Pie XII 1958 - DISCOURS A DES ANCIENS COMBATTANTS ET A DES FAMILLES DE DISPARUS


« L'UNION DE FRANCE


LETTRE AU CONGRÈS DE DES OEUVRES CATHOLIQUES »





(!<"¦ avril 1958)





A l'occasion du 69e Congrès national de « L'Union des OEuvres catholiques » de France, qui s'est tenu du 8 au 12 avril à Angers, le Saint-Père a adressé la lettre suivante, en français, à S. Exc. Mgr Chap-poulie, évêque d'Angers :

Le Congrès de Pastorale qui d'ici peu s'ouvrira à Angers sous votre présidence rappellera le souvenir de l'assemblée, modeste mais déjà ardente, qui s'y tenait en 1858 et inaugurait la tradition de ces Congrès catholiques qui, sous le titre de l'Union des OEuvres, devaient connaître par la suite un large succès. Il Nous est agréable de vous adresser Nos félicitations pour ce Centenaire.

1 D'après le texte français des A. A. S., 50, 1958, p. 310.

2 Epistolae ad Princ, 1873-74. f« 181, n. 325 - 20 oct. 1873.




Dès 1873, Notre prédécesseur Pie IX, s'adressant à Monseigneur de Ségur, premier président de l'Union, rendait grâces à Dieu « qui multiplia si vite le grain jeté en terre qu'il en fit croître une moisson déjà surabondante » ; le vénéré Pontife se félicitait de ces heureux fruits, pour l'Eglise, disait-il, « qui grâce à vous a la joie de conserver nombre de ses fils guettés par l'ennemi », et pour la Société « à laquelle tant d'adolescents et de jeunes gens... fournissent pour sa défense une génération honnête, pieuse et laborieuse » 2. A combien plus forte raison devons-Nous Nous réjouir aujourd'hui du bien réalisé par cette institution, désormais centenaire mais toujours riche d'initiatives et animée par des prêtres de valeur, qui savent au surplus s'entourer d'une large collaboration. Placés dès l'origine sous l'autorité des évêques, les congrès de l'Union abordèrent au cours de ce siècle tous les grands thèmes de l'éducation de la jeunesse et de la pastorale paroissiale. A ce titre ils ont tenu une place notable dans le développement et la coordination de l'apostolat en France. Leur importance n'a cessé de s'affirmer et Nous formons des voeux paternels pour l'essor croissant de l'institution.

En prenant d'ailleurs pour thème du présent Congrès la « Pastorale de l'adolescence », vous demeurez dans la ligne des préoccupations apostoliques et sociales des fondateurs, qui avaient fait des oeuvres de jeunesse l'objet de leurs premières réunions. Qu'en cette année jubilaire de Lourdes la Vierge Immaculée, Mère de Dieu, qui veilla avec une si maternelle sollicitude sur l'adolescence de Jésus à Nazareth, guide vos travaux !

Des conférenciers de qualité se pencheront sur les problèmes de cet âge difficile plein de réserve et de désirs, fragile à la tentation mais sensible à l'idéal. Ils étudieront surtout les conditions de la persévérance religieuse des jeunes durant cette période critique et dans un monde souvent hostile. Toutes ces questions, examinez-les avec une foi vive, qui jamais ne transige avec les préceptes de la morale ni ne sous-estime la valeur des moyens surnaturels dans la formation du chrétien. Regardez-les avec un sain optimisme, digne d'éducateurs catholiques qui savent les ressources de la nature transformée par la grâce et ont éprouvé la puissance de l'appel du Christ dans l'âme d'un jeune. Ces questions enfin, traitez-les avec une vraie compétence pédagogique, qui ne craigne pas de faire bénéficier l'oeuvre éducative des progrès récents de la recherche en ces domaines, et avec un sens pastoral averti, qui veille notamment à faire grandir les adolescents dans des communautés chrétiennes dont la ferveur leur soit un exemple et un soutien.

A l'heure où dans l'Eglise les besoins apostoliques sont grands, où trop de champs demeurent en friche faute d'ouvriers évangéliques, Nous souhaitons en outre vivement qu'au cours de ce Congrès l'on insiste, « opportune, importune », sur le grave devoir actuel de favoriser parmi la jeunesse l'éveil des vocations sacerdotales et religieuses. Quel service ne rendrait pas le Congrès d'Angers, s'il pouvait, sur ce point capital, accroître la conviction d'un grand nombre de prêtres, de parents, d'éducateurs !



« Enseigne à l'adolescent la voie qu'il doit suivre, dit l'Ecriture, et, même devenu vieux, il ne s'en écartera point » (Prov. xxii, 6). Que les enseignements de ces assises angevines préparent donc à l'Eglise et à la Patrie des générations fortes dans la foi et fidèle au devoir ! De grand coeur Nous appelons sur la prochaine assemblée une large effusion de grâces et vous accordons, ainsi qu'aux personnalités présentes et à tous les participants du Congrès, Notre très paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LA XIII\2e\0 JOURNÉE DE L'ASSISTANCE SOCIALE DES A.C.L.I.

(ier avril 1958) 1






A l'occasion de la XIIIe Journée de l'Assistance sociale, organisée par les ACU (Associations chrétiennes des travailleurs italiens), et qui avait lieu le 20 avril, le Saint-Père a chargé Son Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, de faire parvenir à Mgr Santo Quadri, Assistant central des ACU, la lettre suivante :

Sa Sainteté me confie l'agréable mission de vous faire parvenir ses voeux paternels et sa chaleureuse parole d'exhortation à l'occasion de la XIIIe Journée de l'assistance sociale, organisée par le « Patronato » central des ACLI.

Ce geste, que le Vicaire du Christ est heureux de renouveler cette année encore avec les mêmes sentiments d'estime et de bienveillance, est suggéré par le compte rendu détaillé que Vous avez envoyé à cette Secrétairerie, et qui a apporté à Sa Sainteté la confirmation du développement incessant du « Patronato » et de la confiance toujours plus vaste que les travailleurs placent dans ses services et dans ses activités.

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano, du z mai 1958.




Tout cela est inscrit au mérite des dirigeants centraux et périphériques, grâce à qui le « Patronato » a pu étendre et perfectionner d'une manière vraiment réconfortante ses services ; mais c'est aussi la preuve de l'importance et de la nécessité de cette institution dans la vie catholique de la nation et, par conséquent, du devoir qu'ont tous les catholiques de la maintenir en vie, et en vie florissante, en lui fournissant les vastes moyens qu'exige son fonctionnement complexe.

Du reste il ne sera pas difficile, pour qui sait bien évaluer la signification profonde de cette oeuvre d'assistance mise au service des travailleurs nécessiteux, de comprendre comment, parmi la floraison des oeuvres dues aux ACLI, une place de premier ordre revient au « Patronato » aussi bien en tant qu'instrument efficace de pénétration du message évangélique dans le monde du travail, que comme contribution à cette sécurité sociale qui est aujourd'hui demandée avec tant d'insistance par les travailleurs. Toute aide qui permette aux ACLI de déployer de façon toujours plus concrète et active cette précieuse action de solidarité soutenue par la charité du Christ ne pourra donc que contribuer au progrès vers la paix sociale et vers ce but que le Souverain Pontife régnant indiquait aux ACLI en mars 1945, lorsqu'il exhortait à « imprégner et à animer d'esprit chrétien tout ce qui entoure l'ouvrier, son domaine pofessionnel, son foyer domestique et jusqu'à ses distractions honnêtes ». D'où la prédilection du Saint-Père pour le « Patronato », prédilection confirmée chaque année par son auguste parole à l'occasion de la Journée de l'assistance sociale.

C'est pourquoi les catholiques italiens ne négligeront pas l'invitation qui, cette année encore, est adressée à leur compréhension et à leur générosité ; l'intérêt cordial pour la grande cause qu'ils ont manifesté en tant d'autres circonstances se traduira encore une fois d'un bout à l'autre de l'Italie, par de nouveaux apports spirituels et matériels à la vitalité et au développement de cette institution méritante.

Dans cet espoir, le Souverain Pontife bénit de tout coeur la XIIIe Journée de l'assistance sociale et envoie particulièrement sa Bénédiction apostolique à toux ceux qui voudront bien répondre à sa paternelle exhortation...


LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES CATHOLIQUES

(2 avril 1958) 1






Par une lettre de Son Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, le Souverain Pontife a fait parvenir ses directives à la Conférence des Organisations internationales catholiques (O.I.C.), qui s'est tenue, pour la première fois en Allemagne, à Bad Godesberg.

Voici le texte de ce document, rédigé en français, et adressé à M. Pierre Dubois-Dumée, président de la Conférence des O.I.C. :

II m'est agréable de vous donner, par cette lettre, un nouveau témoignage de l'intérêt que porte le Saint-Siège au travail de la Conférence des Organisations internationales catholiques, et de le faire à l'occasion de la prochaine assemblée générale, qui pour la première fois se tiendra en Allemagne, à Bad Godesberg, sous la haute présidence du Cardinal Archevêque de Cologne.

Depuis plusieurs années déjà, la Secrétairerie d'Etat s'est faite, auprès de chacune des assemblées de la Conférence, l'interprète de la pensée du Souverain Pontife, vous transmettant ses voeux pour une collaboration efficace entre les Organisations catholiques et vous précisant les qualités requises d'une action au plan international. Si je ne crois pas devoir insister aujourd'hui de nouveau sur ces enseignements de Sa Sainteté, c'est que je sais que la Conférence, loin d'en avoir perdu le souvenir, s'applique bien plutôt à les mettre en oeuvre et à les faire prévaloir autour d'elle.





Les chrétiens et les tâches internationales.

Au surplus, est-il encore besoin de dire tout le prix que le Saint-Père attache au dévouement de Ses fils dans les tâches internationales, après les multiples attestations qu'il en a données au cours de l'année écoulée ? Aux membres de l'Union mondiale des organisations féminines catholiques, Il donnait, par exemple, cette consigne de portée générale : « Le Siège apostolique ne tolère pas seulement votre action ; il vous exhorte à l'apostolat, à vous dépenser pour réaliser le grand devoir missionnaire des chrétiens » ; et parlant notamment de l'influence qui peut être exercée dans certains milieux internationaux, Il précisait : « C'est une forme d'apostolat indirect sans doute, mais de la plus haute importance » 2. Quel réconfort aussi, pour les responsables des O.I.C., d'entendre le Chef de l'Eglise, devant l'auditoire si largement international du deuxième Congrès pour l'apostolat des laïcs, dresser le tableau des grandes tâches offertes aux catholiques dans les divers continents et inviter ses fils — parmi d'autres directives — à « participer davantage aux organisations internationales » 3.

Mais l'encouragement le plus précieux à vos yeux est celui que vous receviez dans l'encyclique Fidei donum, quand le Souverain Pontife soulignait « le rôle efficace que des militants laïcs, agissant le plus souvent dans le cadre de mouvements catholiques nationaux ou internationaux, acceptent de jouer au service des jeunes chrétientés » et qu'il envisageait avec faveur « le rattachement rapide des organisations locales à l'ample réseau des institutions catholiques internationales » ".



Le pressant appel de l'encyclique « Fidei donum ».

2 Discours du 29 septembre 1957 ; A. A. S., XXXXIX, pp. 920-921, et Documents icaux 1957, pp. 560-561.

' Discours du 5 octobre 1957 ; A. A. S., XXXXIX, p. 938, et Documents Pontificaux p. 5S5.

4 A. A. S., XXXXIX, p. 246 ; cf. Documents Pontificaux 1957, pp. 177-178.




Aussi bien, forte de cette confiance si souvent attestée, votre Assemblée a-t-elle voulu consacrer ses travaux à l'examen de « la réponse des O.I.C. à l'appel de l'encyclique Fidei donum ». Le Saint-Père a vivement apprécié ce geste. Il y est d'autant plus sensible que, si depuis un an son appel fut déjà entendu d'un grand nombre, il s'en faut encore de beaucoup qu'il ait suscité partout les initiatives concrètes que requerrait la situation. Les jeunes chrétientés attendent encore une réponse proportionnée aux besoins, et il est indéniable que, pour leur part, les Organisations internationales catholiques peuvent apporter à l'oeuvre commune une importante contribution.

C'est ainsi qu'en présence d'une action vaste et concertée de l'adversaire, les initiatives isolées et occasionnelles des chrétiens, pour utiles qu'elles soient, ne sauraient suffire ; et il appartient aux organisations membres de la Conférence de se mettre à la disposition de l'épiscopat local pour susciter, soutenir, coordonner une action capable de favoriser, par son ampleur et sa continuité, l'essor du catholicisme en ces contrées.

Au surplus, les tâches imparties aux catholiques sont multiples et il importe de n'en sous-estimer aucune : « L'Eglise, rappelait le Saint-Père en parlant de l'Afrique, ne pousse pas seulement à la piété, mais elle répond à toutes les questions de vie » 5. Or, la Conférence des O.I.C. est particulièrement apte, grâce au large éventail de ses compétences, apostoliques, sociales, culturelles, charitables, professionnelles, à répondre à tant de besoins divers et simultanés ; elle peut offrir les concours, d'ordre religieux ou profane, que les missions espèrent recevoir des pays d'ancienne chrétienté.

5 Discours du 5 octobre 1957 ; A. A. S., XXXXIX, p. 938, et Documents Pontificaux 1957/ P- 585-




Certes l'effort demandé à la Conférence est considérable ; et elle ne peut y faire face qu'en informant l'opinion catholique et en se développant elle-même davantage. Le Saint-Père a confiance qu'elle trouvera pour son action un appui efficace en de nombreux pays, où elle est encore trop peu connue ; Il souhaite également qu'elle s'ouvre largement à la collaboration des catholiques d'Afrique et d'Asie. A travailler ainsi d'un même cceur, faisant appel au concours de tous et portant ensemble leurs efforts là où, selon le jugement de la hiérarchie, les tâches sont plus pressantes, les membres de la Conférence acquerront plus vivement le sens de l'unité et de la catholicité de l'Eglise. « Puisse le Seigneur faire croître et abonder votre charité les uns envers les autres et envers tous les hommes ! » (1Th 3,12).

La formation de l'esprit catholique chez les jeunes.

Mais il est un dernier point sur lequel je me dois d'attirer l'attention de la Conférence. Pour développer cet esprit vraiment catholique, que recommande l'encyclique Fidei donum, et pour préparer des générations chrétiennes ouvertes à la coopération internationale et aux tâches missionnaires, c'est sur la jeunesse qu'il faut faire porter l'effort principal. « Nous voudrions, disait le Saint-Père au Congrès de l'apostolat des laïcs, attirer spécialement votre attention sur un aspect de l'éducation des jeunes catholiques : la formation de leur esprit catholique » 6. Dans la famille et dans la paroisse, à l'école et dans les groupements de jeunesse, que les enfants prennent très tôt « conscience de leurs responsabilités envers les autres et des moyens de les aider » ; qu'ils apprennent « comment prier à la messe, comment l'offrir avec une intention qui embrasse le monde entier et surtout les grands intérêts de l'Eglise » 1. Les Organisations de la Conférence auront à cceur de se faire, dans leurs propres milieux, l'écho de cette recommandation de Sa Sainteté.

6 Ibid. p. 932, resp. 578. ? Ibid.




Que Marie, Reine des Apôtres, fasse descendre sur vos travaux, par sa maternelle intercession, l'effusion des grâces divines ; c'est en lui confiant à nouveau les intentions si graves qu'il recommandait à ses fils dans l'encyclique Fidei donum, que le Saint-Père vous accorde, ainsi qu'à tous ceux qui participeront à l'Assemblée de Bad Godesberg, une très paternelle Bénédiction apostolique.




DISCOURS A DES PARLEMENTAIRES D'ISLANDE

(3 avril 1958) 1






Recevant en audience un groupe de parlementaires d'Islande avec leurs familles, le Saint-Père prononça un bref discours en anglais, dont voici la traduction :

Nous vous souhaitons une cordiale bienvenue, Messieurs. Des visiteurs d'Islande sont rares, en vérité, et Nous Nous plaisons à espérer qu'ils ne s'en sentent que davantage les bienvenus. Nous Nous rappelons avec plaisir la visite, l'an dernier, de votre illustre président, accompagné de son aimable épouse ; et aujourd'hui, votre parlement — la plus ancienne assemblée parlementaire existant au monde — envoie une digne représentation, conduite par le chef de l'aviation. Un exemple encourageant a été ainsi donné, et Nous envisageons le jour où un plus grand nombre de vos concitoyens se trouveront mêlés aux foules innombrables de pèlerins, qui viennent chaque année de toutes les parties du monde à cette ville éternelle, une cité riche plus que toute autre en souvenirs historiques et sacrés.

Si votre parlement remonte à plus de mille ans, il est également intéressant de noter que le premier contact de l'Islande avec le Saint-Siège fut établi par ses intrépides missionnaires il y a plus de neuf cents ans. Ils apportèrent à votre terre de champs de neige étincelants, de geysers et de volcans, le message sauveur de la vérité divine, enseigné par Celui dont le monde chrétien commémore cette semaine, avec une piété reconnaissante, la passion et la mort rédemptrices ; et il est particulièrement consolant pour Nous de savoir que Notre

Vénérable Frère, Notre Vicaire apostolique en Islande, est actuellement un fils de chez vous, comme le fut le premier évêque là-bas au onzième siècle.

Vous retournerez bientôt, Messieurs, vers vos foyers, dans le Nord lointain ; aussi Nous vous demandons d'apporter Nos saluts paternels à tout votre peuple. Dites-leur que le Père commun les bénit et prie pour que les meilleurs dons de Dieu puissent enrichir leurs âmes, en apportant la paix et un vrai bonheur à leurs familles et à leur pays. Que Dieu vous protège dans votre voyage et vous ramène sains et saufs à ceux qui vous sont chers.


ALLOCUTION AUX DIRIGEANTS DE LA « LUFTHANSA »

(3 avril 1958) 1






Les hôtes d'honneur et les dirigeants de la « Lufthansa », qui participèrent au voyage inaugural Rome-Francfort-Hambourg, avaient tenu à présenter leurs hommages filiaux à Sa Sainteté Pie XII. Aussi, furent-ils reçus en audience spéciale par le Saint-Père, qui leur adressa un bref discours en allemand, dont voici la traduction :

Nous Nous réjouissons de pouvoir vous saluer ici, honorés Messieurs de la Lufthansa. Après une interruption de dix années, il y a trois ans que vos appareils ont repris leur place dans le trafic aérien. La constitution de votre deuxième Lufthansa, a été, comme vous le dites, un départ entièrement nouveau, qui n'a conservé de la première que son « bon renom ». Ce dernier toutefois, comme tout « bon renom » implique une valeur morale : le courage de la précédente Lufthansa associé à une certitude prudente, consciente de ses responsabilités, en un mot ce que vous nommez votre « haute tradition ». La nouvelle Lufthansa, reposant sur vos efforts, a déjà retendu un réseau à mailles serrées à l'intérieur de l'Allemagne et au-dessus des continents jusqu'à Téhéran, Montréal, Santiago du Chili. Nous vous félicitons de ce départ réussi.

Et maintenant vous inaugurez, en étroite liaison avec « Alitalia », un service aérien journalier direct Francfort-Rome. Nous ne doutons pas que cela contribue à favoriser les bons rapports entre l'Allemagne et l'Italie, non seulement sur le plan économique, mais aussi dans le domaine culturel en général, et Nous Nous en réjouissons. Toute amélioration du trafic

avec Rome profite aussi à la Ville éternelle, en tant que Centre de la catholicité.

L'actuel service des transports terrestres, maritimes et peut-être plus encore aériens, exige un personnel accompli, parfaitement à la hauteur de sa tâche et remplissant exactement et scrupuleusement son devoir. Le mot « scrupuleux » exprime lui aussi une exigence morale. Nous désirons vivement que Dieu accorde à ceux à qui vous confiez la conduite de vos appareils, la tension psychologique nécessaire et souhaitons de tout cceur que la divine Providence veille avec bonté sur la direction de vos entreprises.


LETTRE AU PREMIER CONGRÈS DES ÉTATS DE PERFECTION DU PORTUGAL

(3 avril 1958) 1






Le Congrès des états de perfection du Portugal s'est tenu à Lisbonne du 8 au 14 avril 1958, sous la présidence de S. Em. le cardinal Cerejeira, patriarche de Lisbonne ; 1500 représentants d'une centaine d'Ordres et de Congrégations y ont participé. A cette occasion, le Souverain Pontife envoya la Lettre apostolique suivante, traduite d'après le texte original latin :

A Nos chers fils du Portugal participant au Congrès des états de perfection.

Il Nous a été très agréable, à Nous qui remplissons la charge de Pasteur suprême de l'Eglise, d'apprendre que beaucoup de religieux devaient se réunir à Lisbonne pour répondre avec l'obéissance empressée qui leur est due aux voeux de la Sacrée Congrégation des Religieux. Ce Nous fut également une grande consolation de savoir que vous avez uni vos prières assidues et votre diligente application pour un bon et fructueux déroulement de votre Congrès. C'est pourquoi Nous avons pleine confiance que d'abondantes grâces du ciel accompagneront vos travaux et vos résolutions.

1 D'après le texte latin de VOsservatore Romano, éd. quot., du 16 avril 1958 ; traduction française de la Documentation Catholique, t. LV, col. 577 et suiv. Les sous-titres sont également de la Documentation Catholique.




Tandis que sur les rives du Tage, avec l'encouragement de vos évêques, s'achève la construction d'un grand monument dédié au Christ-Roi devant apparaître à tous comme le symbole du peuple portugais qui a plus étendu la foi catholique que son Empire, vous, religieux — dans cette ville qui n'est pas seulement la capitale du Portugal, mais aussi des peuples qui dépendent de lui dans de nombreuses îles et sur les continents —,



vous accomplissez par ce Congrès un des efforts les plus efficaces pour que le Christ vainque, règne et commande, d'abord en vous-mêmes, qui recherchez la perfection chrétienne, et ensuite dans les populations de votre pays et de vos terres d'outremer.



Le rôle des Instituts religieux dans l'histoire du Portugal

L'histoire de l'Eglise apparaît manifestement à tous comme extrêmement brillante et riche de réalisations dans les fastes du Portugal. Ces fastes et cette histoire ne peuvent s'écrire convenablement que si l'on fait ressortir comme il convient le rôle primordial qu'y jouèrent les Instituts religieux. D'abord les Ordres militaires qui, par le sang de leurs membres ont élargi les limites du monde chrétien et ensuite ont permis d'ouvrir de « nouveaux cieux et de nouvelles mers » à l'Europe. Les Ordres monastiques et les Ordres mendiants ensuite qui, par la parole et par l'exemple ont imprégné la vie de vos ancêtres des principes qui régissent les moeurs chrétiennes. Les Ordres de clercs réguliers enfin, qui ont travaillé ardemment avec les autres Ordres, non seulement à enrichir les âmes des citoyens par l'enseignement des lettres et des sciences, mais aussi à faire embrasser le christianisme aux peuples de l'Orient et de l'Occident avec lesquels vos ancêtres entrèrent en contact. Qui ne connaît, parmi les illustres hommes d'Eglise, votre saint Antoine, de l'Ordre des Frères Mineurs, à qui Dieu a donné de faire tant de miracles, qui mérita le titre de docteur que Nous lui avons décerné et qui aujourd'hui, dans le monde entier, est pieusement vénéré de tous ? Sans oublier le vénérable Barthélémy des martyrs, de l'Ordre des Frères Prêcheurs, archevêque-primat de Bra-ga, le puissant promoteur et propagateur de la « Réforme catholique », qui au Concile de Trente fit l'admiration de tous.

Si personne ne peut écrire comme il faut l'histoire du Portugal sans parler de l'action des religieux des Ordres que Nous avons cités, il semble également bien certain que cette action, qui autrefois fut si glorieuse, ne peut se continuer de cette façon qui fit l'originalité de votre histoire sans les religieux de ces mêmes Ordres, et ceux des autres Instituts actuels. Ceci apparaît avec plus d'évidence lorsque l'esprit s'élève à la considération des richesses dont abondait votre pays autrefois. Il avait, en effet, une vigueur telle que son nom et sa réputation se répandirent au-delà des mers les plus lointaines ; il menait une vie chrétienne exemplaire ; il avait en abondance les connaissances qui sont nécessaires pour le développement de la culture. Qui ne voit que cela en bonne partie n'est plus parce que, au XVIIIe siècle, sous l'effet de la contrainte, le nombre des religieux a diminué, surtout dans les Missions, jusqu'à complète extinction en 1834, et parce que la même chose se reproduisit presque en 1910 ?



La renaissance actuelle

Cependant, pour relever les courages abattus par ces épreuves, il y eut de nombreux signes par lesquels se fit sentir la présence de la main douce et bonne que vous appelez avec reconnaissance « la gloire de notre patrie qui mille fois la sauva ». On vit ainsi un renouveau de recherche de la vertu chrétienne. Et le Portugal, après huit siècles d'existence, se réconcilia publiquement avec l'Eglise sous le patronage et la tutelle de laquelle il naquit autrefois. Parmi les plus grands bienfaits qui découlèrent pour l'Eglise et votre patrie de la conclusion de l'accord missionnaire, il faut placer l'augmentation du nombre des Instituts religieux et de leurs membres. Cette double augmentation semble être le meilleur signe d'un retour à l'intensité première de vie chrétienne.

Beaucoup d'Instituts, en effet, dont les membres participent à ce Congrès, n'existaient pas parmi vous il y a quelques années. Ils s'établirent au Portugal pour coopérer à l'oeuvre d'évangélisation dans les provinces d'outre^mer.

Il faut reconnaître que ce que l'on appelle l'oeuvre missionnaire est, chez vous, de mieux en mieux comprise et de plus en plus estimée de beaucoup ; jusqu'à être soutenue par le gouvernement de ce pays, afin qu'elle s'étende davantage et qu'elle soit « bien éclarée ». (Rm 10,2 1P 3,7) Vos évêques, avec la persévérance et la grandeur d'âme qui les caractérisent, aidés de la libéralité des fidèles, ont pu restaurer, multiplier et entretenir les Séminaires diocésains. Ce n'est pas sans joie qu'aujourd'hui ils voient votre Congrès, tant ceux dont les diocèses sont au-delà des mers, parce que la plus grande partie de leur clergé appartient à vos Instituts, que ceux du Portugal, parce qu'ils voient sous leur tutelle se former une pépinière de missionnaires qui, un jour exerceront leur activité, soit dans leur diocèse, soit en dehors, et tous parce que, ayant la charge de veiller à ce que leurs brebis « aient la vie et qu'elles l'aient en abondance » (Jn 10,10), ils voient dans les différents Instituts de perfection religieuse des centres où, sous l'impulsion du Saint-Esprit, elles peuvent se retirer pour y rechercher la perfection grâce au cadre de la vie religieuse et à l'aide qu'elle offre.

Ce qui est encore plus important, c'est que vos Instituts non seulement sont agréables aux dirigeants, mais font mieux connaître et aimer de tous, au Portugal, la vie religieuse qui est ordonnée à l'acquisition de la perfection évangélique. Ne craignez donc pas : avec l'aide de Dieu, votre petit troupeau, comme Nous l'espérons, augmentera bientôt en nombre et en qualité.



anciens Instituts ne sont pas devenus inutiles

A plusieurs reprises déjà, Nous avons parlé des états de perfection et Nous avons proposé les méthodes les plus aptes à obtenir ce renouvellement de vie recherché, adapté aux besoins actuels. Vous avez eu connaissance des documents déjà publiés par le Saint-Siège sur cette question, et certainement vous vous appliquez avec docilité et diligence à les mettre tous en application. Il Nous suffira donc d'évoquer quelques points.

D'abord ceux-là se trompent qui estiment que vos anciens Instituts ne sont plus utiles à l'heure actuelle. Il y a chez vous beaucoup d'églises, de vieux monastères, auprès de cloîtres presque déserts, qui brillent de l'éclat artistique des siècles passés. Ne les voit-on pas encore de nos jours, ici ou là, en certaines occasions, se remplir de fidèles, et même de gens sans religion, qui viennent écouter les chants et voir la splendeur des cérémonies liturgiques, là surtout où refleurit la vie des anciens moines ?

Mais « la main du Seigneur n' est pas trop courte » (Is., lix, i), et « l'Esprit souffle où il veut », (Jn 3,8). C'est pourquoi, au cours des siècles sont apparues de nouvelles formes de vie religieuse « en vue du perfectionnement des saints..., pour l'édification du Corps du Christ ». (Ep 4,12). En effet, vous tous vous constituez dans l'Eglise des écoles de sainteté, légitimement reconnues par elle en tant que telles. Là où elles manquent, la vie chrétienne ne peut que rarement revêtir cette entière perfection qui doit être tenue pour une note du Corps mystique du Christ dans son état présent. Dans beaucoup d'Instituts de perfection, cette vie chrétienne est au plus haut point encouragée, développée, mise en lumière.



L'aide au clergé diocésain : l'Action catholique

Il est certainement nécessaire d'aider fraternellement le clergé diocésain, tant dans ses fonctions apostoliques que dans sa vie spirituelle et d'encourager davantage l'apostolat des laïcs selon les différentes formes de l'Action catholique, cela répond pleinement au nouveau souffle du Saint-Esprit qui anime l'Eglise. Mais, si cette ardeur des âmes n'est pas « bien éclairée » et si elle se manifeste d'une manière qui diminue, soit chez les prêtres, soit chez les fidèles, l'estime pour le clergé qui se trouve dans les états de perfection ou pour les Instituts séculiers de perfection, une telle action peut sans aucun doute avoir des effets déplorables, même si les intentions sont excellentes, et affaiblir la vie des communautés chrétiennes qui devrait plutôt être stimulée par l'unité multiforme et la charité universelle du « Christ total » 2.

De plus, une vie religieuse irradiant aux yeux de tous la splendeur des vertus est très importante pour le développement de la vie chrétienne dans chaque diocèse, surtout dans ceux où la charge pastorale des âmes est confiée à des religieux.



Ce qui est immuable et ce qui doit être adapté dans chaque Institut

Vos Instituts, même s'ils sont très anciens, non seulement demeurent très utiles, mais peuvent parfaitement être adaptés aux besoins de notre temps. Comment, cependant, souhaite-t-on cette rénovation adaptée aux besoins actuels ?

Il ne fait pas de doute qu'elle ne suppose pas seulement que les supérieurs commandent et que leurs subordonnés obéissent. Mais il faut aussi, tant dans la préparation des candidats que dans la formation des novices et dans la vie des profès, une disposition d'âme telle que toujours l'on voit et l'on apprécie bien clairement ce qui dans l'Institut doit être tenu pour nécessaire et immuable, et ce qui n'est que traditions ajoutées au cours des temps et devant s'adapter aux vicissitudes des temps.

2 S. Augustin, Serm. 341 ; P. L., 39, col. 1409.




Il est donc requis que chaque Institut, outre les principes de vie chrétienne qui doivent être appliqués à la perfection religieuse, connaissent parfaitement ce qui distingue leur Institut des autres, selon la pensée de leur fondateur, approuvée par l'autorité de l'Eglise. Le religieux qui ignore cela ne peut pas adapter comme il faut son Institut aux besoins de notre époque.

En ce qui concerne les traditions qui ont été ajoutées aux Instituts au cours des temps, il ne faut pas les rejeter dans l'oubli pour cette seule raison qu'elles sont anciennes et que les temps se renouvellent sans cesse. Mais il est nécessaire qu'elles n'empêchent pas ni ne rejettent dans l'ombre des biens plus grands chaque fois qu'ils sont reconnus tels et que le demandent les nouvelles circonstances ou les nouvelles réglementations de discipline ecclésiastique. Il serait injuste de supprimer ces biens « au nom de votre tradition ». (Mt 15,3)

Nous voulons aujourd'hui, chers fils, parler d'une façon particulière de certaines questions relatives à l'apostolat. Dans l'oeuvre de formation de la jeunesse par les écoles et les collèges, dans la formation chrétienne des âmes, dans la direction spirituelle, dans les diverses oeuvres charitables, dans les Missions et dans toutes leurs oeuvres, les familles religieuses appliquent leurs principes pédagogiques propres et leurs méthodes propres qu'ils ont reçus de leurs fondateurs, comme un héritage sacré et qui souvent ont porté très longtemps des fruits abondants. Tout cela fait partie du trésor de l'Eglise et il n'est pas permis de le mépriser.

Vous devez être prêts à accomplir des tâches plus difficiles ; cependant, bien qu'extrêmement louable, cela ne doit pas s'appliquer indistinctement à chaque Institut, mais doit s'accorder seulement avec la fin particulière assignée par le Saint-Siège à chacun.



Education chrétienne et vocations

C'est Notre désir et celui de tous les gens de bien que ceux que l'inspiration divine conduit à embrasser la vie religieuse soient le plus nombreux possible. « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ». (Mt 9,37) Attachez-vous davantage à cet apostolat dit « familial », qui est exercé par les adultes particulièrement dans les mouvements d'Action catholique.

Que les parents non seulement écartent les craintes qu'ils auraient à ce sujet, mais que par l'exemple quotidien de leur vie chrétienne, ils travaillent efficacement à obtenir le plus grand honneur qui puisse leur échoir : donner leurs fils au sacerdoce ou à des Instituts de vie religieuse. Que les exemples donnés dans la famille soient tels que l'on puisse dire d'elle, en une certaine manière, qu'elle est le premier Séminaire et le premier noviciat.

Il faut, de plus, examiner les conditions dans lesquelles se trouve l'éducation de la jeunesse. Nous savons que l'Eglise a d'excellents établissements d'éducation dirigés par des religieuses, tant au Portugal que dans certains de ses territoires d'outremer. Mais les collèges pour l'éducation et la formation des garçons sont beaucoup moins nombreux. Puissent-ils se multiplier, non seulement pour que davantage d'âmes soient formées chrétiennement, mais pour que par eux beaucoup d'âmes soient, comme autrefois, poussées par la grâce divine vers les tâches sacrées qui vous sont si nécessaires, particulièrement en Afrique. Il est vrai qu'il y a pour cela de nombreux Séminaires où les enfants sont formés à cette fin dès après leurs études élémentaires par leurs directeurs et leurs maîtres. L'expérience, cependant Nous a montré que les résultats que vous avez déjà obtenus sont absolument insuffisants et ne correspondent pas aux besoins croissants. Il faut cependant faire remarquer que là où les enfants sont bien chastes et s'efforcent de vivre chrétiennement, il s'en trouve beaucoup qui sont appelés par Dieu à son service et y répondent spontanément et volontiers. D'une façon générale, ces qualités s'obtiennent plus facilement dans les maisons d'éducation qui sont confiées à l'Eglise.



Conclusion

Vous pouvez, certes, vous glorifier d'avoir autrefois permis à beaucoup de peuples d'être appelés à la lumière de l'Evangile. Il n'est cependant pas suffisant de se le rappeler, mais il faut travailler activement à recréer les conditions dans lesquelles cette gloire pourra se renouveler continuellement, pour qu'ainsi le Portugal continue la tâche qui lui a été confiée par la divine Providence.

Mais en attendant, dans la mesure où les circonstances le permettent, il est nécessaire de préparer soigneusement à la vie religieuse les candidats qui existent déjà et de faire en sorte que ceux qui se sont déjà engagés dans cette vie s'appliquent à améliorer chaque jour leur formation. Il s'ensuivra pour l'avenir des bienfaits abondants et durables, même si en attendant on pourvoit moins aux besoins actuels.

Les temps dans lesquels nous entrons exigent des religieux éminents par leur piété, leur science et leur vertu. Non pour que l'on parle de vous ou de vos Instituts en termes élogieux, mais dans l'intérêt du bien de l'Eglise, pour que, si le monde vous loue, cela revienne à la louange de l'Eglise.

Le Portugal, « tant en métropole qu'outre-mer », conserve de nombreux monuments, édifiés par des religieux ou à eux offerts par reconnaissance, principalement pour former des communautés de vie, soit contemplative, soit active. Ces monuments anciens semblent revêtir la même signification que celui en voie d'achèvement consacré au Christ-Roi. Ils abritaient des hommes et des femmes mus par le même esprit qui vous anime en ce Congrès, pour que tout soit mis en oeuvre au service de la propagation universelle du nom chrétien et de la vertu chrétienne.

Que Jésus, votre Roi, et Marie, votre Reine et Patronne, accordent en abondance les dons célestes à chacun de vous et à vos oeuvres, à chacun de vos Instituts, à vos projets, à vos familles et à vos collaborateurs. En gage de ces dons et en signe de Notre bienveillance, Nous vous accordons de tout coeur à tous et à chacun de vous la Bénédiction apostolique.


Pie XII 1958 - DISCOURS A DES ANCIENS COMBATTANTS ET A DES FAMILLES DE DISPARUS