Pie XII 1956 - PANÉGYRIQUE LORS DE LA BÉATIFICATION DU PAPE INNOCENT XI


DISCOURS

AUX REPRÉSENTANTS D ASSOCIATIONS DE PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES

(8 octobre 1.956) 1






Le 8 octobre, le Saint-Père a reçu à Castelgandolfo les participants à la « Rencontre internationale des Organisations catholiques des petites et moyennes entreprises ». Il a prononcé en langue française le discours suivant :

Soyez les bienvenus, chers fils, qui participez au pèlerinage international organisé par les Associations catholiques des petites et moyennes entreprises d'Allemagne, de Belgique, d'Italie et des Pays-Ba.s. Nous sommes heureux de vous recevoir ici et de vous dire combien Nous souhaitons de tout coeur le succès de vos réunions. Nous connaissons l'esprit d'initiative, l'ingéniosité, le courage, dont vous faites preuve dans votre activité professionnelle et que vous mettez au service de vos associations, afin de faire pénétrer toujours davantage dans vos milieux la pensée et les attitudes chrétiennes. Si vous avez désiré vous rassembler à Rome cette année, c'est pour y retremper vos convictions chrétiennes et trouver, au contact d'hommes partageant le même idéal, les moyens les plus aptes à résoudre les questions que pose la situation sociale actuelle.

Nous saluons avec joie les représentants du « Katholischen Kaufmannischen Vereins » d'Allemagne, du « National Christe-lijk Middenstandsverbond » de Belgique, du « Nederlandse Ka-tholieke Middenstandsbond » de Hollande ; vos trois groupements comptent près de 110.000 membres en 20 organisations diocésaines et 1370 sections. C'est dire la puissance économique et morale que vous représentez ; appuyés sur de solides traditions et guidés par l'enseignement de l'Eglise, vous affronterez avec assurance les circonstances difficiles d'une époque tour

mentée et vous saurez appliquer avec bonheur les consignes reçues.

Votre présent congrès examinait comment les petites et moyennes entreprises contribuent à l'insertion de la personne humaine dans la société et l'économie. C'est là un thème d'importance primordiale, dont doivent s'inspirer toutes les réformes, toutes les tentatives visant à introduire dans la société moderne plus d'harmonie et de stabilité. Comment donner à chacun des membres du corps social la possibilité de vivre pleinement en homme, de disposer des moyens de s'assurer, avec une subsistance honnête, l'accès à la culture, de jouer un rôle proportionné à ses capacités et à son dévouement dans le fonctionnement et l'organisation de la société, de participer enfin aux décisions, dont dépend son sort sur le plan politique, économique et social ? Les petites et moyennes entreprises, dirigées par des chrétiens, peuvent plus aisément que d'autres apercevoir et mettre en oeuvre les solutions concrètes de ce grave problème.

Le Saint-Père rappelle que les petites et moyennes entreprises ont un rôle social important à jouer.

Vous aimez à relever que la multiplicité des entreprises de dimensions moyennes, dont le chef est en même temps propriétaire et parfois fondateur, assure une répartition très large de la propriété privée, qui est condition essentielle de stabilité pour la société ; en garantissant l'indépendance et la dignité des individus et des familles, elle ne leur confère pas toutefois une puissance économique exorbitante, qui dépasserait la portée de leurs vraies responsabilités. L'entrepreneur privé, le commerçant, l'agriculteur se soucient de faire fructifier leurs biens par leur travail ; ils voient sanctionner directement leur labeur, comme aussi les négligences ou les erreurs qu'ils commettent. Entre les biens matériels et leur possesseur s'établit ainsi une sorte de tension continuelle, celle de l'activité productive soumise à de puissants stimulants pour le plus grand bien de la communauté.

Les chefs àentreprises ont le devoir de faciliter l'accès à la propriété à leur personnel.

Mais, si le propriétaire de l'entreprise trouve par là le moyen de maintenir et de consolider sa position sociale, ne convient-il pas qu'il s'efforce de faire bénéficier des mêmes avantages tous



ceux qui dépendent de lui et lui prêtent l'appui de leur travail ? N'ont-ils pas eux aussi le droit d'occuper dans la société une situation stable, de posséder les biens nécessaires pour eux-mêmes et leur famille, de les mettre en valeur par leur initiative et d'en tirer un profit légitime ? Ce n'est pas ici le lieu d'examiner dans le détail comment les petites et moyennes entreprises peuvent contribuer à renforcer la condition sociale de leur personnel, en l'aidant à accéder davantage aux bienfaits de la propriété et à l'autonomie qu'elle confère. Nous souhaitons qu'il soit donné au plus grand nombre d'hommes possible de conquérir cette stabilité, que procure la garantie de ressources permanentes, susceptibles d'être accrues par le labeur personnel. Il est certain que l'ouvrier et l'employé, qui se savent directement intéressés à la bonne marche d'une entreprise, parce qu'une part de leurs biens y est engagée et y fructifie, se sentiront plus intimement obligés d'y contribuer par leurs efforts et même leurs sacrifices. De la sorte, ils se sentiront plus hommes, dépositaires d'une plus large part de responsabilité ; ils se rendront compte que d'autres leur sont redevables, et s'emploieront avec plus de coeur à leur besogne quotidienne, malgré son caractère souvent dur et fastidieux.



L'autorité du directeur doit être sauvegardée. Toutefois, ses collaborateurs doivent avoir la possibilité de faire valoir leurs qualités personnelles et leur expérience.

D'autre part, la fonction économique et sociale, que tout homme aspire à remplir, exige que le déploiement de l'activité de chacun ne soit pas totalement soumis à la volonté d'autrui. Le chef d'entreprise apprécie avant tout son pouvoir de décision autonome : il prévoit, ordonne, dirige, en assumant les conséquences des mesures qu'il prend. Ses dons naturels, sa formation théorique antérieure, sa compétence technique, son expérience trouvent à s'employer dans la fonction de direction et deviennent principe d'épanouissement de sa personnalité et de joie créatrice. Mais, encore une fois, le chef refusera-t-il à ses inférieurs ce qu'il apprécie tant lui-même ? Réduira-t-il ses collaborateurs de tous les jours au rôle de simples exécutants silencieux, qui ne peuvent faire valoir leur propre expérience comme ils le souhaiteraient, et restent entièrement passifs à l'égard de décisions qui commandent leur propre activité ? Une conception humaine de l'entreprise doit sans doute sauvegarder pour le bien commun l'autorité du chef ; mais elle ne peut s'accommoder d'une atteinte aussi pénible à la valeur profonde des agents d'exécution. D'ailleurs, lorsque s'imposeront des améliorations techniques ou des efforts concertés pour augmenter la productivité, il faudra faire appel à l'indispensable collaboration du personnel. Et puisque dans les petites et moyennes entreprises le contact entre le patron et ses subordonnés est plus direct, plus immédiat, il semble que là surtout l'exécutant doive être informé et écouté ; que l'on tienne compte de ses désirs, de ses suggestions, qu'on lui explique le motif d'un refus, que les problèmes techniques et économiques, dont dépend le rendement de l'entreprise, lui soient exposés et qu'il ait la possibilité de contribuer à leur solution. Ainsi on évitera que se dresse entre la direction et les subordonnés un mur de préjugés, d'incompréhensions, de critiques injustifiées ; on préviendra par là tant de conflits, qui reposent sur des malentendus ou l'ignorance des vraies situations.

Les petites et moyennes entreprises doivent s'organiser et collaborer avec les entreprises similaires si elles veulent n'être pas écrasées par des rivales géantes.

L'évolution de l'économie moderne au rythme des découvertes et des applications innombrables, qui en découlent, accentue le malaise des petites et moyennes entreprises face à leurs concurrentes de dimensions plus grandes. La modernisation de l'équipement mécanique, les méthodes plus rationnelles de production en masse et de distribution avantagent le plus souvent les entreprises qui disposent de capitaux considérables. Vous redoutez même parfois le péril d'être écrasés par des géants, qui pèsent de tout leur poids sur des structures plus faibles ; mais vous disposez aussi de moyens de protection et de défense tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de votre groupe social. L'Etat, qui possède en vous un important facteur d'équilibre, ne doit pas vous refuser l'appui, sur lequel vous comptez, surtout dans le domaine du crédit et du système fiscal. Toutefois le soutien principal Vous viendra de l'intérieur, c'est-à-dire de vos associations elles-mêmes.

On reproche souvent aux classes moyennes l'individualisme exagéré, un souci d'indépendance totale, la méfiance envers ce qui trouble des habitudes établies. Si la vie sociale suppose dans les individus toute l'indépendance compatible avec le bien de l'ensemble, elle appelle davantage encore la collaboration, l'accord mutuel basé sur la confiance, le renoncement à certains privilèges, à certaines vues un peu étroites ou égoïstes. Que le principe de solidarité s'affirme donc plus nettement, non seulement à l'intérieur de chacune de vos entreprises, mais aussi entre les entreprises similaires, pour éviter les gaspillages d'énergie, les dépenses inutiles, et surtout réunir en un faisceau solide les éléments disparates d'un potentiel économique considérable, mais que son fractionnement prive d'une efficacité proportionnée à sa valeur réelle. Il importe pour l'avantage de tous que les petites et moyennes entreprises s'organisent solidement dans tous les domaines et fassent mieux valoir leurs qualités distincti ves.

Enfin, Nous ajouterons que l'idéal chrétien ne doit jamais cesser d'inspirer vos démarches. L'entreprise, qui fait appel au concours de plusieurs individus pour produire des biens matériels, ne sera jamais qu'un intermédiaire, un jalon sur une route qui doit mener l'homme beaucoup plus haut. On n'a rien fait si, en assurant l'amélioration des conditions économiques, on a négligé d'approfondir les valeurs culturelles, morales et religieuses.

Le Saint-Père termine en invitant les chefs à'entreprises à traiter toujours leur personnel comme des frères dans le Christ.

Chacun de vous, chacun de ceux qui dépendent de vous, est appelé, comme fils de l'Eglise et membre du Corps du Christ, à la plénitude de la vie humaine et divine. Il vous appartient de faire croître dès à présent les trésors de cette vie, non seulement en vous, mais, à titre égal, en chacun de vos frères, sur lequel la Providence vous a confié une part d'autorité. Soyez de plus en plus sensibles à la présence et à l'appel du Christ dans tous les êtres humains, même les plus pauvres, les plus démunis. Que votre travail professionnel contribue à l'amélioration de leur sort ! Que votre sens de la justice et de la fraternité spirituelle, qui vous unit à eux, vous conduise à leur communiquer l'estime sincère et l'affection qu'ils attendent de vous.

En formulant ce souhait, Nous appelons les faveurs divines sur vous-mêmes, sur vos familles, sur tous vos collaborateurs, et Nous vous en donnons pour gage Notre Bénédiction apostolique.




ALLOCUTION A UN GROUPE D'ÉTUDIANTS DU COLLÈGE GERMANIQUE

(12 octobre 1956) 1






Le 12 octobre, le Saint-Père a reçu en audience, conduits par leur Recteur, les étudiants du Collège germanique, parmi lesquels se trouvaient vingt nouveaux prêtres accompagnés de leurs familles. Il leur a adressé la brève allocution suivante :

Nous vous souhaitons la bienvenue à tous, chers fils et chères filles, et d'abord, au groupe choisi de ceux pour lesquels ces derniers jours virent l'ordination sacerdotale et la messe de prémices.

Votre maison, chers nouveaux prêtres, étudiants du Collège germano-hongrois, fut la Fondation préférée de saint Ignace, et vous avez reçu l'ordination sacerdotale pendant l'année igna-tienne. Soyez des prêtres dans l'esprit des Exercices de ce saint ! Cela signifie : fidélité absolue au service de la Majesté divine ; amour pour le Christ, amour toujours prêt au sacrifice ; engagement pour l'Eglise de Jésus-Christ et ses grandes tâches ; et, ce qui est particulièrement significatif de l'esprit des Exercices : pas de fuite paresseuse dans l'accessoire, mais au contraire une attention constante au but essentiel, et dont tout dépend : que les hommes connaissent Dieu, qu'ils vivent, croissent et meurent dans sa grâce. Nous vous souhaitons, chers nouveaux prêtres, une abondante grâce divine pour toute votre action sacerdotale.

Notre salut paternel s'adresse également aux familles et aux amis. A vous, parents des nouveaux ordonnés, Nous disons un spécial merci pour avoir donné un prêtre à l'Eglise. Dieu vous

en récompensera avec magnanimité. Priez pour que la vie sacerdotale de vos fils, contribue à la glorification de Dieu et au salut éternel des hommes !

A vous tous, étudiants du Collège germano-hongrois, et nouveaux arrivés, ainsi qu'à tous vos chers parents restés à la maison, Nous accordons de tout coeur la Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A L'OCCASION DE LA POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU NOUVEAU COLLÈGE PONTIFICAL ESPAGNOL

( 13 octobre 1956) 1






Le lendemain de la pose de la première pierre du nouveau Collège pontifical espagnol, en la fête de Notre-Dame du Vilar, une délégation espagnole est venue rendre un hommage spécial au Saint-Père. Il a prononcé un discours en langue espagnole, dont nous donnons la traduction ci-dessous :

Voici plusieurs mois — vénérables frères et très chers fils — vous êtes venus en Notre présence, le coeur plein du plus filial enthousiasme pour Nous soumettre votre décision de concrétiser l'hommage que vous désiriez rendre à votre Père le Pape. Vous Nous offriez un nouveau Collège espagnol à Rome, plus conforme aux exigences modernes auxquelles ne répondait plus l'ancien Palais Altemps, de glorieuse mémoire, malgré ses agrandissements et ses modifications.

Votre attitude en cette occasion, Nous Nous le rappelons bien, ressemblait quelque peu à celle de quelqu'un qui a pris une décision, mais qui n'a pu encore commencer à la réaliser ; il désire ardemment se mettre à l'oeuvre, mais ne connaît pas les moyens dont il va pouvoir disposer ; il éprouve dans son coeur la plus vive espérance, mais ne manque pas de ressentir quelque crainte en regardant en face l'avenir ; il promet avec sincérité, mais ne peut empêcher sa voix de trembler, effrayé peut-être par l'ampleur même de ses promesses.

Notre Bénédiction, que Nous vous avons alors donnée de tout coeur, entendait se faire le gage de ces grâces du ciel qui





devaient, pour vous, ouvrir et éclairer la voie, vous soutenir et vous fortifier aux moments difficiles, vous assurer et même vous garantir le plus complet des succès.

Finalement, vous voici aujourd'hui et à cette heure, sans l'ombre d'une incertitude ni d'une crainte, pour Nous dire que ces grâces ont donné leurs fruits ; non seulement le projet, dont Nous avons les meilleures références, a reçu un commencement et s'est établi, mais vous vous sentez capables de commencer les travaux avec la pose de cette première pierre, motif de votre venue dans la Ville éternelle.

Notre gratitude va donc, d'abord, à l'épiscopat espagnol et, en particulier, aux zélés membres de la Commission, qui ont fait preuve d'un vrai talent d'organisation, d'un réel enthousiasme et d'un authentique esprit de sacrifice. Une oeuvre de cette envergure irait difficilement de l'avant sans les efforts et les peines, qui en sont d'habitude le ciment ; savoir les supporter est la meilleure contribution à l'oeuvre elle-même et l'une des sources principales de grâces qui doivent la consolider et la conduire à terme.

Notre gratitude monte ensuite vers les hautes autorités de l'Etat, qui, avec une parfaite compréhension de leur mission et du vrai bien du peuple espagnol, n'ont pas ménagé leur appui ni lésiné sur leur contribution aussi généreuse que magnifique.

Enfin, Notre merci le plus sincère atteint Nos très chers fils, les catholiques espagnols, qui ont su s'intéresser à un projet comme celui-ci dont d'ailleurs ils sont appelés à être les premiers bénéficiaires et les plus directs. Le prêtre est fait pour le peuple fidèle et de meilleurs prêtres donnent l'assurance d'un plus grand bien ; les fidèles, en effet, trouveront en eux les dispensateurs des mystères divins et des guides sûrs qui sauront les conduire aux pâturages de la félicité éternelle.

Mais l'oeuvre — vénérables frères et très chers fils — n'est que commencée ; la véritable force se prouve en continuant et en terminant ce qui a été entrepris avec confiance. Nous ne pouvons douter un seul instant de cette issue. Mais aujourd'hui, comme une preuve supplémentaire de la confiance paternelle que Nous mettons en Nos fils d'Espagne, Nous désirons vous confier une si grande et si haute entreprise, avec la conviction que vous — les catholiques espagnols — sous la direction de vos dignes prélats — âme, naturellement, d'une pareille entreprise — et avec la collaboration constante des autorités civiles, vous saurez trouver les moyens nécessaires pour achever le Collège et le doter de tous les instruments nécessaires à ses diverses activités. C'est ce que réclame l'honneur de l'Espagne dans le centre même de la chrétienté, ce qu'exige la bonne formation de ses futurs prêtres ; de Rome, ceux-ci apporteront aux diocèses espagnols cet air de romanité qui forme l'atmosphère commune où vivent les fils de l'Eglise.

Une fois de plus — vénérables frères et très chers fils — Nous désirons contribuer à cette oeuvre, non seulement par Notre approbation et Notre exhortation, mais aussi par une Bénédiction toute spéciale. Nous désirons, cette fois, que par l'intercession de la Très Sainte Vierge du Pilar, patronne et reine d'Espagne, dont vous avez recherché la fête comme de bon augure, pour poser cette première pierre, vous soient obtenues toutes les grâces que Nous vous souhaitons. Avec elle, le glorieux patriarche saint Joseph, votre patron spécial, sera également le protecteur de vos futurs travaux. Et avec la Très Sainte Vierge et saint Joseph, Nous invoquons avec ferveur le glorieux apôtre Jacques et tous les saints de la terre espagnole, pour que, du haut du ciel, ils bénissent une initiative appelée à procurer tant de gloire à Dieu, tant d'honneur à l'Eglise et tant de bien aux âmes.

Qu'une Bénédiction spéciale de Notre part s'étende à toute l'Espagne et, en particulier, sur toutes les personnes qui, d'une manière ou d'une autre, ont contribué ou contribueront à l'érection du Collège.


R AD IOM ESSAGE AUX FEMMES ITALIENNES EN PÈLERINAGE A NOTRE-DAME DE LORETTE

(14 octobre 1956) 1






Le dimanche 14 octobre, le Saint-Père a adressé le radiomessage suivant aux participants au pèlerinage national au sanctuaire de Notre-Dame de Lorette, organisé par le « Centre italien féminin ».

C'est avec un vif plaisir que Nous avons accueilli votre demande d'adresser la parole à vous qui êtes assemblées au cher et insigne sanctuaire de Lorette, où les fidèles évoquent le souvenir du mystère adorable de l'Incarnation au sein de Celle que l'archange salua « pleine de grâce » et « bénie entre les femmes » (Lc 1,28). Nous vous sommes reconnaissant pour les ferventes prières que vous vous proposez d'élever vers la Mère de Dieu pour Notre personne, et aussi pour cette nouvelle occasion que vous Nous offrez d'accomplir un pèlerinage spirituel et de faire entendre Notre pauvre voix là où résonnèrent déjà les pas et la parole de Nos pieux prédécesseurs et de nombreux saints et saintes, tous fervents dévots de Marie.

Oh ! comme Nous voudrions que toutes les femmes d'Italie et du monde, unies à vous et animées du même esprit et de la même ardeur, se serrassent autour du trône de la Vierge pour apprendre de ses sublimes exemples le secret de toute grandeur et le moyen d'accomplir en soi les desseins divins, qui répondent admirablement aux aspirations les plus profondes et les plus pures des coeurs ! Si la tradition constante de l'Eglise a pour habitude de proposer aux femmes chrétiennes Marie comme sublime modèle de Vierge et de Mère, cela démontre la haute estime que le christianisme nourrit envers la femme, l'immense confiance que l'Eglise met dans son pouvoir bienfaisant et dans sa mission en faveur de la famille et de la société.



Le Saint-Père exprime sa joie de constater que les femmes du « Centre italien féminin » ont répondu à son appel précédent et compris leurs devoirs dans la vie sociale et politique.

Les insignes équipes de femmes italiennes, groupées dans votre Centre, en sont intimement conscientes, notamment parce que Nous avons Nous-même pris soin de réveiller chez elles la conscience de leur grande dignité de femme, à une époque très grave de la vie nationale, alors qu'une trouble parenthèse de décadence, due spécialement aux conséquences de la guerre, avait ébranlé la confiance de beaucoup. « Vous êtes les restauratrices du foyer, de la famille, de la société » fut notre cri en cet octobre d'angoisses de 1945, dans un discours où Nous parlions amplement des « devoirs de la femme dans la vie sociale et politique » 2. A la distance de onze ans, Nous sommes réconfortés de reconnaître que le Centre italien féminin, alors modeste mais plein d'élan, a recueilli Nos voeux avec empressement et avec une égale générosité que les femmes d'Action catholique présentes en cette circonstance : en prenant Notre exhortation comme base et norme de son actif organisme, l'influence du Centre se fait sentir maintenant dans toute la Péninsule et s'exerce dans de nombreuses oeuvres d'assistance et de service social.



Il invite les femmes italiennes à développer leurs efforts pour que leur association devienne un « mouvement », une « école », une « force ».

2 Discorsi e Radiomessaggi, vol. VII, p. 240.




L'ancienne ardeur s'attiédira-t-elle donc seulement parce qu'une lumière un peu plus sereine s'est reprise à briller sur votre patrie ? Le besoin d'étendre, de renforcer et de perfectionner l'oeuvre entreprise pour affermir chez vos soeurs la conscience de leur dignité et de leur haute mission, a-t-il donc cessé ? Les fausses théories, les frivoles coutumes et même les associations perverses ont-elles donc renoncé à menacer la femme, c'est-à-dire à rabaisser ce que Dieu a sublimé, à démolir ce que l'Eglise édifie, à désagréger tout ce que vous vous efforcez



vous-mêmes saintement d'unir ? Malheureusement non. La femme, couronnement de la création, dont elle représente en quelque sorte le chef-d'oeuvre ; la femme, cette douce créature, entre les mains délicates de laquelle Dieu semble avoir confié en si grande partie, comme auxiliaire de l'homme, l'avenir du monde ; la femme, expression de tout ce qu'il y a de meilleur, d'aimable et de gentil ici-bas, est encore souvent, malgré une apparence trompeuse d'exaltation, l'objet d'une réelle méconnaissance et, parfois même, de mépris positif autant que subtil de la part du monde paganisant. Il est donc nécessaire que vous persévériez dans votre noble effort, faisant en sorte que votre association soit vraiment, comme il vous plaît de la définir, un « mouvement », une « école », une « force », en un mot un centre propulseur de pensée et d'action, visant à affirmer et à défendre la valeur de la femme, en précisant ses droits en même temps que ses devoirs.

Un « mouvement » pour défendre la dignité de la femme... dignité dont le fondement — comme pour l'homme — est la filiation divine et le sang divin du Rédempteur.

Votre Centre entend être avant tout un « mouvement » dans le sens moderne de ce mot, c'est-à-dire une activité qui se propose d'attirer le plus grand nombre possible d'âmes féminines à un idéal, en éveillant de leur léthargie les consciences, en étudiant leurs problèmes et en les guidant vers la réalisation de buts spéciaux. A la base de tout mouvement, il doit donc y avoir une idée vraiment féconde et attirante, un idéal, dont le désir, à la manière du coeur, transmette une impulsion vitale et irrésistible à tous les membres. Quelle doit être l'idée-base de votre mouvement si ce n'est celle qui déjà vous poussa, dès le début, à fonder votre Centre et que Nous avons indiquée à l'époque : « la conservation et le développement de la dignité que la femme a reçue de Dieu » 3 ? La dignité de la femme !

Bien que l'on en parle souvent, il ne semble pas que l'on en possède toujours une conception exacte et vraie, de nature à prévenir des hypothèses erronées, des plaintes injustifiées et, parfois, des revendications sans fondement.

3 Ibid., p. 227.




Avant tout, même à l'époque présente, il ne manque pas de voix qui tentent de diminuer ou d'ignorer totalement le mérite indiscutable revenant à l'Eglise pour avoir restitué à la femme la dignité primitive ; qui même répètent que c'est l'Eglise qui est intimement opposée à ce qu'on appelle 1'« émancipation de la femme du régime féodal ». En se référant parfois à des témoignages faux ou altérés, ou bien en interprétant de façon superficielle des coutumes et des lois inspirées par des nécessités pratiques, certains veulent attribuer à l'Eglise ce qu'elle a au contraire résolument abrogé dès sa naissance, c'est-à-dire ce complexe d'injuste infériorité personnelle, auquel le paganisme plus d'une fois condamnait la femme. Faut-il donc rappeler la fameuse sentence de saint Paul dans laquelle se reflètent la substance et la physionomie de toute la civilisation chrétienne ? « Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ; il n'y a plus ni homme ni femme ; car vous n'êtes tous qu'une personne en Jésus-Christ » (Ga 3,28). Cela n'empêche pas que la loi chrétienne établisse certaines limitations ou suggestions voulues par la nature, par les nécessités humaine et chrétienne ou par les exigences mêmes de la vie sociale, celle-ci ne pouvant subsister sans une autorité, même pas dans son noyau le plus réduit qu'est la famille.

D'autres fois, on avance des comparaisons inadmissibles, dues à l'ignorance, entre la doctrine catholique concernant le fondement de cette dignité et certaines théories erronées dans lesquelles on prétend voir une plus large base. Et l'on suscite de la sorte, même parmi les femmes bien pensantes, quelque suspicion à l'égard des associations féminines organisées ou encouragées par l'Eglise. Faut-il donc répéter encore ici ce en quoi consiste le fondement de la dignité de la femme ? C'est exactement le même que pour l'homme, l'un et l'autre enfants de Dieu, rachetés par le Christ, avec un identique destin surnaturel. Comment peut-on donc parler de personnalité incomplète de la femme, de réduction de sa valeur, d'infériorité morale et dériver tout cela de la doctrine catholique ?

Il existe, en outre, un second fondement à la dignité identique de l'un et l'autre sexe : en effet, la Providence divine a assigné aussi bien à la femme qu'à l'homme un destin terrestre commun, le destin auquel tend toute l'histoire humaine et auquel fait allusion le précepte du Créateur donné pour ainsi dire en bloc aux deux premiers parents : « Croissez et multipliez et peuplez la terre et soumettez-la à votre pouvoir » (Gn 1,28). En vertu de ce destin temporel commun, aucune activité humaine ne se trouve par elle-même interdite à la femme, dont les horizons s'étendent ainsi aux domaines de la science, de la politique, du travail, des arts, du sport ; mais toutefois de façon subordonnée aux fonctions primaires qui lui sont fixées par la nature elle-même. En effet, le Créateur, en tirant admirablement l'harmonie de la multiplicité, a voulu, tout en établissant un destin commun pour tous les hommes, répartir entre les deux sexes des tâches différentes et complémentaires, comme des voies diverses convergent vers un but unique.

Ce sont donc la structure physique et psychique différente de l'homme et de la femme, leurs diverses aptitudes, qualités, inclinations, qui, équilibrées par l'admirable loi de la compensation, intègrent harmonieusement l'oeuvre de l'un et de l'autre. Egalité donc absolue dans les valeurs personnelles et fondamentales, mais fonctions diverses, complémentaires et admirablement équivalentes, desquelles résultent les droits et devoirs différents de l'un et de l'autre.



La sublime mission de la maternité est aussi un élément essentiel de la dignité de la femme.

Il n'est pas douteux que la fonction primaire, la sublime mission de la femme soit la maternité, qui, par la très haute fin fixée par le Créateur dans l'ordre choisi par Lui-même, prédomine intensément et largement dans la vie de la femme. Sa structure physique elle-même, ses qualités spirituelles, la richesse de ses sentiments s'unissent pour faire de la femme une mère, de telle sorte que la maternité représente la voie ordinaire par laquelle la femme atteint sa propre perfection, même morale, et accomplit en même temps son double destin terrestre et céleste. Bien que la maternité ne constitue pas le fondement absolu de la dignité de la femme, elle lui donne une telle splendeur et lui assigne une part si ample dans l'accomplissement du destin humain, qu'elle suffit à elle seule à induire tout homme sur la terre, grand ou petit, à incliner le front avec respect et avec amour devant sa mère.



Toutefois, il existe une vocation supérieure : la virginité au service du Seigneur.

Nous avons exposé toutefois en d'autres occasions, comment la perfection de la femme, qui est ordonnée par la nature à

la maternité physique, peut être également obtenue, lorsque celle-ci vient à manquer, grâce aux oeuvres multiformes de bien, mais surtout par le respect volontaire d'une vocation supérieure, dont la dignité se mesure aux élévations divines de la virginité, de la charité et de l'apostolat chrétien.

De ces considérations jaillit une vérité lumineuse : aussi bien comme personne que comme mère, la femme reçoit toute sa dignité de Dieu et de ses sages dispositions. Et la loi de nature inaliénable et inviolable, veut que les femmes conservent cette dignité, la défendent, la développent.

Que ce soit donc là l'idée de base à diffuser et à laquelle vous attirerez vos soeurs ; l'idéal dont s'inspirera votre Centre et qui sera le plus juste critère d'évaluation de vos droits et devoirs. En abordant la société et ses institutions pour vérifier quelle est votre place, pour fixer de façon concrète votre rayon d'action, pour revendiquer vos prérogatives, faites valoir avant tout autre titre votre dignité chrétienne. Les autres questions, particulièrement celle dite la « parité des sexes », source de malaise spirituel et même d'amertumes pour les femmes qui n'ont pas la claire vision de leur valeur particulière, demeurent secondaires et ne peuvent se résoudre que sur la base des principes qui viennent d'être exposés.



Une « école » de formation aux nombreux et durs sacrifices de la vie quotidienne et aussi école de formation pratique.

Votre Centre entend être, en outre, une « école », c'est-à-dire une institution qui non seulement organise l'étude des problèmes concernant le milieu féminin, mais surtout éclaire vos soeurs et les guide dans l'accomplissement de leurs devoirs.

Or, quel doit être l'enseignement de cette école, que vous considérez justement comme si utile pour tant de femmes, soit éloignées du droit chemin par diverses circonstances, soit effrayées de le parcourir en raison de la solitude dans laquelle elles se voient, soit, plus d'une fois, désorientées par les erreurs, répandues ouvertement ou avec un art subtil, dans les journaux, dans les films, ou professées dans des réunions publiques ?

Que votre enseignement tende avant tout à donner une formation intérieure selon l'état de chacune, puis à préparer à l'action extérieure et sociale ; qu'il soit conforme, en tout cas, à la doctrine et aux enseignements de l'Eglise. Non pas que l'on doive refuser, en principe, la confiance à ce que la culture moderne a acquis et enseigne dans les questions qui vous concernent et sur les orientations désormais acceptées ; toutefois, si vous aspirez à la sécurité de la vérité et de la rectitude et à la certitude du bon résultat, il n'y a qu'un seul moyen : assurez-vous que ces enseignements ne soient pas en désaccord avec la doctrine et les règles de l'Eglise. Dans l'immense trésor de la culture catholique, les problèmes de la femme ont, par une longue tradition et par l'oeuvre de maîtres insignes, une place d'importance méritée ; et il n'est pas facile de trouver un idéal de femme plus élevé et parfait que celui que le christianisme a fréquemment réalisé dans d'innombrables jeunes filles, épouses, mères, veuves, qui sont l'honneur et la véritable espérance d'un peuple.

En vous insérant dans cette solide tradition, l'enseignement de votre Centre consistera surtout à donner, par la persuasion et par l'exemple, des leçons de vie. Vous êtes certainement mieux en mesure que d'autres de savoir combien ce besoin d'un appui est grand chez beaucoup de vos soeurs ; de savoir aussi quels sont les causes et les remèdes de cette lassitude manifestée par la femme d'aujourd'hui dans la vie conjugale ; comment leur infuser le courage et la persévérance dans les luttes quotidiennes, la vigueur pour affronter avec sérénité les changements multiples et radicaux propres aux divers âges de la vie féminine.

Cet enseignement fondamental du « savoir vivre » — dans le sens le plus chrétien du mot — sera complété avec profit par d'autres, de nature technique dirons-Nous, c'est-à-dire des bonnes méthodes pour diriger la maison, éduquer les enfants, choisir un travail opportun, pourvoir à l'avenir, agir dans la société environnante. Une femme éclairée, solide dans ses convictions, intérieurement sereine, certaine de l'approbation et de la coopération d'un large groupe d'autres femmes semblables à elle-même, pourra sérieusement espérer apporter une contribution efficace à l'amélioration de la société.

Une « force » qui se manifestera d'abord par l'exemple puis par une action ferme sur tous les terrains y compris le domaine politique et juridique.

Enfin, vous vous employez à ce que la femme s'insère pleinement dans la vie de la nation, comme « force » bienfaisante à l'avantage de tous.

Bien que le rapprochement des conceptions de femme et de force semble une caractéristique des temps modernes, il est opportun de rappeler que, dans la tradition chrétienne, la description de la femme vertueuse et énergique fut toujours présente, comme on le lit dans le livre des Proverbes. A la question « Qui trouvera la femme forte ? » (Pr 31, io), l'hagio-graphe répond en en traçant le modèle vivant, fréquemment évoqué par la suite au cours des siècles.

Mais en quoi donc doit consister la force que vous attendez de l'entente et de la coopération des femmes d'une même nation ? Vers quelles fins doit-elle tendre ? Quel est le secret de son développement et de son efficacité ? Pour les femmes qui prennent elles-mêmes une part active à votre mouvement, la force se manifestera premièrement dans l'influence suggestive de l'exemple, sans lequel ni les programmes ni les écoles n'obtiennent de crédit, ni ne suscitent d'enthousiasme pour l'idéal proclamé.

Au sujet de son extension et de son efficacité, la force du milieu féminin se manifestera dans une action décisive, exercée sans exclusion de terrain — donc également dans le domaine politique et juridique — afin que les institutions, les lois et les coutumes reconnaissent et respectent les exigences particulières de la femme. Il est vrai, certes, que les Etats modernes ont accompli des progrès notables en répondant aux aspirations substantielles de la femme ; mais il subsiste encore une certaine négligence à l'égard des exigences que Nous appellerons psychiques et de sentiment, comme si elles ne méritaient point une sérieuse considération. Ces exigences, bien qu'indéfinissables et échappant pour ainsi dire au calcul et à la statistique, sont pourtant de réelles valeurs ; elles ne peuvent être négligées, parce qu'elles sont fondées dans la nature et visent à tempérer dans la société humaine l'âpreté des lois, à modérer les tendances extrêmes dans les grandes résolutions, à fixer une répartition plus juste des avantages et des sacrifices entre tous les citoyens. Comme le sentiment de la femme a un grand rôle dans la famille et, souvent, en détermine le cours, il devrait exercer aussi son influence, en une plus grande mesure, dans la vie de la nation et de l'humanité elle-même. Il ne serait pas raisonnable que dans la grande famille humaine, seule une partie de celle-ci — les hommes — trouve le complet épanouissement de sa vie psychologique. En réalité, si l'on respectait davantage les anxiétés du sentiment féminin, l'oeuvre de consolidation de la paix serait plus active, les peuples mieux pourvus de biens seraient plus hospitaliers et généreux à l'égard de ceux qui en sont privés ; les administrateurs de la richesse publique seraient souvent plus prudents ; les organes chargés d'aider les communautés ayant besoin de maisons, d'écoles, d'hôpitaux, de travail, plus empressés et prévoyants. Derrière toutes ces déficiences évoquées, se cachent souvent, en effet, les douleurs indicibles de mères et d'épouses, qui voient leurs êtres chers languir dans la misère, lorsque les éloignements forcés et même la mort prématurée ne les ont pas déjà enlevés à leur affection.

Le Saint-Père rappelle que par sa conformation physique la femme n'est pas destinée aux pénibles travaux physiques.

Au sujet du travail également la conformation physique et morale de la femme exige une sage discrimination aussi bien dans la quantité que dans la qualité. La conception de la femme aux chantiers, aux mines, aux travaux lourds, telle qu'elle est exaltée et pratiquée dans certains pays, qui voudraient s'inspirer du progrès, est bien loin d'être une conquête moderne ; elle est, au contraire, un triste retour vers des époques que la civilisation chrétienne avait ensevelies depuis longtemps. La femme est bien une force considérable dans l'économie de la nation, mais à la condition que ce soit dans l'exercice des hautes fonctions qui lui sont propres ; elle n'est certainement pas une force « industrielle », comme on a l'habitude de dire, égale à l'homme, dont on peut réclamer un plus grand emploi d'énergie physique. La sollicitude empressée qu'un homme bien né manifeste à l'égard de la femme en toute circonstance, devrait être également observée par les lois et les institutions d'une nation civilisée.

Nous vous avons ainsi indiqué certains des buts concrets vers lesquels vous pourrez orienter la force constructive de votre mouvement, pour l'avantage direct de votre famille et, indirectement, en faveur de la patrie. Conservez et accroissez cette force bienfaisante : son pouvoir décisif ne consiste pas dans les agitations fiévreuses de la rue, mais dans la persuasion et la confiance, que vous saurez inculquer et que vous obtenez déjà au milieu d'un peuple, comme le vôtre, dont l'esprit est naturellement ouvert à la justice, à la bonté, à la tendresse des sentiments et aux valeurs de la famille.

II termine en exhortant les femmes italiennes à imiter la Vierge Marie dans son obéissance et sa confiance en Dieu.

Chères filles, qui écoutez Notre parole sur les vertes pentes du sanctuaire de Lorette, et vous toutes recueillies dans l'intimité également sacrée de vos maisons, Nous ne saurions prendre congé de vous sans revenir à la présence spirituelle de Celle qui est bénie entre les femmes, Marie, pour tirer de son coeur maternel, en conclusion de Notre exhortation, ses inspirations et la promesse de son assistance efficace.

Lorsque l'archange Gabriel dévoila à l'humble servante du Seigneur la sublime mission à laquelle Dieu l'avait destinée, elle ne trouva en elle-même, du fait de sa profonde humilité, aucune proportion avec la grandeur du destin annoncé. Et, avec la voix de la servante — prête à servir, certes, mais ignorant comment elle pourrait le faire — elle prononça son Quomodo fiet istud — « Comment cela sera-t-il » ? (Lc 1,34). L'archange la rassura en lui rappelant la puissance du Très-Haut et que rien n'est impossible à Dieu (ibid., 35 et 37).

A vous aussi, chères filles, auxquelles le programme qui vient de vous être esquissé pourrait sembler supérieur à vos forces ou apparaître peu agréable à la société présente ou combattu par des courants hostiles, Nous répéterons : Laissez faire le Dieu Tout-Puissant ; comme il a inspiré à vos esprits de hauts idéals et à vos coeurs de généreux élans, il vous donnera aussi, ainsi que vous l'avez imploré par l'intercession de sa Très Sainte Mère, le courage et la persévérance pour les réaliser entièrement. Commencez sans retard à agir en vous-mêmes et dans vos familles, pour étendre ensuite, comme insensiblement, mais profondément, votre action dans des cercles de plus en plus vastes. Soyez confiantes en votre oeuvre, sur laquelle Nous comptons Nous-même et comptent avec Nous la société et la patrie.

En invoquant donc sur vous toutes du Centre italien féminin et sur toutes les femmes d'Italie, particulièrement les plus éprouvées par le malheur, les faveurs de Dieu et de sa Mère bénie, afin que par votre intermédiaire le monde connaisse des jours meilleurs, Nous vous donnons de grand coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.






Pie XII 1956 - PANÉGYRIQUE LORS DE LA BÉATIFICATION DU PAPE INNOCENT XI