Pie XII 1949 - (10 juillet 1949)


DISCOURS A M. LE DR. JULIAN AUGUSTO SALVIDAR Ministre du Paraguay (12 juillet 1949) \21

. Recevant le Ministre du Paraguay, Pie XII lui déclara :

En recevant les Lettres de Créance par lesquelles Votre Excellence est constituée premier Envoyé Extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire de son noble pays auprès de ce Siège Apostolique 2, il Nous semble que Nous voyons arriver à un heureux terme ces relations diplomatiques entre ce Siège de Pierre et la République du Paraguay, qui, dans les temps modernes, eurent leur début en 1920, arrivèrent ensuite en 1941 à l'ouverture d'une Nonciature permanente à l'Asuncion, et aboutirent enfin en 1948 à l'érection de cette Légation.

11 faudrait remonter bien plus loin, comme Votre Excellence vient de le faire, si on voulait évoquer le souvenir de la première présence de l'Eglise catholique en votre belle nation, puisque le diocèse de Paraguay, effectivement le plus ancien de la Plata, fut érigé rien moins que le 1 juillet 1547. De là part toute une histoire, où l'Eglise catholique n'a jamais était absente, une histoire où l'Eglise a laissé des chapitres d'une transcendance mondiale : Nous faisons allusion aussi aux très fameuses « Doctrinas Guara-

> D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 369.

2 Le Ministre du Paraguay est le Docteur Julian Augusto Salvidar. Né en 1898, après ses études de droit, il fut rapidement nommé sous-secrétaire au Ministère des Affaires étrangères, ensuite Ministre de l'Intérieur, de la Justice et du Travail.

nies » \ où, parmi d'innombrables difficultés, et gravitant plutôt sur le moral que sur le matériel, le labeur civilisateur de l'Evangile arriva a des réalisations sociales telles, que, éliminant les défauts inhérents à toutes les choses humaines, elles sont restées là pour l'admiration du monde, l'honneur de votre pays et la gloire de l'Ordre illustre qui les réalisa, non moins que pour celle de l'Eglise catholique, puisqu'elles surgirent de son sein maternel. L'expérience se chargea de montrer combien ce système était génial.

Les paroles que Votre Excellence vient de prononcer sont pour Nous une preuve palpable de ce que, dans son esprit, sont vivants non seulement ces souvenirs d'un glorieux passé et les enseignements qui. en découlent, mais aussi la claire vision de la tâche imposante que les besoins du moment et la lutte en vue d'améliorer l'avenir réservent à son généreux peuple.

Toutes les nations, — aussi bien celles qui prirent part à la guerre comme celles qui purent se maintenir neutres — se voient aujourd'hui enveloppées, qu'elles le veuillent ou non, dans les effroyables répercussions matérielles et spirituelles, qui sont l'écho inévitable de pareil choc entre les forces d'une telle puissance dévastatrice.

Pour obtenir que l'ordre, après ce chaos ; la santé, après une si terrible maladie ; et la paix, après une si longue et douloureuse après-guerre, recommencent à embellir la face de la terre, il faudra que l'esprit d'un véritable et sincère sentiment de fraternité entre les peuples, les nations et les races, arrive à réaliser, dans un progrès ininterrompu, de nouvelles et décisives conquêtes. On sera forcé de reconnaître aussi que, quoique le chemin soit hérissé d'obstacles et se montre fécond en réactions inattendues, quelques pas, encore vacillants peut-être, sont déjà réalisés, mais ils devront être suivis d'autres et en grand nombre.

Nous ne pouvons pas douter que ces pas se feront avec cette patience dans la persévérance, avec cette prudence dans la méthode et avec cette courageuse énergie,

1 De 1610 à 1768 le Paraguay connut un régime très particulier, introduit par les missionnaires Jésuites, qui se caractérisa par une société fraternelle organisée selon les principes chrétiens (cf. C. LuGON, La République communiste chrétienne des Guaranis, Ed. Ouvrières, Paris, 1949).

sans lesquelles on ne pourra jamais espérer la victoire du bien sur les forces de l'opposition, elle ne sera jamais, non plus, ni complète ni opportune.

Dans l'histoire du peuple paraguayen, le maternel et généreux amour de l'Eglise envers les pauvres et les souffrants est gravé en caractères indélébiles.

Tous en votre nation, gouvernants et gouvernés, peuvent être sûrs que l'amour et la paternelle affection que lui voua la lumineuse figure de Notre Prédécesseur Pie IX, de sainte mémoire, — qui se trouvant à Montevideo en 1824, désira même passer sa vie à évangéliser le Paraguay — ont passé intégralement dans le coeur de ses Successeurs comme un précieux héritage. Notre pensée, aussi bien que la sienne, se lance volontiers vers votre terre privilégiée, vrai centre d'un continent qui est l'espoir de l'Eglise, et se plaît à songer à ce coin fortuné du monde, divisé en deux par les eaux abondantes du fleuve qui vous a donné son nom, et qui avance souriant dans une végétation exubérante, ayant d'un côté les collines orientales d'une rare fertilité, et de l'autre des plaines imposantes, aussi riches en bois qu'en pâturages ; pays qui, par la richesse de son sol, l'abondance de ses eaux, et même par la beauté des oiseaux qui peuplent son ciel limpide, est justement admiré par tous ceux qui le connaissent.

Les desseins inscrutables du Seigneur Nous font occuper aujourd'hui ce même Siège d'où sortirent des lèvres de ce grand Pontife des expressions si aimables que votre fidèle peuple les a toujours présentes. Eh bien, que les fils de votre lointaine patrie sachent qu'en ce lieu, aujourd'hui comme jadis, bat toujours un coeur de Père qui, dans tous les problèmes qui préoccupent et divisent parfois les nations, par dessus tous les partis et toutes les intentions, placé plus haut que tous les conflits d'intérêts ou d'opinions, il se laisse guider uniquement par cette expression de l'Apôtre : la charité du Christ.

Maintenant que le Représentant officiel du Paraguay occupe déjà la place qui lui correspond dans le sein de l'illustre Corps Diplomatique accrédité auprès de Nous, le soin et le développement des confiantes et fructueuses relations entre l'Eglise et l'Etat en votre pays, pourront se compléter et se perfectionner plus efficacement chaque jour.

A cause de cela Nous désirons vous demander de bien vouloir vous faire l'interprète de Notre reconnaissance, auprès de Monsieur le Président de la République 1 et de son Gouvernement, pour ses voeux fervents si dignement manifestés, auxquels Nous désirons correspondre de tout coeur, en les étendant à tout le tant aimé Paraguay, que Nous bénissons paternellement.

Votre Excellence, Monsieur le Ministre, doit être sûre que, pour sa part, Elle pourra compter sur Notre plus bienveillant appui en tout ce qui pourra réellement servir au vrai bonheur, au progrès, à la perfection et à la pénétration du sentiment religieux dans sa belle et chère Patrie.

1 Le Président de la République était en juillet 1949 M. Felipe Molas Lopez. Celui-ci donnait sa démission le 11 septembre 1949.

COMMUNIQUÉ DE LA S. CONGRÉGATION DES RITES CONCERNANT LES ORGUES (13 juillet 1949)

1

S. E. le Cardinal Micara, préfet de la S. Congrégation des Rites, a publié le communiqué suivant :

La guerre sinistre par tant de désastres et de ruines n a même pas épargné les édifices sacrés dont beaucoup ont été détruits et un très grand nombre endommagés, au point que, outre des oeuvres d'art remarquables, même de nombreuses orgues ont disparu ou sont devenues inutilisables.

Il est superflu de signaler que l'orgue a un rôle remarquable dans la sainte liturgie et que sa construction, même s'il est de petite dimension, exige une grande dépense. C'est pourquoi les sociétés qui construisent des instruments de musique ont en ces derniers temps imaginé des orgues électriques, inférieures en tout certes aux orgues pneumatiques mais qui comportent de notables avantages dans leur construction et leur usage. "

Toutes choses bien pesées, la S. Congrégation des Rites tout en confirmant que l'orgue à tuyaux doive être en tous points préféré, comme convenant mieux aux besoins liturgiques, n'interdit pas cependant l'usage des orgues électriques. En la matière, ce Saint Dicastère tout en reconnaissant que l'orgue en question doive encore être perfectionné et revu avec soin pour remplacer dignement l'orgue à tuyaux — et il invite instamment ces Sociétés à y travailler — laisse cependant au jugement des Evêques et autres Ordinaires de permettre dans chaque cas, après avis des Commissions Diocésaines de musique sacrée et vu la difficulté de se procurer des orgues à tuyaux l'usage dans les églises de l'orgue électronique, avec les modifications que les susdites Commissions Diocésaines auront suggérées.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 617.

LETTRE AU R. P. PIERRE SCHWEIGER Supérieur Général de la Congrégation des Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie

à l'occasion du centenaire de leur fondation (16 juillet 1949) 1

Le 16 juillet 1849 était fondée cette Congrégation de Missionnaires qui compte actuellement 2.400 religieux 2.

Le fondateur de cette Congrégation, Antoine Claret (1807-1870), fut béatifié le 25 février 1934 et il sera canonisé au cours de l'Année Sainte 1950 \

C est par une heureuse coïncidence qu'aux premières lueurs de l'année sainte récemment promulgée, les mérites et les fruits de sainteté de la famille Claretienne soient lumineusement mis en évidence au cours des solennités du Centenaire. C'est un fait bien connu en effet que cette société s'est considérablement accrue au cours de ses cent armées d'une multitude de religieux et s'est largement répandue et étendue à travers le monde, au point que l'Espagne et presque toutes les régions de l'Amérique, de même que plusieurs pays d'Europe comme la France, l'Italie, le Portugal, l'Angleterre et l'Allemagne ont ressenti les fruits de salut de son apostolat chrétien ; et plusieurs régions d'Afrique et d'Asie ont vu aussi les heureux débuts

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 448.

2 Le siège de cette Congrégation est à Rome, Via Giulia 131.

3 On lira sa biographie dans le volume des Documents Pontificaux 1950 (cf. Daniel SARGENT, The Assignements of Antonio Claret, Ed. Declan X. Me Mullen, New York, 1949). Saint Antoine-Marie Claret a été canonisé le 7 mai 1950.

de son travail. Il est bien établi, en effet, que le Bienheureux Antoine-Marie Claret, votre illustre législateur et Père s'est acquis, et comme signe distinctif en quelque sorte, la gloire de travailler à amener les âmes à Dieu en ajoutant aux antiques vertus et travaux des hérauts de l'Evangile plusieurs inventions conformes au développement des rapports sociaux ; à la contemplation des choses de Dieu et à l'exercice assidu des vertus, les membres de la société Claretienne joignent en effet une activité vigilante et infatigable et ajoutent à la fréquente prédication de la parole de Dieu et aux oeuvres d'enseignement l'impression de multiples écrits salutaires par l'usage de l'imprimerie, et dispersent ces écrits à travers le monde. Qui pourrait dire les fruits abondants de salut produits par ce genre d'apostolat, en face surtout de si nombreux journaux et brochures orduriers, que des criminels impriment à dessein et répandent pour la perversion des esprits et des coeurs ? Vos écoles et ateliers typographiques ne manquent pas d'ailleurs d'imprimer aussi des ouvrages plus importants, surtout de théologie, de philosophie, de liturgie, de sociologie et de droit et aussi des mémoires utiles à la fervente organisation des Missions saintes, tel le « Commentaire pour les religieux et les missionnaires » ou au développement des belles-lettres, comme « Palaestra latina ». Mais cette sollicitude variée et constante pour le ministère sacré et pour l'enseignement et cette expansion de l'apostolat suivant les voies et les normes de l'Action Catholique, n'ont pas alangui l'ardeur qui enflamme les religieux Claretiens à la poursuite de la perfection religieuse : bien plus, nombre d'entre eux se sont appliqués à reproduire en eux les magnifiques exemples de sainteté laissés par leur Bienheureux Fondateur et l'Eglise se prépare à porter son jugement sur leurs vertus, ainsi que sur ceux qui en nombre imposant ont même versé leur sang en témoignage de la foi, ainsi qu'il est rapporté. C'est donc à bon droit que la Congrégation à laquelle vous-même présidez, considérant le cours glorieux de cent ans de vie, se réjouit tout entière et dans une commune allégresse et, des heureux résultats obtenus jusqu'ici au milieu de nombreuses adversités, difficultés et vicissitudes, tire d'heureux présages pour une heureuse continuation et des progrès en qualité et en quantité. Cete joie commune de votre société est assurément aussi celle de tous les coopé-rateurs de vos travaux et oeuvres et principalement des Religieuses enseignantes de l'Immaculée Conception. Quant à Nous, qui connaissons parfaitement votre fidélité et votre amour pour la Chaire du Bienheureux Pierre, et la sagacité avec laquelle vous vous acquittez des fonctions qui vous sont confiées par les Ordinaires des lieux et par le Siège apostolique lui-même soit dans le ministère des âmes ou la prédication de Missions, soit aussi dans l'enseignement auprès des Athénées Pontificaux ou dans des charges importantes de la Curie Romaine, désirant mettre le comble à votre joie, Nous vous félicitons paternellement de cet heureux événement et Nous prenons part aux solennités de votre centenaire par nos louanges et nos voeux de bonheur. Et Nous exhortons instamment tous les Missionnaires Fils du Coeur Immaculé de Marie à poursuivre chaque jour plus ardemment, selon les splendides exemples de leur Bienheureux Fondateur, le chemin de la perfection de la vie religieuse ; de sorte que comme une racine plus vigoureuse elle fasse fleurir, prospérer et grandir votre Institut lui-même, en fruits plus larges de salut pour le prochain.

Et en présage de ces heureux effets et en gage de notre particulière affection, Nous vous accordons très affectueusement dans le Seigneur, à vous, Cher Fils, à toute la Congrégation Claretienne et à ses aides, nommément aux Religieuses enseignantes de l'Immaculée Conception, notre. Bénédiction Apostolique.


RADIOMESSAGE AUX CATHOLIQUES DE BERLIN

(17 juillet 1949)

1

Les catholiques de Berlin ont tenu ce jour leur premier Congrès depuis la fin de la guerre. A la demande de l'évêque de Berlin, S. E. le Cardinal Conrad von Preysing, le Pape adressa à la foule des congressistes le radiomessage dont voici le texte :

C'est avec émotion que Nous accédons à la prière de votre pasteur, Notre cher Fils Conrad cardinal von Preysing, Nous demandant d'adresser quelques mots de bénédiction au Congrès Catholique, que les fidèles de Berlin célèbrent à nouveau pour la première fois, après une longue interruption.

Pie XII rappelle que Berlin a subi durant la guerre d'affreux bombardements aériens :

Depuis le dernier Congrès, votre ville a dû subir un sort évoquant les terribles malheurs de l'Apocalypse ; dans ses murs, ont été réellement perpétrées les effroyables horreurs de la guerre et de la destruction ; les hommes et les femmes, la jeunesse et les petits enfants de la ville et de la province ont vécu des jours d'angoisse tels que seule la pensée pouvait en concevoir d'aussi affreux.

Alors que Pie XII — alors le Cardinal Pacelli — était nonce à Berlin, il a assisté en 1926 à un Congrès semblable à celui de ce jour :

En 1926, lors du Congrès de la Marche, à Tegel, — Nous avons conservé encore vivant le souvenir de ce ra-

1 D'après le texte allemand des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 424; traduction française dans La Documentation Catholique, t. XLVI, c. 1165.

dieux dimanche d'août et des groupes compacts et joyeux de catholiques qui, le front et le regard illuminés par la foi, couvraient la place Bruhow —, Nous vous parlâmes des gigantesques progrès de l'industrie de Berlin, de sa haute culture matérielle et de son incessante production dans des secteurs toujours nouveaux de la vie présente. Si, aujourd'hui, vous laissez errer vos regards sur les champs de ruines qui s'étendent à perte de vue, la ville mondiale qui jadis tentait de monter jusqu'au ciel, n'est-elle pas devenue comme un redoutable avertissement qu'il ne faut pas estimer uniquement les biens d'ici-bas, ni les rechercher comme le but final ? Il n'y a qu'un but suprême : Dieu et l'abandon complet en Dieu.

Le Pape fait l'éloge des catholiques berlinois qui ont eu, ces derniers temps, une attitude splendide :

Mais Nous ne voulons pas Nous attarder à ces sombres souvenirs des années passées. Les années présentes apportent, elles aussi, de merveilleux motifs de réconfort : foi aussi ferme que le roc, que rien, ni violence ni effondrement de toutes les espérances terrestres, ne peut faire plier ou briser ; jeunesse forte et courageuse, qui ne craint pas la mort, quand il y va de l'observance des commandements de Dieu ; amour du prochain aussi pur que l'or, qui se dévoue admirablement en ces temps de destruction des foyers, de famine et de misère sous toutes les formes ; jeunesse catholique qui, pleine d'esprit de dévouement et de sacrifice, est restée fidèle au Christ, exactement comme autrefois, alors que c'était un plaisir d'appartenir à la Jeunesse catholique ; parents pieux, qui conservent avec une tranquille fermeté la crainte et la paix de Dieu, au sein de la vie familiale chrétienne, en cette époque de relâchement de tout ordre et de dépréciation visible de toute valeur morale, et qui se sont arraché le pain de la bouche pour assurer à leurs enfants santé et avenir heureux. De Berlin précisément, Nous parviennent d'émouvants exemples de cette affection des parents ; exemples aussi de prêtres qui, en ces années d'indicible détresse, n'ont pas abandonné leurs fidèles, restés dans leur pays d'origine ou refoulés hors du sol natal ; ils ont été pour eux une protection et un soutien ; ils ont parcouru tous les chemins, affronté tous les obstacles pour procurer l'assistance religieuse à leurs troupeaux dispersés au loin, et souvent, ont succombé les uns après les autres, complètement épuisés.

Nous sommes heureux, chers fils et filles, de profiter .'¦ • de la circonstance qui Nous est offerte, pour vous exprimer Notre paternelle reconnaissance pour la foi et la charité, la persévérance et la patience avec lesquelles vous avez, au milieu de difficultés surhumaines, gardé votre fidélité à Dieu et à ses commandements, au Christ et à son Eglise.

Le Pape engage ses auditeurs à continuer à développer autour d'eux la charité chrétienne :

L'avenir est encore voilé et masqué à vos regards. Remettez-le en la main de Dieu ; restez vous-mêmes près de Dieu. Quoi qu'il apporte, quel qu'il soit, la promesse divine s'accomplira à votre sujet. Elle est ainsi formulée : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rm 8,28). Oui, toutes choses, quelque difficile que cela paraisse.

Adoptez comme devise pour l'avenir la belle parole de Saint Jean : « Dieu est amour » (1Jn 4,16). Car, vraiment, l'oeuvre de destruction que les années passées nous ont laissée, la misère et l'appauvrissement qu'elles ont créées, l'inimitié et la haine qu'elles ont entassées, tous ces maux ne peuvent guérir que par des hommes qui croient sincèrement et inébranlabiement en la miséricorde et en l'amour de Dieu. C'est cette charité qui excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout, est capable des plus grands sacrifices, est seule à même de toujours céder, aider, pardonner. Cette charité fonde les familles, garantit la fidélité conjugale. Elle rend attentif et sensible aux revendications de la justice sociale qui furent toujours reconnues, mais auxquelles, aujourd'hui, plus que jamais, il faut faire droit. Institutions publiques et Etats ont beau paraître établis sur les fondements mêmes de l'univers, s'ils ne sont pas édifiés sur la foi en Dieu et s'ils ne sont pas soutenus ' ¦ par des hommes pourvus d'un profond amour de Dieu, il faut les considérer comme irrémédiablement voués à la destruction.

Nous confions, chers fils et filles, vos soucis et vos espérances au bon vouloir de Celui auquel toute puissance a été donnée au ciel et sur la terre (cf. Matth. Mt 28,18) ; Nous vous recommandons à la puissante protection de sa Mère bénie, la Très Sainte Vierge Marie, et comme gage de l'aide divine, Nous vous donnons à tous, à tout le diocèse de Berlin, avec toute l'effusion de Notre coeur, la Bénédiction Apostolique.


DISCOURS A L'ASSOCIATION DE L'ACTION CATHOLIQUE FÉMININE ITALIENNE

(24 juillet 1949) 1

Recevant dans la basilique de Saint-Pierre plusieurs milliers de membres de l'Association des Femmes de l'Action Catholique italienne, venues à Rome pour célébrer le quarantième anniversaire de leur fondation, le Saint-Père prononça le discours suivant :

Si noble que soit, chères filles, votre joie de commémorer le premier quarantenaire de votre Union, bien plus élevées encore sont vos dispositions et vos pensées, en cet instant où vous êtes rassemblées autour de Nous. Vous avez voulu marquer une nouvelle étape dans votre vie ou, comme on dit, « faire le point », c'est-à-dire tourner le regard vers le chemin parcouru, considérer d'un oeil sûr les circonstances devant lesquelles vous vous trouvez présentement. Et maintenant, vous attendez que Nous vous fassions connaître quels devoirs elles vous imposent et quels conseils Nous allons vous donner. En un mot, vous désirez établir aujourd'hui l'itinéraire et le programme de votre prochaine étape.

Le Pape demande si les membres de l'Association ont eu la force de maîtriser l'évolution des moeurs qui se produit aujourd'hui :

Au cours de ces quarante années, vous avez progressé courageusement, mais le monde, lui aussi, a marché avec une vertigineuse rapidité. Il s'agit donc, en premier lieu, de voir si vous avez su hâter le pas, pour ne pas vous laisser dépasser ni rester inutilement en arrière. Mais ce qui

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXI, 1949, p. 415; traduction française dans La Documentation Catholique, t. LXVI, c. 1089.

importe le plus, c'est de savoir si vous avez été assez fortes pour ne pas vous laisser emporter par la course du temps ; si vous avez au contraire, d'une manière quelconque, même modestement, contribué à diriger cette course, à la freiner ou à l'accélérer, bref, à la régler pour lui donner plus de fermeté et de continuité.

Oui, le monde a marché, mais Nous n'entendons pas parler seulement des grands événements qui ont marqué des dates mémorables dans son histoire, et spécialement les deux guerres qui — la seconde incomparablement plus que la première — ont imposé à la femme italienne, elle aussi, des sacrifices inouïs et surhumains. Nous avons surtout en vue Tévolution accomplie en cette période de temps dans les conditions de notre vie ; évolution qu'il conviendrait plutôt d'appeler complet bouleversement.

Le Saint-Père esquisse les grandes lignes de cette évolution telle quelle a affecté la vie de la femme :

Lorsque naquit votre Union, ce changement avait peut-être déjà commencé de s'accomplir en certaines points. Maintenant, il est terminé. La femme italienne et, en premier lieu, la jeune fille, est sortie de la réserve et de l'effacement de la vie domestique, et elle s'est approprié largement les places, les fonctions, les responsabilités et les droits qui étaient auparavant exclusivement réservés à l'homme. La femme italienne — et c'est son honneur — n'a pas fait d'un coeur léger cette entrée dans la vie publique. Devenue majeure, indépendante et pourvue des mêmes droits que lui, elle est aujourd'hui l'égale de 1 homme dans l'économie et dans le travail, dans la science et dans l'art, dans les professions libérales, dans les emplois publics et dans la participation aux affaires politiques et administratives de l'Etat et du commerce.

Le Pape signale qu'il a déjà maintes fois formulé les devoirs qui découlent de cette situation nouvelle, mais il estime nécessaire de revenir sur ce sujet1 :

Déjà à plusieurs reprises, Nous avons eu l'occasion

1 On trouvera des directives données aux femmes dans les documents suivants:


ACTION CATHOLIQUE FEMININE ITALIENNE

303

d'exposer les conséquences de cette transformation et de mettre en lumière les obligations qui en découlent. Nous l'avons fait dans les circonstances les plus variées : Assemblées des femmes italiennes, Congrès internationaux des femmes catholiques, audiences aux jeunes filles et aux nouveaux époux. Nous avons traité ce sujet, aussi bien en général que suivant les états particuliers de la femme : ouvrières, employées, membres de l'enseignement, femmes participant à la vie politique. Que pourrions-Nous donc ajouter sur ces graves questions dont Nous avons si souvent parlé ?

Et cependant, Nous Nous sentons poussé à vous en parler de nouveau à vous, femmes d'Action Catholique, pour vous recommander avec une chaleur renouvelée les besoins de la famille et de la jeunesse.

Mais il faut d'abord remercier Dieu de l'action accomplie par cette Association :

Avant tout, cependant, Nous devons du plus profond de Notre âme rendre d'humbles actions de grâces au Seigneur tout-puissant pour la grande oeuvre que vous avez pu accomplir durant les quatre décades écoulées. Quelle bonne volonté ! Quel dévouement ! Quel héroïsme chrétien ! La devise choisie par vous, Fortes in Fide — Forts dans la Foi (I Petr., 5, 9), est devenue votre éloge. Quelle n'a pas été l'efficacité de votre apostolat pour la conservation de la foi et de la vie chrétienne parmi le peuple chrétien ; combien vaste a été votre action charitable dans la paix et dans la guerre, pour toutes les classes du peuple I La main de

— Discours à l'Union Internationale des Ligues Féminines Catholiques, le 14 avril 1939;

— Allocution aux jeunes filles de l'Action Catholique italienne, le 6 octobre 1940;

— Id., le 22 mai 1941 ;

— Id., le 24 avril 1943;

— Allocution aux ouvrières catholiques d'Italie, le 15 août 1945;

— Allocution aux femmes italiennes, le 21 octobre 1945;

— Allocution aux jeunes filles de l'Action Catholique italienne, le 5 septembre 1948 (cf. Documents Pontificaux 1948, p. 291).

Dieu vous a guidées ; la grâce de Dieu vous a rendues fortes. Louange et gloire Lui soient rendues !

Nous vous remercions ensuite d'une façon particulière pour avoir mené à bonne fin une mission d'une grande importance : l'éducation et la direction de la femme italienne dans l'accomplissement des graves devoirs qui sont venus s'imposer à elle, devant Dieu et devant sa propre conscience. Ce fut une tâche ardue et toute d'abnégation, que vous avez réalisée pour la cause de Dieu et pour les plus hauts intérêts de la nation, pour la civilisation chrétienne.

Le Seigneur a béni votre oeuvre.

Il faut venir au secours de la famille qui sort blessée de la dernière guerre :

Toujours plus forts et pénétrants, montent du sol européen, et de l'au-delà des mers, les appels au secours provoqués par les malheureuses conditions de la famille et de la jeune génération. Que la guerre en soit en grande partie responsable, tout le monde en convient. Elle est coupable surtout de la violente et funeste séparation des millions d'époux et de familles et de la destruction d'innombrables habitations.

Au delà des conditions extérieures qui ruinent l'esprit familial, il faut remonter aux conditions intérieures, à Une idéologie qui pervertit tout ce qu'elle touche, le matérialisme :

Mais il est également certain que la véritable et propre cause d'un si grand mal est encore plus profonde. Elle doit être recherchée dans ce qu'on appelle, en terme complexe, matérialisme, dans la négation ou au moins dans la transgression et dans le mépris de tout ce qui est religion, christianisme, soumission à Dieu et à sa loi, vie future et éternité. Tel un souffle pestilentiel, le matérialisme envahit toujours plus l'être tout entier et produit ses fruits les plus nuisibles dans le mariage, dans la famille et parmi la jeunesse.

La jeunesse est soumise aujourd'hui à de multiples tentatives de corruption :

Unanime, peut-on dire, est l'opinion que la moralité de bien des jeunes gens est en continuelle décadence. Et pas seulement de la jeunesse des villes. Dans les campagnes, aussi, où fleurissaient autrefois de saines et vigoureuses bonnes moeurs, la dégradation morale est de peu inférieure, car beaucoup d'éléments, qui dans les villes poussent au luxe et au plaisir, ont obtenu entrée libre même dans les villages.

Il est superflu de rappeler à quel point on a usé de la radio et du cinéma pour la diffusion de ce matérialisme et à quel point également la radio et le cinéma, le mauvais livre, la revue licencieuse illustrée, le spectacle indécent, le bal immoral, l'immodestie des plages ont contribué a augmenter la liberté, la mondanité, la sensualité de la jeunesse. Les rapports, qui parviennent des régions les plus diverses, signalent que tout cela est comme un centre multiple d'abandon religieux et moral de la part de la jeunesse. Mais il faut en rendre tout d'abord responsable la destruction du mariage, destruction qui a pour signe et funeste conséquence l'abaissement moral de la jeunesse.

Il est vrai de dire que toutes ces tristes choses ne s'appliquent pas également à tous les pays et que l'Italie compte parmi les régions restées encore les plus saines. Et, de fait, Nous-même Nous avons bien souvent admiré les vaillantes phalanges d'une magnifique jeunesse pure, forte, hardie, prête à tous les sacrifices pour la défense de la foi et de la vertu. Cependant, même dans notre patrie, la jeune génération a été durement frappée.

Nous ne connaissons pas de fins pour lesquelles l'Eglise emploie davantage toutes ses forces que le salut de la famille et de la jeunesse. Et pour cela, elle compte particulièrement sur vous, femmes et mères chrétiennes. Depuis longtemps déjà, vous avez travaillé à cette fin et en avez fait l'objet de vos délibérations. Les voeux finals de votre Congrès attestent la noble et apostolique peine que vous vous donnez pour subvenir, comme il convient, aux besoins de la société domestique chrétienne dans les circonstances présentes.

Ensuite, le Saint-Père formule un programme d'activité en trois points :

De Notre côté, Nous voudrions attirer votre attention sur les trois points suivants :


306 ACTION CATHOLIQUE FEMININE ITALIENNE

1. Aujourd'hui, il faut construire une politique sociale qui soit favorable au relèvement de la famille :

Nous affirmons tout d'abord que tout ce qui est de nature à contribuer à une saine politique sociale pour le bien de la famille et de la jeunesse chrétienne peut toujours compter sur l'appui efficace de l'Eglise. Ce que

Nous avons dit, il y a deux ans, aux hommes d'Action Catholique, Nous vous le répétons à vous aussi ; l'Eglise catholique soutient fermement les revendications de la justice sociale

En particulier, il faut procurer aux familles un logement convenable :

Or, la justice sociale demande, entre autres, qu'on procure au peuple les habitations nécessaires. Tout d'abord à ceux qui veulent fonder une famille ou qui viennent de la fonder. Pourrait-on concevoir une mesure sociale plus urgente ? Combien il est pénible de voir des jeunes gens, à l'âge où la nature incline le plus au mariage, obligés d'attendre des années et des années, uniquement à cause du manque de logement, au risque de finir par tout abandonner, démoralisés par cette énervante attente ! Encouragez donc de toutes vos forces, par votre propagande et votre action, l'aménagement de maisons, de manière que la dignité du mariage et l'éducation des enfants n'aient pas à souffrir de ce manque de logements.

Il faut préparer les jeunes au mariage :

Nous bénissons aussi vos écoles d'arts ménagers et, en général, tout ce qui tend à favoriser l'instruction et la formation de la femme en vue du gouvernement de sa maison, de l'arrangement de sa propre demeure, des soins et de l'éducation à donner à ses enfants ; tout ce qui sert à la

1 Dans son Discours aux hommes d'Action Catholique du 7 septembre 1947, le Pape disait: « Pour les catholiques le chemin à suivre pour arriver à la solution de la question sociale est clairement indiqué par la doctrine de l'Eglise, et la bénédiction divine» reposera sur votre travail si vous ne vous écartez d'un seul pas de cette voie ».

préparation, non seulement physiologique, mais surtout spirituelle et sociale du mariage ; tout votre programme concernant le choix de la profession et la formation qu'elle comporte.

Sans oublier à préparer ceux qui y sont appelés à la vie religieuse :

N'oubliez pas toutefois que, parmi les vocations de l'a femme, il y a également la vocation religieuse, l'état de la vierge consacrée à Dieu. Cette remarque est aujourd'hui d'autant plus opportune qu'à l'estime très juste de l'action apostolique au milieu de monde, pourrait peut-être s'ajouter parfois une once, à peine susceptible, de naturalisme tendant à atténuer la beauté et la valeur féconde qui résident dans le don total à Dieu du coeur et de la vie.

L'apostolat de l'Eglise, à l'heure actuelle, n'est quasi plus concevable sans la coopération des religieuses aux oeuvres de charité, à l'oeuvre de l'école, à l'aide à apporter au ministère sacerdotal, aux missions. Il appartient donc aux femmes italiennes d'assurer pour l'Italie, les vocations nécessaires. Employez-vous à les susciter I Vous savez déjà que leur bienfaisant effet reflue en de multiples façons des vierges consacrées à Dieu jusque sur les familles elles-mêmes.

2. Les familles seront solidement constituées si elles sont basées sur la foi :

Nous reconnaissons, certes, toute l'importance d'une saine politique sociale pour le salut de la famille et de la jeunesse chrétienne, mais Nous savons aussi qu'elle n'en est encore qu'un élément préliminaire. S'il en était autrement, la famille dans les classes socialement élevées, ne devrait pas être (comme elle l'est) également, et peut-être plus encore, exposée à déchoir comme dans les classes socialement inférieures.

Le mal actuel pour la famille comme pour la jeunesse, est l'affaiblissement de la foi et de la crainte de Dieu, de la piété et de la conscience, l'infiltration du matérialisme non seulement dans la pensée et dans le jugement, mais encore dans la pratique de la vie, même chez un grand nombre, qui, veulent être et rester croyants.

Contre ce mal, il n'y a qu'un remède : la fermeté de la foi dans les parents, fermeté qui avec l'exemple, et l'instruction religieuse et l'éducation morale engendre aussi dans les enfants une foi inébranlable.

Fermeté de la foi ! Donc, aucune superficialité, aucune forme sans contenu ni de piété de pur sentiment. Les pieuses coutumes traditionnelles dans les familles chrétiennes, à commencer par le Crucifix et les images sacrées, doivent assurément être en très grand honneur. Mais, elles n'ont leur véritable sens que si elles sont fondées sur une foi profonde et solide, au centre de laquelle se trouvent les grandes vérités religieuses. Quelle immense valeur n'a pas, par exemple, la pensée de l'omniprésence de Dieu pour l'homme actif et croyant, quelle aide incomparable pour l'éducation des enfants !

L'exemple des parents ! Qui n'en connaît l'irremplaçable efficacité ! La prière du père et de la mère ensemble avec leurs enfants, la consciencieuse fidélité à sanctifier les fêtes, le respectueux langage quand il s'agit de la religion et de l'Eglise, l'affabilité et le dévouement, une conduite de vie honnête, loyale, irréprochable !

L'instruction religieuse des enfants ! C'est durant leurs premières années, le doux office de la mère ! Vous, mères, vous avez vos petits enfants dans les mains. Mais le temps perdu alors, ne pourrait être que difficilement "regagné, et ce que vous semez dans leurs âmes ne pourrait absolument plus s'effacer. C'est ce qui constitue votre succès futur, ô mères chrétiennes, mais aussi votre responsabilité.

3. // faut veiller à former la jeunesse à la pratique des vertus morales :

L'éducation morale de la jeunesse ! Elle est d'une telle importance que, bien que comprise dans les points précédents, elle mérite d'être considérée à part.

Naguère, lorsque la mère de famille voyait se manifester dans ses enfants les premiers symptômes de l'adolescence, elle redoublait de vigilance et de soins pour protéger leur innocence et fortifier leur vertu dans la crise de l'âge ; et elle sentait se calmer ses inquiétudes en les voyant se maintenir fidèles à leurs devoirs religieux, à la sanctification des dimanches et des fêtes.

Aujourd'hui, l'observance du précepte dominical n'est plus une sûre garantie pour la conduite morale de la jeune fille. Cette scission de la religion et de la moralité est très significative. Car ces deux éléments, s'ils sont intacts, forment une indivisible unité. Sans doute, il y a toujours eu des chutes morales, mais lorsque la vie religieuse était saine et vigoureuse, elle préoccupait la conscience personnelle et publique.

Ici aussi, il n'y a qu'un remède. Dès les premières années, maintenez devant l'es yeux du petit enfant les commandements de Dieu et habituez-les à les observer. La jeunesse d'aujourd'hui, non moins que celle des temps passés, est disposée à bien agir et à servir Dieu. Mais il faut l'édu-quer dans ce sens.

Opposez au désir, à la frénésie du luxe et du plaisir, l'éducation de la candeur et de la simplicité. La jeunesse doit apprendre à nouveau à se dominer et à endurer des privations. Il ne faut pas qu'elle importune toujours plus les parents par des exigences que ceux-ci sont dans l'impossibilité de contenter. Simplicité de vie et épargne ont été de tout temps des vertus propres au peuple italien. L'économie nationale elle-même l'exige.

Eduquez la jeunesse à la pureté ! Aidez-la, quand un mot d'explication, un conseil, une directive sont nécessaires. N'oubliez pas cependant qu'une bonne éducation qui embrasse toute la vie, qui apprend spécialement à se dominer soi-même, est aussi la meilleure forme dans ce domaine.

Eduquez-la à l'obéissance et au respect envers l'autorité. C'est une chose facile, lorsque l'homme se soumet à Dieu et reconnaît la valeur absolue de ses commandements. Pour l'incrédule, pour le négateur de Dieu il ne peut exister aucune autorité véritable, juste et ordonnée, car « il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu » (Rm 13, I) ; Dieu ne peut gouverner ni être servi qu'avec crainte et avec force.

Toutes ces vérités sont assurément élémentaires. Mais précisément, elles sont trop souvent laissées de côté et négligées. Et cependant la guérison ne peut se produire que si ces conditions fondamentales sont fidèlement remplies.

Le Pape a confiance que les membres de l'Association des Femmes de l'Action Catholique italienne réaliseront ce programme :

Allez donc, chères filles, au travail, ou plutôt, continuez-le allègrement avec une claire vision de la fin à laquelle vous tendez : le sauvegarde du mariage chrétien, de la famille et de la jeunesse. La fatigue et les peines que vous supportez sont vraiment pour la cause de Dieu et de l'Eglise, en même temps que pour les suprêmes intérêts de votre peuple et de votre patrie. Il est, en effet, toujours exact le principe : un peuple au sein duquel le mariage et la famille se dissolvent est voué tôt ou tard à la ruine.

Que le Seigneur soit avec vous ; qu'il vous donne « de vouloir et d'agir selon son bon plaisir » (Ph 2,13). Que sa très Sainte Mère Marie, votre vie, votre consolation et votre espérance, maintienne dans votre Union l'esprit du respect mutuel, de confiance, d'amour et de zèle apostolique ; en gage de quoi, Nous vous donnons, à vous toutes de tout coeur, la Bénédiction Apostolique.

LETTRE APOSTOLIQUE créant la Fédération des Universités catholiques

(27 juillet 1949) 1

Déjà en 1924, Pie XI avait invité les Universités catholiques à unir leurs efforts 2. Le moment étant venu de donner un statut officiel à la nouvelle fédération, le Pape écrivit la lettre suivante :

Notre Mère la Sainte Eglise, maîtresse et garante de la vérité divine, a fondé dans le monde presque entier, des Universités catholiques, sièges uniques de doctrine sacrée ainsi que des plus hautes sciences humaines. Son but est d'empêcher que les étudiants ne soient trompés pas des écoles fondées dans la négligence ou le mépris de Dieu et de la religion pour le plus grand dommage des âmes.

Surtout, depuis les soixante-quinze dernières années durant lesquelles de tous côtés on s'est efforcé avec audace et insistance de détourner les hommes de la Suprême Vérité, cette Mère prévoyante a déployé tout son zèle à promouvoir des pépinières de science et de vraie culture, à les informer des vertus chrétiennes et à en faire des "points d'appui et des refuges solides, reliés à Son Magistère suprême, des droits de Dieu à venger, pour les hommes enveloppés par les ténèbres.

Donc ces Universités Catholiques encouragées par le Saint-Siège au milieu de tant de difficultés, ne faisaient que

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXII, 1950, p. 385.

* Voici la liste des universités catholiques avec leur date de fondation : Louvain (1425), Manille (1645), Québec (1876), Lille (1876), Angers (1877), Beyrouth (1881). Lyon (1886), Ottawa (1889), Washington (1889), Toulouse (1889), Maynooth (1896), Paris (1911), Lublin (1920), Milan (1920), Nimègue (1923), Montréal (1927), Santiago (1930), Bogota (1937), Lima (1942), Meddelin (1945), Rio de Janeiro (1946), Sâo Paulo (1948), Porto Allègre (1950).

3î2


Pie XII 1949 - (10 juillet 1949)