PieXII 1951 - DÉCLARATION DE LA SACRÉE CONGRÉGATION CONSISTORIALE SUR LA PERSÉCUTION EN TSCHÉCOSLOVAQUIE


ALLOCUTION AU PERSONNEL DE LA BANQUE NATIONALE DU TRAVAIL D'ITALIE

(iS mars 1951) 1

Un groupe de dirigeants, fonctionnaires et employés de la Banque itionale du Travail d'Italie a été reçu en audience par le Pape qui déclara cette occasion :

Depuis son origine en 1913, il y a donc moins de quarante ans, votre Etablissement, Messieurs les membres du Conseil d'administration et de la Direction générale de la Banque Nationale du Travail, a réalisé jusqu'à ce jour tant de progrès en solidité et en développement financiers et dans le nombre de ses collaborateurs et des clients bénéficiaires, que Nous ne pourrions laisser passer l'occasion de votre aimable visite sans vous dire Notre satisfaction.

Vous n'en serez certainement pas surpris, sachant parfaitement combien Nous prenons à coeur les problèmes et les difficultés, que vous contribuez à résoudre ou tout au moins à atténuer, non point tant avec des théories et des discours, dont cependant on ne conteste ni l'importance ni l'utilité, mais avec des actes et des faits, en l'absence desquels les discours et les théories demeureraient stériles.

Un bref regard sur l'histoire de la Banque Nationale du Travail suffit à la montrer, en vertu de son caractère d'institution de droit public, directement et intimement liée au but de toute l'économie nationale, destinée qu'elle est, à assurer et accroître la possibilité d'organiser le bien-être matériel de toutes les classes du peuple, en les mettant en mesure de mener une vie conforme à la dignité humaine et à la loi de Dieu.

Pie XII souligne le fait que la Banque a permis aux coopératives de se constituer :

Dans cette histoire, Nous relevons encore un trait particulièrement intéressant et caractéristique qui ne pouvait manquer de Nous procurer une vive satisfaction : Nous voulons parler du but primitif de votre Banque, qui dans l'intention de ses fondateurs, était de venir en aide, au moyen de concessions de crédit, aux Coopératives, surtout agricoles. Souvent et en diverses circonstances, Nous avons exprimé Nos voeux pour la florissante prospérité de cette branche si importante de l'économie nationale, convaincu que Nous sommes du bénéfice qui en résulte pour la propriété privée et pour le travail commun de la famille. De cette manière vous suivez parfaitement votre chemin dans le sens de la doctrine sociale de l'Eglise.

De même, ta Banque du Travail a accordé des crédits pour la constitution et le développement de la petite et moyenne industrie :

Depuis ses débuts, votre Etablissement, tout en conservant son caractère fondamental, a considérablement développé son champ d'action et multiplié son activité ; il s'est étendu aux moyennes et petites industries, rendues vivantes et confiantes grâce aux crédits qui assurent et facilitent leur production autonome. Cette fonction elle aussi, — en l'heure présente, d'une portée capitale, — est une application heureuse et pratique de la doctrine sociale de l'Eglise.

Aujourd'hui, il faudra surtout financer la construction d'habitations :

Les résultats obtenus, loin d'inviter à une immobilité satisfaisante, ne font que stimuler davantage la volonté de nouveaux progrès, particulièrement celle de contribuer, grâce à vos avances d'argent, à renforcer et accélérer la construction d'habitations, malheureusement encore si loin de répondre aux besoins les plus urgents ; des habitations, qui, comme Nous le disions déjà, à une autre occasion (Radiomessage de Noël 1042) donnent aux familles « l'espace, la lumière, l'air » pour accomplir leur mission ''.

2 Dans un Radiomessage du 24 décembre 1942, Pie XII disait : « Donnez à la famille, cellule nécessaire de la nation, l'espace, l'air et la lumière, pour qu'elle puisse se vouer à sa mission. »

Ainsi la Banque servira utilement le bien commun :

Si diverses que puissent être vos fonctions dans la Banque, vous n'en devez pas moins être tous également animés d'une pensée commune : la conviction, profondément enracinée dans vos esprits et dans vos coeurs, de la grandeur et de la nécessité de votre oeuvre. Votre travail mérite évidemment sa rétribution et reçoit avec dignité ses « honoraires » ; mais il aspire en outre à une récompense plus élevée, c'est-à-dire celle qu'apporte la joie d'avoir lait quelque chose à l'avantage du peuple, avec un sens de responsabilité et de fidélité au devoir social. Cette double rémunération économique et morale que vos remarquables et louables institutions procurent à tous les actifs collaborateurs dans la Banque — avec les habitations, les assurances pour les maladies et la vieillesse, les aides dans toutes les vicissitudes et infortunes de la vie — prend ainsi son entière et profonde signification. Car, alors, le travail quotidien associe et unit intimement les hommes dans un service devant Dieu, pour leur propre bien temporel et éternel, comme pour celui de tout le peuple.

Avec ces sentiments et avec ces souhaits, Nous invoquons pour vous tous, pour votre oeuvre, pour vos familles, les faveurs divines les plus abondantes, en gage desquelles Nous vous donnons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique s. »

3 On lira d'autres allocutions au personnel des Banques, notamment : Allocution aux

Employés de la Monnaie, 13 mai 1948 (cf. Documents Pontificaux 1948, p. 187) ; Allocution aux employés de la Banque de Naples, 20 juin 1948 (ibid., p. 232) ; Allocution au personnel de la Banque d'Italie (cf. Documents Pontificaux 1950, p. 125) ; Allocution au personne] de la Banque de Rome (cf. Documents Pontificaux 1950, p. 214).


RADIOMESSAGE AU MONDE

(25 mars 1951) 1

En ce jour de Pâques 1951, le Saint-Père adressa à la foule massée Place St-Pierre à Rome, et par la voie des ondes, aux peuples du monde entier, le message suivant :

De ce lieu incomparable, où, au cours de l'Année Sainte, l'Urbs et le monde entier se sont trouvés réunis, pour des heures solennelles entre les plus solennelles, Nous adressons à la multitude des fidèles de Notre diocèse de Rome, aux pèlerins réunis ici pour la Pâque Chrétienne, et à tous ceux qui écoutent Notre voix dans le monde entier, le salut ému du Père commun.

Vous avez été éveillés, chers fils et filles, par l'annonce évangélique : Surrexit ! Il est ressuscité ! Cette même annonce, adressée un jour à quelques rares âmes encore dominées par la peur et par la crainte 2, se renouvelle au début de chaque printemps et se répand partout avec la voix mélodieuse des cloches, pour susciter dans des millions d'âmes le même puissant frémissement de joie, la même ferveur de foi, le même vaste souffle d'espérance.

Réjouissez-vous et exultez, chers fils, car la vie qui se renouvelle en Jésus ressuscité, en l'aube de Pâques, est pour toute âme un gage de vie nouvelle, de salut et de résurrection future. Toutes ces paroles l'invoquent : débarrassez-vous du vieux ferment de la malice et de la méchanceté 3 ; revêtez-vous de l'homme nouveau, tel que Dieu le veut ; que l'esprit s'élève aux choses célestes ; que descende dans chaque âme la grâce sanctifiante ; que deviennent plus digne et plus concrète la justice, plus universelle la charité ; en un mot, renouvelez les

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 207.

2 Marc, 16, 6-8.

3 I. Cor., V.

liens brisés entre l'homme et Dieu, entre l'homme et l'homme. Redevenez des fils, redevenez des frères !

Que le premier fruit soit la paix. Pax vobis !4 C'est le nouveau salut de Jésus ressuscité. Ce qui à son berceau était une promesse, le jour de Pâques veut être une réalité, l'effet de la Rédemption accomplie. Que ce salut de paix qui retentit, voici vingt siècles, comme pour caractériser les apparitions et donner sa marque à l'Eglise naissante, soit accueilli, aujourd'hui plus que jamais, comme un précepte divin engageant chaque conscience ; qu'il soit reçu comme un don inestimable ; qu'il se réalise comme l'entreprise la plus digne de la civilisation d'aujourd'hui, la plus ardemment désirée par le ciel et par la terre.

Cependant afin que l'allégresse pascale ne s'éteigne pas avec le déclin du jour, mais qu'elle dure, en revanche, d'une façon permanente toute une longue saison et qu'elle pénètre les coeurs les plus fortement touchés par la tourmente qui bouleverse aujourd'hui le monde, que descende, ô Jésus, votre bénédiction, apportant le renouveau et la paix, sur ce peuple qui élève vers Vous avec unanimité un hymne de louange, de gratitude et d'imploration.

Bénissez, ô Rédempteur divin, la Hiérarchie sacrée, les Ministres du Sanctuaire et les aspirants au sacerdoce, tous ceux qui renonçant au monde se sont consacrés à Vous, sous les formes les plus variées de la vie religieuse.

Bénissez les hardies équipes de l'apostolat des laïcs, et ravivez en elles, jusque dans la mesure la plus complète, le courage de professer la foi chrétienne, l'ardeur du zèle, la fermeté d'une fidélité virile.

Bénissez les dirigeants des Nations et inspirez-leur des intentions de justice et de paix, d'ententes fraternelles et d'aides réciproques afin que, libérés de tous désirs de domination et de violence, les peuples puissent vivre et servir Dieu dans un labeur pacifique et une sereine tranquillité, et parvenir ainsi de la laborieuse journée terrestre à la béatitude de la Patrie céleste.

Bénissez les familles, au sein et sous la protection desquelles croissent les générations qui devront former l'Eglise de demain ; bénissez et soutenez les jeunes gens et les jeunes filles, dont la pureté, la valeur, le bonheur spirituel sont une des plus ferventes sollicitudes de votre Epouse immaculée.

4 Luc, 24, 36.

Bénissez et réconfortez ceux à qui les séductions terrestres et les erreurs insidieuses ont été nuisibles dans leurs sentiments et leurs pensées, dans leur conduite et leur oeuvre, et aidez-les à retrouver, dans la confusion de la tiédeur, de l'indifférence, de l'éloignement de Dieu, la seule voie qui conduit à la vérité et au salut.

Répandez votre bénédiction sur tous ceux qui soutirent dans le corps et dans l'esprit, suscitez, en nombre toujours plus grand, des âmes généreuses prêtes à accourir partout où se fait entendre un cri, une plainte, un soupir, empressées à consacrer leur esprit, leurs forces et leurs biens aux soins de tant d'enfants abandonnés dans les rues, au soutien de tant de vieillards privés de tout secours, de tant de miséreux qui ont tant de mal à vivre dans le besoin et la maladie, de tant de réfugiés errant à la recherche d'une autre patrie, de tant d'opprimés victimes des injustices humaines ; inspirez courage à tous ceux qui gémissent dans les hôpitaux, les prisons, dans les lieux d'exil et de peine, peut-être même injustement ; accroissez la fermeté de ceux qui pâtissent, exemples éclatants de fidélité envers Vous, le divin Vainqueur de l'enfer et de la mort, pour la défense de la foi, dans leur honneur, dans leur liberté et dans leur chair.

Triomphez, triomphez, ô Jésus. Que vienne, que s'approche votre règne. Que Votre empire resplendisse sur la terre, plus connu, plus aimé, plus puissant, comme est infinie la puissance de votre sang divin, répandu pour la rédemption du monde entier. »


ALLOCUTION A L'UNION DE L'ENSEIGNEMENT PUBLIC DE FRANCE

(26 mars 2951) 1

3.000 professeurs et étudiants de l'Union Catholique de l'Enseignement public de France étaient reçus, le lundi de Pâques, en audience par le Saint-Père. Celui-ci leur adressa l'allocution que voici :

Le Pape rappelle les gloires anciennes de l'Université de France :

De quel scepticisme parfois même dédaigneux aurait été le jouet, au déclin du siècle dernier et à l'aurore de celui-ci, l'audacieux qui aurait prédit qu'un jour, un jour non lointain, Rome verrait accourir à elle, en nombre respectable, les membres catholiques de l'enseignement public de France ! Et pourtant, vous voici aujourd'hui, très chers fils et filles, près de trois mille, groupés en ce moment autour de Nous, comme des enfants confiants et aimants autour de leur père !

L'Université de France ! Elle occupait une si belle place dans l'histoire de l'Eglise et de la Nation ! Elle a pris une part si belle au progrès de la civilisation et de l'humanisme chrétien ! On ferait, avec les noms des grands hommes, des grands initiateurs et fondateurs, des grands saints, qu'elle a contribué à former, le plus glorieux « livre d'or » ! Et tandis que ce bien se faisait avec un éclat resplendissant à la Sorbonne et dans les grandes et illustres Facultés, il se faisait aussi, discrètement et d'autre manière, dans les plus humbles écoles publiques, par le dévouement des « magisters » de village !

Mais l'Université s'est séparée de l'Eglise.

Qui pourrait s'étonner que les adversaires de l'Eglise, inconscients des vrais intérêts de la France, aient cherché à provoquer la fissure qui, dans leurs plans, devait, petit à petit, s'élargir et s'approfondir ? Faute de principes doctrinaux, précis et fermes, le monde intellectuel, et surtout depuis la fin du dix-huitième siècle, était mal préparé à découvrir les infiltrations dangereuses, à réagir contre leur pénétration insensiblement progressive. Même sans hostilité voulue, sans dessein préconçu, sans qu'on y prît garde, l'esprit incertain des maîtres même des plus illustres, le flottement et le vague de la pensée devaient forcément faire sentir leurs effets dans l'instruction et dans l'éducation supérieure, secondaire, primaire de la jeunesse, effets de plus en plus étendus et profonds à chaque nouvelle génération.

L'Université est devenue neutre et laïque.

Quant à l'impiété consciente, elle épiait et dirigeait pour exploiter l'évolution, ou plus exactement la déviation des grands mots équivoques de neutralité et de laïcité. Aveuglée par ses succès, elle ne savait pas voir, cachée sous la cendre accumulée, presque étouffée par la contrainte, l'étincelle de vie chrétienne, de ferveur et de zèle, qui continuait à brûler, ardente dans les coeurs des plus éminents parmi les savants et les intellectuels, dans ceux des héroïques instituteurs de l'enfance populaire.

Aujourd'hui cependant un nombre croissant de catholiques exercent une influence dans le monde universitaire :

Justement alors, au sein de l'enseignement public, à tous ses degrés, en émouvante solidarité, maîtres et futurs maîtres encore élèves des écoles normales, commençaient à se montrer au grand jour ; ils affichaient ouvertement leur foi et la faisaient respecter ; de moins en moins on osait affirmer l'opposition de la science et de la religion, et ceux qui s'y hasardent — il s'en trouve aujourd'hui — s'exposent à faire figure de retardataires.

Hors de vos rangs, la plupart des vrais savants, des éducateurs consciencieux qui ne partagent pas vos convictions et votre ferveur n'hésitent pas à vous témoigner leur estime ; et il n'en manque pas, parmi eux, qui dans les occasions, Nous donnent à Nous-même les marques de leur plus sincère déférence. Nous en avons eu bien des exemples au cours de l'Année Sainte. Comment ne Nous réjouirions-Nous pas, sachant que ce revirement, humblement commencé et devenu si ample, est en

grande partie votre mérite et celui de vos devanciers ? Faut-il rappeler l'action modeste, mais profonde et graduellement croissante, du « Bulletin national des instituteurs et des institutrices catholiques de l'enseignement public », du petit « bulletin vert », comme on disait alors, l'influence des premiers groupements, qui se formaient sous des noms divers et avec des nuances, et qui se multipliaient, tout en confluant vers une étroite et solide unité, pour une action commune, permanente et organisée ?

La manifestation de ce jour est le résultat de cette action concertée :

Ce qui Nous cause une particulièrement vive impression en vous voyant ici, c'est la plénitude de votre manifestation : plénitude par l'ampleur et la variété de votre assemblée d'enseignants et de futurs enseignants de toutes les branches et de tous les ordres, plénitude par l'objet que vous visez, car vous ne faites pas de votre réunion uniquement la fière et publique attestation de votre appartenance à l'Eglise et de votre fidélité à sa doctrine et à sa discipline, de votre dévotion filiale envers le Vicaire de Jésus-Christ : vous en faites surtout un rendez-vous fraternel destiné à promouvoir ensemble, à développer et perfectionner en vous-mêmes la vie intérieure de foi, de prière, de zèle apostolique, de piété liturgique et contemplative, âme de votre activité professionnelle considérant vos « Journées universitaires » non pas comme un Congrès, ni comme un simple pèlerinage, mais, suivant une heureuse et bien expressive formule, comme une sorte de grande « retraite ».

Les Universitaires ont raison d'inscrire comme premier point de leur programme : le développement de la vie spirituelle :

Vous avez grandement raison de mettre au premier plan de vos intentions votre progrès et votre perfectionnement spirituels. C'est votre valeur personnelle — humaine et chrétienne — qui doit être non seulement la base, mais le ressort de toute votre action efficace, aussi bien pour votre sanctification, que pour votre apostolat.

Car enfin votre force apostolique émane visiblement de l'exemple que vous donnez de votre foi et de votre conduite éminemment chrétienne ; elle émane invisiblement de la surabondance de votre vie intérieure surnaturelle, qui se déverse sur toutes les âmes, à commencer par celles qui vous sont les plus proches, qui vous sont pour une bonne part confiées.

Ensuite, les Universitaires ont l'ambition d'exercer autour d'eux l'apostolat :

C'est également avec raison que vous vous souciez aussi d'exercer, par votre ministère d'enseignement, une influence plus directe ; et c'est ici qu'apparaît l'aspect délicat de votre apostolat.

De fait, un grand nombre de jeunes catholiques sont inscrits dans les établissements officiels d'enseignement :

Il était, à l'origine de votre mouvement, d'une indiscutable opportunité. L'évolution, encore bien partielle, de l'esprit, au cours de ce demi-siècle, ne l'a pas rendu moins opportun. Nonobstant la continuelle sollicitude et l'insistance de l'Eglise à instruire les parents chrétiens du devoir primordial de donner à leurs enfants une éducation, dont l'élément religieux, doctrinal et moral, ne fût pas disjoint de l'instruction purement humaine, mais la pénétrât au contraire intimement ; nonobstant les encouragements qu'elle donne aux militants, qui prodiguent avec désintéressement leurs efforts et leurs sacrifices pour soutenir et promouvoir l'école expressément catholique ; il n'est pas moins vrai qu'un nombre immense d'enfants lui échappent par suite de circonstances trop souvent inéluctables, comme l'impossibilité de trouver à sa portée une école telle qu'on la souhaiterait, comme l'indifférence ou la négligence des familles, ou des considérations d'ordre temporel. Ces jeunes âmes seront-elles privées complètement de la formation chrétienne, à laquelle elles ont droit ?

Bien des facteurs viennent rendre cet apostolat délicat :

A première vue, il semblerait que bien des entraves paralysent votre bonne volonté : interdiction d'aborder le terrain dit « confessionnel », étendu souvent par une acception abusive à tout le domaine religieux ; — variété infinie entre écoliers, élèves, étudiants, qui proviennent des milieux les plus divers, déjà marqués d'une première empreinte, où l'on reconnaît des formes d'éducation étrangement disparates ou l'absence de toute éducation ; — réserve qui s'impose à l'égard d'adolescents, dont les uns suivent des observances religieuses les plus hétéroclites, et dont les autres n'ont, hélas ! aucune religion !

D'ailleurs l'enseignement même postule la foi :

Malgré tout, vous estimez pouvoir et devoir, sans la moindre ingérence illégitime ou simplement illégale, faire du bien, un grand bien à ces jeunes âmes. Le pouvez-vous autrement que par cette influence secrète de la grâce débordante, dont Nous venons de parler, et de la prière ?

L'apôtre S. Paul déploie devant vos regards un très large horizon dans son épître aux Romains 2. « Les perfections invisibles de Dieu, écrit-il, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l'intelligence par le moyen des oeuvres. » Faudrait-il, par ces « oeuvres », entendre uniquement les créatures matérielles et immédiatement perceptibles aux sens ? ou, n'est-il pas certain qu'il faut compter aussi les grandes lois générales qui régissent le monde, et qui, même à défaut de la révélation et de la foi se découvrent à la raison naturelle, loyale et attentive ? Or, ce sont toutes les branches du savoir humain qui manifestent à l'intelligence et les oeuvres de Dieu, et ses lois éternelles, et leur application à la marche physique, morale, sociale, du monde. Bien plus, H est impossible à qui que ce soit d'exposer avec ampleur et impartialité l'histoire des événements et des institutions sans que, en dehors même de toute présentation, de toute insinuation dogmatique ou apologétique, on y voie briller, dans une clarté surhumaine, la lumière du Christ et de son Eglise.

En terminant, Pie XII encourage ses auditeurs à poursuivre vaillamment leur apostolat :

Courage, confiance, persévérance, chers fils et filles ! Votre tâche est trop belle, trop visiblement bénie de Dieu pour douter que, à travers les épreuves et les difficultés qui ne vous manqueront jamais, à travers aussi les succès dont vous faites continuellement l'expérience elle parvienne, sinon à une victoire complète, du moins à de splendides résultats. Le bénéfice qui

2 Epître aux Romains I, 20.

en rejaillirait sur votre patrie elle-même, ne manquerait pas de dessiller bien des yeux, de concilier à votre oeuvre la sympathie de plus d'un parmi ceux qui, de bonne foi, la regardent encore avec une certaine arrière-pensée de défiance et de réserve. C'est l'objet de Nos plus chers désirs, de Notre plus ardente prière et, pour en hâter la réalisation, Nous implorons pour elle la faveur de Celui qui, par excellence, est appelé « le Maître », au nom de qui, dans toute l'effusion de Notre coeur paternel, Nous vous donnons à vous, à vos collègues, à vos élèves, à vos familles, à tous ceux qui vous sont chers, Notre Bénédiction apostolique 3.

3 A plusieurs reprises Pie XII s'est adressé aux Universitaires, notamment : Allocution aux membres de la Conférence Olivaint, 27 mars 1948 (Documents Pontificaux 1948, p. 137). — Allocution à la Mission Universitaire de France, 16 avril 1949 (Documents Pontificaux 1949, p. 140). — Allocution aux Participants au Congrès des Etudes humanistes, 25 septembre 1949 (Ibid., p. 403). — Discours aux Universitaires Français, 10 avril 1950 (Documents Pontificaux 1950, p. 112). — Allocution aux Professeurs et étudiants des Instituts Supérieurs catholiques de France, 21 septembre 1950 (Ibid., 1950, p. 385).


ALLOCUTION A DES UNIVERSITAIRES ALLEMANDS

(28 mars 1951)1

Recevant en audience, dans la salle du Consistoire, un groupe d'étudiants de l'Université de Munich et d'autres Universités allemandes, Pie XII salua l'assistance en ces termes :

Nous vous présentons Notre affectueux salut pascal, chers fils et filles. Rome, Saint-Pierre est un excellent endroit pour fêter Pâques. Saint-Pierre est un heureux symbole de résurrection, de victoire et de triomphe. Comme celle de son Fondateur, la voie de l'Eglise est semée de douleurs ; elle doit avoir à son centre un signe qui marque le sens de la croix. Or, la croix signifie libération, résurrection, vie éternelle. Ces trois mots sont pleins de vérité et de promesses pour les hommes de bonne volonté.

Emportez cette certitude dans la vie. La plupart d'entre vous sont encore jeunes. Les temps où vous êtes nés peuvent sembler durs, le proche avenir peut paraître obscur. Vos convictions religieuses peuvent exiger de vous une mesure extraordinaire de convictions, de courage et d'engagement. Allez de l'avant avec confiance. Le sort des individus comme celui des peuples repose en dernière analyse dans la main de Dieu. Et c'est aujourd'hui une entreprise magnifiquement tentante et riche d'espoir que de travailler à l'affirmation publique de la foi et de l'ordre chrétien.

Puisse le Christ crucifié et vraiment ressuscité, vous communiquer sa grâce avec surabondance, pour votre vie intérieure spirituelle et pour votre activité professionnelle. En gage de cette grâce, Nous vous accordons de tout coeur, à vous, et à ceux qui vous sont chers, la Bénédiction apostolique.

LETTRE À L'EPISCOPAT D'AUSTRALIE A L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA FONDATION DE LA FÉDÉRATION DES ETATS D'AUSTRALIE

(2 avril 1951) 1

Les Evêques d'Australie réunis du 19 au 22 avril, sous la présidence de Son Excellence le Cardinal Normann Gilroy, archevêque de Sydney, ont reçu du Pape la lettre que voici :

Il Nous a semblé tout indiqué, Vénérables Frères, de vous adresser un mot spécial à l'occasion de votre assemblée actuelle, coïncidant si heureusement avec le début des cérémonies religieuses qui marquent la participation catholique à la commémoration de l'Année du Jubilé d'or de la fondation du Common-wealth australien.

L'insertion, dans le préambule de votre Constitution, des mots « humblement confiant dans les bénédictions du Dieu Tout-Puissant », engageait le peuple australien à regarder la divine Providence comme son inspiration et son guide. Le Dieu Tout-Puissant a récompensé cet esprit d'humble confiance en Lui en accordant une abondance de bénédictions au Continent australien, en le transformant, dans l'espace de quelques années, en un sol fertile où fleurissent les idéaux de la civilisation chrétienne. Conscients de cette assistance divine constante, vous vous disposez maintenant à célébrer cette date mémorable de l'histoire de votre pays, en rendant grâce à Celui qui est le Dispensateur de tout don parfait !

Nous Nous réjouissons avec vous, Vénérables Frères, lorsque vous jetez avec une légitime fierté un regard rétrospectif sur les remarquables réalisations qui ont marqué le progrès de votre pays dans le domaine politique, social et économique, d'où rejaillit un grand honneur sur la prévoyance de vos hommes d'Etat, sur l'intégrité de vos juges et sur l'intelligence, l'industrie et le respect de la loi de vos citoyens. Mais c'est spécialement en contemplant le développement de l'Eglise de Dieu en Australie, depuis un si humble début pour devenir une si grande force pour le bien et pour le salut des âmes immortelles, que Notre joie devient complète. Ça été un plaisir pour Nous de faire l'expérience directe de l'oeuvre catholique accomplie chez vous, quand nous avons reçu à l'occasion de la récente guerre, des milliers de vaillants jeunes Australiens ; et de nouveau, plus récemment, les nombreux pèlerins de votre pays sont venus participer aux grâces spirituelles de l'Année Sainte. Ils offraient une évidence palpable de leur solide foi, qui est elle-même un témoignage frappant du travail apostolique des Evêques et des prêtres zélés appuyés par l'abnégation et l'activité inlassable des Frères et Soeurs, particulièrement dans les écoles catholiques que vous entretenez avec tant de frais, afin que le Christ puisse être formé dans l'âme des jeunes. Et en évoquant vos bonnes oeuvres, Nous ne pourrions non plus manquer de mentionner l'esprit de charité chrétienne qui a ouvert les portes de votre pays pour accueillir un si grand nombre de ces victimes dépouillées par la guerre et de ceux qui sont contraints à émigrer à cause du chômage et des exigences d'un excédent de population.

Nous tenons à louer tout particulièrement la splendide organisation que vous avez constituée laborieusement, Vénérables Frères, d'un bout à l'autre du territoire australien afin d'assurer que, parmi ces « Nouveaux Australiens », les Catholiques ne manquent pas d'assistance religieuse et, comme cela est arrivé si souvent par suite de la négligence spirituelle des émigrants, qu'ils ne soient pas perdus pour la Foi.

Cet exemple d'Action Catholique est digne d'une haute louange.

Nous ne sous-estimons pas les difficultés de ce grave moment et Nous sommes particulièrement averti du danger que représente le développement du cancer du matérialisme laïque ; mais de même que d'autres défis à l'Evangile du Christ ont été affrontés avec succès dans le passé, Nous sommes confiant que sous votre direction éclairée ces nouveaux dangers seront pareillement surmontés pour la plus grande gloire de Dieu.

En gage de Notre bienveillance affectueuse, Nous donnons de tout coeur, à vous, Vénérables Frères, à vos chers fils dans le Christ dans toute l'Australie, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE A SON EM. LE CARDINAL TISSERANT POUR LE CENTENAIRE DE LA SOCIÉTÉ DES SAINTS CYRILLE ET MÉTHODE

(4 avril 195a) 1

« Nous savons que des catholiques slaves, habitant à Rome, associés à ceux qui appartiennent à l'Institut Pontifical oriental ou sont affiliés au Collège pontifical russe, doivent, sous les auspices de la Sacrée Congrégation pour l'Eglise orientale, célébrer prochainement le centenaire de la fondation en Slovénie de l'Association des saints Cyrille et Méthode.

Pendant cette longue période, cette Société a pris de grands accroissements et elle s'est répandue en Moravie, en Hongrie, en Croatie et dans d'autres régions, pour le plus grand profit de la chrétienté. Elle a eu la gloire et le mérite particulier d'exciter les fidèles à une grande piété envers leurs patrons, les apôtres des Slaves, de proposer avec insistance leurs exemples éclatants à l'imitation des chrétiens pour ce qui concerne la conduite, d'exhorter de toutes leurs forces tous ceux qui ont abandonné l'unité de l'Eglise à suivre les pas des saints Cyrille et Méthode, et, par là, de les ramener à l'unique bercail et à l'unique Pasteur, le Pontife romain. Au cours de ce siècle, des événements se sont passés qui ont un rapport très intime avec l'histoire de cette Association et avec l'Eglise tout entière. Ce fut d'abord au millième anniversaire de la mort de saint Cyrille, la demande faite par un grand nombre d'évêques slaves à Notre prédécesseur d'heureuse mémoire Pie IX d'accorder la célébration de la fête des deux frères Cyrille et Méthode dans l'univers catholique.

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 195a, p. 371. Traduction française dans ta Documentation Catholique, t. XLVIII c. 583.

Cela fut accordé de grand coeur et ordonné par un autre de Nos prédécesseurs le Pape Léon XIII de pieuse mémoire, par les Lettres encycliques Grande Munus 2, dans lesquelles il relève et célèbre avec éloquence les louanges de ces deux saints. Notre prédécesseur immédiat, Pie XI, d'immortelle mémoire, a repris et renouvelé ces louanges et ces éloges dans une lettre adressée aux archevêques et évêques de Serbie, de Croatie, de Slovénie, de Tchécoslovaquie 3 à l'occasion du XIe centenaire de la naissance terrestre de saint Cyrille. L'activité diligente et habile de cette Association a répondu à la sollicitude et aux exhortations des Pontifes romains. En effet, c'est principalement grâce aux avis et à l'appui des Associés que fut établie, il y a soixante ans, la nouvelle et pieuse Association dite de « l'Apostolat des saints Cyrille et Méthode », que furent fondés en outre, l'Académie de Velehrad et le Collège pontifical du même nom. C'est là, à Velehrad, que se tinrent des Congrès internationaux pour inviter instamment mais avec bienveillance tous les dissidents à revenir à l'unité et à entrer enfin dans l'unique bercail.

Il est légitime et très agréable de rappeler tous ces faits, car ils mettent en pleine lumière la puissance de la religion catholique pour éduquer saintement les hommes, réformer leurs moeurs et les porter les uns vis-à-vis des autres à la concorde fraternelle.

Mais actuellement, parmi ces nations que Cyrille et Méthode ont évangélisées dans leurs voyages apostoliques, et amenées, non seulement à la foi chrétienne, mais à la civilisation humaine, cette si méritante Société se trouve dans des conditions difficiles. A la périlleuse situation économique causée par la cruelle dernière guerre, — qui constitue déjà un grand obstacle à toute entreprise généreuse — s'ajoute ceci : on voit l'Eglise ne pas jouir de la liberté qui lui est due et il arrive bien souvent que les Associations catholiques sont privées des ressources nécessaires et de toute liberté d'action. Nous souhaitons donc que, spécialement, durant la prochaine célébration de ce centenaire, tous, et d'une façon particulière, les membres de cette Société adressent à Dieu de ferventes prières pour que les peuples slaves, se trouvant dans une situation si dure, conservent dans un courage invincible la foi chrétienne que leur apportèrent autrefois Cyrille et Méthode ; ou bien pour que ceux qui l'au-

Acta Leonis XIII, vol. Il ; an. 1880, p. 125. A- A. S., 19, 1927, p. 95.

raient malheureusement abandonnée, l'embrassent de nouveau le plus tôt possible et de bon coeur. Que ces saints du ciel, apôtres, patrons et protecteurs des Slaves, obtiennent cette grâce de la divine Bonté ! Qu'ils se souviennent des nombreux et pénibles travaux entrepris pour sauver ces peuples !

C'est pourquoi qu'ils ne permettent pas que ces fidèles dévient du droit chemin et s'égarent ! Bien plus, qu'ils ramènent bien vite, sous l'influence de la grâce de Dieu, à l'unité de l'Eglise ceux qui l'auraient abandonnée ! Que ce soit là le fruit principal de ces fêtes du centenaire, fruit que produira la grâce divine obtenue par les ardentes supplications de tous-

Cependant que la Bénédiction apostolique que Nous accordons de tout coeur dans le Seigneur, à vous, vénérable frère, et à tous les membres de cette Association, soit le témoignage de Notre paternelle bienveillance.

LETTRE DE Mgr J.-B. MONTINI, Mgr ALBINO GONZALEZ MENENDEZ REIGADA, ÉVÊQUE DE CORDOUE ET PRÉSIDENT DES SEMAINES SOCIALES ESPAGNOLES, A L'OCCASION DE LA XIe SEMAINE SOCIALE ESPAGNOLE

(2 mai 1951)1

J'ai eu l'honneur de présenter à l'Auguste Pontife les nouvelles que Votre Excellence m'a communiquées sur la prochaine célébration, dans la ville de Barcelone, de la XIe Semaine Sociale d'Espagne.

Avec grande sagesse et opportunité le Comité permanent des Semaines Sociales a proposé comme sujet général de celle-ci les « Problèmes de la Classe Moyenne », dont l'importance est notoire dans l'état actuel de la société.

Il s'agit, en eifet, d'une classe très étendue ; ses membres appartiennent à l'industrie et à la campagne, à l'artisanat et au commerce, ils sont des employés ou exercent des carrières libérales ; c'est une partie notable de la population avec des caractéristiques particulières, et dont l'influence sociale est digne d'une spéciale attention.

La note propre de cette classe est l'indépendance économique, par le moyen de laquelle il lui est possible d'assurer la stabilité sociale et la production des biens, formant ainsi une heureuse harmonie entre le travail personnel et la propriété privée. Avec son propre effort et son propre labeur, l'homme de la classe moyenne conserve son autonomie et sa dignité, sans avoir à mendier sa subsistance ; avec les biens privés il réalise une saine et juste division de la propriété, qui garde ainsi le caractère de responsabilité, sans tomber dans les formes d'un collectivisme anonyme, conservant sa vraie fonction de colonne de l'ordre social.

Mais une série de circonstances, principalement en ces derniers temps, a conduit, à cause de l'évolution économique, à de fortes concentrations des biens, détruisant bien souvent l'équilibre déjà mentionné. Ces raisons et d'autres encore que l'on pourrait énumérer, comme l'inflation, si contraire à l'esprit d'épargne, et les excessives charges fiscales, ont soulevé dans la classe moyenne des difficultés et des bouleversements auxquels il est urgent de remédier.

Le Saint-Père a vu dans le programme de la Semaine le soin avec lequel on se propose d'étudier l'ensemble de ces problèmes familiaux, économiques, sociaux et moraux, et II veut qu'arrive à tous — professeurs et séminaristes — Sa réconfortante parole, afin de les stimuler dans ce labeur social, réalisé avec des vues nobles et élevées, maintenant en faveur de la classe moyenne et toujours dans le but de donner aux catholiques la conscience qu'ils doivent avoir dans les questions sociales, où ils peuvent et doivent tant faire à cause de la foi qu'ils professent.

Sa Sainteté implore du Très-Haut les divines lumières sur les travaux de la Semaine et avec une particulière bienveillance envers tous les assistants Elle octroie de tout coeur à Votre Excellence et à eux la Bénédiction apostolique.

LETTRE DE Mgr J.-B. MONTINI, SUBSTITUT DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT, A SON EXC. Mgr SPYRIDION, ARCHEVÊQUE D'ATHÈNES

(5 avril 1951) 1

Au cours de 1951, on fêtera en Grèce le XIXe centenaire de l'arrivée de l'apôtre Paul dans ce pays. Des cérémonies seront organisées dans différentes villes en vue de commémorer cet événement. Toutefois l'Eglise catholique n'y sera pas représentée par un envoyé pontifical pour les motifs indiqués dans la lettre que voici :

« Par votre honorée lettre du 15 février dernier, Votre Excellence a eu la courtoisie de faire connaître à Sa Sainteté que le XIXe centenaire de l'arrivée de saint Paul en Grèce serait prochainement commémoré dans cet illustre pays si riche de souvenirs « pauliniens ».

Une telle nouvelle a été accueillie avec une vive satisfaction par le Saint-Père, qui ne peut que se réjouir de voir le glorieux Apôtre honoré solennellement dans cette Nation à laquelle les Pontifes romains ont donné de multiples témoignages de leur estime et de leur affection.

Votre Excellence exprimait, en outre, le désir que des Représentants de l'Eglise catholique participassent à cette célébration. Il n'est malheureusement pas possible de correspondre à un tel désir, étant données les conditions actuellement réservées au Saint-Siège dans la Nation Hellénique.

Votre Excellence n'ignore pas, en effet, qu'à plusieurs reprises le Saint-Siège s'est vu refuser la possibilité de faire résider en

^ 1 D après le texte français de VOsservatore Romano du 14-15 avril. lire VOsservatore nno des 21-22 mai 1951 : commentaire en première page.

Grèce un Représentant pontifical, fût-ce avec des fonctions purement ecclésiastiques. Dans ces conditions, et abstractions faites d'autres considérations, on ne voit pas que le Saint-Siège puisse y envoyer maintenant une Mission représentative.

Aussi l'Auguste Pontife, tout en étant reconnaissant à Votre Excellence de cette invitation, est-Il à regret de Se trouver dans la nécessité de devoir la décliner.


PieXII 1951 - DÉCLARATION DE LA SACRÉE CONGRÉGATION CONSISTORIALE SUR LA PERSÉCUTION EN TSCHÉCOSLOVAQUIE