Pie XII 1952 - LETTRE A SON ÉM. LE CARDINAL PIAZZA A L'OCCASION D'UN CINQUIÈME CENTENAIRE CARMÉLITAIN


DOCUMENTS PONTIFICAUX



délicieuse petite fleur du Carmel, dont la profonde simplicité, unie à une éminente sainteté absolue, porte les âmes à la vertu et au désir du Ciel.

A cette troupe d'élite s'ajoutent quantité d'autres exemples. Sans resplendir du même éclat, ils sont également proposés à votre imitation. De même, nous ne saurions passer sous silence la multitude de ceux qui sont inscrits à votre Tiers-Ordre et qui, vivant dans le siècle, suivent la règle du Carmel selon les conditions spéciales à la vie de chacun. Il nous fut donné de voir, près du Siège Apostolique de Pierre, des milliers de tertiaires carmélitains, venus à Rome durant l'Année Sainte offrir l'exemple de leur foi et de leur ardente piété 2.

Aussi bien, Nous réjouissons-Nous avec vous qui vous préparez à fêter cet anniversaire, et Nous sommes persuadé que de nouvelles fleurs et de nouveaux fruits s'ajouteront à l'éclatante couronne de sainteté du Carmel, fleurs et fruits qui témoignent de l'immuable vitalité de la vertu de votre Ordre.

Puisse la Vierge Marie, Mère de Dieu, décorée du titre du Carmel, vous servir de guide et de médiatrice des grâces célestes ; puisse cette très bonne Mère vous faire voir le chemin ardu qu'Elle indiqua à vos innombrables prédécesseurs et vous obtenir de Dieu l'énergie surnaturelle qui connaît et réalise toutes les victoires de la sainteté.

Que la Bénédiction apostolique que Nous vous donnons de grand cceur dans le Seigneur, à vous, Vénérable Frère, à tous les membres de l'Ordre des Carmes et des Carmélites, et à tous les tertiaires, soit le gage de cette sainteté et le témoignage de Notre particulière bienveillance. »


LETTRE

AU Rme PÈRE NIVARD M. BUTTARAZZI, ABBÉ PRÉSIDENT GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION CISTERCIENNE DE CASAMARI POUR LE HUITIÈME CENTENAIRE DE LA FONDATION DE CETTE ABBAYE

(25 juillet 1952)1


Il y a huit siècles que le Monastère de Casamari2, auparavant habité par des moines Bénédictins qui l'avaient rendu célèbre par leurs vertus et l'éclat de la sagesse humaine et divine, reçut par ordre de Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire le Bienheureux Eugène III, comme le rapporte la tradition, un groupe choisi de moines Cisterciens envoyés par saint Bernard de Clairvaux, pour y introduire et établir leur institution et leurs observances. Cet événement heureux, vous désirez le commémorer prochainement ; et ce sera non seulement — selon Notre voeu et le vôtre — une belle solennité, mais aussi une source de fruits salutaires. Vous allez en effet repasser dans vos esprits l'histoire de cet illustre Monastère : que de souvenirs célèbres et glorieux se présenteront alors à vous ; combien de moines saints et savants qui y florissaient, combien d'Evêques ou Archevêques, qui en sortirent pour gouverner sagement les troupeaux










* Cf. Documents Pontificaux 1950, p. 455.

qui leur étaient confiés et les conduire aux salutaires pâturages se présenteront à votre mémoire. Mais vous savez parfaitement que personne ne peut méditer sincèrement et activement les très beaux exemples des anciens sans se sentir poussé selon ses forces à imiter leur vertu.

C'est surtout à la discipline monastique que vous serez stimulés chaque jour davantage, à la reprise plus vivante des études sacrées et profanes, aux travaux apostoliques, qu'il est opportun surtout en notre temps de joindre à la vie contemplative, et surtout à l'acquisition selon votre institution de la perfection évangélique, sans laquelle toute activité extérieure devient facilement vaine et inutile.

Dans ce but, vous avez très sagement décidé de célébrer pendant ces solennités commémoratives un Congrès Eucharistique, auquel, Nous écriviez-vous, bon nombre de fidèles accourront des diocèses voisins. De la sorte, vous viendrez tous ensemble pleins de respect, à la source de toutes les grâces, au Christ caché sous les voiles Eucharistiques, et vous le supplierez humblement pour que les très glorieux exemples de sagesse qui fleurirent au cours des siècles dans l'enceinte de votre monastère, refleurissent souvent au plus haut degré ; pour qu'ils soient comme une puissante exhortation donnée par vous aux populations voisines et qui les pousse toutes efficacement à entreprendre ou à poursuivre encore plus ardemment cette route qui les tourne, volontiers et généreusement, vers le Divin Rédempteur, à s'attacher à sa doctrine impérissable, à attendre sa grâce qui renouvelle les moeurs, et à atteindre à sa vertu qui seule peut rendre les hommes meilleurs et plus heureux.

Tels sont Nos souhaits paternels et l'objet de Nos instantes prières auprès de Dieu, tandis qu'en gage de faveurs célestes et en témoignage de Notre particulière bienveillance, Nous vous accordons volontiers dans le Seigneur tant à vous, cher Fils et aux autres moines et à leurs élèves qu'à tous ceux qui célébreront avec vous le Congrès Eucharistique, la Bénédiction apostolique.


DÉCRET

DE LA SACRÉE CONGRÉGATION CONSISTORIALE ÉRIGEANT LAUMÔNERIE MILITAIRE EN FRANCE

(26 juillet 1952) 1


Dans sa maternelle bonté, l'Eglise s'efforce volontiers de réaliser les voeux ou les desseins qui lui semblent devoir procurer à Dieu plus de gloire, et mieux pourvoir au salut des âmes. 2

S. Exc. Mgr Maurice Feltin, archevêque de Paris et évêque Ordinaire de l'armée française (ou Vicaire militaire pour l'armée française), a demandé au Saint-Siège de vouloir bien établir en France un Vicariat militaire (Vicariat aux armées) pour les fidèles qui font leur service dans les armées de terre, de l'air, de mer de la République française ou qui sont rattachés à n'importe quel titre à ces armées.

En possession du souhait favorable à cette érection, formulé par S. Exc. Mgr Ange-Joseph Roncalli, archevêque titulaire de Mésembria et Nonce apostolique en France, et avec l'avis du cardinal soussigné, secrétaire de la Sacrée Congrégation Consis-toriale3, notre Très Saint-Père le Pape Pie XII a estimé devoir ériger ce Vicariat militaire.

C'est pourquoi, suppléant, autant que la chose pourrait être nécessaire, le consentement des parties intéressées en cette affaire ou présumant y être intéressées, il établit, en vertu de la plénitude de son pouvoir apostolique, un Vicariat aux armées pour la France.














Ce Vicariat se composera : du Vicaire aux armées (Ordinaire de l'armée française) ; des trois aumôniers-chefs dirigeant l'au-mônerie respectivement dans l'une des trois armées de terre, de mer, de l'air ; et enfin des aumôniers militaires.

Le siège du Vicariat militaire et de sa Curie est à Paris. La fonction de Vicaire militaire (ou d'évêque Ordinaire de l'armée) est dévolue à l'archevêque de Paris se trouvant alors en charge ; dès lors, ce prélat cumulera en sa personne l'une et l'autre juridiction. Le Vicaire militaire possède la juridiction ordinaire, personnelle, tant pour le for interne que pour le for externe. Aux trois aumôniers directeurs de l'aumônerie militaire respectivement dans l'une des trois armées sont attribuées les fonctions que le Code de droit canonique attache à la charge de Vicaire général, fonctions à remplir auprès des troupes qui leur sont spécialement confiées.

Le Vicaire aux armées confie aux aumôniers militaires la charge ou le soin des âmes des soldats pour le spirituel. II nomme servatis servandis tous les aumôniers.

Sont soumis à sa juridiction : 1° Les prêtres, séculiers ou religieux, qui sont appelés, soit d'une façon habituelle, soit en passant, à exercer la charge ou les fonctions d'aumôniers militaires en vue de l'assistance spirituelle à donner aux troupes ; 2° Tous ceux qui, soit militaires, soit formés ou éduqués selon la discipline militaire, font partie des troupes de terre, de l'air, de mer et sont soumis aux lois et règlements édités pour ces troupes ; 3° Les familles de ceux dont il est question dans le numéro précédent, à savoir leurs femmes, leurs enfants, leurs proches, leur parenté, leurs serviteurs qui habitent avec eux dans les locaux ou les casernes militaires, que ce soit dans le territoire de la métropole ou dans ceux des colonies, ou lorsqu'ils les accompagnent hors de ces territoires ; 4° Tous les fidèles de l'un et l'autre sexe qui habitent dans l'enceinte des lieux de résidence des troupes ; 5° Tous les fidèles de l'un et l'autre sexe, membres d'un Institut religieux ou simples laïcs, qui sont affectés aux hôpitaux ou aux écoles militaires, à condition qu'ils habitent dans ces bâtiments ; 6° Les personnes faisant partie des troupes chargées de maintenir la paix civile, quand elles sont mobilisées ; 7° Les forces chargées de la sécurité publique.

La juridiction du Vicaire militaire n'est pas exclusive de la juridiction des Ordinaires des lieux ; elle cumule avec elle.

Dès lors, les aumôniers militaires, pour ce qui a trait à la discipline ecclésiastique, sont soumis également à l'autorité de l'Ordinaire du lieu où il leur arrive de se trouver. Dans les cas urgents et toutes les fois que le Vicaire aux armées ne pourra pas prendre les mesures qui s'imposent, il sera permis à l'Ordinaire du lieu de sévir contre ces aumôniers, même en recourant aux sanctions canoniques, mais en avertissant au plus tôt le Vicaire militaire (ou l'Ordinaire de l'armée).

Dans les lieux de stationnement réservés entièrement aux soldats (garnisons, casernes, camps, postes militaires, etc.), c'est le Vicaire aux armées qui exerce en premier lieu et principalement le pouvoir de juridiction ; secondairement et en l'absence ou à défaut du Vicaire aux armées et de l'aumônier, mais cependant toujours en vertu de son droit propre, ce sera l'Ordinaire du lieu ou le curé du lieu, après entente opportune avec le Vicaire aux armées et les commandants des troupes.

Pour ce qui concerne le mariage des soldats ou des autres personnes soumises à l'autorité du Vicaire aux armées, qu'on observe à la lettre ce que prescrit, dans son second paragraphe, le canon 1097 du Code de droit canonique, à savoir qu'on « doit prendre généralement comme règle de célébrer le mariage devant le curé de la femme, à moins qu'une juste cause n'en excuse ». Il faudra aussi accomplir soigneusement tous les actes qui, conformément au droit canon, doivent précéder ou suivre la célébration du mariage. Dans les lieux ou locaux réservés aux militaires, les aumôniers militaires peuvent validement et licitement entendre les confessions de tous ceux qui se présentent à eux pour cela.

Quand la charge du Vicariat aux armées sera vacante, chaque aumônier directeur de l'aumônerie militaire pour l'une ou l'autre armée, restera en fonctions avec les pouvoirs qui lui sont propres, et cela jusqu'à ce que le nouvel archevêque de Paris ait pris possession de son siège.

Pour mettre à exécution tout ce qui précède, S. S. Pie XII a daigné désigner et députer Son Exc. Mgr Maurice Feltin, archevêque de Paris et Vicaire militaire pour toutes les troupes françaises, en lui accordant les pouvoirs nécessaires et opportuns pour remplir le mandat qui lui est confié, et en lui imposant l'obligation de faire parvenir le plus tôt possible à cette Sacrée Congrégation Consistoriale le rapport authentique sur l'exécution définitive de ce décret.


DÉCRET DU SAINT-OFFICE METTANT A L'INDEX PLUSIEURS LIVRES CONCERNANT LE PÈRE PIO

(jo juillet 1952) 1


Camilleri Carmelo, P. Pio da Pietrelcina, Città di Castello, Soc. Typ. « Leonardo da Vinci », 1952.

Pedriali Gian Carlo, Ho visto P. Pio, Foggia, Cappetta, 1948.

Delfino-Sessa Piera, P. Pio da Pietrelcina, Gênes, Demos, 1950.

Trabucco Carlo, Il mondo di P. Pio, Rome, E. Giacomaniello, 1952.

Le jeudi suivant, 24 juillet, Notre Saint-Père le Pape Pie XII, dans l'audience accordée à Son Exc. Reverendissime le Cardinal Secrétaire du Saint-Office, a approuvé la décision des Eminentissimes Pères, qui lui était soumise, l'a confirmée et a ordonné sa publication3.



Dans la réunion plénière du mercredi 23 juillet 1932 de la Suprême Congrégation du Saint-Office, les Eminentissimes et Révérendissimes Cardinaux préposés à la défense de la foi et des moeurs, sur l'avis des Révérendissimes Consulteurs, ont déclaré que devaient être considérés comme condamnés, selon le canon 1399 du Code de Droit Canon, et étaient inscrits à l'Index des livres prohibés, les livres suivants 2.

Argentieri Domenico, La prodigiosa storia di P. Pio, Milan, Tarantola, 1951.

Apollonio Donato, Incontri con P. Pio, Foggia, Cappeta et F. 1951.

Fiorentini Guido Greco, Entità meravigliosa di P. Pio, S. Maria Capua Vetere, 1949.

Lotti Franco, P. Pio da Pietrelcina, San Giovanni Rotondo, Abresch, 1951.

























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MESSAGE AU R. P. ARCADIO LARRAONA

(31 juillet 1952) 1


En août s'est tenu à l'Université de Notre-Dame à South-Bend (Indiana), aux Etats-Unis, le premier Congrès national des Religieux, des Religieuses et des membres des Instituts Séculiers des Etats-Unis. Celui-ci était présidé par le Rév. Père Arcadio Larraona, secrétaire de la Sacrée Congrégation des Religieux. Le message suivant du Pape fut lu à cette assemblée :

Avec plaisir Nous envoyons Nos cordiales salutations au Congrès national des Religieux qui se tient à Notre-Dame, Indiana. Nous formons des voeux pour que le Congrès produise de nombreux fruits spirituels, non seulement pour les délégués qui y assistent, mais pour tous les membres des Ordres religieux d'hommes et de femmes qu'ils représentent dans tous les Etats-Unis, et qu'il leur permette d'étendre et d'intensifier encore davantage la précieuse collaboration qu'ils prêtent depuis longtemps à la vigoureuse vie de l'Eglise dans ce grand pays. Nous demandons des bénédictions spéciales de Dieu sur les travaux du Congrès et en gage de celles-ci, Nous accordons à vous, cher fils, et à tous ceux qui y participent, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


CONSTITUTION APOSTOLIQUE « EXSUL FAMILIA » SUR L'ASSISTANCE SPIRITUELLE DES EMIGRANTS (ier août 1952)

1

Le nombre d'ouvriers émigrants — principalement d'Italie — ne faisant qu'augmenter, le Saint-Siège a estimé qu'il fallait organiser le « soin des âmes » de ces centaines de milliers de catholiques. C'est pourquoi les dispositions suivantes furent prises.

1. — La famille de Nazareth, Jésus, Marie, Joseph, en exil, émigrant en Egypte et s'y réfugiant, pour échapper à la fureur d'un roi impie, telle est l'image, le modèle et le soutien de tous les émigrants et pèlerins de tous les temps et de tous les lieux, de tous les exilés de quelque condition qu'ils soient, qui, chassés par la crainte des persécutions ou par la misère, se voient contraints d'abandonner leur patrie, de quitter leurs chers parents, leurs proches, leurs amis, et de gagner une terre étrangère.

2. — Le Dieu tout-puissant et miséricordieux avait en effet décrété que son Fils consubstantiel (fait à la ressemblance des hommes et reconnu comme homme en sa manière d'être 2), accompagné de la Vierge Immaculée, sa Mère, et de son fidèle gardien, connaîtrait aussi ce genre de misères et de peines, le premier né d'entre ses frères 3 et marcherait en tête.

3. — Comme il fallait que ces motifs de consolation dans les malheurs et ces exemples eussent toute leur valeur et fussent plutôt pour les exilés et les réfugiés le réconfort et le soutien de cette espérance chrétienne qui est l'unique refuge dans les tribulations, il était nécessaire que l'Eglise s'efforçât avec un soin particulier et une assistance soutenue de maintenir intactes en eux la foi de leurs ancêtres et une pratique de la vie conforme aux exigences de la morale. Il fallait, d'autre part, faire face avec des remèdes adaptés aux multiples difficultés qui se rencontrent à l'extérieur et jusqu'ici imprévues et inconnues. Surtout il fallait combattre les embûches d'hommes pervers qui, hélas ! entrent en relations avec les émigrants sous le prétexte de leur rendre matériellement service, mais en réalité dans le mauvais dessein de perdre leurs âmes.

4. — Quels graves motifs d'angoisse aurions-Nous éprouvés et éprouverions-Nous encore, si ce ministère évangélique était venu ou venait à manquer. Nous aurions à déplorer des malheurs plus grands que ceux qui marquèrent les tristes temps de saint Augustin. L'évêque d'Hippone exhortait alors vivement ses prêtres à ne pas laisser leurs troupeaux sans pasteur, sous la pression des calamités, et il leur rappelait quels bienfaits résulteraient de leur présence, comme aussi quels dommages inévitablement suivraient leur abandon : « Lorsque les ministres sont absents, quelle ruine s'abat sur ces malheureux qui se voient forcés à sortir de ce monde ou sans le Baptême ou en état de péché ! Quelles larmes chez leurs parents chrétiens qui ne les auront pas pour compagnons dans le repos de la vie éternelle ! Combien tous gémiront et peut-être combien blasphémeront à cause de l'absence des prêtres et de la privation de leur ministère !

Voyez quelles sont les conséquences de la peur des maux temporels, et combien sont grands les maux éternels qui en proviennent. Au contraire, quand les prêtres sont à leur poste, ils viennent au secours de tous dans la mesure des forces que le Seigneur leur accorde : les uns sont baptisés ; les autres réconciliés ; personne n'est privé de la communion du Corps du Seigneur ; tous sont consolés, édifiés, exhortés à prier Dieu qui est capable de conjurer tous les malheurs qui les menacent.4 »


TITRE PREMIER

MATERNELLE SOLLICITUDE DE L'ÉGLISE POUR LES ÉMIGRANTS

1

5. — Notre Sainte Mère l'Eglise, poussée par son immense amour pour les âmes et très désireuse de remplir les devoirs du mandat du salut de toute l'humanité qui lui a été confié par le Christ, n'a pas tardé à prendre la charge spirituelle des pèlerins, des étrangers, des exilés, de tous les émigrants, sans épargner ses forces en s'appuyant principalement sur les prêtres. Ceux-ci par l'administration des grâces sacramentelles et la prédication de la parole divine ont travaillé de tout leur pouvoir à confirmer les chrétiens dans la foi, resserrant les liens de la charité.

6. — Sur ce sujet, Nous rapporterons brièvement ce que l'Eglise a fait dans le passé depuis les âges les plus reculés et Nous Nous étendrons davantage sur ce qui regarde notre temps.

7. — Rappelons d'abord le geste et les paroles de saint Am-broise, lorsque l'illustre pasteur de Milan, dans le but de racheter les malheureux qui avaient été emmenés en captivité après la défaite de l'empereur Valens aux environs d'Andrinople, fit briser et vendre les vases sacrés pour épargner à ces pauvres déportés de graves souffrances physiques et les sauver des dangers spirituels bien plus graves. « Qui serait assez dur, assez cruel et insensible, écrivait saint Ambroise, pour se plaindre qu'un homme soit sauvé de la mort, qu'une femme échappe aux derniers outrages des barbares plus graves que la mort, que des jeunes filles et des enfants soient préservés de la souillure des idoles qu'ils auraient été obligés de subir sous la menace de la mort ? Nous n'avons pas pris cette décision sans motif. Puis quand nous l'avons exécutée au milieu du peuple, nous avons compris et nous l'avons déclaré ouvertement qu'il valait mieux garder les âmes pour le Seigneur plutôt que des objets d'or. » 5


Augustin, Episl. CCXXVIIl, § 8 ; Migne, P. L„ XXXIII, 1016 s.



8. — Il s'est également manifesté avec éclat le zèle ardent de ces pasteurs et de ces prêtres qui se sont efforcés d'apporter aux habitants des pays nouveaux les bienfaits de la vraie foi en même temps que ceux de la culture et des rapports sociaux. Aux envahisseurs barbares ils ont facilité leur assimilation paisible aux populations locales, en faisant entrer en même temps ces barbares dans la religion chrétienne et dans la civilisation.

9. — Il est juste aussi de signaler les Ordres religieux institués pour le rachat des captifs, Ordres dont les membres, enflammés par la charité du Christ, n'ont pas hésité à supporter spontanément de grandes souffrances pour leurs frères captifs afin de pouvoir en libérer le plus grand nombre ou au moins les réconforter.

10. — Après la découverte et l'exploration du Nouveau Monde dans la partie occidentale du globe, de zélés prêtres du Christ n'ont pas hésité à accompagner les colonisateurs soit pour les aider à se maintenir dans la pratique de la morale chrétienne et pour empêcher que l'abondance subite des richesses matérielles n'excitât leurs prétentions, soit pour se transformer immédiatement auprès des indigènes, jusqu'alors privés complètement des lumières de la foi, en vaillants missionnaires prêts à leur enseigner l'Evangile et pour proclamer que ces indigènes doivent être regardés comme des frères.

11- — On ne peut pas passer non plus sous silence les apôtres de l'Eglise qui se sont consacrés à assister et à gagner au Christ les esclaves noirs arrachés cruellement à leur terre natale et devenus les objets d'un honteux commerce, dans les différents ports de l'Amérique et de l'Europe *.

12. — Nous voulons aussi ajouter quelques mots sur l'activité constante déployée par les pieuses Associations ou Collèges en faveur des pèlerins. Dans le moyen âge, ces Collèges ont surgi providentiellement un peu partout, dans la chrétienté, mais spécialement en cette ville de Rome. De là sont venus d'innombrables hôpitaux, hospices, des églises et confréries nationales dont subsistent encore tant de traces. On peut rappeler en particulier les « Collèges des pèlerins » saxons, lombards, francs, frisons, fondés depuis le VIIIe siècle autour du Vatican près du sépulcre du Prince des apôtres pour recevoir les étrangers qui venaient des pays transalpins en pèlerinage à Rome, afin de pouvoir y vénérer les souvenirs des apôtres. Ces Collèges étaient dotés d'églises et de cimetières particuliers ; on y entretenait des prêtres et des clercs originaires de ces divers pays, chargés de s'occuper de leurs compatriotes, de les assister spirituellement et même matériellement, spécialement ceux qui étaient pauvres et malades. Dans les siècles suivants, à ces Collèges on ajouta d'autres monastères et des hospices annexes pour les pèlerins éthiopiens ou abyssins, hongrois et arméniens. Tout cela fut un heureux écho de la parole de saint Paul : « Subvenez aux besoins des saints : soyez empressés aux devoirs de l'hospitalité... 7 »


Congrégation de la Propagande, Lettre à tous les évêques au sujet de la collecte en faveur des Noirs africains, Summus Pontifex Leo XIII, du 29 septembre 1919, A. A. S., 12, p. 74 s. : « Le Souverain Pontife Léon XIII, de glorieuse mémoire, ému des malheurs dont souffraient les Noirs africains qui, menés en esclavage, couraient des périls mortels pour le corps et pour l'âme, par une Lettre encyclique à tous les évêques du monde catholique, datée du 20 novembre 1890 (Leonis XIII Pontifias Maximi Acta, Rome, typographie vaticane [1891], 10, p. 312 s.), recommanda chaudement à leur charité l'oeuvre qu'il avait entreprise pour la défense de la liberté des Noirs africains et pour les convertir des superstitions païennes », loc. cit., p. 74. Le Pape Léon XIII traite de la suppression de l'esclavage honteux et inhumain et surtout du commerce des esclaves dans la Lettre à ses Vénérables Frères les évêques du Brésil, In Plurimis, du 5 mai 1888, loc. cit., 8, p. 169 s.

7 Rm 12,13. Cf. également les passages du Nouveau Testament où l'hospitalité est recommandée : Matth. XXV, 35, 38, 40 ; Luc. XIV, 13-14 ; I Tim. III, 2 ; Tit. I, 8 ; I Petr. IV, 9 ; III Jean 5-8 ; Hebr. XIII, 2 ; Jac. I, 27 ; où des exemples d'hospitalité sont donnés : Luc X, 38, et XIX, 6 ; Act. Ap. XVI, 15, et XXVIII, 2 et 7.




13. — L'heureuse expérience qui avait démontré que le ministère sacré parmi les étrangers et les pèlerins s'exerçait plus utilement par le moyen de prêtres de la même langue et de la même nationalité surtout lorsqu'il s'agissait de fidèles du peuple ou de gens peu instruits du catéchisme, fut solennellement confirmée par le IVe Concile du Latran en l'année 1215, qui décréta ceci : « Etant donné qu'en beaucoup d'endroits se trouvent mêlées dans la même ville et dans le même diocèse des populations de langues diverses qui professent la même foi mais avec des usages et des rites différents, nous ordonnons catégoriquement que les évêques de ces villes ou de ces diocèses fournissent des hommes idoines, capables de célébrer pour ces fidèles les divins offices dans les différents rites et les différentes langues, d'administrer les sacrements de l'Eglise et d'instruire comme il faut ces groupements par la parole et par l'exemple8. » Cette pratique a été fidèlement suivie par l'Eglise jusqu'à nos jours, spécialement par la création de paroisses pour les fidèles des diverses nationalités et langues.

14. — Tous savent le profit que ces paroisses fréquentées assidûment par les étrangers ont apporté aux âmes et aux diocèses, et tous les ont en grande estime. Le Code de droit canon n'a pas négligé d'en fixer le régime 9. C'est ainsi qu'avec l'approbation par degrés du Saint-Siège sont nées, spécialement en Amérique, de nombreuses paroisses nationales, et, pour ne citer qu'un exemple, des paroisses pour les Chinois ont été érigées très récemment par décret de la Sacrée Congrégation Consis-toriale dans les îles Philippines 10.


II

15. — Cependant, bien qu'à aucune époque, jamais n'ait fait défaut la sollicitude de l'Eglise pour les emigrants, pour les exilés et pour les réfugiés, sans Nous attarder davantage, Nous Nous bornerons à rappeler seulement les initiatives de ces derniers temps.

16. — Il y a lieu de mentionner ici, avant tout, les cinquante volumes sur l'assistance du Saint-Siège aux Français volumes qui se trouvent aux Archives vaticanes. Ils constituent vraiment une magnifique preuve de l'inlassable sollicitude des Pontifes romains pour tous ceux que les révolutions ou les guerres ont chassés de leur patrie ; ils documentent sur toute la paternelle bienveillance de nos prédécesseurs Pie VI et Pie VII envers les Français qui, exilés loin de leur pays, ou bien furent accueillis avec une grande générosité dans l'Etat pontifical, et spécialement à Rome, ou bien se réfugièrent ailleurs.



quable, parmi d'autres, des indicibles malheurs de l'Eglise de France, des souffrances de son clergé et de l'indéfectible force d'âme de ses émigrés, furent, par ordre de Pie VII, soigneusement déposés aux archives vaticanes (Theiner, op. cit., 2, préf. 21). Aussi Marcantonio Cattaneo pouvait-il écrire, le 17 juin 1805, à Gaetano Marini, préfet de la Bibliothèque vaticane : « Cattaneo remet au très aimable et très honoré M. l'abbé Marini les volumineuses archives des affaires concernant les émigrés français, accueillis et nourris pendant plus de treize années dans cet Etat de Sa Sainteté, en le priant de les conserver dans les archives vaticanes, en perpétuelle et glorieuse mémoire de la bienfaisance et de la charité du Saint-Siège, dont ces documents sont une nouvelle preuve dans les temps présents ». (Theiner, op. cit., 2, préf. 24, 1.)

Le Souverain Pontife confia l'oeuvre à une Commission spéciale, présidée par lui-même et dirigée par un cardinal chargé des affaires publiques. Les tâches principales de la Commission furent les suivantes : pourvoir aux besoins matériels et spirituels des exilés français, répartis dans les diverses provinces de l'Etat pontifical, à mesure qu'ils arrivaient, et les diriger vers des maisons religieuses et des locaux pieux ; veiller à ce qu'il ne s'introduisît pas de mauvaises coutumes ; accueillir les demandes et les satisfaire suivant les possibilités. Un prélat fut préposé par lui au gouvernement des réfugiés français, avec mission de préparer les décisions que devait prendre la Commission et de veiller à leur exécution opportune. Le premier élu fut Lorenzo Caleppi (créé cardinal de la sainte Eglise romaine EN 1816) ; vinrent ensuite Giovanni Francesco Falzacappa (cardinal depuis 1823), Emanuele De Gregorio (secrétaire de la Sacrée Congrégation du Concile, puis cardinal à partir de 1816) et enfin Marcantonio Cattaneo. Mgr Lorenzo Caleppi rédigea les très utiles plans de l'hospitalité (Piani liell' ospitalità), que le Souverain Pontife approuva, en en ordonnant l'exécution par la Secrétairerie d'Etat et par la Congrégation, instituée alors, des affaires d'Etat du royaume sarde, occupé par les troupes françaises (De charitate, vol. XXIV et L ; Theiner, op. cit., préf. 21-28 ; P. Savio, op. cit., p. 22 s.). A cet effet, furent donnés d es ordres opportuns aux nonces du Saint-Siège à Turin et à Florence, afin que les exilés fussent divisés suivant un ordre établi, au fur et à mesure qu'ils arrivaient de France ; dans les cinq plus grandes villes de l'Etat pontifical, c'est-à-dire : Rome, Bologne, Ferrare, Perouse et Viterbe, furent organisés des bureaux de rassemblement. Les évêques et les gouverneurs recevaient, les premiers, de la Secrétairerie d'Etat, les lettres et dispositions, afin qu'ils les communiquent aux évêques de leurs districts et en assurent l'exécution.

Enorme fut la somme d'argent dépensée par le Saint-Siège, pour subvenir aux frais de cette hospitalité aux réfugiés français. « En effet, si l'on estime - affirmait Caleppi en 1793 - leur entretien annuel, l'un dans l'autre, à 12 écus seulement, on atteindra pour 2 000 la somme importante de 100 000 écus. Ce qui faisait dire plus tard à de nombreux émigrés que Pie VI avait payé à lui seul la dette contractée par le Saint-Siège envers Charlemagne. » (De charitate, vol. XXIV, f. 10.) On sait que près de 20 000 exilés furent ainsi hospitalisés à Rome et dans l'Etat pontifical durant treize années (Theiner, op. cit., 2, préf. 32). C'est pourquoi, à l'exemple de Clément XIII qui, quelques années auparavant, pour soulager la pauvreté des membres de la Compagnie de Jésus, lesquels chassés alors de nombreuses nations d'Europe, s'étaient réfugiés dans l'Etat pontifical, avait prélevé du plus secret dépôt de Castel S. Angelo une grande quantité d'écus (allocution au Consistoire du 5 avril 1764 : Bullarium démentis XIII, 1P 871 s. ; Buttarii Romani continuatio, partie II,








17. — Nous aimons aussi à évoquer la mémorable figure du bienheureux Vincenzo Pallotti, fondateur de la Société apostolique catholique, que Nous avons qualifié de « gloire et ornement du clergé romain », et qu'au seuil de l'Année jubilaire, Nous avons eu la joie d'inscrire parmi la magnifique phalange des bienheureux. En effet, rempli de zèle pour les âmes et Pasteur universel et de Père de tous les fidèles, Nous Nous sommes senti plus que tous les autres obligé de secourir sans retard ces pauvres exilés, qui ont cherché refuge dans Notre sein. Nous sommes fermement convaincu que l'on ne peut avec plus de justice et de libéralité distribuer des secours, en venant en aide à tous ceux qui, pour la cause du Christ, ont perdu tout leur avoir et qui, outrageusement et violemment chassés de leurs demeures, errent isolés, contraints de vivre comme des solitaires au milieu de gens inconnus. C'est pourquoi, dès les premiers signes de cette cruelle persécution. Nous avons ouvert Nos bras et Notre coeur aux Français, ecclésiastiques ou laïques, et les avons accueillis avec le plus grand amour et la plus large libéralité. Ils espéraient, ces malheureux exilés, pouvoir vivre, privés de tout, il est vrai, mais du moins en sûreté et tranquilles dans les lieux où ils s'étaient réfugiés ; mais l'avance soudaine des troupes françaises, spécialement en Savoie et dans la ville et le comté de Nice, les obligea à reprendre le chemin de la fuite dans des conditions encore plus misérables. Nous, cependant, persistant dans Notre oeuvre de charité, malgré les privations qui Nous angoissaient, Nous donnâmes des ordres pressants, afin que ces derniers exilés fussent reçus et secourus, non seulement à Rome, mais encore dans les provinces de Notre Etat. Et c'est précisément à cet effet que, par l'Encyclique du lo octobre dernier, Nous cherchâmes à stimuler Nos vénérables Frères les archevêques et évêques de l'Etat pontifical, afin que chacun d'eux, ensemble avec le clergé et les pieuses oeuvres des diocèses respectifs, prissent part à cette oeuvre de miséricorde et secondassent Nos paternelles initiatives. Il en résulte que Notre exemple fut jalousement et merveilleusement imité, non seulement par Nos vénérables Frères déjà rappelés, et par le clergé, tant séculier que régulier, mais encore par de très nombreux laïques de toute classe sociale, au point de porter à 2 ooo le nombre des nouveaux exilés accueillis jusqu'à présent par Nous, après l'invasion de la Savoie et de Nice. Nous savons que beaucoup d'autres ecclésiastiques de France, grâce à Notre très cher Fils dans le Christ, François, élu empereur des Romains, se sont réfugiés en Allemagne, pays auquel, certainement, il ne serait pas nécessaire de s'adresser, pour l'exhorter à porter secours et aide à ces exilés. Nous savons, en effet, ô chers vénérables Frères et chers Fils, que votre piété et votre charité l'emportent de beaucoup sur la très antique gloire de vos ancêtres, dont la réputation de douce et humaine hospitalité dure encore, car, à tous les étrangers, ils offraient spontanément un abri et ils rivalisaient de générosité à leur égard (Diodore, 1, 5, après Tacite, De moribus Cermanorum et Mêla, I. III).

Le Pape Pie VII, héritier du nom et émule des vertus de son Prédécesseur, à peine appelé au souverain pontificat, continua avec la même ardeur les oeuvres de charité envers les exilés, ainsi que le prouve la Lettre que, sur son ordre, écrivit à Venise, le 5 avril 1800, à Giovan Francesco Falzacappa, le célèbre Ercole Consalvi, alors préfet de l'Office des affaires ecclésiastiques publiques (De chántate, vol. XXII, f. 667 ; Theiner, op. cit., 2, n0 474, P' 631)' Mais déjà avant, le même Pontife, comme évêque d'Imola, s'était appliqué à répondre aux invitations de son Prédécesseur, concernant l'accueil et le soutien à réserver aux exilés français (De chántate, vol. XI, f. 366-380 et vol. XXI, f. 210 ; Theiner, op. cit., 2, nO 455-457, p. 608 s.). Ces oeuvres de charité envers ses fils émigrés, le Pontife les continua avec sollicitude jusqu'au jour où le Concordat, heureusement conclu entre le Saint-Siège et le gouvernement français, tous les exilés purent peu à peu retourner dans leur patrie (Theiner, op. cit., 2, pr XXIV). Mais cette oeuvre d'hospitalité ainsi que le dit Ca-leppi, « sera toujours mémorable dans les fastes de l'Eglise ». (De chántate, vol. XXIV, f. 10 et vol. L, au début.) désireux de raffermir dans la foi catholique les émigrés italiens en Angleterre, il envoya à Londres quelques-uns de ses compagnons, afin d'y exercer le ministère spirituel auprès de leurs compatriotes, et il demanda humblement au Pontife Pie IX, Notre prédécesseur, qui la lui accorda, la permission de recueillir des aumônes, afin d'ériger dans la ville même de Londres un temple sacré en l'honneur de saint Pierre, prince des apôtres, destiné spécialement aux émigrants italiens 12.

18. — Sur la fin de la première moitié du XIXe siècle, lorsque s'ouvrirent pour les besogneux des voies jusque-là inconnues vers la fortune et que des flots humains venant des régions de l'Europe, et particulièrement de l'Italie, déferlèrent en Amérique, l'Eglise catholique n'épargna ni ses peines ni ses fatigues, pour aider spirituellement les émigrants. S'inspirant, en effet, de l'amour qu'elle avait manifesté pour ses fils au cours des siècles, non seulement elle fut toute disposée à approuver de nouvelles méthodes d'apostolat, répondant mieux aux progrès des peuples, et aux circonstances nouvelles des temps, mais encore elles les introduisit avec un zèle vigilant, ayant la vue bien claire des risques que couraient la société, la morale et la religion.

* 19. — Ce soin vigilant a été d'autant plus allègrement prodigué par le Saint-Siège que les autorités publiques et les institutions privées semblaient regarder les événements avec plus d'incurie ; Nous en avons un clair témoignage dans les Actes de Notre prédécesseur Léon XIII, lequel, non seulement défendit énergiquement la dignité du travail humain, mais encore protégea de toutes ses forces les travailleurs qui cherchaient à gagner dans des pays étrangers de quoi assurer leur existence.

20. — En effet, vers la fin de la première année de son pontificat, le 9 juillet 1878, il approuva avec bienveillance la Société de Saint-RaphaëlI3, instituée par les évêques de l'Allemagne, pour venir en aide aux émigrants de cette nation. Avec le temps, ladite Société déploya fort utilement son activité dans les ports de départ et d'arrivée, même au profit d'émigrants d'autres nationalités, tels que Belges, Autrichiens et Italiens.

21. — Plus tard, en l'année 1887, par des Lettres apostoliques, il approuva comme utile et opportun le projet du serviteur de Dieu Giovanni Battista Scalabrini, alors évêque de Plaisance, « de fonder un Institut d'hommes, pleinement disposés à se rendre spécialement dans les contrées lointaines de l'Amérique, pour y exercer leur ministère sacré en faveur de très nombreux Italiens, établis là-bas, quand le besoin les a forcés d'abandonner leur patrie » 14. Après cela, avec le concours de prêtres dévoués et de prélats très clairvoyants, cet homme apostolique, proclamé par Nous on ne peut plus méritant de l'Eglise et de la patrie 15, fonda un collège de prêtres, « dans lequel — pour employer de nouveau les belles paroles de Léon XIII lui-même, dans la Lettre que Nous citerons plus loin, — des prêtres brûlant de la charité du Christ, se rassembleraient de toutes les régions de l'Italie, pour s'adonner aux études, s'exercer à remplir les fonctions et à suivre le genre de vie qui devait leur donner force et efficacité, pour être des ambassadeurs du Christ auprès des Italiens dispersés à l'étranger » ie. Et c'est ainsi que naquit la nouvelle Congrégation religieuse des Missionnaires de saint Charles pour les émigrants d'Italie, dont le serviteur de Dieu fut précisément reconnu comme fondateur.

1)3 S. Raphaels-Verein zum Schutze Katholischer Auswanderer, érigée canonique-ment à Mayence le 13 septembre 1871.
14 Léon XIII, Lettre apostolique sous l'anneau du Pêcheur, Libenter agnovimus, 25 novembre 1887.
15 Lettre decretale, par laquelle sont décernés les honneurs des autels à la bienheureuse Francesca Saveria Cabrini, fondatrice de l'Institut des Missionnaires du Sacré-Coeur de Jésus, Spiritus Domini, 7 juillet 1946, A. A. S., 39, 1946, p. 44.

22. — Il est utile aussi de rappeler la Lettre que Notre même immortel prédécesseur écrivit l'année suivante à l'épiscopat d'Amérique 16*, Lettre qui heureusement poussa à de multiples initiatives et à une admirable émulation d'efforts au profit des émigrants. Nombreux furent alors les prêtres, ainsi que les religieux et les religieuses, qui, en vue de venir en aide à leurs compatriotes à l'étranger, se rendirent de toutes parts en Amérique. C'est à cette époque, également, que se fondèrent des Sociétés et des patronats pour l'assistance de tous ceux qui partaient en groupe, de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Irlande, de l'Autriche, de la France, de la Suisse, de la Belgique, de la Hollande, de l'Espagne et du Portugal ; c'est alors aussi, que furent organisées les paroisses nationales.

23.— Sa sagesse et sa charité furent telles qu'il ne négligea pas l'émigration même temporaire limitée aux pays de l'Europe. Plus d'une lettre adressée par la Secrétairerie d'Etat aux Ordinaires d'Italie témoigne incontestablement de ce souci du Pontife romain

24. — Jérémie Bonomelli, évêque de Crémone, s'inspirant lui aussi des exhortations du Pape et poussé par le salut des âmes, fonda l'oeuvre d'assistance aux ouvriers italiens, émigrés dans les autres régions de l'Europe ; oeuvre qui donna naissance à de nombreuses institutions et à de florissants centres d'éducation civile et de bienfaisance ; et, en l'année 1900, des prêtres et des laïcs éminents s'unirent pour organiser de fructueuses « missions » en Suisse, en Autriche, en Allemagne et en France. Et pour qu'une si belle oeuvre ne pérît pas, après la mort de ce prélat, Benoît XV, Notre prédécesseur, confia le soin d'assister les Italiens émigrés en Europe à Ferdinando Rodolfi, évêque de Vicence 1B.

25. — Il ne sera pas inutile de faire mention ici des diverses institutions, créées pour l'entretien et l'éducation de petits garçons et de petites filles ; des hôpitaux et des autres oeuvres de bienfaisance fondés utilement pour les fidèles de langues et d'origines diverses, chaque jour plus florissants et plus prospères. Dans cet apostolat brilla plus que d'autres, telle une étoile, sainte Françoise-Xavier Cabrini qui, conseillée et encouragée par le serviteur de Dieu, Jean-Baptiste Scalabrini, et soutenue par l'autorité du Pape Léon XIII d'heureuse mémoire, tourna ses regards, non pas vers l'Orient, mais, plutôt, vers l'Occident et décida de se rendre dans les contrées de l'Amérique septentrionale 10 où elle persévéra dans ses entreprises avec une telle ardeur et une telle charité qu'elle y recueillit de très copieux fruits, au point que son incomparable dévouement et ses admirables labeurs au service des Italiens lui méritèrent le titre de « mère des émigrés italiens » 20.

* 26. — Cependant, l'organisation des oeuvres catholiques pour les émigrants en Europe, en Orient et en Amérique, est attribuée à juste titre au bienheureux Pie X, Notre prédécesseur. Déjà comme curé de Salzano il avait assisté ses chers fidèles qui émigraient, il leur assurait un voyage sans danger et uh lieu de résidence sûr. Une fois appelé au souverain pontificat, il s'occupa avec une sollicitude particulière des brebis dispersées du troupeau catholique et prit d'intéressantes décisions concernant l'émigration.

27. — L'ardeur avec laquelle ce saint pontife a aimé les fidèles émigrés jusque dans les plus lointaines contrées de l'Amérique tant méridionale que septentrionale, et la joie qui inonda son coeur en apprenant le zèle que montraient les évêques et les prêtres envers eux, sont clairement manifestées par la Lettre qu'il envoya, le 26 février 1904, à l'archevêque de New-York. Dans cette Lettre, entre autres choses, il louait et approuvait pleinement les dispositions prises par ce prélat au profit des Italiens, afin que, protégés contre tout danger, les émigrants restassent fidèles à la religion de leurs pères et afin que s'ouvrît un Séminaire de clercs provenant de cette communauté d'Italiens 21. La même chose est attestée par le discours qu'il adressa aux pèlerins de l'Argentine22 et par les Lettres qu'il envoya, soit à l'épiscopat brésilien2S, soit au Supérieur général des Missionnaires de Saint-Charles 24, soit au directeur de la Pieuse Association Antonienne Universelle et au recteur de la Société catholique pour les immigrants, fondée depuis peu au Canada Z5.

28. — Puis, afin d'assurer l'assistance spirituelle convenable aux émigrants, aussi bien durant le voyage que dans les ports de débarquement, ou encore là où ils s'étaient enfin établis dans leur patrie adoptive, dès l'année 1905 fut constituée avec l'approbation du Souverain Pontife la Société des Missionnaires de Saint-Antoine de Padoue2*.

29.— Cependant, pour l'Italie, il y a lieu surtout de rappeler les règles données par la Secrétairerie d'Etat à tout son épisco-pat La Sacrée Congrégation Consistoriale, minutieusement renseignée sur les conditions de vie aux pays d'émigration et d'immigration, par les Ordinaires auxquels elle s'était adressée 28, exécuta promptement l'ordre du Souverain Pontife, en réorganisant opportunément les organismes existant déjà pour les émigrants, en en suscitant de nouveaux exigés par les circonstances, et en recommandant aux Ordinaires l'institution de Comités et de patronats 29.

30. — Mais dans son extrême sollicitude, il ne se contenta pas d'assurer le bien des émigrés par les seuls moyens spirituels. Informé, en effet, que certains émigrés s'étant rendus d'Europe dans les plus lointaines contrées, en présence des conditions assez difficiles de situation et de lieu dans lesquelles ils se trouvaient, avaient osé contracter mariage sans les formalités requises, bien plus, sans même avoir essayé de les remplir, le Souverain Pontife, désireux que fût évitée toute inobservance des lois matrimoniales établies pour empêcher des maux très regrettables, ordonna que la Sacrée Congrégation de la Discipline des sacrements promulguât une Instruction opportune sur la preuve de l'état libre et sur la rupture du mariage 30, instruction qui fut publiée à nouveau quelques années après par la même Congrégation31 en y ajoutant de précieuses normes au profit des émigrants qui voudraient contracter mariage même par procuration 32.

31. — Sous le gouvernement de ce grand Pontife, des directives opportunes furent promulguées, concernant les clercs et les fidèles de rite ruthène résidant aux Etats-Unis d'Amérique et il leur fut assigné un évêque propre 33. A l'évêque de rite ruthène fut confiée aussi l'administration des fidèles de même rite résidant au Canada 34 ; toujours sous le même pontificat, à Toronto, ville du Canada, fut fondée une Société pour l'extension de l'Eglise catholique et l'on se félicita grandement des fruits abondants qui en résultèrent pour la défense, contre les embûches des hérétiques, des catholiques ruthènes, épars dans les territoires occidentaux du Nord 35 ; les règles disciplinaires concernant les relations entre l'épiscopat canadien et l'évêque des Ruthènes de cette région et aussi entre les deux clergés et les fidèles furent fixées 36 ; enfin, dans la ville de Rome, il fut fait don à l'épiscopat catholique roumain de la province ecclésiastique de Fagaras et d'Alba Julia, de l'église du Très Saint Sacrement, située via délie Coppelle, avec une habitation annexe

32. — Mais parmi tout ce qui a été fait pour les émigrés la première place revient assurément à l'Office spécial de l'émigration, établi pour le soin spirituel des émigrés auprès de la Congrégation Consistoriale. « Son but — suivant les paroles du bienheureux Pie X — est de chercher et d'organiser tout ce qui est nécessaire pour améliorer dans les choses qui ont trait au salut des âmes, la condition des émigrants de rite latin, tout en sauvegardant les droits de la Sacrée Congrégation de la Propagation de la Foi pour les émigrants de rite oriental, au bien spirituel desquels cette même Congrégation doit pourvoir d'une façon opportune selon sa compétence. Est réservée cependant uniquement à cet Office spécial de l'émigration le soin des prêtres émigrants eux-mêmes.38 »

33. — On ne pouvait non plus négliger l'établissement d'une discipline pour les prêtres émigrants. Le Saint-Siège s'était depuis longtemps intéressé à eux, par l'intermédiaire de la Sacrée Congrégation du Concile39 ; comme, aussi par l'intermédiaire de la Sacrée Congrégation de la Propagation de la Foi, quand il s'agissait des clercs de rite oriental40, et également par celui de la Sacrée Congrégation Consistoriale elle-même 41. Mais, comme parmi les clercs qui traversaient les mers il pouvait s'en trouver qui fussent attirés plus par l'envie de faire fortune que par le zèle des âmes, la même Sacrée Congrégation Consistoriale prit des mesures opportunes — qui concernaient aussi les prêtres « donnant leur ministère aux paysans et aux autres ouvriers » 42, — afin d'écarter les abus susceptibles de se produire, en établissant aussi des sanctions contre les transgresseurs. Ces règles harmonisées par un autre décret de la Consistoriale avec le Code de droit canonique 43, publié depuis peu de temps, sont encore aujourd'hui utilement en vigueur. Avec les années, d'autres règles y furent ajoutées par les Sacrées Congrégations pour l'Eglise orientale44 et de la Propagation de la Foi45, suivant leurs compétences respectives.

34- — Au même Souverain Pontife remontent les débuts du collège urbain des prêtres pour les émigrants italiens à l'étranger 46, fondé pour préparer de jeunes prêtres du clergé séculier, par un programme spécial d'études, à devenir aptes au ministère sacré particulier auprès des émigrés. Afin que leur nombre fût en rapport avec les besoins existants, on demandait aux évêques, à ceux-là tout d'abord qui disposaient d'un clergé plus nombreux, « d'envoyer à cet Institut ceux parmi leurs prêtres ou leurs clercs qu'ils trouveraient aptes 47 » ; enfin, dans les derniers temps de son pontificat, le bienheureux Pontife, qui, angoissé par la déclaration de guerre, ne devait pas tarder à recevoir la récompense céleste, en père très affectueux rédigea lui-même le statut du Collège et ordonna qu'il soit publié par la Sacrée Congrégation Consistoriale.

? 33. — Suivant les traces de son prédécesseur et continuant de toute son âme sa sollicitude envers les émigrants, recueillie par lui comme un héritage, le Souverain Pontife Benoît XV, à peine élevé sur la chaire de saint Pierre, assigna au Collège, nommé ci-dessus, le palais de l'Apollinaire48, et lorsque le Saint-Siège, s'efforçant de venir au secours des régions dévastées par la guerre et des désastres qu'elle avait causés au genre humain, se vit impuissant à pourvoir seul aux besoins du Collège, la Sacrée Congrégation Consistoriale ne dédaigna pas de solliciter auprès des Ordinaires d'Italie et de l'Amérique l'argent nécessaire pour le maintenir 49.

36. — Puis, afin de secourir les oeuvres catholiques qui s'occupaient activement du soin spirituel des émigrés italiens, cette même Sacrée Congrégation exhorta, tout d'abord, les Ordinaires d'Italie à fixer d'une façon stable un jour de l'année où l'on ferait la quête pour ces oeuvres50, mais, ensuite, elle ordonna que chaque curé célébrât, tous les ans, au lieu de la messe pour le peuple, une messe aux intentions du Souverain Pontife, en destinant à ces oeuvres les honoraires de la messe dite Tout le monde sait, spécialement les émigrants et les missionnaires, que cet argent est intégralement versé pour venir en aide aux institutions qui, soit sous l'autorité de la Sacrée Congrégation Consistoriale, soit sous la direction de missionnaires, de religieux et de religieuses, ont été créées à l'étranger, en vue de fournir une aide opportune et sûre aux émigrants « dont la foi catholique et les moeurs chrétiennes courent souvent des dangers dont le nombre et la gravité sont incroyables » 52.

37. — Le même Pontife proposa aux Ordinaires de la Calabre de constituer des patronats ecclésiastiques en faveur des émigrants italiens 53.

38. — Il recommanda instamment à l'archevêque de San Paolo et aux autres évêques du Brésil en « sollicitant à cet effet le concours des bons prêtres indigènes », de veiller à ce que les ouvriers étrangers accourus d'Europe dans leur pays, pour y faire fortune ou poussés par le besoin, ne perdissent pas, une fois en dehors de leur patrie, les moeurs chrétiennes de leurs pères 5i. Il recommanda la même chose à l'évêque de Trenton, en le félicitant de l'empressement qu'il avait apporté à cette oeuvre : en effet, à peine une nouvelle colonie italienne s'était-elle établie à Trenton, que furent construites pour elle une église et des maisons près de l'église : si bien que le Souverain Pontife exprima le voeu ardent que partout aux Etats-Unis d'Amérique les Italiens émigrés puissent trouver la même assistance de charité chrétienne 55.

39. — Notre même prédécesseur Benoît XV s'intéressa aussi aux Italiens qui, déjà à cette époque, quittaient leur foyer domestique pour une émigration temporaire dans les diverses régions de la péninsule, ainsi que le pratiquent actuellement les femmes qui travaillent dans les rizières 56.

40.— Il décida excellemment, dans la suite, la nomination d'un prélat qui, pourvu des pouvoirs nécessaires et libre des soucis diocésains, eût toute facilité pour se consacrer tout entier au bien spirituel des émigrants italiens. C'est pourquoi, en 1020, il institua la fonction de prélat pour l'émigration italienne57. Il appartiendrait exclusivement à ce dernier de choisir des missionnaires destinés à cette activité, de les assister, de les contrôler, et de diriger le Collège des prêtres affectés à l'assistance morale et religieuse des émigrés italiens à l'étranger. L'année suivante, afin que ce même Collège se développât plus facilement, il le pourvut de nouveaux statuts, en harmonie avec les besoins des temps et des circonstances ss.

41. — Profondément ému par les privations dont souffraient cruellement d'innombrables hommes réduits en captivité durant l'épouvantable guerre mondiale, le Pape Benoît XV ordonna aux évêques des diocèses dans lesquels vivaient ces prisonniers de désigner sans retard un prêtre, ou même plusieurs si besoin en était, suffisamment au courant de leur langue, pour leur prêter assistance : « Que les prêtres désignés à cet effet ne négligent rien de ce qui concerne l'utilité, soit de l'âme, soit du corps, soit de la vie des prisonniers ; qu'ils les consolent, les aident, les assistent dans leurs divers besoins parfois très douloureux 59. »

42. — Toujours durant la guerre, afin de pourvoir au bien spirituel des réfugiés en Italie, il nomma un Ordinaire spécial pour eux 60.

43. — Il n'oublia pas les très grands dangers de perversion que pouvaient courir de très nombreux Allemands, dont un grand nombre étaient catholiques qui, éprouvés alors par des malheurs innombrables, se voyaient contraints de quitter leurs maisons, pour chercher ailleurs de quoi vivre. C'est pourquoi la Sacrée Congrégation Consistoriale exhorta les évêques, non seulement de l'Allemagne mais encore de l'Europe centrale, à examiner attentivement et à prescrire, après en avoir discuté dans leurs réunions ou conférences episcopales, les mesures nécessaires pour subvenir à temps et rapidement à tant de besoins. En même temps, il appelait leur attention sur l'opportunité de renforcer l'activité de l'Association Saint-Raphaël qui, avant la guerre, avait apporté une aide considérable aux voyageurs de toute sorte et aussi de mettre en oeuvre les secours conseillés par la prudence et par la charité Plus tard, en 1921, l'archevêque de Cologne fut nommé protecteur de la bien méritante oeuvre — fondée depuis 1904, — pour l'assistance religieuse des catholiques de langue allemande demeurant en Italie62. Dans les années suivantes, cette oeuvre se chargea aussi de l'assistance spirituelle des émigrés allemands, soit de l'Europe occidentale 63, soit, par la désignation de l'évêque d'Osnabruck comme second protecteur, de ceux de l'Europe orientale et des pays en dehors de l'Europe 64.

44. — Lorsque un certain nombre d'évêques, de prêtres, de religieux et de religieuses et beaucoup de fidèles, injustement chassés du Mexique, leur patrie, par suite de la recrudescence de la guerre civile mexicaine, se réfugièrent aux Etats-Unis

d'Amérique, pour y chercher un abri sûr, il les recommanda chaudement à la charité des catholiques de ces Etats, en écrivant, d'abord, à l'évêque de Saint-Antoine65 puis à l'archevêque de Baltimore aux frais duquel les jeunes gens pauvres destinés au sacerdoce avaient été recueillis dans un Séminaire, « ce qui, disait le Pontife, Nous a causé une très grande satisfaction » M.

45. — Rappelons encore ce que le même Pontife fit si sagement pour les fidèles des rites orientaux : le fort développement donné à l'assistance spirituelle des fidèles de rite grec-ruthène émigrés en Amérique méridionale 87, la fondation d'un Séminaire pour les enfants italo-grecs au monastère de Grottaferrata 68 et l'érection du diocèse de Lungro pour les fidèles de même rite qui habitaient jadis en Epire et en Albanie, mais qui, fuyant par groupes la domination turque, s'étaient arrêtés en Italie et établis définitivement en Calabre et en Sicile °9.

46. — Nous ne pensons pas qu'il soit hors de propos de rappeler le décret de la Sacrée Congrégation des Rites, qui a proclamé la Madone de Lorette, patronne céleste de ceux qui voyagent par air, afin que « ceux qui se confient à la protection de la bienheureuse Vierge parviennent au but, sains et saufs » 70. Et Nous-même, dans la suite, afin que les fidèles aient la facilité de se confesser durant les voyages aériens, Nous avons décrété que les prescriptions contenues dans le canon 883 du Code de droit canonique, concernant le pouvoir pour les prêtres d'entendre les confessions durant les voyages par mer, s'appliquassent et s'étendissent aussi aux prêtres qui voyagent par air 71.

? 47. — Notre très aimé prédécesseur Pie XI ne souffrit pas qu'un retard quelconque empêchât le si important et si heureux développement des oeuvres de l'émigration. D'innombrables émi-grants et réfugiés d'Amérique et d'Europe bénéficièrent largement des témoignages de l'universelle paternité du Souverain Pontife. Quant à Nous, parmi tant de faits, Nous en rappellerons seulement les plus importants, en commençant par ceux qui concernent les populations d'Orient.

48. — Dans sa première année de pontificat, au moment où les massacres d'Arménie firent déplorer le sort de nombreux et très fidèles catholiques, ou tués ou errants loin de leur patrie, il soulagea généreusement ces fils malheureux et privés de tout ; surtout il hospitalisa paternellement dans une partie de son palais de Castel Gandolfo, en particulier des fillettes débiles et orphelines, auxquelles il assura avec sollicitude la subsistance par ses propres moyens 72.

49. — En 1923, il confia à la Commission pour la Russie les questions et les affaires relatives aux Russes exilés de leur patrie 73, puis, il confia à un organisme spécial, créé près la Sacrée Congrégation de l'Eglise orientale, la charge de ceux qui étaient de rite slave, en quelque partie du monde qu'ils habitassent74. Il érigea un Ordinariat à Harbin, en Chine, et il mit à sa tête un prêtre de rite bizantin-slave, lequel, en qualité d'Ordinaire de Harbin pour les Russes, devait diriger et gouverner au point de vue spirituel tous les clercs et les fidèles de son rite habitant en Chine 75. Suivant les traces de ses prédécesseurs, qui avaient déjà pourvu les Arméniens, les Syriens, les Maronites, les Grecs, les Ruthènes et les Roumains d'une église de leur rite à Rome, il assigna aux fidèles de rite slave, domiciliés ou de passage à Rome, l'église Saint-Antoine ermite, sur l'Esquilin, afin qu'ils puissent y honorer Dieu suivant les coutumes ancestrales approuvées 78 et dans le bâtiment contigu à cette église — lui-même le fit construire — il établit le Séminaire russe T7. Par la parole, l'exemple, les dons en argent spontanément offerts, en même temps en suscitant la libéralité des évêques et des fidèles polonais 78, il vint en aide à plusieurs reprises aux réfugiés des régions de l'Europe orientale, de quelque région ou religion qu'ils fussent.

50. — Il s'appliqua à promouvoir le bien spirituel des communautés de rite byzantin qui, immigrées depuis longtemps en Italie sous la pression des persécutions, y demeuraient encore tout entières. A cet effet, il érigea en détachant les paroisses byzantines des archidiocèses de Palerme et de Monreale le nouveau diocèse ou éparchie de Piana dei Greci78 ; il établit des règles très opportunes pour l'administration spirituelle des Ordi-nariats des Grecs ruthènes aux Etats-Unis d'Amérique80 et au Canada 81.

51. — Comme marque de particulière bienveillance envers les Polonais, il honora d'abord du titre et des honneurs de basilique mineure l'église de Saint-Josaphat, évêque et martyr, située dans la ville de Milwaukee ; à cette basilique est rattaché aussi le ministère spirituel pour les fidèles de langue polonaise 82, puis, en 1931, il donna comme protecteur à tous les Polonais émigrés l'archevêque de Gniezno 83.

52. — Lorsque, en 1924, à l'instar de la Pieuse Union des Missionnaires de Saint-Charles pour les émigrés italiens à l'étranger, fut entreprise dans la ville de Godesberg, pour les catholiques allemands émigrés la fondation d'un institut religieux, il loua comme elle le méritait cette opportune et prometteuse initiative et donna ensuite à cette institution, une fois atteint le développement désiré, le beau titre de Société des Saints-Anges.

53. — Les évêques, prêtres, religieux et fidèles réfugiés d'Espagne, lors de la criminelle et terrible persécution antireligieuse, furent par lui humainement accueillis et amplement consolés par des paroles toutes pleines de tendresse 84.

54. — De peur que les Mexicains émigrés à l'étranger ne devinssent la proie des ennemis du Christ et ne perdissent les moeurs chrétiennes de leurs pères, il exhorta les évêques de cette nation à conférer à ce sujet avec leurs confrères de l'épiscopat des Etats-Unis d'Amérique, en faisant appel à cette fin à la collaboration des Associations d'Action Catholique 85.

53. — Il y a lieu, ici, d'évoquer comme il se doit l'amour zélé que le même Souverain Pontife montra à l'égard des Noirs dispersés dans le monde : en est un manifeste témoignage la lettre envoyée le 5 avril 1923 au Supérieur général de la Société du Verbe-Divin, dans laquelle il formait des voeux de prospérité pour le Séminaire pour les Noirs qu'on devait inaugurer incessamment et affirmait que c'était une très utile résolution que celle d'accueillir dans la Société du Verbe-Divin les Noirs qui paraîtraient appelés à la vie religieuse, afin qu'une fois prêtres ils exerçassent ainsi beaucoup plus efficacement le ministère religieux parmi leurs frères de même race 88.

56. — En ce qui concerne les Italiens : les aumôniers de bord, appartenant jusqu'alors à la Société des Missionnaires de Saint-Antoine de Padoue, furent placés par Pie XI, le 26 février 1923, sous la dépendance directe du Président du Collège des prêtres pour les Italiens émigrés à l'étranger, et plus tard, il voulut que la Sacrée Congrégation Consistoriale pourvût à leur formation par d'utiles lois87, pareillement, il confia à un seul directeur, élu et député par la Sacrée Congrégation Consistoriale elle-même, tous les prêtres déjà consacrés à l'oeuvre d'assistance des Italiens émigrés à l'étranger 88 ; et pour que les émigrants italiens puissent plus sûrement être reconnus dans les lieux d'immigration et plus facilement entrer en relation avec des catholiques, il ordonna qu'avant de partir de leur patrie, ils fussent munis d'un certificat (ou tessera) émanant de l'autorité ecclésiastique 8*.

57. — En outre, il confia le gouvernement de la Pieuse Association des Missionnaires de Saint-Charles à la Sacrée Congrégation Consistoriale, disposition qui devait assurer à cette Association de très nombreux avantages ; en effet, grâce à l'action de Notre très aimé cardinal Raffaele Rossi, secrétaire de la Congrégation Consistoriale elle-même 90 — qui est à bon droit considéré par les Missionnaires eux-mêmes comme un second fondateur, — les Constitutions de la Pieuse Société furent mises en harmonie avec le Code de droit canonique et puis approuvées 91 ; la Société, par l'émission des voeux, fut ramenée à son état religieux primitif ; un grand nombre de nouvelles maisons furent ouvertes spécialement pour la formation des clercs ; on érigea plusieurs provinces religieuses et missions sui juris ; d'où il résulta un accroissement du nombre des sujets et une rapide extension du champ de travail en Amérique, en Europe et, en ces derniers temps, en Australie, de sorte qu'on peut concevoir une ferme espérance que les Italiens émigrants bénéficieront à l'avenir d'une assistance spirituelle plus sûre et plus stable.

58. — Enfin, ce Pontife magnanime voulut honorer de sa
bienveillance, puis le 17 avril 1922 enrichir de l'approbation du
Siège apostolique, l'oeuvre de l'Apostolat de la mer, commencée
à Glasgow, en Ecosse, en 1920, pour le bien spirituel, moral et
social des marins ; oeuvre que Nous-même, par une décision
du 30 mai 1942, Nous fûmes heureux de placer sous la dépen-
dance bienfaisante de la Sacrée Congrégation Consistoriale,
alors que, après de nombreux Congrès et les recommandations
des évêques, elle se fut beaucoup développée et répandue 92.

? 59. — Pour en venir à Notre Pontificat, Nous n'avons pas autre chose à faire que de rappeler ce que l'Eglise a accompli en ces tout derniers temps.

60. — Dans les premiers jours de Notre élévation au Siège romain, on voyait apparaître, comme on sait, chaque jour avec plus de hardiesse et de brutalité, la recherche immodérée de l'extension des frontières nationales, la prédominance effrontée de la race, l'envie effrénée d'occuper les terres d'autrui fondée, à la vérité, sur la force, non sur le droit ; d'où, les cruelles et impies déportations de multitudes et le déracinement forcé des peuples : nouveaux crimes dépassant de beaucoup les délits anciens.

61. — Et voilà que bientôt sur cet état de choses s'appesantit le nuage des maux les plus redoutables, à savoir la plus désastreuse des guerres. Alors, sans aucun retard, Nous avons entrepris Notre oeuvre de charité et de paix.

62. — Faisant tous les efforts possibles en exhortant, en suppliant, en intercédant, en intervenant directement auprès des chefs d'Etat, Nous Nous sommes efforcé d'empêcher l'affreuse guerre83 ; quand elle eut éclaté et se mit à sévir d'une façon très dangereuse, Nous avons cherché de toutes nos forces, soit par des paroles, soit par des actes à l'adoucir et à la modérer.

63. — Dans ces douloureuses circonstances, l'Eglise, telle une mère universelle, ne manqua pas de répondre à ce qu'on attendait d'elle ni aux obligations de son mandat : « et présidant à la société universelle d'amour » 84, elle devint, selon sa coutume, un réconfort pour les affligés, un refuge pour les persécutés, une patrie pour les exilés.

64. — Malgré les énormes et inextricables difficultés des temps, Nous ne négligeâmes pas de tout tenter pour apporter une aide à Nos fils en pleurs, de quelque condition ou nation qu'ils fussent ; Nous secourûmes aussi de toutes Nos forces les exilés israélites, objets d'une dure persécution 85.

65. — Mais parmi toutes les oeuvres de charité, dues à Notre initiative, encouragées ou recommandées par Nous pour remédier à d'innombrables et inimaginables misères et tribulations causées par la guerre, dont tout le monde, peut-on dire, fut victime, Nous Nous préoccupâmes, avant tout autre, des prisonniers, des réfugiés, des exilés et de tous Nos autres fils qui, pour un motif quelconque, se trouvaient isolés loin de leur patrie, spécialement des jeunes et pauvres enfants orphelins. Mais étant donné que cette action est connue de tous et historiquement prouvée par des documents, il n'y a pas lieu de Nous y attarder, il suffira de rappeler certains faits.

66. — A l'exemple de Notre Prédécesseur Benoît XV, que Nous eûmes la bonne fortune de seconder dans sa fervente charité durant la première guerre mondiale, à peine la seconde avait-elle éclaté, que Nous érigeâmes auprès de Notre Secrétai-rerie d'Etat un Office spécial pour porter secours à tous les nécessiteux et malheureux de toutes les parties du monde 8IÎ, et Nous créâmes, pour toute la durée du conflit, un autre Office pour la recherche des prisonniers et pour l'envoi et la réception de nouvelles les concernant91, comme aussi plusieurs autres Commissions. Parmi ces dernières, Nous croyons digne d'une mention spéciale la Commission pour les sinistrés de guerre, pour les réfugiés et pour l'assistance aux prisonniers 98, remplacée dans la suite par la Commission pontificale d'assistance pour tous les malheureux S9. Et ici, méritent d'être rappelées également les diverses missions envoyées en Allemagne et en Autriche, sur l'initiative de Notre Secrétairerie d'Etat elle-même, ayant pour objectif principal de s'occuper du sort des réfugiés et des personnes déplacées 10°.

67. — Puis, lorsque la paix étant, au moins en partie rétablie, s'avéra, chaque jour plus impérieuse, la nécessité de subvenir aux besoins de la multitude de réfugiés, dont beaucoup se voyaient interdire le retour dans leur propre maison, et lorsque de nombreux habitants de certaines nations trop peuplées, accablés par la misère, souhaitèrent s'en aller à l'étranger, Nous décidâmes de créer, toujours auprès de Notre Secrétairerie d'Etat, un Office de l'Emigration, comportant deux sections : la première pour l'émigration libre, l'autre pour l'émigration forcée 101 ; Nous députâmes un ecclésiastique auprès de l'Office de l'Emigration établi à Genève, en le chargeant d'assister aux Congrès internationaux qui y seraient organisés ; et récemment, Nous approuvâmes une Commission catholique internationale pour l'Emigration, dont le but est d'unir et de rassembler les forces des associations et comités catholiques qui existent dans le monde, de favoriser, de renforcer et de coordonner leurs propositions et leurs entreprises en faveur des émigrants et des réfugiés 102.

68. — Il ne faut pas non plus passer sous silence comment, par Nos nonces, Nos délégués et autres ecclésiastiques 103, envoyés spécialement à cet effet, ont été organisés presque dans chaque nation, bien plus, dans chaque diocèse, des Comités et des Commissions pour les réfugiés nécessiteux et pour les émigrants104, à la vérité avec l'appui, soit des Ordinaires locaux, soit des prêtres, soit de fidèles sûrs, soit de membres de l'Action Catholique et d'autres Associations d'apostolat105, dont la diligente activité, que Nous sommes heureux de louer, a produit, ainsi que Nous le voyons, beaucoup de résultats bienfaisants qui seront, on l'espère, d'une grande utilité pour la protection des émigrants et des réfugiés.

69. — La guerre qui éclata en 1948, en Palestine, occasionna de nouvelles causes de douleurs et de deuils ; des réfugiés sans nombre, éprouvés par d'indicibles souffrances, furent contraints d'abandonner leurs biens et de circuler ici et là dans le Liban, en Syrie, en Jordanie, en Egypte et dans le territoire de Gaza, offrant, riches et pauvres, fidèles et infidèles, tous réunis dans les mêmes communes calamités, un horrible et lamentable spectacle.

70. — Aussitôt, suivant Nos possibilités, Nous leur apportâmes les secours que l'Eglise catholique a toujours fournis aux malheureux et aux abandonnés. A cette fin, Nous avons établi Notre Mission pour la Palestine 106, qui pourvoit encore présentement aux besoins des réfugiés arabes, au moyen de sommes recueillies parmi les catholiques de toutes les parties du monde, ainsi que cela se pratiquait dans les temps apostoliques 107, mais spécialement par l'intermédiaire de l'association particulière fondée par l'assemblée générale de l'épiscopat des Etats-Unis d'Amérique 108.

71- — Nous n'avons épargné aucun effort pour obtenir que tout le monde se prît d'affection pour les exilés et les réfugiés, comme envers des frères plus nécessiteux ; à maintes reprises, en effet, Nous avons exposé leur vie misérable, défendu leurs droits et bien souvent sollicité pour eux la charité de tous les hommes, mais spécialement des catholiques, soit par messages radiophoniques109, soit dans les allocutions et dans les discours de circonstance110, soit dans les Lettres envoyées par Nous aux archevêques et aux évêques m.

72- — Ainsi, par exemple, Nous avons écrit au vénérable épiscopat d'Allemagne : « Dans les circonstances actuelles, ce qui semble le plus encourager et stimuler votre charité et celle de votre clergé c'est de voir combien il est nécessaire de secourir par tous les moyens et ressources de votre ministère aussi bien les réfugiés de vos régions dispersés dans la diaspora que les réfugiés étrangers qui, privés souvent de tout avoir et de domicile, sont contraints de traîner leur existence dans la plus affreuse misère, entassés souvent dans des campements hors des villes. Que les bons Allemands, et spécialement les membres du clergé et les membres de l'Action Catholique, tournent leurs yeux et leurs coeurs vers ces frères très éprouvés et ne négligent pas l'accomplissement de tous les devoirs de religion et de charité 112. »

73. — De même, dans l'Encyclique Redemptoris Nostri, traitant des Lieux Saints de la Palestine, Nous avons exprimé toute la peine amère de Notre coeur : « Parviennent aussi jusqu'à Nous les appels angoissés de très nombreux réfugiés de tout âge et de toute condition, qui ont été refoulés, par cette désastreuse guerre, dans des régions étrangères où, dans des camps de surveillance, ils mènent une vie d'exilés, exposés à la misère, aux maladies contagieuses et à toutes sortes de dangers. Nous n'ignorons pas tout ce qu'ont généreusement accompli les organismes publics aussi bien que les citoyens privés, pour adoucir le sort de cette multitude si malheureuse ; et Nous-même, continuant les oeuvres charitables que Nous avons entreprises dès le début de Notre pontificat, Nous avons fait tout ce qui était en Notre pouvoir, en vue de subvenir aux besoins les plus urgents de cette foule de malheureux. Cependant, la situation de ces exilés est si incertaine et si précaire, qu'elle ne peut se prolonger plus longtemps. Aussi, en même temps que Nous exhortons et encourageons tous ceux qui ont de grands et nobles coeurs à aider de toutes leurs forces ces expatriés, en proie au chagrin et à la misère, Nous adressons également un pressant appel à ceux qui en ont la responsabilité, pour que justice soit rendue à tous ceux qui, chassés loin de leurs foyers par le tourbillon de la guerre, ne désirent rien tant que de mener à nouveau une vie paisible 113. »

74. — Nous avons, ensuite, manifesté toute Notre reconnaissance à Nos très chers confrères dans l'épiscopat, ainsi qu'aux prêtres, aux civils de tout ordre, aux autorités publiques et aux institutions actives qui, de la manière la plus diverse, par l'action et par le conseil, sont venus en aide aux réfugiés et aux émigrés 114. Entre autres, il est opportun de rappeler ici la Lettre que Nous avons été heureux d'envoyer au président de l'Assemblée générale des évêques des Etats-Unis d'Amérique [National Catholic Welfare Conférence]115, comme aussi les félicitations écrites de Notre propre main que Nous avons envoyées à l'épis-copat de l'Australie, à l'occasion des fêtes du cinquantenaire de cette Confédération U6.

75- Nous avons, en outre, insisté auprès des chefs d'Etat, des présidents de diverses organisations, de tous les hommes honnêtes et courageux, en les invitant à examiner attentivement et à résoudre le très grave problème des réfugiés et des émigrants 117, à considérer quelles lourdes charges tous les peuples doivent supporter à cause de la guerre et par quels moyens il est possible de remédier à tant de maux ; enfin, à penser combien cela serait avantageux pour l'humanité si, dans l'union des volontés et des moyens, ils apportaient rapidement et efficacement du soulagement à tant de nécessités des plus urgentes des malheureux, en harmonisant les exigences de la justice avec les motifs de la charité. « En effet, à de nombreuses injustices qui s'avèrent dans les rapports sociaux, la charité peut apporter quelque remède ; mais cela ne suffit pas. Il faut, tout d'abord, que la justice soit en vigueur, qu'elle gouverne et soit véritablement pratiquée "8. »






76. — Pareillement, dès les premiers jours de Notre charge
apostolique, Nous tournâmes souvent Nos regards vers tous
Nos fils émigrants, rempli de la plus grande sollicitude pour
leur salut temporel et éternel n9.

77. — C'est pourquoi, à l'occasion du 50e anniversaire de
l'Encyclique Rerum Novarum, le jour de la Pentecôte, 1er juin
1941, Nous parlâmes du droit de migration fondé sur la nature
de la terre elle-même habitée par les hommes. Il Nous plaît
de reproduire une partie de ce discours... « Notre planète, avec
ses immenses océans, ses mers et ses lacs, avec ses montagnes
et ses plateaux couverts de neige et de glaces éternelles, avec
ses grands déserts et ses terres inhospitalières et stériles, ne
manque pas cependant de régions et de lieux propres à la vie,
abandonnés au caprice d'une végétation spontanée, alors qu'ils
s'adapteraient au travail des hommes, à leurs besoins, et aux
activités de la civilisation, et plus d'une fois, il est inévitable
que certaines familles, émigrant d'ici ou de là, cherchent ailleurs
une nouvelle patrie. Alors, selon l'enseignement de Rerum No-
varum, joue le droit de la famille à un espace vital.

78. — S'il en est ainsi, l'émigration atteindra le but que lui
assigne la nature et que l'expérience confirme ; c'est-à-dire, qu'il
y aura sur toute la surface de la terre qui a été créée par Dieu
pour l'utilité de tous, une plus juste répartition des hommes,
adaptée aux colonies agricoles. Si les deux côtés, et ceux qui
permettent de quitter le sol natal et ceux qui reçoivent les
nouveaux venus, ont et continuent à avoir le souci loyal d'éli-
miner tout ce qui pourrait empêcher la naissance et le dévelop-
pement d'une vraie confiance entre le pays d'émigration et le
pays d'immigration, tous tireront avantage d'un tel changement
de lieux et de personnes, les familles recevront une terre qui
sera pour elles terre paternelle, patrie dans le vrai sens du mot ;
les terres à population dense seront soulagées et leurs peuples
se créeront de nouveaux amis en territoire étranger ; les Etats,
enfin, qui accueillent les émigrants, s'enrichiront de citoyens

HO Lettre chirographe du 3 mars 1949 : « A Nos chers Fils que les vicissitudes de la vie conduisent sous d'autres cieux, à la recherche du travail et du pain. Nous répétons, pour leur bonheur temporel et éternel, l'avertissement du vieux Tobie : « Tous les jours de la vie, aie Dieu dans ton esprit, et souviens-toi de ne pas consentir au péché ni de transgresser les préceptes du Seigneur notre Dieu, » Pour leurs personnes, pour leurs familles, pour leur avenir, Nous implorons l'assistance divine, et Nous les bénissons de tout coeur. Pie XII, Pape. » laborieux. Ainsi, les nations qui donnent les émigrants et celles qui les reçoivent contribueront à l'envi à l'accroissement du bien-être, au progrès de la civilisation humaine 12°. » Ces principes généraux de droit naturel, Nous les avons rappelés encore en la veille de Noël de l'année suivante, devant le Sacré-Collège des cardinaux

79. — Cependant, le 24 décembre 1948, Nous traitâmes ouvertement ce sujet en écrivant à l'épiscopat des Etats-Unis d'Amérique 122 : « Vous savez certainement avec quelle anxieuse sollicitude et préoccupation Nous accompagnons ceux que les révolutions internes de leur patrie, ou bien le chômage et la faim ont forcé d'abandonner leur foyer et de se fixer à l'étranger. Que pour eux doivent être libres les voies de l'émigration, le droit naturel l'exige, non moins que la pitié envers le genre humain. Le Créateur de l'univers, en effet, a établi toutes choses, en premier lieu, pour l'utilité de tous ; c'est pourquoi la domination de chaque nation, bien qu'elle doive être respectée, ne peut être exagérée au point que, si un endroit quelconque de la terre offre la possibilité de faire vivre un grand nombre d'hommes, on n'en interdira pas, pour des motifs insuffisants et pour des causes non justifiées, l'accès à des étrangers nécessiteux et honnêtes, sauf s'il existe des motifs d'utilité publique, à peser avec le plus grand scrupule.

80. — « Informés de Nos intentions, vous avez cherché récemment et obtenu à force d'instance, qu'en vertu d'une loi opportune qui, Nous l'espérons, sera suivie d'autres lois d'une plus grande portée, de nombreux réfugiés voient s'ouvrir devant eux l'accès de vos territoires ; et — aidés en cela par des personnes choisies — vous avez le souci de venir en aide aux émigrants, soit au moment où ils quittent leur foyer, soit une fois qu'ils sont arrivés à destination chez vous, pratiquant ainsi admirablement la consigne de la charité sacerdotale : « C'est le propre du prêtre de ne nuire à personne et de vouloir être utile à tous 12S. »

81. — Nul de ceux qui ont entendu Nos paroles, aussi bien à la veille de Noël de 1945 124 que dans les allocutions aux cardinaux nouvellement élus, de février 1946 125 et au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, du 25 du même mois, nul, disons-Nous, n'a pu manquer de sentir quelle pénible anxiété étreignait le coeur du Père des fidèles. Dans ces allocutions et dans ces Messages radiophoniques, Nous avons condamné sévèrement les principes du « totalitarisme » et de « l'impérialisme » d'Etat et également du « nationalisme » exagéré ; car pendant que d'un côté ces principes restreignent arbitrairement le droit naturel des hommes à émigrer ou à fonder des colonies, de l'autre, ils forcent des populations entières à émigrer en d'autres lieux, déportant les habitants malgré eux, et dans une audace inique ils arrachent les citoyens à leur famille, à leur maison, à leur patrie. Dans ladite allocution au Corps diplomatique, devant une si solennelle assemblée, Nous voulûmes affirmer à nouveau Notre volonté de favoriser une paix juste et stable, déjà proclamée par Nous à plusieurs reprises et de diverses manières ; Nous avons indiqué une autre voie pour arriver à cette paix, voie qui facilite les rapports mutuels entre les peuples, c'està-dire en faisant que les exilés et les réfugiés puissent enfin regagner leurs demeures, et que les malheureux, c'est-à-dire ceux qui sont dans leurs maisons dénués des choses nécessaires à la vie, puissent émigrer dans d'autres nations 126.

82. — Dans l'allocution adressée la même année aux cardinaux, le jour même de la fête de Notre patron127, Nous invitâmes de nouveau les peuples, plus riches en territoire et moins peuplés que d'autres, à ouvrir leurs frontières à ceux qui s'entassaient sur des territoires surpeuplés. Parmi ces derniers, personne n'ignore que le Japon vient au premier rang.

83. — De même, Nous exprimâmes le même voeu en la veille de Noël 1948 ; Nous disions qu'il fallait plutôt favoriser l'émigration des familles et l'immigration dans les régions qui puissent leur fournir les choses nécessaires à la vie, que d'envoyer à très grands frais les aliments aux populations réfugiées128. C'est pourquoi Nous exhortâmes les sénateurs des Etats-Unis d'Amérique, participants au Congrès pour l'immigration, assemblés, il y a quelques années, dans la ville de Rome, à appliquer avec la plus grande largeur possible les lois trop restrictives en vigueur dans leurs Etats 129, Nous n'eûmes garde d'oublier de le proclamer et d'insister en l'audience que Nous accordâmes aux membres de la Chambre législative des Etats-Unis d'Amérique, préposés aux affaires des réfugiés de l'Europe 130 et attachés à la Commission des dépenses publiques m, et, tout récemment, le 4 juin de cette année, dans Notre paternel message au cher peuple du Brésil132.

84. — Nous avons aussi suggéré l'extraordinaire utilité qu'il y aurait à en venir à une réglementation internationale, en faveur de l'émigration et de l'immigration, en parlant, le 2 juillet 1951, aux participants au Congrès international de Rome, pour l'amélioration des conditions de vie des ruraux 133, et, plus tard, Nous sommes revenu sur la gravité de ce problème devant les membres illustres du Congrès international, tenu à Naples sur les problèmes de l'émigration, que Nous eûmes le grand plaisir d'admettre en Notre présence 134.

85. — Nous rendons donc de perpétuelles actions de grâces à
Dieu, donateur de tout bien, qui, dans son immense bonté, a
assisté sa Sainte Eglise. Par son aide, en effet, et avec la colla-
boration harmonieuse, intense et agissante de tous les Offices
et Commissions, il a été possible de réaliser, entre autres, les
initiatives ci-après d'assistance et de secours : colonies pour
garçons et filles, soit durant l'été, soit permanentes, qui ont ac-
cueilli aussi et entouré de soins les plus attentifs les enfants des
émigrés, provenant des nations les plus diverses ; institutions de
secours pour orphelins et enfants mutilés de guerre ; repas et
cuisines économiques pour nourrir les indigents ; abris pour ac-
cueillir les prisonniers et les réfugiés dès leur retour dans leur
patrie et assister les émigrants et leurs familles ; colis de Noël
distribués par Notre ordre à des enfants et à des prisonniers ;
subsides alloués à des étudiants de tous pays et de toutes races,
afin que, loin de leur pays, ils puissent reprendre dans des éta-
blissements étrangers les études qu'ils avaient dû interrompre ;
nombreux voyages à travers les diverses nations d'Europe pour
y apporter des secours, des aliments, des vêtements et des médi-
caments aux pauvres et aux victimes de la guerre ; maisons de
repos pour les soldats en service militaire loin de leur patrie.

86. — Au temps où la monstrueuse guerre faisait rage, lors-
que des bourgs et des villages détruits par les incursions enne-
mies, spécialement lorsque des terres ravagées d'Italie affluaient
à toute heure du jour à Rome des multitudes d'enfants, de fem-
mes, de malades et de vieillards, pour y chercher auprès du
Père commun salut et refuge, alors, plus que jamais, Nous élar-
gîmes les limites de la charité ; les gémissements de tant d'exilés
et de tant de réfugiés touchaient à tel point Notre âme qu'il
Nous fallait répéter la plainte du Seigneur, avec le même sentiment de pitié : « J'ai compassion de cette foule. » 135 C'est pourquoi tous Nos locaux aussi bien au Vatican qu'au Latran, et particulièrement à Castel Gandolfo, ainsi que les dépendances des basiliques romaines, les maisons religieuses et les collèges ecclésiastiques de la Ville, ouvrirent largement toutes leurs portes : de sorte que, tandis que le monde était un foyer d'inimitiés et que coulait le sang fraternel, la Cité sainte de Rome et les demeures mentionnées plus haut devinrent comme la résidence et le domicile de la charité.

87. — Il Nous fut donné en outre de réconforter par les ressources de la religion et de la charité d'innombrables soldats et prisonniers ; de prodiguer à leurs aumôniers le réconfort spirituel ; de ramener dans la patrie les exilés ; d'obtenir la liberté aux paisibles civils, condamnés sans motif à l'exil ou à la prison ; de délivrer de leurs chaînes et d'arracher à une mort certaine des hommes déportés dans des pays très éloignés pour les rendre à leurs familles anxieuses ; d'assurer les moyens de voyager aux réfugiés et aux émigrants en route vers des pays hospitaliers ; de loger les clercs et les prêtres isolés, cruellement persécutés pour la foi apostolique et pour l'unité catholique, et leur assigner, même loin de leur patrie, de nouveaux champs d'apostolat parmi leurs compatriotes émigrés ou exilés ; de secourir par tous les moyens de très nombreux émigrés et spécialement des ouvriers vivant en dehors de leur patrie à cause de leur travail ; d'alimenter et de protéger les tendres vies de petits enfants ; de travailler pour la guérison des malades ; d'assurer une sépulture aux morts de la guerre ; de garder leurs dépouilles vénérées et de les ramener dans leur patrie.

88. — Nous voulons encore exprimer toute Notre reconnaissance envers ceux qui ont généreusement répondu à Nos invitations, bien qu'ils fussent eux-mêmes tant éprouvés par des malheurs privés et publics.

89. — Avec émotion, Nous Nous rappelons toujours, aussi, l'innombrable multitude de réfugiés qui, durant la guerre, affluèrent à Rome, ainsi que les malheureux fils qui, anciens réfugiés ou internés, y vinrent en pèlerins de nombreuses nations d'Europe, pour y gagner le Jubilé. Nous les reçûmes avec joie en audience ; Nous leur parlâmes avec une paternelle affection,

Nous essuyâmes leurs abondantes larmes, en relevant par l'espérance chrétienne leur âme abattue 136.

90. — Le coeur affligé, Nous revoyons toujours en esprit Nos très chers fils les évêques, les prêtres et les religieuses, injustement arrachés de leur résidence, et tous les autres qui, condamnés à la prison ou aux travaux forcés, ont dû brusquement vivre dans des conditions tout à fait inhumaines.

91. — Tous ces errants infortunés, qui sont sans cesse un sujet d'angoisse pour Nous 13T, Nous les avons continuellement recommandés, dans d'ardentes prières, au Père Eternel et à Notre très doux Rédempteur, source de toute consolation, afin qu'ils soient réjouis par les dons et les consolations célestes 138 et Nous prions encore Dieu, pour que « les réfugiés, les prisonniers, ceux qui ont été arrachés de leurs maisons, retournent au plus tôt dans leur très douce patrie » 13".

92. — Nous pensâmes, en outre, accomplir une tâche urgente de Notre charge, en choisissant quelques ecclésiastiques connus pour leur zèle, auxquels Nous demandâmes de s'occuper diligemment des intérêts spirituels dans les colonies fondées par les compatriotes loin de leur patrie ; de diriger et de confirmer, en vertu de leur autorité, tout ce que devaient accomplir les prêtres de même langue que ces colons, et c'est avec joie que Nous vîmes ces prélats, investis par Nous comme visiteurs d'un mandat spécial, et pourvus de pouvoirs spéciaux, répondre à Notre attente.

93. — Entre temps, c'est avec une profonde satisfaction pour Notre coeur, que Nous eûmes connaissance du travail très fructueux, accompli au profit des fidèles hollandais sur le point d'émigrer ou déjà émigrés, par l'Oeuvre catholique pour l'assistance aux émigrants, fondée jadis par des évêques de cette nation 14°, également du nombre croissant de prêtres qui se rendirent spécialement en Belgique, en France, en Allemage, en Suisse, en Hollande et en Grande-Bretagne, ainsi que dans les lointaines terres de l'Amérique, non seulement afin de venir en aide à leurs compatriotes émigrés dans ces différents pays, mais encore afin de travailler au bien spirituel des indigènes, là où, comme dans quelques diocèses de l'Amérique latine, le clergé est trop peu nombreux. Nous devons décerner une mention particulière aux évêques d'Italie qui, à la suite d'une exhortation de la Sacrée Congrégation Consistoriale ul, ont permis à quelques prêtres de se rendre à l'étranger, et aux évêques d'Espagne, à l'activité desquels on doit l'Oeuvre de la coopération sacerdotale hispano-américaine 142, fondée récemment.

94. — En outre, pour que l'on ne croie pas que les familles religieuses n'ont pas apporté d'appréciable concours à cette Oeuvre, qu'il suffise de rappeler ici que les membres du clergé régulier s'étant volontairement offerts comme compagnons de fatigues et de travaux aux prêtres séculiers et aux évêques, sont allés dans des régions lointaines plus que dans le passé et ils se sont montrés dignes des plus grands éloges, en s'adonnant à l'apostolat avec leur entrain accoutumé. Aux Ordres anciens, aux Clercs réguliers et aux plus récentes Congrégations et Sociétés qui ont bien mérité dans ce genre d'apostolat, s'est jointe récemment, approuvée par le Siège apostolique 143, la Société du Christ, fondée déjà en 1932, au profit des émigrants dans l'archidiocèse de Gniezno, en vue d'assister spirituellement les Polonais éloignés de leur patrie.

95. — Dans Notre constante sollicitude pour les réfugiés orientaux, Nous avons érigé, entre autres, le vicariat patriarcal des Maronites, dans le diocèse du Caire, pour les fidèles maronites qui, fréquemment, passent du Liban en Egypte ou qui y ont une résidence stable144 ; Nous avons également divisé en trois parties l'exarchat des Ruthènes au Canada, en en formant trois exarchats : le central, l'oriental et l'occidental145 ; détachant ensuite une partie du territoire de l'exarchat central, Nous avons constitué le nouvel exarchat de Saskatoon, pour les fidèles de rite oriental établis làu>. Tout dernièrement, au Brésil, Nous avons établi un Ordinariat (Ordinaire) pour les fidèles de rite oriental demeurant dans ce pays 147.

96. — En outre, Nous avons assuré l'ouverture du collège lithuanien Saint-Casimir 148, à Rome, pour recueillir les clercs et les ecclésiastiques réfugiés venant de la Lithuanie.

97. — Enfin, grande fut Notre consolation de constituer saint François de Paule patron céleste spécial auprès de Dieu des Compagnies préposées à l'assistance des gens de mer ainsi que des Sociétés de navigation et de tous les marins d'Italie 140 ; de canoniser sainte Françoise-Xavier Cabrini150 et de la déclarer patronne céleste auprès de Dieu de tous les émigrants m.

98. — Toutes ces dispositions si opportunes du Siège apostolique et ces initiatives des pasteurs, avec la généreuse collaboration de prêtres, de religieux et de fidèles — dont les noms, même s'ils ne figurent pas pour la plupart dans les pages de l'histoire, sont inscrits dans le ciel152 — méritaient d'être rappelées ici, même sommairement exposées, afin que brille plus lumineuse l'universelle et bienfaisante activité de l'Eglise, envers les émigrants et les exilés de tout genre, auxquels elle a toujours accordé, selon son pouvoir, l'assistance religieuse, morale et sociale.

99. — Cela apparaissait d'autant plus nécessaire à rappeler spécialement à notre époque où les entreprises bienfaisantes de l'Eglise notre Mère sont si mensongèrement attaquées par les adversaires, méprisées et passées sous silence sur ce terrain précisément de la charité qu'elle fut la première à défricher et bien souvent la seule à cultiver avec acharnement.

Pie XII 1952 - LETTRE A SON ÉM. LE CARDINAL PIAZZA A L'OCCASION D'UN CINQUIÈME CENTENAIRE CARMÉLITAIN