Pie XII 1957 - DISCOURS AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES FAMILIALES


DISCOURS

A L'UNION CATHOLIQUE DU PERSONNEL DES CHEMINS DE FER FRANÇAIS

(17 septembre 1957) 1






Un pèlerinage de plus de 600 personnes de l'Union catholique du Personnel des chemins de fer français a été reçu en audience par le Saint-Père, à Castelgandolfo. Voici le discours que Sa Sainteté a prononcé en français à cette occasion :

Nous saluons avec beaucoup d'affection plusieurs centaines des cheminots catholiques de France, accompagnés de membres de leurs familles.

L'Union catholique du personnel des chemins de fer français ne Nous est pas inconnue, car Nous avons eu déjà l'occasion de recevoir ses membres et de leur dire Notre estime pour la ferveur de leur vie spirituelle et de leur apostolat2.



Gardez votre foi comme un précieux trésor.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano, du 27 septembre 1957.

2 Alloc, du 13 avril 1948 ; cf. Documents Pontificaux 1948, pp. 162-163.




Vous êtes venus encore une fois, chers fils et chères filles, prier aux tombeaux des apôtres et vénérer de façon particulière saint Pie X, qui vit naître votre Union, la sanctionna de sa haute autorité et la bénit. Nous vous félicitons de ce geste de foi, si conforme à la belle devise qui vous rassemble : Fidem servavi, «j'ai gardé la foi» (2Tm 4,7). Oui, chers fils et chères filles, gardez-la, fortifiez-la, montrez-la fièrement, cette foi chrétienne, précieux héritage de vos ancêtres ; qu'elle demeure toujours pour vous le grand trésor à transmettre intact à vos enfants. Par cette foi de votre baptême et de votre



première communion, vous appartenez à l'immense famille catholique, qui honore Dieu à travers les siècles, depuis les grands témoins des premières persécutions, saint Pierre et saint Paul, saint Laurent et sainte Agnès, qui ont versé leur sang ici à Rome, jusqu'aux fidèles inconnus, qui souffrent aujourd'hui dans les prisons et les camps de travail, parce qu'ils ne veulent pas renier leur attachement à l'Eglise de Jésus-Christ et à son Chef visible.

Cette foi, qui demande à chacun des sacrifices, qu'il faut éclairer, fortifier et défendre contre les tentations du dedans et du dehors, elle est avant tout une source de lumière et de force. Le chrétien sait de Dieu lui-même d'où il vient et où il va, il a pour chef et pour modèle le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour lui ; il sait le sens de la souffrance et le prix de la véritable liberté. Il s'efforce à l'exemple de Jésus, de servir ses frères les hommes dans son travail et dans sa prière quotidienne. Il trouve dans cette pensée la paix de la conscience et la joie du coeur.

Soyez donc reconnaissants, à Dieu d'abord, qui vous l'a donnée et à tous ceux qui vous aident à garder vivante la flamme de votre christianisme et à la faire rayonner. Nous attendons de votre générosité que vous soyez partout des chrétiens exemplaires, au foyer et dans le quartier, à la paroisse et dans votre Union, au lieu de votre activité professionnelle et dans la vie civique.

Prenez conscience de votre responsabilité sociale de chrétiens et faites rayonner votre foi.

L'important service public, assuré avec tant d'exactitude par votre corporation, vous aide à comprendre la responsabilité sociale du chrétien. De même que vous êtes fiers des succès et de la réputation de la Société Nationale des Chemins de Fer Français à laquelle vous appartenez, vous devez être fiers aussi des gloires et des conquêtes de votre Mère la Sainte Eglise, toujours féconde en saints, en apôtres, en missionnaires, toujours charitable envers les pauvres, les malades, les affligés, toujours constante et ferme dans son enseignement, une à travers les siècles et les continents. Vous devez sentir également à son égard votre responsabilité, tout comme vous sentez envers votre corporation l'obligation de vous montrer dignes de ses traditions. Il existe entre les chrétiens du monde entier une solidarité bien supérieure à tous les liens de la terre, car elle est fondée sur la communauté de la vie surnaturelle. Chacun porte et nourrit les autres comme les membres d'un même corps. Il prend sa part des fardeaux ; il a souci du bien commun, il se sacrifie au besoin pour les autres. Sa foi ne reste jamais inerte, mais s'épanouit constamment dans la charité. Ainsi ferez-vous dans l'exercice de votre vie professionnelle et chrétienne. Il n'y a en effet aucune cloison entre les activités du chrétien ; c'est la même foi et le même amour de Dieu, qui lui font remplir ses devoirs sociaux de travailleur et ses devoirs religieux de croyant. L'uniforme de service ou le costume d'atelier n'en font pas un homme différent du fidèle, qui se rend à l'église en vêtements de ville, ou qui prie à genoux avec ses enfants à la maison. Partout il honore Dieu, partout il porte au coeur la pensée de ses frères les hommes. Il ne prie pas pour lui seul, il ne travaille pas pour lui seul, car l'égoïsme est aux antipodes du christianisme. Conscient d'être toujours de service, le chrétien, même dans ses loisirs, a toujours le souci de l'action apostolique. Aussi est-il prêt en toute occasion à parler et à agir en chrétien, à manifester ses convictions religieuses, aussi bien que sa conscience professionnelle, pour que se réalise davantage, en lui et par lui, la demande qu'il formule chaque jour dans le Pater : « Que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Travaillez donc de grand coeur, chers fils et chères filles à être indissolublement d'excellents cheminots et d'excellents chrétiens. C'est ainsi que vous ferez rayonner votre foi et que vous servirez le Christ et son Eglise. Nous savons que vous avez une dévotion ancienne et particulière au Sacré-Coeur de Jésus, et c'est pour Nous un grand motif d'espérance, car il a promis d'assister et de bénir les fidèles, qui auraient recours à sa protection dans leurs entreprises et dans leurs prières. Aussi voulons-Nous lui confier vos intérêts, lui recommander la prospérité de votre Union et la fécondité de son action apostolique. Qu'il garde vos foyers, qu'il vous aide dans votre tâche d'éducateurs, dans vos fonctions professionnelles ou charitables, qu'il répande ses grâces abondamment sur vous-mêmes, sur tous ceux qui n'ont pu venir, et sur ceux enfin que vous désirez présenter en ce moment à Notre paternelle Bénédiction apostolique.



LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT

AU

Ille CONGRÈS INTERNATIONAL CATHOLIQUE DE L'ÉMIGRATION
(17 septembre 1957) 1






Le Saint-Père a chargé Son Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, d'adresser ses voeux et directives à Son Em. le Cardinal Piazza, à l'occasion du IIIe Congrès international catholique de l'émigration. Voici la traduction du document rédigé en anglais :

Le Comité préparatoire du IIIe Congrès international catholique de l'émigration a exprimé le désir de recevoir la paternelle Bénédiction apostolique du Saint-Père pour les discussions des prochaines sessions qui vont se tenir à Assise.

J'ai l'honneur d'être chargé d'informer Votre Eminence, en tant que haut patron du Congrès, que Sa Sainteté a volontiers accepté cette requête, d'autant plus que le thème général mis à l'étude — « Le rôle et les fonctions des organisations catholiques dans le domaine de l'émigration » — mérite la considération la plus attentive.

Le Souverain Pontife a noté avec satisfaction le progrès que les organisations catholiques ont accompli durant ces quelques dernières années dans le domaine de l'émigration, et il est conscient que ce fut en grande partie grâce au zèle inlassable de la Commission internationale catholique de l'émigration et aux efforts diligents des deux précédents Congrès de l'émigration pour présenter les problèmes généraux de leur oeuvre et pour susciter d'autres collaborations en faveur de cette cause vraiment chrétienne. Le Saint-Père me charge donc d'exprimer ses cordiales félicitations pour ces fécondes réalisations.

Sans contester ces précieuses réalisations, le fait demeure qu'il y a encore beaucoup de souffrance causée, d'une part, par l'excédent de population et, d'autre part, par l'impossibilité de remédier suffisamment à cette situation par l'émigration. Le Saint-Père a manifesté à plusieurs reprises son souci paternel à ce sujet, comme le démontre son message de Noël de 1952 : « Quand les époux entendent rester fidèles aux lois intangibles de la vie établies par le Créateur ou quand, pour sauvegarder cette fidélité, ils essaient de se libérer des contraintes qui les enserrent dans leur patrie et ne trouvent d'autre remède que l'émigration... voici qu'ils se butent, comme à une loi inexorable, aux mesures de la société organisée, au pur calcul qui a déjà déterminé le nombre de personnes qu'un pays peut et doit nourrir dans des circonstances déterminées, pour le présent et l'avenir. Une fois engagé sur la voie des calculs préventifs, on tente de mécaniser aussi les consciences : et voici les mesures publiques pour le contrôle des naissances, la pression de l'appareil administratif qu'on appelle sécurité sociale, l'influence exercée sur l'opinion publique dans le même sens, et finalement la méconnaissance ou l'annulation pratique, sous prétexte d'un bien commun faussement entendu ou faussement appliqué, mais que les mesures législatives ou administratives sanctionnent et rendent valable, du droit naturel de la personne à la liberté de l'émigration ou de l'immigration... »

» Ce n'est certes pas Nous qui nierons que telle ou telle région est actuellement affligée d'une surpopulation relative. Mais vouloir se tirer d'embarras avec l'axiome que le nombre des hommes doit se régler sur l'économie publique, équivaut à renverser l'ordre de la nature et tout le monde psychologique et moral qui lui est lié. Quelle erreur ce serait de rejeter sur les lois naturelles la faute des difficultés présentes tandis que manifestement celles-ci viennent du manque de solidarité entre les hommes et les peuples » 2.

2 A. A. S., XXXXV, 1953, pp. 41-42 ; cf. Documents Pontificaux 1952, pp. 572-573.




La clef pour la solution du problème qui vient d'être mentionné doit être trouvée, le Pape l'a plusieurs fois souligné, dans la charité chrétienne : « Il n'est donc pas surprenant que des circonstances changeantes ont entraîné une certaine restric-



tion de l'immigration étrangère. Car, en l'occurrence, ce n'est pas seulement les intérêts de l'immigrant mais aussi le bien-être du pays qui doivent être considérés. Toutefois ce n'est pas trop, Nous en sommes sûr, d'attendre que dans cet ordre de restriction la charité chrétienne et le sens de solidarité humaine existant entre tous les hommes, fils de l'unique et éternel Dieu et Père, ne seront pas oubliés » 3.

Les enseignements de l'Eglise sur la fraternité humaine et l'amour fraternel qu'ils doivent se porter les uns aux autres inspireront les sessions du prochain congrès, car l'attention est consacrée aux difficultés que rencontrent nos organisations catholiques engagées dans l'oeuvre de l'émigration : intégration des immigrants, structure organique réclamée en conséquence, coordination internationale des efforts catholiques dans ce domaine.

s Paroles adressées à M. Carusi, Département de la Justice, Etats-Unis, 14 mars 194« J Discorsi e radiomessaggi, 8, p. 9.




C'est le voeu et l'ardent espoir du Pape que le Congrès puisse produire un tel fruit. Sa Sainteté implore avec ferveur les lumières du Saint-Esprit sur les discussions et délibérations et, en gage, donne de tout coeur, à Votre Eminence et à tous les participants au IIIe Congrès international de l'émigration, sa particulière Bénédiction apostolique.


LETTRE A LA XXX> SEMAINE SOCIALE DES CATHOLIQUES D'ITALIE

(18 septembre 1957) 1






A l'occasion de la XXXe Semaine sociale des catholiques d'Italie, tenue à Cagliari, le Saint-Père a adressé à Son Em. le Cardinal Siri, archevêque de Gênes, président du Comité permanent des Semaines sociales, une lettre autographe en italien, dont nous publions la traduction suivante :

A la vive satisfaction avec laquelle Nous avons l'habitude d'accueillir l'annonce des sessions des Semaines sociales des Catholiques d'Italie et de faire parvenir Nos paroles d'encouragement et Notre Bénédiction, s'ajoute cette année la consolation toute paternelle d'exprimer Nos félicitations pour le beau jubilé de votre institution si providentielle.



Regards vers le passé.

1 D'après le texte italien des A. A. S., XXXXIX, 1957, p. 830 ; traduction française de l'Osserpflfore Romano, du 4 octobre 1957.




Elle Nous apparaît providentielle, en effet, et vraiment féconde si, tournant le regard vers le passé, Nous mesurons la vaste somme d'activités qu'elle a accomplies depuis sa naissance jusqu'à ce jour ; ce fut au milieu de difficultés et d'obstacles, mais, si ceux-ci ont pu rendre ardu le chemin parcouru, ils n'ont cependant pas empêché ces rencontres de la pensée et de l'action chrétiennes de s'imposer à l'attention et à l'estime de tous. Aussi, tout en donnant un clair témoignage de la conscience sociale mûre des catholiques italiens, — qui n'entendirent pas en vain l'appel de la grande Encyclique Rerum novarum — les Semaines sociales constituent-elles également un puissant stimulant pour l'étude et l'élaboration d'orientations sûres dans le domaine social, surtout pour les grands problèmes qui travaillent la nation, dans la recherche anxieuse d'une nouvelle organisation appropriée aux nouveaux besoins urgents.

L'esprit plein de reconnaissance envers le Seigneur qui a largement béni la grande entreprise, il Nous est particulièrement agréable en cette année jubilaire d'indiquer les raisons d'un tel succès, afin que tous retirent de l'heureuse expérience du passé un enseignement et un encouragement pour la poursuite d'une oeuvre qui s'est démontrée tout à fait opportune.

Notre satisfaction s'adresse avant tout au travail de la pensée, qui précède l'action et la guide par de sûrs cheminements, et Nous Nous rappelons donc avec reconnaissance tous les illustres professeurs qui y ont pris la parole. Et c'est grâce à l'intelligente diligence des organisateurs, Nous le reconnaissons volontiers, que le travail de ces assises ne s'est pas borné au domaine des principes théoriques, mais s'est efforcé également de donner des directives de vaste portée réclamées par les temps actuels ; et cela spécialement en cet après-guerre, où les Semaines sociales sont devenues le point de rencontre des catholiques d'action de tous les secteurs de la vie nationale. On doit ajouter à cela leur conformité absolue avec les enseignements du magistère de l'Eglise ; conformité qui a toujours distingué l'oeuvre des promoteurs, conscients de se sentir engagés à cela plus que tout autre, par le privilège d'être le plus près du centre de la vie catholique, dont ils sont sur leur terrain des témoins de premier ordre. Il en est résulté que les Semaines sociales italiennes, qui rendent des services signalés au véritable progrès de la nation, ont aussi été l'écho toujours immédiat des anxiétés et des sollicitudes de l'Eglise dans le domaine social, et ont splendidement démontré que la fidélité aux principes traditionnels n'est pas en opposition avec des réformes même hardies, quand celles-ci sont réclamées par le bien commun. On a vu, d'autre part, que, pour marcher de pair avec les exigences des temps, les catholiques n'ont nullement besoin de recourir à des maîtres d'une autre foi et de science douteuse ou fausse, car ils trouvent dans les principes mêmes de la justice évangélique tout ce qui est nécessaire à l'élévation sociale graduelle des peuples, de la même manière qu'ils découvrent dans le message du Christ les secrets de la plus haute élévation morale et religieuse de l'homme.



Opportunité du thème de la présente semaine.

2 De haeresibus, 46 ; P. L., 42, 37.

8 Discours aux cultivateurs directs, 11 avril 1956 ; cf. Documents Pontificaux 1956, P- 170.




C'est en harmonie avec ce caractère de sérieux scientifique, de cohérence historique et d'entière soumission à l'enseignement de l'Eglise, que se déroulera certainement aussi — Nous Nous plaisons à le penser — l'actuelle session, que la ville de Cagliari a l'honneur d'accueillir, cette année, au milieu de l'aimable allégresse de sa population, chère à Notre coeur pour son activité et sa fidélité aux traditions catholiques. Le thème « Aspects humains des transformations agraires » suffirait à lui seul à attirer l'attention, tellement l'agriculture a pris d'importance sur le plan national et international. C'est de la solution juste et opportune qui sera donnée à ces problèmes que dépendra, pour la nation italienne, non seulement le progrès dans un domaine si essentiel de son économie, mais aussi la sauvegarde de valeurs humaines fondamentales pour les individus et les collectivités du monde rural, valeurs qui sont actuellement plus que jamais mises en péril par le déséquilibre existant entre l'agriculture et les autres secteurs de la vie économique et sociale. Aujourd'hui, comme dans le passé, la campagne a quelque chose à donner qui dépasse le niveau des biens matériels : elle reste toujours une des plus précieuses réserves d'énergies physiques et spirituelles. De là viennent l'estime et l'intérêt avec lesquels l'Eglise a toujours considéré l'agriculture, omnium artium... innocentissima, comme l'appelle S. Augustin2 ; de là, la sollicitude avec laquelle, spécialement aujourd'hui, elle s'adresse à la population rurale qui, du fait de son contact plus direct avec le mystère de la nature, ou de l'isolement plus grand imposé par son travail même, a généralement conservé plus vif le sentiment religieux et est ainsi « restée jusqu'à ce jour comme détentrice de la pure tradition chrétienne » 3. Ce n'est donc pas une chose inutile — elle est d'ailleurs parfaitement conforme à Nos préoccupations — d'examiner à nouveau, moins de dix ans après la Semaine sociale de Naples, les problèmes de la population des campagnes, afin que celle-ci participe sans cesse davantage à ces progrès que la recherche d'une justice sociale plus parfaite a apportés parmi les autres classes de travailleurs.

Le monde rural et le développement des autres branches de la vie économique.

Toutefois Nous comprenons bien que vos recherches se heurtent à nombre de difficultés sérieuses. Aujourd'hui, en effet, les problèmes agricoles ne peuvent plus être considérés isolément, mais doivent l'être en relation avec les autres branches de la vie économique. Le développement scientifique et l'application des découvertes et la technique dans l'agriculture, qui ont transformé les méthodes de travail et imprimé un système plus intense à la production agricole, ont orienté le monde rural vers son plein développement ; il en est arrivé à assumer un rôle fort important dans le domaine économique général. On pourrait même dire que le problème agricole se présente aujourd'hui avec un caractère de plus grande urgence et gravité, parce que précisément jadis il est demeuré en retard sur le front des problèmes sociaux.

D'autre part l'influence de la ville, avec le mirage de gains plus faciles et plus hauts, d'un niveau de vie plus élevé et des plus grandes commodités de la vie urbaine, est une réalité bien connue en Italie et, malheureusement, une cause d'abandon désordonné des campagnes, qui n'est pas exempt de graves répercussions morales et religieuses.

Tout cela montre à l'évidence que les problèmes qui assaillent aujourd'hui la population des campagnes ne sont pas seulement d'ordre technique et économique, et qu'une distribution plus juste de la propriété terrienne ou une augmentation de la production ne peuvent à elles seules être considérées comme les uniques remèdes. S'il existe un problème du travail rural, il y a également celui bien plus urgent et important de l'homme rural, qui traverse aujourd'hui de nouvelles expériences. Du reste, qui ne voit que si les ruraux quittent les zones champêtres, plus d'une fois c'est précisément parce qu'ils ne trouvent plus suffisamment dans la campagne les conditions d'une vie digne et confortable, qui la ferait aimer, telles notamment la maison, l'école, l'assistance médicale, le sain divertissement et tous les appuis qui leur assurent une possibilité d'élévation sociale ? Pour surmonter la crise qui travaille aujourd'hui le monde agricole, il faut bien tenir compte de ces profondes aspirations au progrès humain, et donner au travailleur de la terre la garantie qu'il peut, en comparaison avec ceux qui exercent leur activité dans d'autres secteurs de la vie sociale, vivre dans une aisance et avec une dignité égales, des ressources et des possibilités égales de s'affirmer dans la vie de la société, avec une prise en considération égale de l'importance pour la communauté de sa profession d'agriculteur et de sa contribution spécifique.

Le manque de compréhension envers de telles exigences humaines du monde rural, tel qu'il a existé pendant ces deux derniers siècles au cours des expériences basées sur les principes de l'individualisme libéral et du collectivisme matérialiste, a démontré en toute évidence l'incapacité totale de ces systèmes de résoudre les problèmes de ceux qui cultivent le sol. L'Eglise qui, toujours et partout — comme Nous avons déjà eu l'occasion de l'affirmer — a lutté « pour que l'on tienne davantage compte de l'homme que des avantages économiques et techniques » 4, s'est constamment opposée à ces deux formes extrêmes d'exploitation égoïste du travail et des valeurs humaines. Aussi, s'intéresse-tnelle, aujourd'hui comme elle l'a toujours fait dans le passé, aux travailleurs de la terre, et elle attire l'attention sur le devoir de placer au premier plan les valeurs de l'esprit dans l'effort pour le rajustement des rapports économiques.

Et ce sera un motif de légitime fierté pour les catholiques italiens à la prochaine Semaine de Cagliari de faire ressortir que la sociologie catholique, mieux que toute autre, a tenu bien haut le flambeau de la juste liberté et de la dignité humaine. Guidés par la sagesse séculaire et maternelle de l'Eglise, qui a prodigué tant de riches enseignements sur les valeurs essentielles et permanentes de la vie agricole, ils ne pourront se tromper en proposant les nouvelles formes de vie et de travail qui s'adaptent le mieux aux exigences du monde agricole en transformation.



Principes propres à sauvegarder les valeurs humaines dans la vie rurale.

4 Radiomessage aux travailleurs espagnols, il mars 1951 ; cf. Documents Pontificaux 1951, p. 88.




Pour arriver ensuite à une protection efficace des valeurs humaines de la vie rurale, il est clair que la principale aide doit venir des agriculteurs eux-mêmes, en utilisant au maximum aussi bien leurs capacités que l'esprit de collaboration. A ce propos, en parlant de la Confédération italienne des cultivateurs directs, Nous n'avons pas hésité à reconnaître que « l'un des services les plus éminents peut-être qu'elle a rendus à ses membres fut de leur faire prendre conscience du rôle qui leur revient dans la vie économique de la nation ; elle les a invités à s'affranchir d'un particularisme parfois assez tenace, et bien compréhensible chez le travailleur des campagnes, attaché profondément à son exploitation et qu'on n'amène pas facilement à lever les yeux vers un horizon plus vaste » 5. Aussi ce que Nous avons alors ajouté, Nous l'étendons maintenant à toute catégorie de travailleurs ruraux : « Pour un groupe social aussi considérable que le vôtre et occupé dans un secteur de la production aussi fondamental, il est essentiel de garder le contact avec les mouvements d'opinion et les grands courants d'idées qui dirigent l'évolution du pays, et d'y exercer une influence utile, non dans le seul but d'en tirer des avantages particuliers, mais pour le bien général lui-même... Si vous restez fidèles à ces principes, vos activités prendront avec le temps une extension plus large encore ; de nouvelles possibilités s'ouvriront d'étendre l'assistance syndicale, de multiplier pour chacun de vous les occasions de contribuer au bien de tous » 6. Sur le terrain d'une solidarité entendue ainsi, on pourra plus facilement développer aussi la préparation technique et professionnelle des agriculteurs, aujourd'hui réclamée avec de plus en plus d'insistance par le progrès des sciences appliquées à l'agriculture : préparation qui permettra une économie de forces humaines, un plus grand accroissement de la capacité de travail et une plus intense productivité du sol italien, qui n'est pas approprié au nombre de ses habitants.



Rôle de l'Etat dans cette oeuvre de défense.

5 Discours aux cultivateurs directs, is mai 1055 ; cf. Documents Pontificaux 3955/ p. 345.

6 Ibid., pp. 345 et 148.




Mais les efforts individuels et collectifs ne suffisent pas. Une intervention de l'Etat est également nécessaire dans une certaine mesure, lui qui, dans un secteur aussi important, ne peut renoncer à sa fonction de responsable du bien commun. Sans se substituer à l'activité personnelle des intéressés et de leurs communautés, il est appelé à coordonner et à stimuler les énergies des individus, comme aussi à créer les conditions générales relatives à l'instruction publique, aux communications, aux formes de prévoyance et de sécurité sociales, qui peuvent empêcher le plus possible un déséquilibre entre les différentes classes et garantir au contraire un développement économique et social positif et continu. Pour ce motif, tout en reconnaissant la fonction vitale de la propriété privée dans sa valeur également sociale, Nous avons déclaré que lorsque « la distribution de la propriété est un obstacle à la finalité — ce qui n'est pas toujours ni nécessairement causé par l'extension du patrimoine privé — l'Etat peut, dans l'intérêt commun, intervenir pour en régler l'usage et, s'il ne peut équitablement procéder d'autre façon, décréter l'expropriation, en accordant une indemnité convenable » 7. En ce qui concerne l'application de ces principes, il convient de reconnaître les efforts assidus accomplis par les responsables de la vie publique italienne pour satisfaire les aspirations des cultivateurs. Les effets de cette oeuvre multiforme accomplie pour l'élévation de cette catégorie de travailleurs — expérimentés déjà en une large mesure parmi les généreuses populations de Sardaigne — ne manqueront pas d'avoir des répercussions bienfaisantes dans l'évolution économique du pays. Notre vif désir est que les catholiques continuent à avancer courageusement vers les buts souhaités par la doctrine sociale catholique, en ayant soin que l'entreprise agricole sous toutes ses formes satisfasse les exigences de la personne humaine en harmonie avec le service de tous et surtout que soit favorisée, partout où c'est possible, la diffusion de l'entreprise paysanne familiale économiquement efficiente, qui — convenablement complétée par l'union coopérative et défendue par l'association professionnelle — représente un rempart de saine liberté, une digue contre le danger de l'urbanisme, une efficace contribution à la continuité des saines traditions du peuple.



Nécessité d'une action pastorale adaptée.

Cette oeuvre de défense des valeurs humaines dans le monde rural perdrait beaucoup de son efficacité, si elle n'était pas accompagnée également d'une action pastorale vigilante et adap-



Message à l'occasion du Ve anniversaire de la guerre, ier septembre 1944.

tée de la part du clergé. Celui-ci connaît les problèmes des populations rurales, en vivant au milieu d'elles dont plus que tous il partage les difficultés ; et la population des campagnes de son côté, a pour ses prêtres une confiance extraordinaire dans beaucoup de secteurs ; il n'est pas douteux, dès lors, que l'action éducative du clergé est partout irremplaçable pour l'épanouissement de ces vertus chrétiennes, qui sont à la base d'une population rurale moralement saine, laborieuse, utile à la collectivité. Nous connaissons bien les problèTcchs0 mes angoissants et les inquiétudes de tant de pasteurs d'âmes dans les zones de campagne. Le progrès a raccourci beaucoup de distances, il a rapproché la campagne de la ville, il a facilité les contacts des campagnards !vec les citadins, mais il a aussi abattu de nomL-bbeuses digues qui, avant, constituaient une défense de la pureté des moeurs parmi le peuple des champs. Tout cela, aggravé par la propagande antireligieuse de ces dernières années, a malheureusement refroidi la foi dans de nombreuses zones. Il est nécessaire que le prêtre se rende compte de ces problèmes et comprenne que le ministère apostolique dans les campagnes se présente désormais dans des conditions de plus grande responsabilité et de plus intense effort tendant à l'éducation des consciences et à une connaissance plus profonde des valeurs religieuses ; et .il ne peut demeurer tranquille même là où vivent de larges catégories d'âmes simples, qui, si elles ne sont pas encore attaquées par le poison de la corruption, ne sont pas non plus suffisamment éclairées par la doctrine du Christ. C'est surtout d'une participation plus active et plus consciente des ruraux à la vie paroissiale que Nous attendons la renaissance religieuse des campagnes. Pendant longtemps le travailleur de la terre est resté passif non seulement dans le domaine social, mais aussi et peut-être davantage dans le domaine religieux. Inséré plus intimement dans la paroisse, il pourra en revanche mieux comprendre que les intérêts de l'Eglise sont les siens, il aura l'occasion de collaborer avec les autres, il sera pousse à surmonter toute forme d'égoïsme pour se dévouer au service du prochain, il s'habituera à l'exercice des vertus sociales. Le coeur et l'esprit ainsi ouverts aux vastes horizons de la charile chrétienne, il ne tardera pas à apprendre des lèvres maternelles de l'Eglise que le christianisme interprète ses exigences les plus vives et l'aide à réaliser son perfectionnement également en tant qu'homme et en tant que travailleur. La paroisse est née précisèment pour l'expansion de l'Eglise dans le monde .dtw-20 rural ; de meame, donc, qu'elle fut dans le passé une causeexpndtw0 de progrèLcchs0 s noj.dtg0 seulement -20 religieux, mais aussi civil et social au milieu des populations agricoles, elle pourra continuer encore aujourd'hui à exercer cette mission maternelle et civilisatrice.

Nous "0 sommes pleinement confiant que les travaux de la Semaine sociale de Cagliari, sous la direction éclairée de son digne et actif président, ne manqueront pas d'offrir une abondante matière à la réflexion et au zèle de tous ceux qui y participeront. Nous connaissons bien toute l'attente avec laquelle la nation regarde ces laborieuses et fécondes assises. Puissent-elles jeter une lumière abondante sur des problèmes si complexes et importants, contribuer à la prospérité et à la paix des campagnes ; et surtout puissent-elles renforcer chez les populations rurales l'attachement conscient à la religion, qui doit être l'étoile, sous la direction de laquelle, comme dans 1 >s siècles passés, doit se dérouler leur chemin vers le progrès.

Avec ces voeux, en gage des plus hautes faveurs célestes, Nous donnons de tout coeur, à vous, Notre cher fils, aux autorités publiques présentes, aux maîtres et à tous les participants, ainsi qu'au cher peuple de Sardaigne, l'encouragement de la Bénédiction apostolique.

DISCOURS AU Ve CONGRÈS INTERNATIONAL DES CHIMISTES DU CUIR
(21 septembre 1957)1






Plus de 500 spécialistes du cuir, membres d'associations scientifiques de seize pays différents groupées dans une Union internationale, se sont réunis à Rome pour leur Ve Congrès international et ont été reçus par le Souverain Pontife dans la matinée du 21 septembre.

Sa Sainteté s'adressa à l'assemblée en ces termes :

C'est avec plaisir, Messieurs, que Nous accueillons les membres du Ve Congrès international des chimistes du cuir. En choisissant Rome pour lieu de réunion, vous entendiez donne2 àndtw0 vos travaux un cadre unique par la richesse des souvenirs historiques qu'il suggère. Les étapes du développement de la culture occidentale se sont inscrites dans le sol romain, où l'on peut encore les déchiffrer, et les documents ne manquent pas qui attestent en particulier l'existence et l'ampleur de l'industrie du cuir dans l'antiquité classique.



La tannerie dans l'histoire.

Vous aimerez sans doute évoquer aussi quelques faits de son histoire la plus reculée, puisque la tannerie est probablement presque aussi ancienne que l'homme lui-même. Ainsi pourrez-vous mesurer avec satisfaction l'étendue du chemin parcouru depuis les lointaines origines et le prix des découvertes récentes, qui ont engagé cette activité dans des voies nouvelles. Il n'est pas difficile d'imaginer quel parti les hommes des temps préhistoriques pouvaient tirer de l'usage des peaux de bêtes ; les fouilles paléontologiques ont mis à jour de nombreux instruments de pierre, dont ils se servaient pour les racler et les percer. L'huile et les graisses furent les ingrédients utilisés d'abord pour les rendre résistantes à l'humidité et assez souples pour répondre aux besoins les plus divers. Des monuments égyptiens portent la représentation de tanneurs vaquant à leurs occupations, et l'Iliade d'Homère2 décrit les efforts d'esclaves étirant la peau d'un taureau pour y faire pénétrer la graisse. L'alun et les tannins végétaux étaient utilisés aussi pour obtenir du cuir imputrescible, entre autres chez les Egyptiens et les Babyloniens. Les Romains reprirent et perfectionnèrent les anciens systèmes, mais il est regrettable que les ouvrages des auteurs qui, comme Pline, traitent de sciences naturelles, se montrent si avares de renseignements sur le travail des tanneurs. Le fait s'explique sans doute par la moindre estime, dont jouissait alors ce métier, à cause des conditions défectueuses d'hygiène, dans lesquelles il s'exerçait. Par ailleurs les témoignages littéraires et les reconstitutions patientes des archéologues, illustrent assez largement les différents partis, que les Romains savaient tirer du cuir. L'armée surtout en faisait un abondant usage, tant pour les armes défensives, casques, boucliers, cuirasses, que pour l'habillement des soldats.



Résultats des recherches techniques du siècle dernier et nécessité de poursuivre l'effort.

2 C. XVII, v. 389 ss.




Le problème principal, auquel se heurta l'industrie de la tannerie jusqu'à la fin du siècle dernier, fut la lenteur des processus de tannage, dont la durée s'étendait sur de longs mois. Un premier pas vers la mise en oeuvre de procédés plus rapides avait été fait vers 1790 par l'emploi de solutions d'extraits tanniques, dont la fabrication d'ailleurs ne devint vraiment industrielle que vers 1870. Divers systèmes pour accélérer le traitement des peaux furent essayés sans grand succès au cours du XIXe siècle, jusqu'au moment où les frères Durio mirent au point une méthode qui permettait de réduire à un jour ou deux les opérations de tannage proprement dit. Ce résultat parut tellement étonnant, qu'il fallut plusieurs années avant que la nouvelle invention ne réussît à s'imposer et à supplanter les anciens procédés. Dès lors l'industrie du cuir, qui se prati-



quait dans des fabriques de petites dimensions, allait s'organiser en grande entreprise et trouverait, pendant la première guerre mondiale, l'occasion d'accroître largement sa production. Bientôt après, l'évolution des conditions de l'économie, notamment la multiplication des véhicules automobiles et la diffusion de produits nouveaux, contraignait la tannerie à s'adapter aux circonstances, à rechercher sans cesse une plus grande perfection technique et, par là, l'amélioration de la qualité du produit.

Il importait à cet effet d'acquérir des données plus abondantes et plus précises sur les transformations physiques et chimiques, que les produits de tannage et les différentes phases du traitement faisaient subir aux peaux. Après l'époque des progrès empiriques, s'ouvrait celle des recherches scientifiques systématiques et de l'élaboration des théories. Les progrès de la chimie organique se traduisirent en ce domaine par les études magistrales du chimiste anglais Procter, qui explora avec autorité le vaste champ de la chimie du cuir. L'élan était donné, et l'on vit ensuite se créer des groupes de chercheurs et s'ériger des laboratoires spécialisés. A présent, malgré l'importance des résultats obtenus, il reste encore beaucoup à faire pour préciser les théories et mieux déterminer les facteurs, qui interviennent dans les opérations du tannage végétal ou minéral. Nul doute que les recherches, conduites avec patience et de manière vraiment rigoureuse, ne réussissent à démêler quelques-uns des problèmes encore pendants et ne conduisent à un contrôle toujours plus précis et à une efficacité plus grande des procédés de la tannerie moderne.



Toute activité humaine doit servir à l'élévation spirituelle de l'homme.

Nous espérons en particulier que le présent Congrès, en facilitant les échanges de vues entre chercheurs de différentes nations, fera connaître plus largement les résultats de vos travaux. Si le but immédiat que vous poursuivez se range, sur le plan des valeurs humaines, parmi les progrès scientifiques et techniques qui, modifiant peu à peu les conditions de vie de l'humanité, tendent à lui ménager une vie plus aisée et plus belle, vous saurez aussi, Nous n'en doutons pas, accéder à la considération de l'idéal moral et religieux, qui seul confère à cet immense effort son sens véritable et détermine son point d'aboutissement. Les plus humbles des activités humaines, comme les plus brillantes, se jugent en définitive sur la contribution qu'elles apportent à l'élévation spirituelle de l'individu et de la société ; c'est dire que les qualités professionnelles, pour estimables qu'elles soient, ne suffisent pas. Elles attendent, comme complément nécessaire, la noblesse de caractère et la générosité du coeur. Si absorbantes que soient vos occupations, elles ne peuvent vous empêcher de participer aux difficultés et aux souffrances d'autrui et de travailler, dans la mesure de vos possibilités, à l'instauration d'un ordre social mieux équilibré, plus juste, plus pénétré de charité. Vous obéirez aussi à ces aspirations, que chaque homme ressent dans son être le plus intime et qui le poussent à s'approcher davantage de Dieu, auteur de tout Bien, pour en recevoir la lumière et la force. Que les saints patrons des artisans du cuir vous accordent leur protection et vous aident à trouver dans votre profession les satisfactions que vous pouvez légitimement attendre de vos efforts !

Nous implorons sur vous, sur vos collaborateurs et sur tous ceux qui vous sont chers, les faveurs divines les plus abondantes et vous accordons bien volontiers, comme gage de ces dons, Notre Bénédiction apostolique.


Pie XII 1957 - DISCOURS AUX ORGANISATIONS INTERNATIONALES FAMILIALES