Pie XII 1949 - ALLOCUTION AUX MEMBRES DU BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL


DÉCRET

DE LA S. CONGRÉGATION CONSISTORIALE concernant certaines facultés concédées à l'Amérique latine

(26 mars 1949) 1

Le Pape Léon XIII avait accordé, pour trente ans, d'importants privilèges aux Ordinaires, aux Prêtres et aux Fidèles des diocèses de l'Amérique Latine. Le Pape Pie XI les renouvela, pour dix ans, par Lettres Apostoliques du 30 avril 1929 ; et, par Décret du 18 avril 1939, la S. C. Consistoriale les confirma jusqu'au 30 avril 1949 2.

Cette dernière période de dix ans touchant à sa fin, et les circonstances demeurant les mêmes, les Ordinaires de l'Amérique Latine ont instamment demandé que tous ces privilèges soient maintenus en vigueur.

Après avoir pris l'avis de chacun des SS. Dicastères que les matières concernaient, Sa Sainteté le Pape Pie XII a daigné confirmer et accorder jusqu'au 31 décembre 1959, en faveur de tous les Ordinaires, Prêtres et Fidèles des diocèses et des territoires de l'Amérique Latine, les facultés qui avaient été demandées, tout en y apportant quelques changements qui ont paru opportuns, comme suit.

1) Les Ordinaires des lieux peuvent permettre aux curés et aux missionnaires de bénir l'eau qui doit servir pour

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 189.

2 La concession de Léon XIII (Lettres Apostoliques Trans Oceanum Atlanti-cum) date du 18 avril 1897 ; on peut en trouver le texte dans les Leonis XIII Pontificis Maximi Acta, vol. XVII, Rome, 1898, aux pages 100-107. Les Lettres Apostoliques Litteris Apostolicis de Pie XI ont été publiées dans le vol. XXI (1929) des A. A. S., pp. 554-557. Le Décret de la S. C. Consistoriale a paru dans le vol. XXXI (1939) des A. A. S., p. 224.

administrer le Baptême, en employant la formule brève, concédée jadis par Notre Prédécesseur Paul III, aux missionnaires exerçant leur apostolat au milieu des Indiens du Pérou, cette formule se trouve maintenant dans l'Appendice du Rituel Romain ; mais on ne peut utiliser ce privilège que dans les régions et les endroits où, à cause de la grande distance, il serait fort difficile d'emporter, après l'avoir prise dans les fonts baptismaux où elle est conservée, l'eau qui a été bénite le Samedi Saint et à la Pentecôte 1.

2) Si, à cause du manque de temps et d'une très grande fatigue, ou pour d'autres graves raisons, ils ne pouvaient que difficilement employer, pour le Baptême des adultes, toutes les cérémonies prescrites, les curés et les missionnaires sont autorisés, à la condition d'en avoir obtenu la permission de l'Ordinaire, à faire usage des rites abrégés indiqués dans la Constitution du Pape Paul III Altitudo du 1 juin 1537 \

3) A l'exception des Vicaires Généraux qui n'auraient pas reçu de mandat spécial de leur Ordinaire du lieu, les Ordinaires des lieux peuvent déléguer, pour administrer le Sacrement de Confirmation, des prêtres qui, dans la mesure du possible, doivent être revêtus d'une dignité ecclésiastique ou exercer les fonctions de Doyen ; mais cependant jamais de simples prêtres demeurant dans le lieu même où ce Sacrement doit être administré. Les prêtres ainsi désignés se conformeront à l'Instruction de la S. C. des Sacrements

1 La bénédiction des fonts baptismaux doit se faire, chaque année, le Samedi-Saint et la vigile de la Pentecôte, dans toutes les églises paroissiales (can. 774, § 1) et les autres églises ou oratoires publics jouissant du privilège de posséder des fonts (can. 774, § 2). L'emploi de cette eau est obligatoire pour tout baptême qui se fait avec les cérémonies prescrites (can. 757, § 1). Les présentes « facultés » prévoient des exceptions à cette règle. La formule brève de l'appendice du Rituel Romain (de Baptismo) est précédée de cette rubrique : « Haec formula brevior pro benedictione Fontis seu aquae baptismalis, a Paulo Papa III Missionariis Peruanis apud Indos olim concessa, nonnisi in iis locis adhiberi potest, ad quae speciali Apostolicae Sedis indulto extensa fuit ».

2 Les cérémonies du Baptême des adultes sont fort longues. La Constitution Altitudo de Paul III a été reproduite dans les Collectanea de la S. C. de la Propagande, éd. 2, vol. I, p. 30, en note, et dans les Codicis Iuris Canonici Fontes, vol. I, n» 8!.

destinée aux simples prêtres qui, par délégation du Saint-Siège, administrent le Sacrement de Confirmation (A. A. S., 27, 1935, p. 11) \

4) Pour assister aux mariages, en observant la forme prescrite par le droit, en l'absence de l'Ordinaire du lieu et du Curé et du Vicaire coopérateur, mais seulement dans les régions fort éloignées et situées à une grande distance du siège de la paroisse, les Ordinaires des lieux peuvent déléguer, pour la durée du temps où ils y seront en Mission, les prêtres qui partent pour ces régions, soit pour y évan-géliser les fidèles, soit pour s'y acquitter de quelque autre pieux ministère. Dans la mesure où ce sera nécessaire et où les circonstances de lieu et de temps le permettront, ces prêtres devront se conformer à tout ce que les canons 1019 et suivants du Code de Droit Canonique prescrivent comme devant être fait avant la célébration du mariage. Il faudra que, dans chaque cas, cet Induit Apostolique soit expressément mentionné, et que, toujours, l'on observe ce que les sacrés canons ont établi au sujet de la sauvegarde des droits du curé et de l'inscription dans les registres paroissiaux 2.

1 Seul l'évêque consacré est le ministre ordinaire du Sacrement de Confirmation (can. 782, § 1); un prêtre ne peut conférer validement ce Sacrement que comme ministre extraordinaire et à la condition d'en avoir reçu la faculté par induit du Saint-Siège (can. 782, § 2). Le Code accorde ce pouvoir aux Cardinaux non évêques ainsi que, dans leur propre territoire et pendant la durée de leurs fonctions, aux Abbés et Prélats Nullius et aux Vicaires ou Préfets Apostoliques qui n'ont pas reçu la consécration episcopale (can. 782, § 3). Mais, sauf concession spéciale, le pouvoir d'Ordre (et tel est le pouvoir d'administrer la Confirmation) ne peut pas être validement délégué (can. 210). On concède ici aux Ordinaires des lieux de l'Amérique Latine (à l'exception des Vicaires Généraux, s'ils n'ont pas de mandat spécial de leur Prélat) la faculté de déléguer ce pouvoir, mais seulement sous certaines conditions. Un prêtre constitué en dignité serait, p. ex., un Vicaire Général ou un Protonotaire, etc.

1 Seuls sont compétents pour assister validement à un mariage (avec les deux témoins), dans les circonstances normales (des exceptions sont prévues par LE 1098), l'Ordinaire du lieu où se fait le mariage et le Curé de ce même lieu ou un prêtre spécialement délégué par cet Ordinaire ou ce Curé (can. 1094). Seul un Vicaire coopérateur peut recevoir une délégation générale pour assister validement à tous les mariages qui se font sur le territoire de la paroisse à laquelle il

5) Les Ordinaires des lieux sont également autorisés à dispenser des empêchements de mariage de droit ecclésiastique dont le Saint-Siège a coutume d'accorder la dispense. Sont donc exclus les empêchements provenant des Ordres Sacrés ou, si le mariage a été consommé, de l'affinité en ligne directe ; ainsi que, à cause de la gravité du cas, l'empêchement dont il s'agit au canon 1075, nn. 2 et 3 ; et aussi les empêchements de religion mixte et de disparité de culte, à moins que des facultés spéciales n'aient été obtenues de lia S. C. du Saint-Office. Ces mêmes Ordinaires peuvent aussi, lorsqu'ils accordent de telles dispenses, légitimer les enfants nés avant le mariage, à la condition toutefois que ces enfants ne soient pas le fruit d'un adultère. Mais, dans chaque cas de dispense ou de légitimation, ils devront faire une mention expresse de cet Induit Apostolique 1.

est attaché ; dans tous les autres cas, la délégation doit être donnée spécialement à un prêtre déterminé pour un mariage déterminé (can. 1096, § 1). Les Ordinaires des lieux de l'Amérique Latine sont autorisés ici à donner des délégations générales, mais seulement dans certaines circonstances bien déterminées. Pour le reste, les prescriptions du Droit (examen des fiancés, publications, etc.) doivent être observées. La mention de l'Induit n'est pas une condition de validité ; on l'exige, de peur que l'on n'oublie, à la longue, que les délégations générales sont normalement invalides.

1 Les facultés concédées sous ce numéro se limitent aux empêchements de droit ecclésiastique, car il est clair qu'aucune dispense ne peut être accordée en ce qui concerne les empêchements qui sont de droit divin. Et, même en ce qui regarde les empêchements de droit ecclésiastique, certains sont exceptés. Ils sont énumérés. Au canon 1075, nn. 2 et 3, il s'agit des deux formes les plus graves de l'empêchement de « crime » : adultère accompagné du meurtre du conjoint, sans complicité ; et meurtre du conjoint, même sans adultère, s'il y a eu complicité. L'empêchement de « religion mixte » est celui qui existe entre deux baptisés, dont l'un est catholique et l'autre appartient à une secte hérétique ou schismatique (can. 1060) ; celui de disparité de culte, entre une personne baptisée, qui a appartenu à l'Eglise catholique, et une personne non baptisée (can. 1070, § 1) ; la dispense de ces deux derniers empêchements est de la compétence de la S. C. du Saint-Office (can. 247, § 3). — Les enfants illégitimes sont, par fiction juridique, assimilés aux légitimes ; il y a cependant des cas exceptés ; ainsi un enfant légitimé ne peut pas, p. ex., être promu à l'épiscopat (can. 331, § I, 1°). Les enfants nés après le mariage de leurs parents, même si la conception a été illégitime, n'ont pas besoin de légitimation : le Droit canonique les considère

6) Les fidèles qui se marient, pourront, en tout temps de 1 année, recevoir la bénédiction nuptiale ; à la condition cependant de s'abstenir de trop d'apparat, s'il s'agit d'une époque où cette bénédiction est normalement interdite par l'Eglise. De plus, si la bénédiction nuptiale est donnée en dehors de la Messe, on ne pourra employer que la formule qui se trouve dans l'appendice « du Mariage » du Rituel Romain

7) On pourra faire usage des Saintes Huiles, même anciennes ; mais pas au-delà de deux ans ; et à la condition qu'elles ne soient pas corrompues et que, même en faisant

comme légitimes (can. II14). II est étonnant que les présentes facultés n'exceptent pas, du (bénéfice de la légitimation, comme c'est le cas au can. 1051, les enfants dont la conception aurait été « sacrilège ». Le cas peut se présenter pour les Ordinaires des lieux de l'Amérique Latine, puisque ceux-ci sont autorisés à accorder dispense de la profession religieuse, même solennelle, à la condition que le religieux dont il s'agit, n'ait pas encore reçu les Ordres sacrés. — La mention expresse de l'Induit Apostolique est exigée pour un motif semblable à celui qui a été expliqué au n° 4. — Remarquons enfin que, en certaines circonstances, les Ordinaires des lieux jouissent d'un pouvoir de dispenser beaucoup plus étendu que celui qui est accordé ici (cf. canons 1043 et 1045, § 1) ; ils peuvent alors dispenser même de la religion mixte et de la disparité de culte, des deux formes de « crime » exceptées ci-dessus, du sous-diaconat et du diaconat ; mais pas du presbytérat, ni de l'affinité en ligne directe, lorsque le mariage, dont provient cette affinité, a été consommé.

1 La bénédiction nuptiale, qui se donne régulièrement au cours de la Messe qui suit le mariage, est normalement interdite en temps «clos», c'est-à-dire depuis le premier dimanche de l'Avent jusqu'au jour de Noël inclusivement, et depuis le mercredi des Cendres jusqu'au dimanche de Pâques, inclusivement (can. 1108, § 1); pour un juste motif, les Ordinaires des lieux peuvent cependant permettre une exception à cette règle, à la condition de recommander aux époux de s'abstenir d'un trop grand apparat (can. 1103, § 2). Ici, cette autorisation est accordée aux ifidèles de l'Amérique Latine; ils n'ont donc pas à la demander à l'Ordinaire. — La bénédiction nuptiale solennelle, qui se trouve dans le Missel Romain, ne peut être donnée qu'au cours de la Messe; on accorde ici aux prêtres de l'Amérique Latine la faculté d'employer, s'il n'y a pas de Messe, une formule nouvelle, approuvée par la S. C. des Rites le 11 mars 1914, et qui a été insérée en appendice dans le Rituel Romain : « Benedictio nuptialis extra Missam danda ex Apostolico indulto quando Missa non dicitur». L'usage de cette formule nouvelle suppose un Induit Apostolique.

tout ce qui est possible, on ne puisse pas en avoir de nouvelles ou de plus récentes 1.

8) Les Ordinaires peuvent permettre aux prêtres de célébrer la Sainbe Messe sur un autel portatif, mais seulement pour le bien des fidèles et dans les lieux où il n'y a ni église ni oratoire public ou dans lesquels l'église paroissiale est fort éloignée ; mais pas en mer ; et à la condition que le Saint Sacrifice ne soit jamais célébré que dans des endroits décents et honnêtes et sur une pierre consacrée, et que les curés et tous les autres prêtres à qui cette faculté sera accordée, fassent une instruction aux fidèles qui assistent à la Messe : explication du Saint Evangile ou exposé du catéchisme 3.

9) Les Ordinaires peuvent autoriser les prêtres à célébrer le Saint Sacrifice de la Messe à bord des bateaux, mais seulement pendant qu'ils sont en voyage, et à la condition que, dans le lieu de la célébration, il ne se trouve rien d'indécent ou de messéant, que la mer ou le fleuve soit si calme qu'il n'y ait aucun danger que les Saintes Espèces ne se répandent hors du Calice ; et que, si un autre prêtre est présent, celui-ci, revêtu d'un surplis, assiste le célébrant 3.

10) Tous les fidèles de l'Amérique Latine sont autorisés à satisfaire aux préceptes de la Confession et de la Communion annuelles depuis le dimanche de Septuagésime jusqu'à la fête des Saints Apôtres Pierre et Paul *.

1 Les Saintes Huiles doivent régulièrement être renouvelées chaque année, le Jeudi-Saint. Le Code dit déjà que l'on ne peut employer des Saintes Huiles plus anciennes que s'il y a nécessité urgente (can. 734, § I).

' Le Saint Sacrifice de la Messe ne peut normalement être célébré que dans une église ou un oratoire public ou semi-public (can. 822, § 1). Pour que l'on puisse célébrer dans un oratoire privé ou sur un autel portatif, un Induit Apostolique est nécessaire à ceux qui ne jouissent pas d'un tel privilège (canons 822, § 2, et 1195, § 1). Ce n'est que dans des cas particuliers, pour une cause extraordinaire, que les Ordinaires peuvent permettre des exceptions à ces règles (canon 822, § 4, et 1195, § 2). Les Ordinaires de l'Amérique Latine reçoivent, à ce sujet, de plus amples facultés; mais l'usage en est soumis à plusieurs conditions.

3 Un Induit autorisant l'usage de l'autel portatif ne suffit pas pour que l'on puisse célébrer la Sainte Messe en mer (can. 822, § 3). La célébration en mer suppose une permission toute spéciale du Saint-Siège. Les Ordinaires de l'Amérique Latine peuvent, sous certaines conditions, accorder une telle autorisation.

* Le temps prévu par le Code pour la Communion pascale commence le

11 ) S'ils habitent des régions où il est absolument impossible ou au moins très difficile de s'adresser à un confesseur, ces mêmes fidèles peuvent gagner les Indulgences et les Jubilés pour lesquels une Confession, une Communion et un jour de jeûne seraient nécessaires, à la condition que, ayant observé ce jeûne, ils fassent un acte de contrition, avec le ferme propos de confesser leurs péchés dès qu'ils le pourront 1.

dimanche des Rameaux et se termine le premier dimanche après Pâques. Les Ordinaires des lieux, dans la mesure où ils le jugent nécessaire, peuvent cependant permettre que la Communion pascale soit faite dès le quatrième dimanche de Carême et jusqu'à la fête de la T. S. Trinité (can. 859, § 2). Ici, sans que les Ordinaires aient à intervenir, un espace de temps encore plus considérable est concédé aux fidèles de l'Amérique Latine. Il est étonnant qu'il soit fait mention de la Confession annuelle, car l'accomplissement du précepte de la Confession n'est fixé, par le Code, à aucune époque particulière de l'année (can. 906). Ce n'est que si l'on avait commis un péché mortel, que l'on devrait se confesser au moment de la Communion pascale.

1 Le jeûne est généralement prescrit pour les Jubilés « extraordinaires ». Le n* 11 ne s'applique donc pas à un Jubilé o ordinaire », comme celui de l'Année Sainte 1950, pour lequel aucun jour de jeûne spécial n'est imposé.


MESSAGE RADIOTÉLÉVISÉ AUX ÉTATS-UNIS

(27 mars 1949) 1

Pour la première fois, le Souverain Pontife, en ce dimanche de Laetare, a envoyé aux Etats-Unis un message radiotélévisé. En voici le texte :

Ces hommes, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : « Celui-ci est vraiment le Prophète qui doit venir dans le monde » (Jn 6,14 Jn 6, du Dimanche Laetare).

Vous avez pris joyeusement à coeur, bien-aimés dans le Christ, la leçon émouvante et consolante de l'Evangile de ce matin, en ce dimanche de Laetare.

C'est la charité du Christ vivant qui porte le témoignage visible de sa divinité, confirmant aux yeux de tous la vérité de ce qu'il dit, de ce qu'il est et de ce qu'il attend de nous, que nous formions une seule famille, un seul troupeau, un royaume de nations unies en paix avec Dieu et avec nous-mêmes.

Le miracle de la multiplication des pains est une nouvelle et éloquente preuve de Sa puissance, de Sa proximité, de Sa pitié pour notre faiblesse, de Sa Providence envers tous nos besoins humains. Et d'une manière bien plus parfaite que ne le permet cette merveille de la télévision, 11 rassemble nos esprits et nos coeurs en réalisant la vérité dans la charité (Ep 4,15).

Vous êtes ses membres vivants, chers fils et chères filles d'Amérique. Votre charité, comme tout le monde le sait, est devenue un symbole, une formule, une expression plus pressante et plus émouvante que tout autre mot ou que toute autre image pour exprimer l'amour immuable humain et

1 D'après le texte anglais de l'Osservatore Romano des 28 et 29 mars 1949.

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MESSAGE RADIOTELEVISE

divin du Christ, Sauveur et Pacificateur, qui règne dans vos coeurs et dans vos foyers.

Tandis que vous renouvelez, en ce dimanche de Laetare, le geste généreux et charitable que Lui seul peut inspirer et récompenser exactement, Nous sommes heureux que vous sachiez, que vous entendiez — et même que vous voyiez — quelque chose de la joie paternelle et de la fierté du Saint Père, devant votre persévérance.

Afin qu'un monde reconnaissant continue à apercevoir l'amour du Christ vivant dans vos bonnes oeuvres, et qu'il glorifie le Père qui est aux cieux (Mt 5,16) que la Bénédiction du Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit descende sur vous et demeure à jamais !


ALLOCUTION AUX OUVRIERS DE CIVITA CASTELLANA

(27 mars 1949) 1

S. S. le Pape Pie XII a parlé le dimanche 27 mars à 1200 ouvriers d'une fabrique de céramique de Civita Castellana.

Ces ouvriers lui avaient offert quelques objets d'.art : vases, amphores, plats, tasses et pièces de divers styles, à l'exécution desquels ils avaient mis tout leur art et tout leur coeur.

Vous savez bien, chers fils et chères filles, la joie paternelle que Nous éprouvons chaque fois que Nous voyons venir à Nous les ouvriers, ces ouvriers qui, avec un courage parfois héroïque, obéissent fidèlement à la grande loi qui régit la vie de l'homme depuis la faute originelle : « tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (Gen. III, 19) *.

Mais Notre joie s'accroît lorsque le fruit de leur travail atteste, par son utilité et sa beauté, l'amour avec lequel il a été accompli. C'est votre cas.

1 D'après le texte italien de l'Osservatore Romano du 28 mars 1949. 3 Au cours de l'année 1948, le Saint-Père a reçu à maintes reprises des groupes d'ouvriers; à certains de ceux-ci il a adressé une allocution:

— Discours au personnel des Tramways de Rome, 22 février 1948 (Documents Pontificaux 1948, p. 82).

— Allocution à l'Union des Cheminots Catholiques de France, 13 avril 1948 (id., p. 162).

— Allocution aux Employés de la Monnaie, 13 mai 1948 (id., p. 187).

— Allocution aux Employés de Banque de Naples, 20 juin 1948 (id., p. 232).

— Allocutions aux Associations Catholiques de Travailleurs Italiens, 29 juin 1949 (id., p. 239).

— Allocution aux Douaniers italiens, 14 juillet 1948 (id., p. 266)

— Allocution aux Ouvriers des Usines Fiat de Turin, 31 octobre 1948 (id.,

p. 397).

Le Pape montre que l'Eglise se penche sans cesse sur les travailleurs pour améliorer leur sort et leur indiquer leurs devoirs :

Sans doute, le travail est souvent pénible, et il arrive encore parfois que la tranche de pain qu'il procure est bien mince. Nous avons fait et Nous ne cessons de faire tout ce qui est en Notre pouvoir, non seulement pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin, mais aussi pour mettre en face de leurs responsabilités et de leurs devoirs ceux qui s'y soustraient de façon coupable, donnant ainsi lieu fréquemment à une réédition de Nos sévères réprimandes.

// faut réprouver l'oeuvre de ces agitateurs sociaux, notamment des meneurs communistes, qui — sans apporter aucune aide efficace à la classe ouvrière — ne cessent de l'exciter Vainement :

Notre bonne volonté, comme celle de tant d'hommes de coeur, épris de justice, se heurte, non seulement à l'inertie et à l'incompréhension d'un grand nombre, mais plus encore à la volonté délibérée des exploiteurs de la misère, qui sans jamais apporter aucune aide efficace, semblent n'avoir en vue que d'aggraver le mal, de réduire à l'impuissance ceux qui veulent travailler et ceux qui cherchent à leur fournir un travail honnêtement rémunérateur; n'avoir en vue que d'exciter le mécontentement, de pousser à l'exaspération, avec de funestes conséquences pour les intérêts ouvriers.

Les ouvriers doivent surtout garder l'amour du travail :

Mais la tactique la moins humaine et la plus antisociale est de rendre le travail odieux ; alors qu'au contraire, s'il fait même souvent sentir la fatigue, parfois douloureuse et cruelle, il est pourtant en lui-même beau et ennoblissant, parce qu'il poursuit, — quand il produit, — l'oeuvre commencée par le Créateur, et qu'il réalise la généreuse collaboration de tous et de chacun au bien-être de tous. Cette pensée suffirait à rendre aimable tout travail, fût-il monotone et pénible. Mais combien doit-elle vous soutenir dans votre propre labeur !

Le Saint-Père vit en communion constante avec les travailleurs : Les objets que, dans votre filiale piété, vous Nous avez

offerts, l'attestent éloquemment. Nous qui, malgré la distance, vivons constamment, par le coeur, parmi Nos chers fils, qui, de jour en jour et même souvent de nuit, sont penchés sur leur absorbant travail, Nous vous voyons, artisans de la céramique, suivre avec intérêt, dans chacun de ses stades, la transformation de la matière qui s'offre entre vos mains et sous l'action du feu ; et puis Nous vous voyons contempler avec amour le résultat obtenu.

Pie XII exalte le travail d'art réalisé par les céramistes :

Et ceci est vrai pour tous : non seulement pour ceux d'entre vous qui exécutent et produisent ces pièces artistiques, ces merveilles de formes, de dessins, de reflets métalliques, destinées expressément à procurer une saine et noble joie des yeux ; mais aussi pour ceux dont ces produits industriels, adaptés aux usages domestiques, iront réjouir, par l'harmonie et le bon goût des lignes, par la blancheur éclatante de l'émail, le foyer où ils seront mis en usage.

La terre — matière première — se montre aux divers travailleurs dans toute sa richesse :

Une autre considération augmente encore la beauté de votre travail. Votre art, qui est depuis tant de siècles régional et traditionnel, est marqué de la noble empreinte de toutes les activités qui travaillent la terre. L'agriculteur arrose la terre de ses sueurs, il lui confie la, semence afin qu'elle germe dans son sein et puis qu'elle fournisse à l'homme du pain nourrissant et des fruits savoureux. Le mineur se fatigue à lui arracher les trésors qu'elle recèle dans ses profondeurs à l'avantage de l'homme. Vous aussi vous travaillez la terre pour la rendre, de banale et informe, utile, belle et éclatante.

La terre elle-même nous invite à dépasser par la pensée la matière :

Tout cela est une réalité matérielle, mais c'est aussi une image. Jésus, le divin Maître, aimait à enseigner en paraboles (Marc IV, 2, 33-34). Il comparaît nos âmes à la terre, dans laquelle il sème les dons de la nature et de la grâce, qui tendent à nous faire porter des fruits. Nous n'avons pas le droit de laisser dormir, inutiles à nous-mêmes et au prochain, les talents que nous avons reçus et dont II nous demandera compte. Cette terre, Il la travaille Lui-même et II nous conseille de la travailler avec Lui. Il la pétrit dans les vicissitudes quotidiennes de la vie. Il la soumet au feu de l'épreuve pour faire, même de l'âme la plus humble, la plus misérable aux yeux des hommes, son chef-d'oeuvre. Si, dans vos fabriques, la terre pouvait parler, croyez-vous qu'elle se plaindrait de la dureté des doigts qui la pétrissent, qu'elle gémirait sous la caresse brûlante des flammes qui lui assurent la solidité, la beauté et la splendeur ?

Le Pape exhorte les ouvriers à écouter également la leçon donnée par le jeu :

Levez donc les yeux vers Dieu. Demandez-Lui secours, aide, assistance. Ayez confiance en Lui. Sa main est forte, mais c'est la main d'un Père très aimant. Le feu par lequel Il vous fait passer est le feu de son amour. Abandonnez-vous docilement à son action et vous trouverez, même ici-bas, la paix, une paix parfois austère, mais aussi cependant toujours la paix qui se changera un jour en une lumière sans ombre, en une félicité sans fin.

Comme gage de ces faveurs, Nous vous accordons avec effusion et de tout coeur, à vous, à vos familles, à toutes les personnes qui vous sont chères, la Bénédiction Apostolique.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 165; traduction française dans La Documentation Catholique, t. XLVI, c. 515.

2 L'église Saint-Eugène destinée à être la paroisse du quartier de Parioli et l'Institut annexe sont situés dans la Valle Giulia, sur la Via Flaminia. La construction en a été promue par le Cardinal-Vicaire, avec des offrandes du monde catholique, pour commémorer le jubilé sacerdotal du Saint-Père.


MOTU PROPRIO FONDANT L'INSTITUT PONTIFICAL SAINT-EUGÈNE

A ROME

(2 avril 1949) 1

A l'occasion du cinquantenaire de l'ordination sacerdotale du Pape Pie XII, les fidèles du monde entier lui offrirent des dons destinés à permettre l'édification à Rome d'une nouvelle paroisse dédiée à Saint Eugène 2. Le Pape décide que dans les bâtiments attenants à l'église paroissiale, un nouvel Institut soit créé :

Puisque bientôt doit s'élever, avec l'aide de Dieu, une église dédiée à Saint Eugène Ier, ainsi que l'immeuble qui lui sera adjoint — et il convient ici de remercier grandement tous ceux aux largesses desquels on le doit —, Nous désirons et voulons que là même soit fondée une paroisse qui soit administrée selon les lois et jouisse des mêmes droits qui régissent et dont jouissent les autres paroisses de Notre bonne Ville.

Cet Institut sera voué à la formation du clergé :

Et, de plus, Nous avons à coeur d'établir quelque chose d'autre dans ces mêmes constructions, et ce sera, Nous l'espérons, très profitable au clergé romain qui, certes, Nous est très cher.

Il y a, en effet, des choses qui sont si nécessaires au progrès du catholicisme, qu'elles sont très intimement liées à 1 organisation de l'Eglise et à son développement. Et, parmi ces choses, il faut placer l'enseignement et la formation du jeune clergé.

Depuis le Concile de Trente, des séminaires ont été créés dans toutes les régions :

C est pourquoi, non seulement Nos prédécesseurs, mais encore les évêques de toutes les régions de la terre, ont toujours eu à coeur d'y appliquer toute la sollicitude de leur charge ; ce qui s'est réalisé, surtout après le tenue du Concile de Trente, par l'institution des Séminaires dans chaque diocèse. Dans ceux-ci, des jeunes gens choisis, appelés par une impulsion divine à remplir les fonctions sacerdotales, doivent être convenablement formés.

Toutefois, on sent aujourd'hui la nécessité de fournir aux jeunes prêtres un supplément de formation à l'issue de leurs études de séminaire :

Pourtant, lorsque de nouveaux prêtres quittent ces maisons d'études pour exercer le ministère qui leur a été confié, même si à la connaissance des sciences sacrées, ils joignent la ferveur de la piété, même en ce cas, quand ils respirent l'air du siècle et qu'on les jette au milieu des périls et des difficultés de notre époque, l'expérience leur montre souvent qu'ils ne sont pas assez équipés pour parer aux besoins croissants des populations, et même parfois, ils tombent dans le découragement quand ils se voient, non sans grand péril pour eux, combattus, le plus violemment par les ennemis de la religion et de la vertu chrétienne.

En particulier, il faut initier les jeunes prêtres aux nouvelles formes d'apostolat :

Il faut donc que les jeunes prêtres soient instruits dans ces matières et dans ces disciplines appropriées dont ils ont besoin pour pouvoir aisément, convenablement et avec zèle utiliser les nouvelles formes d'apostolat que notre temps a introduites.

Au début de son ministère sacerdotal, le prêtre doit être très sérieusement guidé :

Tout le monde sait assurément que les premières années du sacerdoce surtout, lorsque les ministres du sanctuaire se précipitent, de la clôture du Séminaire, dans le champ où librement ils vont réaliser ce qu'on leur a enseigné en classe, revêtent une importance grave et, parfois même, ne sont pas sans danger sérieux. A la vérité, de ces années dépend bien souvent le cours de leur vie future et par suite leurs progrès dans la vertu et le ministère sacerdotal. On voit facilement pas là combien il est opportun et tout à fait nécessaire qu'ils aient, au début de leur sainte carrière, les meilleurs maîtres et guides qui les éclairent non pas tant par leurs préceptes doctrinaux, que par la pratique du ministère sacerdotal.

D'ailleurs, l'histoire de l'Eglise nous montre qu'à plusieurs reprises, pour le plus grand bien des prêtres, des institutions ayant ce but ont été créées :

Cela certes, n'est pas nouveau dans les annales die l'Eglise ; ce qu'a accompli à Rome Saint Philippe de Néri, ce qu'a fait à Milan Saint Charles Borromée, et ce qu'a obtenu au siècle dernier, Saint Joseph Cafasso, à Turin, en dirigeant son «Convict ecclésiastique», personne ne l'ignore; mais bien d'autres oeuvres et institutions de ce genre peuvent être mentionnées qui ont contribué souverainement à une excellente formation des prêtres.

C'est pourquoi Pie XII décide la fondation à Rome d'un Institut destiné à parfaire la formation des jeunes prêtres :

Ayant mûrement réfléchi à tout cela, Nous qui désirons fortement que le jeune clergé de Notre bonne Ville, qui, à un titre particulier et spécial, Nous est cher, ne manque pas de ces secours, Nous souhaitons et Nous voulons fonder un Institut pontifical à Rome pour lui confier cette affaire importante. C'est pourquoi, par ces lettres, données de Notre propre mouvement, Nous décrétons que les édifices dont Nous avons parlé plus haut, soient attribués non seulement à la nouvelle paroisse, mais également à l'Institut pontifical fondé pour une formation de ce genre du clergé romain. De plus, Nous établissons et décrétons ce qui suit :

I. Le recteur de cet Institut sera choisi par Nous ou par Nos successeurs après avis du Cardinal-Vicaire à Rome.

II. Les nouveaux prêtres de Notre bonne Ville y séjourneront pendant un certain temps pour s'exercer non seulement à la vertu, mais aussi au saint ministère et particulièrement à ces formes d'apostolat qu'a introduites notre temps.

III. Ils y apprendront ce que réclame notre temps, les nécessités dont il souffre, les dangers et les risques qu'il présente ; et surtout, ils seront instruits de toutes les méthodes opportunes pour triompher plus facilement de ces dangers et pouvoir répondre avec zèle à ces nécessités d'une manière satisfaisante et pratique pour notre époque.

IV. On les exercera à l'éloquence sacrée et à la façon d'enseigner la doctrine chrétienne ; c'est pourquoi, à des moments fixés, ils se rendront dans les locaux paroissiaux, où leur activité sera dirigée d'une manière convenable et utile.

V. On les exercera également sous la conduite des meilleurs maîtres à la gestion et à l'administration des services paroissiaux.

VI. Ils mèneront la vie commune pour en tirer grand profit d'utilité spirituelle.

Nous avons été amené à prendre ces décisions par l'espérance très douce que les prêtres de Notre bonne Ville recevront de cet Institut la faculté de pouvoir, avec l'inspiration de la grâce divine, aviser et pourvoir, d'une façon plus adéquate et plus fructueuse, à leurs propres intérêts, à leur saint ministère et au bien du peuple de Rome.


Pie XII 1949 - ALLOCUTION AUX MEMBRES DU BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL