Pie XII 1950 - PRÉCISANT L'APPLICATION DE LA CONSTITUTION APOSTOLIQUE « PER ANNUM SACRUM »


MESSAGE AU PRÉSIDENT EINAUDI

(26 décembre 1950) 1

Le Président de la République italienne a envoyé le télégramme suivant au Saint-Père, à la veille de Noël :

Au retour de la solennité de la Nativité, je prie Votre Sainteté d'accueillir mes voeux sincères présentés pour la prospérité de Votre Sainteté et en même temps l'assurance de mon intime satisfaction à la vue des grandes consolations qu'Elle a eues à la suite de la participation universelle à la célébration de cette mémorable Année Sainte.

C'est en réponse à ce télégramme que le message suivant fut envoyé par Pie XII au Président Einaudi :

Le Message de Noël de Votre Excellence Nous a été très agréable en faisant heureusement mention de la joie que Nous avons éprouvée au cours de l'Année Sainte, aujourd'hui terminée, et qui fut une promesse de paix, et Nous accordons volontiers Notre Bénédiction, comme gage de prospérité à l'adresse de Votre Excellence et du peuple italien tout entier.


ALLOCUTION AUX PROFESSEURS DE L'INSTITUT ITALIEN DE GÉOPHYSIQUE

(27 décembre 1950) 1

Lors d'une audience générale, le Pape s'est adressé tout spécialement aux professeurs de l'Institut national italien de géophysique :

La pensée qui vous a conduits vers Nous est plus qu'un acte de dévotion filiale envers le Vicaire du Christ et le Chef visible de l'Eglise. C'est un hommage que la science vient rendre au Créateur. L'ampleur et la profondeur de la science qui fait l'objet de vos études vous procurent, à chaque nouvelle découverte, non point la médiocre illusion d'avoir dissipé les mystères de la nature, mais la satisfaction incomparablement plus noble de voir se développer et devenir indéfiniment plus varié le domaine de vos recherches et, par conséquent, d'avoir une connaissance de plus en plus vaste des oeuvres du Créateur et des lois par lequelles il les gouverne. La planète sur laquelle l'homme vit et se meut est le théâtre des phénomènes les plus divers et merveilleux. La terre cache dans son sein des richesses précieuses et en même temps des forces formidables. Elle subit elle-même, à son tour, l'action d'autres forces extérieures, les unes proches d'elle, dans le système solaire, les autres infiniment lointaines comme les radiations cosmiques, imperceptibles aux sens, et connues seulement par leurs effets.

Tout cela, vous l'étudiez dans son immense complexité, non seulement comme des observateurs — belle et louable curiosité, du reste, et digne de l'esprit humain —, mais comme d'inlassables chercheurs des causes, en hommes soucieux de rendre utiles et profitables à vos semblables, même ces forces qui seraient par elles-mêmes les plus redoutables.

Poursuivez donc ces études et ces travaux, dans l'admiration du Créateur et Ordonnateur souverain de l'univers, dans le dévouement au bien et au progrès de l'humanité !


ALLOCUTION AUX UNIVERSITAIRES DE BELGIQUE

(27 décembre 1950) 1

Au cours de l'audience générale accordée par le Saint-Père le mercredi 2j décembre 1950 à la foule des pèlerins, une adresse toute spéciale fut prononcée pour un groupe important de Belges.

Le Pape salue d'abord les étudiants de l'Université catholique de Louvain :

De quelles antiques et glorieuses traditions vous êtes les héritiers et, Nous en avons confiance, les fidèles continuateurs, chers étudiants de Louvain. Depuis plus d'un demi-millénaire (1425), votre Université a répandu sur le monde la lumière de toutes les sciences sacrées et profanes, toujours pour le triomphe de l'Eglise du Christ par le règne de la vérité. Peu d'institutions humaines pourraient se vanter d'avoir inscrit sur leurs diptyques un nombre plus grand des plus illustres personnages.

A vous de maintenir très haut le flambeau d'une clarté pure et puissante, grâce à un labeur assidu et constant, à une indéfectible fidélité aux enseignements et aux directions de la Sainte Eglise.

Ensuite Pie XII se tourne vers une délégation de l'enseignement technique :

Vous aussi, directeurs et professeurs de l'enseignement technique catholique belge, vous avez cette noble ambition de guider la formation de la jeunesse laborieuse et d'ennoblir ainsi, en le pénétrant d'esprit chrétien, le travail matériel lui-même.

Nous ne saurions trop vous encourager à poursuivre, sous la protection spéciale de saint Joseph, une si louable ambition.

dernier lieu, s'adressant aux scouts :

A vous enfin, jeunes scouts catholiques de Belgique, Notre paternel salut de bienvenue. N'oubliez jamais que votre mot d'ordre est toujours « d'être prêts » : prêts à servir, prêts à vous dévouer et à vous sacrifier, prêts surtout, par une vie constamment pure et pieuse, à paraître devant Dieu.

De tout coeur, Nous vous dormons à tous Notre Bénédiction apostolique.


RADIOMESSAGE AU PREMIER CONGRÈS MARIAL DU CHILI

(31 décembre 1930) 1

En cette fin d'année, les catholiques du Chili tinrent leur premier Congrès mariai ; à la cérémonie de clôture, le Saint-Père adressa le message suivant par Radio:

Par un dessein singulier de la Divine Providence, vous vous trouvez réunis dans cette ville de Concepcion, pour la conclusion du premier Congrès mariai national de la République du Chili, précisément en ce moment où semblent encore résonner dans l'air les échos joyeux des cloches du monde entier qui saluaient la Vierge Marie dans le mystère de son Assomption, et où Nous venons de clôturer cette mémorable Année Sainte qui, ne serait-ce que pour l'événement auquel Nous venons de faire allusion, pourrait être aussi considéré comme une grande Année mariale.

Pour certain esprit superficiel, cela pourrait sembler une coïncidence simple et fortuite ; mais vous, vous pensez qu'il n'en est point ainsi. Bien plus, dans votre légitime enthousiasme de ce moment, vous considérez que tout cela est la récompense de la piété et de la dévotion sincère d'une race, dont on ne pourrait repasser les annales sans trouver imprimé au sommet de toutes ses pages le nom si doux de Marie ; la couronne naturelle dans l'histoire d'une nation qui, pour célébrer le quatrième centenaire d'une de ses villes les plus nobles et les plus représentatives, ne trouve rien de mieux que d'y convoquer tous ses fils pour entonner avec eux les louanges de la Mère du ciel ; et enfin la conséquence opportune et logique d'une dévotion aussi antique que tendre.

Car le Chili — grâce à la profonde piété mariale de la vieille et féconde mère des peuples, la catholique Espagne —, le Chili peut dire qu'il est né à la lumière de la foi, avec l'aimable nom de Marie balbutié dès le berceau. Quelle cité ou quel village, quelle montagne reculée ou quelle vallée perdue pourrait-on trouver sur son territoire étendu qui ne soit sanctifié par la magnifique cathédrale, la sévère église ou l'humble ermitage consacrés à une invocation quelconque de la Mère de Dieu ? Quel coeur, authentiquement chilien, ne sent point s'accélérer ses battements en entendant nommer, par exemple, Notre-Dame d'Adacollo ou, tout particulièrement, la Sainte Mère du Carmel, dont le scapulaire fut un jour glorieux sur les poitrines robustes de vos grands seigneurs et continue d'être encore aujourd'hui comme un diplôme de reconnaissance nationale ?

Et voici là, comme au centre même du pays, à la « Metropoli dei Sur », la « Perla dei Bio Bio », la « Pura y Limpia Concepcion de Nuevo Extremo », celle qui, dans son nom, dans ses armes et dans son histoire, est toute une évocation mariale ; celle dont la population monte au Cerro pour s'agenouiller devant son Immaculée, ou descend à sa cathédrale pour se prosterner devant la Vierge titulaire, ou se repose dans les pénombres mystiques de San Agustin en tenant compagnie à sa Vierge du Carmel, ou va rendre grâces à Notre-Dame des Neiges en commémorant la protection d'Imperia, ou va et revient sans se lasser à sa chère Vierge du Boldo, à Notre-Dame du Miracle, pour lui renouveler son voeu d'un coeur toujours plein de gratitude. Car c'est la Vierge qui, tant de fois, durant tant de siècles, l'a protégée, quand se déchaînaient les tremblements de terre, les fureurs de la mer ou la rage aveugle de ses ennemis puissants et aguerris.

Il était donc juste que ce Congrès fût célébré et qu'il fût célébré à Concepcion. Et Nous savons avec combien de diligence vos pasteurs l'ont préparé et combien, pendant ce temps, il a été prié — selon l'esprit de l'Année Sainte que Nous venons de clôturer —, pour la sanctification des âmes, pour la paix, pour l'Eglise et pour la paix sociale.

Notre pensée vous a suivis dans cette préparation et dans toutes les grandioses célébrations de ces jours-ci, ainsi que dans vos sessions d'études où vous avez examiné principalement trois thèmes. Le premier, la maternité divine, comme principe, clef et centre de tous les privilèges de Marie, car, ainsi que l'a justement noté Notre grand prédécesseur « du dogme de la maternité divine, comme d'une source d'origine secrète, a jailli la grâce particulière de Marie et sa dignité la plus grande après Dieu1 ». Le second, cette coopération de la Mère de Dieu à la dispensation des grâces, qui fait chanter à l'ingénu barde castillan : « Si nous jouissons, si nous prospérons ; si nous profitons de vertu dans la vieillesse et la jeunesse — grands honneurs, renommée et courage ; et richesse qui compte moins — ne doutons pas que tout cela nous le recevons de la Vierge 3». Et enfin le troisième, couronne, sommet et comble de toutes ces grandeurs, qui est sa glorieuse Assomption, du fait que « l'auguste Mère de Dieu, unie mystérieusement à Jésus-Christ depuis toute éternité par une même loi de prédestination, Immaculée en sa conception, Vierge sans tache en sa divine maternité, compagne généreuse du Divin Rédempteur... à la fin, comme couronne suprême de ses privilèges, fut préservée de la corruption du sépulcre et... élevée en son âme et son corps à la gloire céleste 4 ».

Tournons-nous encore une fois, vénérables frères et très chers fils, avec une pleine confiance, vers ce trône de grâce, sûrs d'y trouver toujours et tout de suite l'aide dont nous avons besoin.

Il ne s'agit pas maintenant de ces ennemis forts et audacieux, mais nobles et chevaleresques que chantent les puissantes strophes d'Alonso de Ercilla dans son Araucaria ; aujourd'hui, ce sont d'autres adversaires, ou si vous préférez d'autres idéologies qui s'introduisent dans le domaine du père de famille, surtout pour y semer l'ivraie et faire en sorte que la pensée catholique ne puisse avoir dans la vie sociale tout le poids qui lui revient, car ceux qui devraient la défendre se présentent divisés, car ses défenseurs oublient que pour sauver les plus hautes valeurs, aujourd'hui, si en danger, il faut bien sacrifier les opinions de parti et jusqu'aux intérêts particuliers. Devant l'autel de la Mère de Dieu, catholiques chiliens, sentez-vous toujours frères, en lui promettant de travailler unis pour les intérêts de son Fils Divin, de l'Eglise fondée par lui et de la sainte religion. Avec ce souhait sur les lèvres et encore plus dans le coeur, Nous vous bénissons tous : Notre eminent Légat,

2 Pie XI, Encyclique Lux Veritatis, A. A. S., 23, 1931, p. 513.

qui Nous a si dignement représenté en une si heureuse occasion ; l'Episcopat chilien au complet, à qui revient le mérite de cette initiative aussi opportune que féconde ; la délégation officielle du gouvernement, dont a été si grande la contribution au plus beau rayonnement du Congrès ; la ville de Concepcion que Nous mettons une fois de plus sous le manteau protecteur de Marie, qui a toujours été pour elle un sûr refuge ; tout le très cher peuple chilien et tous les fidèles présents ou qui, de toutes façons, entendent Nos paroles, qui veulent être des paroles d'amour, de consolation et de bénédiction.



ACHEVÉ D'IMPRIMER EN LA FÊTE DE SAINT FRANÇOIS DE SALES, LE 29 JANVIER 1953, SUR LES PRESSES DE L'OEUVRE SAINT-AUÇUSTIN, A SAINT-MAURICE, SUISSE,



Pie XII 1950 - PRÉCISANT L'APPLICATION DE LA CONSTITUTION APOSTOLIQUE « PER ANNUM SACRUM »