Pie XII 1954 - ALLOCUTION AUX PROFESSEURS DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE D'ITALIE


RADIOMESSAGE AUX FIDÈLES DU CHILI

(il janvier 1954) 1






En ce jour, on inaugurait l'activité de la Radio Catholique au Chili ; c'est pourquoi Fie XII envoya le message que voici :

Très chers fils catholiques du Chili, qui êtes en ce moment à l'écoute de la Radio chilienne, pour suivre la transmission extraordinaire par laquelle débute sa nouvelle vie.

Une fois de plus, dans le bref espace de quelques mois, une radio catholique commence à fonctionner dans la sphère des peuples américains d'ascendance espagnole ; et, une fois encore, le coeur plein de joie, Nous venons volontiers vous adresser quelques paroles, convaincu que Nous sommes de la très grande importance d'un moyen si efficace de diffusion dans la lutte que livre l'Eglise avec des armes pacifiques, sous tous les cieux, en faveur de la vérité authentique, de l'indispensable moralité, de la stricte justice et du sincère amour entre tous les hommes comme entre toutes les nations.

In omnibus gratias agite, en toutes choses rendez grâces au Seigneur 2 car si, d'autres fois les fils des ténèbres ont été plus avisés, cette fois-ci les fils de la lumière ne sont pas restés en arrière 3.

Hier, il s'agissait de votre soeur la Colombie4. Aujourd'hui, c'est le Chili bien-aimé, la nation à la vie de laquelle l'Eglise a eu une si grande part, non seulement en ce qui concerne sa formation et l'harmonisation graduelle des classes qui constituent sa société, mais également en ce qui a trait au développement des sciences profanes. Pour ne citer que quelques exemples, il n'est personne qui ne sache ce que le Chili doit au jésuite Jean-Ignace fvlolina pour l'histoire naturelle ; à son frère en religion Havestadt, pour l'étude et l'enseignement des langues indigènes ; et à l'insigne prêtre Alonso de Ovalle, dans le domaine de l'histoire.

Le domaine de la Radio n'était pas non plus inconnu pour vous, et ce n'est pas sans satisfaction que Nous avons suivi les efforts que vous y avez déployés durant ces derniers lustres ; efforts qui se traduisirent de façon concrète : tout d'abord par le Département National de la Radio créé au sein de l'Action Catholique dès 1947 ; puis par la filiale de l'Organisation Internationale Catholique de la Radio et de la Télévision, qui fonctionne à Santiago depuis le printemps de l'an dernier et dont Nous savons que les programmes bibliques ont à juste titre éveillé tant d'intérêt en Amérique et hors d'Amérique ; et maintenant par cette station émettrice, acquise et réorganisée grâce à une initiative si avisée, des efforts si louables et de si lourds sacrifices.

Nous Nous l'imaginons déjà transmettant au moyen de ses antennes depuis la belle ville si bien située de Santiago, et il Nous semble voir ses ondes s'élever avec vélocité en parcourant dans sa longueur l'enchanteresse vallée centrale jusqu'aux riches territoires de Tacna et Arica, authentique présent du ciel à un peuple qu'il veut réellement favoriser ; descendre rapidement jusqu'à Castro et Ancu, jusqu'à la Terre de Feu, jusqu'à ces innombrables îles, véritable jardin dans la mer, que le Seigneur a offert à une race qu'il voulait aimablement réjouir ; voler impalpables au-dessus des Andes altières et de leurs volcans silencieux et solitaires pour apporter les échos de l'Evangile aux nations soeurs avec des ailes plus puissantes que celles de votre condor national ; surmonter enfin en une sorte de reflux harmonique les bords de la cordillère littorale, descendre et se répandre sur les plages illimitées de votre Océan pour offrir au monde entier un message de vérité, un message de charité.

En ce qui vous concerne, Chrétiens bien-aimés, puissent-elles vous servir toujours d'aide dans la défense et le renforcement de votre foi, dans l'entretien et le perfectionnement de votre unité.

Dans les premiers mois de Notre Pontificat, ayant eu le plaisir de recevoir un pèlerinage de votre pays, Nous vous exhortions déjà à « maintenir intactes votre foi et votre union » 5. Quelques années plus tard, en Nous adressant à votre huitième Congrès Eucharistique national, Nous demandions à Dieu caché sous les saintes espèces de conserver « la foi... et de perfectionner l'unité de votre peuple » 6 ; enfin, il n'y a pas longtemps, en parlant à votre premier Congrès Mariai national, Nous vous demandions de vous sentir « devant l'autel de la Mère de Dieu... toujours frères, en lui promettant de travailler unis pour les intérêts de son Fils Divin, de l'Eglise fondée par Lui et de la sainte Religion » 1.

Que ce soit là aujourd'hui, la sainte mission que Nous confions avec plaisir à la « Radio Chilienne » : « ut non deficiat fides vestra » 8 ; « ut caritas vestra magis ac magis abundet » 9, que votre foi ne défaille point, que votre charité aille toujours croissant. Qu'à partir d'aujourd'hui et pour toujours, sa principale intention soit la défense d'une foi sournoisement attaquée, sur le terrain même de la Radio, par un ennemi pervers qui répand sa fausse semence dans un sol où elle ne peut ni ne doit germer ; l'encouragement à la compréhension mutuelle et à l'union parmi les catholiques chiliens, auxquels il suffirait d'unir leurs efforts pour conduire toujours à la victoire leurs idées et leurs principes ; et, comme, moyen général, pour arriver à tout cela, la diffusion intelligente et généreuse de la doctrine de l'Eglise, spécialement de sa doctrine sociale qui, chez vous, a eu des apôtres comme l'inoubliable évêque Gonzalès Eyzaguire ; qui compte des fastes comme le fameux Congrès social Catholique de 1910 ; et a produit des oeuvres comme ces Ligues et ces Cercles qui ont été si utiles pour toute la nation.

Le peuple chilien se fait gloire d'une nature indomptable qui n'a jamais reculé devant aucune difficulté ; d'un sens pratique qui, dans les pires épreuves de l'Histoire, lui a toujours indiqué le chemin sûr ; d'une gentillesse et d'une bonté naturelles qui l'ont toujours rendu aimable et agréable à tous. Que les ondes de la « Radio Chilienne » volent donc, en cette

heure ténébreuse du monde, avec courage et sainte audace ; qu'elles sachent trouver la moindre ouverture pour entrer en tout lieu et encore mieux dans tout foyer ; qu'elles apprennent à se présenter avec l'attrait et avec la juste dignité que l'on exige de qui est chargé des plus hautes valeurs humaines, morales et spirituelles ; qu'elles bénéficient toujours du doux patronage de votre Reine et Dame, la Vierge du Carmel, à qui Nous vous recommandons spécialement, en cette Année Mariale que Nous avons proposée au monde pour son plus grand bien et pour son salut le plus certain ; qu'elles sentent également la sûre protection de leur patron l'Archange Saint Gabriel que Nous invoquons avec ferveur ; et qu'elles sachent que Nos meilleures Bénédictions les accompagnent toujours, Bénédictions que Nous voulons donner, en ce moment, à Notre très cher Fils, le vénérable Prince de l'Eglise dont le nom demeure sur le fronton de la nouvelle station émettrice comme un drapeau, un programme et un bouclier ; à tous ceux qui par leur travail et leur générosité ont rendu possible une si belle réalisation ; aux dirigeants techniques, à tous les employés et à tous ceux qui, en cet instant, écoutent Notre voix, ainsi qu'à tout le cher peuple chilien.




DÉCRET DE LA S. CONGRÉGATION DU SAINT-OFFICE CONDAMNANT LE LIVRE DE M. NIKO KAZANTZAKIS

(12 janvier 1954)1




Au cours de l'Assemblée générale de la Suprême Congrégation du Saint-Office, Nosseigneurs les Eminentissimes et Révé-rendissimes Cardinaux préposés à la sauvegarde de la foi et des moeurs, après le vote des Révérendissimes Consulteurs, ont condamné et ordonné d'inscrire à l'Index des livres prohibés le livre intitulé : Niko Kazantzakis : ho teleutaios peirasmos — Die letzte Versuchung, Roman, Berlin-Grünewald (F. A. Herbig, Verlagsbuchhandlung Walter Kahnert). Et le vendredi, 1er janvier 1954, Sa Sainteté Pie XII, Pape par la divine Providence, dans l'audience accordée à l'Enuinentissime Cardinal Prosecrétaire du Saint-Office, a approuvé et ordonné de publier cette résolution des Eminentissimes Pères qui lui était déférée.




RADIOMESSAGE AU V\2e \0CONGRÈS INTERAMÉRICAIN DE L'ÉDUCATION CATHOLIQUE

(12 janvier 1954) 1



A cette date se tenait à La Havane le Ve Congrès Interaméricain de l'Education Catholique, c'est pourquoi le Souverain Pontife envoya le radiomessage dont le texte est reproduit ci-dessous :

L'amour tout spécial que Notre coeur de Père commun réserve à toutes les questions qui se rapportent plus directement à la jeunesse, avenir de l'Eglise et de la société ; et l'intérêt particulier qu'il est juste d'accorder à toutes les activités de ce Nouveau Monde dans les réserves spirituelles, humaines et matérielles duquel l'humanité met tant d'espérances, Nous ont poussé, très chers fils, membres du Ve Congrès Interaméricain d'Education Catholique, non seulement à suivre avec la plus vive attention vos travaux, mais encore à accéder à vos pieux désirs que Notre parole clôturât votre Assemblée.



Le Saint-Père fait le bilan des Congrès précédents :

1 D'après le texte espagnol des A. A. S. XXXXVI, 1954, p. 59. t Matth. XIII, 32.




Nous vous adressons donc un salut paternel et affectueux, et Nous y joignons aussitôt Nos félicitations. La petite et insignifiante semence de l'Evangile 2, lancée il y a moins de dix ans, comme hasard à Bogota, démontra tout de suite à Buenos-Ayres, avec l'étude des problèmes législatifs et d'organisation de l'école dans votre monde, qu'elle avait germé dans un bon terrain ;

c'était une plante jeune, mais fraîche et robuste à La Paz dans l'examen des questions relatives à « L'Education et le milieu » ; elle promettait déjà d'excellents fruits voici deux ans, à Rio-de-Janeiro 4 en s'occupant de « La formation intégrale de l'adolescent » ; et elle est aujourd'hui un arbre grand et touffu avec plus de trois mille rameaux qui se prêtent mutuellement chaleur et vie, qui proclament bien haut les mérites et la valeur de l'enseignement catholique et qui se fondent en un puissant tronc capable de s'affermir solidement dans la terre et de se faire respecter par sa seule présence. Grâces soient rendues pour tout cela au Magister bonus s, au bon Maître, idéal suprême et fin de tous vos désirs, dans la formation de ceux qui, demain, doivent être les maîtres de vos écoles, les professeurs de vos collèges ou les titulaires des chaires de vos Universités !



Le sujet du Congrès est de définir le « bon professeur ».

Le sujet est d'une importance primordiale ; car, pour reprendre les paroles de Notre inoubliable Prédécesseur, « les bonnes écoles sont le fruit, non point tellement de leur bonne organisation, mais principalement des bons maîtres qui, parfaitement instruits, chacun dans la discipline qu'il doit enseigner, et ornés des qualités intellectuelles et morales que réclame leur charge si importante, brûlent d'un pur et divin amour des jeunes qui leur sont confiés, précisément parce qu'ils aiment Jésus-Christ et son Eglise » '.



Le bon professeur doit avoir :

1° une formation humaine complète.

Donc de bons maîtres, avec une parfaite formation humaine, intellectuelle et morale, parce que l'enseignement est une fonction des plus hautes qui demande autant de discrétion à l'intelligence que de bonté au coeur ; autant de capacité d'intuition que de délicatesse d'esprit ; autant d'adaptation et d'in-



dulgence que de fond humain capable de tout supporter par amour du prochain.



2° une bonne formation professionnelle :

... de bons maîtres avec une compétence professionnelle pour le moins supérieure au niveau moyen et, encore mieux, éminente à tous les degrés de l'enseignement et dans chacune des spécialités, si l'on ne veut pas être indigne d'une mission qui est au service non seulement du peuple et de l'Etat, mais aussi de Dieu, de l'Eglise et des âmes.



3° un grand zèle apostolique :

... de bons maîtres avec une claire conscience professionnelle catholique, avec une âme enflammée de zèle apostolique ; avec une idée exacte de la doctrine qui doit pénétrer tout leur enseignement, avec une profonde conviction de servir les plus hauts intérêts spirituels et culturels, dans un domaine de privilège et de responsabilité spéciale ;



4° le souci de l'éducation :

... de bons maîtres enfin, soucieux d'éduquer avant d'enseigner ; capables de former et de modeler des âmes principalement au contact de la leur, parce que, comme l'a déjà dit un grand pédagogue, qui n'était pas tout à fait étranger à votre monde de langue espagnole et bien qu'éclairé seulement par la lumière du paganisme : eum elige adiutorem quem magis admireris cum videris quam cum audieris, choisis le maître que tu dois admirer plus lorsque tu le vois que lorsque tu l'écoutés 7.



Dans plusieurs pays de Y Amérique latine, l'Etat revendique le monopole de l'instruction :

7 Senecae ad Lucilium, liv. V, Epist. XI (52), n. 8.




Dans plus d'une région du Nouveau Monde, les mouvements sociaux et politiques qui firent suite à son indépendance, virent pénétrer dans le domaine de l'enseignement des idées et des principes qui, partant d'un libéralisme et d'un laïcisme qui prétendaient audacieusement tout dominer, aboutissaient à un monopole scolaire, au détriment évident de la formation chrétienne intégrale et au préjudice évident de la minorité et, bien souvent, de l'immense majorité catholique.



Le Pape rappelle le rôle éducateur joué par des prêtres éminents dans passé.

Et cela dans un monde comme le vôtre, ibéro-américain, où l'Eglise, pleinement consciente de la mission culturelle qui accompagne son message religieux, accomplit avec le Frère Jean de Zumàrraga, le Frère Alonso de la Vera Cruz et le grand évêque Vasco de Quiroga, au Mexique ; avec le Frère Jeronimo de Loaisa, José de Acosta et l'éminent métropolite de Lima, saint Torribio de Mogrovejo, au Pérou ; et avec les jésuites Torres Bollo, Manuel de Nobrega et saint Pierre Claver, dans l'ancien Paraguay, au Brésil et dans la Nouvelle-Grenade, un effort éducateur et scolaire que Nous Nous plaisons, étant donné la pauvreté des moyens de cette phalange et les difficultés auxquelles elle se heurtait, à qualifier de grandiose et profondément durable. Il suffit de rappeler le dessein, en grande partie réalisé de ces grands missionnaires soutenus par l'esprit universel et catholique de la législation de leurs souverains, de fondre en un seul peuple au moyen de la catéchèse, de l'école et des collèges de Lettres, l'élément indigène et les classes cultivées venues d'Europe ou déjà nées en terre américaine. Et cet effort ne se limita pas à l'enseignement élémentaire et humaniste. Car c'est une gloire impérissable pour l'Amérique espagnole qu'au dix-huitième siècle furent florissantes dans dix-neuf de ses cités autant ou plus de centres universitaires, inspirés ou dirigés par l'Eglise, et qui furent un objet d'admiration et d'éloges de la part d'un Alexandre de Humboldt.



Le bilan actuel est également impressionnant :

Et Nous ne pouvons douter pour l'avenir, si vous insistez de plus en plus sur les lignes si sagement tracées dans vos réunions antérieures, et sur les directives que l'Eglise vous a constamment fournies avec une générosité maternelle ; si vous vous souciez plus de l'éducation que de l'instruction en perfectionnant vos méthodes, en accordant une marge toujours plus ample à l'enseignement de la religion, en améliorant la sélection des livres de texte, en stimulant la collaboration des familles de vos élèves ; si vous n'épargnez point les sacrifices pour la formation de vos professeurs ; si vous suivez vos élèves à la sortie de vos salles par des oeuvres opportunes d'assistance post-scolaire et en consacrant toute l'attention qu'elles méritent aux oeuvres sociales d'enseignement si nécessaires de nos jours, que vos activités pédagogiques ne méritent pour le moins le respect de tous, surtout des gens de bien, et trouvent aussi l'appui et la protection des autorités publiques qui verront en elles une efficace et généreuse collaboration au bien commun de la société et la digue la plus sûre contre ces doctrines pernicieuses qui, comme une noire inondation, menacent de tous côtés. Et pour y arriver, « soyez des pères des âmes plutôt que des dispensateurs de connaissances stériles », formez vos élèves surtout « par l'exemple de la vie » 8.



Sans doute des dangers sont à craindre, mais il faut tenir bon :

Cette fois-ci, votre réunion a trouvé un accueil aristocratique dans la splendide ville de Saint-Christophe de la Havana où vous avez pu admirer une université fondée par l'Eglise dès 1728 et de puissantes institutions catholiques d'enseignement, tels l'université de Saint-Thomas de Villanueva et le grandiose collège de Belen qui est l'honneur de l'Eglise et l'orgueil des catholiques de Cuba. Levez les yeux, très chers fils, et contemplez cette cité si belle, assise dans l'ouverture de sa baie, se reflétant dans les eaux bleues de cette tiède mer qui baigne ses pieds, égayée par les vertes 'collines qui limitent son horizon, et aérée par les douces brises que lui envoie le canal de la Floride. On dirait que tout invite à l'optimisme et à la paix, bien que, là-bas, au loin, se fasse entendre l'orage ou que se forme près de quelque île éloignée le typhon dévastateur. La paix et l'optimisme ont été, sans aucun doute, l'esprit de votre Assemblée, adoucie par la charité du Christ, à l'ombre protectrice de sa doctrine et de sa Croix, sous le manteau maternel de l'Eglise qui vous regarde comme sa part préférée ; mais vous ne devez pas oublier que plus loin se fait entendre la houle des passions déchaînées et que courent dans le ciel, en une sombre galopade, de noirs nuages impatients de décharger sur vos champs la grêle mortelle et de ravager vos semences avec toute la fureur impétueuse de l'ouragan. Mais il est écrit : ils ne prévaudront pas ! Et ils passeront, comme passent ces orages de votre ciel, qui, même s'ils abandonnent une triste série de morts et de désolations, laissent ensuite l'air plus limpide, le soleil plus lumineux et la terre plus féconde.

8 Allocution au Ile Congrès National de l'Union Catholique des Enseignants, 4 septembre 1949, dans Documents Pontificaux 1949, p. 358.



DÉCRET DE LA SACRÉE PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE ENRICHISSANT D'UNE INDULGENCE PLÉNIÈRE LA RÉCITATION DU CHAPELET DES VII DOULEURS

(15 janvier 1954) 1






S. Em. le Card. N. Canali, Pénitencier Majeur, a signé le décret suivant :

Notre Très Saint-Père Pie XII, Pape par la divine Providence, dans l'audience accordée le 19 décembre 1953 au Cardinal Pénitencier Majeur soussigné, accueillant avec bienveillance la demande du Révérendissime Prieur Général de l'Ordre des Servîtes de Marie et répondant paternellement aux voeux des fidèles qui partout dans le monde récitent le chapelet des Sept Douleurs, a daigné dans sa bonté accorder une Indulgence plé-nière, à gagner une fois par jour par les fidèles qui s'étant confessés et fortifiés par la sainte communion réciteront dévotement devant le Très Saint Sacrement de l'autel exposé publiquement ou conservé dans le tabernacle le dit chapelet des Sept Douleurs de la Bienheureuse Vierge Marie 2.

DÉCRET DU SAINT-OFFICE CONDAMNANT LE LIVRE DE BERNHARD SCHEICHELBAUER «DIE JOHANNIS FREIMAUREREI»

(16 janvier 1.934) 1






Dans la réunion plénière du mardi 5 janvier 1954 de la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office, les Eminentissimes et Révérendissimes Cardinaux préposés à la défense de la foi et des moeurs, sur l'avis des Révérendissimes Consulteurs, ont condamné et prescrit d'inscrire à l'Index des livres prohibés :

Die Johannis Freimaurerei, Versuch einer Einführung (La franc-maçonnerie johannique, essai d'initiation), publié à Vienne, chez Verlag O. Kerry, 1953, par Bernhard Scheichelbauer.

Et le jeudi 14 du même mois, Notre Saint-Père le Pape Pie XII, dans l'audience accordée à l'Eminentissime Cardinal Pro-Secrétaire du Saint-Office, a approuvé la décision des Eminentissimes Pères, qui lui avait été soumise, l'a confirmée et a ordonné sa publication.


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ALLOCUTION A SON EXCELLENCE SIR DOUGLAS FREDERICK HOWARD MINISTRE DE GRANDE-BRETAGNE

(iS janvier 1954) 1



Le nouveau Ministre Plénipotentiaire de Grande-Bretagne ayant présenté ses Lettres de Créance, le Pape lui adressa l'allocution suivante : 8

Nous sommes profondément touché, Monsieur le Ministre, des chaleureuses expressions par lesquelles vous avez voulu Nous présenter les aimables sentiments de l'auguste Reine qui a accrédité Votre Excellence auprès du Saint-Siège comme son Envoyé extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire. Trois ans à peine se sont écoulés depuis que Nous avons eu la satisfaction de recevoir Sa Majesté dans ces mêmes salles3 ; mais pendant ce bref espace de temps quels lourds soucis ont pénétré dans sa vie ! Le Seigneur de tous, dans Sa sage providence, a placé le poids d'un empire sur ses jeunes épaules, et elle a accepté le fardeau avec une courageuse simplicité et un généreux esprit de dévouement qui ont tout de suite conquis l'admiration et l'affection de ses peuples dans le Commonwealth britannique tout entier. Nous vous prions de transmettre à Sa Majesté l'expression de Notre estime et l'assurance de Nos prières pour que Dieu qui l'a bénie dans les douces joies d'une heureuse vie familiale, accorde à son règne les précieuses bénédictions de la prospérité et de la paix.

La paix, avec quelle facilité ce mot vient sur les lèvres des hommes aujourd'hui, alors que la réalité d'une vraie paix continue à échapper à leurs prises. Il n'y a pas à en chercher la raison. Le Prince de la Paix, annoncé par les Prophètes, est venu dans le monde ; le souvenir de sa naissance est salué chaque année par le monde chrétien ; mais ses enseignements, bien souvent encore, tombent dans des oreilles sourdes. Non seulement la force brutale doit renoncer à sa vaine tentative d'étouffer dans l'âme humaine son aspiration naturelle vers Dieu ; non seulement les chaînes de l'esclavage doivent être enlevées à ces libertés données par Dieu, qui sont les postulats de la dignité de l'homme et de la société humaine, et qui sont refusées aujourd'hui à des peuples entiers ; mais si l'on veut que la paix soit assurée, il faut que la justice et la charité inspirent une confiance réciproque entre les nations et entre les différentes classes d'une nation, en assurant ainsi les principes d'union dans l'effort vers le noble idéal commun.

Il est agréable, Monsieur le Ministre, de vous entendre renouveler l'expression du dévouement de votre pays à ces mêmes principes élevés que plus d'une fois Nous avons eu l'occasion de proclamer au monde. Ce fait, et en même temps la précieuse expérience que Votre Excellence apporte à l'honorable tâche qui lui est confiée, donnent toutes les certitudes pour le succès de votre mission et, dans l'accomplissement de celle-ci, vous pouvez toujours demeurer assuré de Notre bienveillant et constant appui.



AVERTISSEMENT DU SAINT-OFFICE CONCERNANT LES RÉVÉLATIONS DE SAINTE BRIGITTE

(28 janvier 1954) 1






On répand en diverses régions un opuscule traduit en plusieurs langues qui a pour titre : « Le secret du bonheur. Les quinze oraisons révélées par Notre-Seigneur à sainte Brigitte dans l'église Saint-Paul à Rome », et est édité à Nice et ailleurs.

Comme cette brochure affirme que Dieu aurait fait à sainte Brigitte certaines promesses dont l'origine surnaturelle n'est nullement prouvée, les Ordinaires des lieux doivent veiller à ce que ne soit pas accordé le permis d'éditer les opuscules qui contiendraient ces promesses 2.


LETTRE A SON EXCELLENCE M. EINAUDI PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE

(11 février 1954) 1




A l'occasion du 25e anniversaire des Accords du Latran, Pie XI] envoya la lettre autographe que voici, au Président de la République italienne :

En ce vingt-cinquième anniversaire du jour, où, dans le Palais de Latran, furent heureusement signés le Traité et le Concordat entre le Saint-Siège et la Nation italienne, Nous savons que cet événement, qui doit être inscrit dans les fastes de l'Histoire, suscite un souvenir reconnaissant chez Nous et chez tous ceux qui ont à coeur, au plus haut point, la concorde entre la religion de nos Pères et la Patrie. En effet, ces solennelles conventions, qui mirent fin à un ancien différend, réglèrent également les questions intéressant les deux parties et établirent les normes et les principes selon lesquels l'Eglise et l'Italie doivent agir en commun accord et avec une utilité réciproque. Aussi cet événement dépasse-t-il tout à fait les circonstances particulières et l'époque où il se produisit ; et il est opportun qu'il soit et demeure comme la pierre angulaire, stable et fixe, sur laquelle doivent se baser les relations publiques, sans cesse plus étroites pour le bien commun, par lesquelles le Pontife Romain et la Nation italienne sont réciproquement liés.

Nous avons donc confiance, Monsieur le Président, que vous prendrez part volontiers à cet événement, comme aussi tous les citoyens de toute classe, et que vous participerez à Nos sentiments de profonde satisfaction. Il s'agit en effet d'une chose touchant au plus haut point à la concorde et à la véritable prospérité d'un peuple qui est pour Nous des plus chers.

Et pour vous donner un témoignage tangible, qui soit un symbole et un souhait de haute signification, Nous avons décidé de vous offrir à vous et à la Nation italienne, dont vous êtes le digne Président, ce fragment de Y Ara Pacis Augustae qui est conservé aux Musées du Vatican2. Nous désirons que ce fragment de Y Ara Pacis soit un symbole de la paix qui, voici vingt-cinq ans, fut conclue entre le Saint-Siège et l'Italie, et soit en même temps un symbole de cette paix complète que le Divin Rédempteur annonça avec le chant des anges aux hommes de bonne volonté8.

Entre temps, comme gage des grâces célestes et de Notre bienveillance particulière, Nous vous donnons, de tout coeur, cher et illustre fils, ainsi qu'au très cher peuple italien, la Bénédiction apostolique.



Ce 11 février 1954 également, Pie XII envoya le télégramme suivant 4 :

En l'heureux vingt-cinquième anniversaire des Pactes du La-tran tout en élevant vers Dieu des pensées de profonde gratitude pour une paix qui a produit des effets si salutaires, Nous implorons les plus larges bénédictions du Très-Haut sur la chère Nation italienne et sur ses dirigeants avec le voeu le plus ardent qu'un tel don de paix, malgré toutes les épreuves, demeure bienfaisant et propice pour l'Eglise et l'Italie 5.




RADIOMESSAGE AUX MALADES

(14 février 1954) 1

Le dimanche de la Septuagésime, le Comité Central italien pour l'Année Mariale, avait organisé une « Journée pour les Malades ». Le Saint-Père encore souffrant, voulut cependant prononcer devant le micro, le début de l'Allocution suivante dont la lecture fut achevée par le Speaker italien de Radio Vatican, le R. P. François Pellegrini S. J. :

Alors que docile aux inspirations divines Nous avons ordonné en septembre dernier la célébration de l'Année Mariale, et lorsque, peu après, en la fête de l'Immaculée Conception, Nous avons voulu Nous-même l'inaugurer solennellement dans la resplendissante Basilique Libérienne, où Nous Nous rendîmes pour déposer Nos suppliques aux pieds de Celle qui est le « Salut du peuple romain » et de toutes les Nations, oui, dès lors, Nous avons pensé à vous, chers fils et filles malades, qui avez un droit tout particulier à occuper une place de choix dans Notre esprit et Notre coeur.

Sur vous, en effet, s'incline avec une amoureuse tendresse la Mère de Dieu, dans son désir d'essuyer les larmes des affligés, à qui son sein maternel offre comme un bon port au milieu des tempêtes. C'est sur vous également que compte le Vicaire du Christ, vous qui pour l'Eglise êtes de précieux joyaux et une source abondante d'énergies spirituelles afin d'obtenir en cette année bénie les fruits multiples que propose Notre Encyclique Fulgens Corona pour le salut de l'humanité et de l'Eglise elle-même 2.

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 95. a Cf. Documents Pontificaux 1953, p. 371.




Cette vive espérance Nous pousse à vous adresser la parole en cette journée avec l'intention de vous rassembler tous sous



la protection aimante de la Mère commune, l'Immaculée, de vous entourer de Notre charité et de celle de tous les fidèles qui prient pour vous et de vous rappeler la mission à laquelle vous a destinés la Providence dans votre maladie.

Grâce à la technique "moderne Nous pouvons parler directement à beaucoup de malades et Nous espérons pouvoir toucher par une autre voie ceux qui ne peuvent Nous écouter. Certes Nous voudrions avoir l'omniprésence de Dieu : Nous voudrions Nous approcher de chacun de vous, chers fils et filles, qui souffrez dans les grands et petits hôpitaux, dans les sanatoriums, les cliniques, les hospices, les prisons, les casernes, les mansardes désolées des plus pauvres et dans les cham-brettes de vos maisons. Enfants aux visages pâles comme des fleurs qui ont poussé loin des rayons du soleil ; jeunes gens dont le rare sourire exprime plutôt la force de l'âme que la fraîcheur de l'âge ; hommes mûrs, privés amèrement du dynamisme qui leur est propre ; vieillards chez qui la maladie ajoute des malaises et des souffrances à la faiblesse naturelle.

Nous avons toujours supplié Jésus de rendre Notre coeur semblable au Sien : coeur bon, coeur doux, coeur ouvert à toutes les souffrances, à toutes les peines. Mais comme Nous voudrions posséder un reflet de sa toute-puissance ! Comme Nous désirerions passer au milieu de vous essuyant les larmes, apportant le réconfort, guérissant les blessures, rendant vigueur et santé.

Nous devons Nous contenter d'être en esprit au milieu de vous ; Nous Nous tenons près des petits enfants avec un coeur de mère ; près des parents anxieux à la pensée de devoir peut-être laisser leurs enfants orphelins. Et à chacun Nous donnons Notre bénédiction, priant le Dieu tout-puissant, le Père aimant, de vouloir vous donner, grâce à elle, tout ce qu'il estime convenir à l'ordre spécial de providence choisi par Lui pour chacun de vous. Et veuille le Seigneur qu'au terme de Notre bref et mystérieux passage parmi vous, chacun sente le bienfaisant effet spirituel et matériel de Notre affectueuse bénédiction, ainsi que le réconfort de la parole que Nous vous adressons de tout Notre coeur.

Il faut comprendre le pourquoi des souffrances.

Voici : Il Nous semble voir, dans cette salle un jeune homme qui souffre et se plaint dans sa souffrance. Un jour, il était fort, il était beau ; il était l'orgueil de ses parents qui ont maintenant le coeur déchiré parce qu'ils craignent de le perdre, miné qu'il est par le mal qui ne pardonne pas. Et le jeune homme sent en quelque sorte la vie lui échapper : adieu santé, adieu vigueur, adieu frémissement d'espérance, adieu projets caressés avec l'enthousiasme d'un enfant ; adieu amour. Et le jeune homme se rebelle : « Pourquoi ? N'ai-je pas le droit, moi aussi à la vie ? Est-ce qu'un Dieu bon peut me laisser tellement souffrir, me laisser mourir ? Qu'ai-je fait de mal ? »

Combien êtes-vous, chers fils et filles, combien êtes-vous à avoir contrefait votre visage, à frémir avec la colère au coeur et le murmure sur les lèvres ? C'est de vous particulièrement que Nous voudrions Nous approcher, c'est sur vos fronts brûlants de fièvre que Nous voudrions poser Notre main. Nous voudrions avec infiniment de tendresse, murmurer à chacun de vous : O âme angoissée, pourquoi te rebeller ? Laisse pénétrer dans le sombre mystère de la douleur les rayons de lumière qui émanent de la Croix de Jésus ! Qu'avait-Il fait de mal, Lui ? Vois : peut-être sur ton lit, dans ta salle, y a-t-il une image de la Vierge. Quel mal avait-elle fait ? O âme désolée et oppressée par le mal, écoute : Jésus et sa Mère ont souffert, non pour leurs propres fautes certes, mais de bon gré et en pleine conformité avec le dessein de Dieu. T'es-tu jamais demandé pourquoi ?

Peut-être t'est-il arrivé de faire le mal. Souviens-toi. Peut-être as-tu offensé Dieu bien des fois et de bien des manières. Tu sais qu'une faute grave mérite aux âmes la damnation éternelle ; pour toi, tu es encore en vie, sous le regard miséricordieux de Dieu, entre les bras aimants de Marie. Si donc Dieu était en train de punir une de tes fautes, tu ne devrais pas pour cela maugréer ni te laisser abattre ; tu n'es pas comme un esclave puni par un patron cruel ; mais un fils de Dieu le Père, qui ne veut pas se venger, mais te corriger. Il veut que tu lui dises : « J'ai mal fait », pour te donner son pardon, pour te rendre la vie de l'âme.

Et si tu n'as rien fait de mal, si tu es innocent, tu ne devrais pas non plus te rebeller. En effet, l'idée du châtiment n'explique pas toujours les infirmités et les malheurs des hommes. Te rappelles-tu ce qui est écrit dans l'Evangile ? Un jour, Jésus rencontra un aveugle-né, et comme les disciples lui demandaient qui avait péché, lui, ou ses parents, il répondit : « Ni - 51 - lui, ni ses parents n'ont péché, mais il était nécessaire que fussent manifestées en lui les oeuvres de Dieu 3. » Même les malheurs de l'innocent sont donc une mystérieuse manifestation de la gloire de Dieu. Pour ne pas te fatiguer par de longues réflexions, regarde : voilà une Mère immaculée et sainte ; elle tient sur ses genoux le corps exsangue de son divin Fils. Peux-tu penser que la Mère de Dieu murmure contre Dieu ? Qu'elle Lui demande le pourquoi de tant de souffrances ? Nous n'aurions pas la rédemption si cette Mère n'avait vu son Fils mourir au milieu des tourments ; et il n'y aurait pas eu pour nous de possibilités de salut.

Pour vous tous, chers fils, qui ne savez pas encore dire l'Amen de la résignation et de la patience, Nous implorons la bénédiction de Dieu, Le priant d'envoyer un rayon de Sa lumière dans vos esprits, pour que vous cessiez de contrarier par votre volonté Sa pensée, Son vouloir et Son oeuvre ; pour que vous acquerriez la conviction que Sa divine paternité demeure aimante et bienveillante, même quand elle juge nécessaire d'employer le calice amer de la douleur.



Certains appellent la souffrance.

Mais il n'en va pas toujours ainsi, chers fils ; il n'y a pas toujours des âmes rebelles, des âmes qui maugréent sous la pression de la souffrance. Il y a, grâce à Dieu, des âmes résignées à la volonté divine ; il y a des âmes sereines, des âmes joyeuses qui ont positivement cherché la souffrance. De l'une d'elles en particulier Nous avons entendu l'histoire, un jour de la radieuse Année Sainte, quand Nos fils accouraient à Nous extraordinairement nombreux, de toutes les parties du monde.

C'était une jeune fille d'une vingtaine d'années, d'origine modeste, à qui le Seigneur avait accordé à la fois beaucoup de fraîcheur et beaucoup de candeur. Tout le monde en sentait le charme parce qu'elle répandait autour d'elle le parfum d'une vie sans souillure. Mais un jour elle craignit de pouvoir devenir occasion de péché, et en ayant eu comme une certitude intérieure, elle alla recevoir Jésus et dans un élan de générosité elle lui demanda de lui ôter toute beauté et jusqu'à la santé, Dieu l'exauça, acceptant l'offrande de cette vie pour le salut



Jn 9,2-3.

des âmes. Nous savons qu'elle vit encore, bien qu'elle brûle et se consume comme une lampe vivante devant le trône de la justice et de l'amour de Dieu. Elle ne se plaint pas, ne murmure pas ; elle ne demande pas à Dieu : « Pourquoi ? ». Elle a toujours le visage souriant et conserve sans cesse le calme et la joie de l'âme. Il faudrait lui demander pourquoi elle accepte de souffrir, pourquoi elle s'en réjouit, pourquoi elle a cherché les souffrances. Et de même, il faudrait le demander à des milliers d'âmes qui s'offrent à Dieu en holocauste silencieux.

Valeur de la souffrance.

Chers fils et filles, si pour votre regard languissant de malades l'univers entier se réduit, sombre et pesant, à l'étroit espace d'une petite chambre, il retrouve subitement, à la lumière de la foi, ses dimensions infinies. La foi ne vous fera certes pas aimer la souffrance pour elle-même, mais elle vous fera entrevoir pour quelles fins très nobles la maladie peut être se-reinement acceptée et même désirée.

Cet homme a beaucoup de fautes à expier, ou du moins, il a l'âme souillée : la souffrance le purifiera. Cette jeune femme était déjà bonne, mais elle n'avait pas la force de caractère si nécessaire à qui doit être épouse et mère : la souffrance a été pour elle comme une eau qui l'a trempée, en lui donnant une grande énergie. Toi, peut-être tu as désiré le martyre ; tu avais rêvé d'avoir toi aussi l'occasion de souffrir pour Jésus : rends gloire à Dieu ; cette affliction de ton corps est comme une effusion de sang ; c'est une forme réelle de martyre. Tu veux ressembler à Jésus ? Tu veux te transformer en Lui ? Tu veux devenir par Lui un instrument de vie ? Dans la maladie tu peux trouver la croix et y être cloué pour y mourir à toi-même afin que ce soit Lui qui vive et se serve de toi. Combien parmi vous, chers fils, voudraient aider Jésus à sauver les âmes ! Offrez-Lui donc vos souffrances selon toutes les intentions pour lesquelles II s'immole continuellement sur les autels. Votre sacrifice, uni au sacrifice de Jésus, fera retourner au Père de nombreux pécheurs ; beaucoup d'infidèles trouveront la vraie foi ; beaucoup de chrétiens faibles recevront la force de vivre intégralement la doctrine et la loi du Christ. Et le jour où sera révélé au ciel le mystère de la Providence dans l'économie du salut, vous comprendrez finalement tout ce que vous doit le monde des bien-portants.

Voici, chers fils et filles, que Nous vous quittons. Nous prions Jésus, ami des souffrants, de demeurer près de vous, de demeurer en vous. Nous prions la Vierge immaculée, votre Mère très affectueuse, de vous réconforter de son sourire et de vous protéger sous son manteau.




Pie XII 1954 - ALLOCUTION AUX PROFESSEURS DE L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE D'ITALIE