Pie XII 1956 - P- 212.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR DUVAL ARCHEVÊQUE D'ALGER

(11 juillet 1956)1






Son Exc. Mgr Dell'Acqua a adressé au nom du Saint-Père la lettre suivante à Son Exc. Mgr Duval, archevêque d'Alger :

Lorsqu'il y a quelques mois, les évêques d'Afrique du Nord eurent, au cours de leur séjour à Rome, le réconfort d'une audience pontificale2, Sa Sainteté s'était plu à les assurer de sa prière pour leurs diocèses si éprouvés.

Depuis lors, hélas ! le sol d'Algérie a continué d'être le théâtre d'événements douloureux, qui n'ont fait que trop de victimes. Dans l'épreuve, bien des regards se sont spontanément tournés vers le Chef de l'Eglise ; de divers côtés, et récemment encore, des appels lui ont été adressés pour implorer une parole de paix et d'humanité. Le Souverain Pontife, toujours si attentif au bien des peuples et aux justes conditions de l'ordre national et international, ne pouvait rester sourd à de telles requêtes, et il m'a chargé de renouveler à votre Excellence, et par elle à tous ceux qui souffrent en terre algérienne, l'expression de sa constante sollicitude.

Tant de fois déjà le Saint-Père a parlé en faveur de la paix ! Plus d'une fois aussi — notamment en son dernier radiomessage de Noël3 — il a fait connaître sa pensée sur les graves problèmes que posent, en différents lieux, les relations entre peuples



1 D'après le texte de la Semaine Religieuse d'Alger, du 9 août 1956.

2 Le 8 novembre 1955.

3 Cf. Documents Pontificaux 1955, p. 467.

¦ européens et non européens, tous chers à son coeur paternel. Comment clouter, dès lors, de sa profonde tristesse devant les souffrances prolongées de toute la population de l'Algérie, de sa réprobation devant le crime, et des voeux ardents qu'il forme pour le retour de la paix dans le respect des justes droits et dans un climat de collaboration fraternelle ?

Ces sentiments, le Souverain Pontife les éprouve particulièrement quand son regard se tourne vers cette terre d'Afrique du Nord, patrie d'un saint Augustin, où, de nos jours, votre Excellence et ses collègues s'efforcent de promouvoir, parmi les populations catholiques, une vie pleinement conforme à l'esprit du Christ et de contribuer à l'élaboration d'une paix véritable fondée sur la justice et l'amour du prochain.

Aux pasteurs et aux fidèles d'Algérie, Sa Sainteté envoie de tout coeur le réconfort d'une paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE

A SON EXC. Mgr JOSEPH LOUIS BURKE ÉVÊQUE DE BUFALO À L'OCCASION DU 10e CONGRÈS DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE
(16 juillet 1956) 1






A l'occasion du dixième congrès national de la Confrérie de la Doctrine chrétienne, aux Etats-Unis d'Amérique, le Saint-Père adressa ù Mgr Burke, évêque de Bufalo, la lettre suivante qui fut lue lors de la cérémonie de clôture, le 30 septembre 1956.

C'est avec un plaisir sincère que Nous envoyons Notre cordial salut au congrès national de la Confrérie de la Doctrine chrétienne, qui se tient sous votre patronage, à Bufalo, et auquel participent des membres de l'épiscopat des diverses régions du vaste continent américain.

Etant donné Notre constante sollicitude pour le bien des âmes, et pour qu'elles reçoivent une instruction adéquate concernant les vérités de la foi, ce fut toujours pour Nous un sujet de grande consolation que de connaître le louable apostolat de la Confrérie de la Doctrine chrétienne aux Etats-Unis d'Amérique, et Nous sommes heureux de renouveler Nos félicitations pour le succès qui a couronné une telle entreprise.

1 D'après le texte italien de VOsservatore Romano, du 15 novembre 1956.

2 Cf. Enc. Acerbo nimis, Acta Pii X, vol. II, p. 81.




Notre saint prédécesseur d'heureuse mémoire, saint Pie X, avait ordonné que dans chaque paroisse fût instituée la Congrégation de la Doctrine chrétienne 2. En choisissant pour thème du futur congrès cette sage disposition de son céleste patron,

la Confrérie a montré qu'elle savait apprécier à sa juste valeur les services incalculables que des laïcs zélés et bien formés peuvent rendre aux évêques et aux prêtres dans l'accomplissement de ce devoir vital qui est le leur : faire toujours mieux connaître et aimer les vérités de notre religion.

Nous-même, Nous demandons avec ferveur au divin Maître qui est « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), de bien vouloir diriger et guider les délibérations du congrès, de répandre sur lui en bénédictions toutes sortes de fruits spirituels, pour qu'il soit comme une nouvelle pierre milliaire dans l'histoire de la Confrérie.

En gage d'une telle faveur céleste et comme nouvelle preuve de Notre vive sollicitude, Nous accordons de grand coeur à vous, Vénérable Frère, à tous les membres de l'épiscopat et du clergé, aux religieux et aux laïcs qui prennent part à ce congrès, Notre spéciale Bénédiction apostolique.

r PRIÈRE


POUR LA SANCTIFICATION DU CLERGÉ À RÉCITER PAR LES FIDÈLES

(17 juillet 1956) 1






O Jésus, Pontife éternel, bon Pasteur, Source de vie, qui, par une singulière munificence de votre coeur très doux nous avez donné nos prêtres, afin d'accomplir en nous les desseins de sanctification que votre grâce inspire à nos coeurs, nous vous en prions : venez-leur en aide en votre miséricorde secourable.

Qu'il y ait en eux, ô Jésus, la foi vive dans les oeuvres, l'espérance inébranlable dans les épreuves, la charité ardente dans les résolutions. Que votre parole, rayon de l'éternelle sagesse, devienne, par la méditation assidue, l'aliment durable de leur vie intérieure ; que les exemples de votre vie et de votre passion se retrouvent dans leur conduite et leurs souffrances, pour notre instruction, lumière et réconfort dans nos douleurs.

Faites, ô Seigneur, que nos prêtres, détachés de tout intérêt mondain et uniquement soucieux de votre gloire, persévèrent fidèles au devoir avec une conscience pure jusqu'à leur dernier souffle. Et quand, à la mort du corps, ils remettront entre vos mains la consigne bien accomplie, qu'ils trouvent en vous, Seigneur Jésus, qui fûtes leur Maître sur terre, la récompense de la couronne de justice dans la splendeur des saints. Ainsi soit-il2.









1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXVIII, 1956. p. 593 ; traduction française la Documentation Catholique, t. LUI, col. 974.

Une indulgence partielle de mille jours est attachée à la récitation de cette prière. Prière pour la sanctification du clergé, à réciter par le clergé, p. 223.


DISCOURS A UN GROUPE DE RELIGIEUX DE LA SAINTE CROIX

(19 juillet 1956)1






Le 19 juillet, le Saint-Père a reçu en audience spéciale, à Castel-gandolfo, les participants au Chapitre général de la Congrégation de Sainte-Croix, tenu à Rome, Il leur a adressé un discours en anglais, dont nous donnons la traduction ci-dessous :

Des questions d'actualité pour votre Congrégation et, permettez-Nous d'ajouter, pour l'Eglise, vous ont réunis, chers fils, en Chapitre général. En effet, comment l'Eglise pourrait-elle ne pas être intéressée par tout ce qui aidera à renforcer et à rendre plus efficace ce précieux instrument qui Lui a été donné par Dieu avec les Ordres religieux et les Congrégations pour la consolidation de la foi dans les pays chrétiens et son développement continu d'un bout à l'autre des territoires lointains des Missions ? Nous avons donc été heureux d'accéder à la requête de votre Supérieur général au nom de tous les ca-pitulaires et de vous recevoir aujourd'hui. Nous profitons ainsi de l'occasion pour vous exprimer très simplement et très brièvement quelques pensées suggérées par la circonstance.

Laissez-Nous vous dire tout de suite qu'il était très réconfortant de savoir qu'une préparation sage et avisée a précède l'ouverture de ce Chapitre général. Ces mois derniers, des commissions spéciales ont étudié le programme ; tout le domaine des activités de votre Congrégation a été examiné par des hommes de compétence et d'expérience, et les moyens pour accroître la fécondité de ces activités pour le bien des ames ont été recherchés et pesés.

Le Saint-Père exalte le rôle des Savants catholiques, face aux enne-mis de la religion qui voient dans la science une arme contre l'Eglise.

En réalité, ils sont nombreux et variés ; et la nature de chacun sera naturellement une indication et une mesure de la formation spéciale que vos membres devront recevoir. Votre oeuvre dans les universités réclame des hommes très versés dans les arts et les sciences, dans la philosophie et la théologie, qui, dans un esprit de religieux dévouement, se consacrent à la poursuite tenace d'un haut savoir, de telle sorte que l'école qu'ils servent puisse devenir un centre de rayonnement de cette vie qui résulte d'une vraie sagesse et se développe pour le plus grand bien de la communauté nationale. La connaissance et l'aspiration humaine à la connaissance ont toujours été une arme habilement utilisée par les ennemis de l'Eglise de Dieu. Il en est ainsi aujourd'hui. Des savants catholiques doivent être préparés pour rencontrer l'ennemi sur son propre terrain. Eclairés dans leur tâche par les splendeurs de la foi divine, ils démontreront, au-dessus de tout doute, que la Vérité est unique et que ses multiples rayons, s'ils sont suivis avec une humble sincérité, ramèneront inévitablement tout homme à Celui, « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3).

Cette pensée Nous rappelle d'heureux souvenirs d'une visite que Nous fimes, voici exactement vingt ans, en Amérique, à votre institut « Notre-Dame », et il est consolant pour Nous d'apprendre le progrès régulier et le prestige croissant accomplis d'une année à la suivante.



Mais les écoles chrétiennes doivent donner, avec l'instruction, une solide éducation religieuse.

Mais vos écoles doivent faire plus que refléter l'érudition. La jeunesse n'a pas seulement besoin d'une saine et solide culture. Il faut arriver à développer un jugement calme et bien équilibré, capable de discernement entre la vérité et l'erreur, entre le bien et le mal, entre la justice et l'injustice. Solidement appuyés sur des convictions établies par la foi et la raison, les jeunes gens doivent être assez forts pour ne pas être entraînés pas de fausses illusions, ou par une violente passion, ou par une opinion publique volage qui mesure chaque chose à la règle d'un succès apparent immédiat. L'Eglise attend à



juste titre de voir une telle jeunesse sortir d'un pas assuré des portes de vos écoles. Les vérités surnaturelles de l'enseignement et de l'exemple du Christ sont devenues l'objet constant de leurs pensées et de leur conduite et vous pouvez regarder avec confiance leur avenir comme une joie pour son épouse l'Eglise, et comme une assurance pour la société.

Actuellement la tâche de formation de la jeunesse doit commencer de bonne heure ; elle ne peut commencer trop tôt ; et, en conséquence, on comprend l'immense importance de l'oeuvre accomplie dans les écoles secondaires, où l'adolescent qui entre dans une période de transition et se voit soumis à de puissantes impulsions, sent peut-être pour la première fois la fumée de la bataille, entrevoit la fière noblesse de la victoire, et, s'il ne doit pas hésiter, transiger ou se rendre, a un terrible besoin et d'une conscience qui reflète les solides et précises vérités, et d'une volonté de fer. C'est pour cela que Nous avons suivi avec un intérêt spécial les débuts et la rapide évolution de votre institut « Notre-Dame » à Rome, dirigé par les Frères de votre Congrégation. Combien sommes-Nous heureux d'apprendre que l'expansion est l'ordre du jour pour cette école.



Le Saint-Père remercie les Religieux de la Sainte-Croix d'avoir étendu leur ministère, au-delà de leurs écoles, jusque dans les Missions lointaines.

Nous savons, très chers fils, que votre service de l'Eglise ne se limite pas à l'éducation parmi les fidèles. Nous avons confié à votre zèle apostolique des missions lointaines et difficiles en Inde et au Pakistan, où un des premiers soins de vos Supérieurs sera de susciter et de former un clergé autochtone ; et vous avez généreusement répondu au besoin pressant de l'Eglise dans certains pays de l'Amérique du Sud. Personne ne peut manquer d'apprécier la lourde charge qui incombe a vos plus hauts Supérieurs pour préparer des hommes destines à tous ces ministères. Nous notons que vous avez placé en tête du programme de votre Chapitre la formation spirituelle de vos candidats. C'est la place qui lui revient.

En vérité, si les prêtres sont ordonnés pour les hommes (He 5,1), c'est pour les hommes de leur propre époque ; par conséquent, il doit y avoir une certaine souplesse et adaptation dans la formation donnée aux candidats. Mais, à aucune époque, il n'y a jamais rien eu qui puisse être substitué aux exigences fondamentales posées par le Christ : « si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix chaque jour et me suive» (Lc 9,23). Le pressant avertissement de Paul à Timothée a un véritable écho dans chaque génération : « sois un modèle pour les croyants par la parole, par la conduite, par la charité, par la foi, par la pureté » (1Tm 4,12). Et la discussion concernant la formation spirituelle nécessaire à qui débute dans la vie religieuse réveillera, comme autrefois, un renouveau de ferveur en tout, qui est si nécessaire aux hommes spirituels et religieux.

Maintenant, chers fils, Nous tournons Notre regard vers la Vierge Mère, Marie Reine des Apôtres. Nous confions à sa sollicitude maternelle les prières que Nous offrons pour que Dieu bénisse les séances et les résolutions de votre Chapitre général. Mère à la fois de Dieu et des hommes, elle se réjouira de ce que son Fils, Tête du Corps mystique, (Col 1,18) répande sur vous, Ses membres, tous les précieux dons qui peuvent vous être nécessaires, spécialement le don de Le connaître Lui, qui est amour et de vivre par Lui (Jn 4,9).

En gage de Notre affection paternelle, c'est une réelle joie pour Nous de vous donner, à vous, chers fils, et à tous les membres de la Congrégation de Sainte-Croix, Notre Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES MAIRES ET ADMINISTRATEURS PROVINCIAUX ITALIENS

(22 juillet 1956) 1




Les maires et présidents des administrations provinciales d'Italie, ont été reçus en audience dans la Basilique vaticane par le Saint-Père, le dimanche 22 juillet. Il leur a adressé un discours dont voici la traduction :

En vous voyant réunis autour de Nous, chers fils, maires et présidents des administrations provinciales, récemment élus, Nous éprouvons un spécial sentiment de satisfaction paternelle. Préoccupé comme Nous le sommes d'un ordre nouveau construit sur les ruines matérielles et morales qui ont bouleversé l'humanité, Nous ne Nous lassons pas d'avertir que les périls n'ont pas cessé pour le monde et, en même temps, Nous ne cachons pas Notre espérance d'un avenir meilleur, en montrant l'unique voie de salut : Jésus-Christ.

Cette rencontre du Père commun avec un groupe aussi insigne d'hommes responsables des administrations publiques, cet entretien que Nous avons avec vous, pourront contribuer eux aussi au renouveau souhaité, s'ils vous confirment dans la resolution d'être tels que le peuple vous désire, tels que l'Eglise vous veut. Et, en vérité, si, de toutes parts, affluent ici des soldats chrétiens, des patrons chrétiens, des ouvriers chrétiens, des artistes, intellectuels, instituteurs chrétiens, comment auriez-vous pu manquer vous, administrateurs publics élus précisément parce que chrétiens par le peuple chrétien ?

Le Saint-Père met en garde ses auditeurs contre ceux qui veulent édifier la Société moderne, sans Dieu et sans le Christ.

Certes, si tous inspiraient leur action civique et politique de la foi et de la morale chrétiennes, en mettant à la base de

toutes leurs constructions le Christ et sa doctrine ; si tous s'employaient à ce que l'Evangile fût de fait, comme il l'est de droit, un très puissant ferment de toutes les activités théoriques et pratiques ; si les divergences d'opinion et les luttes qu'elles entraînent laissaient hors de discussion les droits de Dieu sur les hommes et sur le monde, et se limitaient plutôt aux manières diverses d'édifier, dans ses structures humaines, une société fondamentalement chrétienne ; alors, l'Eglise pourrait demeurer étrangère à toute lutte, évitant de se prononcer en faveur de l'une ou de l'autre des parties en compétition. Mais, aujourd'hui, il y a des hommes qui veulent construire le monde sur la négation de Dieu ; d'autres qui prétendent que le Christ doit demeurer hors de l'école, des usines, des parlements. Et, dans ce combat plus ou moins ouvert, plus ou moins déclaré, plus ou moins âpre, les ennemis de l'Eglise sont parfois soutenus et aidés par le vote et par la propagande d'hommes qui continuent à se proclamer chrétiens. Et il n'en manque pas d'autres qui cherchent d'impossibles rapprochements : ils se laissent abuser par la diversité changeante des mesures tactiques, oubliant en revanche le caractère inacceptable des buts derniers et immuables.

Qui donc pourra s'étonner que l'Eglise accueille avec une satisfaction particulière ceux qui viennent s'offrir sans réserve pour une action civique et politique fidèle à l'Evangile, respectueuse des droits de Dieu et de l'Eglise ? Vous vous proclamez franchement chrétiens ; vous avez pris le solennel engagement d'agir en chrétiens dans les administrations communales et provinciales ; et, aujourd'hui, tenant votre premier congrès national, vous avez voulu vous rencontrer avec Nous pour renouveler vos promesses en Notre présence même ; vous voulez être ouvertement chrétiens ; vous voulez agir en chrétiens ; vous voulez donner un visage humain et chrétien à vos communes et à vos provinces.



donne quelques directives.

i. — Avant tout, vous voulez être des chrétiens.

Etre chrétien signifie connaître profondément et organiquement les vérités de la foi ; cela signifie y croire fermement, parce que révélées par le Christ et enseignées par l'Eglise ; cela signifie aussi suivre les exemples du Christ, en lui rendant



témoignage par les oeuvres, sans lesquelles la foi serait comme morte (Jc 2,20). Entreront-ils donc dans le Royaume des cieux ceux qui disent « Seigneur, Seigneur » mais ne font pas la volonté du Père céleste ? (Mt 7,21). De même, vous ne seriez pas de dignes membres du Corps mystique du Christ si vous aviez la foi, mais sans en faire l'âme de votre vie privée et publique.

Afin que Jésus soit connu et glorifié en vous, Nous vous exhortons, chers fils, à la cohérence dans votre vie chrétienne. Amis et adversaires vous regardent : les uns avec une attente inquiète ; les autres peut-être avec l'espoir que vos entreprises ne soient pas couronnées de succès. Vous saurez répondre à l'attente des amis, vous saurez surtout décevoir les ennemis ; vous vous appliquerez à ce que tous voient en vous, comme en un miroir fidèle, la douce image du Rédempteur divin, avec ses vertus et ses charmes ; sa force et sa douceur ; sa justice et son amour ; ses exigences et sa compréhension ; ses châtiments et ses pardons ; ses menaces et ses promesses ; avec surtout sa vie tout entière. Soyez parfaits — autant que possible — comme II est parfait ; approchez-vous de l'idéal qu'il a laissé, de manière à pouvoir demander vous aussi avec calme mais fermeté : « Quis arguet me de peccato ? » Qui de vous me peut accuser de péché ? (Jn 8,46).



. posséder une solide formation professionnelle.

2. — Afin que votre oeuvre administrative soit digne de la foi que vous professez, il est nécessaire que la capacité technique requise soit soutenue par une mentalité nettement chrétienne ; ainsi serez-vous fidèles aux engagements pris de donner ou de conserver un visage humain et chrétien à votre commune et à votre province.

a) Sans la capacité technique, aucune honnête volonté ne suffirait pour diriger convenablement une administration quelle qu'elle soit. Nous avons motif de croire que vous tous, ayant posé votre candidature, vous possédez les dons qui doivent distinguer tout bon chef d'administration communale et provinciale. Celui-ci doit avoir toutes les connaissances nécessaires sur les divers aspects de la vie et de l'activité locales : commerces, transports, propreté urbaine, assistance, école, hygiène et, en outre, il doit être en mesure de donner des formes concrètes aux normes générales de la Constitution et des lois. On réclame également de vous la capacité de pénétration, la vision ample et ordonnée des choses, ainsi que l'attention convenable aux aspects particuliers des problèmes. Il ne faut pas non plus négliger le juste calcul des valeurs et leur estimation raisonnable. Comme vous aurez à présider les conseils et à diriger les activités de vos adjoints, vous avez besoin de la claire connaissance des dispositions constitutionnelles et des lois ; vous devez être doués d'une fermeté suffisante ainsi que d'une dose notable de souplesse et de compréhension à l'égard des opinions et des suggestions diverses. Un autre don indispensable est la promptitude à saisir toute occasion propice pour promouvoir, par tous les moyens justes, le bien-être et la prospérité des populations.



. tenir les engagements pris devant les électeurs.

b) Afin qu'il soit possible de pourvoir à tous les aspects du problème administratif, faites tous vos efforts pour tenir les engagements que vous avez pris publiquement devant les électeurs.

Personne ne peut raisonnablement exiger que vous fassiez tout immédiatement ; personne n'espère que tout le monde sera satisfait, étant donné la diversité des désirs du peuple et, surtout, l'absence chez certains d'une volonté de juger avec sérénité votre oeuvre. Mais, chaque jour, chaque heure, vous devez être saintement diligents ; jamais satisfaits tant que vous ne pourrez avoir la conscience d'avoir fait tout le possible dans ce secteur, ce jour-là, à cette heure. Ce qui vous attend n'est pas facile et pourrait même, parfois, vous sembler presque impossible. Vous voulez, entre autres, consolider et développer les autonomies locales grâce à l'accélération des procédures, à une meilleure répartition des compétences et à l'application des normes sur la décentralisation. Vous voulez donner aux autonomies locales le soutien de finances saines, par l'allégement de certaines charges ou le transfert à l'Etat de celles qui lui reviennent ; vous voulez hâter la solution du problème de l'habitation et vous employer efficacement afin de permettre à toutes les populations de jouir des bienfaits de l'instruction publique ; vous voulez obtenir pour tous les citoyens, ceux surtout qui demeurent dans des zones nécessiteuses, l'usage des services publics dans une juste proportion ; vous voulez renforcer les installations et les activités culturelles, récréatives sportives et touristiques dans les communes.

A l'oeuvre, chers fils, avec un courage intelligent, et persévérant : votre fidélité aux engagements pris sera l'un des signes les plus clairs de votre sincérité chrétienne, et elle vous permettra précisément d'obtenir que, une fois rendu à César ce qui est à César, (Mc 12,17), tous donnent à Dieu ce qui est à Dieu.



Le Saint-Père termine en invitant les maires et administrateurs à soutenir l'oeuvre de l'Eglise.

3. — C'est à Dieu qu'appartiennent les hommes et les choses, les structures et les institutions, les continents et les nations ; à Dieu sont donc provinces et communes, et, en tant que telles, elles doivent le glorifier, elles doivent lui rendre l'honneur qui lui est dû.

Ce n'est certes pas votre tâche d'approcher directement les âmes pour les éclairer et pour les convaincre, pour les inciter au bien malgré les obstacles à vaincre : l'apostolat proprement dit revient plutôt aux prêtres et à ceux qui collaborent avec eux, en militant dans l'Action catholique ou dans d'autres organisations similaires. Mais qui voudrait nier que l'autorité civile légitime tout en demeurant un organe immédiat de bien-être matériel, ne puisse devenir un moyen auxiliaire de salut spirituel, en facilitant et en soutenant l'oeuvre que l'Eglise accomplit pour conduire les âmes vers leur destin éternel ?

Ainsi le monde, illuminé par le Christ qui est Vérité, guide par le Christ qui est Voie, vivifié par le Christ qui est Vie, reprendra avec confiance sa route. Celle-ci ne sera sans doute pas toujours couverte de fleurs, mais elle ouvrira sûrement aux hommes l'accès à de plus hautes et plus impérissables conquêtes.






ALLOCUTION A DES JEUNES FILLES DE LA FÉDÉRATION DES PATRONAGES DE BELGIQUE

(23 juillet 1956) 1






Le Saint-Père a reçu, le lundi 23 juillet, à la Villa pontificale de Castelgandolfo, plus de 1.200 jeunes filles du grand pèlerinage organisé par la « Fédération nationale des patronages » de Belgique, sous la présidence de M. Raoul Delgrange. Il leur a adressé, en français, l'allocution suivante :

Soyez les bienvenues, chères filles, qui êtes, ces jours-ci, à Rome avec le pèlerinage de la Fédération des patronages de Belgique. Nous sommes heureux de vous accueillir et de vous féliciter pour le beau travail que vous accomplissez dans vos patronages.

Ce que vous désirez par-dessus tout, c'est de rester pleinement fidèles à votre dignité de chrétiennes, filles de Dieu et de l'Eglise. Et pour cela, vous savez qu'il faut mener une lutte généreuse contre un monde souvent hostile, pénétré de paganisme, un monde qui de mille manières, ouvertement et insidieusement, s'attaque à votre foi et à votre pureté. Mais vous n'êtes pas seules à livrer ce combat : vous avez des compagnes nombreuses, qui partagent votre générosité et votre enthousiasme, qui désirent comme vous non seulement conserver intactes les richesses intimes de leur âme, mais aussi devenir des apôtres, faire connaître et aimer Jésus-Christ, transformer leur milieu par l'exemple de leur dévouement, de leur charité délicate, par l'influence profonde de toute une personnalité d'où émane, comme un rayonnement mystérieux, la clarté des vertus

surnaturelles. C'est dans vos patronages, au contact d'autre jeunes filles animées des mêmes convictions et du même zèle sous la direction de guides expérimentés qui vous parlent au nom de l'Eglise, que vous trouverez les ressources spirituelles nécessaires pour rester de ferventes chrétiennes et de fervents apôtres.

Demandez instamment à la Vierge Marie d'inspirer toutes vos démarches, de guider votre activité apostolique, de vou préparer aux responsabilités plus graves, que vous exercerez dans la société de demain, comme épouses, mères de famille, apôtres laïques, ou consacrées à Dieu dans la vie religieuse. Ne craignez pas de vous dévouer toujours plus à fond dans les oeuvres qui vous sont chères, et qui vous aident efficacement à rester dignes des dons, que le Seigneur vous a accordés e' que vous avez le devoir de faire fructifier.

En gage des bénédictions divines que Nous appelons sur vous, sur vos familles et sur tous ceux qui vous sont chers Nous vous accordons de tout coeur Notre paternelle Bénédic tion apostolique.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRETAIRERIE D'ÉTAT AUX EXPERTS DE LA COMMISSION PONTIFICALE POUR LE CINÉMA, LA RADIO, LA TÉLÉVISION

(24 juillet 1956) 1






Du 23 au 25 septembre, le Collège de radio et de télévision des experts de la Commission pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision, s'est réuni dans la Cité du Vatican, sous la présidence de Son Exc. Mgr O'Connor, président de la Commission. A cette occasion, Son Exc. Mgr Dell'Acqua avait adressé à ce dernier, une lettre transmettant les voeux et les conseils du Saint-Père :

Au mois de septembre prochain, la Commission pontificale pour le cinéma, la radio et la télévision, que vous présidez avec compétence et dévouement, réunira pour la première fois au Vatican les experts des deux sections de la radio et de la télévision. L'intérêt porté par le Souverain Pontife à ces techniques modernes de diffusion vous est bien connu et, à plusieurs reprises déjà, il s'est manifesté sous la forme d'enseignements circonstanciés et de directives précises, qui tracent aux catholiques une ligne de conduite claire et ferme. Etant donné toutefois que la réunion convoquée par Votre Excellence groupera des prêtres particulièrement qualifiés et désignés, pour leur compétence, par l'épiscopat de leurs propres pays, Sa Sainteté répond très volontiers au désir qui Lui fut exprimé et me charge de vous transmettre, avec ses voeux les meilleurs, les quelques recommandations que lui suggère le thème de ces journées d'étude.

Au cours de ces débats, en effet, seront abordés divi problèmes relatifs aux programmes religieux proprement dits et à la qualité morale des émissions en général. Or l'une et l'autre de ces questions requièrent aujourd'hui, de la part des catholiques, une action efficace et coordonnée.

Le nombre des auditeurs de la radio et des téléspectateurs qui suivent les émissions religieuses est considérable. Grâce à ces techniques, déclarait il y a peu de mois le Saint-Père, « la transmission des cérémonies liturgiques, l'illustration des vérités de la foi, la présentation des chefs-d'oeuvre de l'art sacré, et bien d'autres entreprises, porteront la parole de Dieu » aux plus déshérités, aux plus éloignés ; et, ajoutait Sa Sainteté, puissent-elles porter un jour l'Evangile aux « masses païennes elles-mêmes » ' ! Il serait donc grave, dans de telles conditions, de ne pas tout mettre en oeuvre pour utiliser au mieux ces possibilités « providentielles » et répondre ainsi à l'attente des âmes. C'est un devoir de faire servir ces techniques nouvelles à la diffusion de la vérité ; c'est le droit de l'Eglise de le faire, elle qui a reçu de son divin Fondateur l'imprescriptible mission d'enseigner.

Le Saint-Père sait d'ailleurs les efforts notables accomplis à cet égard en plusieurs pays et les résultats substantiels obtenus. Bien volontiers, il félicite ceux qui en sont les artisans et invite tous les directeurs d'émissions religieuses à redoubler de zèle. La préparation de ces programmes sans doute est difficile, et elle demande le concours d'un personnel, ecclésiastique et laïque, formé avec soin. A une exacte fidélité aux exigences de la doctrine et aux directives de la hiérarchie, il faut joindre une qualité artistique et technique, qui garantisse, dans le cas surtout des cérémonies sacrées, la parfaite dignité de la transmission. Ces difficultés de la tâche sont, pour Sa Sainteté, un motif de plus d'exhorter tous les responsables à un travail assidu et coordonné dans le cadre de chaque nation, et a une coopération toujours plus étroite au plan international.

Ces paternelles recommandations ne laissent pas d'être également opportunes quand il s'agit de l'influence à exercer sur l'ensemble des émissions. Les catholiques, en effet, ne sauraient se désintéresser de la qualité morale des auditions et des spectacles transmis par la radio et la télévision ; et l'on ne peut




CINEMA, RADIO, TELEVISION



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qu'appliquer à ces disciplines les graves paroles que prononçait le Saint-Père à propos du cinéma. « Puisqu'en fait, disait-il, il est devenu pour la génération présente un problème spirituel et moral d'une immense portée, il ne peut être négligé par ceux qui ont à coeur le sort de la meilleure part de l'homme et son avenir. Il ne peut surtout pas être négligé par l'Eglise et ses pasteurs, à la vigilance desquels aucune question morale ne doit se soustraire, spécialement si elle se répercute avec des conséquences incalculables sur d'innombrables âmes ; ni, non plus, par tous les gens honnêtes et soucieux du bien commun...3 »

Il n'entre pas dans le cadre de cette lettre d'énumérer les moyens d'action possibles, qui peuvent d'ailleurs différer selon les lieux et les circonstances. Qu'il suffise de rappeler qu'à côté du travail des organismes spécialisés, cette action est aussi le fait de la presse et des divers mouvements catholiques. C'est l'honneur des fils de l'Eglise de se faire partout en union avec tous les hommes de bonne volonté, et dans une parfaite obéissance aux évêques, les promoteurs de cette tâche éminemment positive et constructive puisque au service des plus hautes valeurs morales de l'humanité. Pour la préservation de l'enfance, la saine éducation de la jeunesse, la sauvegarde des foyers, la défense de la moralité publique, qu'ils ne craignent pas de s'opposer aux entreprises malhonnêtes ou simplement au jeu des intérêts particuliers, avec la confiance de faire resplendir un jour la lumière du Christ dans ce monde nouveau des techniques de diffusion !

C'est assez dire la responsabilité de ce Collège d'experts que Votre Excellence s'apprête à réunir. Convaincus qu'en ce domaine plus qu'en beaucoup d'autres, les efforts isolés ne peuvent remporter de victoires durables, ils demeureront unis afin de promouvoir ensemble cette action apostolique indispensable, pour laquelle la hiérarchie les a mandatés. De grand coeur, le Saint-Père appelle sur leurs travaux une large effusion de grâces et leur accorde, ainsi qu'à Votre Excellence et aux membres de la Commission pontificale, une paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE DE MONSEIGNEUR DELL'ACQUA SUBSTITUT A LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A SON ÉMINENCE LE CARDINAL LÉGER A L'OCCASION DE LA SEMAINE SOCIALE DU CANADA

(26 juillet 1956) 1






A l'occasion de la XXXIIIe Semaine sociale du Canada, Son Excellence Mgr Dell'Acqua a adressé une lettre aux deux cardinaux canadiens. Voici le texte adressé, en langue française, à Son Eminence le cardinal Léger :

Le vingt-cinquième anniversaire de l'encyclique Quadragesimo Anno a incité, cette année, les organisateurs des Semaines sociales du Canada, de St-Jérôme et de Toronto, à choisir pour thème commun des deux sessions, française et anglaise, la doctrine sociale de l'Eglise. Après en avoir rappelé la nature et les fondements, les conférenciers étudieront la place de cette doctrine dans toute oeuvre d'éducation, en vue de donner, en terre canadienne, un essor nouveau à la formation sociale des jeunes et des adultes.

Ce programme a retenu la bienveillante attention du Souverain Pontife. En de multiples circonstances déjà, à la suite de ses prédécesseurs, Il a proclamé la valeur permanente des principes de la doctrine sociale catholique, face à toutes les sollicitations, plus ou moins aventureuses, de la pensée moderne, et II en a précisé avec autorité les applications aux conditions nouvelles du monde du travail et de l'économie, après les secousses du dernier conflit mondial, « Vous savez, disait-il au lendemain de la guerre, combien de rapports essentiels et multiples rattachent et subordonnent l'ordre social aux questions religieuses et morales. Il s'ensuit... que l'Eglise a le droit et le devoir d'exposer clairement la doctrine catholique en matière si importante ». Et, répondant à une objection fréquente tirée de la diversité des conditions humaines dans le temps et l'espace, il poursuivait en ces termes : « Si cette doctrine est définitivement fixée, et de façon univoque, quant à ses points fondamentaux, elle est toutefois suffisamment large pour pouvoir être adaptée et appliquée aux vicissitudes variables des temps, pourvu que ce ne soit pas au détriment de ses principes immuables et permanents. Elle est claire en tous ses aspects ; elle est obligatoire ; nul ne peut s'en écarter sans danger pour la foi et l'ordre moral » 2.

Il sera aisé aux maîtres des Semaines sociales canadiennes de puiser, dans cet enseignement magistral du Chef de l'Eglise, les lumières qui orienteront leurs propres cours et guideront les efforts généreux de l'élite catholique de leur pays. De tout coeur, Sa Sainteté appelle dès aujourd'hui sur les travaux des deux prochaines sessions une large effusion de grâces.

L'éducation de la conscience chrétienne en matière sociale est une tâche qui s'étend à tous les âges de la vie, car l'adulte doit demeurer docile aux leçons de l'existence et sensible aux responsabilités propres à la maturité ; elle s'adresse aussi à tous les milieux sociaux et professionnels, car ce n'est que grâce à l'action conjuguée des différentes classes de la société qu'une telle éducation peut se développer harmonieusement et porter ses fruits ; elle requiert enfin, pour être complète, que l'Eglise formatrice des consciences, trouve comme des alliés naturels dans les deux autres sociétés, établies par Dieu pour assurer avec elle, chacune en son ordre, l'éducation de tout l'homme : la famille et la société civile.

C'est assez dire les larges possibilités d'analyse qu'offre le thème des Semaines sociales. Et néanmoins, il apparaît clairement qu'une juste formation sociale à l'âge des premiers regards sur la vie a, en la matière, une importance primordiale. « Instruis l'enfant de la voie à suivre, dit la Sagesse ; même dans sa vieillesse, il ne s'en détournera pas » (Pr 22,6). C'est pourquoi les catholiques canadiens, qui attachent tant de prix aux oeuvres d'instruction et d'éducation, se pencheront avec raison sur ce point particulier.

Dans un récent discours à des étudiants romains, le Saint-Père déplorait le trop grand nombre de jeunes « dont l'ambition se borne à tendre à leur petit monde de commodités personnelles ». Et, exhortant ses auditeurs à se proposer dans la vie des fins nobles et désintéressées, il ajoutait ce conseil : « Il n'existe pas de vertu magique qui transforme les idéals en réalité, si ce n'est une ferme volonté et l'engagement total des forces dont on dispose... On ne reçoit pas des autres les biens moraux, en don, comme les héritages ; mais il faut les conquérir par ses efforts personnels » 3. Ces précieuses recommandations de Sa Sainteté ne s'appliquent-elles pas de façon très heureuse à l'éducation sociale des jeunes ? Cette formation est affaire d'enseignement sans doute ; mais c'est aussi une question d'ouverture d'âme et le fruit d'un exercice patient des vertus chrétiennes.

L'enseignement social catholique doit être considéré de nos jours comme faisant partie intégrante de l'instruction du jeune chrétien. Enseignement proportionné certes à la capacité de celui qui le reçoit et adapté à son expérience encore restreinte ; mais plongeant déjà ses racines dans les fondements d'une saine philosophie et pénétré des lumières de la Révélation. Combien grave est ici la responsabilité des maîtres ! S'ils ont la compétence et les qualités pédagogiques requises, si surtout ils savent gagner la confiance de leurs élèves, cette formation intellectuelle première marquera encore de son empreinte les comportements futurs, lorsque, engagés dans les combats de l'existence, les étudiants d'hier affronteront les difficiles problèmes de la vie économique et sociale. Le Saint-Père aime à penser que ce point important retiendra toute l'attention des « Semainiers » canadiens.

Et pourtant il ne suffit pas d'apprendre ce qu'enseigne l'Eglise. Au service de l'éducation sociale, il y a la formation fondamentale de l'homme et du chrétien, l'entraînement à la lutte contre l'égoïsme et l'orgueil qui dressent, les uns contre les autres, hommes et groupes. Qui n'a pas appris à combattre ses appétits désordonnés, pourra-t-il plus tard renoncer à ses propres avantages au profit du bien de tous et servir en chrétien



Discours du 20 avril 1956. Cf. pp. 198 et 199.

la communauté ? Mais les jeunes d'aujourd'hui ne manquent pas de générosité. L'idéal de justice et de charité sociales peut susciter parmi eux des dévouements durables, surtout si leurs milieux éducatifs — familles, collège, paroisse — savent, par l'exemple et le conseil, orienter et soutenir leurs premières expériences. Par la découverte progressive et concrète des problèmes sociaux et une recherche de leur solution chrétienne, ils acquerront une connaissance personnelle, non seulement de la doctrine de l'Eglise, mais aussi de l'appel à l'apostolat qu'elle ne cesse d'adresser aux plus généreux de ses fils.

Dieu veuille que, stimulés par les enseignements des Semaines sociales, les catholiques de votre chère patrie répondent nombreux à cet appel de la Sainte Eglise. « Ce qui importe le plus, recommande le Saint-Père, c'est que la communauté des fidèles, dans toute l'étendue de son activité, n'hésite pas à mettre résolument et courageusement en pratique les principes de la doctrine sociale de l'Eglise et sache les défendre et les propager ; en sorte « ...qu'on ne puisse dire que les vues sociales des catholiques sont fortes, mais leur action sociale débile !4 » Exhortant donc avec confiance ses chers fils du Canada à tout mettre en oeuvre pour renouveler leur société dans l'esprit et la force de Jésus-Christ, le Souverain Pontife leur accorde de grand coeur, et en premier lieu à Votre Eminence, à son Excellence Mgr Frenette, aux maîtres et auditeurs de la Semaine sociale de St-Jérôme, la faveur d'une très paternelle Bénédiction apostolique.




Discours du 23. 2. 44 ; A. A. S., t. XXXVI, p. 86.




Pie XII 1956 - P- 212.