs qu'aujourd'hui et toujours son esprit et sa protection vous conduiront de nouveau à la victoire dans les luttes spirituelles et vous feront surmonter les pièges qu'on vous tend de tous côtés, particulièrement à vous, à la jeunesse, parce qu'on sait que vous êtes une force puissante et alerte dans le présent et une promesse radieuse et sûre pour l'avenir.

« Igitur via peregrinans est res optima, sed angusta », « I,a voie des pèlerins est excellente, mais étroite » — dit le sermon si connu du Codex Calistinus (1.1 c. XVII, Sermo Beati Calixte Pape, fol. 80 v.) —; mais ce serait la première fois que la difficulté épouvanterait, désarmerait et ferait reculer la jeunesse, et qui plus est, une jeunesse comme la vôtre, nourrie dans la foi solide et grandie dans le climat ardent du sacrifice.

En avant, donc, jeunesse brillante et croyante ! En avant, pèlerins, avec votre insigne et votre bourdon, car il y a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à donner tout son coeur à Dieu et toutes les âmes à Jésus-Christ, pour arriver jusqu'au ciel, notre but.

O Béate Jacobe — chantaient les pèlerins, vos ancêtres, — O Béate Jacobe ! — virtus nostra vere. — Nobis hostes remove — tuos ac tuere — Ac devotos adhibe — nos tibi placere. Oh oui, saint Apôtre, préféré du Seigneur, âme de feu, capitaine invincible : éloigne de notre chemin nos ennemis et les tiens, fais que nous te servions toujours, continue à protéger l'Espagne et le monde entier, en lui accordant le bienfait d'une paix solide et durable, fondée dans la justice.

Dans ces sentiments et ces désirs, réjouissant encore une fois Notre esprit par la contemplation de cette jeunesse fleurie de tous les pays — symbole de cette union fraternelle de tous les fidèles dans le Christ, qui est un de nos désirs les plus ardents — Nous bénissons affectueusement Notre très digne Cardinal Dégât, les Archevêques, Évêques et autorités présentes, ainsi que tous ceux qui ont contribué au succès du pèlerinage, la Jeunesse catholique espagnole, les jeunes gens de toutes les nations représentées, leurs patries respectives et d'une manière très spéciale le peuple de la catholique Espagne, toujours objet de l'amour du Vicaire de Jésus-Christ.




DISCOURS AUX PELERINS AMÉRICAINS (1er septembre 1948)

1
Le Pape reçut à Castel-Gandolfo le Ier septembre 1948, un groupe de 600 pèlerins américains membres de la Confraternity of Christian Doctrine2. Ce pèlerinage était le premier de l'après-guerre.

1. Texte anglais de L'Osservatore Romano du 2 septembre 1948, traduction française de La Documentation Catholique, t. XLV, col. 1281.
2. Le Concile de Trente (1545-1563) reconnaît la nécessité de publier un Catéchisme à l'usage des Curés, pour leur permettre de donner synthétiquement l'instruction religieuse au peuple. En 1560, une Société de la Doctrine Chrétienne est fondée en Italie dans le but de répandre l'instruction religieuse. Les Papes encouragent cette initiative. En 1686, le Pape Innocent XI demande à l'Épiscopat de fonder des Confraternités de la doctrine chrétienne.
De même, l'Encyclique de Pie X : Acerbo Nimis, 15 avril 1905, insiste en disant: « Dans chaque paroisse, on établira canoniquement une Association connue sous le nom de Confraternité de la Doctrine Chrétienne. » Le Droit Canon reprend à son compte la même prescription (article CIS 711, § 2.)
L'Archevêque John M. Farley introduit La Confraternité à New-York dès 1903. En 1904, l'Episcopat des États-Unis crée le Centre National de la Confraternity of Christian Doctrine installé au siège de la National Catholic Welfare Conférence 1312 Massachussetts Avenue N. W. Washington D. C.
Le premier Congrès National catéchétique est tenu à Rochester en octobre 1935 suivi de ceux de New-York (1936), Saint-Louis (1937), Hartford (1938)... et finalement à Boston (1946).


Nous vous remercions de vos salutation cordiales. C'est un témoignage de plus de l'attachement indéfectible de l'Église d'Amérique au Siège de Pierre et au Vicaire du Christ. Nous aurions voulu vous souhaiter la bienvenue avec non moins de sincérité et de cordialité, en vous saluant individuellement l'un après l'autre; mais à cause de cette vaste foule vous Nous excuserez sûrement et vous recevrez les quelques paroles que Nous vous adresserons comme un message adressé à chacun de vous personnellement.


Le Saint-Père fait l'éloge du travail réalisé par la « Confrérie de la Doctrine chrétienne » :

Cette imposante réunion Nous apparaît comme un épilogue du Congrès national, et plus que national, de la Confrérie de la Doctrine Chrétienne qui s'est déroulé voici près de deux ans, avec un succès si encourageant sous la direction animatrice du zélé archevêque de Boston et avec la coopération cordiale et efficace de ses Vénérables Frères dans l'Épiscopat en particulier du très méritant président de la Confrérie ici présent. Nous avons eu le bonheur d'adresser la parole à ce Congrès 1; et Nous répétons maintenant chaque éloge prononcé alors, chaque conseil et chaque encouragement que Nous donnions alors pour intensifier et étendre méthodiquement votre magnifique apostolat.

Il faut essayer de fournir une solide instruction religieuse à ces millions de jeunes catholiques qui fréquentent les écoles dites neutres :

Quel pasteur des âmes, quel chrétien qui aime vraiment le Christ peut regarder avec indifférence ces millions d'enfants catholiques qui sont instruits dans des écoles d'où toute formation religieuse est exclue? Est-ce que tous et chacun ne ressentiront pas l'aiguillon du saint zèle et de la charité chrétienne pour procurer à ces membres infortunés de la génération montante l'élément le plus important d'une véritable éducation ?

Il était normal que les membres de la Confrérie viennent faire un pèlerinage à Rome, auprès de la tombe de Pie X dont le corps se trouve aujourd'hui dans une des chapelles latérales de la Basilique Vaticane:

D'une des résolutions adoptées par le Congrès de Boston, était d'envoyer un pèlerinage à la tombe du vénéré Pie X qui, après s'être voué personnellement pendant de longues années à ce ministère d'une importance vitale, a mérité, de bon droit, par son Encyclique sur l'Enseignement du catéchisme, d'être regardé comme l'idéal et l'inspirateur de votre Confrérie 2.

1. Cf. Radio-message au Congrès national catéchétique des États-Unis (Osservatore Romano des 28-29 octobre 1946).
2. Encyclique Acerbo Nimis (15 avril 1906).


Avec vénération et ferveur, vous vous êtes agenouillés auprès de ses restes sacrés, qu'il y a quelques années Nous avons fait transférer de la crypte de la basilique vaticane, à l'endroit où ils reposent actuellement, pour que les fidèles, en les approchant plus souvent et plus fidèlement, soient amenés plus près de Dieu.

Les Papes, les Evêques et tous les fidèles ont le devoir de se faire les propagandistes de la doctrine chrétienne, telle quelle est contenue dans le catéchisme.

Pendant que vous priiez, son souvenir béni n'a-t-il rien dit de spécial à votre âme? Pourquoi a-t-il, dès les premiers jours de son pontificat, en des termes si graves, etsi angoissés plaidé pour une étude et un enseignement ininterrompus du catéchisme? C'est parce que ce petit livre, avec ses questions, ses réponses, que vos enfants appellent leur catéchisme, contient l'éternelle vérité divine; or, Pie X aimait la vérité comme il aimait le Christ. L,e Christ est vérité.

Trop souvent les hommes veulent entendre une prédication édulcorée ou modernisée c'est pourquoi ils refusent d'écouter la doctrine contenue dans le catéchisme:

Ce doux et humble Pontife ne tardait pas à s'apercevoir que trop d'hommes sur terre ne fuient rien avec tant de soin et ne redoutent rien avec tant d'obstination que la vérité pleine, franche, toute pure. Ils étaient nombreux à Jérusalem, il y a plus de deux mille ans, ceux qui voulaient que les enseignements de Dieu soient formulés en des termes conformes à leur « esprit moderne » et à la philosophie commode de ce dernier; mais, jour après jour, avec une patience suprême et une charité exquise et pressante à l'égard de tous, le Christ a continué à prêcher dans le Temple la vérité plénière de la révélation de son Père aux hommes.

La foi — pure de tout mélange — est le plus grand trésor de la vie :

Un jour, en s'adressant à des concitoyens, qui pourtant n'appartenaient pas à l'Église, cet incomparable patriote et illustre prélat qu'était le Cardinal Gibbons 1 avouait avec une humble et charmante simplicité qu'il sentait au plus profond de son coeur qu'en possédant la foi catholique, il détenait un trésor auprès duquel toutes les choses terrestres ne sont que vanité. Par la grâce de Dieu, chers enfants, cette foi est la vôtre — la même foi pour laquelle Pierre a été crucifié à Rome et pour laquelle Paul a été décapité le long de la route d'Ostie, cette foi pour laquelle des mères et des vierges, des jeunes gens vigoureux, des enfants et des hommes blanchis par l'âge ont joyeusement affronté la mort dans les arènes de la Rome impériale; cette foi, vivez-la, rayonnez-la. Mais vous ne le pourrez à moins d'en connaître et comprendre l'inégalable beauté. Or, rappelez-vous qu'il n'y pas de sermon plus éloquent qu'une vie catholique sans tache.

1. Le Cardinal Gibbons (1834-1921) devenu en 1877 archevêque de Baltimore, fut le grand pionnier de la diffusion du catholicisme aux États-Unis. Il jouit d'un grand prestige dans toutes les classes de la société américaine.


Du fait que de nombreux pèlerins viennent à Rome, des régions les plus lointaines, on pourrait croire que le monde a retrouvé la paix:

Voilà Notre première pensée. Votre présence nous en suggère encore une autre. Devant ces pèlerins si nombreux venus d'au-delà des mers visiter les sanctuaires d'Europe au cours de leur voyage vers le centre de la chrétienté, on serait porté à croire qu'une paix authentique et durable, avec ses conséquences normales, a été rendue au monde.

Cependant ce n'est qu'une illusion, le monde n'a pas retrouvé la paix. La guerre et ses terribles conséquences continuent à faire ses ravages:


1. Il y a encore des millions de « personnes déplacées », chassées de leurs foyers et errant misérablement dans des camps 1

1. On estime qu'en Europe il y avait encore à peu près un million de personnes déplacées en 1948 et environ un demi-million dans le Proche-Orient.

Hélas: il n'en est pas ainsi. De fait tragique, c'est qu'il y a des minions d'êtres humains, trois ans après la déclaration de la fin d'une guerre où ils ont été emportés, qui vivent encore dans cette malheureuse Europe en d'inhumaines conditions.


2. Les conflits armés n'ont pas encore cessé:

Sans compter que la guerre ne laisse pas de sévir dans plusieurs parties du monde 2.

2. La guerre continue en Grèce, en Chine, en Indo-Chine, en Indonésie.


3. Des millions d'hommes vivent sous le poids de la férule dictatoriale des tyrans communistes:

tandis que d'autres millions d'hommes sont courbés sous le jour d'une déplorable tyrannie 1.

1. Tout l'Est Européen est sous le joug soviétique de la Russie : la Pologne, l'Allemagne orientale, la Hangrie, la Roumanie, la Yougoslavie, la Bulgarie, l'Albanie, la Tchécoslovaquie, soit une population de près de 300 millions d'hommes.


Le Pape déclare qu'il fait confiance en la prochaine Assemblée des Nations Unies qui doit tenir sa prochaine session à Paris à partir du 21 septembre 1948.

Notre propos n'est pas de vous décrire ici ces conditions qui endolorissent Notre coeur paternel. Mais prochainement, comme vous le savez, l'Assemblée des Nations Unies reprendra ses sessions, dûment autorisées à affronter les problèmes de la paix du monde et de la sécurité. Des hommes de science et d'expérience, de grand caractère et de noble idéal, pleinement conscients de leurs graves responsabilités envers la civilisation et la culture, mettront tout en oeuvre, déploieront tous leurs efforts pour faire revenir la confiance au sein de la famille des nations, et non seulement, comme Nous en avons la profonde confiance, pour en écarter un cataclysme que l'esprit se refuse à imaginer, mais pour la mettre sur la voie qui conduit au bonheur, dans la justice pour tous, ouvriers et patrons, et qui conduit à la moralité dans la vie nationale et individuelle, dont l'unique base possible est la foi religieuse en Dieu.


Il demande au monde entier de prier pour le succès de cette assemblée :

Si jamais une assemblée d'hommes réunis dans un tournant critique de l'histoire a eu besoin du secours de la prière, c'est bien l'Assemblée des Nations-Unies.

Aussi, vous demandons-Nous de prier, Nous vous le demandons à vous, vénérables Frères dans l'épiscopat, à vous, Nos chers fils dans le sacerdoce, à vous, Nos bien-aimés enfants dans le Christ-Jésus. Et permettez que par vous, Notre voix suppliante parvienne à tous vos frères catholiques en Amérique, et même à tous les catholiques de tous les pays de la terre, auxquels, Nous l'espérons bien, s'uniront tous les hommes de bonne volonté.


La paix sera rendue à la terre le jour où gouvernants et gouvernés reconnaîtront le Souverain domaine de Dieu sur toutes choses:

Que, les jours prochains, une hymne de louange et d'adoration, brûlant d'un feu de Pentecôte, monte au trône de Dieu, le Père de miséricorde : « Nous vous exaltons, ô Dieu, et bénissons votre nom à jamais. Votre règne est un règne éternel et votre domination subsiste dans tous les âges. » (Ps 145,1 Ps 145,13). Toutes choses sont soumises à votre pouvoir et il n'est personne qui puisse faire obstacle à votre volonté. » (Est 12,9) Vous êtes, ô Dieu, l'Auteur et le Créateur de toutes choses, leur exemplaire, leur mesure et leur fin. Et qu'après cette acte de foi, d'un coeur humble et contrit, les hommes fassent cette prière de Daniel : « Nous avons péché, nous avons commis l'iniquité, nous avons été méchants et rebelles, nous nous sommes détournés de vos commandements et de vos lois. De Seigneur, Notre Dieu est juste dans toutes ses oeuvres qu'il a faites; car nous n'avons pas obéi à sa voix. » (Da 9,5 Da 9,14)-

Alors Dieu, dans sa sagesse et sa bonté infinie, touché par la foi et le repentir humble de ses créatures, prêtera peut-être son oreille, regardera leur détresse et viendra à leur secours. Il a sûrement prouvé son amour pour les hommes en envoyant son Fils unique dans le monde, afin qu'ils vivent par lui. (1Jn 4,9).


Le Saint-Père reconnaît la générosité des catholiques américains envers les détresses de l'Europe et leur témoigne sa vive gratitude :

Pour conclure, Nous vous exprimons de nouveau Notre immense gratitude pour la charité dont vous avez fait preuve envers les pays frappés par la guerre et pour la générosité magnifique avec laquelle votre épiscopat dévoué met le Vicaire du Christ à même de répondre aux appels déchirants qui Nous sont parvenus et qui Nous parviennent sans cesse de familles, de villes, de régions entières qui, affaiblies et parfois proches du désespoir, ont à lutter pour prolonger péniblement leur existence jusqu'à l'avènement de jours meilleurs. Dieu vous récompensera, tous et chacun de ceux dont la contribution la plus modeste a rendu possible le résultat total. 1

Recevez en témoignage de Notre reconnaissance sincère la Bénédiction apostolique que Nous vous accordons avec toute l'affectation de Notre coeur paternel, à vous, à tous ceux qui vous sont chers, et à tous ceux dont vous voulez vous souvenir maintenant.

1. En 1947 on distribua aux pays dévastés par la guerre 15.793.000 dollars émanant des War Relief Services de la National Catholic Welfare Conférence de Washington (Osservatore Romano, du 6 janvier 1949).



ALLOCUTION AUX JEUNES FILLES DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE (5 septembre 1948)

1. D'après le texte italien des A. A. S. XL, 1948, p. 405; traduction dans La Documentation Catholique, t. XLV, col. 1409.

L'Association Catholique des Jeunes Filles italiennes fut fondée en 1918; aussi pour célébrer le trentième anniversaire de cette fondation, un Congrès fut organisé à Rome qui groupa le dimanche 5 septembre plus de 200.000 jeunes filles sur la Place Saint-Pierre. C'est devant cette foule que le Saint-Père prononça le discours suivant :



Vive et profonde a été Notre émotion en contemplant l'incomparable spectacle que vous offrez à Nos yeux, tandis qu'en même temps, montaient de vos lèvres à Notre coeur les fervents accents de vos chants et de vos acclamations. Nous connaissons bien, chères filles, jeunes filles d'Action Catholique, la spontanéité de votre enthousiasme et la sincérité de vos résolutions d'indéfectible fidélité : et Nous n'avons pas besoin de longs discours pour vous exprimer les sentiments — en réalité inexprimables — qui inondent Notre âme en vous voyant et en vous écoutant. Nous voulons plutôt vous adresser, en cette célébration de votre trentenaire, quelques brèves paroles, qui assurent à votre manifestation d'aujourd'hui, non pas tant l'éphémère splendeur d'un feu s'éteignant bien vite, que la vive flamme qui alimente en vous un lumineux et ardent foyer de zèle.

Il y a lieu certes de se réjouir du nombre imposant de jeunes filles groupées dans l'Action Catholique italienne a, mais il faut aussi considérer le grand nombre de celles qui n'en font pas encore partie :

2. En 1948 l'Association catholique des jeunes filles italiennes comptait 1 million de membres.

Vous êtes accourues nombreuses, et en vous trouvant aujourd'hui réunies dans un phalange si serrée — accrue par les représentations des jeunes filles catholiques de beaucoup d'autres pays, — vous vous sentez légitimement heureuses et fieres. Loin de Nous la pensée d'atténuer le moins du monde votre joie. Bien au contraire, en vue de l'augmenter Nous vous disons : Faites le compte de vos effectifs ici présents; ajoutez, comme il est juste, le nombre bien plus grand de celles qui sont de coeur avec vous, retenues, malgré elles, par divers empêchements, et auxquelles les ailes rapides des pigeons ont apporté votre doux message. Vous alignerez des chiffres imposants. Mais combien d'autres jeunes vies ne sont pas avec vous, ni en personne, ni de coeur, ni en esprit, indifférentes, étrangères, insouciantes de vous, de votre mouvement, de vos plus chers idéaux ! Et combien d'autres, trompées, égarées, aigries, excitées par des doctrines erronées ou des illusions mensongères, vous sont hostiles, parce que vous êtes indissolublement unies à Dieu, au Christ, à l'Église ! En songeant avec votre bon sens et votre bon coeur à toutes vos soeurs qui sont séparées de vous ou contre vous, comment pourriez-vous trouver la paix aussi longtemps que vous ne les aurez pas conquises, aussi longtemps qu'elles ne seront pas réunies avec vous? Le véritable zèle ne connaît ni cesse ni repos, dès l'instant qu'il s'est emparé d'une âme.

C'est pourquoi les jeunes filles doivent être apôtres et gagner leurs soeurs à la cause de l'Église.

Le Saint-Père lance un appel aux jeunes travailleuses :

En avant donc, jeunes filles, en avant, sans hésiter, sans vous arrêter ! En avant, vous spécialement, jeunes travailleuses, filles du peuple; en avant, toutes, de toute condition et classe, dans les villes et les campagnes, partout où il y a de vos soeurs à ramener au Christ, partout où il y a une sainte cause religieuse, morale, sociale à raffermir, à promouvoir, à défendre !

Cet apostolat est indispensable. Il comporte parfois des épreuves:

Cette ardeur de conquête spirituelle est essentielle à votre apostolat. Cependant, Nous n'ignorons pas combien son exercice, maintes fois, au moins dans quelques régions et dans des circonstances particulières, vous expose non seulement à des contradictions, mais encore à des ironies, à des mépris, et même à de vulgaires injures et menaces, quand on n'en vient pas jusqu'à de vrais actes de violence. Mais vous ne vous laissez pas intimider. Da jeune fille catholique, modeste mais non craintive, ni timide, au visage ouvert, à l'oeil limpide et pur, au regard droit, au pas franc, à la parole vive et sincère, à la riposte ferme et aimable, mais aussi, s'il le faut, mordante, ne s'épouvante pas; bien plus, elle se réjouit d'avoir été trouvée digne de souffrir persécution pour le nom de Jésus : « pro nomine Jesu contumeliam pati » (Ac 5,41). Si elle éprouve de la peine, ce n'est pas pour elle-même, mais bien pour ceux qui l'offensent, victimes souvent d'une éducation faussée, de compagnons pervers, d'instigations malignes qui ont éteint en eux tout sentiment de noblesse et de bonté.

Le résultat de ce grand rassemblement doit être d'inviter les présentes à mieux réaliser le programme de leur mouvement.

Élevé, certes, est l'idéal; généreux est le programme de vie qui vous sont proposés; mais Nous sommes convaincu que l'on ne pourrait vous faire un plus grand honneur ni vous procurer une joie plus profonde. Vous l'avez bien compris, et vous Nous en donnez aujourd'hui, une preuve retentissante. Toutefois, les grandes manifestations, comme celle d'aujourd'hui, bien que hautement appréciables, sont passagères; elles impriment une puissante impulsion qui incite au mouvement et à l'action; mais il faut ensuite continuer la marche conquérante, jour par jour, pas à pas. Ce chemin ne se fait pas par bonds ni seulement à coups de grands sacrifices dont l'héroïsme même stimule la volonté et soutient le courage. Mais la fidélité persévérante au devoir quotidien habituel envers Dieu, envers le prochain, envers vous-mêmes; la prière, l'exemple, la charité surtout toujours en éveil ; l'assistance et le secours aux humbles et aux affligés; le dévouement obscur et toujours caché, au sourire constant; l'exécution parfaite des obligations de votre état, en famille, au travail, en société; la fermeté inébranlable dans les principes, unie à une complaisance qui ne connaît pas de limites dans les renoncements à l'amour-propre et au propre intérêt : comme tout cela coûte ! mais comme c'est efficace pour gagner les esprits, les coeurs, les âmes !

Sans doute l'apôtre rencontre des échecs...

Cependant, le mal que vous vous donnez n'obtient pas toujours l'heureux succès désiré. Des âmes restent libres de correspondre ou non aux efforts de votre zèle, aux avances de votre amour, à la ferveur de vos prières. Leur résistance ne vous est pas imputable. Néanmoins, le résultat mauvais peut avoir aussi et a souvent une autre cause.

Parfois cet échec est dû aux insuffisances de l'apôtre lui-même :

En réalité, la flamme du zèle le plus ardent n'apporte pas toujours avec sa bienfaisante chaleur, une clarté pleinement lumineuse. Or, il est indispensable que vous apportiez partout la lumière.

En particulier la militante d'Action catholique doit connaître sa religion et la faire connaître :

Ce qui équivaut sans nul doute à louer et à encourager votre apostolat catéchistique dans ses formes diverses, à vous recommander de vous mettre toujours davantage en état de l'exercer avec compétence, intérêt et persuasion.

La doctrine doit passer ensuite dans la vie:

Mais cela signifie surtout que vous devez être vous-mêmes lumineuses, que vous devez considérer comme dites à vous-mêmes les paroles adressées à toute la multitude des auditeurs de bonne volonté rassemblés autour de Lui, au pied de la montagne : « Vous êtes la lumière du monde... Que votre lumière resplendisse devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les deux. » (Matth. V. 14, 16).

La vie ne doit pas être guidée d'abord par le sentiment, mais bien par la vérité et avant tout par le Christ qui est la Vérité même.

Que signifient ces paroles? avant tout, que la vérité, la doctrine, la lumière doivent être votre guide et non pas l'imagination, l'impression, le sentiment, fût-il le plus noble et le plus beau. Le sentiment, quand il est sain, est pour l'âme un ornement, un trésor; il donne à votre langage et à votre action la nuance, le tact, la délicatesse qui font accepter avec satisfaction et avec plaisir votre influence. Mais il n'est pas un guide, et c'est pourquoi, quiconque le suit risque de s'égarer, de glisser dans l'abîme ou de se heurter contre 1'ecueil. A la lumière des astres, le navire, même la nuit, fait voile tranquille et sûr vers le port. Les étoiles brillent dans le ciel : interrogez le ciel, interrogez Celui qui, étant la lumière, est la Voie, la Vérité et la Vie.

C'est pourquoi la jeune fille d'Action Catholique écoute l'Église:

Interrogez l'Église qui, seule, a reçu de Lui le dépôt de la vérité éternelle. Combien de vos contemporains, sceptiques à l'égard de cette doctrine infaillible, accueillent, au contraire, aveuglément, ce que leur font accroire, sur les questions de religion, de dogme, de morale, d'insensés compagnons ou compagnes d'école, de laboratoire, de bureau !

Mais la jeune catholique adhère solidement aux enseignements de la Chaire de Pierre, qu'elle consulte et étudie dans leur texte original, sans tenir compte de ce qu'on propose, mutilé et travesti aux lecteurs ignorants dans les publications des ennemis de la religion catholique qui ne cherchent qu'à frapper à mort dans le coeur des fidèles le respect et la confiance envers le prêtre, l'Église et le Vicaire du Christ lui-même1.

1. Le Saint-Père dénonce ici toute une littérature d'inspiration principalement communiste, assez largement répandue en Italie, qui se plaît à déformer sans cesse la pensée du Pape et de l'Église.



La vérité transparaîtra si le coeur des militants reste pur.

Mais pour être vraiment et pleinement lumineuses, ayez soin que votre lumière ne soit voilée ni offusquée par aucune image ni aucune ombre. Ne laissez pas obscurcir par le brouillard des passions désordonnées les rayons qui font l'enchantement et la force de votre jeunesse, ni tourner au mal les saines et saintes aspirations de tout jeune coeur vers la beauté, la joie, l'amour. Maintenez ces rayons dans leur splendeur intacte ; ils sont les reflets sur terre du divin Soleil, défendez-les contre l'esprit mondain, qui ne pourrait vous donner en échange que des feux follets errant tristement à la surface des fétides marécages.


Aujourd'hui, la Papauté est plus vivante que jamais ; comme la jeunesse catholique, elle aussi déborde de vie.

Chères Filles, on a rappelé récemment une injure violente lancée à plusieurs reprises, il y a un siècle, contre le Pontife Romain par un homme politique célèbre : « La Papauté est morte» \ Morte la Papauté ! Mais toute cette jeunesse vivante, ardente et pure, débordante de joie, enthousiaste, championne de droits sacrés, dévouée aux plus hauts idéaux et aux plus nobles entreprises, dans la pleine ferveur de son activité, est donc venue ici rendre hommage à un mort, mort depuis cent ans, mort « dans le sang et dans la boue? » Ou bien est-elle aussi, en réalité une jeunesse morte qui s'approche d'un mort? Non, jeunes filles, vous êtes vivantes, parce que le Christ vit en vous; la Papauté est vivante parce qu'elle est la pierre sur laquelle est édifiée l'Église, laquelle vivra pour le Christ et dans le Christ jusqu'à la consommation des siècles, et le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande et son règne n'aura pas de fin !

Pour la diffusion de ce règne, vous voulez vivre. A ce règne, vous voulez conduire vos compagnes qui en sont éloignées. Pour son accroissement vous élèverez un jour vos enfants et vous organiserez votre vie de famille, épouses fidèles, mères heureuses. Avec toute la force de votre conviction, avec toute la ferveur de votre prière, dans l'exercice de vos droits, dans l'accomplissement de vos devoirs dans la famille, dans la profession, dans la vie publique, vous contribuerez à faire en sorte que l'esprit et la loi du Christ et de son règne pénètrent, sanctifient, fécondent toutes les institutions sociales de votre chère patrie.

Et afin que le Seigneur tout-puissant accorde à votre volonté et à votre action constance, efficacité et réalisation, Nous invoquons sur vous la puissante intercession du Coeur Immaculé de Marie, tandis qu'avec une paternelle affection Nous vous donnons à vous toutes, à vos dirigeantes, à vos Associations, à vos familles, Notre bénédiction Apostolique.

1. Scritti di Mazzini. Ed. Nat. vol. XXXIX, p. 238 et, çà et là, dans le même vol. XXXIX et dans le vol. III.
Joseph Mazzini (1805-1872) suscita une série de mouvements révolutionnaires en Italie au cours des années 1830-1870. Ses écrits contiennent de nombreuses invectives contre la Papauté.




Pie XII 1948 - LETTRE PROCLAMANT SAINT JOSEPH CALASANCE PATRON DES ÉCOLES CATHOLIQUES (13 août 1948.*)