PieXII 1951 - ALLOCUTION AUX PARTICIPANTS DU CONGRÈS MONDIAL DE DOCUMENTATION


ALLOCUTION AUX CARMES DÉCHAUX

(23 septembre 1951) 1

A l'occasion du XXVe anniversaire de la fondation du Collège International des Carmes Déchaux à Rome2, il y eut des journées d'études à la conclusion desquelles les participants furent reçus en audience :

Le Pape commence par souligner le rôle joué par les deux grandes figures de l'Ordre : sainte Thérèse d'Avila et saint Jean de la Croix :

Mieux que ce matin d'un automne qui commence, c'est vous, chers fils, qui venez Nous voir ici, qui Nous apportez un rayon de joie. Car vous brillez, vous-mêmes, comme une couronne d'hommes distingués, fleur des Carmes Déchaux, par votre zèle de la religion, l'honneur de votre piété, votre volonté de promouvoir le bien ; vous brillez encore de cet éclat particulier qui est propre à votre Ordre illustre. Qui ne lève des yeux pleins d'étonnement vers sainte Thérèse de Jésus et saint Jean de la Croix, astres des plus resplendissants, et ces autres hommes et femmes qui brillent par leur exemple dans la vie ascétique et mystique dont s'est enrichie votre famille religieuse au cours des siècles, depuis ses ancêtres et législateurs jusqu'à Thérèse de l'Enfant Jésus ? Le Saint-Esprit a, par leurs travaux, fourni à l'Eglise universelle un si grand trésor de doctrine, trésor que vous portez et dont vous tirez avec éclat la science de la conduite. Vous tenez vos présentes assises, venus de toutes les provinces afin de veiller, après avoir mis en commun vos projets et vos avis, à instruire et former de votre mieux ceux qui entrent dans votre Ordre. Vous célébrez ainsi le cours heureux des vingt-cinq années qui se sont écoulées depuis que

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 734.

2 La Faculté de théologie fut créée à la suite du Décret de la Sacrée Congrégation des Séminaires le 16 juillet 1935. Ce collège est situé Corso d'Italia 39, Rome.

le Collège International des Carmes Déchaux a été fondé à Rome. Vous avez mis votre plus grand soin et vos espérances en ce que votre Institut religieux, en acquérant ainsi de nouvelles forces, s'adapte aux nécessités d'une époque nouvelle, et puisse exercer avec le secours de la miséricorde de Dieu, le plus efficacement possible sa charge apostolique.

// est nécessaire, dans l'oeuvre de formation de bien maintenir à leur place les vertus naturelles et les vertus surnaturelles :

Comme toute cette entreprise est grandement appréciée par Nous, Nous louons beaucoup, à tous les points de vue, certains thèmes que vous avez voulu traiter. La science et l'art pédagogiques recherchent de nos jours, avec le plus grand soin, règle et méthode, pour que l'âme s'affermisse et reste inébranlable dans le bien et la vertu, quelle que soit la condition de l'homme. Vous voulez examiner attentivement et avec soin comment naît et persiste dans l'homme cette fermeté qu'il faut estimer pardessus tout, comment se forment et se développent ces vertus qu'on appelle naturelles.

Il Nous semble qu'en agissant ainsi vous avez été bien inspirés. Car s'il est vrai, — et c'est même très vrai — que la nature est perfectionnée par la grâce surnaturelle et non pas abolie, l'édifice de la perfection évangélique doit se construire sur les vertus naturelles elles-mêmes. En attendant que le Jeune religieux devienne un membre d'un brillant exemple, qu'il cherche à devenir un homme parfait dans les choses ordinaires et quotidiennes. On ne peut gravir la cime des monts, si on ne marche d'un pas aisé dans la plaine.

Qu'il apprenne donc et montre par ses moeurs quelle est la beauté qu'il convient de faire partager à la nature humaine : qu'il porte la décence dans sa physionomie et son extérieur ; qu'il soit fidèle et sincère ; qu'il tienne ses promesses ; qu'il soit maître de ses actes et de ses paroles ; qu'il ait du respect pour tous ; ne viole pas le droit d'autrui : qu'il soit patient, prévenant, et, par-dessus tout, qu'il obéisse aux lois de Dieu.

Comme vous le savez bien, l'ensemble et l'ordonnance des vertus naturelles, comme on les appelle, sont élevés à la dignité de la vie surnaturelle, surtout quand on les pratique et qu'on les cultive dans le but de se montrer un bon chrétien ou un

héraut méritant et un coopérateur du Christ. Et cela suggère autre chose. La maison religieuse diffère de la vie commune où s'abrite la famille ; elle n'est pas telle et ne prétend pas l'être, attendu que dans ses murs le zèle de se dévouer et de se renoncer par amour du Christ, et les coutumes sévères de la pénitence comportent plus ou moins de choses désagréables et pénibles.

Cependant, dans la mesure où cela se peut faire, qu'elle s'efforce de devenir pour chacun de ses membres religieux une aimable demeure familiale. Et cela se réalisera plus facilement, sans aucun doute, si tous ont en honneur l'ensemble des vertus naturelles qui, souvent, à la vérité, sont la preuve d'une grande richesse et vigueur surnaturelles.

Ensuite, Pie XII développe quelques pensées concernant les vertus

religion : L'obéissance :

Vous voudrez bien maintenant recueillir de Nos lèvres quelques points qui ont trait à la profession des voeux de religion et à la formation convenable de vos novices. Dans le programme des matières à traiter, Nous lisons ce sujet proposé : « Formation à l'obéissance religieuse : exercice de l'autorité et respect de la personnalité ». Certainement, il faut à tout prix que l'obéissance surnaturelle,'qu'entretient l'ardeur de la charité envers Dieu, fleurisse et soit développée dans les maisons religieuses fermement et assidûment, et d'un coeur bien disposé, conformément aux règles des lois établies. N'est-ce pas là que se trouve la base solide de la discipline et de la vie religieuse ?

N'est-il pas vrai que les grandes entreprises qu'ont menées à bien les religieux et qu'ils réaliseront, ont eu et auront leurs résultats heureux uniquement grâce à l'union des forces dans l'obéissance ? Reconnaissez donc, et respectez et acceptez volontiers, comme la charge des hommes courageux, le joug salutaire de l'obéissance. Cependant, de nos jours, alors que partout les machines commandent, que la technique envahit tout, imprègne tout et façonne tout à son image, que ceux qui commandent veillent à ne pas traiter ceux qui obtempèrent à leur volonté comme des marchandises ou comme les pièces d'une machine et qu'on respecte toujours en eux la personnalité humaine.

La chasteté :

Que dirons-Nous encore de la chasteté ? Il y aurait à exposer longuement les questions qui y ont trait ; elles sont sérieuses et ont une grande importance. Il convient que Nous en abordions au moins quelques-unes sans insister et brièvement. Les anciens, Grecs et Romains, lorsqu'ils parlaient des choses ayant trait à la chasteté, se servaient d'un terme particulier : ils disaient : « aidoia — verenda » pour marquer qu'on doit traiter ce sujet d'une manière et d'un ton respectueux. Mais cette réserve ne doit pas être entendue de telle sorte qu'on fasse un silence perpétuel sur ce sujet et que dans l'enseignement de la morale, on n'en dise jamais un mot avec sobriété et prudence. Il faut donner, sur cette matière, aux adolescents, l'instruction appropriée et qu'il leur soit permis de s'ouvrir, de poser sans hésiter des questions et d'en recevoir la réponse : une réponse sûre, claire et suffisamment explicite leur donnera lumière et confiance.

Il ne faut pas non plus que celui qui a résolu de garder la virginité mésestime ou méprise le mariage. Le mariage est une bonne chose, mais la virginité est meilleure ; l'état du mariage est honorable ; plus relevé, au témoignage de l'Evangile, est celui de la virginité qu'on embrasse par amour du Christ et que féconde le fruit de la charité. La virginité perpétuelle surtout est la pure offrande à Dieu, une victime sainte, et, pour l'Eglise la fleur de son honneur et de sa joie, sa grande réserve de forces, que l'Eglise ne peut elle-même abandonner ou négliger.

Mais lorsqu'on doit expliquer et former la virginité, il faut encore, dès le début, que tous soient bien persuadés que la chasteté acceptée d'une façon totale, même la chasteté conjugale, ne peut être gardée avec constance sans le secours de la grâce de Dieu, et ce secours céleste est encore bien plus nécessaire quand il s'agit de garder la chasteté jusqu'au dernier souffle de la vie ; et c'est pourquoi qui voue à Dieu une intégrité filiale, doit lutter par la prière et le souci de la pénitence, comme Jacob avec l'ange pour remporter cette céleste victoire.

La pauvreté :

Disons maintenant quelque chose de la pauvreté évangélique. Qu'elle soit observée sans cesse, qu'il s'agisse de la vie de chaque religieux ou de la communauté, d'après les règles fixées dans votre Institut. Or, les oeuvres les plus diverses de l'apostolat, comme le ministère des âmes, la décoration des temples, la construction d'écoles convenables et leur organisation, les Missions, les progrès de la science, et, de plus, l'acquittement des justes salaires dus aux serviteurs, justifient certaine largesse louable et tout à fait convenable aux temps nouveaux. Pourtant, que les ressources correspondent aux oeuvres et qu'on ne les recherche pas outre mesure. S'il y a du surplus, qu'il soit employé avec une émulation fraternelle à secourir les misères de toutes sortes : ce ne sont pas les prévoyances humaines dans l'incertain, mais la confiance dans la miséricorde et le secours de Dieu et cette large bonté qui l'accompagne, qui leur donneront, ainsi qu'à leurs entreprises, le véritable accroissement et procureront la considération sociale.

Le Pape fait alors un plaidoyer en faveur de la culture humaniste :

Combien Nous Nous réjouissons de ce que vous voulez vous-mêmes inculquer plus largement à vos jeunes religieux une culture humaniste ! Celle-ci est des plus propres à former les esprits qui s'éveillent pour que règne un ordre clair dans la pensée et son expression et éviter un vain flux de paroles, et pour acquérir d'autres qualités remarquables d'une intelligence bien formée. Dans ces études, nous déplorons que survienne quelque chose de triste. Hélas ! le nombre et la ferveur des amateurs de la langue latine, gloire du sacerdoce, vont baissant de plus en plus. Qu'est-ce qui honore dignement cette langue impériale — comme disaient les Grecs — qui n'énonce pas la vérité, mais la sculpte ; qui brille par la gravité dans les édits et les sentences ; qui, dans l'Eglise latine, jouit de l'usage liturgique ; qui, enfin, pour l'Eglise catholique, est un lien d'un si grand prix ? Qu'il n'y ait aucun prêtre qui ne sache la lire facilement et aisément ! Plaise à Dieu, en outre, que se lèvent parmi vous des hommes remarquables et nombreux, capables de l'écrire d'une manière sobre et élégante !

Car la langue latine, de même que la langue grecque, qui reçut en dépôt tant d'écrits ecclésiastiques, dès les premiers temps du christianisme, est un trésor d'une supériorité incomparable. Aussi, le ministre sacré qui l'ignore ne peut que passer pour être affligé d'un manque de culture intellectuelle lamentable.

Au cours des études de philosophie et de théologie, on s'inspirera des directives énoncées dans l'Encyclique : « Humani Generis » 3 :

Enfin, Nous louons votre plan de régler vos études de philosophie et de théologie en prenant, pour jalonner sûrement votre route, les directives de Notre récente Encyclique : Humani Generis.

Ce n'est pas sans une douloureuse surprise que Nous avons appris que certains ont pris en assez mauvaise part un document de ce genre, comme si Nous avions voulu ainsi arrêter le progrès des sciences et interdire les opinions particulières que dans les écoles de philosophie et de théologie on a pu discuter jusqu'ici sans danger pour la foi. Ceux-là se sont trompés et ils se trompent. Il n'était pas en Notre esprit le dessein de restreindre cette liberté. Ce que Nous avons assurément voulu, en vertu de Notre charge apostolique, c'a été de séparer de la vérité catholique, des doctrines contemporaines erronées ou excessives. Notre tâche est, en effet, et demeure, de garder et de défendre cette vérité, commun patrimoine de l'Eglise, qui transcende toutes les époques et toutes les formes de la civilisation et de la culture.

Et le Pape conclut en donnant ses encouragements aux présents : Allons, chers fils, appliquez-vous avec une grande joie4 à vos travaux, vos débats, vos résolutions à prendre : et cette oeuvre que vous vous êtes déjà préparés à mener à bonne fin ne sera pas vaine.

Entreprenez-la courageusement, vous appuyant sur la Providence et la grâce de Dieu. Pour Nous, élevant humblement Nos mains vers le ciel, mû par un sentiment de charité paternelle, Nous vous confions, vous et ce qui est vôtre, à votre céleste Patronne, la Mère de Dieu du Mont-Carmel, et aux saints que cet Institut a produits si grands et si nombreux ; et comme gage du secours divin, Nous vous accordons bien affectueusement la Bénédiction apostolique, à vous qui êtes ici présents, à cette jeunesse studieuse, objet d'une telle espérance de votre part, et à toute votre famille religieuse. Sous les auspices de Notre Bénédiction, que la gloire du Carmel resplendisse de fruits nouveaux et brillants de doctrine remarquable et de vertus de toutes sortes qui, dans les troubles de notre époque, apportent force et confiance à l'Eglise. Que ce qui est maintenant une espérance devienne la réalité. Amen.

Encyclique Humani Generis du 12 août 1950 (cf. Documents Pontificaux iojo, p. *95)-4 Luc, 24, 52.


RADÏOMESSAGE AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE DE MADAGASCAR

(30 septembre 1951) 1

Les 28, 29 et 30 septembre avait lieu à Tananarive, capitale de Madagascar, un Congrès eucharistique. Le Saint-Père y envoya le radio-message suivant :

Les voici donc arrivées presque à leur déclin les émouvantes journées qui, avec le concours empressé de Notre Délégué apostolique2, de tous les Ordinaires de l'Ile, des représentants du clergé séculier et régulier, des Instituts et organisations religieuses, ont attiré vers la capitale une foule si considérable de fidèles. Oui, dans quelques instants elles vont finir, mais non sans laisser après elles, avec la douceur persistante de leur parfum, un souvenir profond et inoubliable, car elles viennent d'enrichir d'une page resplendissante l'histoire religieuse de Madagascar.

En attisant la flamme lumineuse et ardente de la foi et de la charité, elles ont resserré dans l'amour du Christ, les liens fraternels que nulle divergence, nul désaccord ne doit briser ni relâcher. Unis dans l'adoration de la même hostie divine, dans la participation du même sacrifice, oui, vous êtes vraiment frères, plus que frères, nourris de la même chair du Christ, vous êtes tous « un » dans le Christ.

Enfants aimés de la Mère commune, la sainte Eglise catholique romaine ! le Père commun, votre Père est en esprit au milieu de vous : il l'est même d'une façon, non pas plus vraie ni plus parfaite, mais plus sensible en ce moment solennel, où

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 797.

2 Le Délégué Apostolique de l'Afrique française est Mgr Marcel Lefebvre.

1 -s

Notre voix emue franchissant les milliers de kilomètres qui Nous séparent de vous, parvient à vos oreilles et fait pénétrer Notre parole jusqu'au fond de vos coeurs aimants et dociles.

Quand, au lieu de s'arrêter minutieusement aux détails particuliers, aux épisodes passagers, de s'étonner des successions d'ombre et de lumière, on sait regarder de haut, dans sa marche providentielle, l'épopée malgache, on ne peut s'empêcher de reconnaître et d'adorer la main divine qui l'a conduite.

Que l'on songe à ce jour de l'an 1500 où, découvrant cette île immense, Diego Diaz tint à la baptiser du nom du glorieux martyr de la Rome chrétienne naissante, saint Laurent ; que l'on songe aux difficultés, aux vicissitudes, aux obstacles — qui eussent abattu des courages moins trempés et moins résolus — et que l'on contemple, aujourd'hui, cette terre où vous saluez avec joie et reconnaissance les heureux travailleurs apostoliques aux bras chargés des moissons que d'autres avaient jadis semées et arrosées de leurs larmes et de leur sang. Quel chemin vaillamment et glorieusement parcouru ! A cette constatation, vos coeurs, comme le Nôtre, font monter l'hymne de l'action de grâces vers l'Auteur et Consommateur de tout bien, qui, après tant de souffrances et tant de labeur apparemment stérile, a donné à votre terre la noble fierté d'une maternité spirituelle merveilleusement féconde.

Huit vicariats apostoliques, six préfectures se partagent la charge d'âmes parmi les habitants de votre « Grande Ile ». Admirable bilan d'une longue collaboration dont l'histoire de votre pays et de vos peuples, l'histoire même de l'Eglise, a retracé et continue de retracer les étapes, successivement humbles et cachées, douloureuses et glorieuses.

Durant ces jours de prière et de recueillement, de purification et de pénitence, d'hommages solennels dans les grandes fonctions de la liturgie et dans l'intimité du banquet divin, « Sacrum Convivium », le divin Maître de la vigne mystique a sillonné en tous sens et béni par sa présence les rues et les places de votre capitale. Que ce ne soit pas seulement en passant, mais en retour de votre fidèle correspondance qu'il daigne faire de ce rendez-vous eucharistique une source intarissable de réflexions salutaires, de courageuses résolutions, d'oeuvres bienfaisantes. Qu'il daigne donner à tous sans distinction d'origine ou de tribus, de castes ou de professions, de culture et d'éducation ou de positions sociales, le sens droit et sûr — toujours en éveil contre toute déviation ou erreur — de la vaste et grave responsabilité que le temps présent, semé d'écueils, il est vrai, mais riche aussi de ressources et de possibilités apostoliques, impose à quiconque s'est enrôlé sous l'étendard glorieux du Roi des rois, du Christ eucharistique.

Aucune autre voie ne s'ouvre devant vous pour assurer au règne de Jésus-Christ sur la terre malgache un avenir dont vous puissiez répondre devant votre conscience de chrétiens, devant le jugement du monde catholique, devant la postérité.

La Providence vous a placés comme en vedette à un des grands carrefours du monde tel que l'on en imaginerait difficilement de plus important. A ce poste, où vous êtes offerts en spectacle à Dieu, aux anges et aux hommes, voulez-vous arborer la Croix du Christ, sa doctrine et sa loi ?

Oui ? alors vous aurez attiré sur votre patrie et sur l'humanité des trésors de bénédictions, de félicité, de joie, de paix, de progrès véritable.

Ce triduum de grâces de Tananarive ne doit pas rester, et Nous en avons la ferme espérance, ne restera pas sans lendemain. Le grain de froment est tombé en trop bonne terre pour que ne lève pas, de tous les rangs des laïcs catholiques, une luxuriante moisson d'hommes et de femmes, de jeunes gens et de jeunes filles à la foi ferme, au coeur ardent, mus par l'unique ambition, tendus vers l'unique idéal, de communiquer la lumière du Christ, de porter partout le « lumen Christi » au plus grand nombre possible de leurs frères et soeurs encore languissants dans les ténèbres de la mort, ou chancelants dans la pénombre d'une vérité amoindrie, ou hésitants dans la peur d'embrasser, sérieusement et dans leur intégrité, les saintes lois de la vie chrétienne.

Fort des souvenirs du passé et de l'expérience du présent, Nous regardons l'avenir avec confiance, Nous la fondons tout entière dans le Christ, dans sa Croix, dans son Eucharistie. Prosternés devant l'Hostie divine, unissez-vous à la prière qui, du fond de Notre âme, s'élance vers elle.

Eternel et souverain prêtre, daignez abaisser votre regard de miséricorde sur ce grand pays, objet particulier de Notre tendresse ;

Donnez à ces peuples des pasteurs nombreux et selon votre Coeur ;

3 II y a actuellement à Madagascar, sur 4.000.000 d'habitants, 700.000 catholiques.

Suscitez, parmi les laïcs, des héros et des chefs désireux et capables d'exercer sous ses formes diverses, en fraternelle harmonie, une efficace collaboration à l'apostolat hiérarchique de votre Vicaire et de vos Evêques ;

Armez de votre lumière et de votre force les champions et les lutteurs de la cause catholique, de la liberté religieuse, surtout sur le terrain de la famille vraiment chrétienne et de l'éducation ;

Abaissez et renversez sous leur choc les uns après les autres, tous les obstacles dont est encore hérissée la voie montante par où l'Eglise malgache chemine, suivant un progrès véritable et continu vers la plénitude de sa prospérité et de sa fécondité ;

Répandez en abondance sur tous, Pasteurs et brebis, rassemblés en ce moment, au pied de votre autel, vos grâces de foi, de force, de persévérance, d'union, de charité ;

Nous vous en supplions, par l'intercession de vos Saints, de vos martyrs, de vos apôtres, de vos anges, de Votre Mère Immaculée, la Reine du ciel et de la terre.

Et, en votre nom, comme gage de vos faveurs divines, ô Eternel et Souverain Prêtre, Nous donnons à ce peuple bien-aimé, à tous ceux qui lui sont unis dans cette manifestation solennelle de foi et d'amour, avec toute l'effusion de Notre coeur, Notre Bénédiction apostolique 3.


RADIOMESSAGE AU CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL SUISSE

(30 septembre 1951)1

Le Congrès eucharistique national suisse se tenait le 30 septembre à Einsiedeln, aussi le Souverain Pontife s'adressa à la foule assemblée en disant :

C'est d'un coeur ému et plein de joie que, tant par Notre esprit que par Nos paroles — qui vous sont transmises sur les ondes — Nous Nous trouvons en cette heure solennelle avec vous, Vénérables Frères de l'Episcopat, chers fils et chères filles de la Suisse catholique, en ce lieu béni d'Einsiedeln où, depuis plusieurs siècles, Notre-Seigneur Jésus-Christ se plaît à distribuer, sur l'intercession de sa Mère, la Très Sainte Vierge Marie, l'abondance de ses grâces.

Nous nous trouvons avec vous, qui vous rencontrez de toutes les régions de votre Patrie — ce joyau de la création — afin de témoigner par une grandiose manifestation à Jésus-Christ, Homme-Dieu, présent dans l'Eucharistie, Seigneur du monde et Sauveur du genre humain, votre foi et votre adoration ; afin aussi de Le remercier, de Lui promettre votre affection et de L'assurer de votre indéfectible fidélité.

Vous avez demandé que, à l'issue de votre rassemblement, Nous vous donnions Notre Bénédiction apostolique, afin qu'elle soit comme un sceau sur vos décisions et qu'elle leur communique une force d'En-Haut. De tout coeur, Nous accédons à votre désir. Notre Bénédiction veut être une confirmation de votre foi, de votre foi en la Sainte Eucharistie comme aux autres vérités de la Révélation, qui ont reçu tout développement et toute perfection par Jésus-Christ en vue de votre salut.

L'esprit et le sens de tout catholique doivent être largement ouverts à toutes les grandeurs et toutes les beautés des sciences humaines, du progrès et de la culture, mais ouverts tout autant aux valeurs surnaturelles.

Oui, c'est d'une manière particulièrement fervente que le catholique doit élever son esprit et son coeur vers ces valeurs surnaturelles parce qu'elles apportent à l'humanité une compensation face au péché et à ses suites, parce qu'elles font de l'homme un enfant de Dieu, un frère ou une soeur de Jésus-Christ, parce qu'elles sont pour chacun le gage de la résurrection et de la vie éternelle et parce qu'elles donnent toute force au monde en marche sur les sentiers abrupts vers les portes d'or de la Patrie céleste.

Rien, chers fils et chères filles, ne doit pouvoir ébranler cette foi que vous avez dans les vérités surnaturelles, ni non plus l'amour ardent que vous portez à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ce doit être pour vous comme cela fut dès l'origine du christianisme pour les autres fils de l'Eglise. Que cette foi ressemble à une source dont les eaux ruisselantes coulent en un fleuve toujours plus puissant et toujours plus large vers la vie éternelle !

Notre Bénédiction apostolique veut être aussi un sceau mis sur votre volonté de rendre votre foi catholique toujours plus agissante. Le catholique des temps modernes ne pourra jamais assez considérer ce devoir comme grave et sacré.

Regardez les chrétiens des premiers siècles ! Leur vie fut à tel point logique avec leur foi qu'ils arrivèrent à créer partout une atmosphère chrétienne, même là où pourtant la culture et les moeurs n'avaient rien de chrétien. Ils réussirent ce prodige, incompréhensible humainement parlant, de rendre sans force et impuissante la persécution de Dioclétien qui s'élevait contre la religion nouvelle.

Votre situation est, dans votre pays, incomparablement plus facile. Aujourd'hui, votre culture et votre mentalité plongent encore leurs racines dans un passé de foi et de vie chrétienne. Mais ce ne serait plus pour très longtemps si vous ne les mettiez pas sous la protection divine.

Le moyen de conserver les valeurs chrétiennes dont vous Jouissez est, tout d'abord, de rendre vos volontés et vos actes tou-

jours plus conformes aux dernières exigences posées par votre foi, notamment en ce qui concerne la sanctification du dimanche, la loyauté dans les affaires, la justice sociale, la charité dans les rapports mutuels, l'esprit de pacification, la chasteté dans le mariage telle qu'elle est voulue par la loi du Christ, le respect des exigences de la conscience et des directives de l'Eglise dans le domaine de la presse, du film, du théâtre, de l'obéissance docile lorsque le Christ vous parle par les autorités ecclésiastiques.

Vous êtes appelés à faire resplendir et triompher la cause du Christ dans la vie publique. C'est une grande tâche qui ne permet pas d'hésitation, car l'adversaire se croit fort et la forme de vie qu'il donnerait au monde, s'il réussissait, serait encore plus éloignée de la vie chrétienne que le paganisme d'autrefois. Cette forme de vie ne serait pas seulement non chrétienne ; elle serait tout simplement inhumaine. La réussite de votre effort doit être confiée à Dieu. Mais une chose est certaine : le succès ne vous sera accordé que si votre propre vie est en harmonie avec votre foi.

Que des Tabernacles de vos sanctuaires se répande la force toute-puissante du Sauveur, Homme et Dieu, sur vos Evêques et vos prêtres, afin qu'ils soient des exemples pour leurs troupeaux ; — sur vos familles, afin qu'elles soient des foyers où règne la crainte de Dieu, où s'épanouisse une jeunesse pure et heureuse et d'où rayonne un véritable amour ; — sur tous ceux qui, revêtus d'une influence dirigeante, entendent servir le bien ; — sur tous les malades et tous les éprouvés afin qu'ils puissent porter leur croix comme le Christ a porté la sienne ; — enfin, sur tous pour que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communication du Saint-Esprit soient avec vous.

En gage de ces dons célestes, Nous vous donnons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AUX ASPIRANTES DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(30 septembre 1951) 1

Le groupement des Aspirantes de l'Action Catholique italienne fêtait en 1951 le trentième anniversaire de sa fondation ; le mouvement compte actuellement 300.000 membres. En ce 30 septembre, 13.000 Aspirantes se massaient dans la Basilique de Saint-Pierre et le Pape s'adressa à cette foule, disant :

Enfin vous voici, chères filles, Aspirantes de la Jeunesse catholique féminine, dont les progrès en nombre et en ferveur, dont l'aspiration à la maturité et à la perfection réjouissent si profondément Notre coeur de Père.

Après trente ans d'existence de votre Section, il est bien juste que vous manifestiez avec une exubérance juvénile votre joie et votre fierté. Et il est également juste et utile de jeter un regard en arrière pour mesurer vos progrès accomplis dans ce vaste champ d'action qu'est l'Eglise de Jésus-Christ, arène dans laquelle vous vous entraînez pour les épreuves de demain, sous la direction de ceux qui vous forment à la piété et aux grandes vertus évangéliques, et vous initient aux belles entreprises de l'apostolat catholique.

Devoirs de piété :

Même les plus petites d'entre vous savent et comprennent que votre titre d'Aspirantes de la Jeunesse catholique féminine vous oblige à vous distinguer des autres adolescentes par votre piété religieuse. Celle-ci pour se révéler digne de ce nom, non

i D'après le texte italien de l'Osserosfore Romano des ier et 2 octobre 1951.

seulement doit être incessamment alimentée par la prière quotidienne, par la fréquence des sacrements, par les autres pratiques de la vie chrétienne, mais réclame aussi l'accomplissement exact de tous les devoirs, dans la famille, à l'école, à la Section, dans la société où l'on vit. Devoirs de toutes sortes, dans lesquels il convient que vous vous accoutumiez à voir exprimée la volonté de Dieu et ouverte devant vous la voie pour réaliser, sans retard et par les faits, votre pieux idéal d'apostolat.

Apostolat de l'exemple :

L'apostolat : c'est un mot qui sonne bien à vos oreilles et à votre coeur, mais qui doit être plus qu'un simple mot. En réalité, il veut signifier : faire le bien autour de vous, spécialement par votre conduite, afin que sur tous ceux qui vous entourent rayonnent les enseignements de Jésus ; il veut dire : inspirer par le spectacle de votre vie l'estime et le désir de la vertu, tandis que d'autres par leur mauvaise conduite entraînent au mal et à la ruine.

Sans cet exemple vivant, issu du fond de votre coeur, toutes les prétentions d'apostolat, toutes les manifestations extérieures de votre enthousiasme, se résoudraient en une vaine ostentation, susceptible plutôt de jeter le discrédit sur l'Action Catholique et de confirmer les insinuations malveillantes de ceux qui la qualifient de plante inutile qui s'étiole, en couvrant le vide et en se voilant d'apparences.

Charité et pureté :

Votre Règle fait une obligation à l'Aspirante de tendre à être en tout la première. En tout : dans la vie d'élève comme dans celle de la famille, mais tout particulièrement dans la pratique des deux vertus célestes que sont la charité et la pureté évangéliques, puisées dans le Coeur de Jésus, iluminées par la lumière de Jésus, alimentées par le Corps de Jésus, fortifiées dans la lutte et dans le sacrifice.

Que ces deux vertus régnent en vous ; que brûle en vous le feu de la charité ; que resplendisse en vous la blancheur de la pureté ; de la sorte vous serez, dès à présent, des apôtres pour conquérir des âmes au Christ et exercer la mission que l'Action Catholique attend de vous.

Vous exercerez cette mission au milieu de votre monde de jeunesse et de celui des grands ; en vous présentant à tous telles que vous vous formerez à l'école de Jésus, âmes sincères, loyales, pures, courageuses, sans respect humain, pleines d'égards pour les autres, courtoises et modestes, empressées et joyeuses, au point de faire l'édification et la joie de ceux qui vous approchent. «|*.

Joie :

Vous devez être joyeuses de cette joie qui vient d'une bonne conscience, d'une vie bien ordonnée, de l'observation exacte de tous vos devoirs et qui est, comme le dit l'Apôtre saint Paul : « le fruit du Saint-Esprit, qui habite en nous avec la grâce » *. Cette joie sainte qui ne connaît pas la tristesse, fruit du péché, de l'orgueil et des mauvaises passions ; cette innocente allégresse, qui vous donnera des ailes pour le bien et vous rendra léger tout fardeau, en même temps, qu'elle sera l'arôme de votre vie et la préservera des attractions du mal, sera aussi un facteur de premier ordre pour les fins de votre apostolat.

Tous les raisonnements, tous les discours seraient de moindre efficacité pour faire aimer la doctrine et la loi de Jésus, que la vision de vos visages rayonnant de charité, de pureté et de joie.

Le Saint-Père termine en accordant sa Bénédiction :

Avec le voeu qu'il en soit ainsi, de vous et de toutes les Aspirantes d'Italie unies de coeur à vous en ce moment, Nous prions le Seigneur que la célébration de votre trentième anniversaire soit pour toutes un nouvel et puissant stimulant à tout progrès numérique et spirituel.

En implorant pour vous du Seigneur, sous la protection de la Mère céleste, une volonté ferme, la persévérance dans vos résolutions et une effusion permanente de grâces. Nous donnons avec une affection paternelle à vous toutes, présentes et lointaines, à vos actives dirigeantes et à vos familles, la Bénédiction apostolique.

! Gai. V., 2.z. ,

RADIOMESSAGE AU XVe CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL DE FRANCE A NIMES

(30 septembre 1951) 1

200.000 fidèles ont participé à la journée de clôture de ce Congrès eucharistique, où l'on put entendre le Pape déclarer :

Déjà présent à votre Congrès eucharistique national dans la personne de Notre aimé Cardinal Légat2, Nous ne résistons pas au désir de vous visiter plus directement encore, en vous faisant entendre Notre parole.

Avec raison, le monde admire et apprécie, et Nous-même utilisons avec joie, dans des circonstances comme celle-ci, les merveilleuses découvertes de la science et de l'ingéniosité humaine qui raccourcissent et, presque, suppriment les distances. Qu'est-il pourtant, ce rapprochement, en comparaison de l'étroite union qui, par la grâce, par la communion des saints, joint en un seul coeur et en une seule âme3 les coeurs et les âmes apparemment dispersés, de tous les chrétiens ?

En cet instant, où Notre voix porte jusqu'aux extrémités du monde, tous les fidèles de la terre vivant à l'ombre du tabernacle, tous ceux qui, prosternés devant l'ostensoir, y adorent dans la foi, l'espérance et l'amour, le Christ vrai Dieu et Homme sous les espèces eucharistiques, tous ceux-là sont unis entre eux et vous sont unis tout particulièrement à vous, dont la foule remplit les majestueuses arènes, dans l'intimité d'un seul Verbe éternel, d'un seul Agneau immolé, d'une seule Hostie du même inépuisable aliment divin.

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXIII, 1951, p. 744.

2 Cf. Lettre nommant le cardinal Micara, Légat, le 24 mai içyi, dans les A. A. S., *XXXIH, 1951, p. 728.

8 Act., 4, 52.

Néanmoins le désir d'une union, d'une présence, non pas plus réelle ou plus parfaite, mais plus humainement goûtée dans la satisfaction sensible de la foi, vous a rassemblés en ce XVe Congrès eucharistique national de la France. Nîmes était un centre fort heureusement choisi pour ce rendez-vous : par sa position géographique, par sa vénérable antiquité, par son histoire, par ses monuments, elle se trouve comme à l'un des importants carrefours de la civilisation latine, classique et moderne.

Mais surtout, aujourd'hui, en ce moment même où vous entendez Notre voix, il Nous semble la voir de Nos yeux comme un foyer brillant et brûlant où convergent, de toutes les régions de la France, les forces vives de la foi pour s'aviver encore et se répandre de nouveau, rallumant partout la ferveur, excitant la flamme qui, parfois, sommeille, mais qui, en tant de coeurs, n'est pas morte et n'attend pour se réveiller et tout embraser qu'un souffle de la grâce de Dieu, un souffle de votre zèle. Quelle heure plus propice que celle-ci ! Renouvelés dans la sainte crainte de Dieu, dans l'obéissance empressée et joyeuse à votre Mère la Sainte Eglise, retournez dans vos provinces, porteurs du feu sacré, décidés à reconquérir à cette Mère les esprits et les coeurs attiédis ou égarés.

C'est là, pour Notre coeur, une intime consolation et, plus qu'une consolation, le motif d'une solide espérance, que le Christ eucharistique, qui, dans la préparation de ce Congrès, a mis en tous de si fraternels et de si beaux sentiments, ne laissera pas son oeuvre inachevée. Comment le permettrait-il, lui qui regarde comme fait à Lui-même le bienveillant accueil réservé aux siens, lui qui a si magnifiquement récompensé l'hospitalité de Zachée ?

Il Nous semble l'entendre en ce jour renouveler la prière qu'il adressait à son Père entre l'offrande non sanglante du Sacrifice au Cénacle et sa consommation sanglante sur le Calvaire : « Père saint, sanctifiez-les dans la vérité..., comme Vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous, qu'ils soient un en nous afin que le monde croie que vous m'avez envoyé »4.

Hélas ! dans le ciel serein de ces journées eucharistiques, dont votre ferveur, chers fils et chères filles de France, fait descendre dans Notre coeur la lumière et la joie, un nuage vient assombrir et voiler de tristesse Notre regard à la vue des terri-

4 Jean, 17, 17-21.

bles et si nombreux fléaux qui pèsent actuellement sur les âmes et sur les corps, sur les valeurs essentielles et les destinées des peuples, à la vue des périls qui menacent l'avenir de l'univers entier. Tant de problèmes angoissants, qui inquiètent la génération présente, loin de s'acheminer vers des solutions sinon heureuses et satisfaisantes, du moins partielles et provisoires, se compliquent et s'aggravent de jour en jour, ébranlant l'équilibre du monde au point de faire redouter un choc définitif et fatal. Non plus problèmes limités aux intérêts et au sort de quelque nation, mais problèmes universels, qui opposent entre elles des coalitions formidables, dont le heurt pourrait entraîner les conséquences les plus désastreuses.

Levez donc avec Nous les yeux et les mains dans un geste d'ardente supplication vers l'éternel et souverain Prêtre, auteur et garant de la concorde et de la paix : concorde et paix entre les peuples, les nations et les Etats, pour faire entre eux l'union — la seule union véritable et solide — dans la conformité de leurs actions, de leurs pensées, de leur conduite, à la sainte et divine volonté.

Si lointain que puisse sembler l'avènement de cette concorde et de cette paix, que nul ne se décourage ni ne faiblisse : tout est possible à la puissance de Dieu, tout est possible à l'amour de Jésus-Christ. Et nous croyons à la puissance et à l'amour du Christ en qui repose toute notre espérance. Que le coeur de Jésus répande sur vos foules assemblées la flamme d'amour dont il brûle lui-même ; que de l'Hostie immaculée rayonne sur tous les esprits droits et de bonne volonté la lumière qui éclaire tout homme en ce monde et qui donne à quiconque veut bien la recevoir le privilège de devenir enfant de Dieu !5

De son trône resplendissant, où elle règne en corps et en âme, aimable et souriante, la Mère de Dieu, Mère des hommes, vous appelle tous, oui, tous. Elle dit à son Fils les besoins de vos coeurs et de vos intelligences, certaine d'être écoutée de lui. Ne serait-elle donc pas écoutée de vous, lorsqu'elle vous dira : « Faites tout ce qu'il vous dira ! ». Et vous le savez bien, vous savez tous ce qu'il vous dit : « Venez à moi ! ». Et pour qu'une grâce toute-puissante vous incline à la docilité envers Lui, envers sa Mère et la vôtre, pour qu'elle triomphe des dernières résistances, des dernières hésitations, Nous vous donnons, dans toute l'effusion de Notre amour paternel, Notre Bénédiction apostolique.

5 Jean, 1, 9-12.

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PieXII 1951 - ALLOCUTION AUX PARTICIPANTS DU CONGRÈS MONDIAL DE DOCUMENTATION