PieXII 1955 - DISCOURS AUX REPRÉSENTANTS DE L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE ITALIENNE


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AUX JOURNÉES INTERNATIONALES D'ÉTUDES CINÉMATOGRAPHIQUES DE DUBLIN

(22 juin 2955) 1

Son Exc. Mgr Dell'Acqua, substitut à la Secrétairerie d'Etat, a envoyé la lettre suivante au président des « Journées internationales d'études cinématographiques » qui s'ouvraient à Dublin le 3 juillet :

Les Journées internationales d'études cinématographiques, qui se tiendront à Dublin du 3 au 7 juillet, se proposent de poursuivre l'étude de la classification morale des films, que vous aviez abordée l'an dernier à Cologne : après l'examen des critères de cette classification, vous posez cette année le problème de ses moyens de diffusion.

A peine ai-je besoin de vous dire l'attention bienveillante portée par le Saint-Père à ce programme. Par l'important discours qu'il prononçait hier devant les représentants qualifiés du monde du cinéma, ne vient-il pas, en effet, de manifester éloquemment son estime pour cette nouvelle forme de l'art, en même temps que « sa poignante anxiété pour le sort de tant d'âmes sur lesquelles le cinéma exerce un pouvoir profond » 2 » Aussi Sa Sainteté se plaît-elle à penser que les délégués réunis à Dublin, prenant acte des progrès réalisés depuis un an pour le bon fonctionnement et la coordination des Commissions nationales de cotation, auront à coeur de continuer activement la tâche entreprise. Elle forme les meilleurs voeux à cet égard.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano, du 6 juillet 1055.

2 Discours du 21 juin 1955, cf. p. 186.

Etablir la valeur morale des films ne suffit pas ; tout chrétien doit s'efforcer d'en assurer la diffusion.

Il servirait certes de peu d'établir une sûre cotation morale des films, si l'on ne se préoccupait également d'en répandre la connaissance de façon large et efficace. « Il est nécessaire, souligne l'encyclique Vigilanti Cura, que le peuple sache clairement quels sont les films permis pour tous, quels sont ceux qu'il n'est permis de voir qu'à certaines conditions, quels sont ceux enfin qui sont pernicieux ou franchement mauvais3. » Sans doute, comme vous l'écrivait la Secrétairerie d'Etat il y a un an, les fidèles sont-ils tenus de s'informer du jugement porté par les Offices compétents sur la valeur morale des films, et d'y conformer leur conduite ; mais à cette obligation personnelle, correspond un devoir indubitable pour les chrétiens — ceux surtout qui peuvent agir plus directement sur l'opinion — d'assurer dans les meilleures conditions une ample diffusion de cette classification morale.

N'est-ce pas là, d'ailleurs, la recommandation de cette même encyclique, quand elle rappelle que l'oeuvre d'assainissement du cinéma ne concerne pas seulement les évêques, mais qu'elle « oblige tous les catholiques et même tous les hommes de coeur qui ont le souci de l'honneur et de la santé morale de la famille, de la nation et de toute la société » 4 ? Et le Saint-Père, en son dernier discours, souhaite pareillement « l'accord unanime des bons contre le film corrupteur », il invoque volontiers l'assentiment des « hommes de bon jugement et d'intention droite » pour confirmer dans leurs efforts les responsables de la production cinématographique 5.

Cette tâche de diffusion correspond ainsi à une forme authentique d'apostolat, dont tout catholique militant doit prendre conscience. Aux divers efforts entrepris de nos jours pour former le jugement moral des fidèles à l'égard des films et leur permettre de réagir sainement à un spectacle qui leur est présenté, il faut associer une large action sur l'opinion publique en vue de faire connaître et respecter du plus grand nombre la cotation morale portée sur les films par les organismes qui ont reçu mandat de la hiérarchie.

3 A. A. S., 27, 1936, p. 260.

4 Ibid., p. 258.

5 Discours du 21 juin 1955, cf. p. 193.

L'Eglise a le droit d'intervenir en cette matière.

Il n'est pas rare toutefois d'entendre aujourd'hui affirmer par certains que la direction et la vigilance de l'Eglise offensent la dignité et l'autonomie qui conviennent à des adultes. « Que l'Eglise, n'hésitent-ils pas à dire, promulgue des lois pour diriger nos actions. Mais, quand il s'agit de les appliquer à la vie de chacun, alors qu'elle s'abstienne et ne s'immisce nullement en ces questions : qu'elle laisse chacun obéir à sa conscience6. » A cette objection, Sa Sainteté a répondu avec force en montrant que le gouvernement des pasteurs « n'est pas une tutelle d'enfants, mais la direction efficace des adultes pour le bien de la cité... Sous la conduite et la vigilance des pasteurs, affirmait-elle, la vraie liberté des fidèles est sauvegardée ; ils sont prémunis contre l'esclavage des erreurs et des vices, affermis contre les tentations... Qu'ils ne refusent donc pas la main que Dieu leur tend, pour ainsi dire, et le secours très sûr qu'il leur fournit » 1.

Chacun a le devoir de collaborer avec l'Eglise en ce domaine.

C'est donc à une oeuvre de « vraie liberté », en même temps que de prudence et de charité, que sont conviés les fils de l'Eglise au service de la cité. Que chacun, après s'être informé pour son propre compte, répande autour de lui, dans ses cercles de famille, de quartier, de travail ou de relations, les appréciations morales formulées par les centres nationaux ; qu'il ose parler ; qu'il fasse comprendre le sens et la portée d'une telle classification voulue pour notre bien par l'Eglise, mère vigilante, éduca-trice des consciences, gardienne de l'ordre moral. Les parents et les éducateurs auront notamment le souci de former sur ce point l'âme de la jeunesse, car de cette éducation première dépend pour une grande part l'aptitude des fidèles à correspondre avec docilité aux directives de leurs pasteurs. Bref, en un siècle où l'influence du cinéma s'est révélée si large et si pénétrante, tout chrétien doit collaborer de son mieux avec la hiérarchie dans les initiatives qu'elle propose pour lutter contre l'immoralité, assainir le film et faire observer les normes d'action qui résultent de la classification établie par ses soins.

6 Discours du 2 novembre 1954, A. A. S., 46, 1954, p. 674 ; cf. Documents Pontificaux 1954, p. 478. 1 Ibid.

La responsabilité de cette diffusion incombe toutefois très particulièrement à ceux que leur profession met à même d'exercer une influence directe sur l'opinion publique : rédacteurs et directeurs des revues spécialisées, critiques de cinéma, écrivains, journalistes... Grave responsabilité, en vérité, d'être ainsi appelé à servir, à travers le jeu normal de l'information, l'action même de l'Eglise dans un secteur aussi important de la moralité publique et individuelle ! Comment concevoir dès lors que des plumes ou des voix catholiques puissent envisager de traiter d'un film, sans faire une mention explicite de sa classification morale ? La légitime liberté, dont jouit le critique pour apprécier la valeur artistique et les autres qualités techniques, s'harmonise parfaitement avec son devoir de chrétien de tenir le plus grand compte d'un jugement moral porté, avec les meilleures garanties, par les organismes qualifiés ; bien plus, il doit mettre celui-ci en valeur et le diffuser loyalement, se souvenant, selon les paroles du Saint-Père, qu'un film idéal met tout son art « au service de l'homme » pour l'aider « à se maintenir et à s'affirmer dans les sentiers de la rectitude et du bien » 8.

Une opinion largement éclairée, une discipline volontiers consentie seront sans nul doute d'un grand poids dans l'oeuvre de redressement que souhaite le Saint-Père. Et c'est pourquoi vos Journées internationales s'appliquent à si bon droit à ce problème, en apparence restreint, de la diffusion de la cotation morale des films. Par elle, c'est l'opinion publique qui est saisie, et la société moderne est sensible, on le sait, « à une défense qui vient directement de la collectivité ». Souhaitons donc, pour fruits de vos travaux, qu'une saine réaction de la collectivité, opportunément suscitée et entretenue, soutienne toujours. plus fidèlement et efficacement les justes mesures prises par l'autorité pour servir, dans le domaine du cinéma, le bien moral de la cité. C'est avec ce voeu qu'appelant sur votre assemblée une large effusion de grâces divines, Sa Sainteté vous accorde, ainsi qu'à tous les membres de l'O. C. I. C, une très paternelle Bénédiction apostolique.

Discours cité du 21 juin 1955, cf. p. 199.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT AU RÉVÉREND PÈRE SPIEKMAN SUPÉRIEUR GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DU TRÈS SAINT SACREMENT

(23 juin 1953) 1

Les circonstances particulières et par-dessus tout l'esprit qui réunit en chapitre général les représentants des divers pays où s'étend la Congrégation du Très Saint Sacrement, offrent à Sa Sainteté l'occasion opportune d'être présente à leurs travaux par un discours que la voix vivante du Saint-Père n'a pas pu adresser à ses Fils si heureux de l'entendre.

Ce discours, plus qu'une exhortation, veut être une approbation des projets de sanctification et d'apostolat qui ont animé jusqu'ici la si méritante famille du bienheureux Père Eymard et selon lesquels la même famille entend poursuivre sa mission pour l'extension du règne de Dieu dans le monde des âmes.

L'esprit tendu vers le saint tabernacle, centre de toute la liturgie et de toute la vie de l'Eglise, cette pieuse troupe d'apôtres adorateurs peut et doit sans doute chercher — dans la fidélité même à son propre programme de vie, tout entier soutenu par la prière au service de l'action — les moyens qui s'adaptent le mieux aux exigences de notre temps pour le rendement le plus assuré de leur institut. Toutefois, ils ne pourront l'obtenir autrement qu'en maintenant la primauté de la prière dans leurs vies, fermement persuadés que c'est elle seulement qui peut donner sa propre efficacité à toute forme d'apostolat ancien et nouveau.


CONGREGATION DU TRES SAINT-SACREMENT 207

Si, en effet, la prière est l'âme de tout apostolat, pour ces religieux, elle constitue l'apostolat spécifique, vivant, quotidien, continu, d'où leur foi et leur piété doivent se promettre, visibles ou non, d'infaillibles succès au milieu du peuple chrétien. C'est pourquoi, l'urgence du travail auquel l'heure présente appelle avec force toutes les forces disponibles de l'Eglise, n'autorise pas une moindre application à la prière chez ceux pour qui la prière est l'essence même de leur vocation.

Ajoutez à cela le fait consolant qu'aujourd'hui, même au milieu de tant de matérialisme et de scepticisme pratique, l'aspiration vers Dieu, la sympathie pour notre divin Rédempteur, la soif d'une vie spirituelle, ont tendance à se réveiller dans beaucoup d'âmes désillusionnées et désespérées. C'est pourquoi le spectacle d'hommes qui sentent et pratiquent intensément la vie de l'esprit ne peut pas ne point exercer l'influence la plus bienfaisante et rendre les âmes attentives aux récompenses trop oubliées, les éternelles valeurs de l'existence.

Ces valeurs, les fils du bienheureux Père Eymard sont appelés à les montrer dans l'hostie sainte qui concentre et imprègne toute leur vie spirituelle, en regardant vers elle et en immolant par elle leurs meilleures énergies, leur piété eucharistique pratiquera le plus fécond apostolat.

C'est dans ces sentiments que l'auguste Pontife, en faisant des voeux pour son succès, accompagne le chapitre général de la Congrégation du Très Saint Sacrement. En invoquant sur ses travaux l'abondance des lumières divines, il envoie de tout coeur à votre Paternité révérendissime et à chacun des capitu-laires la Bénédiction apostolique.


DISCOURS AUX CHEMINOTS DE ROME

(26 juin 1955) 1

Le dimanche 26 juin, le Saint-Père a adressé le discours suivant aux cheminots romains réunis en grand nombre dans la Basilique vaticane :

Nous gardons encore vivant en Notre esprit le souvenir d'une grande journée, dont la signification apparaîtra toujours plus clairement aux yeux non seulement des amis, mais aussi des ennemis même du nom chrétien.

Plusieurs manifestations précédentes et en particulier celle du premier mai semblent être le signe qu'il y a quelque chose de changé dans le monde ouvrier. Le Saint-Père y voit une raison d'espérer une solution chrétienne du problème social et le retour de la classe ouvrière au Christ.

Lorsque, le premier mai de cette année, Nous contemplions sur la place Saint-Pierre 150,000 travailleurs et travailleuses réaffirmant pleins d'enthousiasme leur foi en Jésus-Christ et leur pleine confiance en l'Eglise, Nous en vînmes à penser qu'il y avait décidément quelque chose de changé, et que l'air était devenu pour eux plus limpide et plus respirable. Il était arrivé en effet que le monde de ceux qui, juridiquement et socialement, avaient le plus besoin de défense, tandis qu'il avait acquis une conscience toujours plus grande de sa dignité humaine et voyait reconnus graduellement beaucoup de ses droits, était néanmoins l'objet d'une action insidieuse et dissolvante de la part d'hommes prompts à tromper par de fausses promesses les âmes des travailleurs, et résolus à les arracher à la pratique de la vie chrétienne, jusqu'à rendre vacillante leur foi elle-même.


CHEMINOTS DE ROME

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Aujourd'hui on ne manque pas de voir les signes d'une situation qui tend toujours à s'améliorer ; si ce fait ne permet à personne de ralentir le pas et encore moins de s'arrêter ou de se reposer, cela permet toutefois d'espérer que des temps meilleurs se préparent, même dans le monde du travail. Aussi, quand Nous célébrions ce matin la sainte messe et lisions dans l'évangile comment la multitude était pressée (turbse irruebant) autour de Jésus pour entendre la parole de Dieu (cf. Luc V, 1), se confirmait en Nous la confiance que cette scène symbolisait les temps que nous nous préparons à vivre, et que viendra sans tarder le jour où, l'erreur étant vaincue et la solution chrétienne du problème social manifestée dans toute sa justice, il sera possible de commencer un vrai retour des masses ouvrières à Jésus-Christ, unique Maître et divin Sauveur.

C'est précisément dans cette atmosphère d'attente impatiente mais confiante et de ferveur renouvelée que s'inaugure une chapelle dans la gare « Termini » ; on a voulu que Jésus, vivant et réellement présent sous les apparences eucharistiques, non seulement veillât en personne sur vos anxiétés, vos douleurs, vos espérances, vos joies, mais qu'il fût voisin de chacun de vous dans le travail pour rendre celui-ci instrument de salut et de sanctification.

Nous vous souhaitons donc affectueusement la bienvenue, chers cheminots de Rome, vous dont la promptitude et la sagacité, dont l'esprit de généreux sacrifice doivent assurer la bonne marche de l'un des services publics les plus importants.

La pensée du Pape va à toutes les catégories d'employés des chemins de fer, y compris les plus humbles. Il rappelle que chacun — quelque modeste que soit son poste — a sa part de responsabilité.

Que votre monde de travail est vaste en vérité : dans le service du mouvement, du chef de gare au manoeuvre et à l'aiguilleur ; dans le « personnel roulant », du chef de train au contrôleur, au conducteur, au serre-frein ; dans le secteur de la traction, des machinistes aux chauffeurs et aux ouvriers employés à l'entretien et à la réparation des locomotives et des voitures ; dans le service I. E. S., du chef technique aux ouvriers électriciens responsables des lignes, des sous-stations et des installations télégraphiques et téléphoniques.

Alors qu'il serait difficile de dire quelle préparation technique, quelle conscience et quelle promptitude sont requises de chacun de vous, il est facile d'imaginer à quels dommages exposerait la négligence d'un seul parmi tous les responsables, grands et petits, du délicat et complexe service des chemins de fer.

Les voyageurs qui arrivent pressés à la gare et prennent place dans le train, pleins de confiance et d'assurance, n'y pensent peut-être pas.

Qu'arriverait-il en effet si les horaires n'étaient pas observés, si les locomotives et les voitures n'étaient pas en état de marche, si les signaux étaient déréglés, si les aiguillages électriques ne fonctionnaient pas, si les lignes télégraphiques et téléphoniques étaient coupées ? Sans parler du mécontentement qui s'emparerait des passagers, dont les exigences et les goûts sont très différents et parfois même opposés, si le personnel roulant ne remplissait pas son devoir avec l'empressement et la courtoisie nécessaires.

Les innombrables pèlerins qui visitent Rome rendent hommage à la courtoisie et à l'amabilité des cheminots romains. Le Saint-Père est heureux de leur exprimer ses compliments.

Il ne semble pas que de tels inconvénients se rencontrent dans votre service. Cela est attesté, entre autres, par les nombreux pèlerins qui viennent à Rome et trouvent dans les employés des divers services toute l'aide et la considération possibles. Laissez-Nous croire, chers fils, que vous êtes particulièrement diligents et bien préparés, vous qui voyez en tout voyageur un frère dans le Christ, appartenant à la grande famille humaine.

De même, votre foi, votre dévotion filiale visible envers le Vicaire du divin Rédempteur, font partie des signes dont Nous vous avons parlé en commençant, et qui annoncent qu'une vie plus sereine se prépare dans la paix avec Dieu et dans l'amour fraternel entre les hommes.

Les cheminots doivent se grouper en de fortes associations catholiques pour défendre leurs justes droits. Toutefois ils ne doivent recourir qu'à des moyens licites.

I. — Toutefois, si — spécialement en face du spectacle de votre grandiose multitude — Nous saluons avec joie cette « re


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prise » du monde chrétien du travail, cela ne diminue pas Nos sollicitudes. Car la chrétienté d'une nation est une partie du Corps mystique du Christ, et partout où l'ennemi porte son attaque, il frappe l'organisme entier. Cette conscience du péril commun pour l'Italie chrétienne doit renforcer en vous le dessein de collaborer avec tous les hommes de bonne volonté pour combattre l'esprit de désunion et de haine entre les hommes d'un même peuple.

Certainement aucun groupe n'a le droit d'abuser de vos bonnes dispositions et de votre promptitude. Aucun vrai chrétien ne peut rien trouver à redire si vous vous unissez en organisations fortes afin de défendre vos droits — tout en reconnaissant pleinement vos devoirs — et d'arriver à améliorer vos conditions de vie. Bien plus, précisément parce que l'action commune de tous les groupes de la nation est une obligation chrétienne, aucun d'eux ne doit devenir la victime de l'arbitraire et de l'oppression des autres. Vous agissez donc en pleine conformité avec la doctrine sociale de l'Eglise quand, par tous les moyens moralement licites, vous faites valoir vos justes droits.

Nous avons dit : par tous les moyens moralement licites. Il n'est pas nécessaire de vous rappeler que des actes de violence, qui nuisent à la liberté et aux biens d'autrui, de vrais chrétiens ne les envisagent même pas. Et quand ceux-ci emploient la puissance de leurs organisations pour arriver à l'obtention de leurs droits, il convient qu'ils utilisent d'abord les moyens propres à obtenir un accord pacifique. Il faut en particulier se demander si les résultats auxquels on vise sont en rapport raisonnable avec les dommages qui résulteraient d'une action de force. Cela pèse particulièrement sur la responsabilité de classes comme la vôtre, dont l'action a, comme Nous l'avons indiqué, une fonction vitale pour l'économie de toute la Nation.

Ils ne doivent pas limiter leurs préoccupations et leurs efforts à la seule satisfaction de leurs besoins matériels, mais songer aussi à leurs intérêts moraux et spirituels.

II. — Il y a toutefois un autre danger : que vous aussi — comme tant de vos frères lointains — vous limitiez votre attention, vos anxiétés et vos efforts au problème de la vie matérielle. Il y a une autre vie en vous, celle même de Dieu, infusée en votre âme le jour de votre baptême. Perdre cette vie, la négliger, ne pas se préoccuper de conserver la grâce sanctifiante, et se consoler, par exemple, en pensant que l'on est toujours fidèle à une politique chrétienne, ne serait pas suffisant et pourrait conduire à une illusion périlleuse. Vous devez en effet être avant tout, dans l'intime de vous-mêmes, de vrais chrétiens ; adhérer à la politique chrétienne est alors une conséquence naturelle qui découle comme d'elle-même. Certains n'hésitent pas à croire et à dire qu'on ne peut — et même qu'on ne doit pas — penser à l'âme tant qu'on n'a pas convenablement pourvu aux nécessités matérielles du corps.

Serait-ce là le sens de la parole éternelle de Jésus : « A quoi sert à l'homme de gagner l'univers, s'il en vient à perdre son âme ? » (Mc 8,36). Cette parole inspira et soutint les martyrs de l'Eglise naissante ; c'est encore ce qu'enseignent — par leur exemple éclatant — les confesseurs de la foi dans ces régions où l'on voudrait tuer Dieu, et, comme cela n'est pas possible, où l'on tourmente les corps de ceux qui Lui demeurent fidèles.

La vie matérielle, oui. Mais Jésus, en nous enseignant à prier, nous fait demander notre pain quotidien après avoir demandé que se fasse la volonté du Père céleste (Mt 6,10-11). D'autre part Lui-même s'est engagé à donner le reste par surcroît à ceux qui chercheraient d'abord le règne de Dieu et sa justice (Mt 6,33).

Nous vous en conjurons, chers fils, gardez-vous du ferment empoisonné des pharisiens modernes : action sociale, oui, et opportune, unie, résolue, autant qu'il est possible ; mais non pas l'action dérivant de la haine ou qui, soucieuse seulement de la vie matérielle, ignore ou nie les valeurs prééminentes de l'âme. Il importe énormément à l'Eglise par exemple, de voir résoudre le problème social, mais pourtant non de telle manière qu'entre temps les âmes se perdent.

Qu'ils s'efforcent aussi de ramener à l'Eglise les cheminots qui en sont détournés par les mauvais bergers.

III. — Une dernière parole, chers fils, avant de vous quitter et de vous bénir.

Il est certainement bon de se réjouir des avantages déjà obtenus ; et il est raisonnable de considérer avec complaisance le terrain conquis. D'autant plus qu'en remportant la victoirevous n'avez voulu le mal de personne et que vous désirez contribuer au bien de tous. Mais il est également vrai que personne n'est digne du royaume des cieux si, en mettant la main à la charrue, il regarde en arrière (Lc 9,62). Pensez, chers fils, à tous ceux qui sont encore loin. Vous êtes certainement nombreux ; d'aucuns, empêchés par leur service, ont dû se contenter d'être présents en esprit. Mais il y en a aussi d'autres qui, le pouvant, n'ont pas voulu venir. Trompés par une propagande malfaisante, ils croient encore (oh ! quelle erreur !) que l'Eglise, qui les aime si tendrement, veut les empêcher d'avancer sur le chemin de leur juste progrès, et craignent de se rapprocher d'elle et de s'éloigner de ceux qui ne peuvent vouloir réellement leur bien s'ils détruisent en eux la paix avec Dieu, s'ils transforment l'amour en haine, et en lutte l'action juste et raisonnable pour la défense de leurs droits.

Parlez à ces frères éloignés avec la force de votre persuasion et de votre exemple. Dites-leur que loin de Jésus il n'y a que découragement et tristesse, quand même il y aurait l'abondance des biens matériels. Rassurez-les : Jésus ne veut pas que le pain leur manque, Lui qui fit des miracles pour que les foules qui Le suivaient ne demeurassent pas privées du soutien nécessaire.

Ainsi la grâce de Dieu et la bonne volonté de vous tous et des autres travailleurs chrétiens répandus dans toute l'Italie hâteront-elles la venue du jour où Jésus régnera dans les coeurs et dans le monde.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRET AI RERIE D'ÉTAT AU RÉVÉREND PÈRE RIGHETTI ASSISTANT ECCLÉSIASTIQUE CENTRAL DES MAITRES D'ACTION CATHOLIQUE

(27 juin 1955) 1

Le congrès national italien des maîtres d'action catholique sur le thème « L'apostolat du maître face aux exigences actuelles de l'école et de la société » s'est ouvert le 27 juin par la lecture du message suivant :

La sollicitude avec laquelle le Souverain Pontife suit depuis son début le mouvement des maîtres d'action catholique et en note avec une satisfaction croissante les heureux développements, ne peut pas ne pas attirer sa particulière attention sur le prochain congrès national qui réunira à Rome ses dirigeants pour en repenser les orientations, en renouveler l'impulsion et en réchauffer la ferveur.

Instruit du travail accompli jusqu'ici par le mouvement pour promouvoir et perfectionner chez les maîtres la conscience chrétienne et mettre dans toutes les associations de maîtres catholiques des ferments nouveaux, capables de remuer et de transformer, le Souverain Pontife est heureux de noter en cette occasion qu'il doit plus se réjouir qu'exhorter. En effet, Sa Sainteté est certaine que la haute mission dont le mouvement a une aussi claire conscience trouvera d'accord tous les esprits unanimes dans les fraternelles discussions et dans la prière confiante pour l'établissement de nouveaux projets et de nouveaux plans d'action, ordonnés avec une ferme et tenace volonté à la con


MAITRES DACTION CATHOLIQUE

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quête pacifique d'un champ d'action dont l'importance est trop évidente, pour mériter que les meilleures forces de l'apostolat chrétien s'y emploient à fond dans la lutte commune contre l'erreur et contre le mal.

Donnent confiance en ce sens les directives lumineuses auxquelles a obéi et continuera d'obéir le silencieux travail du mouvement, qu'il soit culturel ou spirituel, de qui devra assumer la redoutable responsabilité de diriger les âmes des petits dans les chemins de la pensée et de la vie que, plus tard, ils abandonneront difficilement. Où le maître ne forme pas par-dessus tout par l'exemple, l'enseignement, même s'il est sain et correct, compris et bien accueilli, n'a pas d'efficacité durable qui soit capable d'assurer une solide formation chrétienne, face aux chocs et aux embûches futures.

C'est affirmer quelle part importante de ses activités le mouvement doit réserver à la formation d'âmes capables de guider les autres vers une foi intensément vécue et un « sens du Christ » profondément senti. Et aussi l'absolu et l'urgent besoin d'une effusion illuminatrice de la grâce pour chacun de ses adhérents.

C'est pour que celle-ci soit permanente et efficace que le Vicaire du Christ souhaite au mouvement des maîtres le concours de toutes les bonnes volontés et tout en faisant des voeux pour, que son congrès national soit couronné d'un plein succès il donne de tout coeur à ceux qui y participeront et à leurs travaux la Bénédiction apostolique.


LETTRE APOSTOLIQUE AU CARDINAL PIAZZA A L'OCCASION DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE L'AMÉRIQUE LATINE A RIO DE JANEIRO

(29 juin 1955) 1

Le Saint-Père exprime sa joie de s'adresser aux catholiques de l'Amérique latine. La paix dont jouit l'Eglise sur ce continent lui est une consolation au milieu des amertumes que lui causent les persécutions religieuses qui sévissent dans plusieurs pays.

Notre pensée s'adresse avec autant d'attention que d'amour à l'Eglise du Christ, qui vit dans les pays de l'Amérique latine, si renommés pour leur attachement à la religion, pour les gloires de leur vie civile, pour les espérances qu'ils offrent d'un avenir encore plus grand.

Si la sollicitude quotidienne et diligente pour toutes les Eglises Nous presse, Nous qui fûmes chargé par la bienveillance divine de diriger tout le bercail du Christ, il est bien naturel que Nos regards se fixent avec une insistance particulière sur les nombreux fidèles qui vivent sur ce continent. En effet, unis entre eux par des liens étroits — dans la diversité même des patries — par le voisinage géographique, par les liens d'une civilisation commune et, surtout, par le grand don reçu de la vérité évangélique, ils constituent plus d'un quart du monde catholique : magnifique phalange de fils de l'Eglise, troupe compacte généreusement fidèle à la foi catholique léguée par les ancêtres avec leurs traditions et leurs coutumes. Cette vision réconforte Notre esprit au milieu des amertumes, des luttes et

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de 1 Osservatore Romano, du 5 août 1955.


AMERIQUE LATINE

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des persécutions qui atteignent, dans plus d'une partie du monde, le nom chrétien et jusqu'à la foi en Dieu et le culte qui lui est dû, jetant souvent Notre âme dans l'affliction.

Ce n'est pas, en vérité, que les luttes et les vexations contre l'Eglise — et Notre esprit est rempli de douleur en le rappelant — aient manqué dans certaines parties de l'Amérique latine, même de nos jours. Mais, Nous en rendons grâces à Dieu, rien n'a pu jusqu'à présent éteindre dans ces vastes régions la lumière de salut émanant de la croix du Christ, qui, comme une aurore resplendissante s'est élevée à l'aube même de leur civilisation.

Toutefois, à cette joie se mêle une vive inquiétude : celle qui lui vient de l'extrême pénurie de clergé en Amérique latine.

Toutefois, Nous ne voulons pas vous cacher, Vénérable Frère, qu'à cette considération s'unit sans cesse Notre vive inquiétude, en ne voyant pas encore résolus les problèmes graves et toujours croissants de l'Eglise en Amérique latine, et surtout en constatant que les efforts accomplis n'ont pas obtenu d'effet en ce domaine considéré à bon droit, tant le péril apparaît menaçant, comme particulièrement difficile et dangereux : le trop petit nombre des prêtres. La cause de cette insuffisance est assez connue pour qu'on n'ait pas besoin de la rappeler et d'y insister ; mais cette pénurie a été, le siècle passé, et continue à être, malheureusement encore aujourd'hui — malgré les généreux efforts accomplis pour y remédier — un motif pour lequel la vie catholique sur ce continent présente des déficiences de plus en plus sérieusement dangereuses, bien que celle-ci soit sans aucun doute profondément enracinée dans les esprits et se distingue par de magnifiques manifestations, arrivées parfois jusqu'à l'héroïsme du martyre, couronne des forts.

Ce manque de prêtres est une source de multiples maux pour les populations chrétiennes de ce continent.

En effet, là où manque le prêtre ou là où il n'est pas « un vase honorable, sanctifié et utile au Maître, destiné à toutes les bonnes oeuvres » (2Tm 2,21), nécessairement la lumière de la vérité religieuse en arrive à s'obscurcir, les lois et les préceptes de vie donnés par la religion perdent leur vigueur, la vie de la grâce s'alanguit de plus en plus ; les moeurs du peuple se cor

un instrument pour travailler courageusement au triomphe de la vertu et à la diffusion de la vérité.

La prochaine conférence de Rio aura pour principale tâche d'élaborer un plan d'apostolat pour tout le continent sud-américain.

C'est pour ce motif qu'il Nous a paru opportun, en accueillant également le voeu qui Nous a été présenté par l'épiscopat de l'Amérique latine, que la hiérarchie latino-américaine se réunisse pour procéder ensemble à l'étude approfondie des problèmes et des moyens les plus appropriés pour les résoudre avec empressement et de façon complète, comme le réclament les besoins de l'heure.

Aussi lorsque les différents pasteurs auront accompli le travail préparatoire visant à examiner sérieusement la situation présente et à proposer les remèdes opportuns, les représentants délégués par les diverses provinces ecclésiastiques et par les circonscriptions missionnaires de l'Amérique latine se rencontreront prochainement en conférence générale pour mettre en commun les résultats de l'étude effectuée et pour en tirer, dans un accord mutuel, de précieuses conclusions pratiques pour un plus vigoureux épanouissement de la vie catholique sur tout l'ensemble de ce continent.

Prenant part à leurs préoccupations, avivées en Nous par la sollicitude apostolique, Nous sommes heureux d'être, en votre personne, Vénérable Frère, présent à leur rencontre et d'y apporter par l'intermédiaire de cette Lettre, en témoignage de profond amour, Nos voeux et Notre exhortation.

Nous sommes certain que les zélés et dignes prélats, en exécutant le programme proposé à la conférence, arrêteront leur attention sur les formes les plus appropriées et les plus efficaces pour susciter, cultiver et développer, sans cesse plus nombreuses les vocations à l'état ecclésiastique et religieux parmi les fils de leurs pays ; pour former comme il convient des ministres de Dieu et de l'Eglise saints et préparés à toutes les formes de bien, pour protéger, au milieu même des périls et des tentations, l'esprit ecclésiastique qui doit distinguer celui qui est appelé à exercer le ministère sacré, surtout afin que cet esprit soit de plus en plus fervent et que toute la vie du prêtre, dans le souci continuel et généreux de cultiver la piété envers Dieu et d'accomplir le devoir apostolique quotidien, soit vide de toute vanité et riche des vrais biens.

rompent facilement dans le relâchement et l'incurie et, dans la vie publique comme dans la vie privée, s'affaiblit la salutaire fermeté de résolutions, qui ne peut se manifester que lorsque chacun s'en tient, dans toutes les circonstances, aux postulats de l'évangile.

Cette pénurie du clergé, qui se révèle aujourd'hui plus accentuée et plus grave par rapport aux temps passés en raison de l'importance des problèmes apostoliques aujourd'hui posés à l'Eglise, contrarie ou tout au moins retarde pour les peuples de l'Amérique latine, qui Nous sont si chers, la réalisation sur le plan religieux de ces progrès qu'ils accomplissent heureusement dans plus d'un autre domaine.

Malgré tout, le Saint-Père garde confiance en l'avenir religieux de l'Amérique latine.

Confiant dans la protection de Dieu et dans le patronage de la très Sainte Vierge, Reine de l'Amérique latine, Nous ne partageons pas les tristes pressentiments qu'une telle situation inspire à certains ; Nous nourrissons au contraire dans Notre coeur l'espérance que l'Amérique latine, avant peu, puisse se trouver en mesure de répondre, avec un zèle vigoureux, à la vocation que la divine Providence semble avoir assignée à ce grand continent pour la gloire de la religion catholique, à savoir d'avoir une place de premier plan dans la très noble tâche de communiquer également aux autres peuples, dans l'avenir, les dons désirés du salut et de la paix.

Pour remédier à cette pénurie il faudra utiliser et coordonner toutes les forces existantes et au besoin recourir à de nouvelles formes d'apostolat.

Mais pour obtenir l'accomplissement de Nos voeux, il est nécessaire d'agir sans perdre de temps, avec un courage généreux, persévérant, vigoureux ; de ne pas disperser des forces précieuses, mais de les augmenter en les coordonnant. Si les circonstances semblent le réclamer, que l'on recoure à de nouvelles formes et de nouvelles méthodes d'apostolat qui, dans la fidélité toutefois à la tradition ecclésiastique, répondent mieux aux exigences de l'époque et utilisent les moyens du progrès moderne ; ceux-ci, en effet, s'ils servent malheureusement souvent au mal, peuvent aussi et doivent être dans de bonnes mains

Pendant de nombreuses années encore, il sera nécessaire de continuer à faire appel au clergé d'autres nations qui ne devra pas être considéré comme étranger.

Mais, comme il est à prévoir que le nombre de ceux qui se sentent appelés par Dieu au saint ministère ne pourra pas, avant un temps assez long, répondre aux besoins, dans les différents pays, une sollicitude non moins attentive devra être consacrée à la meilleure manière d'utiliser au service de l'Eglise, en Amérique latine, le concours d'un clergé provenant d'autres nations : ce clergé ne peut nullement être considéré comme étranger, puisque tout prêtre catholique, qui répond vraiment à sa vocation, se sent partout comme dans sa patrie, là où s'épanouit ou commence le Royaume de Dieu.

La hiérarchie devra aussi demander le concours des religieux non-prêtres et des militants laïques.

Mais il est un autre domaine d'une utilité non négligeable que Nous voyons s'offrir à la considération des évêques qui prendront part à cette conférence : c'est-à-dire l'étude des possibilités d'appeler à l'aide du clergé ceux qui sont dits à juste titre ses auxiliaires. En premier lieu, les religieux non prêtres et les religieuses, qui, par la vocation même, qui leur a fait embrasser une certaine forme de vie, sont les collaborateurs les plus précieux et les plus proches pour l'action apostolique ; ensuite les phalanges des laïcs les plus généreux, qui savent répondre à l'invitation du Maître de la moisson évangélique, qui, avec une douce urgence, les appelle à concourir, de manière diverse et avec des tâches différentes, au travail et à la récompense future des ouvriers apostoliques.

Nous pensons vraiment que, tant que subsiste la lamentable insuffisance numérique du clergé, la hiérarchie sacrée pourra trouver surtout parmi eux l'aide providentielle et indispensable pour seconder et développer l'oeuvre des prêtres.

Nous sommes d'autre part persuadé que l'action des forces apostoliques pourra recevoir un apport nullement faible d'une collaboration entre elles cordiale et bien organisée et de l'étude des formes appropriées du soin des âmes que l'expérience démontre comme les plus adaptées à la condition particulière des temps ; comme aussi d'un emploi plus adéquat des moyens techniques modernes — tels que la presse et la radio — pour diffuser et inculquer plus efficacement dans les esprits la parole sacrée et les enseignements de l'Eglise, maîtresse de vérité.

Ainsi organisées et comme alignées, les forces catholiques pourront affronter avec une plus grande vigueur la lutte ardue mais si méritoire pour la défense du royaume de Dieu et pour son expansion sans cesse plus ample.

Il faudra encore lutter contre les adversaires toujours présents et actifs de l'Eglise.

Malheureusement, les assauts d'ennemis rusés sont nombreux et une vigilance énergique est nécessaire pour les repousser : telles les embûches de la maçonnerie, la propagande protestante, les diverses formes de laïcisme, de superstition et de spiritisme, qui se répandent d'autant plus facilement qu'est plus grave l'ignorance des choses divines et plus engourdie la vie chrétienne ; tout cela se substitue malheureusement à la vraie foi et apaise mal l'aspiration du peuple assoiffé de Dieu. A cela s'ajoutent les doctrines perverses de ceux qui, sous les apparences de la justice sociale et de l'amélioration des conditions des classes les plus humbles, tendent à enlever de l'esprit, le trésor inestimable de la religion.

D'autres questions importantes devront également être traitées à la conférence ; la plus urgente est le problème de l'immigration.

En outre, d'autres questions devront — en raison de leur urgerjce — être traitées avec le soin le plus diligent à la conférence : en effet, le champ qui s'offre aux triomphes de la foi catholique est des plus vastes.

En plus d'autres sujets de la plus haute importance, on ne devra pas négliger les suivants : l'Amérique, avec une charité hospitalière, accueille dans ses vastes régions, riches en mines, en produits agricoles, en tout ce qui est nécessaire à la vie, des multitudes de personnes que le besoin ou la violence pousse loin de leur patrie. L'immigration de tant de gens, comme on le comprend facilement, suscite de nombreux problèmes, sur lesquels Nous avons attiré l'attention et donné des normes avec la Constitution apostolique Exsul Familia*, particulièrement en ce qui concerne l'assistance spirituelle des émigrés.

Nous voulons en outre souligner combien est nécessaire la présence maternelle de l'Eglise, avec son lumineux enseignement et sa prévoyante activité, dans le domaine social : question qui si elle mérite pour tout peuple la plus grande considération, offre dans les nations latino-américaines des motifs particuliers pour réclamer la sollicitude pastorale de la hiérarchie sacrée, car il s'agit d'une question intimement reliée à l'épanouissement de la vie religieuse.

Pour terminer, le Saint-Père fait appel à la collaboration générale, non seulement entre la hiérarchie et les fidèles de l'Amérique latine mais encore avec les autres peuples.

Enfin, Nous tenons à ajouter un mot sur les possibilités et les grands avantages d'une cordiale collaboration plus large, à laquelle Nous exhortons paternellement non seulement la hiérarchie et les fidèles des diverses nations latino-américaines, mais également tous les autres peuples qui, d'une manière ou de l'autre, peuvent lui apporter une aide et un soutien. Et Nous avons l'espoir que les biens reçus aujourd'hui seront un jour rendus en retour immensément augmentés. L'Amérique latine rendra à toute l'Eglise du Christ, quand — ainsi que Nous le souhaitons — elle pourra heureusement compter sur les vastes et précieuses énergies qui semblent pour ainsi dire attendre la main du prêtre pour se consacrer avec un enthousiasme actif à l'honneur et au culte de Dieu et à l'extension du Royaume du Christ.

Tout en nourrissant, inspiré par une affection paternelle, cet espoir réconfortant d'un avenir plus heureux, espérance que Nous confions au Coeur sacré de Jésus et à la Vierge Immaculée Mère de Dieu, Nous sommes heureux de donner à vous, Vénérable Frère, aux très chers cardinaux, archevêques, évêques et prélats de l'Amérique latine et, avant tout, à ceux qui participeront à la prochaine conférence de Rio-de-Janeiro, afin que les fruits les plus abondants favorisent leur zèle et leurs travaux, Notre Bénédiction apostolique, que Nous étendons aussi de tout coeur aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les fidèles de l'Amérique latine.


PieXII 1955 - DISCOURS AUX REPRÉSENTANTS DE L'INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE ITALIENNE