PieXII 1955 - A S. EXC. MONSEIGNEUR JOSEPH FREUNDORFER ÉVÊQUE DAUGSBOURG .


MESSAGE AUX SCOUTS CATHOLIQUES RÉUNIS AU CANADA

(28 juillet 1955) 1

Le Souverain Pontife a daigné adresser le message suivant, aux Scouts catholiques du Canada et aux délégations des différents mouvements scouts du monde entier réunis à Niagara-on-the-Lake, pour le Jamboree mondial.

Tandis que le Jamboree mondial de Niagara-on-the-Lake s'apprête à ouvrir ses portes à toute une jeunesse ardente, animée d'un même idéal de service, d'énergie et de loyauté, Nous répondons très volontiers à l'appel des Scouts catholiques canadiens et leur adressons, ainsi qu'à Nos fils de toutes nationalités qui les rejoindront sur leur terre hospitalière une paternelle invitation à collaborer d'un coeur unanime au succès de ce vaste rassemblement.

Au cours de ces journées de vie fraternelle, où se multiplient les échanges cordiaux et se nouent de franches amitiés, Nos fils se souviendront qu'en vrais disciples du Maître des Béatitudes, ils doivent être, parmi leurs camarades, des « artisans de paix », ouverts à tous, acceillants et compréhensifs aux personnes, par delà la diversité des cultures et des races. Ils auront à coeur d'être les témoins d'une joie claire et d'une pureté courageuse, fondées sur l'oubli de soi et le sacrifice. Ecartant les tentations d'une existence trop facile, ils seront les premiers sur les voies évangéliques du détachement et de la simplicité de vie ; et, dans un monde souvent dur et égoïste, ils feront preuve de cette authentique force morale, qui se révèle dans la douceur et dans la bonté patiente envers toutes les misères de l'âme et du corps.


MESSAGE

POUR LE CONGRÈS DE « PAX ROMANA »

(30 juillet 1955) 1

A l'occasion du vingt-troisième Congrès mondial de Pax Romana, tenu à Nottingham (Angleterre), le Souverain Pontife a adressé le message suivant à tous les participants :

Il Nous est particulièrement agréable de vous adresser ce message paternel, chers étudiants et intellectuels de Pax Romana, assemblés à Nottingham pour votre XXIIIe Congrès mondial. Témoins, dans vos pays respectifs, de la vitalité et de la force de la pensée catholique, vous voici réunis en grand nombre sur le sol hospitalier de cette noble nation anglaise, dont la haute culture fut, dès les temps les plus reculés, pénétrée de foi chrétienne ; vos travaux s'y poursuivront sous l'égide de Notre cher Fils le cardinal Bernard Griffin, archevêque de Westminster, et Nous-même encourageons volontiers votre dessein d'étudier la condition de la jeunesse intellectuelle à l'heure où celle-ci quitte l'Université pour entrer dans la vie professionnelle.

Le jeune diplômé rencontre de nombreuses difficultés quand il quitte l'Université pour chercher une situation.

Multiples sont les difficultés de cette période de transition. Celles, en particulier, de l'adaptation du jeune diplômé à la carrière choisie et aux responsabilités culturelles, économiques ou sociales qu'elle comporte, posent à l'Université la question de savoir si l'étudiant d'aujourd'hui est toujours préparé, comme il convient, à son avenir immédiat. Mais la société, qui le reçoit, a aussi ses propres obligations pour ne pas décevoir l'attente

Que la foi vive de Nos chers Scouts catholiques brille enfin, au milieu de tous leurs frères, comme la lampe qui éclaire la' maison et rassemble la famille dispersée : en en formant le voeu, Nous appelons sur eux une large effusion de grâces divines et Nous leur accordons d'un coeur très paternel une large Bénédiction apostolique.

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Les problèmes d'ordre professionnel et familial ne doivent pas lui faire perdre de vue la sauvegarde de sa foi.

Que la recherche de solutions d'ordre institutionnel ne fasse toutefois pas perdre de vue l'ampleur du problème moral posé à la conscience du jeune diplômé lors de son départ de l'Université. Les premiers contacts avec le monde du travail vont, en effet, éprouver la solidité de sa formation intellectuelle et humaine : c'est, tout à la fois, l'affrontement aux difficultés de l'existence, la découverte sous un jour nouveau de la question sociale, l'accession à la vie civique et politique, l'accaparement par des tâches professionnelles absorbantes où, à l'inverse, l'attente inquiète d'une situation ; et déjà l'étudiant d'hier envisage la fondation d'un foyer et les charges familiales de demain. Qu'en sera-t-il, durant ces années parfois décisives, de sa foi et de sa piété personnelles ? Comment évitera-t-il les écueils qui guettent sa vie religieuse et morale ?

Il trouvera dans les mouvements d'Action catholique l'aide et le soutien nécessaires.

Dans le désarroi qu'il peut alors connaître, un fils de l'Eglise, loin de se refermer sur lui-même dans un sentiment d'autonomie et d'indépendance propre à cet âge, cherche au contraire dans une communauté fraternelle et fervente le soutien spirituel dont il a besoin pour résister aux entraînements de son nouveau milieu et orienter ses juvéniles énergies. Les mouvements d'Action catholique ont ici un rôle décisif à jouer. Par leur entremise, comme par celle de paroisses vivantes, c'est l'Eglise, toujours maternelle, qui accueille ces jeunes hommes pressés de faire valoir les talents reçus, de contribuer au bien de leurs frères par un travail productif et d'assumer, dans la famille et la profession, leur juste part de responsabilités. Sa sagesse les guidera vers un authentique service de la Cité, son ministère leur ouvrira les sources inépuisables de la grâce ; et, dans sa charité pour le monde qui a faim de Dieu, elle presse ses enfants d'entrer généreusement dans les rangs de l'apostolat, où ils trouveront par surcroît, dans le dévouement à autrui, l'antidote au repliement sur soi-même et la réponse à bien des difficultés.

A Nos chers fils de Pax Romana, à ceux surtout qui, au sortir de l'Université, s'engagent dans une vie nouvelle, Nous adressons Nos voeux les meilleurs pour le succès de ces prochaines assises, et Nous leur accordons de grand coeur, en gage de Notre constante bienveillance, Notre paternelle Bénédiction apostolique.

des générations montantes et répondre, au contraire, à leurs légitimes aspirations dans un climat de saine liberté et de confiance. Sur ces deux points, la contribution de votre congrès à la cause des élites intellectuelles sera d'autant plus opportune que le développement de la culture en maints pays ouvre des perspectives toutes nouvelles à une jeunesse avide de savoir et de servir.


LETTRE

AU Rme PÈRE JEAN-BAPTISTE JANSSENS A L'OCCASION DU QUATRIÈME CENTENAIRE DE LA MORT DE S. IGNACE DE LOYOLA

(31 juillet 1955) 1

Le 31 juillet, fête de saint Ignace de Loyola, s'est ouverte l'année du quatrième centenaire de la mort du saint. A cette occasion, le Souverain Pontife a adressé au Révérendissime Père Jean-Baptiste Janssens, Général de la Compagnie de Jésus, la lettre suivante :

C'est avec une grande joie que Nous avons appris que la Compagnie de Jésus que vous gouvernez dignement, cher fils, depuis neuf ans déjà, s'apprête à célébrer solennellement la mémoire de son saint fondateur, au terme du quatrième siècle écoulé depuis sa mort. Le but de ces fêtes est que tous ses membres soient remplis d'un amour plus ardent pour leur bien-aimé père et législateur, d'un respect plus parfait pour son Institut, et soient confirmés dans ces dispositions. Nous louons d'autant plus ces solennités centenaires et les accompagnons de Nos voeux de succès, qu'on est en droit d'en espérer des fruits féconds non seulement pour les membres de la Société Ignatienne, mais encore pour les âmes des chrétiens. En effet, de même que pour le quatrième centenaire de la fondation de votre Compagnie, dans une Lettre Apostolique pleine d'affection 2, pour Notre consolation et la vôtre, « Nous avons médité avec un esprit reconnaissant les hauts faits que, dans sa Providence si attentive, Dieu a opérés par vos prédécesseurs et par vous, au cours

1 D'après le texte latin des A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 548, traduction française de l'Osservatore Romano, du 19 août 1955.

2 Lettre Apost. Nostri profecto, A. A. S., 32, 1940, pp. 289 et ss.

de ces quatre siècles » 3, ainsi Nous plaît-il actuellement de vous redire la même chose comme présage très favorable, et de vous encourager à nouveau paternellement à accroître avec le plus grand zèle, surtout dans le domaine spirituel, toutes les oeuvres et activités déjà entreprises, « qui répondront opportunément aux besoins permanents mais toujours plus grands de notre temps » 4.

Le livre des Exercices de saint Ignace est un précieux trésor.

Nous sommes très certain que toutes vos provinces, qui se trouvent répandues dans le monde entier, se sont spontanément proposé de célébrer cette année centenaire d'abord en pratiquant plus assidûment et plus fidèlement, mais aussi en développant plus largement les Exercices spirituels de leur père et législateur. En effet, saint Ignace n'a laissé en héritage à ses fils rien de plus précieux, de plus utile et de plus durable que ce livre d'or, que, depuis Paul III, les Souverains Pontifes 5, ainsi qu'un très grand nombre de saints ont, de tout temps, couvert de louanges. S'il est vrai, comme l'a écrit le P. La Palma6, que le livre des Exercices spirituels a été le premier-né de saint Ignace, on peut dire aussi justement que le saint auteur fut lui-même le premier-né de ces Exercices. Car ils eurent pour effet de fortifier son âme par une vie nouvelle, de diriger ses premiers pas dans la voie de la perfection, d'augmenter ses forces pour qu'il se donne totalement au Roi divin fatigué par le travail, déchiré par les outrages, souffrant passion et mort au service du Père éternel, et pour qu'il Le suivît jusqu'à la cime de l'amour, enfin pour que, brûlant des ardeurs de la divine charité, il souhaitât amener aux pieds du Christ Sauveur, non seulement lui-même, mais le monde entier. Ayant expérimenté leur grande force, Ignace a autrefois attesté qu'en eux

3 Ibid., p. 289. * Ibid., p. 295.

5 Paul III, Lettre Apost. Pasforfllis officii, 31 juillet 1548 ; Benoît XIV, Lettre Apost. Quantum secessus, 20 mars 1753 ; Léon XIII, Lettre au R. P. Louis Martin, hnatianae commentationes, 8 février 1900 ; Pie XI, Constitution Apost. Summorum Pontificum, 25 juillet 1922, A. A. S., 14, pp. 420-42 ; Pie XI, Encyclique Mens Nostra, 20 décembre 1929, A. A. S., 21, pp. 698-706.

« Louis de La Palma, Camino espiritual, Madrid, Apostol. de la Prensa, 1944, 1. V, c 3, p. 702.

est contenu « tout ce que je peux penser, sentir et comprendre de meilleur en cette vie, soit pour qu'un homme progresse, soit pour qu'il porte des fruits et se rende utile à beaucoup d'autres » 7.

C'est pourquoi personne ne s'étonnera que votre saint fon-• dateur ait voulu éprouver pleinement par ces Exercices tous ceux qui désirent « combattre pour Dieu sous l'étendard de la croix et, sous le Pontife Romain, Vicaire du Christ sur terre, servir Dieu seul et l'Eglise son épouse » 8. Car la source où lui-même avait puisé une nouvelle vie, il a voulu que ses fils s'y abreuvent de cet esprit qui a donné naissance à la Compagnie : magnifique et sainte ardeur de l'âme, suscitée par la grâce de Dieu qui opère dans les Exercices, qui ne leur communique pas seulement le désir mais la résolution et la joie de se mettre au service de la gloire divine et d'entreprendre courageusement des travaux pour cette cause. C'est pourquoi oublieux de leur intérêt propre, fuyant l'oisiveté, s'adonnant à la prière qu'ils soutiennent par la mortification personnelle, ils tendent de toutes leurs forces vers le but qui leur est proposé dans la Compagnie.

Saint Ignace a souligné avec force que sa Compagnie était au service du Siège Apostolique.

En effet, lorsqu'Ignace, en vertu des pouvoirs accordés par Notre prédécesseur, Paul III, d'heureuse mémoire établit les Constitutions et les remit à ses compagnons, il n'avait pas l'intention de substituer des lois mortes à la loi vivante et vivifiante de l'amour intérieur. Mais, après avoir fondé la Compagnie, il ne lui échappait pas ce que voulait dire cette phrase « se mettre spécialement au service du Siège Apostolique »10 sous l'étendard de la croix : il s'agissait de cette croix à laquelle Jésus-Christ fixa, après l'avoir détruit, le décret porté contre nous, afin que tous les hommes libérés de l'empire du démon, marchent dans la lumière de la foi et l'ardeur de la charité. Du mont des Oliviers résonnait clairement ce commandement : « Et vous serez mes témoins... jusqu'aux extrémités de la terre » (Actes I, 8). Saint Augustin écrivait plus tard : « Si tu veux

7 Monumenta Histórica S. ]., Mon. Ignatiana, vol. I, p. 113, Epist. ad Miona.

8 Jules III, Lettre Apost. Exposcit debitum, 21 juillet 1550.

9 Paul III, Lettre Apost., Regimini militantis Ecclesiae, 27 septembre 1540. 0 Constitutions de la Compagnie de Jésus, Xe partie, lettre B.

aimer le Christ, étends la charité par toute la terre, car les membres du Christ sont répandus par toute la terre » Ignace devait voir plus de mille membres de la Compagnie militer sous l'étendard de la croix jusque dans les régions éloignées de l'Europe, de l'Amérique, de l'Inde et de l'Ethiopie. C'était le commencement de cet apostolat qui appellerait ses fils dans la vaste vigne du Seigneur : les uns au milieu des infidèles, dans les missions que les Souverains Pontifes désireraient leur confier, au cours des siècles, pour les cultiver au prix d'un lourd labeur, avec une science accomplie, bien plus, par le sang du martyre ; d'autres auprès de ceux qui gouvernaient les Etats ou auprès de ceux qui subissaient un dur esclavage ; d'autres dans les écoles ou dans les chaires d'Universités ; d'autres enfin pour donner les Exercices spirituels aux hommes de toute classe ou bien pour enrichir et éclairer, de leurs écrits, le monde des lettres. Il appartiendra aux Constitutions de frayer la route par laquelle tout le corps et chacun des membres dispersés en n'importe quel endroit du monde, mais unis entre eux et avec la tête par le même amour du Roi éternel, pourront atteindre selon la nature de l'Institut Ignatien cette forme parfaite de vie qui est le fruit extraordinaire des Exercices.

Le Saint-Père invite tous les membres de la Compagnie à suivre les traces de tant de dignes modèles qui les ont précédés.

Chers fils, qui d'entre vous n'entendra pas en cette année du quatrième centenaire la voix de Paul devenue maintenant celle d'Ignace : « Soyez mes imitateurs, frères, et observez ceux qui se conduisent selon le modèle que vous avez en nous » (Phil. III, 17). Avec l'aide de Dieu, la Compagnie n'a jamais manqué d'hommes remarquables par leur sainteté et qui, en accomplissant parfaitement les Exercices Ignatiens, ont conservé ce modèle intact et ont reçu stimulant et force pour mener très exactement leur vie selon les Constitutions ; de la sorte ils rendaient en eux ce modèle plus parfait et travaillaient avec la plus grande efficacité à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Ce sont des hommes de ce modèle que cherchait Pie VII, d'immortelle mémoire, quand il désirait procurer au navire de Pierre,

11 S. Augustin, In Epist. Joannis ad Parthos, t. X, nO S ; Migne, P. L., 35, col. 2060.

agité par d'incessants tourbillons, des rameurs experts et résistants 12. En ces moments de tempête, notre Sainte Mère l'Eglise ne demande pas à la Compagnie des auxiliaires d'un autre modèle. Que les fils d'Ignace s'efforcent donc aujourd'hui de marcher sur leurs traces. Qu'ils se placent courageusement sous l'étendard de la croix pour repousser tous les assauts des princes de ce monde de ténèbres. Qu'ils manifestent envers leurs Supérieurs, et surtout à l'égard du Souverain Pontife, une obéissance toujours empressée et très agissante ; ce sera leur point d'honneur. Que l'amour de la pauvreté s'oppose aux appétits du monde ; une certaine austérité de vie et un travail infatigable, aux douceurs de l'oisiveté ; la charité fraternelle, bienveillante et pacifique, mutuelle et universelle, aux discordes et aux dissensions du monde ; que la foi sincère et débordante de zèle, qui reconnaît toujours Dieu présent dans le monde et le révère toujours, s'oppose au matérialisme. Si, par bonheur, ceci se réalise, Ignace mort revivra dans ses fils.

Tandis que Nous vous exprimons dans cette lettre Nos sentiments paternels, chers fils, Notre pensée se tourne vers les pères et les frères qui, sous la main pesante des persécuteurs ont souffert ou souffrent encore un exil très dur et des supplices. Ce sont assurément de très dignes fils puisqu'ils sont à la hauteur des souvenirs et des gloires les plus illustres de la Compagnie de Jésus ! Ce sont des confesseurs de la foi catholique, qui font le plus grand honneur à leurs autres frères et leur donnent l'exemple. Dieu veuille les confirmer, eux pour lesquels Nous ressentons une particulière dilection. Mais Nous saluons aussi tous les fils de saint Ignace dans Notre amour paternel, et Nous prions Dieu que par la protection de votre saint fondateur et législateur, sous la garde de la Bienheureuse Vierge Marie, ils croissent chaque jour de plus en plus dans les vertus qui, par la grâce divine, feront d'eux un bon instrument par lequel la main divine pourra sagement gouverner toutes choses et les faire concourir heureusement à la plus grande gloire de Dieu.

En gage de Notre particulière bienveillance envers l'illustre Compagnie de Jésus, Nous accordons de tout coeur, à vous, cher fils, et à tous les membres confiés à vos soins, en quelque lieu de la terre qu'ils se trouvent, la Bénédiction apostolique.

Pie VII, Lettre Apost. Soîlicitudo omnium Ecclesiarum, 7 août 1814.


MESSAGE AUX CATHOLIQUES DE BELGIQUE

(24 août 1955) 1

A l'occasion du Congrès national sur l'éducation qui s'est tenu à Bruxelles, les 3 et 4 septembre, pour commémorer le vingt-cinquième anniversaire de l'encyclique Divini illius Magistri, de Pie XI, Son Eminence le cardinal Van Roey a consacré tout l'enseignement catholique de Belgique au Sacré-Coeur. Le Souverain Pontife a daigné envoyer au cardinal le message suivant :

Pour commémorer avec l'éclat qui convient le vingt-cinquième anniversaire de l'encyclique Divini illius Magistri, de Notre prédécesseur Pie XI, d'illustre mémoire, un Congrès national de l'éducation se propose de réunir prochainement à Bruxelles, sous les auspices de l'épiscopat belge l'ensemble des organisations scolaires catholiques du pays. Nous en avons reçu la nouvelle avec une vive satisfaction et Nous sommes heureux en cette circonstance d'adresser, par votre entremise, un paternel message à tous Nos chers fils de Belgique.

Les enseignements de Pie XI demeurent toujours la base de la véritable éducation chrétienne.

Les conférences et les cérémonies qui marqueront ce Congrès veulent être d'abord, et à juste titre, un témoignage public de la fidélité des pasteurs et de leurs ouailles aux fermes et lumineux enseignements de ce document pontifical. Les principes infrangibles qu'il énonce sur les missions respectives de l'Eglise, de la famille et de l'Etat en matière d'éducation reposent sur la nature des choses et sur la vérité révélée ; ils ne sauraient être ébranlés par le flux et le reflux des événements. Quant aux normes

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXVII, 1955, p. 607.

fondamentales qu'il prescrit, elles ne sauraient pas davantage subir l'usure du temps, puisqu'elles ne sont qu'un fidèle écho du Maître divin, dont les paroles ne passent pas (Mt 24,35). Véritable charte de l'éducation chrétienne, « en dehors de laquelle il ne peut y avoir d'éducation complète et parfaite » 2, cette encyclique s'offre, aujourd'hui comme hier, à l'étude de tous ceux qui, loyalement désirent connaître sur ce point, dans son authentique et sereine expression, la pensée de l'Eglise, « à laquelle appartient d'une manière suréminente la mission educatrice » 3. Et, dans les heures difficiles, elle oriente avec sécurité, par la clarté de sa doctrine, les courageux efforts des parents et des maîtres catholiques, qui veulent assurer à la jeunesse, une formation pleinement conforme aux exigences de la foi.

Aussi Nous réjouissons-Nous à la pensée que cette commémoration sera pour tous l'occasion d'approfondir cet enseignement magistral, d'en apprécier à la fois la force et la mesure, et de renouveler en leur âme les sentiments qu'un vrai fils de l'Eglise doit nourrir envers la cause sacrée de l'éducation chrétienne.

La consécration de l'enseignement catholique belge au Sacré-Coeur est une très heureuse initiative.

N'est-ce pas d'ailleurs pour éclairer les esprits et confirmer les volontés, que vous vous proposez, cher Fils, de convier dans la basilique nationale du Sacré-Coeur les pères et mères de famille, les éducateurs et les maîtres, afin d'y consacrer solennellement l'enseignement catholique de Belgique au divin Coeur de Jésus ? Heureuse initiative de foi et d'amour, dont Nous vous félicitons grandement et qui Nous inspire les plus hautes et surnaturelles espérances.

S'il est vrai que « l'éducation chrétienne embrasse la vie humaine sous toutes ses formes... pour l'élever, la régler, la perfectionner selon les exemples et la doctrine de Jésus-Christ » 4, quelles grâces de choix ne lui obtiendra pas cette consécration au Sacré-Coeur! En lui sont, en effet, «tous les trésors de la sagesse et de la science », prêts à enrichir les esprits avides de la vérité salvatrice. Et n'est-il pas « l'abîme de toutes les vertus »

2 A. A. S., 22, 1930, p. 51

3 Ibid., p. 58.

4 Ibid., p. 83.


CATHOLIQUES DE BELGIQUE

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données en exemple par Jésus, « la source de vie et de sainteté » capable d'étancher la soif d'une jeunesse ardente et éprise d'idéal ? Que ce divin Coeur règne donc sur les familles et les garde fidèles à leurs si graves obligations éducatrices ; qu'il règne sur les écoles chrétiennes et leurs maîtres, qui assurent une tâche si féconde au service de l'Eglise et du pays ; qu'il règne aussi sur les mouvements et les oeuvres de jeunesse, sur tous les milieux où se poursuit, au fil des jours et des années, le long et obscur travail qui fera de l'enfant d'aujourd'hui un vrai chrétien et un homme de caractère. Qu'il étende enfin sur votre chère patrie, en gage de prospérité et de concorde, son règne « de justice, d'amour et de paix » ! Priant Dieu d'exaucer cette prière, Nous vous accordons bien volontiers, ainsi qu'à vos collègues dans l'épiscopat et à tous vos fidèles, Notre très paternelle Bénédiction apostolique.

ALLOCUTION AUX DIRIGEANTES DU MOUVEMENT DES GUIDES CATHOLIQUES

(26 août 1955) 1

Vendredi matin, 26 août, le Saint-Père a reçu en audience spéciale les dirigeantes du Mouvement des Guides catholiques. Il leur a adressé l'allocution suivante :

Nous sommes heureux de vous accueillir, chères filles, à l'occasion de la cinquième Conférence internationale des Guides catholiques — présidée par votre si digne chef-guide, la princesse Marie Massimo Lancellotti — et de voir tant de nations réunies dans le groupe que vous formez sous Nos yeux. C'est de grand coeur et avec une affection toute paternelle que Nous agréons l'hommage de votre filiale dévotion, et Nous vous adressons bien volontiers les encouragements que vous sollicitez pour votre haute mission d'éducatrices catholiques.

Rédemption et éducation.

Les contacts que vous aurez ces jours-ci vous permettront de mettre en commun vos expériences de dirigeantes, et de faire ensuite profiter tout le mouvement de vos fructueuses réflexions. Conscientes de la responsabilité qui vous incombe dans la formation chrétienne des guides catholiques, vous n'avez pas hésité à aborder ensemble, sous la direction de vos aumôniers, le grave sujet de la Rédemption dans ses rapports avec l'éducation. L'importance de cette étude ne saurait échapper à aucun pédagogue, car tout éducateur chrétien entreprend de guider ses élèves non


GUIDES CATHOLIQUES

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vers un but quelconque, mais vers l'unique fin dernière de l'homme, la sainteté chrétienne. Or un guide, qui assume une telle charge, doit connaître à la fois le point de départ, le but à atteindre, le chemin à parcourir et les forces des voyageurs. Le point de départ est une nature créée à l'image de Dieu et destinée par le Créateur à la vision beatifique, mais privée de la grâce par la faute originelle. Jamais les efforts de l'homme n'obtiendront à eux seuls la grâce surnaturelle qui lui permettra de se sauver et de s'élever au sommet de sainteté auquel Dieu l'appelle. Et Dieu envoie son Fils pour racheter l'humanité. L'éducateur chrétien est appelé à collaborer avec l'unique Sauveur, à le faire connaître et aimer des enfants qui lui sont confiés. Honneur sublime, mais qui oblige à la plus grande humilité, à la plus grande fidélité aux ordres du Christ.

Car le Christ s'est défini : la voie, la vérité, la vie. « Sans la voie, on n'avance pas ; sans la vérité, on ne connaît pas ; sans la vie, on ne vit pas » 2. Le Sauveur se propose à tous, mais il n'a pas deux vérités à présenter, ni deux chemins à suivre, ni deux vies à offrir en choix. Les évangélistes n'ont-ils pas rapporté les paroles du Sauveur au sujet d'une condition essentielle pour accéder à la vie nouvelle, qui est de la préférer, au prix même des plus durs sacrifices, aux biens de la terre, aux commodités personnelles, aux affections humaines, même légitimes (Mt 10,37 Lc 14,25-27) ? L'éducateur, qui oublierait ce principe fondamental de la vie chrétienne, qui négligerait d'en tirer les conséquences pratiques, pour lui-même d'abord et pour ceux dont il s'occupe, ne serait pas un bon guide.

Les disciplines du Mouvement guidisme favorisent la formation chrétienne des âmes.

Votre mouvement vous habitue à vous passer du confort moderne, de ce cadre artificiel qui dispense de l'effort physique et amollit la volonté ; il vous invite à pratiquer un style de vie plus austère, sollicite votre générosité et le don de vous-mêmes à vos soeurs plus jeunes. Celui qui peut, à chaque instant pour ainsi dire, satisfaire ses caprices, comment serait-il sensible aux besoins d'autrui, à sa souffrance ? Comment éprouverait-il pour lui-même la nécessité d'une vie intérieure, du recueillement, de

2 Imitation de Jésus-Christ, livre III, chap. LVI, no 1.

la prière qui seule donne la force de mortifier les tendances égoïstes et de pratiquer la charité désintéressée ?

C'est pourquoi mieux que d'autres, vous êtes capables de comprendre la portée des paroles de Jésus et d'en tirer toutes les conséquences. Le guidisme se propose d'épanouir votre personnalité, de cultiver vos aptitudes, afin qu'un jour vous sachiez faire face à toutes les responsabilités qui vous incomberont, les assumer avec décision, les porter avec courage. Mais au-delà des vertus humaines, c'est l'idéal chrétien que vous poursuivez, impossible à réaliser sans une lutte persévérante contre soi-même. N'y a-t-il pas là une contradiction ? Sans doute, s'il s'agissait uniquement d'enlever, de sacrifier, sans compensation aucune. Mais, en même temps qu'il impose un renoncement difficile, le Christ, vous le savez, transforme l'âme du chrétien, l'aide à pénétrer les mystères de son oeuvre, l'invite à y collaborer et lui donne à cet effet une ardeur toujours croissante. Ainsi, plus exigeante et plus austère, la doctrine chrétienne de l'éducation est la plus optimiste de toutes ; elle ne fait pas fond sur les seules forces humaines, mais sur la capacité donnée à tout homme de devenir un fils de Dieu : « Voyez, dit S. Jean, quel grand amour nous a témoigné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu — ce que nous sommes » (1Jn 3, i).

Les méthodes pédagogiques sont diverses mais toutes inspirées des mêmes principes chrétiens.

Les méthodes pédagogiques sont diverses, même parmi les catholiques, et c'est un bien. Selon les caractères et la condition des éducateurs et des élèves, l'une obtiendra de meilleurs résultats que l'autre. Toutes cependant doivent reposer sur les données de la Révélation, au carrefour desquelles se situe le mystère de la Rédemption. Tous les enfants d'Adam portent les conséquences du péché originel, et le baptême, qui les constitue enfants de Dieu et de l'Eglise, ne leur enlève pas une certaine tendance au mal, contre laquelle ils doivent lutter victorieusement avec la grâce. La présente conférence internationale vous éclairera certainement sur cette condition primordiale de l'éducation chrétienne et vous suggérera les moyens à employer pour atteindre le but souhaité. Vous travaillez sans cesse sous la conduite du divin Guide et Sauveur ; vous voudrez donc avant tout vous inspirer de ses exemples : l'Evangile nous décrit sa patience admirable, son humilité surprenante, son grand amour des hommes, surtout des enfants et des pauvres. Et ce Jésus si aimable, rencontré dans l'Ecriture, vous le trouverez plus intimement encore dans l'Eucharistie, centre vital de votre action : « Si vous ne mangez ma chair, vous n'aurez pas la vie en vous » (Jn 6,54). Oui, vraiment, quand il s'agit de former des chrétiens ou des chrétiennes, c'est Jésus qui doit avoir toujours le premier rôle. Il est la porte des brebis, il est leur lumière, leur chemin, leur pain, leur vie. Plus vous lui serez unies, plus vous vous rendrez aptes à remplir la belle mission qui vous est confiée.

Voilà, chères guides, ce que Nous voulions vous dire, pour répondre à l'empressement filial, avec lequel vous êtes venues solliciter Nos encouragements et Notre bénédiction. Qu'elle descende du ciel très abondante cette Bénédiction apostolique sur vous-mêmes ici présentes, sur toutes celles que vous représentez et dont vous avez la charge, sur votre mouvement tout entier et ses aumôniers, sur vos familles enfin et sur tous ceux et celles qui vous sont chers.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LES SEMAINES SOCIALES DU CANADA

(29 août 1955) 1

A l'occasion des deux Semaines Sociales, sur le civisme, qui ont tenu leurs sessions au Canada, h Vancouver, du 25 au 27 septembre, et à Cornwall, du 29 septembre au 2 octobre, Son Exc. Mgr Dell''Acqua, a adressé la lettre suivante à LL. EE. les cardinaux Mac Guigan et Léger pour leur transmettre les directives du Saint-Père :

Au cours de deux sessions presque simultanées, les catholiques canadiens de langue anglaise réunis à Vancouver, puis ceux d'expression française assemblés à Cornwall, s'apprêtent à poursuivre, sous l'égide de leurs Pasteurs, l'oeuvre fructueuse des Semaines Sociales, en abordant cette année le problème du civisme. Ce thème en vérité, ne pouvait qu'être particulièrement apprécié du Souverain Pontife : tant de fois — et dès Sa première encyclique — Il rappela à Ses fils, comme à tous les esprits droits et sincères, les conditions d'un ordre juste de la communauté nationale et internationale, et, si souvent aussi, Il alerta les hommes de gouvernement, les représentants des diverses professions ou des divers corps sociaux, et jusqu'aux simples particuliers, sur la gravité de leurs responsabilités respectives à l'égard de la société civile. Aussi est-ce de grand coeur que Sa Sainteté forme des voeux sincères pour le succès des travaux et le large rayonnement de ces assises.

L'Etat « envahissant » a étendu considérablement ses interventions. L'un des traits les plus notables de l'époque contemporaine est sans doute une rapide extension des attributions de l'Etat,


SEMAINES SOCIALES DU CANADA

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qui vit brusquement affluer à lui maints problèmes nouveaux et étendit lui-même ses interventions à des domaines échappant jusqu'alors à sa compétence directe. Les relations entre gouvernants et gouvernés s'en trouvèrent souvent modifiées, tandis que, d'autre part, la puissance des moyens modernes de diffusion et de propagande nouait entre les hommes des liens toujours plus étroits et intéressait davantage l'ensemble des citoyens aux affaires publiques. Que cette condition de l'Etat moderne, « envahissant et envahi », « divisé et débordé », ait pu provoquer une crise du civisme, c'est précisément ce que la Semaine Sociale de France analysait l'an dernier ; les directives que Sa Sainteté S'est plu à donner Elle-même en cette circonstance orienteront utilement vos débats 2.

Pour sa part, la double Session canadienne, considérant le chrétien dans les différentes sphères de la vie publique où il évolue, s'appliquera notamment à former ou redresser en lui, selon les hautes et fermes exigences de la morale chrétienne, le « sens civique », c'est-à-dire la conscience de ses devoirs et de ses droits au sein de la cité : droits et devoirs qui assortissent en dernière analyse, comme on le sait, à la justice générale ou légale, considérée à bon droit par les philosophes et les théologiens comme la plus noble des vertus morales, puisqu'elle ordonne toutes les activités humaines vers le bien commun.

Solidarité de l'Etat et des individus.

On voit, dès lors, toute l'importance d'une tâche, dont bénéficieront non seulement les personnes mais la société elle-même. Dès que s'altèrent, en effet, chez les individus et dans les groupements privés, les vertus morales du civisme, la communauté nationale tend à se désagréger sous la pression des divisions partisanes ou des rivalités d'intérêts, et l'exercice normal de l'Autorité se trouve vite compromis. « Etablis sur la même base (de l'ordre moral), la personne, l'Etat, le pouvoir public, avec leurs droits respectifs, se trouvent tellement liés et unis entre eux, déclarait le Saint-Père, qu'ils se soutiennent et s'écroulent tous ensemble.3 »

2 Cf. Lettre du 14. 7. 54 à M. Charles Flory, président des Semaines sociales de France, A. A. S., XXXXVI, 1954, p. 482 ; Documents Pontificaux 1954, p. 271.

3 Radiomessage de Noël 1944, A. A. S., 37, 1945, p. 15.

La vie civique est soumise aux lois morales.

En enseignant à leurs auditeurs les règles morales qui président à la vie civique, les maîtres de la Semaine Sociale se souviendront en particulier que l'homme, « loin d'être l'objet et comme l'élément passif de la vie sociale, en est au contraire et doit en être et en demeurer, le sujet, le fondement et la fin » *. Cette affirmation du Saint-Père est ici capitale. Elle manifeste pourquoi tout appel au civisme, c'est-à-dire toute invitation à adhérer de façon réfléchie et active à l'ordre de la cité, est en fin de compte un appel au respect et au service de l'homme lui-même, sujet, fondement et fin de la vie sociale. Les vertus civiques n'invitent les membres de la communauté à dépasser les étroitesses de leurs vues particulières, et même à sacrifier leurs avantages immédiats au bénéfice du bien commun, que pour mieux permettre aux responsables de la cité de conduire celle-ci à ses vraies fins, éminemment respectueuses des destinées de l'homme. Loin donc d'opposer, en une fallacieuse antinomie, la liberté personnelle des citoyens et les exigences de la vie en société, le propre du civisme est de reconnaître l'ordre absolu établi par Dieu, et, en conséquence, d'honorer l'Autorité sans oublier qu'elle est un service des personnes et de favoriser le jeu des légitimes libertés sans perdre de vue qu'elles doivent s'harmoniser au bien de tous. « Comportez-vous comme des hommes libres, disait saint Pierre ; non pas comme des hommes qui font de la liberté un manteau pour couvrir leur malice, mais comme des serviteurs de Dieu. » (1P 2,16)

Vertu d'harmonie et d'équilibre entre les excès du totalitarisme et les désordres de l'anarchie — qui méprisent et écrasent également l'homme — le civisme est le lien d'une société saine et forte. Il requiert qu'un libre courant passe sans cesse entre les membres de la communauté nationale et ses chefs : aux gouvernants, ce courant porte l'expression claire et confiante d'une opinion publique mûrie et informée ; aux citoyens, il manifeste les dispositions d'un ordre recherché pour le bien de tous, compris et accepté comme tel. Un vif sentiment de l'unité de l'Etat, malgré la division des tâches et la diversité des conditions, une obéissance volontiers consentie « non par crainte du châtiment, mais par motif de conscience » (Rom. XIII, 5), un

4 Ibid., p. 12.

commandement équitable qui soit un service de la collectivité et des personnes, tels sont les caractères du sens civique fondé sur l'ordre moral.

Ce n'est pas en un jour qu'on prépare à la nation des serviteurs loyaux, aux convictions solides, au jugement sûr et droit. Certes, comme le reconnaissait Pie XI dans son Encyclique sur l'éducation, dont on vient de commémorer le vingt-cinquième anniversaire, « l'Etat peut exiger et faire en sorte que tous les citoyens aient la connaissance nécessaire de leurs devoirs civiques et nationaux, et un certain degré de culture intellectuelle, morale et physique qui, dans la vie contemporaine, est vraiment requis par le bien commun » 5. Et pourtant, s'il est « en droit de requérir l'éducation civique non seulement de la jeunesse, mais encore de tous les âges et de toutes les conditions » 6, il est clair que cette tâche ne saurait avoir d'autre fondement que les règles du droit, dont l'Eglise est divinement établie maîtresse et gardienne. Faut-il rappeler au surplus l'obligation très grave — et plus essentielle encore — qui incombe aux parents de donner à leurs enfants l'éducation civique à laquelle ils ont droit7 ; celle-ci fait vraiment partie intégrante de la mission éducatrice des familles et de l'école chrétienne qui en prolonge l'action. « La famille, disait Léon XIII, est le berceau de la société civile, et c'est en grande partie dans l'enceinte du foyer domestique que se préparent les destinées de l'Etat.8 » Comme leur Maître, les disciples du Christ ne sont pas de ce monde, et pourtant ils vivent en ce monde (Jean XVII, 11-14). Dieu veuille que la prochaine Semaine Sociale aide les catholiques canadiens à réfléchir sur cette vérité de leur foi : ses exigences de justice et de charité les presseront de répudier tout isolement et toute indifférence pour les affaires du pays ; mais ses enseignements leur rappelleront aussi que l'homme ne vit pas seulement de pain et que le bien temporel de la cité doit permettre aux personnes de poursuivre des fins plus hautes. A toutes ces intentions, le Saint-Père appelle une large effusion de grâces sur l'une et l'autre Session canadienne et accorde à Votre Eminence, aux responsables de la Semaine Sociale, aux conférenciers et à tous les participants, une très paternelle Bénédiction apostolique.

A. A. S., 22, 1930, P- 63-Ibid. p. 64.

Cf. C. Í. C, can. 1113.

Encyclique Sapientiae christianae, A. S. S., 22, p. 403.


PieXII 1955 - A S. EXC. MONSEIGNEUR JOSEPH FREUNDORFER ÉVÊQUE DAUGSBOURG .