Pie XII 1957 - ALLOCUTION A L'OEUVRE BELGE DES « STATIONS DE PLEIN AIR »


CHAMBRE DE COMMERCE INTERNATIONALE



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ches visant à éclairer non seulement les gouvernants, mais également l'opinion publique sur les avantages ou les dangers de certaines mesures projetées ou déjà en voie de réalisation. Vos moyens d'information exceptionnels vous mettent à même de collaborer sur un plan très élevé à l'élaboration des conventions internationales ; en cela, vous visez toujours à vous maintenir au-dessus des tendances particuïaristes de la vie économique internationale.

Cette action est bienfaisante, car dans son affrontement constant avec les régimes nationaux en vigueur, elle oblige ceux-ci à prendre en considération la nécessité de s'ouvrir progressivement et sans lenteur excessive à des ensembles plus larges, en dehors desquels les unités trop restreintes se trouveront tôt ou tard incapables de conserver leur légitime part d'autonomie. Les fins réalistes que vous poursuivez ne vous font pas perdre de vue les problèmes humains qui naissent de l'évolution économique internationale : l'exercice des libertés individuelles dans le champ de la concurrence commerciale constitue un stimulant fructueux pour tous, mais l'expérience a trop souvent montré qu'il dégénère parfois en d'âpres luttes pour la conquête de nouveaux marchés. Comment ne pas évoquer l'avertissement sévère du Divin Maître : « Que servirait à l'homme de gagner l'univers, s'il venait à perdre son âme ? » (Mt 16,26) Le dommage personnel, pour irréparable qu'il puisse être, ne serait encore qu'une image incomplète du mal causé par une poursuite du gain, qui se transforme facilement en véritable guerre économique entraînant des ruines désastreuses, avec le triste cortège de désordres familiaux et sociaux, qui s'ensuivent naturellement. Heureusement, le temps du libéralisme économique sans limites est révolu, et c'est bien plutôt l'excès contraire qu'il faut généralement regretter. Aussi doit-on se réjouir de voir des publications comme les vôtres, basées sur des enquêtes objectives et sereines, jeter une lumière des plus éclairantes sur les nombreuses questions soulevées par l'économie mondiale actuelle, dans le domaine financier tout d'abord, mais aussi dans celui de la distribution, des transports, de la publicité, du droit international.

Partout, vous vous efforcez de proposer une solution rationnelle, indépendante de considérations politiques de parti, en vue de favoriser le progrès économique et le bien-être général dans le cadre d'une franche solidarité internationale. Et Nous Nous réjouissons de penser que les nations sous-développées ne sont pas tenues à l'écart de vos préoccupations, mais que vous cherchez au contraire à les faire profiter de vos études et de vos moyens d'action. Dans cette recherche d'une prudente amélioration et d'un équilibre mobile, ouvert à toutes les collaborations et aux données nouvelles, Nous voyons avec vous un des gages les plus solides d'une paix raffermie entre les grandes puissances économiques, et Nous formons les voeux les plus sincères pour une heureuse évolution des rapports économiques mondiaux, à laquelle vous aurez contribué avec compétence et désintéressement. En demandant au Dieu tout-puissant de vous aider et de vous protéger, Nous vous accordons de grand coeur, à vous-mêmes et à tous ceux qui vous sont chers, Notre paternelle Bénédiction apostolique.


MESSAGE

EN L'HONNEUR DE S. NICOLAS DE BARI

(7 mai 1957) 1






Le Saint-Père a adressé un message aux prélats, au clergé et aux fidèles réunis à Bari pour les fêtes de la translation des reliques du Patron de la cité, saint Nicolas. Les cérémonies étaient présidées par Son Em. le cardinal Piazza, légat pontifical. En voici la traduction :

L'événement qui émeut, aujourd'hui, d'une exultation mystique les fidèles des divers diocèses des Pouilles et les réunit en une glorification extraordinaire de l'évêque saint Nicolas, l'ange tutélaire de leur piété religieuse ; cet événement historique, par lequel l'illustre ville de Bari, animée par les affaires et le commerce, voit les reliques du saint évêque de Myre traverser en triomphe ses rues pour retrouver ensuite, dans une crypte plus convenable et une tombe plus digne, les silences de la pieuse vénération des fidèles, il Nous plaît, chers fils, de le contempler, plein de gratitude pour le Seigneur et d'espérances en l'avènement de la renaissance chrétienne désirée.

Depuis le jour où la piété audacieuse des marins de Bari transporta en Occident le dépôt sacré de dépouilles si précieuses, cette antique cité et les Pouilles, l'Italie et le monde catholique sont les témoins de la glorieuse vitalité d'un culte, qui attire au tombeau du Saint des foules émues de pèlerins sans cesse nouveaux, mais apportant avec eux des douleurs qui ne connaissent pas de diversité de temps et qui se traduisent, près de ces reliques, en prières suppliantes pleines de confiance et en réconforts riches de lumières et de grâces.

Nous tenons à rappeler à ces pieuses foules, devenues aujourd'hui une multitude chantant sa joie et implorant le Ciel,



que le zèle apostolique, qui animait certainement un pasteur d'âmes et de peuples comme le fut saint Nicolas, s'il dut pousser le saint évêque à accourir avec pitié pour soulager les malades, les orphelins, les maux de son temps, sans aucun doute ne l'arrêta pas non plus devant les hérésies qui infestaient l'Orient, en faisant de lui un vigoureux rempart de la vérité révélée contre les dangers qui menaçaient la pure foi des peuples convertis récemment à la lumière de l'Evangile.

Bien que sur un autre plan, elle n'est pas différente la grande oeuvre d'assainissement et de construction à laquelle, à présent plus que jamais, l'Eglise de Dieu s'emploie dans le monde.

C'est le combat contre les forces hostiles, c'est la lutte pacifique de la vérité contre l'erreur, de la vertu et du bien contre le mal et l'iniquité.

Si c'est une chose légitime pour les créatures pauvres et nécessiteuses de se rendre en pèlerinage aux tombes des Saints avec les soucis personnels du corps et de l'esprit et de réchauffer leur foi et leur vertu à la flamme inextinguible qui émane de ces tombes, pour tous c'est un devoir suprême de s'approcher de ces foyers de grâce et de bénédiction, soucieux de la sainte Eglise militante et souffrante, notre Mère, qui tire de la prière de ses fils, de leur travail personnel et collectif, de leur immolation, des contributions valables pour assurer ses conquêtes salutaires et ses victoires.

Le Saint qui étendit de l'Orient son influence spirituelle sur l'Occident, est avec nous, présent aux besoins de l'Eglise, puissant intercesseur auprès de Dieu, éveilleur chez les hommes d'énergies renouvelées.

Que son intervention vienne en aide à l'action directrice des pasteurs du troupeau de Dieu ; au zèle sans cesse plus fervent des prêtres ; aux activités multiples de l'Action catholique ; à l'oeuvre de formation et de défense de la jeunesse tant menacée. Que sentent sa protection, sur terre et sur mer, tous ceux qui ont recours à lui pour obtenir aide et salut. Qu'il accorde à la chère Bari, à l'Eglise, de refleurir pour une nouvelle vie dans la foi, dans la piété, dans les moeurs ; qu'il hâte le jour où toute la société humaine puisse saluer l'aube souhaitée d'un monde meilleur.

Il Nous plaît d'accompagner de ces voeux au Seigneur Nos prières et celles de Nos fils et de donner à tous les présents aux solennelles cérémonies la Bénédiction apostolique.


DISCOURS A UN PÈLERINAGE DE BARCELONE

(g mai 1957) 1






Le Souverain Pontife a reçu en audience spéciale un groupe de zoo familles de Barcelone, guidées par leur archevêque Son Exc. Monseigneur Modrego y Casaus. Sa Sainteté leur a adressé un discours en espagnol dont voici la traduction :

Comme nouvelle manifestation d'amour filial et d'adhésion au Siège apostolique et, en même temps, pour Nous demander quelques paroles d'encouragement et une bénédiction, l'Association spirituelle des dévots du glorieux patriarche saint Joseph et le comité d'OEuvres du Temple Expiatoire de la Sainte Famille, représentés par vous, Vénérable Frère et très chers fils, ont voulu venir aujourd'hui en Notre présence à l'occasion du 75e anniversaire de la pose de la première pierre de ce fameux sanctuaire, qui, bien que n'étant pas encore achevé, est la gloire et l'honneur de l'organisation qui lui a donné naissance, non moins que de la ville dans laquele il se trouve.

Trois quarts de siècle pourraient sembler beaucoup ; mais, sans qu'il soit besoin de citer ces vieilles cathédrales qui portent inscrite dans leurs pierres l'histoire séculaire et tant d'illustres cités, pour tout expliquer il suffirait d'une part de l'imposante grandeur même de l'entreprise, qui semble vouloir rivaliser en ampleur avec les temples les plus insignes de la chrétienté, en la revêtant de cette surprenante beauté, de ce profond contenu qui pourrait trouver place dans la pensée illuminée de votre fameux Gaudi ; et, d'autre part, des difficiles circonstances extérieures de ces dernières dizaines d'années, si peu favorables à une oeuvre qui exige pour le moins la paix qui facilite le travail, la concorde des esprits qui l'éclairé et le dirige et le respect de la religion et de la foi qui l'inspirent.

Mais, avec votre ténacité caractéristique, vous pensez que votre Temple Expiatoire doit être terminé ; et Nous le désirons, afin que très bientôt, sous ses très hautes voûtes, s'élève vers le ciel le parfum de l'encens réparateur pour toutes les offenses que reçoit aujourd'hui la divine Majesté, au sein même de la famille ; pour que les multitudes puissent s'y réfugier, loin du monde, priant avec ferveur pour cette cellule fondamentale de la société humaine, base de la stabilité sociale et, par conséquent, point de départ pour la tranquillité et la paix de l'univers.



Sollicitude du Pape pour la famille.

Parmi les nombreuses sollicitudes que Nous impose continuellement Notre ministère pastoral, cet élément essentiel de la société et de l'Eglise, qui s'appelle la famille, est pour Nous un objet de préoccupation constante. Et en pensant aux dommages que lui causent ou peuvent lui causer aujourd'hui le désir exagéré de bien-être matériel, qui fuit la responsabilité et le sacrifice ; les agitations de la vie quotidienne, qui font oublier les intérêts spirituels supérieurs ; les exigences du travail pour tous, qui désagrège le noyau central de la famille, en dispersant ses éléments ; la tendance à rompre les limites mêmes imposées par la nature à la modestie et à la pudeur, qui veut transformer la femme en quelque chose de fort différent de cette chose sacrée qu'est une mère ; les principes faux et dissolvants, qui voudraient réduire ce qu'est un sacrement à une futile union capricieuse, temporaire et occasionnelle ; et l'esprit excessif d'indépendance qui ne peut supporter aucun frein ni aucune autorité ; Nous tournons spontanément les yeux vers la famille de Nazareth et, une fois de plus, en suivant les traces de Nos illustres prédécesseurs, Nous la proposons au monde « pour que tous puissent trouver en elle un motif et une invitation à l'exercice de toutes les vertus » 2.



A l'exemple de la Sainte Famille.

2 Cf. Neminem fugit, de Léon XIII, 14 juin 1802, Leonis XIII Acta, vol. XII, p. X40 et suiv.




Que les pères de famille apprennent d'elle à assurer le véritable bien des leurs, en les guidant et acheminant vers la patrie




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éternelle, avec une parfaite conscience de leur responsabilité comme représentants de Dieu, qui dirige tout avec prévoyance et amour ; en considérant comme certain qu'il ne leur servira à rien d'avoir été capables de diriger une entreprise ou une société, s'ils n'ont pas su diriger leur propre famille. Que les mères apprennent à être la compagne affectueuse, l'éducatrice sage et profonde, et la reine d'un foyer qui doit avoir comme principale base son abnégation et son sacrifice continu ; sans jamais oublier qu'au-dessus de toutes ses obligations sociales il y a ses devoirs envers la petite société, dont l'attitude, surtout dans le domaine religieux, peut dépendre spécialement d'elle. Enfin que les enfants apprennent cette soumission et cette obéissance qui sont pour eux un principe éducateur et pour la famille un élément de cohésion indispensable ; avec la certitude que, de cette façon, ils recevront une orientation dans la vie et dans leur personnalité même, et les vertus familiales se verront continuées, avec l'ordre et la hiérarchie que la nature même impose dans toutes ses choses.

Et alors le foyer chrétien, à l'imitation de la maison de Nazareth, sera un véritable temple, où l'on prie en commun et où l'on sent la présence d'un Dieu que chacun regarde et sert à son propre poste ; alors il sera la première et la plus nécessaire de toutes les écoles, où l'on apprend insensiblement à pratiquer toutes les vertus ; alors il pourra être, comme il le fut toujours, le refuge des heures amères, le lieu d'épanchement aux heures d'allégresse, le centre de fusion des pensées et le complément naturel de ce dont chacun de ses éléments a besoin, pour remplir sa fonction sociale et même pour mieux satisfaire à ses devoirs comme chrétien, fils de l'Eglise.

En avant donc, Vénérable Frère et chers fils ; en avant sans vous arrêter dans vos efforts, pour que très bientôt dans le clair ciel de votre Barcelone les douze tours de votre Temple se convertissent en un élément caractéristique de votre ville, en rappelant à tous qu'il faut accourir à ce centre qu'est l'Eglise ; qu'il faut fixer son regard sur les exemples de la Sainte Famille, si l'on ne veut pas voir la destruction de la société, à laquelle manquerait son principal appui qu'est la famille. Bien qu'il soit évident qu'en parlant ainsi Nous n'excluons personne, cependant Notre intention spéciale s'adresse à Nos chers fils, pareillement tant aimés par votre coeur de père, Vénérable Frère ici présent, eux que les nécessités de la vie et les exigences du rude travail quotidien rendent encore davantage semblables à cette Sainte Famille, qui, avant eux, se sanctifia dans la vie pénible et, peut-être jusqu'en supportant parfois les privations de la pauvreté. Particulièrement pour eux, ouvriers barcelonais et travailleurs du monde entier, une exhortation toute spéciale et une bénédiction pour leurs familles.

Mais votre Temple Expiatoire, avec toute la grandeur de ses plans, ne compte pour l'avenir que sur la généreuse contribution des âmes magnanimes. Pour elles, pour celles qui ont déjà fait preuve de leur libéralité et pour celles qui doivent encore la démontrer, la Bénédiction du vicaire du Christ, avec l'assurance que le Dispensateur de tout bien saura les récompenser à cent pour un.

Et enfin, Vénérable Frère et chers fils, une bénédiction toute spéciale pour vous, avec Notre plus sincère gratitude pour votre don artistique : bénédiction que vous vous chargerez de faire parvenir également à tous ceux qui prennent part à cette heureuse initiative, à vos familles et amis, à votre cité et votre diocèse, à votre région et à toute la très chère Espagne, toujours présente dans les meilleurs voeux de prospérité chrétienne que Nous formons.


DISCOURS A LA POLICE MUNICIPALE DE ROME (10 mai 1957)

1

Recevant en audience spéciale un groupe important d'agents de police de Rome et d'Italie, le Saint-Père a prononcé une allocution en italien dont voici la traduction :

De grand coeur, Nous vous souhaitons la bienvenue, chers sergents de ville de Rome et d'Italie, qui, à l'occasion de votre second « rassemblement » national dans la Ville éternelle, avez vivement désiré Nous apporter le réconfort de votre dévotion et recevoir Notre Bénédiction.

Les occupations multiples et absorbantes de Notre charge auraient pu empêcher, à l'heure actuelle, une rencontre si agréable, même sollicitée en votre nom par l'insigne commandant du corps de Rome ; mais comment aurions-Nous pu finalement Nous refuser à tant de chers fils, qui se prodiguent sans cesse pour les autres et s'emploient si souvent à protéger l'ordre et à accroître la dignité des célébrations religieuses publiques, en Italie ? Nous désirons donc, en cette circonstance, exprimer Notre gratitude pour votre oeuvre, particulièrement au corps des sergents de ville romains, toujours empressés et généreux pour assurer leur service également à Notre personne, quand il Nous arrive d'avoir à parcourir les rues de l'Urbs.

Un motif particulier rend votre « rassemblement » encore plus important. Vous voulez vénérer comme votre patron le martyr saint Sébastien, que la tradition, exprimée en d'insignes chefs-d'oeuvre de peinture et de sculpture, désigne comme l'idéal du soldat chrétien. Nous inspirant de cet athlète du Christ, Nous désirons vous exposer brièvement quelques pensées, qui soient pour vous un réconfort dans les fatigues et un stimulant dans l'accomplissement de vos devoirs.


Le sergent de ville, trait d'union entre l'autorité municipale et le peuple.

Nous voudrions avant tout que vous ayez une claire conscience de la dignité de votre charge, égale à son importance hautement sociale et bienfaisante. Vous êtes, en effet, désignés par la société pour seconder les autorités municipales dans la bonne marche des cités et aider les citoyens dans l'observation des lois, de manière que l'ordre, la sécurité, la bienséance, le déroulement paisible de la vie civique représentent aux yeux de tous comme des signes évidents d'une civilisation élevée.

Pour cela, dans les limites de règlements particuliers, la faculté vous a été conférée de surveiller, de conseiller, d'avertir et même d'infliger des amendes. Le sergent de ville, est en quelque sorte, l'oeil, l'oreille, la main et le coeur de l'autorité publique, à l'avantage du bien commun de la population. Par son intermédiaire, l'autorité elle-même est présente en toute circonstance et en tout lieu ; et les lois sont appliquées de façon concrète, non seulement là où elles entendent empêcher des abus, mais surtout là où elles visent à promouvoir positivement le bien commun.

Votre activité comprend donc les services les plus variés, comme, par exemple, protéger l'ordre dans les rues et sur les places ; veiller sur les prix dans les marchés ; exiger le respect des oeuvres publiques, des monuments, des jardins ; régler avec diligence le mouvement des foules et des véhicules ; informer promptement les autorités sur tout ce qui peut être source d'inconvénients pour la population ; notifier aux citadins les actes administratifs qui les concernent, comme les citations, les vérifications, les contributions, les subsides et les amendes ; promouvoir l'observation des normes de l'hygiène publique, des bonnes moeurs et de la tranquillité publique, menacée à présent par des bruits excessifs ; prévenir les dommages aux personnes et aux choses ; et intervenir promptement pour apaiser les désordres. En un mot, le corps des sergents de ville, selon la conception moderne, est l'anneau entre l'autorité municipale et le peuple, dans le but d'établir leur collaboration réciproque et tranquille pour l'avantage et la dignité de tous.

Reconnaissance des mille services rendus par la police.

Il n'est pas nécessaire que Nous vous disions combien votre oeuvre est estimée et toute la confiance que le citadin met en vous dans les petites et grandes occasions. On a recours à vous dans les grandes épreuves comme dans les moindres nécessités ; l'aveugle et l'enfant pour traverser une rue dangereuse, l'étranger embarrassé et ignorant les lieux pour être orienté, l'humble homme du peuple pour être libéré des tracasseries et, dans les services publics, quiconque n'est pas à même d'accomplir tout seul ses « démarches » personnelles.

Dans les grands centres aussi, la considération pour le corps des sergents de ville, comme représentants de l'ordre et de la dignité de la commune, se transforme en admiration pour ses équipes efficaces. On vous admire spécialement quand, escortant le Gonfalon communal, vous avancez dignement dans vos uniformes ; quand, à cheval ou guidant des engins mécaniques ronflants, vous ouvrez la route aux cortèges ou aux processions religieuses ; quand vos musiques, souvent renommées pour leur valeur artistique, réjouissent les citadins par des concerts publics ; quand les équipes des plus jeunes offrent le spectacle de leur vigueur dans les compétitions sportives. Mais le sergent de ville le plus populairement admiré est celui qui est affecté aux carrefours les plus animés d'une métropole. Debout sur la plateforme spéciale, il concentre en de brefs instants intelligence et promptitude. Rien n'échappe à son oeil vif et mobile ; son geste est décidé, mais en même temps courtois ; sa main, revêtue d'un gant blanc, semblable par son expression pour ainsi dire parlante à celle d'un directeur d'orchestre : tantôt elle invite, tantôt elle arrête, tantôt elle indique sa route au citadin docile.

Indiquer au citadin la bonne voie du devoir : tel est en substance votre office. Pour ce service qui se manifeste dans une si grande variété de formes, la population est reconnaissante à son corps de sergents de ville et entend lui exprimer même extérieurement sa pensée de gratitude, spécialement le jour de l'Epiphanie, où suivant une jolie coutume de certaines régions, de nombreux citadins viennent déposer autour de la plate-forme du sergent de ville affecté à la circulation leurs dons pleins de signification.

Mais quelle préparation technique, quelles fatigues ignorées coûte la bonne marche d'une cité, particulièrement quand elle est populeuse comme Rome, Milan, Naples ! Il Nous a été possible de parcourir les pages d'une documentation des activités accomplies, l'année dernière, par le corps des sergents de ville de Rome, et Nous en avons tiré un motif pour confirmer Notre sentiment d'estime envers votre bienfaisante et indispensable institution, surtout envers le corps romain, qui, par une longue tradition, conserve la conscience du caractère sacré et universel de la Ville éternelle, en s'appliquant avec zèle à ce que celui-ci ne soit pas démenti par une réalité opposée. Si les innombrables pèlerins et « touristes », qui viennent ici de toutes les parties du monde, emportent ensuite dans leur esprit un souvenir reconnaissant et honoré de Rome, comme ville d'une hospitalité exquise, on doit l'attribuer en grande partie au mérite des sergents de ville.



Les devoirs de l'agent de police : aimer la ville où il travaille ; faire aimer et respecter sa profession ; être compréhensif et courtois envers tous ; s'appuyer sur la force de Dieu, gardien de la cité,

La conscience de la dignité de votre charge, chers sergents de ville d'Italie, vous fera accepter avec générosité les devoirs qui en dérivent ; mais si vous voulez que votre action obtienne les meilleurs résultats, en voici quelques conditions.

La première est de nourrir un amour sincère pour la ville ou la commune à laquelle vous assurez votre activité. Souvent, c'est votre ville natale elle-même ; mais, s'il n'en était pas ainsi, rappelez-vous que toute commune est une partie de votre patrie, à laquelle chacun doit se sentir lié par une affection filiale. Le sergent de ville qui aime passionnément sa propre ville ne saurait tolérer que son bon nom soit obscurci par le désordre, par la négligence, par les mauvaises moeurs. Plus que par devoir de service, il s'appliquera par un sentiment personnel à en accroître la dignité et l'honneur.

Une autre condition est le développement de l'autorité morale de tout le corps, ce à quoi chaque sergent de ville doit contribuer scrupuleusement par toute sa conduite, par le respect des normes disciplinaires, par la connaissance exacte des lois et par la fidélité à ses commandants. Quand l'estime pour tout le corps est bien enracinée dans l'opinion publique, il suffit d'une parole ou d'un signe de quiconque d'entre vous pour induire le citadin à l'observation des règlements.

En outre, vous vous comporterez envers la population comme des amis, des conseillers, des auxiliaires plutôt que comme des tuteurs de normes répressives. En réalité la grande majorité du peuple désire l'ordre et la tranquillité dans l'observation spontanée des lois. Cette conviction vous rendra compréhensifs et courtois, modérés en avertissant, persuasifs en exigeant, particulièrement zélés envers les faibles et les pauvres. Les citadins de leur côté se montreront dociles et obéissants.

Nous désirons enfin vous rappeler — à vous qui êtes avant tout des fils d'une nation chrétienne et avez désiré témoigner votre foi religieuse en venant en Notre présence — que la pratique de la vie et des vertus chrétiennes non seulement contribue au bon résultat de toute activité honnête, mais est le devoir suprême de tout homme. Vous êtes des sergents de ville ! Eh bien, accueillez comme donné à vous-mêmes le suave enseignement du Saint-Esprit : Nisi Dominus custodierit civitatem, in vanum vigilat custos. Si le Seigneur ne protège pas la cité, c'est en vain que veillent ceux qui entendent la garder (Ps. cxxvi, i). Veillez donc sur la bonne marche de vos cités ; mais faites-le au nom du Seigneur, avec Dieu dans la pensée et dans le coeur. De même que le symbole de la Rédemption, la Croix, fut placé par vos pères sur le faîte le plus élevé des villes et des bourgs italiens, en signe de domination souveraine et miséricordieuse de Dieu sur les citadins et sur leurs oeuvres ; pareillement la foi en Dieu et dans le Sauveur Jésus doit prédominer dans votre vie et dans votre action, en transformant votre activité quotidienne surtout en un exercice chrétien de charité envers le prochain.

En implorant Nous-même de Dieu, par l'intercession de votre patron céleste saint Sébastien, les plus hautes faveurs pour vous, pour vos familles et pour votre chère patrie, de tout coeur Nous vous donnons Notre paternelle Bénédiction apostolique.


PRIÈRE POUR LES PÈLERINS DE LOURDES (10 mai 1957)

1 D'après le texte français des A. A. S., XXXXIX, 1957, p. 427.

Le Saint-Père a composé en français la prière suivante à l'usage des pèlerins qui se rendent à Lourdes pour les cérémonies marquant le centenaire des Apparitions de la Sainte Vierge à Bernadette dans la grotte de Massabielle :

Dociles à l'invitation de votre voix maternelle, ô Vierge Immaculée de Lourdes, nous accourons à vos pieds près de l'humble grotte, où vous avez daigné apparaître pour indiquer aux égarés le chemin de la prière et de la pénitence et dispenser aux éprouvés les grâces et les prodiges de votre souveraine bonté.

Recevez, ô Reine compatissante, les louanges et les supplications, que les peuples et les nations, oppressés par les amertumes et l'angoisse, élèvent avec confiance vers vous.

O blanche Vision du Paradis, chassez des esprits les ténèbres de l'erreur par la lumière de la Foi ! O mystique Roseraie, soulagez les âmes abattues par le céleste parfum de l'Espérance ! O source inépuisable d'eau salutaire, ranimez les coeurs avides par les flots de la divine Charité !

Faites que nous tous, qui sommes vos fils, réconfortés par vous dans nos peines, protégés dans les dangers, soutenus dans les luttes, nous aimions et servions si bien votre doux Jésus, que nous méritions les joies éternelles près de votre trône dans le ciel. Ainsi soit-il ! 2.

2 Notre Saint-Père le Pape Pie XII a daigné accorder une indulgence de trois ans aux fidèles qui, au moins d'un coeur contrit, réciteront pieusement cette prière devant la Grotte df Lourdes'.

« PRIÈRE DU MÉDECIN » (10 mai 1957)

1

A la demande de Son Exc. Mgr Angelini, délégué du Vicariat pour les hôpitaux de Rome, le Saint-Père a composé une « prière du médecin ». Elle fut récitée pour la première fois le 8 mai à S. Giovanni Rotondo par le Padre Pio, lors du VIIe Congrès des médecins italiens. Voici la traduction du document italien :

O divin médecin des âmes et des corps, Jésus notre Rédempteur, qui, durant votre vie mortelle, manifestiez une prédilection pour les malades, les guérissant au contact de votre main toute-puissante, nous vous adorons, nous qui sommes appelés à la rude mission de médecins, et nous reconnaissons en vous notre sublime modèle et notre soutien.

Guidez toujours notre pensée, notre cceur et notre main afin que nous méritions la louange et l'honneur que le Saint-Esprit attribue à notre charge (Qo 38).

Augmentez en nous la conscience d'être en quelque sorte vos collaborateurs dans la défense et dans la croissance des créatures humaines, et un instrument de votre miséricorde.

Illuminez nos intelligences dans l'âpre lutte contre les innombrables infirmités des corps : que, grâce à un juste emploi de la science et de ses progrès, nous ne soyons ni ignorants de la cause des maux ni égarés par leurs symptômes, mais qu'avec un jugement sûr, nous puissions indiquer les remèdes disposés par votre Providence.

Dilatez nos coeurs par votre amour : faites que, vous reconnaissant dans les malades, particulièrement dans les plus abandonnés, nous répondions par une sollicitude inlassable à la confiance qu'ils mettent en nous.

Qu'à votre exemple, nous soyons paternels dans la compassion, sincères dans les conseils, vigilants dans les soins, opposés à laisser dans l'illusion, pleins de douceur dans l'annonce du mystère de la douleur et de la mort ; faites surtout que nous soyons fermes pour défendre votre sainte loi du respect de la vie contre les attaques de l'égoïsme et des instincts pervers.

Médecins, qui nous glorifions de votre nom, nous promettons que notre activité s'exercera constamment dans l'observation de l'ordre moral et sous l'autorité de ses lois.

Accordez-nous enfin de mériter un jour, par la conduite chrétienne de notre vie et le juste exercice de notre profession, d'entendre de vos lèvres la sentence de béatitude, promise à ceux qui vous auront visité dans leurs frères : « Venez, ô bénis de mon Père, prenez possession du royaume préparé pour vous » (Mt 25,34). Ainsi soit-il ! 2

2 Notre Saint-Père le Pape Pie XII a daigné accorder une indulgence de trois ans, à gagner par les médecins, chaque fois que d'un coeur contrit ils auront récité pieusement la prière ci-dessus.


ALLOCUTION AU CONGRÈS EUROPÉEN DE LA SOCIÉTÉ « UNIVERSAL FILM»

(12 mai 1957) 1






Recevant en audience spéciale les participants au Congrès européen de la Société « Universal Film », le Souverain Pontife a prononcé en anglais une brève allocution dont voici la traduction :

Malgré le nombre croissant de demandes qui prennent Notre temps, surtout en cette saison, comme vous le comprenez facilement, Messieurs, Nous ne pouvions pas Nous décider à répondre « non » à la demande d'un groupe si nombreux et si important.

Son importance ressort de l'un des mots du titre de votre organisation : Universal Film. Film, ce mot ouvre tout un monde, un nouveau monde dans le monde, un monde qui fascine les sens et captive l'âme et l'esprit de l'homme. Oh ! combien il est important qu'il ne ravisse pas à l'homme ce qui lui est essentiel, sa soumission effective à Dieu, son Créateur et son Maître.

En ce bref moment, Messieurs, Nous ne voudrions ajouter qu'un mot à Notre sincère bienvenue, l'expression renouvelée de Notre inquiétude, de Notre très profonde préoccupation, de Nos espoirs et de Nos prières les plus ferventes : faites votre possible pour que le monde du film soit un monde sain, où les hommes, les femmes et même les enfants puissent trouver un agréable divertissement et un perfectionnement culturel dans la sécurité, sécurité d'esprit et intégrité morale.

1 D'après le texte anglais de Discorsi e radiomessaggi, 19, traduction française de la Documentation Catholique, LIV, col. 731.




Nous apprécions les efforts que vous faites dans ce sens et Nous prions Dieu pour qu'il les bénisse et les couronne de succès. Nous étendons sa bénédiction à vos personnes et à ceux qui vous sont chers.


Pie XII 1957 - ALLOCUTION A L'OEUVRE BELGE DES « STATIONS DE PLEIN AIR »