Pie XII 1956 - APOSTOLAT DE LA PRIERE


ALLOCUTION A DES MEMBRES DU QUATORZIÈME CONGRÈS INTERNATIONAL DU LAIT ET DE SES DÉRIVÉS

(28 septembre 1956) 1






Le vendredi 28 septembre, Sa Sainteté Pie XII a reçu les membres du XIVe congrès international du lait et de ses dérivés. Il leur adressa en français le discours suivant :

Le quatorzième congrès international du lait et de ses dérivés, qui vous a réunis à Rome, Messieurs, présente une importance particulière par le nombre élevé des nations représentées et des personnalités qui l'honorent de leur patronage ou de leur présence. Aussi sommes-Nous heureux d'accueillir l'hommage de votre visite et de vous dire l'intérêt avec lequel Nous avons pris connaissance des manifestations et des travaux de votre congrès : expositions, concours et conférences illustrent un programme fort vaste et procureront, Nous en sommes persuadé, un sérieux progrès dans le développement de la production du lait et de ses dérivés.

La variété même et l'ampleur des relations, qui Nous ont été aimablement transmises, laissent penser qu'aucun effort n'a été négligé en vue d'éclairer dans les derniers détails toutes les données des problèmes, et d'assurer une amélioration simultanée de la quantité et de la qualité des produits, qui forment la matière de votre industrie. L'objectivité des données scientifiques et les résultats de l'expérience ont posé les problèmes techniques et économiques dans leur minutieuse complexité. Le lait constitue, en effet, une matière première précieuse et délicate entre toutes ; par son origine organique, il possède une composition à la fois riche et fragile, qui requiert, si l'on veut respecter son intégrité biologique, des connaissances multiples, une vigilance attentive et de grandes précautions. S'il constitue normalement une nourriture incomparable pour les enfants et même pour les adultes, il peut aussi transmettre des germes nocifs, et c'est une grave responsabilité sociale, sanctionnée par la loi des divers pays, que de livrer au public un produit sain, dans les limites où l'industrie humaine peut en assurer à la fois la fraîcheur et l'innocuité.

Pour qu'on obtienne ce résultat, le lait demande d'abord à être recueilli dans les meilleures conditions d'hygiène. Sans parler ici de la santé des animaux qui le produisent, les diverses opérations que nécessitent sa récolte et son transport exigent des soins précis. La propreté parfaite de toutes les parois, avec lesquelles il entre en contact, constitue un problème essentiel et compliqué, car il arrive, par exemple, que de simples traces des produits de nettoyage en détériorent les éléments.

Les divers traitements nécessités par sa conservation varient selon qu'il est destiné à la consommation immédiate ou doit constituer des réserves utilisables en toutes circonstances ; mais, si l'on n'y prend garde, il peut arriver que tous ces procédés altèrent la structure physico-chimique de certains constituants du lait, et réduisent plus ou moins les qualités nutritives, qui font sa richesse alimentaire incomparable. Au total cependant, les méthodes de conservation, par évaporation, concentration ou dessication, représentent un gros avantage. Elles ont permis et permettent chaque jour de faire parvenir à de vastes régions du monde, où la production demeure insuffisante, l'essentiel des éléments nutritifs contenus dans le lait, pour le plus grand bien d'innombrables enfants.

Il conviendrait maintenant de faire quelques allusions aux dérivés du lait, spécialement aux beurres et fromages, inappréciables éléments de l'alimentation humaine, et aux nombreux problèmes techniques de leur fabrication et de leur commerce. Plus que le lait, ces dérivés se distinguent par des qualités individuelles et constituent des objets d'échanges internationaux fort recherchés. C'est pourquoi Nous souhaitons que des conventions de plus en plus universelles contribuent à en garantir les privilèges et le transport à travers le monde.

Une heureuse initiative, qui assure déjà les meilleurs résultats et promet de se répandre toujours davantage, la distribu-



tion rationnelle du lait dans les écoles, mérite une mention à la fois pour les avantages qu'elle procure aux industries laitières qui trouvent là une excellente propagande, et pour la santé universelle qui peut en retirer de grands bienfaits. Un examen méthodique a permis, en effet, de constater que cette mesure procurait chez les enfants des accroissements considérables de poids, de taille, d'ardeur et de gaieté. Dans la mesure où ces faits seront reconnus et encouragés par les secours efficaces des pouvoirs publics, on se réjouit de voir son usage s'étendre à des zones de plus en plus larges, jusqu'à faire profiter tous les peuples et toutes les générations de ce don de Dieu pour la santé des corps. Il en résultera normalement un surcroît de forces pour le bien, et les familles, éclairées par l'expérience, accorderont à cet aliment de choix la place d'honneur qui lui revient dans le régime diététique de l'humanité.

Est-il besoin, pour finir, de rappeler que les Livres saints de l'Ancien Testament, divin patrimoine d'un peuple de pasteurs, ont symbolisé dans le lait les bénédictions temporelles du Créateur : une vingtaine de fois les auteurs sacrés donnent à la Terre promise le nom de pays, où coulent le lait et le miel. Et dans le Nouveau, l'apôtre saint Pierre lui-même conseille à ses fidèles de solliciter de Dieu avec la simplicité des enfants le lait de la bonne doctrine : « Portez-vous avec ardeur, tels des enfants nouveau-nés, vers le pur lait spirituel, qui vous fera croître pour le salut, si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon » (1P 2,2-3). Tant il est vrai que ce monde matériel, dans lequel la Providence de Dieu a placé la famille humaine, n'est pas seulement un décor, si beau soit-il, ni un entrepôt de ressources matérielles pour la vie du corps, mais une véritable parabole, dont les divers éléments parlent de réalités supérieures aux coeurs purs et aux esprits bien disposés. Votre travail vous met en mesure de rendre à vos contemporains un service apprécié. Puissiez-vous aussi, au milieu de vos activités professionnelles, poursuivre un idéal encore plus élevé : celui de posséder vous-mêmes une vie morale et spirituelle toujours plus haute et plus fervente, qui s'alimente aux sources de vie que le divin Sauveur a confiées à son Eglise et qui produise des fruits abondants de générosité, de compréhension, de charité.

Puissent ces brèves considérations constituer pour vous tous, Messieurs, le point de départ de réflexions salutaires et vous permettre d'emporter de Rome, non seulement le bénéfice des travaux accomplis durant ce congrès, mais aussi le souvenir d'un bienfait spirituel, que Nous demandons instamment au Maître des lumières de vous concéder dans sa bonté. C'est dans cette intention que Nous vous accordons à tous ici présents, à vos familles et à vos amis, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES FABRICANTS DE PANNEAUX DE FIBRES

(29 septembre 1956) 1






La Fédération européenne des syndicats de fabricants de panneaux de fibres a tenu son congrès récemment à Rome. Le samedi 29 septembre, le Saint-Père a reçu les congressistes en audience à Castelgandolfo, et leur a adressé, en français, l'allocution suivante :

En accueillant les membres de la fédération européenne des syndicats de fabricants de panneaux de fibres, Nous sommes heureux, Messieurs, de répondre aux voeux de votre comité de direction, et Nous souhaitons que vous emportiez de cette rencontre le souvenir le plus cordial de la Ville éternelle.

L'industrie qui vous intéresse est née, voici plus d'un demi-siècle, aux Etats-Unis d'Amérique, et se développa en Europe, après la première guerre mondiale, d'abord dans les pays nordiques, si riches en bois résineux, puis dans les autres régions, à mesure que les qualités de panneaux synthétiques se faisaient mieux connaître. Elle utilise comme matière première les déchets de bois des scieries, qui autrement ne seraient bons qu'à brûler ; par des traitements adaptés, les fibres sont dégagées, puis agglomérées en panneaux homogènes et compacts. Selon la destination qui leur est réservée, ceux-ci forment diverses catégories, les unes assurant l'isolement contre la chaleur ou le bruit, les autres remplaçant avantageusement le bois contreplaqué a cause de leur plus grande uniformité et stabilité et de leur plus grand format. Grâce à des essais méthodiques, on arrive a donner à ces produits des caractéristiques qui répondent aussi fidèlement que possible aux exigences des divers usages et permettent des applications de jour en jour plus nombreuses et plus commodes.

Votre Fédédération se propose de resserrer les liens de fraternité, qui normalement doivent rapprocher les membres d'une même industrie, bien qu'ils exercent leur activité en des pays différents. Un certain nombre de problèmes techniques et économiques leur sont communs et attendent des solutions analogues. En particulier, il est de votre intérêt de faire ressortir davantage aux yeux du public les multiples possibilités d'application des panneaux de fibres et d'en accroître ainsi l'utilisation. Nous sommes certain que le présent congrès vous aura permis de mettre au point plusieurs de ces questions et, en tout cas, aura resserré entre vous les liens d'une collaboration nécessaire et féconde.

La civilisation contemporaine, si dure sous bien des aspects, a du moins le mérite de mettre en lumière cette idée, que le monde de l'industrie et du travail, entrepreneurs et patrons, ingénieurs et cadres de maîtrise, ouvriers et employés, se trouve engagé dans une même oeuvre et dans une même communauté de destin. Les genres d'activité peuvent différer et les classes rester encore opposées, parfois violemment, hélas ! Mais quand les hommes dépensent ensemble dans un travail déterminé les forces de leurs bras et les ressources de leur esprit et de leur âme, il est impossible qu'ils ne prennent pas conscience peu à peu qu'en dépit de toutes les divergences de conditions ef d'opinions, ils avancent tous vers le même but. Et ce but, ils le pressentent bien, consiste beaucoup moins dans l'obtention d'un certain degré de productivité et de confort matériel, que dans l'établissement d'un climat d'union, de paix, de joie, qui pénètre le corps social tout entier et lui assure des biens spirituels plus précieux que toutes les richesses et garants du vrai bonheur.

Vous savez aussi, faut-il l'ajouter, que seul l'idéal chrétien de la vie est en mesure de donner à la fois les directives claires qui montrent la route à suivre, et la force d'âme qui permet de triompher de tous les obstacles. C'est pourquoi Nous vous souhaitons d'emporter surtout de votre séjour à Rome une augmentation de générosité et de ferveur, qui vous aide à poursuivre votre tâche sans faiblir et avec l'espoir certain d'atteindre votre but.



C'est donc de grand coeur que Nous demandons à Dieu de vous accorder le secours de sa grâce en vue de réaliser toujours plus pleinement ses desseins sur vous-mêmes, sur vos familles, vos amis, et tous ceux qui vous sont chers et, comme gage de ces faveurs, Nous vous accordons à tous Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION FISCALE INTERNATIONALE

(2 octobre 1956) 1






Le mardi 2 octobre, le Saint-Père a adressé aux membres du dixième congrès de l'Association fiscale internationale, le discours suivant en français :

Parmi les nombreux congrès qui se déroulent à Rome cet automne, celui de l'Association internationale de droit financier et fiscal, qui rassemble les spécialistes les plus distingués en cette matière, mérite un intérêt particulier et Nous sommes heureux, Messieurs, de vous dire combien Nous attachons d'importance à l'heureux déroulement de vos travaux. En 1948 déjà, vous avez tenu à Rome l'une de vos réunions et, depuis lors, votre Association n'a cessé de croître et de poursuivre avec succès ses activités pour intensifier la collaboration internationale dans l'étude des problèmes qui concernent les finances publiques et la fiscalité.



Le Saint-Père signale les regrettables et grandes différences entre les systèmes fiscaux des divers Etats.

Dans le domaine si vaste du droit, cette matière possède des caractéristiques propres et requiert une compétence particulière. Dès 1936, il apparut que, si les juristes avaient déjà leur association internationale, les spécialistes du droit fiscal devaient se grouper à part. Les efforts ne furent pas ménagés pour vaincre les difficultés initiales et poser les bases de la nouvelle association, que, malheureusement, la guerre contraignit bientôt à l'inaction. Dès 1947, vous repreniez la série de vos congrès, qui n'ont cessé de susciter, dans les milieux intéressés, une vive attention que justifie la qualité scientifique



des rapports présentés et des discussions auxquelles ils furent soumis.

Cette année, vous avez voulu aborder la question des doubles taxations internationales en matière d'impôt sur les affaires, celle de l'influence réciproque de la forme juridique, de la nature et des dimensions des entreprises, d'une part, et de leur régime fiscal de l'autre, et enfin la garantie juridique des contribuables à l'égard du fisc.

Sur chacun de ces thèmes, vous avez sollicité une relation approfondie reflétant les situations de divers pays, afin de tirer de cette comparaison des conclusions générales susceptibles de fournir des orientations utiles aux autorités nationales et aux institutions internationales.

Le travail que vous accomplissez dans vos congrès se prolonge dans une organisation permanente, qui Nous paraît de la plus grande utilité : le Bureau international de documentation fiscale, créé en 1938 et officiellement établi en 1940 à Amsterdam, qui se propose de rassembler et de mettre à la disposition des chercheurs une documentation étendue concernant la législation fiscale et son application dans un grand nombre de pays. Il est à peine nécessaire de souligner combien un centre de ce genre peut contribuer au progrès de la science fiscale. Si l'intention première était de fournir une base indispensable au travail purement scientifique, le Bureau fut amené peu à peu à répondre à des demandes de caractère plus pratique, en conservant d'ailleurs une indépendance et une objectivité parfaites qui sont une condition essentielle de son bon fonctionnement ; elles lui permettent, en effet, de trouver des sources d'information nombreuses et variées et de les compléter au besoin grâce à l'intervention de ses correspondants. Le Bureau publie deux périodiques, un bulletin de documentation fiscale internationale et un service de documentation, qui permettent une mise à jour constante dans un domaine sujet à de fréquentes modifications.

L'élaboration des lois fiscales dans les Etats modernes n'obéit pas toujours à des critères rationnels et précis ; les nécessités du moment, les tendances politiques ou économiques des hommes au pouvoir poussent la fiscalité dans des directions divergentes. L'administration chargée d'appliquer les lois procède elle-même selon des méthodes dépourvues d'uniformité et parfois peu conformes à l'intention du législateur. Il en résulte que le système fiscal de chaque Etat et, plus encore, celui des différents Etats sur des matières analogues, comporte de notables écarts, tant dans la conception que dans le mode d'application. Non seulement on y déplore d'habitude le manque de simplicité et de cohérence, mais parfois aussi une négligence pratique des principes justes, qui doivent inspirer toute fiscalité.

Il rappelle que tous les citoyens ont le devoir de participer aux dépenses publiques. Toutefois, la répartition des impôts doit être équitable et l'Etat doit s'abstenir de dépenses inutiles.

Aucun doute ne subsiste sur le devoir de chaque citoyen à supporter une part des dépenses publiques. Mais l'Etat de son côté, en tant que chargé de protéger et de promouvoir le bien commun des citoyens, a l'obligation de ne répartir entre ceux-ci que des charges nécessaires et proportionnées à leurs ressources. L'impôt ne peut donc jamais devenir pour les pouvoirs publics un moyen commode de combler le déficit provoqué par une administration imprévoyante, de favoriser une industrie ou une branche de commerce aux dépens d'une autre également utile. L'Etat s'interdira tout gaspillage des deniers publics ; il préviendra les abus et les injustices de la part de ses fonctionnaires, ainsi que l'évasion de ceux qui sont légitimement frappés. Les Etats modernes tendent aujourd'hui à multiplier leurs interventions et à assurer un nombre croissant de services ; ils exercent un contrôle plus étroit sur l'économie ; interviennent davantage dans la protection sociale de plusieurs catégories de travailleurs ; aussi leurs besoins d'argent croissent dans la mesure où se gonflent leurs administrations. Souvent des impositions trop lourdes oppriment l'initiative privée, freinent le développement de l'industrie et du commerce, découragent les bonnes volontés.

Aussi, en parcourant la liste des sujets traités par vos congrès précédents, avons-Nous vu avec plaisir que vous recommandiez d'éliminer de la législation certaines dispositions nuisibles aux intérêts véritables des particuliers et des familles, comme au progrès normal du commerce et des affaires sur le plan national et international.

Vous insistez en particulier sur les avantages d'une législation plus uniforme, qui évite les doubles taxations et les entraves à la circulation internationale des capitaux et des biens. Le troisième sujet abordé cette année, la garantie juridique des contribuables à l'égard du fisc, vise à consolider les systèmes de sauvegarde, indispensables non seulement au contribuable, mais à l'Etat lui-même, qui risque, s'il néglige ces garanties, de démoraliser ses sujets et de les encourager à la fuite de l'impôt et à la fraude.

On peut dire, en bref, que les dimensions considérables des Etats actuels exigent une soigneuse mise au point de la législation fiscale, encore grevée, sur plus d'un point, d'un empirisme discutable. En outre, il est capital que les principes moraux justifiant l'impôt apparaissent clairement tant aux gouvernants qu'aux administrés et soient effectivement appliqués.

Que l'on poursuive avec des critères toujours plus sensibles et plus adéquats l'adaptation de l'impôt aux possibilités réelles de chacun. La fiscalité ne sera plus, alors, ressentie comme une charge toujours excessive et plus ou moins arbitraire, mais elle représentera, dans un Etat mieux organisé et plus apte à procurer le fonctionnement harmonieux des différentes activités de la société, un aspect humble peut-être et fort matériel, mais indispensable de la solidarité civique et de l'apport de chacun au bien de tous. La sagesse des gouvernants et l'efficacité d'une administration dévouée et intègre doit démontrer à l'évidence que le sacrifice imposé correspond à un service réel et porte ses fruits.

Votre tâche, Messieurs, est de mettre toujours mieux en lumière, à l'aide des expériences réalisées dans vos pays respectifs, les bases théoriques de l'impôt et de suggérer les applications les plus satisfaisantes. Nous sommes convaincu que vous rendez ainsi un service eminent à chacun de vos concitoyens et à l'ensemble des nations, qui profitent de vos efforts. En consolidant la structure de la société contemporaine, vous contribuez à libérer des valeurs plus hautes emprisonnées ou compromises par le malaise ou l'hostilité, qui sépare parfois l'autorité publique des citoyens et oppose les nations les unes aux autres. L'Eglise, qui ne souhaite rien tant que la stabilité intérieure des peuples et la collaboration efficace sur le plan international, se réjouit de trouver dans votre travail une aide appréciable à sa mission spirituelle et de pouvoir plus aisément adresser aux hommes l'invitation à poursuivre ensemble un idéal divin de charité et de paix.

C'est pourquoi, en implorant avec ferveur la protection du Ciel sur vous-mêmes, sur vos familles, sur vos collaborateurs, Nous vous en accordons pour gage Notre Bénédiction apostolique.




ALLOCUTION AUX MEMBRES DES SERVICES DE CONTRÔLE DES ASSURANCES PRIVÉES

(4 octobre 1956) 1






Deux cents personnes qui participaient à la troisième Conférence internationale des Services de contrôle des Assurances privées, ont été reçues en audience par le Souverain Pontife, le jeudi 4 octobre. Il leur adressa en français l'allocution que voici :

Après avoir tenu vos réunions précédentes à Bruxelles et à Amsterdam, vous avez maintenant le plaisir, Messieurs, de vous rencontrer à Rome pour votre troisième Conférence internationale des Services de contrôle des assurances privées. En répondant au désir que vous Nous avez exprimé, Nous sommes pour Notre part très heureux de vous recevoir à cette occasion et de vous témoigner Notre estime et l'intérêt que Nous portons à vos travaux.

De récentes catastrophes viennent encore d'illustrer l'importance que revêtent dans la vie économique d'aujourd'hui les assurances sous toutes leurs formes. Les échanges I commerciaux et surtout les transports maritimes, si pleins d'aléas au temps de la navigation à voile, furent les premiers à profiter du fonctionnement d'institutions destinées à tempérer le coût de leurs risques. Malgré le calcul des probabilités énoncé par Pascal et Fermât et l'établissement des tables de mortalité de l'astronome Halley, il fallut attendre jusqu'à la fin du XVIIIe siècle pour que les Compagnies d'assurances songent à s'appuyer sur ces bases solides. Actuellement le recours aux assurances a pris un tel développement, que tous les Etats se préoccupent d'édicter des mesures sévères et précises pour contrôler les compagnies privées et protéger ainsi leurs clients contre les erreurs possibles et les fautes d'administration. Les intéressés, désireux d'engager leurs épargnes dans un contrat qui assure leur vieillesse ou celle des membres de leur famille, ne sont pas toujours capables de vérifier par eux-mêmes la valeur des garanties qu'on leur offre. C'est donc encourager une intention hautement louable de prévoyance familiale et de solidarité, que de la protéger au maximum contre les défaillances de ceux qui la prennent en charge.

La technique des compagnies d'assurances présente des problèmes compliqués, dont s'occupe en particulier la science actuarielle et dont les éléments varient suivant l'évolution des conditions de la vie sociale et économique. C'est ainsi que Nous relevons dans votre programme la présentation de rapports sur les contrats à tarifs réduits dans l'assurance-vie et sur la combinaison de l'assurance-vie avec la loterie. Vous notez que la conclusion de contrats d'assurances sur la vie est grandement facilitée, s'il faut traiter non avec des particuliers, mais avec un groupe de personnes, par exemple, les membres d'une société ou d'une organisation, tandis que de leur côté de nombreuses associations font effort afin d'obtenir pour leurs membres des avantages financiers, comme la réduction des primes. Nul doute qu'en confrontant la pratique des différents pays, vous n'enrichissiez heureusement votre information à ce sujet. L'autre question, concernant la possibilité de propager l'assurance sur la vie en la combinant avec une loterie, met en question le principe même de l'assurance : vous vous demandez avec juste raison, si un tel procédé ne va pas en menacer le but principal, c'est-à-dire la prévoyance en faveur des vieillards et des survivants. Comment les autorités de contrôle des différents pays réagissent-elles à cette tendance, qui exploite habilement le désir, si vif chez beaucoup de gens, de gagner facilement et rapidement des sommes importantes ?

Nous souhaitons vivement, Messieurs, que sur ces points, comme sur tous les autres dont vous faites l'objet de vos délibérations — et mentionnons encore en passant celui du risque atomique, bien caractéristique de l'âge moderne — vous arriviez par vos échanges d'idées et d'expériences à des conclusions fermes, susceptibles de fournir une ligne de conduite à votre activité quotidienne. Vous garantissez ainsi un meilleur fonctionnement d'un rouage nécessaire et délicat de l'organisation économique des nations modernes. Il appartient à l'homme d'ordonner sa vie de telle sorte, qu'il soit en mesure de faire face à des circonstances soudainement difficiles. Ce n'est pas alors seulement la prospérité matérielle d'un individu ou d'une



entreprise qui est en cause, mais le ressort psychologique de son activité. Pour s'engager avec confiance dans des initiatives intéressantes, mais dont le risque n'est pas exclu, il faut être certain de n'avoir pas à porter seul les conséquences d'un échec possible, alors que la réussite profiterait certainement à la communauté. Le progrès normal de la société, son équilibre, sa prospérité exigent que soit appliquée, aussi rationnellement que possible, cette loi de compensation.

Si légitime que soit le souci d'assurer l'avenir, il est évident qu'on ne pourra jamais organiser un système de prévoyance assez perfectionné, pour éviter les conséquences des accidents qui frappent les personnes et leurs biens. Si l'on peut mettre des capitaux en sécurité relative, on ne chassera jamais de l'âme les inquiétudes, les tristesses, les épreuves d'ordre moral ou affectif. Or l'homme voudrait se prémunir aussi contre les douleurs intimes, parfois si cruelles, comme la perte d'un être cher et, en dernier ressort, contre la mort elle-même, qui l'attend inéluctable. Mais de cela aucune protection matérielle ne sera capable. C'est sur le plan de l'esprit et en dehors de perspectives purement temporelles, que se trouve le véritable remède. Celui pour qui la mort est la fin de tout, ne saurait trouver d'assurance contre l'angoisse et l'amertume, mais il suffit à un homme généreux d'écouter la voix de sa conscience, pour sentir que la charité est éternelle et pour comprendre l'avertissement de l'Evangile : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre..., où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel... » (Mt 6,19-20), en donnant de vos richesses à ceux qui sont dans le besoin. Et plus encore que le sacrifice des biens, celui qui engage la personne même, son activité et son coeur, l'arrache aux vicissitudes d'une existence ballottée, pour l'établir dans une paix inaltérable, celle de l'homme qui a trouvé en Dieu sa force et son bonheur.

Déjà en apportant à votre tâche une conscience professionnelle éclairée, un esprit aux vues larges et désintéressées, vous accédez à l'ordre des valeurs spirituelles, qui doit conférer à votre vie son sens et sa dignité. Puissiez-vous aussi, attirés par la noblesse d'un idéal inspiré par Dieu lui-même, jouir de cette stabilité intérieure, que rien sur la terre ne peut compromettre, parce que déjà elle appartient à la vie qui ne passe pas.

En gage des faveurs divines, que Nous implorons sur vous-mêmes, sur vos familles et sur vos collaborateurs, Nous vous accordons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES ASSOCIATIONS FAMILIALES DALLEMAGNE ET DAUTRICHE

(4 octobre 1.956)1






Le 4 octobre, le Souverain Pontife a accordé une audience spéciale aux membres des deux Associations des familles catholiques d'Allemagne et d'Autriche : « Familienbund der deutschen Katholiken » et « Katholischen Familienverband Osterreichs ». Il leur adressa l'allocution suivante :

Nous vous souhaitons la bienvenue, chers fils et chères filles, Présidium et représentants du « Familienbund der deutschen Katholiken » et du « Katholischen Familienverband Osterreichs », venus ici pour entendre de Nous une parole d'encouragement et recevoir notre Bénédiction.

Comme Nos immortels Prédécesseurs, Nous avons déjà souvent pris position sur les questions concernant le mariage et la famille, que ce soit dans les manifestations évoquées par vous dans le Mémoire qui Nous a été transmis, ou bien encore, d'une manière directe ou indirecte, en de nombreuses autres occasions : ainsi les différents discours aux médecins, Notre allocution à l'Association des sages-femmes catholiques italiennes 2, et surtout nos exposés sur la question sociale et l'ordre social. D'ailleurs vous avez à peine besoin de paroles d'encouragement ; n'avez-vous pas dans un laps de temps très court, gagné à votre cause et à vos buts un million de familles en Allemagne, 350000 en Autriche et remporté de remarquables succès ?

1 D'après le texte allemand de Discorsi e radiomessaggi, 18, traduction française de VOsservatore Romano, du 23 novembre 1956.

2 Cf. Documents Pontificaux 2952, pp. 470-498.




Sans doute les chiffres que Nous avons cités sont une preuve manifeste du sentiment que le peuple chrétien éprouve des dan-


ASSOCIATIONS FAMILIALES



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gers qui menacent la famille. On peut à peine se faire une idée des fautes que, consciemment ou non, on a commises et on commet encore contre la famille, en raison des conditions de travail qui la disloquent, du mésusage des réalisations techniques ou culturelles, aussi bien que par l'abus de la puissance de l'Etat. Nous voulons parler entre autres de l'exploitation éhontée des faiblesses humaines chez ceux qui, aspirant à un niveau de vie toujours plus confortable, se laissent dominer par le désir du gain ; Nous pensons également aux films, et aux écoles obligatoires laïcistes ou même franchement athées. Mais Notre reconnaissance envers la Providence divine Nous oblige à ajouter aussitôt que ces dix dernières années de crise ont aussi mis en relief la force presque insurmontable contenue dans la famille et le mariage chrétiens. Ceux-ci, en effet, ont toujours sans même qu'on le remarque, empêché des catastrophes que, sans eux, la légèreté et le manque de conscience d'une société laïcisée et matérialiste auraient inévitablement provoquées.

Dans notre message au Katholikentag de Cologne Nous avons brièvement rappelé aux catholiques leur devoir de remettre Dieu, malgré le courant matérialiste qui domine notre époque, au centre de leur existence, et de donner tout son prix à leur foi. C'est le rôle de vos Associations de réaliser cette tâche au plan du mariage et de la famille, et de travailler à ce que la morale publique et les lois de l'Etat sur le mariage, la famille, l'école et l'éducation soient davantage inspirées des principes chrétiens. Nous avons aussi dans Notre message du 14 septembre 1952 3 au Katholikentag de Vienne, caractérisé pour les catholiques autrichiens la rénovation profonde de la vie familiale catholique par cette triple devise : sainteté de l'engagement du mariage, sainteté de la vie conjugale, sainteté de la vie familiale.

Nous plaçons vos Associations sous le soleil de la Grâce, qui, de la Sainte Famille de Nazareth, répand ses rayons jusqu'à vous, et, comme gage de l'amour de Jésus, Marie et Joseph, Nous vous donnons d'un coeur paternel, la Bénédiction apostolique.


DISCOURS A DES MÉDECINS DE L'UNION INTERNATIONALE CONTRE LE CANCER

(6 octobre 1.956) 1






Les membres Au IVe congrès de la société italienne de chimiothérapie ont été reçus en audience par le Saint-Père, le samedi 6 octobre. Il leur adressa ce discours, en français :

Au cours du mois d'août, Nous avons eu le plaisir d'accueillir le groupe de cancérologues qui participaient aux réunions des commissions de 1'« Unio internationalis contra cancrum », ainsi qu'à un symposium sur le pouvoir cancérigène de certaines substances ajoutées aux aliments. Aujourd'hui, Nous sommes heureux de Nous trouver encore au milieu d'un groupe de spécialistes illustres assemblés pour le quatrième congrès national de chimiothérapie, et de vous dire, Messieurs, l'intérêt très vif que Nous portons à vos recherches.

Depuis une dizaine d'années, les savants engagés dans la lutte contre le cancer ont concentré leurs efforts sur l'étude de produits chimiques susceptibles d'arrêter la prolifération des cellules cancéreuses, et déjà des centaines de substances nouvelles ont été expérimentées en laboratoire. La plupart d'entre elles n'ont point dépassé ce stade, parce qu'elles manifestaient un degré de toxicité trop élevé pour l'organisme humain. D'autres, par contre, ont été essayées en clinique et quelques-unes ont donné des résultats suffisamment encourageants pour stimuler le zèle des chercheurs et les inciter à poursuivre leurs efforts avec une ténacité accrue.

Le Saint-Père rappelle que dans la lutte contre le virus qui pourrait être à l'origine de certaines formes de cancer, la chimiothérapie en est à peine à ses débuts.

Si l'on peut parler de chimiothérapie du cancer par analogie avec celle des maladies infectieuses, on se trouve ici devant un état de choses profondément différent. Tandis que les bactéries se distinguent nettement des cellules du corps humain, et peuvent être combattues sans menace directe pour l'organisme, il n'existe qu'une différence encore difficile à préciser entre les cellules qui sont douées d'activité normale, et celles qui se développent de façon anarchique pour constituer une tumeur maligne. Ces derniers temps, on a repris l'opinion que certaines formes de cancer, même chez l'homme, pouvaient être provoquées par un virus ; cette hypothèse fournit sans doute une base de recherche, mais sans laisser entrevoir de rapides conquêtes thérapeutiques, car, dans le domaine de la lutte contre le virus, la chimiothérapie en est à peine à ses débuts. Aussi s'efforce-t-on de tabler sur le fait que la cellule cancéreuse, par sa propension à une subdivision rapide et désordonnée, est plus sensible que la cellule normale à certains agents capables d'entraver les processus de sa multiplication. A cause de leur mode d'action, les produits cytostatiques sont indiqués surtout dans les cancers généralisés, auxquels d'autres traitements ne peuvent s'appliquer ; ils se montrent efficaces sur les tissus, qui comportent une abondante prolifération cellulaire, comme les systèmes sanguin et lymphatique, et sur certaines glandes. Ils s'avèrent beaucoup moins utiles dans le cas des cancers épithéliaux ordinaires, où le rythme de multiplication des cellules est beaucoup plus lent.

Le chef de file des poisons antimitotiques, et l'un des premiers cytostatiques utilisés dans la cure des leucémies chroniques, fut la colchicine, mais ses effets toxiques en limitèrent les applications cliniques. On en possède heureusement des dérivés beaucoup moins dangereux, la désacétyl méthylcolchi-cine, employée dans la cure des leucémies myéloïdes chroniques, et la N-désacétyl-thyocolchicine, expérimentée récemment, qui présente l'avantage d'agir en certains cas où les autres moyens de la chimiothérapie restent inopérants. Parmi les substances qui paralysent la reproduction cellulaire, il faut citer les antivitamines, comme les composés antifoliques, et les substances antagonistes des amino-acides, des purines et des pyrimidines.



Les isotopes radioactifs permettent de grands espoirs.

L'utilisation de la radio-activité contre le cancer a trouvé une aide précieuse dans les isotopes radioactifs de l'iode, du phosphore et du cobalt, qui permettent d'atteindre la tumeur à l'intérieur de l'organisme avec un dosage exact. Certains antimitotiques agissent à la façon des rayons X et s'appellent pour cela «radio-mimétiques». A ce groupe appartiennent les moutardes azotées, forme modifiée d'un gaz de combat fameux et capable de dépolymériser même « in vitro » l'acide désoxyribo-nucléique, le facteur chimique le plus important de la division cellulaire. Depuis les premiers essais accomplis en 1946, elles ont conquis une place importante dans le traitement du lympho-granulome ; leur toxicité est heureusement combattue par la cortisone qui, en même temps, renforce leur action sur le système lymphatique. Aujourd'hui, pour éviter les effets de ces médicaments sur les cellules saines et les diriger plus sûrement vers celles qu'il faut détruire, on tente de lier la molécule d'azoyprite à une molécule-support qui possède un certain tro-pisme à l'égard des cellules cancéreuses et soit importante pour leur métabolisme. Pour pallier les phénomènes de résistance si gênants en chimiothérapie, on tâche de modifier les structures moléculaires pour obtenir des substances diverses d'effet analogue, mais qui ne provoquent pas de résistance croisée.

La triéthylenmélamin (TEM), qui était connue déjà dans l'industrie textile, fut appliquée en 195a à la thérapeutique du cancer, et montre une efficacité particulière dans les leucémies lymphatiques chroniques et dans les myéloses chroniques. Le myleran exerce une action semblable dans la leucémie myéloïde chronique et remplace utilement la radiothérapie, quand celle-ci est impossible ou contre-indiquée.

Les antibiotiques et les hormones sont aussi étudàés par les savants.

On n'a pas manqué d'explorer aussi les ressources des antibiotiques avec l'espoir de découvrir parmi eux des antagonistes efficaces du cancer. L'azasérine, isolée à partir d'une souche appelée « Streptomyces fragilis », et douée d'une activité antitumorale certaine, a donné des résultats dans les expériences « in vivo », mais son utilisation clinique ne permet pas encore d'affirmer qu'elle puisse obtenir dans les hémopathies malignes plus qu'une rémission temporaire. Vous vous proposiez de tenir à la fin de ce congrès un symposium sur les actinomycines.

Dérivée de « Streptomyces chrysomallus », l'actinomycine C semble être l'unique médicament cytostatique, qui ne provoque aucune lésion importante de la moelle osseuse et des glandes séminales, et donne des résultats dans la cure du lympho-granulome.

Il faudrait encore mentionner la médication hormonale, en particulier l'emploi des hormones oestrogènes et androgènes, ainsi que de l'hormone adrénocorticotrope et de la cortisone, dont Nous avons parlé plus haut. On a tenté aussi de préparer une médication anti-hormonale, susceptible de freiner de manière élective les structures diencéphalo-hypophysaires qui stimuleraient le développement des tumeurs, ou d'endommager certaines régions des surrénales, de manière à obtenir une sorte de surrénalectomie chimique, limitée toutefois aux zones voulues. Parmi les orientations récentes de la recherche, signalons qu'on a soutenu à nouveau l'opinion, selon laquelle la cellule cancéreuse utiliserait comme source d'énergie un processus de fermentation glycolytique ; de là, la possibilité d'intervenir sur elle, en tâchant de rétablir le processus normal d'oxydation. Toutes ces acquisitions vont de pair avec un progrès constant des techniques de laboratoire, devenues plus précises, et plus semblables aux techniques bactériologiques, qui ont permis les conquêtes de la chimiothérapie antibactérienne.

Le Saint-Père termine en disant que la chimiothérapie n'a pas encore obtenu les résultats désirés mais que c'est d'elle que viendra, on peut le croire, l'arme décisive contre le cancer.

Cette revue des armes principales, dont dispose la chimiothérapie moderne pour lutter contre le cancer, permet de mieux apprécier les efforts inlassables de tous ceux qui s'acharnent à le combattre. Elle met aussi en évidence l'insuffisance de chacun de ces moyens, dont aucun n'est en mesure d'obtenir un succès décisif. On ne peut encore voir, en effet, dans les traitements chimiothérapiques, que des palliatifs qui atténuent la douleur, déterminent une amélioration subjective et retardent l'évolution des tumeurs, mais sont incapables de l'enrayer totalement. Seules à l'heure actuelle, la chirurgie et la radiothérapie conservent, quand elles sont appliquées à temps, une possibilité de guérison. Mais la science semble bien décidée à aller de l'avant. L'étroite convergence des efforts et la collaboration internationale s'imposent avec plus d'urgence pour éviter des pertes de temps et d'énergie, qui entraîneraient nécessairement la perte de nombreuses vies humaines. Même si jusqu'à présent la chimiothérapie n'a pas conquis les dernières positions, Nous osons croire que c'est dans son secteur que se livrera la bataille décisive, et qu'un jour il sera possible de détruire les cellules cancéreuses au moyen de médicaments possédant à leur égard une action spécifique. Ainsi s'allongerait le palmarès déjà brillant, qui porte mention entre autres de la plupart des maladies infectieuses.

Rarement apparut avec autant d'évidence le caractère grandiose de l'effort scientifique, qui mobilise partout les ressources intellectuelles et morales, non seulement d'individus, mais de groupes, d'institutions, de sociétés, pour arracher aux structures complexes des mécanismes biologiques quelque chose de leur secret. Malgré ses limites, l'esprit humain doit se réjouir de trouver un stimulant de premier ordre dans les exigences impérieuses d'un travail de collaboration et dans les qualités requises pour affronter pareille tâche : esprit de sacrifice, méthode, pondération, constance. Quelle force intime ne puise-t-il pas dans la conscience de ses responsabilités et dans la conviction que la vie de tant d'hommes dépend de son oeuvre ? Soyez persuadés aussi qu'en combattant une des formes les plus redoutables du mal physique, vous contribuez à réparer, autant qu'il est en votre pouvoir, quelques-unes des conséquences du désordre, que le péché de l'homme a introduit dans le monde. Les infirmités corporelles et celles, plus graves, de l'esprit et de la volonté doivent sans cesse rappeler à l'humanité endolorie la cause véritable de ses malheurs, mais lui indiquer en même temps le chemin de la rédemption. Pour bien comprendre l'un et l'autre, il faut avoir le courage de réfléchir et surtout de dépasser les solutions imparfaites du repli sur soi, de l'égoïsme, de la révolte, pour accéder à l'intelligence profonde de la bonté de Dieu et de sa miséricorde rédemptrice. Aux coeurs humbles, le Seigneur ne refuse jamais sa grâce ; il ne manquera pas de vous aider et de vous soutenir dans votre labeur ; il vous donnera enfin la victoire, si vous savez la demander avec confiance, sans négliger aucun des moyens humains qui la préparent.

Nous suivons avec beaucoup d'espoir les progrès de vos recherches et implorons aussi le Seigneur pour qu'il veuille les mener sans détour vers le but. En gage des faveurs célestes que Nous appelons sur vous-mêmes, sur vos familles et sur tous ceux qui vous sont chers, Nous vous accordons de tout coeur Notre Bénédiction apostolique.




Pie XII 1956 - APOSTOLAT DE LA PRIERE