PieXII 1951 - DÉCRET DE LA SACRÉE CONGRÉGATION DU SAINT OFFICE CONCERNANT LE ROTARY CLUB


ALLOCUTION A LA NOBLESSE ROMAINE

(11 janvier 1951) 1

Selon la coutume 2, l'aristocratie romaine vient au début de l'année ¦présenter ses voeux au Saint-Père. Celui-ci en réponse, prononce une allocution :

Tout d'abord le Pape remercie ses auditeurs :

De grand coeur Nous adressons Notre salut paternel aux membres de la noblesse et du patriarcat romains qui, fidèles à une antique tradition, se sont rassemblés autour de Nous pour Nous offrir leurs voeux à l'aurore de l'année nouvelle ; voeux qui Nous ont été exprimés avec une filiale dévotion par leur illustre et éloquent interprète3.

L'une après l'autre, chaque année entre dans l'histoire, en transmettant à la suivante un héritage dont elle porte avec elle la responsabilité. Celle qui vient de se terminer, l'Année Sainte 1950, demeurera comme une des plus grandes, dans l'ordre moral, et spécialement, surnaturel. Vos annales de famille en noteront les dates les plus brillantes, comme autant de phares lumineux pour éclairer la route qui s'ouvre devant vos enfants et petits-enfants.

Le Pape invite la noblesse romaine à se tourner vers l'avenir :

Mais ces annales seront-elles donc comme un livre fermé d'un sceau ? ou ne contiendront-elles que les souvenirs d'un passé mort ?

Non : elles devront être, au contraire, le message des générations disparues aux futures.

La célébration de l'Année Sainte est terminée pour Rome, non point à la manière d'un spectacle arrivé à sa fin, mais comme le programme d'une vie croissante, purifiée, sanctifiée, fécondée par la grâce et qui doit continuer à s'enrichir avec la contribution incessante des pensées, des résolutions et des actes dont vos ancêtres vous ont transmis le souvenir, afin que vous-mêmes vous en transmettiez l'exemple à ceux qui viendront après vous.

L'aristocratie a une importante mission à remplir :

Le souffle impétueux d'un temps nouveau enveloppe de ses tourbillons les traditions du passé. Mais ceci n'en révèle que mieux ce qui comme une feuille morte, est destiné à tomber et ce qui, en revanche, avec une force vitale naturelle, tend à se maintenir et à se renouveler.

Une noblesse et un patriciat qui s'ankyloseraient, pour ainsi dire, dans le regret des temps écoulés, se voueraient à un déclin inévitable.

Aujourd'hui, plus que jamais, vous êtes appelés à être une élite non seulement du sang et de la race, mais encore plus des oeuvres et des sacrifices, des réalisations créatrices au service de toute la communauté sociale.

Et ceci n'est pas seulement un devoir de l'homme et du citoyen, auquel personne ne peut se soustraire impunément. C'est aussi un commandement sacré de la foi que vous avez héritée de vos pères et que vous devez, après eux, laisser entière et inaltérée à vos descendants.

/7 faut s'armer de courage et de force pour faire son devoir :

Bannissez donc de vos rangs tout abattement et toute pusillanimité : tout abattement devant une évolution des temps qui emporte avec elle un grand nombre de choses qu'avaient créées d'autres époques ; toute pusillanimité à la vue des graves événements qui accompagnent les nouveautés de nos jours.

Etre romain signifie être fort dans l'action, mais aussi dans l'épreuve.

Etre chrétien signifie aller au devant des peines et des épreuves, des devoirs et des nécessités de l'époque, avec ce courage, avec cette iorce et cette sérénité d'esprit qui tirent de la source des espérances éternelles l'antidote contre toute épouvante humaine.

Il y a une grandeur humaine dans les fieres paroles d'Horace : « Si fractus illabatur orbis, impavidum ferient ruinée 4 »

Mais combien est plus beau, plus confiant et bienfaisant le cri victorieux qui s'échappe des lèvres chrétiennes et des coeurs débordants de foi : Non confundar in seternum l 5

En implorant pour vous de l'Auteur de tout bien une fermeté intrépide et le don divin d'une espérance inébranlable fondée sur la foi, Nous vous donnons de tout coeur à vous, chers fils et filles, à vos familles et à tous ceux qui vous sont chers, proches et lointains, bien portants et malades ; à vos saintes aspirations, à vos entreprises, Notre Bénédiction apostolique.

Oà„ m, 3.

Te Deum.


LETTRE DÉCLARANT SAINT JEAN GUALBERT, PATRON DES GARDIENS DES FORÊTS D'ITALIE

(12 janvier 1951) 1

Les forêts verdoyantes, oeuvres magnifiques de Dieu, fournissent l'ombre de leurs feuillages aux mortels fatigués, affermissent leurs forces et, en détournant l'esprit de l'agitation des événements, les amènent sans peine aux pensées du ciel ; elles servent enfin de multiples manières à l'entretien de la vie et à l'utilité des hommes. Les gardes officiels des forêts veillent avec diligence à ce que les monts et campagnes ne soient pas dépouillés de leurs beaux arbres, à ce que les espaces et les pentes incultes soient reboisés, à ce que le plan des taillis et des futaies soit dressé, à ce que les forêts ne subissent aucun dommage. Il semble donc très utile que ceux qui remplissent ces fonctions soient couverts d'une protection surnaturelle particulière, qui protège plus à propos leurs corps et leurs âmes. Et saint Jean Gualbert se présente à notre esprit, lui qui, passant sa vie dans les bois silencieux et secrets de l'Apennin, s'y plongeait dans la méditation des choses divines, s'y livrait à des macérations volontaires et, comme il ressort des documents anciens, donnait avec ses compagnons tous ses soins à l'entretien des forêts.

C'est pourquoi Notre Vénérable Frère, Constantin Stella, Archevêque d'Aquila, accueillant les voeux du Ministre de l'Agriculture et des Forêts d'Italie, du Président du Conseil d'administration des Forêts, du Préfet de l'école située au lieu-dit « Cittaducale » et de tous les gardes forestiers, Nous a humblement demandé de daigner leur donner pour céleste Patron

D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, pp. 458-459.

saint Jean Gualbert. Pour Notre part, ne sous-estimant pas une telle charge et fonction, pour que les forestiers jouissent à perpétuité du secours d'un si saint habitant des bois, Nous avons jugé bon d'accéder volontiers à ces voeux. C'est pourquoi, ayant entendu Notre Vénérable Frère Clément Micara, Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, Evêque de Velletri et Pro-Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, après avoir pesé attentivement tous les éléments de la question, de Notre pleine connaissance et mûre délibération, et de la plénitude de Notre pouvoir apostolique, en vertu de la présente Lettre et à perpétuité, Nous constituons et déclarons saint Jean Gualbert, Confesseur, principal patron céleste auprès de Dieu de l'ensemble des gardes forestiers d'Italie, avec tous les honneurs et privilèges liturgiques qui reviennent aux patrons principaux des associations. Nonobstant toutes dispositions contraires, Nous l'établissons et décidons ainsi, ordonnant que la présente Lettre soit et demeure toujours valide et efficace, sorte et obtienne ses pleins et complets effets, favorise très pleinement maintenant et à l'avenir ceux qu'elle concerne ou pourra concerner, qu'il faut en juger régulièrement et décider ainsi, qu'est nul dès maintenant et sans valeur tout ce qui serait attenté de contraire à cette décision par quiconque, de quelqu'autorité, sciemment ou par ignorance.


LETTRE PROCLAMANT S. GABRIEL ARCHANGE PATRON CÉLESTE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS

(12 janvier 1951) 1

Dans un Bref Apostolique, le Pape déclare l'Archange saint Gabriel patron céleste des télécommunications :

« Tout don excellent, toute grâce parfaite descend d'en haut, du Père des lumières.2 » C'est pourquoi il faut admirer la sagesse divine qui a permis aux hommes, grâce aux nombreuses inventions nées du génie de notre époque, de pouvoir, par le moyen de l'électricité, télégraphier aux absents avec une merveilleuse rapidité, téléphoner à des distances extraordinaires, envoyer des messages par les ondes aériennes et enfin contempler la vision des choses et des faits qui se trouvent très loin des lieux où ils habitent. Ces instruments, construits selon les règles de l'art, peuvent être très nuisibles s'ils sont employés avec de mauvaises intentions, mais au contraire, si on les utilise comme il faut, ils peuvent aider puissamment au développement et au raffermissement des relations fraternelles entre les hommes, au progrès de la civilisation, à la propagation illimitée des arts et des sciences, et même à l'enseignement des préceptes de la religion, à la transmission de la parole du Pasteur suprême depuis le Siège de Pierre à toutes les nations, et à l'admirable union de tous les coeurs pour diriger vers la Majesté divine des prières publiques faites par ce moyen dans tout l'univers.

C'est pourquoi, notre Mère la Sainte Eglise ne s'est jamais opposée à ce progrès de la civilisation humaine, mais elle a eu et elle a encore le souci de le soutenir, de le développer et de

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 202, traduction française dans Documentation Catholique, t. XLVIII, c. 455.

2 Jacques, 1, 17.

l'encourager dans la plus large mesure, étant donné que tout ce qu'on peut découvrir de vrai et de neuf doit être considéré comme une trace de l'intelligence divine et un signe de sa puissance. Aussi croyons-Nous très opportun d'assurer à ces sciences merveilleuses et à ceux qui les mettent en oeuvre ou qui les exploitent, le bienfait spécial d'une protection céleste. A la demande faite par plusieurs personnes remarquables qui, en beaucoup de nations, exercent leur activité dans cette branche, de leur donner à eux et à leurs collègues, comme céleste patron auprès de Dieu, l'archange saint Gabriel qui apporta au genre humain, plongé dans les ténèbres et désespérant presque de son salut, l'annonce longtemps souhaitée de la Rédemption des hommes, Nous décidons d'accueillir favorablement, vu son importance et sa gravité, cette requête qui est selon Notre propre pensée et qui correspond à Nos propres désirs.

Ainsi donc, après avoir pris conseil de Notre vénérable frère Clément Micara, cardinal de la sainte Eglise, évêque de Velletri et préfet de la S. Congrégation des Rites, toutes choses étant attentivement pesées, de science certaine, et après y avoir mûrement pensé, en usant de la plénitude de Notre pouvoir apostolique, par cette Lettre et pour toujours, Nous constituons et déclarons l'archange saint Gabriel, céleste patron auprès de Dieu de cette profession, de ses spécialistes et employés, en lui attribuant tous les honneurs et privilèges liturgiques qui appartiennent régulièrement aux patrons principaux.

Nous annonçons, Nous établissons, Nous ordonnons que la présente Lettre soit et demeure toujours ferme, valide et efficace ; qu'elle sorte et produise tous ses effets dans leur intégrité et leur plénitude ; maintenant et à l'avenir, pour ceux qu'elle concerne ou pourra concerner ; qu'il en faut régulièrement juger et décider ainsi ; que dès maintenant est tenu pour nul et sans effet tout ce qui pourrait être tenté par n'importe qui, en vertu de n'importe quelle autorité, en connaissance de cause ou par ignorance, contre les mesures décrétées par cette Lettre.


ALLOCUTION AUX ARTISTES DU THÉÂTRE MUNICIPAL DE STUTTGART

(24 janvier 1951) 1

Les artistes du théâtre municipal de Stuttgart venus à Rome pour y donner des représentations des oeuvres de Paul Hindemith furent reçus en audience par le Pape qui leur dit :

« Nous sommes heureux, Mesdames et Messieurs, de vous souhaiter la bienvenue dans cette demeure. Vous venez d'une région où, toujours fidèles aux lois de la forme, la riante contrée du Neckar et l'activité humaine se sont unies pour édifier une des plus belles cités allemandes.

Nous est-il permis de relever une affinité intérieure entre Stuttgart et Paul Hindemith que vous avez représenté à Rome ? Le premier des représentants de la musique moderne, qui traduit l'âpreté des temps actuels, Paul Hindemith, sait interpréter dans son oeuvre le dynamisme et la dureté de notre âge, en suivant de plus en plus les lois des grands maîtres de tous les temps.

Ainsi en va-t-il de votre ville. Travaillée par une activité extraordinaire, votre ville s'est développée jusqu'à atteindre ses dimensions actuelles, tout en demeurant toujours un foyer de noble architecture, dont le théâtre municipal de Stuttgart est un des monuments les plus imposants.

Vous exercez la profession d'acteurs. Nous vous souhaitons d'en avoir une haute conception. Avec une préparation approfondie, elle exige également une grande force de caractère, car votre chemin côtoie parfois des abîmes. Vous devez être, en outre, tout à la fois dans vos rôles, et au-dessus de vos rôles ; vous devez savoir vous adapter et rester vous-mêmes. Des exigences sociales vous touchent également. Le succès du théâtre

1 D'après le texte allemand de VOsservatore Romano du 26 janvier 195t.

exige la coopération de tous les intéressés, condition qui suppose en chacun l'esprit de service et de sacrifice.

Voici enfin le point décisif : dans toutes ses représentations, le théâtre se doit de respecter la loi morale, promulguée par Dieu ; toujours l'art doit avoir pour but de présenter des symboles et des modèles qui élèvent le peuple, c'est-à-dire en définitive, qui le rapprochent de Dieu.

Pour vous permettre de rapprocher de plus en plus votre profession de cet idéal, Nous vous donnons de tout coeur la Bénédiction apostolique. »


RADIOMESSAGE AUX ÉCOLES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS

(25 janvier 1951) 1

Depuis plusieurs années, le Saint-Père lance — peu avant le Carême — un appel aux élèves des Ecoles catholiques des Etats-Unis pour leur demander des secours pour les victimes de la guerre 2 ;

Oui, c'est la voix du Saint-Père que vous entendez, chers enfants, votre Père de Rome qui vient encore cette année, vous saluer et vous donner le bref message qu'il a justement pour vous. Cette année, Nous désirons commencer en vous racontant une histoire. Peut-être certains d'entre vous l'ont lue ce matin, avec le prêtre à la Messe 3. Il y a longtemps, un jeune homme galopait à cheval à toute allure le long d'une route de campagne, quand, soudain, du ciel, l'éclat d'une lumière éblouissante le frappa ; il tomba à terre ; et alors il entendit une voix cachée mais claire. «Saul, Saul, disait-elle, pourquoi me persécutes-tu?» Et Saul répondit : « Qui es-tu Seigneur ? » Et la voix répliqua : « Je suis Jésus que Saul persécute. »

Nos enfants des écoles catholiques savent, Nous en sommes sûr, qui était Saul. C'était le grand apôtre que vous appelez Paul et dont vous commémorez aujourd'hui la conversion. Oui, il eut à se convertir parce qu'il n'avait pas toujours été un saint. Il avait tout d'abord été un ennemi de l'Eglise, et ce même jour où il fut jeté à bas de son cheval, il était en route pour arrêter

1 D'après le texte anglais des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 12;.

2 Cf. Radiomessage aux écoles catholiques des Etats-Unis : 14 février 1948 (Documents Pontificaux 1948, p. 73) ; 2 mars 1949 (Documents Pontificaux 1940, p. 86) ; 23 février 1950 (Documents Pontificaux ig;o, p. 57).

3 Le jour où ce message était envoyé, l'Eglise célébrait la Conversion de saint Paul : 25 janvier.

les chrétiens de ces premières années de l'Eglise et les faire mettre en prison.

Mais c'était parce qu'il ne savait pas que lorsqu'il persécutait les disciples du Christ, il persécutait en réalité le Christ. Il fut surpris lorsqu'il entendit la voix dire : « Je suis Jésus que Saul persécute. » Il ne savait pas qu'il persécutait Jésus, mais il le faisait. Jésus le disait. Aussitôt qu'il le sut, Saul cessa tout de suite d'être un dur ennemi et devint un ardent ami, un ami de Jésus tout d'abord, et ensuite, parce qu'il aimait le Seigneur, un ami de tous ses semblables. Jésus avait souffert et était mort pour permettre le salut de tous les hommes n'est-ce pas ? Paul alors désira vivre et souffrir et mourir pour aider tous les hommes à obtenir le salut.

Chers enfants, dans tout votre amour pour Jésus, vous ne serez sans doute pas appelés à réaliser les dures choses pour l'accomplissement desquelles saint Paul fut choisi ; mais vous devez désirer donner une preuve de votre amour en faisant quelque sacrifice pour le bien des autres. Vous en avez l'occasion, à présent même, en répondant avec générosité, comme vous l'avez fait les années précédentes, à l'appel de vos dévoués prêtres et évêques. Ils savent ce qui est arrivé dans de nombreuses parties de l'Europe et de l'Asie. Ils entendent pleurer les enfants et ils souhaitent arrêter leurs larmes. Ils les voient mourir prématurément ; ils voient que ceux qui peuvent être sauvés seront privés de cet amour terrestre que vos pères et mères vous prodiguent. Combien ce monde leur apparaît triste ! Comme ce sombre avenir les prépare à devenir la proie du péché, de la haine, du désespoir ! N'entendez-vous pas maintenant la voix secrète et claire parler à votre coeur : mon enfant, mon enfant, pourquoi me négliges-tu ? Qui es-tu Seigneur ? demandez-vous. Et la voix répond : Je suis Jésus que tu négliges dans les enfants du monde torturés, abandonnés et sans défense. Dès que vous aurez réalisé cela, si vous L'aimez, vous vous empresserez certainement à leur venir en aide. Nous en sommes sûr.

Mais comment, demanderez-vous. Adressez-vous à vos chères mères et aux Soeurs qui, avec une patience infinie, consacrent leur vie à vous apprendre à devenir de pieux catholiques et de loyaux citoyens de votre pays, et elles vous diront comment, avec vos petits moyens personnels, vous pouvez grossir le Fonds Episcopal pour l'Enfance.


ECOLES CATHOLIQUES DES ÉTATS-UNIS

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Peut-être renoncerez-vous à quelques gourmandises et distractions pour pouvoir remplir plus rapidement les troncs ; ou même vous passerez-vous de quelque agrément et parure superflus que vous comptiez avoir, afin qu'un enfant tremblant de froid puisse recevoir au moins un vêtement chaud. Le temps de Carême est proche et son esprit de pénitence en souvenir de la Passion du Christ vous stimulera à être généreux. Mais avant tout, Nous vous demanderons de prier, de prier pour cette jeunesse dans le besoin et ces enfants orphelins. Ne pouvez-vous aller chaque jour à la messe pendant le Carême et offrir le saint Sacrifice pour eux ? Combien d'entre vous pourront communier chaque jour ? Alors, quand Jésus sera votre hôte personnel, en vous, vous lui direz combien vous aimez les enfants du monde entier, spécialement les jeunes victimes innocentes de la cruelle guerre, et pour votre ardent amour, Il les aidera. Si vous faites cela, sachez que vous consolerez aussi Notre coeur paternel qui est lourdement oppressé par la tristesse et l'angoisse pour ces petites créatures du Christ.

Un dernier mot : Nous allons maintenant vous donner Notre toute particulière Bénédiction apostolique, avec la chère espérance et la prière qu'elle obtienne, pour vos âmes et celles de tous les êtres qui vous sont chers, du Sacré-Coeur de Jésus, tout brûlant d'amour pour les hommes, les précieuses grâces qui, sous la protection de votre Bienheureuse Mère Marie, vous libéreront du péché, vous donneront la force dans la foi et le courage pour la professer dans toute votre vie.


LETTRE A SON EM. LE CARDINAL FAULHABER ARCHEVÊQUE DE MUNICH

(28 janvier 1951) 1

A l'occasion du 40e anniversaire de la consécration episcopale et du 30e anniversaire de l'élévation au Cardinalat de Son Em. le Cardinal Faulhaber, le Saint-Père lui a envoyé la lettre suivante :

Vous fêterez bientôt, cher Fils, grâce aux dispositions miséricordieuses de Dieu et avec la joyeuse participation du clergé et des fidèles de l'Archidiocèse de Munich-Freising, deux anniversaires de bonheur peu communs : celui du 40e anniversaire de la consécration episcopale et du 30e anniversaire de l'appartenance au Sénat suprême de la Sainte Eglise Romaine comme cardinal-prêtre du titre de saint Athanase.

Nous comprenons aisément que, suivant le désir intime et les dispositions de votre coeur, vous eussiez préféré considérer dans le silence de la contemplation et la gratitude recueillie les voies miséricordieuses du Prêtre Eternel et en faire pour votre âme, un jubilé de la reconnaissance, loin de toutes festivités et représentations extérieures.

Sans vouloir porter atteinte aux droits de votre humilité et de votre abnégation, Nous vous adressons, en toute connaissance et réflexion — dans le but de servir l'honneur de Celui qui, dans sa grâce, vous a appelé à la prêtrise et à l'épiscopat, — Notre salut paternel en même temps que l'expression de Notre profonde gratitude et Notre estime sans bornes pour les services éminents et hors de pair que vous avez rendus à l'Eglise et aux âmes pendant ces quatre décades de votre épiscopat et les trois décades du cardinalat.

1 D'après le texte allemand des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 276.

Ce dimanche de la Sexagésime 1911 où, en la cathédrale de Spire, vous reçûtes la consécration episcopale des mains de l'Archevêque von Bettinger, ce 7 mars 1921 où Notre Prédécesseur Benoît XV vous créa Cardinal, ce 9 mars, jour de l'imposition de la barette et où vous prononçâtes votre mémorable discours de remerciements au Pontife, ce 10 mars, jour du Consistoire public avec la remise solennelle du Chapeau rouge, ce 13 mars où, au pied du Palatin, vous prîtes possession de votre titre dans l'Eglise Romaine : toutes ces dates sont à jamais inscrites dans les Annales de l'Eglise-Mère. Et maintenant que les prochaines fêtes commémoratives de ces jours lointains passent au premier plan, tous ceux qui savent encore apprécier la vraie valeur et discerner les services véritables, reconnaîtront avec satisfaction et fierté qu'en ces heures fut donné à l'Eglise et à son peuple, un évêque et un Cardinal dont l'oeuvre de vie féconde fait à bon droit l'objet de l'admiration respectueuse de tous les bien pensants.

Personne mieux que Nous ne pourrait mesurer le poids des responsabilités et efforts, des devoirs et sacrifices et parfois aussi des souffrances qui s'accumulèrent sur les épaules de celui qui, lors de sa consécration episcopale, se courbait sous la loi de l'Evangile et le joug du Seigneur. Dieu a voulu que Nous fussions le témoin oculaire et auriculaire de votre activité episcopale puisque, comme Nonce Pontifical, en Bavière, Nous vécûmes pendant la guerre et l'après-guerre un tournant historique qui Nous demeurera à jamais inoubliable. Cette période Nous a permis de jeter un coup d'ceil dans vos desseins et aspirations, dans votre activité et vos réalisations, dans vos buts et intentions qui appartiennent à Nos expériences les plus consolantes et Nos souvenirs les plus heureux.

Le premier novembre de l'Année Sainte Nous vous avons rencontré, cher Fils, dans une fraîcheur et vigueur non altérées, en cette solennité des solennités où II Nous fut permis de proclamer à la face du monde, le Dogme de l'Assomption corporelle de la Mère de Dieu au Ciel.

Puisse la Vierge bénie, que le sens religieux de votre petite patrie vénère comme Patronne de la Bavière, vous obtenir du Pontife Eternel de garder encore longtemps à votre peuple fidèle le guide sage, le pasteur attentif, l'aide infatigable, le prédicateur sans défaut de la vérité en un temps où la lumière

et les ténèbres, la vérité et l'erreur, le Christianisme et l'anti-christianisme s'arrachent l'âme des peuples.

Dans cet esprit, Nous vous envoyons à vous, à vos collaborateurs, au clergé séculier et régulier, à tous les fidèles des archidiocèses comme expression de notre inaltérable affection et en gage du secours divin, d'un coeur paternel, la Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX CURÉS DE ROME ET AUX PRÉDICATEURS DE CARÊME

(6 février 1951)1

Tous les ans, à la veille du Carême, le Souverain Pontife accueille les curés de Rome et les prédicateurs qui prêcheront le carême dans les diverses églises de Rome afin de leur donner des directives 2 :

Le Pape commence par rappeler le souvenir du Cardinal-Vicaire qui vient de mourir3 :

« Encore sous l'effet d'une douloureuse émotion, par la perte soudaine de Notre très cher Cardinal François Marchetti-Selvaggiani qui, durant vingt années — et quelles années ! et combien difficiles ! — se consacra entièrement au bien de Notre diocèse de Rome et qui, parvenu dans toute la fraîcheur de son si vif esprit, au soir de sa longue et laborieuse journée terrestre, a incliné tranquillement la tête, prêt à suivre la voix du Maître qui l'appelait à la lumière éternelle, Nous éprouvons un sentiment d'agréable réconfort à vous voir aujourd'hui réunis autour de Nous, sous la direction de Notre nouveau Vicaire général,

3 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 112.

2 Cf. Discours aux Curés de Rome et aux Prédicateurs de Carême : 10 mars 1948 (Documents Pontificaux 1948, p. 113) ; 23 mars X949 (Documents Pontificaux 1949, p. 97) ; 2 mars 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 62).

3 Le Pape étant l'évêque de Rome, il administre son diocèse par l'intermédiaire d'un Cardinal-Vicaire. Celui-ci était depuis 1931 Son Eminence le Cardinal Marchetti-Selvaggiati (né à Rome EN 1871, fut successivement nonce au Venezuela et en Autriche, secrétaire de la Sacrée Congrégation de la Propagande ; devenu Cardinal EN 1930). Il est mort le 13 janvier i951.

I-e 28 janvier 1951, Pie XII nommait Son Eminence le Cardinal Micara comme Cardinal-Vicaire. Celui-ci est né en 1879 à Frascati. Il fut nonce en Tchécoslovaquie en 1920 et en Belgique de 1923 à 1.947. Il fut rappelé à cette date à Rome pour exercer différentes fonctions dans la Curie romaine.

le Cardinal Clément Micara, si cher à Nous comme à vous, et qui vous guidera et vous soutiendra, avec zèle et amour, dans l'exercice de votre saint et difficile ministère. »

Le clergé est invité à se souvenir des heureuses manifestations de l'Année Sainte :

« Si cette rencontre, chers Fils, ne signifiait point avec l'imminence du temps de Carême et de Pâques, le début pour vous d'une activité pastorale accrue, le souhait de Notre coeur, Notre exhortation paternelle résonnerait comme un écho de l'invitation de Jésus aux Apôtres : Requiescite pusillum4 ; Reposez-vous un peu : accordez-vous le temps nécessaire pour repasser et approfondir intérieurement les riches expériences que vous avez accumulées tout au long de l'année passée, de l'Année Sainte. Elle est maintenant terminée pour Rome ; aussi, conservez vivant dans votre mémoire et dans votre coeur le souvenir des grandioses manifestations de piété, auxquelles vous avez assisté ; ravivez-le comme une étincelle toujours prête à rallumer la flamme des victorieuses et joyeuses professions de foi catholique, et servez-vous-en pour le bien spirituel des fidèles confiés à vos soins.

En réalité, — Nous sommes heureux de le répéter devant vous, — le beau succès de l'Année jubilaire a dépassé toutes les attentes, toutes les espérances, toutes les prévisions, particulièrement sous un double aspect.

Et d'abord, il fut consolant de voir affluer à Rome les foules priantes :

Avant tout, Nous revoyons encore par la pensée les pèlerins accourus sans interruption de toutes les parties du monde dans la Ville Eternelle. Nous revivons l'impression édifiante qu'ils donnaient par l'exemple d'une foi ardente et de la plus fervente dévotion. Au cours de leur histoire multiséculaire, les grandes Basiliques Patriarcales ont vu défiler dans leurs nefs tant de magnifiques cortèges ; cependant nul ne fut peut-être égal à celui-ci, comme un torrent, il croissait sans cesse, au fur et à mesure que s'écoulaient les douze mois de l'année et dont les

4 Marc, 6, 31.

flots gonflés faisaient monter vers Dieu comme « la voix des grandes eaux » 5, la supplique des peuples implorant la miséricorde, la grâce et la paix. Spectacle dont l'enchantement fascinait Rome même, « habituée aux triomphes », déjà témoin de tant de merveilles.

Ensuite, les Romains eux-mêmes doivent être félicités pour leur piété :

Elle aussi, à son tour, a bien droit au tribut d'admiration qu'elle a mérité et qu'elle a reçu de ses hôtes les pèlerins, qui ont démontré qu'ils la reconnaissaient et la sentaient comme Ville Sainte. A cela, sans doute, peut avoir contribué la bonne organisation, qui a permis aux « romées », pendant le temps si bref de leur séjour et avec un programme surchargé, de parcourir méthodiquement la Rome chrétienne, de visiter ses sanctuaires les plus célèbres, vénérés dépositaires des souvenirs les plus précieux dans l'histoire de l'Eglise.

Pendant ces journées si bien remplies, ils ont à peine eu le temps de donner un coup d'ceil à l'autre Rome. Mais ce qui les a le plus vivement frappés, c'était de voir la ferveur, l'empressement, la dévotion du peuple romain qui, jusqu'aux derniers jours de l'Année Sainte a pris part en foules imposantes aux solennités jubilaires, uni dans la prière et dans la pénitence aux pèlerins venus de l'extérieur, et appréciant avec une modeste et fraternelle fierté son privilège d'être la communauté chrétienne de Rome, héritière de la communauté primitive du Prince des Apôtres.

Le clergé romain mérite les plus beaux éloges pour le zèle déployé pendant l'Année Sainte :

Nous remercions humblement le Seigneur de tout cela. Mais l'expression de Notre vive reconnaissance s'adresse aussi à vous, chers fils, à vous dont s'est servi Dieu, comme de ses ministres, pour répandre sur la communauté romaine l'abondance des grâces de l'Année Sainte. Car Nous savons bien quel travail vous avez eu, vous et tous ceux qui, souvent animés d'un zèle émouvant, vous ont apporté sans réserve leur collaboration. Vous avez dû, pendant ces temps particulièrement difficiles, faire des efforts presque surhumains, fournir une somme pour ainsi dire incalculable d'abnégation et de sacrifice. Mais vous ne vous êtes pas prodigués en vain, et les fruits récoltés démontrent la fécondité de votre oeuvre. Que ceux-ci soient une partie de votre récompense ; qu'ils soient en même temps, pour vous et pour vos collaborateurs et collaboratrices, un motif de solide espérance et un puissant stimulant à redoubler de zèle pour cultiver avec courage la vigne du Seigneur, dans notre très cher diocèse de Rome.

Au-delà de la Rome chrétienne, il y a la Rome civile et profane ; celle-ci est aujourd'hui dans l'angoisse :

Toutefois, chers fils, même « l'autre Rome », à laquelle Nous avons fait allusion un instant plus tôt — c'est-à-dire ceux qui vivent dans l'ignorance ou l'oubli des commandements et des lois de l'Eglise — est également là.

Quand Nous pensons à l'état des choses présentes dans les grandes villes — et ce que Nous voulons dire peut s'étendre, malheureusement, bien souvent encore plus loin, jusqu'aux campagnes perdues — Nous ne pouvons écarter de Nous une grave appréhension : ce inonde agité, suspendu entre le souvenir affreux d'une guerre cruelle à peine terminée, et la crainte d'un nouveau conflit, qui serait incomparablement plus atroce, demande avec un cri d'angoisse la sécurité de son existence. Dieu veuille cependant que l'on ne puisse dire de la sécurité qu'il attend ce que saint Augustin, dans le De Civitate Dei écrivait des païens de son époque, quand les invasions barbares de l'Empire romain apportaient à Rome et dans les provinces, avec des souffrances indicibles, les prodromes d'une rapide décadence.

Il faudrait, par un redressement moral, mettre fin aux menaces de décadence :

N'y a-t-il pas sans doute une ressemblance entre les conditions d'alors et celles d'aujourd'hui ? Et par conséquent tous ceux qui y ont une part de responsabilité, ne devraient-ils pas multiplier leurs efforts pour dominer et freiner l'invasion du mal moral, qui empoisonne l'atmosphère de la vie publique et privée ?

6 L. II, ch. 20.

C'est pourquoi chaque curé de Rome doit venir au secours de toutes les âmes de sa paroisse :

Mais, pour revenir aux devoirs de la charge pastorale, Nous avons récemment dans Notre dernier message de Noël7, rendu évidente la nécessité urgente qui s'impose actuellement à l'apostolat catholique de reconquérir spirituellement les âmes affaiblies, attiédies ou vacillantes à l'égard de la foi. Appliquez cette pensée à la ville de Rome. Pourriez-vous contempler avec une froide placidité le triste état des âmes ? Chacun de vous doit nourrir les intentions et remplir la mission du Bon Pasteur envers tous ceux qui demeurent sur le territoire de sa paroisse.

Les Curés pour atteindre leurs paroissiens doivent faire appel aux laïcs groupés dans l'Action Catholique :

D'autre part, il est souvent extrêmement difficile pour le prêtre d'approcher certains milieux. Voici donc justement un vaste champ de travail ouvert à la collaboration des laïcs. Nous n'avons pas besoin de recommander encore une fois l'Action Catholique, la grande organisation qui rend tant de services signalés à l'Eglise. Mais en outre, Nous savons que certains laïcs catholiques — sous l'impulsion et la direction du prêtre — ont formé de petites sociétés ou des cercles, où une ou deux fois par mois, selon les circonstances, des collègues de la même profession, des parents, des amis se réunissent pour traiter et discuter, sous une direction compétente, parmi les autres sujets, des questions également religieuses. Il est surprenant, — Nous assure-t-on — de constater combien de conversions ont déjà été obtenues dans ces cercles. Et avec le chef de famille ou les deux époux, on a d'une façon générale, gagné toute la famille.

De tels modes amicaux d'apostolat prennent ensuite des formes variées pour s'adapter aux besoins et aux possibilités particulières.

C'est ainsi, par exemple, que parfois, des catholiques fervents et zélés invitent dans l'intimité de leur foyer des personnes éloignées de la religion et encore fort loin de se laisser engager à aller à l'église et à assister à la sainte messe ; alors ils écoutent ensemble à la radio l'émission catholique du dimanche ou quel-

?.adiomessage du 23 décembre 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 615).

que lecture religieuse ou peut-être même s'unissent-ils pour réciter une prière en commun.

Mais, diront sans doute certains, ces bons catholiques, hommes et femmes, se contentent de bien peu ! Bien peu ? C'est cependant déjà quelque chose, et il convient de répéter ici les paroles de Jésus-Christ : « Qui... n'est pas contre nous est pour nous », selon le texte grec 8. Si l'on ne peut, de but en blanc, obtenir davantage, ce sera toujours encore un rapprochement qui, tôt ou tard, facilitera peut-être une prise de contact avec l'Eglise, au moins en un point ou l'autre, dans l'attente d'une adhésion plus pleine, qui finira par en amener plusieurs au pied de l'autel, réconfortés par les saints sacrements.

De tout Notre coeur, Nous louons ce travail apostolique des laïcs et Nous vous exhortons, chers fils, à lui faire bon accueil, à J'encourager et, surtout à le laisser se développer librement, soit que ces groupes demeurent dans les limites de la paroisse ou qu'ils s'étendent également à l'extérieur, soit qu'ils se rattachent à l'Action catholique organisée ou non. En tous cas c'est toujours un apostolat des laïcs et du meilleur aloi.

Il faut éviter que le travail pastoral ne devienne exagérément administratif.

Nous voudrions enfin vous inviter à prendre en considération une pensée qui devrait guider et illuminer toute votre action pastorale. Consacrez-vous à elle de toute votre âme, et donnez à toute votre activité la marque personnelle de votre esprit et de votre coeur. En parlant ainsi, Nous entendons vous mettre en garde contre l'excès de bureaucratie dans la charge des âmes. Sans doute la bonne marche de l'office paroissial s'impose comme une tâche rigoureuse. Toutefois, il est nécessaire que vos paroissiens sentent toujours et partout la bonté, l'affection paternelle qui fait battre le coeur du pasteur. Chacun de vos fidèles doit l'éprouver ; il doit pouvoir vous approcher facilement et trouver chez vous l'aide et l'appui auxquels répondra la confiance.

Mais ceci suppose évidemment une connaissance exacte de votre paroisse, rue par rue, maison par maison, une vision sûre des conditions religieuses, comme des nouveaux problèmes et besoins de la population qui demeure sur votre territoire ; et

8 Marc, 9, 40, selon le texte grec ; cf. Merk, p. 151.

cette connaissance exige elle-même, pour être complète et profonde, une préparation, voire technique, à laquelle le fichier paroissial offre un instrument très utile. Il permet en effet de trouver à l'instant toutes les informations concernant chacune des familles et chacun des fidèles.

Devra-t-on pour cela donner toute l'importance ou même une importance principale à cette documentation ? Elle ne doit être qu'une aide — certes très précieuse — pour vos rapports personnels, vivants, avec vos paroissiens. Montrez d'une manière effective l'intérêt et l'affection que vous nourrissez pour eux. Occupez-vous directement de l'instruction religieuse des enfants, au moins dans sa partie principale. Il est bien facile — vous en avez l'expérience — de gagner par l'intermédiaire des enfants, le coeur des parents, afin de les ramener ainsi, quand cela est nécessaire, à la foi et aux pratiques religieuses.

Le Saint-Père insiste pour que le clergé prenne un soin tout parti-er des vocations sacerdotales :

Mais un de vos plus chers devoirs dans la formation chrétienne des adolescents doit être de veiller aux vocations ecclésiastiques, et Nous Nous ferions un reproche à Nous-même de laisser passer cette occasion sans vous en parler. C'est là un devoir qui s'impose de lui-même et auquel un prêtre zélé se consacre spontanément avec amour. Toutefois, il est d'une telle gravité que l'Eglise l'a prescrit d'une façon positive, et Nous n'avons pas besoin de vous rappeler le canon 1353 du Code de Droit Canon, qui oblige particulièrement les curés, mais aussi les prêtres en général, à prendre un soin spécial des enfants qui donnent des signes de vocation, pour les conserver dans la vertu, les former à la piété, pourvoir à leurs premières études et cultiver le germe précieux déposé par Dieu dans leurs coeurs.

Qui pourrait jamais penser que cette loi, promulguée déjà depuis plus de trente ans, ait perdu quelque chose de sa force et de sa nécessité ? Les événements qui se sont succédé, la guerre avec ses conséquences et toutes les conditions présentes n'ont fait qu'accroître son urgence, en aggravant les dommages résultant de la pénurie de prêtres, surtout dans certaines régions.

Aussi, récemment encore, dans l'exhortation Menti Nostrse 9, avons-Nous attiré de nouveau l'attention sur cette question et

9 Exhortation Menti Nostrae, 23 septembre 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 394).

le zèle de tout le clergé. Ici, dans l'intimité de cette audience, Nous Nous adressons avec une insistance redoublée aux prêtres de Rome, c'est-à-dire au clergé, et plus spécialement aux curés, de Notre cher diocèse. Ce n'est pas le lieu ni le moment de vous présenter les statistiques qui confirment les plaintes douloureuses qui parviennent souvent à Nos oreilles, sur le trop petit nombre des prêtres romains. Ces statistiques, Nous les avons eues sous les yeux, et elles pourraient causer une grave inquiétude si le mal était sans remède. Mais il n'en est pas ainsi. L'expérience des prêtres qui se consacrent au soin spirituel de la jeunesse dans les maisons de Première Communion, dans les Congrégations Mariales, dans les Cercles d'Action Catholique, dans les « Petits Clercs », Nous assure que les vocations ne manqueraient pas à Rome ; mais afin que les bons grains parviennent à maturité, il faut qu'ils soient convenablement cultivés dans la paroisse et dans la famille.

Le clergé paroissial est souvent surchargé de travail, absorbé par le ministère ordinaire, par les exigences de l'administration, par les organisations catholiques. Il serait cependant préférable de réduire quelque peu certaines activités plus voyantes mais moins nécessaires, pour se donner plus intensément à la formation de la jeunesse. Du reste, même en dehors du clergé affecté aux paroisses, combien d'ecclésiastiques à Rome pourraient coopérer avec ferveur à une cause aussi sainte et importante entre toutes !

Grâce à Dieu, le clergé romain peut se glorifier de la belle tradition de ces prêtres, qui, sans avoir un service avec charge d'âmes, s'entouraient de jeunes gens, qu'ils éduquaient à une vie plus pieuse et généreuse, qu'ils instruisaient dans les premiers éléments et acheminaient petit à petit vers le séminaire, en offrant un exemple admirable de ce noble apostolat, qui certainement ne devra jamais faire défaut.

Mais Notre confiance s'agrandit en voyant uni aujourd'hui au cercle paroissial, le groupe de choix des prédicateurs de carême qui apporteront, pendant ce temps sacré, la contribution de leur éloquence persuasive, à la fois du haut de la chaire et dans leurs rapports privés avec leurs fidèles. A vous aussi, chers fils, orateurs sacrés, Nous vous recommandons d'aider, dans la mesure où cela vous sera possible, à découvrir et à discerner dans les coeurs des enfants et des adolescents les signes de la vocation et à éveiller dans l'esprit des parents le sens de leur responsabilité, si le Divin Maître vient leur demander l'un ou l'autre de leurs enfants pour en faire un ministre de l'autel. Il est impossible que l'influence de votre parole, de votre exemple, de vos prières, ne fasse point sentir ses bienfaisants effets.

En terminant, le Saint-Père bénit les participants à cette audience :

Que la prière de vous tous, comme aussi celle de vos fidèles et des âmes saintes de vos paroisses, soit donc ardente et constante ! La Nôtre s'élève incessamment vers Dieu et vers la Reine des Apôtres pour attirer sur vous tous et sur ceux qui sont confiés à votre zèle les plus abondantes grâces divines, en gage desquelles Nous vous donnons de tout coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.


PieXII 1951 - DÉCRET DE LA SACRÉE CONGRÉGATION DU SAINT OFFICE CONCERNANT LE ROTARY CLUB