Pie XII 1954 - III


PRIÈRE DES ENFANTS POUR LA PAIX

(19 mars 1954) 1



Cher Jésus, un jour tu as aussi été un petit enfant comme nous et tu nous as dit que tu aimais avoir des petits amis près de toi... c'est pourquoi nous les petits enfants de tous les coins du monde nous venons maintenant te remercier et prier pour la paix.

Tu désires être avec nous à chaque instant, en chaque lieu ; fais donc de nos coeurs ta maison, ton autel, ton trône, fais que tous nous formions une seule famille unie sous ta protection et dans ton amour.

Ecarte bien loin de chaque homme, jeune ou adulte, les pensées et les oeuvres de l'égoïsme qui séparent entre eux et éloignent de toi les enfants du Père céleste.

Que ta grâce soit pour tous un rempart contre les ennemis de ton Père et les tiens. Pardonne-leur, ô Seigneur, ils ne savent ce qu'ils font.

Si avec ton aide les hommes s'aimaient les uns les autres, ce serait la vraie paix dans le monde, et nous les petits enfants nous pourrions vivre sans la crainte des horreurs d'une nouvelle guerre.

Nous demandons à ta Mère, Marie l'Immaculée, qui est aussi notre Mère, de t'offrir notre prière de Paix, ainsi nous sommes certains que tu l'exauceras.

Doux Jésus, merci. Ainsi soit-il.


LETTRE POUR LES DEUX CENTENAIRES DE LA BASILIQUE DE SAINT-FRANÇOIS A ASSISE

(25 mars 1954) 1


A l'occasion du IIe centenaire de l'élévation de l'église de Saint-François à Assise à la dignité de Basilique Patriarcale et de Chapelle papale (1754) et du VIIe centenaire de sa consécration (1253), le Souverain Pontife adressa la lettre suivante au Révérendissime Père M. Victor M. Costantini, Ministre Général des Frères Mineurs Conventuels :

Il est certes utile et opportun, chaque fois que s'en présente l'occasion, de proposer en exemple à tous les hommes les glorieux mérites du Patriarche Séraphique ; il semble, en effet, « qu'en personne, l'image du Christ, Notre-Seigneur, et la forme évangélique de la vie, n'ont brillé d'une manière plus semblable et plus fidèle qu'en François » 2. C'est pourquoi le contenu de la lettre que vous Nous avez envoyée, selon laquelle le septième siècle est révolu depuis que Notre Prédécesseur Innocent IV consacra de ses propres mains le temple splendide « posé sur la colline du Paradis », et pareillement le deuxième siècle depuis que le même temple fut honoré du titre de Basilique Patriarcale et du privilège de « Chapelle Papale », Nous apparaît comme un double événement digne d'être célébré, et de nature à fournir occasion de remettre en mémoire les origines de la Famille franciscaine d'où resplendit la lumière d'une sainteté très élevée et d'où sortit un heureux renouveau chrétien des moeurs.

Tout le monde sait comment, en tout temps, les Pontifes romains ont manifesté à l'Ordre éminent des Mineurs une particulière bienveillance. En effet, deux ans seulement après que votre Père et Législateur se fut envolé de cette terre d'exil vers la céleste patrie, Notre Prédécesseur Grégoire IX décida par Lettre Apostolique « qu'on construisît une église dans laquelle le corps du Bienheureux François devait être conservé » 3 ; le même Pontife posa solennellement en 1228 la première pierre de ce grand édifice, après avoir inscrit de son autorité infaillible le Séraphique Patriarche au catalogue des Saints 4. Et il voulut non seulement que cette église ne fût soumise qu'au Pontife Romain 5 et qu'elle fût « placée sous la protection spéciale du Siège Apostolique » *, mais qu'elle devînt « Tête et Mère de tout l'Ordre franciscain » 7.

Peu d'années après, Notre autre Prédécesseur, Innocent IV, consacra de ses propres mains, Nous l'avons dit, ce temple merveilleux, déjà parvenu à son faîte 8 ; il voulut « qu'on l'embellît et ornât artistiquement » 9 et il le revêtit de privilèges et faveurs particuliers 10.

« Tous et chacun des privilèges, prérogatives, libertés, exemptions et immunités » concédés par les Souverains Pontifes précédents, Notre Prédécesseur Benoît XIV, non seulement les confirma par Lettre Apostolique mais y mit comme un couronnement ; ainsi que vous le savez : pour accroître la splendeur et la gloire de ce temple, il décida : « Par la teneur de la présente Lettre et par la plénitude du Pouvoir Apostolique, Nous érigeons Notre dite Eglise de Saint François d'Assise en Basilique Patriarcale et Chapelle Papale ; Nous la déclarons telle dès maintenant et à perpétuité ; et Nous voulons qu'elle soit dite et tenue pour Basilique Patriarcale et Chapelle Papale à parité complète avec les autres Basiliques Patriarcales de la Ville-Mère 12. » C'est pourquoi tant dans la Basilique supérieure qu'inférieure, « Nous déclarons l'autel dès à présent et à l'avenir Pontifical ou Pipai, de sorte que personne ne puisse, sans induit spécial..., y célébrer la messe en privé ou solennellement » 13. Nous voulons de même

Voir Bulle Recolentes du 28 avril 1228. Voir Bulle Speravimus du 16 juin 1230. Voir Bulle Recolentes du 22 octobre 1228. Ibid.

Voir Bulle Is qui Ecclesiam du 22 avril 1230.

Voir Bulle Si populus Israeliticus du 11 juin 1253.

Voir Bulle Decet du 10 juillet 1253.

Voir Bulle Dignum Bxistimamus du 16 juillet 1263.

Constitution Apostolique Fidelis Dominus du 25 mars 1754.

Ibid.

Ibid.

que dans l'une et l'autre Basiliques, « un trône ou Siège Pontifical... soit donc conservé à perpétuité » 14.

11 Nous semble, à la considération de ces remarquables privilèges — et Nous les confirmons bien volontiers en ces commé-moraisons centenaires — que Dieu lui-même a voulu non seulement honorer de la gloire suprême son fidèle serviteur dans le siège du bonheur céleste, mais aussi qu'il voulut le glorifier très spécialement sur la terre où il vécut sa vie très sainte et laissa sa dépouille mortelle.

A l'instar des Souverains Pontifes, les écrivains de toutes langues et Nations, comme captivés par la splendeur de sa sainteté l'exaltèrent par les plus grandes louanges ; et « les plus grands artistes rivalisèrent... dans la reproduction la plus exacte et la plus belle, par la peinture ou la sculpture, la gravure ou la mosaïque, de la figure et de la vie de François » 1o.

Mais ce qui importe bien plus, c'est que la vie de Saint François non seulement soit mise dans sa pleine lumière par la splendeur de la littérature et des arts, mais que chacun se propose ses éclatants exemples de vertus en modèle à imiter. Vous spécialement qui le suivez comme Père Législateur et avez embrassé par voeux sa forme de vie religieuse, tendez de toutes vos forces à reproduire en vous son image, à conformer vos moeurs, sous l'inspiration et avec l'aide de la grâce divine, à la beauté de son esprit séraphique et de sa sainteté.

Ce seront là, cher Fils, les fruits heureux et salutaires de ces célébrations centenaires. Il faut en effet « considérer que les honneurs rendus au Bienheureux François seront alors seulement très agréables à celui qui en est l'objet, s'ils sont fructueux pour ceux qui les rendent. Et ce fruit solide et durable consiste en ceci : que les hommes acquièrent une certaine ressemblance avec celui dont ils admirent l'éminente vertu et s'efforcent par cette imitation de devenir meilleurs » 10.

Tels sont, cher Fils, Nos voeux très fervents, ce que Nous vous souhaitons particulièrement à tous et l'objet de Nos prières instantes à Dieu pour vous tous. Et Nous avons confiance que la vertu du Père Séraphique qu'avec l'aide de Dieu vous aurez fait revivre en vous, vous la ferez fleurir de la même manière



Ibid.

Lettre Encyclique Rite expiatis, du 30 avril 1926, cf. A. A. S., 8, 1926, p. 170. Léon XIII, Lettre Encyclique Auspicato du 7 septembre 1882.

par votre parole, vos exemples et votre zèle apostolique parmi le plus grand nombre possible d'hommes.

Et comme Nous savons que le Patriarche d'Assise a été envoyé providentiellement pour réformer la chrétienté non seulement de son époque tourmentée, mais surtout pour tous les temps, Nous espérons que ces centenaires, en même temps qu'ils appelleront certainement à son glorieux tombeau de dévotes foules de pèlerins, contribueront notablement au renouveau des moeurs tant désiré.

Soutenu par cette douce espérance, Nous vous accordons paternellement dans le Seigneur, à vous, cher Fils et aux Religieux de votre Ordre - qui ont reçu et observé très attentivement la garde de la Basilique Patriarcale d'Assise et du tombeau du Père Séraphique - à toute la Famille franciscaine et à tous ceux qui participeront aux cérémonies sacrées, la Bénédiction apostolique, présage des grâces célestes et gage de Notre très particulière bienveillance.





LETTRE

SUR LA MISSION DES RELIGIEUX ENSEIGNANTS

(31 mars 1954) 1


La Lettre suivante a été adressée par Pie XII à Son Em. le Cardinal Valerio Valeri, préfet de la Sacrée Congrégation des Religieux :

Les Procureurs Généraux de huit Instituts Religieux Laïcs dont le but particulier et propre est l'instruction et la bonne éducation de la jeunesse, à la suite de leur Congrès annuel pour la France tenu l'an dernier à Paris, Nous ont adressé une lettre respectueuse pour Nous renseigner sur leurs activités et leurs projets, et ils Nous ont demandé avec une humble soumission de leur faire connaître Notre pensée paternelle, et de leur ;ndi> quer les moyens qui paraîtraient les plus propres à accroître toujours davantage et à perfectionner leur action.

Volontiers, Nous le faisons très brièvement par cette Lettre. Tout d'abord, Nous Nous réjouissons de savoir ces Religieux adonnés avec un zèle industrieux et actif à la fonction qui leur est confiée et qui peut apporter à l'Eglise, à la Société civile, à la famille, une aide des plus considérables. Car il s'agit d'une affaire de grande importance. Les jeunes en effet, sont l'espoir en fleur de demain ; et sans nul doute c'est surtout de ceux qui se forment aux belles-lettres et aux disciplines de tout genre en vue de pouvoir non seulement gérer des affaires privées, mais encore assumer à l'occasion les charges publiques, que dépend le cours des événements futurs. Si leur esprit est éclairé de la lumière évangélique, si leur âme est informée des préceptes chrétiens et leur volonté fortifiée par la grâce divine, alors il est permis d'espérer que grandira une nouvelle jeunesse apte à surmonter heureusement les difficultés, les désaccords et les troubles qui nous mettent présentement dans l'angoisse, capable

aussi d'établir enfin par son savoir, sa vertu, son exemple, une société meilleure et plus saine.

Dans ce but travaillent aussi, Nous l'avons appris avec une grande consolation, les Instituts de Religieux laïcs, guidés par les sages règlements que leurs Fondateurs respectifs leur ont laissés comme un héritage sacré. Nous désirons qu'ils le fassent non seulement avec habileté, diligence et grand soin, mais encore animés de cet esprit surnaturel grâce auquel les moyens humains peuvent s'épanouir et donner des fruits de salut. Et tout particulièrement, Nous souhaitons qu'ils s'efforcent d'inculquer aux adolescents qui leur sont confiés la doctrine non seulement authentique et exempte de toute erreur, mais encore ouverte et adaptée, grâce aux techniques et aux principes que l'époque actuelle a introduits dans toutes les disciplines.

Mais ce qui est capital, c'est qu'à cette vie religieuse, qu'ils doivent eux-mêmes vivre intensément, ils puisent les forces surnaturelles par lesquelles ils pourront former à la vertu chrétienne les élèves commis à leurs soins comme le requiert absolument la mission que l'Eglise leur a confiée. Car si cette vertu est négligée ou rejetée, les lettres et les disciplines humaines n'ont aucune valeur pour donner la rectitude de vie ; bien plus, elles peuvent devenir, surtout à cet âge si impressionnable qui se tourne facilement vers le vice 2, des instruments subtils de perversion et par conséquent de malheur.

Qu'ils veillent donc sur les âmes des jeunes gens, qu'ils comprennent à fond et dirigent sagement leur caractère, leurs désirs secrets, leurs divers mouvements intérieurs parfois inquiets et agités, et qu'ils fassent en sorte, selon leurs moyens, que les erreurs qui sont un piège pour la vertu soient repoussées le plus tôt et le plus diligemment possible, afin que soient écartés tous les périls qui pourraient souiller la pureté de l'âme, et qu'autour d'eux, tout concoure à éclairer leur esprit par la vérité, ainsi qu'à régir droitement et fortement leur volonté et à l'exciter à embrasser tout ce qui est bien.

Ils savent certainement, ces religieux, que l'éducation des jeunes gens est l'art des arts et la science des sciences 3 ; mais ils savent aussi qu'ils peuvent tout moyennant le secours divin, selon le mot de l'Apôtre des Nations : « Je puis tout en Celui qui me fortifie »4. Qu'ils pratiquent donc le plus possible la piété, comme il convient à des hommes qui, sans être intégrés a une « Religion cléricale », sont pourtant véritablement membres d'un Institut Religieux laïc5. Et cet Institut religieux, quoique composé presque uniquement d'hommes qui, par vocation spéciale de Dieu renoncent à la dignité du sacerdoce et aux consolations qui en découlent, est cependant en grand honneur dans l'Eglise et aide puissamment les Ministres sacrés eux-mêmes dans la formation chrétienne de la jeunesse. Comme il Nous a été déjà donné de le faire remarquer, « l'Etat Religieux n'est nullement réservé à l'un ou à l'autre des deux genres de vie qui, de droit divin existent dans l'Eglise puisque clercs et laïcs peuvent être Religieux au même titre » 6. Que si l'Eglise a donné aux laïcs aussi cette dignité et cette fonction, cela signifie certes très clairement pour tous que dans l'une et l'autre milice sacrée, on peut travailler très utilement, et à son propre salut et à celui des autres, par les règles et les principes canoniques particuliers qui les régissent chacune.

C'est pourquoi que personne ne sous-estime les membres de ces Instituts, ni la fécondité de leur apostolat sous prétexte qu'ils ne sont pas élevés au Sacerdoce. De plus, Nous savons fort bien que ces Religieux instruisent et éduquent si bien les jeunes gens confiés à leurs soins, que parmi eux beaucoup qui paraissent appelés par une inspiration divine sont heureusement amenés à recevoir le Sacerdoce. Parmi ces nombreux élèves, il n'en manque pas non plus qui, avec grande distinction ont été appelés au nombre des évêques et même des cardinaux. C'est là, pour les Instituts religieux de ce genre, un nouveau titre à Notre estime et à celle de toute l'Eglise, comme à la reconnaissance des évêques et du clergé. Ils leur apportent en effet une aide puissante, non seulement en procurant aux jeunes gens une bonne éducation, mais aussi en suscitant, avec le secours de la grâce divine, de nouveaux candidats aux ordres sacrés.

Dans cette voie où ils sont entrés, qu'ils continuent donc à marcher avec un dévouement toujours plus joyeux ; et qu'avec les autres Ordres et Instituts religieux à qui est confiée la même mission, ils s'appliquent dans l'union et le zèle, à l'instruction de la jeunesse.










Cf. Horace, Art poétique, 163.

S. Grégoire de Naziance, Orat. II, Migne, P. G. XXXV, 426.











DÉCRET

DE LA S. CONGRÉGATION CONSISTORIALE POUR LES AUMÔNIERS DE L'APOSTOLAT DE LA MER

(ier avril 1954) 1


Son Em. le Cardinal Piazza, secrétaire de la Congrégation Con-sistoriale, par ordre de Sa Sainteté Pie XII a signé le décret suivant, intitulé : « Règles et Pouvoirs pour les Chapelains et Directeurs de l'OEuvre „ Apostolat de la Mer " ».

I 1. Le saint Pape Pie XI, « a voulu, le 17 avril 1922, doter du témoignage de sa bienveillance et enrichir de l'approbation du Siège Apostolique l'OEuvre de l'Apostolat de la Mer, fondée pour l'utilité spirituelle, morale et sociale des marins, à Glasgow en Ecosse en 1920 ; cette oeuvre, grâce à un nombre imposant de Congrès et à l'accord des Ordinaires, s'étant largement étendue, Nous-même le 30 mai 1942 avons volontiers décidé qu'elle méritait d'être mise sous la direction de la Sacrée Congrégation Consistoriale » 2.

2. Nous voulons qu'auprès de la Sacrée Congrégation Consistoriale soit établi un autre groupement, le Secrétariat Général International, pour diriger l'OEuvre de l'Apostolat de la

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVI, 1054, p. 248. On comparera les pouvoirs souvent identiques des « Aumôniers de navires et de leurs Directeurs », dont les Normae et Facultaies (19 mars 1954, A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 415 ss.) sont traduites dans le présent volume, p. 68 ; voir aussi les Normae et Facilitâtes pour les Missionnaires d'Emi-grants et leurs Directeurs, 10 décembre 1954, en application de la Constitution Exsul Familia du 1er août 1952 : Documents Pontificaux 1952, p. 337.

2 Constitution Apostolique Exsul Familia, Tit. I, A. A. S., 44, 1952, p. 674 ; Documents Pontificaux 1952, p. 365.

Mer, dont l'objet principal est le bien spirituel ou moral des marins, c'est-à-dire de ceux qui sont à bord des navires comme officiers ou travailleurs, ou sont attachés aux ports pour la préparation des voyages maritimes.

La direction de ce Secrétariat sera confiée à l'Assesseur de la Sacrée Congrégation Consistoriale comme président ; le Délégué aux oeuvres d'émigrants remplira les fonctions de secrétaire.

Pourront aussi faire partie du secrétariat :

i° Les ecclésiastiques choisis par les Evêques comme Directeurs de cette oeuvre dans chaque pays ou nation ;

20 Les autres prêtres qui, ayant bien mérité du progrès de cette oeuvre, méritent d'être revêtus de ce témoignage d'honneur 3.


II

3. Sont déclarés légitimement chargés de la fonction d'Aumôniers ou Directeurs — pour chaque Etat ou Nation — de l'OEuvre de l'Apostolat de la Mer les prêtres, qui présentés par les Ordinaires sont approuvés et nommés par la Sacrée Congrégation Consistoriale, par un Rescrit particulier.

4. Pour les prêtres régulièrement chargés de la fonction d'Aumôniers ou Directeurs de l'OEuvre de l'Apostolat de la Mer, valent, selon l'analogie des situations, les dispositions édictées pour les Chapelains des navires et leurs Directeurs dans la Constitution Apostolique Exsul Familia.

5. Pour la célébration du Saint Sacrifice et la récitation de l'Office divin, les prêtres qui se trouvent sur les navires, peuvent pendant la durée de la traversée utiliser le calendrier de l'Eglise Universelle.

6. Au Canon de la Messe, pendant la durée du voyage par mer, on exprime le nom du Pape, omettant celui de tout Evê-que.

7. Les Chapelains de l'Apostolat de la Mer sont aussi tenus à l'obligation de tenir les registres de baptisés, confirmés et défunts et de les confier à la garde des archives du Directeur.

8. Pour la garde de ces livres et la copie authentique à en envoyer à la Curie, la Sacrée Congrégation Consistoriale décide :

i° qu'une copie authentique des registres de baptêmes, confirmations et décès établis par les aumôniers de l'Apostolat de la Mer, doit être transmise à la Curie du diocèse où est établi le siège du Directeur ; .

2° que le Directeur seul est chargé d'envoyer à la Curie les copies établies par lui ;

3° que le même Directeur doit, chaque année, au début de l'année suivante, envoyer un rapport à la Sacrée Congrégation Consistoriale et à l'Ordinaire du diocèse indiqué plus haut sur le nombre de ceux qui ont été confirmés par les Chapelains de l'Apostolat de la Mer, en vertu des pouvoirs dont il est traité ci-dessous ? g, i°, et sur la manière dont ils se sont acquittés de cette fonction comme ministres extraordinaires.

4° que dans l'exacte observation des règles établies à ce sujet par les saints canons, le curé du domicile des personnes en cause dans les registres, doit être lui aussi informé au plus tôt des actes inscrits dans les registres ;

5° que le Directeur national usera de son sceau et aura une armoire à archives pour la garde des registres cités, en même temps que des lettres et autres documents de la Sacrée Congrégation Consistoriale et des Evêques, pour toute éventualité de nécessité ou d'utilité.

6° qu'il appartient au Directeur seul de donner les « lettres testimoniales » à ceux qu'elles concernent.


III

g. Les Aumôniers et Directeurs de l'OEuvre de l'Apostolat de la Mer dont il a été question ci-dessus n. 3 reçoivent pour la durée de leur fonction les pouvoirs ou privilèges suivants :

i° Le pouvoir d'administrer, aux conditions du Décret de la Sacrée Congrégation de la discipline des Sacrements Spiri-tus Sancti munera l, le sacrement de Confirmation aux marins se trouvant par maladie grave en danger de mort.

2° Le pouvoir d'administrer le Sacrement de Confirmation, pendant la durée du voyage par mer, à tout enfant ou adulte nourri pour la première fois sur le navire même de la sainte communion, pourvu que ne soit pas présent un Evêque en communion avec le Siège Apostolique et qu'il soit à prévoir que

A. A. S., 38, 1946, p. 349 5!.

le confirmand, soit à cause de l'âge ou de l'ignorance de la langue soit pour des circonstances locales, ne recevrait qu'avec grande difficulté ce sacrement dans le pays d'immigration, et en observant les autres règles de droit et surtout, quant au rite, l'Instruction pour un simple prêtre administrant le Sacrement de Confirmation par délégation du Siège Apostolique, contenue dans l'Appendice du Rituel Romain.

30 Le privilège de l'autel portatif, pourvu que la Messe soit célébrée au profit des marins ; ils pourront en user également sur mer, en observant religieusement les indications de la Constitution Apostolique Exsul Familia et surtout son Titre II, art. 28.

4° Le pouvoir de célébrer le Sacrifice de la Messe sur les navires, même privés d'un oratoire légitimement érigé, la nuit de Noël, pourvu que la célébration de la Messe soit précédée de prières pendant au moins une demi-heure et que la Messe ne commence pas avant minuit et demi, tout péril d'irrévérence étant toujours écarté et les autres règles de droit observées.

50 Le pouvoir de célébrer la Messe sur les navires, même dépourvus d'un oratoire régulièrement érigé, la nuit du 31 décembre au ier janvier suivant, chaque année, avec la faculté de commencer la Messe à minuit juste, pourvu que les prières durent environ deux heures, temps de la célébration de la Messe compris, tout danger d'irrévérence étant toujours écarté et les autres règles de droit observées.

6° Le privilège de célébrer une seule messe le Jeudi de la Semaine Sainte.

7° Le pouvoir de célébrer deux ou trois fois les dimanches et fêtes de précepte et fériées 5 pour la commodité des marins, chaque fois que le besoin se fera sentir de pourvoir à leur bien spirituel par la célébration de la Messe.

8° Quant à la célébration de la Messe l'après-midi ou le soir, on s'en tiendra au décret de la Sacrée Congrégation du Saint-Office du 31 mai 1953 d.

90 Le pouvoir d'absoudre, pendant la durée du voyage par mer, tous pénitents de la censure encourue, selon le can. 2350 § 1

s Le Code de Droit Canon donne la liste des fêtes fériées.

e A. A. S., 45, 1953, p. 426 ; Documents Pontificaux 1953, Constitution Christus Dominus, p. 15.


AUMONIERS DE L'APOSTOLAT DE LA MER



127



du C. J. G, par ceux qui procurent l'avortement, les règles de droit étant observées.

io° Le pouvoir d'absoudre pendant la durée du voyage par mer, en observant les prescriptions du droit et autres que la S. Pénitencerie a coutume d'imposer dans ces circonstances, et dans les cas pour lesquels, suivant les règles établies par le Code de Droit Canon can. 2314 § 2, l'Ordinaire pourrait lui-même absoudre, n'importe quel pénitent se trouvant sur le navire à n'importe quel titre, des censures et peines encourues pour apostasie, hérésie ou schisme — excepté cependant les hérétiques qui propagent délibérément l'hérésie parmi les fidèles, aussi bien si personne n'entendait ou ne faisait attention que si elle était manifestée en public — et de recevoir juridiquement leur abjuration 7.

n° Pour les seuls Directeurs Nationaux, le pouvoir de recevoir, en cas de nécessité, les confessions de tous fidèles s'adres-sant à eux dans les endroits proches des ports de leur Nation, pourvu que le Directeur ait été approuvé pour recevoir les confessions par son propre Ordinaire.

12° Le pouvoir de bénir les ornements sacerdotaux, les nappes et linges d'autel, les corporaux, tabernacles ou vases pour la garde de la très sainte Eucharistie et tous autres objets du culte.

130 Le pouvoir de bénir, selon les rites prescrits par l'Eglise, avec toutes les indulgences que le Saint-Siège a coutume de concéder, les rosaires, crucifix, petites statues et médailles ; d'attacher en outre aux chapelets les indulgences dites de sainte Brigitte et des Pères Croisiers.


IV

10. Les marins peuvent remplir le précepte de la communion pascale pendant toute l'année.

11. Les fidèles se trouvant sur les navires, pourvu qu'ils se soient confessés et aient communié, peuvent gagner l'indu!gence plénière du 2 août toutes les fois qu'ils visiteront l'Oratoire établi régulièrement sur le navire et qui garde par induit apostolique la Très Sainte Eucharistie, et y réciteront dévotement à chaque visite six Pater, Ave et Gloria aux intentions du Souverain Pontife 8.

12. Les mêmes fidèles, aux mêmes conditions peuvent gagner l'indulgence plénière à appliquer aux défunts le 2 novembre chaque fois qu'ils visiteront pieusement le dit Oratoire et réciteront dévotement à chaque visite six Pater, Ave et Gloria aux intentions du Souverain Pontife.




























CARDINAL MAI



129







LETTRE


A L'OCCASION DU PREMIER CENTENAIRE DE LA MORT DU CARDINAL MAI

(j avril 1954) 1


La lettre suivante fut adressée à Son Exc. Mgr Piazzi, évêque de Bergame à l'occasion du centenaire de la mort de Son Em. le Cardinal Angelo Mai :

II est normal et toujours bon de rappeler avec reconnaissance le souvenir des hommes qui ont été célèbres par leur science et leur vertu. C'est pourquoi Nous vous félicitons chaleureusement, Vénérable Frère, vous et les autorités civiles et ecclésiastiques de Bergame, pour votre intention de célébrer Angelo Maï à l'occasion du centenaire de sa mort par un hommage approprié.

Ce savant Cardinal, dont la gloire est répandue dans le monde entier, restera l'honneur tout particulier de Bergame : c'est dans ce diocèse qu'il a vu le jour, c'est là que, dans la fleur de sa jeunesse, il donna les preuves d'une vigueur intellectuelle qui fit naître tant d'espoirs. Certes, Parme, Naples, et surtout Milan (où il déploya à la célèbre Bibliothèque Am-brosienne une intense activité d'écrivain) nourrirent et fortifièrent son esprit ; mais sans aucun doute c'est Rome qui développa l'étendue et la puissance de sa science. Grâce à la fréquentation de membres remarquables de la Compagnie de Jésus, et tout particulièrement du Bienheureux Joseph Pigna-telli, sa vie spirituelle eut un grand éclat. A Rome, la Bibliothèque Apostolique Vaticane lui fournit un domaine et un champ d'études si vastes qu'il put y dépenser une énorme activité et y exercer son esprit. En effet, au cours des siècles les Pontifes Romains ont conservé là un extraordinaire trésor de documents, de manuscrits et d'imprimés qui attire une foule de savants venus pour y étudier la pensée, les événements, les documents du passé. C'est là que, comme conservateur, puis comme cardinal-bibliothécaire, grâce à un labeur acharné et constant dans le domaine de la philologie et de la paléographie, il composa des ouvrages d'une importance capitale, dont le souvenir est ineffaçable et l'utilité indiscutée. C'est pourquoi, voulant manifester Notre reconnaissance envers un homme tout dévoué au Saint-Siège, Nous désirons, par Notre participation, donner en quelque sorte un joyeux couronnement aux célébrations et aux réunions qui, chez vous, honoreront sa mémoire. Nous y ajoutons le souhait qu'en lui voyant rendre les honneurs qui reviennent à sa gloire et à ses mérites, beaucoup soient poussés à faire, eux aussi, de grandes choses pour l'Eglise et pour la Patrie.

Car, Angelo Maï restera toujours un exemple éclatant pour ceux qui ambitionnent de se consacrer à la recherche de la vérité. Pénétration du jugement, ampleur et valeur de l'érudition, connaissance des langues, habileté dans l'examen des questions, telles sont les qualités qu'infatigablement il appliqua à l'étude de l'antiquité profane et chrétienne. Il y ajouta le mérite d'être un de ces écrivains élégants et distingués qui savent joindre à la valeur de la pensée l'éclat et la perfection de la forme.

On sait avec quelle compétence et quel succès il s'adonna à la lecture des palimpsestes. Il y retrouva en grande partie et publia le De re publica de Cicerón, les lettres de Fronton, d'autres textes encore d'auteurs antiques, ce qui répandit partout sa renommée. Entre toutes ses publications fort nombreuses, citons ici au moins les principales, les plus importantes et les plus imposantes : la Nouvelle collection des écrivains anciens, les Auteurs classiques édités d'après les manuscrits du Vatican, le Spicilegium Romanum, la Nouvelle bibliothèque des Pères.

Mais Angelo Maï fut aussi un homme remarquable par ses vertus, et en particulier par sa générosité toujours libérale envers les pauvres ; « scribe instruit dans les choses du Royaume des cieux » 2, il fournit aux hommes de son temps et de l'avenir, par la richesse de son enseignement, des exemples utiles à leur formation morale ; il y donna des éléments efficaces au progrès de la civilisation humaine. Il y a là un pieux avertissement : c'est Dieu qui est la source et le principe de vie, de lumière et de bonheur que doivent poursuivre ceux qui, recherchant et enseignant la vérité, sont considérés comme les guides des autres hommes. Voilà des voeux bien en rapport avec notre temps, où la poursuite de l'utilité et du plaisir est devenue le but principal des recherches et des techniques : il en résulte un écroulement moral qui est lourd de menaces obscures.

Souhaitant ardemment que les solennités organisées en mémoire d'Angelo Maï remportent le plus grand succès, et que surtout ses concitoyens et un grand nombre d'Italiens y trouvent un stimulant pour avancer sur le chemin de la vertu, Nous pensons qu'il ne Nous reste plus qu'à vous accorder à vous, Vénérable Frère, aux autorités de Bergame, et à tous ceux qui participeront aux manifestations prévues, en gage du secours d'en-haut, la Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AUX PARTICIPANTS DU CONGRÈS DE RADIOLOGIE

(5 avril 1954) 1


A Rome se sont tenus le IIe Congrès de Radiologie et d'Electrologie des pays de culture latine et le XVIIIe Congrès de la Société italienne de Radiologie médicale auxquels participaient 1500 spécialistes.

Le Saint-Père ne put pour cause de santé adresser Lui-même la parole à ceux-ci mais le texte imprimé du discours suivant fut distribué à chacun des participants :

Nous sommes heureux d'accueillir le groupe imposant que vous formez devant Nous, Messieurs, groupe imposant tant par le nombre que par la qualité de ses membres. Deux grands congrès, l'un national, l'autre international, vous réunissent cette année à Rome autour d'un programme scientifique particulièrement riche, à l'illustration duquel les plus hautes compétences ont brillamment contribué par de savantes conférences et par de nombreux et importants rapports.

Le Pape souligne le rôle actuel de la radiologie dans la médecine :


La radiologie se perfectionne de jour en jour et tient maintenant une telle place dans la médecine générale que celle-ci ne peut plus ignorer ses ressources ni se passer de ses services. Le temps n'est plus où elle demeurait pour beaucoup une spécialité aisément négligeable. Elle a désormais conquis droit de cité dans l'enseignement, car elle a souvent modifié et parfois révolutionné les données traditionnelles.

La radiologie permet aujourd'hui un diagnostic plus sûr :

C'est ainsi que, grâce à l'examen radiologique du vivant, l'anatomie et la physiologie normales et pathologiques ont notablement progressé. Il est désormais devenu possible de diagnostiquer plus tôt et plus sûrement des états congénitaux ou acquis, jusque-là difficilement ou trop tardivement discernables ; on a pu par le même moyen d'observation mettre en évidence les corrélations et répercussions des anomalies locales, et, par le fait même, adapter les traitements, hâter les interventions, apporter à toutes les branches de la médecine un précieux concours.

La radiologie joue aussi un rôle thérapeutique :

Le rôle de la radiologie n'est pas seulement de recherche et d'information ; il est aussi thérapeutique, et les applications en sont nombreuses et bienfaisantes, particulièrement dans les cas d'affections inflammatoires et dans le champ si vaste, hélas, des tumeurs de tous genres.

Cette nouvelle branche des sciences médicales suppose des mises au point techniques constamment renouvelées :

Que de problèmes techniques résolus depuis 1895, date des premières découvertes de Rontgen, jusqu'aux merveilleux appareils radiologiques d'aujourd'hui ! Là, en effet, où l'observation directe des phénomènes est impossible, les démarches de l'esprit humain doivent s'entourer d'une multitude de précautions il faut procéder par hypothèses, inventer constamment quelque nouveau moyen de rendre sensible ce qui ne l'était pas, de mesurer des quantités ou des vitesses absolument en dehors du champ normal de nos sens. La simple question de la chaleur à éliminer dans les générateurs du rayonnement X présente de grandes difficultés techniques et, si l'on passe en revue toutes les conditions nécessaires pour obtenir une image radiosco-pique ou radiographique correcte, on est stupéfait de les voir réalisées dans un seul et même appareil, le tube à anticathode tournante, aujourd'hui universellement employé.

Mais il reste encore bien des énigmes à résoudre :

Lorsqu'on aborde la question proprement médicale des effets du rayonnement X sur la matière vivante, on se heurte encore à un grand nombre d'énigmes touchant la nature des perturbations produites dans les cellules par le mystérieux bombardement de particules infiniment petites et douées de vitesses extrêmement grandes. La connaissance que les microscopes électroniques eux-mêmes donnent des éléments les plus ténus de la cellule ne renseigne pas sur les conséquences immédiates et lointaines des lésions subies par ces éléments, ni sur les possibilités de restauration des tissus sains endommagés par le traitement des tissus formés par des cellules parasitaires. On sait toutefois que les cellules parasites et pathologiques sont beaucoup plus sensibles au rayonnement X que les cellules naturelles et saines, et toute la radiothérapie des tumeurs malignes est basée sur cette constatation. Ses indications et ses limites sont marquées par la connaissance des doses que peut supporter le tissu environnant. Il faut s'efforcer de faire parvenir sur la tumeur, à n'importe quelle profondeur, une dose d'irradiation suffisante pour la détruire complètement, tout en épargnant les régions saines. Le grand problème est de déterminer en chaque cas particulier ce que l'organisme du patient peut supporter immédiatement ; le temps manque souvent pour attendre les réactions lointaines ; d'autre part, il faut juguler le mal avant qu'il ne s'étende. On devine la somme de connaissances qu'il faut pour se servir des rayons X. Deux des thèmes de votre congrès y sont consacrés ; d'autres étudient de nouvelles techniques radiographiques de la région rénale ou la physiothérapie sportive.

Ces Congrès sont utiles par les contacts qu'ils établissent entre les spécialistes :

Mais les fruits d'un Congrès sont loin d'être épuisés par l'énumération des leçons et communications officielles : les relations et entretiens personnels en constituent souvent l'attrait et le bienfait le plus sensible ; des amitiés profondes basées sur l'estime réciproque amorcent ou entretiennent des collaborations précieuses. Qui ne soupçonne ce qu'il faut parfois, au chercheur et à l'expérimentateur, de patience et de dévouement à la science pour ne pas se contenter d'une certaine approximation, pour ne pas majorer les résultats obtenus, pour garder constamment et jusqu'au bout la parfaite probité scientifique, sans laquelle il ne saurait y avoir d'acquisition définitive ! Un homme seul pourrait se lasser ou succomber à la tâche ; s'il est stimulé par l'exemple et l'encouragement d'amis fidèles, il a plus de chances de mener à bien son laborieux effort.

Mais il faut considérer les progrès de cette science nouvelle avec modération, ne pas trop s'emballer des succès et ne pas se décourager à la suite des insuccès.

La radiologie a mis à la disposition des médecins un nouvel instrument, fruit d'une science neuve et hardie, qui ne fait peut-être encore qu'entrevoir la multitude de ses applications futures. Les plus beaux espoirs lui semblent permis, mais une telle perspective pourrait engendrer chez certains une réaction dommageable : l'excès de confiance, et son corollaire pres-qu'obligé, le découragement, lorsque survient l'insuccès. Toute technique appliquée au recouvrement ou au maintien de la santé s'exerce nécessairement dans un champ d'action limité : elle peut guérir un mal, en ralentir un autre, mais ne supprimera jamais totalement la maladie, la souffrance et la mort. Quand le médecin médite cette vérité, il évite avec peine un sentiment d'amertume, surtout quand il a mis sa foi dans les ressources d'une technique nouvelle, susceptible d'une magnifique évolution. Il aurait tort toutefois de céder à cette impression, et de relâcher son effort. Car, en apportant à d'autres spécialistes une précieuse collaboration, en développant incessamment les possibilités propres à votre branche, vous réussirez peut-être, Messieurs, Nous le souhaitons, ardemment, à triompher de maux jusqu'ici incurables.

Le médecin n'oubliera jamais qu'il doit ajouter à son action sur le corps, une influence morale sur l'âme.

Mais il est encore un autre objectif, plus digne et plus enviable. N'admirez-vous pas la souveraine aisance, avec laquelle le Christ guérissait les malades qu'on Lui apportait : un regard, un geste de la main, une parole de consolation, et le patient s'en allait délivré de son infirmité, mais surtout purifié au plus intime de son âme et de sa conscience. Ne devez-vous pas ambitionner vous aussi d'étendre votre action jusqu'au plan moral ? Le sens d'une destinée humaine ne se limite pas à la jouissance ou au recouvrement d'une santé périssable : il s'élargit infiniment jusqu'aux réalités ineffables de l'au-delà. Comment accepter la maladie et la souffrance ; comment en tirer profit pour la purification de la vie affective et l'appréciation plus exacte des choses humaines : voilà des problèmes qui se posent à tout malade et dont il cherche obscurément ou consciemment la solution. Si vous voulez aider à y répondre tous ceux qui auront recours à votre aide, vous n'aurez plus à craindre l'échec de vos efforts dans le domaine médical, ni même l'incompréhension ou l'opposition de ceux qui prônent des méthodes différentes. Animés d'une charité profonde, vous poserez une action qui, outre son efficacité temporelle, acquiert une valeur d'éternité.

Le Saint-Père termine en montrant la grandeur des tâches des radiologues :

Le savant qui se consacre à des travaux tels que les vôtres ne sert pas une idole, mais, en s'efforçant de connaître les inépuisables ressources de la nature physique et de la nature vivante, il révèle chaque jour un peu plus les trésors déposés par le Créateur dans sa création. Il est comme un découvreur de terres nouvelles à la gloire de son Seigneur. Il est aussi dans la même mesure le bienfaiteur de ses frères les hommes, au service desquels il met immédiatement ou compte mettre le plus tôt possible le résultat de ses recherches. Votre part est belle, Messieurs, dans le travail pour l'humanité et Nous vous adressons bien volontiers les félicitations et les encouragements que vous pouvez attendre de Nous. Rien de ce qui touche à la science et au bonheur de l'humanité ne Nous laisse indifférent et Nous formons pour le succès de votre labeur les voeux les plus sincères et les plus cordiaux.


Pie XII 1954 - III