PieXII 1951 - RADIOMESSAGE AU MONDE

LETTRE AUTOGRAPHE AU R. P. LARRAONA SECRÉTAIRE DE LA SACRÉE CONGRÉGATION DES RELIGIEUX

A L'OCCASION DU 75e ANNIVERSAIRE DU « MONITEUR ECCLÉSIASTIQUE »

(25 décembre 1951)1

Ce n'est pas sans un très vif plaisir que Nous avons reçu, en un volume artistement relié, les fascicules du Commentaire portant le nom de « Moniteur Ecclésiastique », édités au cours de l'année écoulée et que vous avez eu soin de Nous présenter en témoignage de piété.

Lorsque Nous feuilletions ces pages, Nous est apparue, en effet, la riche moisson de fruits, qui a mûri pour les membres des deux clergés au cours de ces septante-cinq années d'existence, et spécialement au temps où son fondateur, notre très cher cardinal Casimir Gennari, avec sa compétence extraordinaire en matière de droit, en fut le directeur et le rédacteur en chef. Suivant en ce moment, Nous le reconnaissons avec plaisir, l'exemple de cet homme qui a si bien mérité de la discipline ecclésiastique, quelques-uns de ceux qui Nous prêtent main forte à la Curie romaine, s'efforcent par leur travail de poursuivre ce Commentaire qu'il s'était proposé, et selon que leurs charges le leur permettent, ils s'efforcent d'exposer et d'interpréter, pour les ministres de la religion, les prescriptions de l'autorité apostolique en faveur du bien commun de la cité chrétienne. Nous estimons cette entreprise empressée, digne d'un grand éloge et de Nos encouragements. Il s'agit, en effet, d'une oeuvre qui doit pourvoir à consolider et promouvoir les habitudes religieuses du peuple en propageant la connaissance des lois sacrées et en donnant de leur esprit une claire et exacte interprétation. Combien un commentaire des lois, adapté et intelligent, comporte d'utilité et d'importance, cela ressort de l'affirmation de Celse : « Connaître les lois ne veut pas dire en posséder les mots, mais bien la portée et l'autorité » 2.

Confirmant à cette occasion l'insigne bienveillance de Nos prédécesseurs et la Nôtre à l'égard de ce Commentaire, Nous faisons des voeux pour que, continuant à profiter d'une nombreuse équipe de collaborateurs, il puisse entretenir plus vigoureuse de jour en jour la flamme de sa lumière ; entre temps, avec reconnaissance pour le cadeau qui Nous est offert, Nous donnons de grand coeur Notre Bénédiction apostolique, annonciatrice du secours divin, à vous-même, cher Fils, et à tous ceux qui soutiennent et encouragent votre oeuvre, soit comme écrivains, soit comme lecteurs, soit à quelqu'autre titre.

! D. I, 3, 17.

Recevant en audience le nouvel ambassadeur du Chili2, le Pape déclara :

Comme symbole d'une espérance aussi flatteuse que riche de promesses, Nous recevons aujourd'hui, en Votre personne, un ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Chili, dont le nom illustre est le même que celui que portait, sous le pontificat de Notre prédécesseur Pie IX de sainte mémoire, le diplomate qui eut l'honneur d'être le premier représentant de votre pays auprès du Siège de Pierre ; une personnalité qui dans les termes mêmes dont elle a accompagné la présentation de ses Lettres de créance, a déjà laissé entrevoir les nobles sentiments avec lesquels elle commence sa haute mission.

Ce sont des sentiments jaillis spontanément de la connaissance de ces liens intimes qui unissent le fidèle peuple chilien au Saint-Siège, des liens qu'il est impossible de séparer de son histoire, depuis les jours où cette lointaine « limite du monde », s'est ouverte aux yeux émerveillés des hardis explorateurs, jus-

1 D'après le texte espagnol des A. A. S., XXXXIV, 1952, p. 184.

2 Le Dr Raoul Yrarrazaval est né à Santiago du Chili en Z906 ; il appartient à une famille illustre espagnole qui émigra au Chili en 1555, à l'époque des Conquistadors. Il étudia le droit à l'Université catholique de 1929 à 1934, ensuite il vint dans diverses universités d'Europe pour se perfectionner. Il devint avocat à Santiago et dirigeant de l'Action Catholique. En 1950, il fut nommé Ministre des Finances.

C'est un membre de sa famille, Don Ramon Luis Yrarrazaval, qui fut nommé représentant du Chili auprès de Pie IX en 1845.


ALLOCUTION A SON EXC. LE D' RAOUL YRARRAZAVAL AMBASSADEUR DU CHILI

(2g décembre 1931)1

qu'aux temps plus récents où, par exemple, le nom du Chili se propageait en triomphe dans la vieille Europe avec la parole éloquente d'un grand Chilien et grand prélat : don Ramon Angel Jara, évêque de la Serena.

Mais ces liens, Monsieur l'Ambassadeur, Votre Excellence sait parfaitement qu'ils ne signifient pas seulement une tradition des plus nobles ; toute la partie saine de votre peuple les conçoit à juste titre comme une disposition actuelle, vivante et vivifiante, qui engendre des impulsions morales uniques jusqu'à une graduelle et en même temps vigoureuse solution des problèmes accablant aujourd'hui l'humanité sous tous les cieux.

Comme descendant de quelqu'un qui, avec les audacieux conquistadors, fut des premiers à fouler la terre chilienne et fut par la suite le témoin, non seulement de l'épopée qui mérita d'être chantée en strophes immortelles, mais aussi de la pacifique conquête réalisée par les soldats de la Croix, Votre Excellence sait comprendre parfaitement le rôle prépondérant que jouèrent les sollicitudes missionnaires de la Mère Patrie dans la formation spirituelle de ces nombreux pays d'Amérique qui, comme le noble peuple chilien, se vantent d'avoir reçu d'elle la véritable religion et la langue et la culture espagnoles.

Comme élève éclairé de l'Université catholique dans sa magnifique capitale, vous avez pu vous pénétrer intimement des idées et des fins sublimes que comporte la conception chrétienne de l'Etat et de l'ordre social.

Enfin comme organisateur expert, dans les rangs de Pax Romana et de l'Action Catholique, vous avez pu approfondir la doctrine et les buts que se propose l'Eglise, en puisant dans le saint Evangile la vigueur nécessaire pour combattre en faveur d'une paix qui assure la justice à tous les peuples et leur aplanisse les chemins du progrès authentique.

Maintenant ici, dans la Ville éternelle, en succédant à votre eminent prédécesseur, s'ouvre pour Votre Excellence un nouveau champ de travail où elle pourra obtenir des mérites impérissables pour le véritable bien du peuple chilien — toujours si proche de Notre coeur et si constamment présent dans Nos préoccupations pastorales — en contribuant à ce que les enseignements qui émanent de cette Chaire apostolique se répandent de plus en plus et dans des cercles sans cesse plus larges du peuple chilien et en organisant leur fidèle et vigoureuse application.

Aucune nation — quelles que soient son évolution historique, sa position géo-politique, sa structure sociale ou les richesses

de son sol — n'a rien à craindre pour son autorité et sa saine et féconde prospérité, de l'application, même intégrale, des principes de vie chrétienne chez les individus et dans la société.

Plus est grande la liberté dont jouit l'Eglise pour apporter l'Evangile du Christ à l'éducation de la jeunesse à tous ses degrés, au perfectionnement de la vie familiale et à la formation d'une ambiance sociale et charitable plus elle pourra réaliser l'adaptation de ses sollicitudes pastorales aux nécessités urgentes

— et malheureusement, jusqu'alors insatisfaites — de vastes secteurs sociaux du peuple, en faisant également croître de plus en plus chez tous le sentiment de la solidarité ; l'Etat y gagnera en prestige moral et dans la volonté de résister aux forces de désagrégation qui visent à mettre en danger ses bases les plus solides et fondamentales.

Nulle chose ne pourrait Nous donner une plus grande satisfaction que de pouvoir constater que, sur la terre chilienne, on laisse le champ libre à cette fonction maternelle de l'Eglise, en s'élevant au-dessus de toutes les divisions des partis. Parce que lorsque l'Eglise réussit à exercer sa bienfaisante influence, automatiquement se diffuse un climat où l'amour de la patrie et le souci de progrès et de justice sociale se lient étroitement, avec un véritable esprit religieux, en une féconde alliance, dont l'évolution dynamique ouvrira à l'avenir une source inépuisable de bénédiction.

Des opinions diverses et des tendances politiques opposées entre catholiques, — bien que Nous ne voulons les considérer que comme un simple fait humain explicable et parfois même inévitable, — ne pourrait que s'ensuivre une douloureuse disgrâce : celle que les fils d'une même foi en arrivent à oublier,

— jusqu'à ce que vienne les éveiller la menace imminente des ennemis de Jésus-Christ — le devoir inéluctable qu'ils ont de demeurer unis, même au prix du sacrifice de certains points de vue personnels, pour défendre leur croyance commune et pour protéger leur Mère commune, l'Eglise, contre les attaques de la négation religieuse.

Notre pensée toutefois s'envole un moment vers votre beau pays qui, dans l'étirement même de son étendue, semble porter en lui la promesse de tout bien naturel ; dans sa position privilégiée, on dirait qu'il a été réservé comme un coin où pourraient se réfugier pour toujours la beauté, la douceur et même la suavité de l'air qui l'anime. Que le Seigneur lui accorde aussi les dons spirituels que Nous-même, en ce moment solennel, lui souhaitons !

Avec une profonde reconnaissance pour ses manifestations en faveur de l'oeuvre qui continuellement Nous occupe, en vue d'une progressive détente et d'une pacification entre les classes sociales et les nations, Nous envoyons Notre cordial salut à Son Excellence le Président de la République et aux membres de son gouvernement en même temps que, invoquant les grâces du Tout-Puissant et la protection de la Vierge du Carmel, « Reine du Chili », sur ce très cher peuple, Nous donnons de tout coeur à Nos fils unis à Nous par la foi et l'amour, la Bénédiction apostolique.


RADIOMESSAGE AUX PRISONNIERS

(30 décembre 1951) 1

Les fêfes de Noël ont invité le Saint-Père à adresser un message aux nombreux détenus dans les prisons du monde :

Dans Notre sollicitude assidue pour toutes les classes de ceux qui souffrent, auxquels Nous lient des liens spéciaux de pitié paternelle, vous n'êtes pas les derniers, chers fils et filles d'Italie et du monde, qui gémissez dans les Maisons de peine, où vous avez été conduits par de tristes chemins et par des chemins parfois inexplicables pour vous-mêmes.

Mais, en ces jours des fêtes de Noël dans lesquelles tout chrétien trouve des motifs de joie, Nous Nous sentons particulièrement près de vous, comme de ceux qui, plus que les autres, aspirent avec ardeur au soulagement, dans la solitude, et, dans les ténèbres, à la lumière de l'espérance.

Et Nous sommes auprès de vos familles que votre absence prive trop souvent, en même temps que du pain, de la joie même de Noël, qui consiste à jouir des mystères sacrés de l'enfance de Jésus, resserrés dans la tiédeur affectueuse du sanctuaire domestique.

Toutefois, si la rigueur de la justice humaine vous refuse pendant quelque temps cette douceur, d'autres réconforts plus profonds et réels vous sont offerts par le divin Nouveau-Né, gisant sur la dure paille pour l'amour de nous-mêmes, ce Jésus qui fut invoqué à juste titre, et spécialement par vous, avec les paroles de la liturgie de l'A vent : Veni, et educ vinctum de domo carceris 2.

Pas moins que pour les autres hommes — tous ici-bas en quelque sorte coupables et prisonniers — Jésus est venu vous apporter une libération plus noble et intime, celle qui délivre du joug et des chaînes des passions et du péché et rend la paix de l'esprit annoncée en la Nuit sainte, qui accomplit le renouvellement intérieur de la vie et transporte dans la lumière restauratrice d'une Epiphanie de rédemption.

Si vous savez vous libérer, sur les ailes de la foi, des peines qui vous étreignent, non seulement vous goûterez ces joies secrètes mais vous les posséderez si bien que personne ne pourra jamais vous les ravir : ni les adversités des événements, ni les rigueurs de la prison, ni les erreurs possibles de la justice terrestre, ni l'incompréhension des hommes, ni même le remords, élevé par la grâce en salutaire et consolant repentir.

Réprouvant et reniant, lorsqu'il le faut, au fond de votre coeur un triste passé que consument et dissipent la contrition et l'amour éclairés et soutenus par la foi pour regarder et sentir les événements de la terre avec des yeux et un esprit de chrétiens, vous découvrirez dans votre condition présente même de précieuses occasions et des sources extrêmement fécondes de grands biens. Quel dessein providentiel ne pourra-t-il s'accomplir en vous et pour vous, si vous vous remettez humblement et volontairement entre les mains de Dieu, sévères aujourd'hui, mais cependant toujours bienfaisantes.

Même s'il y avait en vous comme « un mystère d'iniquité » Nous comprenons, conscient comme Nous le sommes, de la fragilité et de la faiblesse incommensurables qui souvent épuisent mortellement l'esprit humain, le triste drame qui peut vous avoir surpris et entraînés, par un malheureux concours de circonstances, pas toujours imputables entièrement à votre libre volonté, même si les lois humaines, en raison de leur insuffisance naturelle ne peuvent tenir compte de toutes les circonstances atténuantes qui diminuent les responsabilités, ni ne peuvent encore moins valoir à excuser toutes les faiblesses. Cependant il dépend de vous que se réalise, dans le secret de votre esprit, un rayonnement de rédemption, analogue à celui opéré par Jésus alors que, totalement innocent, il vint prendre sur lui nos fautes.

Si la contrainte n'aigrit pas votre esprit, et si, au contraire, ayant surmonté l'abattement, l'expiation, plus que subie comme une fatalité inéluctable, est volontairement embrassée, chacun de vous se fera l'artisan conscient de sa propre résurrection morale et s'adjugera l'honneur de ministre de la haute justice

de Dieu, pour lequel sont d'une gloire égale l'ordre inviolé et celui rétabli dans l'expiation. Chacun alors n'est plus coupable ni en butte à la vengeance, dans la réalité intérieure de la conscience libérée de la faute, mais le collaborateur de Dieu dans le rétablissement de l'ordre lésé.

Et de même qu'au ciel, on fait une plus grande fête pour un pécheur qui se convertit, ainsi sur la terre tout honnête homme doit s'incliner devant celui qui, après être tombé, peut-être en un moment d'égarement, sait ensuite péniblement se racheter et se relever.

Ils ne sont donc plus perdus ces longs jours passés dans ces lieux de peine, où Notre coeur est avec vous, comme volontairement enchaîné, car rien n'est vain aux yeux de Dieu, quand votre vouloir se conforme à la volonté de Celui qui a toujours des desseins de miséricorde et de vie même dans le sévère exercice de la justice, et surtout si vous employez ces jours aux oeuvres de douce charité, en comprenant les peines d'autrui, en encourageant, réconfortant et aidant les frères qui souffrent avec vous.

Et si totalement ou en partie, l'innocence se faisait le bouclier de votre conscience pure et vous persuadait que les rigueurs de la justice humaine ont dépassé la mesure de la faute, oh ! ne maudissez pas le destin adverse ou les créatures fallacieuses, mais ouvrez votre esprit à la confiance dans le triomphe final de la vérité et du bien, soyez réconfortés par la certitude de la solidarité avec vous de tous les gens honnêtes et conscients ; soyez assez forts dans l'infortune pour vous élever jusqu'à compatir aux erreurs de droit et de fait, auxquelles malheureusement est sujette l'imperfection intrinsèque du jugement humain, et, agissant efficacement pour votre réintégration juridique et morale, faites en sorte qu'une vie d'expiation non coupable rayonne de dignité surhumaine, en dehors de la réparation même de l'erreur.

Bien plus douloureux est le sort, dans plus d'un pays, de ceux qui, innocents, souffrent à cause de lois iniques, ou bien parce qu'elles sont inspirées par de fausses conceptions commandant les règles de la vie civile ou bien parce qu'elles sont dictées par des passions politiques ou bien encore par le préjuge blasphématoire qui considère comme un crime le fait de rendre hommage à Dieu. A ces fils de prédilection persécutés par la justice va toute Notre affection humaine et surnaturelle de Père.

Nous comprenons l'atroce martyre spécialement moral qui les afflige. Mais si Dieu Tout-Puissant, qui est la Justice même — qu'il se réserve toutefois de réaliser dans le séjour éternel, où il n'y aura point d'ombre du mal — si le Dieu Tout-puissant, disons-Nous, n'empêche pas parfois ici-bas que l'innocent soit injustement frappé, cela signifie que, tout en respectant souverainement les lois de la liberté humaine, Il n'en laisse pas cependant l'exercice effréné sans sanctions, et qu'il sait tirer du mal de plus hauts biens et les réserver aux victimes mêmes et à la société qui les nourrit d'un peu de pain et les inonde d'abondantes larmes.

Toutefois, en même temps que Nous ne manquons pas d'exhorter les législateurs et les magistrats à revoir, à réparer, à rectifier ces anomalies ou aberrations, qui tournent à la honte de la justice, spécialement chrétienne, ou à l'outrage des droits divins, Nous vous répétons, à vous innocentes victimes, la parole encourageante de l'Ange, Forti animo esto, in proximo est, ut à Deo cureris : Prends courage, Dieu te guérira vite 3.

Mais jusqu'à ce jour, vous est assignée une vocation extraordinaire et Nous voudrions dire privilégiée : expier pour le monde réellement coupable ; expiation qui se joint salutairement aux béatitudes ineffables annoncées par le Sauveur dans le discours sur la montagne : « Bienheureux les affamés et assoiffés de justice... Bienheureux les persécutés à cause de la justice... Bienheureux quand on vous persécutera à cause de moi 4 ».

Oh ! s'il vous était donné, chers fils et filles disséminés sur toute la surface de la terre, de voir combien devient précieuse votre immolation aux yeux de Dieu ! Combien grande est son efficacité pour le salut commun ! et combien le Vicaire du Christ ose compter sur vos souffrances pour obtenir de Dieu la paix sincère et le véritable salut du monde en ces temps si tristes !

Enfin Nous entendons vous adresser une parole, plus que jamais paternelle et affectueuse, à vous sur qui, dans l'âge encore tendre de la vie, en connaissez déjà les fruits amers. Intoxiqués précocement par la perversion de la société d'aujourd'hui, placés dans des circonstances hostiles à la juste éducation, vous êtes peut-être davantage des victimes que des coupables.

Tb 5,10 Mt 5.

Que votre condition soit un avertissement sévère pour qui, plus que vous, est vraiment coupable ; pour ceux qui font de la presse, des spectacles, des associations et parfois même de l'école, des moyens de lucre avide, si ce n'est même de corruption préméditée de l'enfance, en foulant aux pieds l'innocence sacrée des petits et en accumulant d'immenses ruines morales.

Chers jeunes gens, ce qui est arrivé en votre âge inexpérimenté, ensevelissez-le dans le repentir chrétien, en renaissant entièrement aux idéaux d'honnêteté et de vertu. Que les souffrances présentes ne brisent pas vos espérances ; ni l'élan de votre jeunesse. L'Enfant Jésus a pour vous des regards de bienveillance particulière.

Il vous soutiendra afin que la jeune plante de votre vie, éprouvée et sauvée, croisse comme un robuste chêne pour défier les bourrasques et être un exemple de crainte de Dieu et d'obéissance aux lois.

Chers fils et filles !

En échange des précieux dons que l'Enfant Jésus vient vous apporter dans le lieu de votre douleur, offrez-lui courageusement et généreusement, à Lui qui s'est fait expiateur dès le berceau pour les péchés du monde, vos peines et votre tristesse avec l'ardeur de la foi qui transforme les larmes en perles, la douleur en félicité.

Loin de mépriser votre don, Il en fera de précieux titres de miséricorde, de salut et de grâce, pour vos familles, pour le monde entier et pour son Eglise. Tout autant que des temples consacrés à son culte, que s'élève au ciel également des prisons, des camps de concentration, des hôpitaux, de tout lieu où l'on souffre, où l'on pleure et implore, le parfum de l'encens qui apaise et qui sauve. Nous implorons de la Bonté divine qu'elle hâte pour chacun de vous le jour de la libération, afin que revenus au sein de vos familles et de la société — transformés et comme élevés au-dessus de l'humain par l'épreuve acceptée avec une foi chrétienne — vous en deveniez l'honneur et la protection contre le mal qui les entoure d'embûches.

Avec ces voeux et dans le souvenir constant de vous tous, que descende sur vous et sur ceux qui vous sont chers, comme gage de célestes consolations, Notre paternelle Bénédiction apostolique.




ACHEVÉ D'IMPRIMER LE JOUR DE LA CANONISATION DE PIE X, LE 29 MAI DE L'ANNÉE MARIALE 1954, SUR LES PRESSES DE L'OEUVRE SAINT-AUÇUSTIN A SAINT-MAURICE (SUISSE)



PieXII 1951 - RADIOMESSAGE AU MONDE