Pie XII 1958 - DISCOURS A DES DÉLÉGATIONS DE L'AFRIQUE FRANÇAISE


DISCOURS A L'OCCASION DU SYMPOSIUM INTERNATIONAL SUR LES RADIATIONS IONISANTES

(15 avril 1.958) 1






Recevant en audience spéciale les membres d'un Symposium international, organisé par la Société italienne de radiologie médicale et de médecine nucléaire, le Souverain Pontife a prononcé en français le discours suivant :

Soyez les bienvenus, Messieurs, qui participez au « Symposium international sur les grandeurs, les unités et les méthodes de mesure des radiations ionisantes », organisé à Rome par la Société italienne de radiologie médicale et de médecine nucléaire. C'est avec plaisir, vous le savez, que Nous accueillons toujours les chercheurs et les praticiens réunis en congrès pour confronter les résultats de leurs travaux. Si la science pure en retire la première des avantages bien précis, innombrables seront ensuite les bénéficiaires qui, sans même le soupçonner peut-être, profiteront de ces nouvelles acquisitions et d'une mise au point plus parfaite des méthodes.

L'extension de la radiologie médicale et l'utilisation des radiations en biologie et dans l'industrie font valoir, avec une insistance accrue, le besoin d'en mesurer avec exactitude l'intensité et les effets biologiques. Nul n'ignore en effet le péril qu'elles peuvent représenter pour l'organisme humain ; l'exemple des radiologues qui en furent victimes, et surtout les effets dévastateurs spectaculaires des engins nucléaires, ne sont que trop présents à l'imagination des hommes d'aujourd'hui. Vous-mêmes relevez, dans l'un de vos rapports, les répercussions défavorables qu'elles exercent d'habitude sur les cellules reproductrices. De là découle évidemment la nécessité de mesurer, aussi exactement que possible, l'intensité de ce rayonnement dans ses diverses applications. Mais ici vous vous trouvez aux prises avec deux types de problèmes : l'un d'ordre conceptuel, l'autre d'ordre pratique. C'est d'abord le concept même de « dose de radiation », qui est en cause et qui a subi, comme vous le rappelez, une lente évolution au cours de ce dernier demi-siècle. Pour répondre aux exigences d'une précision plus grande, on fut amené à distinguer entre la « dose d'exposition » et la « dose d'absorption » ou « dose énergétique », et à fixer en conséquence des unités différentes pour chacune d'elles : le roentgen et le rad. La question d'ailleurs n'est pas encore vidée, et vous discutez en ce Symposium les caractéristiques d'autres unités et l'intérêt que présenterait leur emploi, entre autres dans la protection de la population contre les radiations nocives.

Dans le domaine pratique, vous examinez les méthodes de mesure du rayonnement, leur degré de précision, leurs inconvénients, les facteurs susceptibles de les perturber. Vous évoquez les aspects spéciaux de cette recherche, lorsque l'on met en oeuvre dans la radiothérapie profonde les énergies considérables fournies par les machines accélératrices modernes.

Quel profane ne s'étonnerait devant la complexité, que révèle ce secteur pourtant bien délimité de la radiologie ! Mais aussi comment ne pas admirer la ténacité des chercheurs et l'exigeante probité, qui les pousse à ne point se contenter d'estimations approximatives, mais à poursuivre une mise au point rigoureuse de leurs instruments ? Effort amplement justifié par la gravité de l'enjeu, c'est-à-dire finalement par les vies humaines, dont le sort dépend souvent de l'utilisation adéquate de la radiothérapie. Il n'est rien de petit ni de négligeable, lorsqu'il s'agit de servir davantage les intérêts de la personne. Mais encore faut-il reconnaître en quoi consiste sa véritable grandeur et n'utiliser les ressources immenses, dont dispose la technique moderne, qu'en vue d'accroître ses énergies spirituelles et de l'affranchir des servitudes du corps et de la matière. Où tendrait le labeur patient d'équipes scientifiques entretenues à grand frais, s'il n'aboutissait à la libération progressive de l'homme, à la suppression de ses entraves physiques et morales, à l'emploi judicieux de ses forces conservées ou reconquises ?

En ce temps de Pâques, l'Eglise qui célèbre le triomphe du



Christ sur la mort et sur toutes les formes du mal, convie l'effort humain à s'y associer. Que l'espérance chrétienne soit la vôtre et vous apporte le réconfort de ses lumineuses certitudes ? Au-delà des succès et des revers qui jalonnent la lente progression de toute existence individuelle, elle révèle l'ultime fin, qui oriente cette marche laborieuse et que l'apôtre saint Paul exprimait en ces termes : « Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts, donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8, xi).

En gage de la protection et des faveurs divines que Nous appelons instamment sur vous-mêmes et sur tous ceux qui vous sont chers, Nous vous donnons bien volontiers Notre Bénédiction apostolique.


LETTRE A SON EXC. MONSEIGNEUR VON STRENG, POUR LA RÉOUVERTURE DE L'ÉCOLE ST-MICHEL DE ZOUG

(15 avril 1958) 1






Le 24 avril 1958, l'Ecole normale catholique, fondée à Zoug en 1880 pour les Suisses alémaniques, fêtait sa réouverture. A cette occasion, le Souverain Pontife fit parvenir une Lettre autographe de félicitations à S. Exc. Mgr von Streng, êvêque de Baie et Lugano. En voici la traduction, d'après le texte original allemand :

Ce fut pour Nous une grande satisfaction d'apprendre que lors de leur Conférence de juillet 1957, les évêques suisses ont décidé la réouverture de l'Ecole normale catholique libre Saint-Michel, qui avait été fondée en 1880 à Zoug pour la formation des instituteurs primaires destinés aux cantons suisses alémanique de religion mixte, mais qui avait dû être fermée il y a une vingtaine d'années, en raison des difficultés de l'époque. Vous Nous apprenez, Vénérable Frère, que les catholiques suisses ont été d'une générosité dépassant toute attente dans les collectes qui ont été faites pour le rétablissement et l'entretien de l'Ecole normale qui pourra ainsi rouvrir ses portes le 24 avril. Vous exprimez le désir de recevoir Notre Bénédiction pour les solennités de cette journée et pour l'avenir de l'Institut.

C'est bien volontiers que Nous répondons à votre demande, espérant fermement que l'Ecole normale catholique libre Saint-Michel sera au plein sens du mot ce qu'elle s'est proposé d'être :



1 D'après la traduction française de la Documentation Catholique, t. LV, col. 769 et suiv. Le texte original allemand a été publié par la Schweizerische Kirchenzeitung, no 18, 1958.



un lieu de formation d'authentiques instituteurs catholiques, ainsi qu'un « Centre catholique d'étude pour l'enseignement et l'éducation ».



Les droits de l'Eglise en matière d'enseignement

L'Eglise peut s'enorgueillir de ce que personne plus qu'elle n'a lutté efficacement en faveur du droit des parents sur leur enfant, sur son éducation et sa formation, droit bien inscrit dans l'ordre que Dieu a établi par la nature et la révélation.

Mais l'Eglise reconnaît aussi, en principe et en pratique, le droit de l'Etat sur l'école, dérivé de la tâche qui lui a été confiée par Dieu de se préoccuper du bien commun. L'école doit donner toute l'instruction et la formation civique que l'Etat est en droit d'attendre de ses citoyens selon les circonstances.

Dieu a confié à l'Eglise elle-même la direction de l'humanité sur le plan religieux et moral. Elle est mère et médiatrice de la vie surnaturelle. La surnature cependant suppose la nature et elle lui est intimement unie. C'est pourquoi les revendications de l'Eglise s'étendent au domaine naturel dans la mesure où celui-ci influe sur l'obtention des fins surnaturelles.

L'Eglise catholique ne voit son idéal éducatif réalisé que dans l'école catholique. Les écoles qui sont orientées par d'autres idéologies ne peuvent pas assurer aux jeunes catholiques une éducation à la fois vaste et unifiée. L'Eglise n'a pas à se préoccuper que de l'enseignement religieux ; la foi catholique au contraire doit étendre son rayonnement sur tout l'enseignement. Il est certain qu'il faut respecter pour chaque matière ses droits particuliers ; mais il faut lui assigner le rang et la place qui lui reviennent dans l'ensemble de l'enseignement et de l'éducation.



L'école catholique et l'amour de la patrie

L'éducation patriotique, dans le sens vrai et permanent du mot, celle qui éveille chez les adolescents l'amour de leur patrie et leur fait prendre conscience des valeurs et des hauts faits de leur pays, est certainement aussi bien assurée dans l'école catholique que dans les autres. Elle l'a cent fois prouvé depuis longtemps. Elle est au premier rang de ces éducateurs qui donnent à l'amour de la patrie un soubassement religieux et moral. Cependant, elle met en garde contre tout nationalisme malsain et exagéré, car un aspect essentiel de la pensée catholique est que la dignité de tout homme doit être respectée, et que la justice, la bienveillance, la reconnaissance des biens qui lui sont propres sont dues non seulement à son propre peuple, mais aussi à tous les autres.



Le maître est l'âme de l'école

Nous avons dit, dans une précédente occasion, que le maître est l'âme de l'école2. L'école catholique ne peut être ce qu'elle doit être que là où le maître et la maîtresse, par leur personnalité, d'une façon toute naturelle et comme allant de soi, donnent vie à tout ce qui constitue l'atmosphère catholique de leur école. Mais cela suppose que les années de formation du futur instituteur auront mûri sa foi et auront affermi et éprouvé sa vie religieuse et morale, ainsi que son caractère de chrétien et de catholique. Inutile de dire, par ailleurs, que l'école catholique doit pouvoir soutenir la comparaison avec toute autre école par son équipement technique et par sa valeur pédagogique.

L'école normale catholique Saint-Michel sera en même temps un centre d'études sur l'éducation et la culture catholique ; comme Nous l'avons entendu dire, la direction et la formation des jeunes élèves instituteurs sont entre d'excellentes mains. Tout cela est bon présage de ce que la pédagogie catholique, avec le riche trésor de ses principes non frelatés, son expérience et les preuves qu'elle a données et continue à donner, trouvera dans l'Institut nouvellement rouvert un lieu de prédilection et que la formation qui y sera donnée aux jeunes instituteurs atteindra les buts qui lui sont assignés.

2 Allocution du 31 décembre 1956 à des instituteurs bavarois ; A. A. S., XXXXIX, p. 64 ; Documents Pontificaux 1956, p. 771.




Que le Dieu tout-puissant, veuille donner pour cela en abondance sa force et sa grâce. En gage de quoi, Nous accordons d'un coeur paternel à la direction, au corps professoral et aux étudiants de l'Ecole normale qui rouvre ses portes, ainsi qu'à tous ceux qui, par leur générosité, ont aidé à sa réouverture, la Bénédiction apostolique.




DISCOURS AUX CULTIVATEURS DIRECTS D'ITALIE

(16 avril 1958) 1






Les participants au XIIe Congrès de la Confédération italienne des cultivateurs directs ont été reçus, le 16 avril, en audience pontificale dans la Basilique Saint-Pierre.

Voici la traduction du discours italien que le Souverain Pontife prononça en cette circonstance :

Une rencontre avec vous, chers fils, est toujours un doux réconfort pour Nous ; aussi, chaque fois que, à l'occasion de vos congrès nationaux, vous avez demandé Notre bénédiction, Nous vous avons accueilli de la meilleure façon qu'il Nous était possible, avec une tendresse affectueuse et paternelle. Nous avons voulu ainsi vous démontrer Notre vive espérance, voire Notre certitude, que vous continuerez à avancer sur la grande voie dans laquelle vous vous êtes engagés avec une hardiesse confiante dès les premiers jours de votre existence. Il fallait surmonter la mentalité compréhensiblement individualiste de beaucoup et la large méfiance envers toute forme d'association ; il fallait d'autre part résister aux invitations et aux insistances de ceux qui vous recherchaient afin d'obtenir l'appui nullement négligeable de vos membres à leur organisation ; mais vous avez préféré demeurer autonomes, en unissant vos efforts afin de pouvoir plus facilement pourvoir à votre action de défense, de conquête, de construction positive.

Affectueux salut et félicitations pour les tâches accomplies.

Nous n'avons pas oublié qu'à votre premier congrès national, déjà, vous invitiez tout le monde à méditer sur le fait que « les familles de cultivateurs directs italiens sont chrétiennes, par tradition et par profonde conviction » ; aussi persuadés que « l'élévation matérielle et morale des familles rurales n'est possible qu'à la lumière du christianisme », « vous affirmiez solennellement votre adhésion aux principes de l'école chrétienne-sociale », en mettant fin à toute hésitation et en fermant la porte à toute tentative d'équivoque 2.

Cette adhésion, loin de constituer un obstacle à la réalisation de vos buts légitimes, a facilité votre action, en lui conférant un caractère d'opportunité et de sagesse, que d'autres en réalité n'auraient ni su ni pu lui donner. C'est ainsi que commença une série de conquêtes méritées, qui ne sont pas près de diminuer, ni en nombre ni en valeur ; si bien qu'aux nombreux heureux succès déjà remportés par votre Confédération dans le domaine syndical, économique, fiscal et de prévoyance, s'est récemment ajouté celui d'une loi qui étend aux cultivateurs directs, aux fermiers et aux métayers la pension d'invalidité et de vieillesse, grâce à quoi on prévoit qu'en 1958 six cent mille cultivateurs directs seront admis à la percevoir. Pour développer la vie de votre association, des efforts notables ont été également faits de tous côtés en Italie. Selon les informations qui Nous sont parvenues, 2,233 sections locales ont déjà leur propre siège, où l'on peut se réunir périodiquement pour lire la presse, pour s'informer sur la publication de nouvelles lois en faveur de l'agriculture, pour écouter des conférences de caractère technique et syndical, pour effectuer enfin les rencontres sociales, qui profitent tant à la compréhension mutuelle et préludent à une activité faite d'intelligence et de concorde.

Nous voudrions en outre vous féliciter de ce que votre XIIe Congrès vous trouve une fois de plus victorieux bien que d'autres continuent à affirmer qu'ils sont les vrais et les uniques défenseurs des humbles classes et qu'ils s'efforcent de diminuer votre victoire.

2 Cf. ier Congrès' de la Confédération nationale des cultivateurs directs, novembre 1946, p. 46.




Vous, au contraire, vous avez tenu à renouveler votre confiance en ceux qui n'ont pas déçu vos justes aspirations. Votre



vote est allé à ceux qui n'ont rien omis de ce qui pouvait être fait pour la défense de vos droits fondamentaux et pour vous assister dans vos nombreuses et diverses nécessités. Cette bonne volonté de vous venir en aide a eu pour résultat les 837 mille hospitalisations totalisant 10 millions de journées ; les 4 millions de « services spécialisés » et la construction de 90 dispensaires.

Et maintenant, après Notre affectueux salut, soucieux comme Nous le sommes de votre bien, spécialement dans l'ordre spirituel, voici une pensée d'exhortation à vivre votre vie avec toujours davantage de conscience, avec toujours davantage de zèle, avec toujours davantage de dignité. En effet, vous aussi, vous avez la possibilité d'affirmer et de développer votre être humain, votre vie chrétienne. Vous l'avez comme hommes, vous l'avez comme cultivateurs des champs.



Chaque homme a une fonction irremplaçable dans le Corps du Christ.

1. — Etant admis que chacun peut chercher à améliorer sa propre condition par tous les moyens licites, il est toutefois certain que toute vie est en elle-même pareillement précieuse devant les hommes et devant Dieu. En effet, si elle était vécue comme elle doit l'être, elle équivaudrait à un accomplissement parfait d'un devoir sacré ; elle serait en conséquence un authentique service de Dieu, un acte d'amour envers lui et, pour lui, un acte d'amour du prochain. Si l'on considère ensuite que tous les chrétiens sont une partie d'un mystérieux édifice dont la pierre d'angle est le Christ (Ep 11,20-21) ; qu'ils sont greffés sur le même tronc vivant, le divin Sauveur (Rm 11,24) ; qu'ils sont membres d'un corps unique sous le même chef, Dieu incarné (Eph. v, 30) ; alors on comprend que ce qui importe ce n'est pas le type de pierre, de branche, de membre qu'ils sont, mais au contraire et seulement que chacun sache être à sa place, en remplissant parfaitement sa fonction. Parce que toute oeuvre sera ainsi l'exécution d'un ordre de Jésus, l'accomplissement d'un de ses désirs, et recevra de lui consistance, efficacité et valeur.



L'amélioration matérielle et spirituelle des milieux ruraux.

2. — Mais vous avez aussi une mission spécifique, et Nous vous exhortons à la comprendre, à l'estimer, à la vivre.

a) Vous devez avant tout vous employer à l'amélioration du niveau de vie parmi les travailleurs des campagnes. Il faut l'améliorer de plus en plus au moyen de la bonification des terres et d'une juste et saine réforme foncière ; il faut vous employer afin que soit de plus en plus répandue la propriété cultivée directement.

Vous devez agir en faveur de l'accroissement et de l'amélioration de la production, de la diminution des frais, et d'autre part afin que les caractéristiques propres à la demande des produits agricoles et la rigidité que l'on constate dans l'offre de ceux-ci ne nuisent pas aux prix et ne diminuent pas la consistance effective de vos revenus.

Nous ne pouvons manquer d'attirer votre attention sur un groupe particulier, qui est entre tous le plus faible économiquement, le moins développé socialement et le moins protégé : Nous voulons parler du groupe représenté par les catégories des ouvriers agricoles, dont la condition se trouve aggravée par le poids du chômage et de la sous-occupation, spécialement dans les zones de petite propriété morcelée.

b) Parallèlement à l'amélioration matérielle doit progresser l'amélioration spirituelle.

Voici quelque temps, il y a eu un cri d'alarme, qu'il serait dangereux d'estimer tout à fait sans fondement, même s'il apparaît nécessaire de ne pas en exagérer la portée. L'indifférence religieuse, l'incroyance déclarée, l'hostilité préconçue, qui, dans le lointain passé, étaient propres à certaines classes intellectuelles et, récemment, avaient contaminé les catégories ouvrières, seraient en train de s'emparer également des travailleurs des campagnes ; ceci se produirait, en vérité, alors que l'on note un consolant mouvement de retour des premières et un arrêt des secondes dans le processus matérialiste.

Vous ne devez rien omettre afin que les saines traditions religieuses des campagnes italiennes restent intactes et triomphent des tentatives de perversion qui sont accomplies de divers côtés et par tous les moyens. Certainement les cultivateurs directs donnent dans ce sens un spectacle réconfortant : tout, dans leur vie et dans leur action, veut s'inspirer de la foi chrétienne, de telle sorte que les principes, les buts, la méthode soient changés par l'Evangile et par la doctrine de l'Eglise. Le caractère explicitement familial de leur entreprise est d'une aide particulière pour eux ; aussi, rien de ce qui désagrège la famille n'est accueilli favorablement par vous et cela explique pourquoi le matérialisme athée se heurte et se brise contre une sorte de mur solide, chaque fois qu'il tente de s'ouvrir un passage pour pénétrer parmi vous.

c) Une mission toute particulière et vraiment providentielle de votre organisation est de donner un exemple concret de la façon dont on peut tendre avec le plus grand zèle à la réalisation de buts matériels, sans céder en aucune manière aux sollicitations des ennemis du Christ. Vous êtes la preuve évidente de l'erreur que l'on commet, de l'équivoque sur laquelle on joue, quand on tente d'accréditer l'affirmation selon laquelle un christianisme, accepté dans ses vérités et pratiqué dans ses normes, provoquerait des arrêts ou des ralentissements dans la marche vers le vrai progrès.

Puissent tous les illusionnés, tous les égarés considérer votre ferme et sereine volonté de progrès dans l'ordre et dans la paix. Puisse l'Italie retrouver encore une fois dans les campagnes une des plus solides bases morales et sociales pour son développement nécessaire. Et vous, chers fils, cultivateurs directs, soyez les plus authentiques et les plus simples, les plus chrétiens et les plus humains.


RADIOMESSAGE AUX FIDÈLES DE SARDAIGNE

(24 avril 1958) 1






Le 24 avril, à l'occasion du cinquantenaire du Couronnement de Notre-Dame de Bonaria, près de Cagliari, le Souverain Pontife a adressé un radiomessage en italien aux fidèles de Sardaigne. En voici la traduction :

Nous nourrissions depuis longtemps le désir de vous adresser la parole, chers fils et filles de la noble Sardaigne, traditionnellement fidèle au Siège apostolique, pour vous manifester Notre affection paternelle et l'estime et la confiance que Nous mettons en vous, qui vous êtes comme réveillés ces dernières aimées en une nouvelle ardeur de vie et d'oeuvres. Nous sommes donc reconnaissant à la divine Providence de Nous donner cette occasion en une solennelle journée, où le bon peuple sarde, guidé par de zélés pasteurs et les autorités civiles, a accouru à la sainte colline de Bonaria pour se presser en un seul élan de foi, auprès du trône de la Vierge, comme pour lui confirmer de nouveau, par un pieux plébiscite, le titre de „ Patrona Massima " de l'Ile, approuvé déjà, il y a 50 ans, par le saint Pape Pie X.



La Sardaigne, héritage et fief de Marie.

Admirant par la pensée, dans le cadre enchanteur de votre beau ciel et des plages resplendissantes, le spectacle d'allégresse religieuse, que vous offrez en cette heure aux regards de la patrie céleste et de la patrie terrestre, Notre cceur se réjouit, avec l'ardeur de vous y précéder — et c'est votre désir — dans l'hommage à celle qui, Mère commune et Reine, embrasse maternellement toutes vos familles, vos catégories, vos institutions régionales, comme son héritage particulier. Nous sommes certain que, nourris de pensées et de sentiments chrétiens, vous serez d'accord avec Nous si Nous affirmons que la Sardaigne peut être considérée à juste titre comme l'héritage et le domaine de Marie et qu'elle entend le rester dans l'avenir. L'acte solennel de la possession surnaturelle de l'Ile par Marie fut signé, pour ainsi dire, sur la colline de Bonaria, lorsque, selon une pieuse tradition, y aborda, provenant de rivages inconnus, sa prodigieuse image, vénérée et jalousement conservée depuis environ six siècles, comme palladium céleste de la ville de Cagliari et de toute la Sardaigne. Cet événement, entouré d'une délicate atmosphère de tendre piété mariale, sembla couronner la précédente histoire religieuse de l'Ile, dont les pages lumineuses se distinguent par le fait qu'elles sont empreintes de la fidélité au Siège de Pierre, depuis les siècles lointains. La Sardaigne, en effet, noeud des voies maritimes parcourues par les civilisations méditerranéennes multiformes, objet de disputes et de convoitises entre royaumes et empires à cause de la prospérité de son sol et de sa position avantageuse, si proche de Rome et de son rayonnement, connut et accueillit de bonne heure le christianisme. Il reste à son honneur d'avoir donné l'hospitalité à de nombreux et insignes chrétiens de l'Eglise romaine, exilés là par la fureur des persécutions, entre autres le futur Pape Calixte et son successeur Pontien, qui baigna la terre sarde de son sang versé pour le Christ. Les Pontifes romains, de leur côté, s'employèrent avec une sollicitude ininterrompue, quand ils n'en furent pas empêchés, à l'accroissement de la prospérité de l'Ile : sur le plan spirituel, puisque, dès la fin du VIe siècle, elle eut avec saint Grégoire le Grand la première réorganisation ecclésiastique, et depuis le XIIe siècle les archevêques de Pise furent désignés comme légats pontificaux pour la Sardaigne ; et sur le plan temporel où furent organisées les institutions civiles et guéries les blessures, trop souvent causées par la négligence ou par les incursions des potentats méditerranéens. Nous faisons ainsi allusion à l'histoire civile tourmentée de votre terre non pas tant pour indiquer les motifs extérieurs du certain abandon dans lequel elle arriva à se trouver parfois dans le passé, mais pour mettre en juste relief un des traits les plus insignes du peuple sarde, c'est-à-dire l'attachement pour ainsi dire fervent à l'Ile, manifesté dans la stabilité de



demeure, malgré les inconvénients du passé, et dans la conservation intacte de son caractère ethnique. Un élément prépondérant de cette prérogative a été de tout temps la foi chrétienne, maintenue à l'abri d'erreurs, tenue en haute estime par vos aïeux et dont la solidité dans les coeurs est marquée et prouvée par une fervente dévotion pour la Vierge. On comprend donc l'importance salutaire, au cours de votre histoire religieuse et civile, du sanctuaire de Bonaria, comme centre de vie chrétienne et de dévotion mariale. Nous désirons rappeler certaines manifestations et certains fastes de la fervente affection des Sardes envers la Mère de Dieu, dans l'histoire du sanctuaire, tels que l'érection en basilique mineure de ce sanctuaire, les innombrables autels et chapelles dédiés dans l'Ile à Notre-Dame de Bonaria, les fréquents pèlerinages de toutes les bourgades et villes, le nom de Bona ou des mystères de Marie donné à vos filles, les Confréries et les pieuses Unions fondées en son honneur, les visites rendues dans le passé par des évêques et vice-rois avant de prendre possession de leurs charges, les récents congrès mariais diocésains et régionaux tenus près du sanctuaire, mais surtout le recours fréquent et jamais déçu du bon peuple à son trône de grâce, spécialement des milieux de marins et de pêcheurs, dont les nombreux ex-voto autour de l'image prodigieuse proclament la miséricorde maternelle de Marie. Mais, comme signe éloquent d'une si fervente dévotion populaire, Nous voudrions mentionner aussi l'ancienne formule de salut, que le peuple sarde a encore l'habitude d'échanger dans le langage régional, et qui est un noble écho du latin de vos Pères : bandit cum Deus, va avec Dieu ; abarrit cum sa Mamma, reste avec sa Mère.



Les valeurs chrétiennes traditionnelles ne sont pas inconciliables avec le progrès moderne.

Mais, au-delà et au-dessus de ces manifestations extérieures de foi, il y a également chez le peuple sarde une substance de vie chrétienne, qui, tout en faisant son honneur, attend toutefois d'être plus intensément alimentée et développée, au fur et à mesure que se multiplient, pour vous aussi, les dangers et les menaces, inaperçus ou évidents, de ceux qui ne tolèrent pas le triomphe de Dieu sur la terre et s'efforcent de combattre l'Eglise du Christ. Conserver à la Sardaigne d'aujourd'hui et de demain le trésor ancestral de la foi et de la vie chrétienne, sous l'égide maternelle de Marie ; c'est là la signification que la Vierge de Bonaria entend donner à la célébration d'aujourd'hui. Elle veut conclure comme un pacte d'honneur et de sécurité avec vous, heureusement orientés vers le renouvellement de vos institutions, de telle sorte que, pendant qu'elle s'engage à demeurer la protectrice bienveillante de votre peuple, vous restiez, comme par le passé, fidèles à toute épreuve dans l'obéissance à son divin Fils Jésus-Christ.

Cet engagement de votre part est plus que jamais urgent et opportun en un moment comme celui-ci, important et délicat pour l'histoire de l'Ile, animée du vif désir de rattraper le temps perdu sur la voie du progrès. Il est nécessaire qu'une incitation aussi vive et agissante dans le domaine spirituel et moral soit en même temps sentie et entretenue par tous, peuple et autorités, pour empêcher que le progrès matériel ne devienne un lustre extérieur et nuisible aux valeurs essentielles et plus élevées. Vous êtes dignes d'admiration à coup sûr, pour ce que vous avez accompli jusqu'à présent et ce que vous vous proposez de réaliser dans l'avenir afin d'élever l'Ile au niveau des autres régions prospères de l'Italie. Avec raison, on dit que la Sardaigne a renouvelé son visage en quelques années, et beaucoup de ses problèmes difficiles ont été ou seront résolus, grâce à l'activité intelligente des habitants et au moyen de la contribution efficace de la patrie commune. Comme Nous l'avons appris avec satisfaction, dans l'espace d'environ une dizaine d'années, une grande superficie de sol abandonné a été restituée à la culture, la production agricole et l'élevage zootechnique augmentés, de nouvelles industries fondées, celles existant déjà améliorées, les centres habités même les plus éloignés pourvus d'énergie électrique, d'imposantes digues et de nouveaux aqueducs construits, la viabilité notablement améliorée, les ports restaurés, la malaria vaincue, des hôpitaux nouveaux et modernes fondés, les centres urbains aménagés et les maisons pour le peuple multipliées. Le souffle rénovateur a été heureusement étendu aussi aux institutions, aux rapports sociaux, à l'organisation du travail, à l'assistance publique, en particulier à l'instruction et à la culture. Il reste encore beaucoup à réaliser, d'autres problèmes attendent leur solution, mais il y a un motif fondé de bien espérer, tant que le peuple sarde et ses dirigeants maintiendront vivant l'esprit restaurateur dans les règles de sagesse démontrée jusqu'à présent, en résistant à la séduction de mirages vains et de progrès mal compris. En effet, par exemple, un mirage vain et pernicieux serait le concept de « moderniser » même les valeurs spirituelles, familiales et sociales, préservées jusqu'à présent des contaminations matérialistes et hédonistes. Chez vous aussi, en effet, il y en a qui osent estimer les valeurs chrétiennes traditionnelles comme désormais dépassées et par conséquent inconciliables avec le progrès moderne. Si une telle suggestion, avait le dessus, à Dieu ne plaise, votre Sardaigne subirait un dommage bien plus grand que la stérilité et l'abandon qui lui furent causés par les déprédations des incursions du passé. Il faut donc promouvoir ce qui est sain, pour renforcer, développer et enraciner plus profondément les bonnes traditions. Ce sont, par exemple, la sainteté du mariage et la cohésion de la famille, l'éducation morale de la jeunesse inspirée des normes chrétiennes de la pureté, de la pudeur, de l'obéissance aux parents, la simplicité et presque l'austérité des moeurs, l'harmonie entre le laïcat et le clergé, le dévouement au travail, la dévotion pour la région en tant que partie vivante et active de la patrie commune. Vouloir détruire ces qualités du peuple sarde signifierait vouloir effacer sa physionomie, obscurcir la splendeur de sa noblesse, le dépouiller de ses trésors les plus précieux.



Que chacun donne ce qu'il a de mieux, avec un sens aigu de ses responsabilités.

Qu'un avenir digne de votre meilleur passé soit donc devant votre regard comme un but et un programme. Qu'y tendent ceux que vous choisissez comme guides de la vie civique, des hommes d'une honnêteté à toute épreuve et dévoués à la chose publique sans partialité, si ce n'est pour les plus humbles ; que la digne classe des intellectuels y tende par l'étude assidue et l'exercice consciencieux de leurs devoirs ; qu'y tendent les jeunes, étudiants ou artisans ou travailleurs des champs, sur la mer ou dans les mines, persuadés de coopérer dans une unité de résultat à la prospérité commune ; mais qu'y tendent surtout ceux que Dieu a choisis comme ministres au milieu de son peuple, les prêtres, afin que, par la doctrine, l'exemple, le zèle, ils soient parmi vous le sel de la terre et la lumière du monde (Mt 5,13-14). Dans une communauté, comme la vôtre, relativement restreinte, l'on respire pour ainsi dire sensiblement l'atmosphère de famille ; si chacun y donne le meilleur de soi-même, sans se soustraire à ses responsabilités, l'avenir ne connaîtra pas d'incertitudes, mais sera marqué par une harmonie d'intentions, une réalisation d'oeuvres, en un mot une plénitude de vie sociale. Plénitude de vie : c'est là l'idéal dont l'Eglise a toujours inspiré son action dans le monde. Elle veut que la vie des peuples, non moins que des individus, se développe dans l'ordre de ses éléments multiples, sans exclusion d'aucune valeur authentique et sans préférences unilatérales au détriment des autres. Elle ne craint pas le progrès et la modernité. Tout peut et doit concourir à édifier la cité chrétienne : religion et science, technique et économie, travail, culture et art. On ne fixe pas de limites à l'activité humaine, si ce n'est celles imposées par la saine évaluation morale, selon l'enseignement de l'apôtre qui écrivait aux Philippiens : « Aussi bien, frères donnez libre cours à vos pensées en tout ce qu'il y a de vrai, de vénérable, de juste, de saint, d'aimable, de bonne réputation, en tout ce qui est vertu et louange » (Ph 4,8).



Fidélité au Christ et à l'Eglise, sous la protection de Marie.

Chers fils et filles de Sardaigne, c'est là ce qu'il Nous semble que veuille vous dire votre Mère et Reine, la très Sainte Vierge de Bonaria, en même temps qu'elle vous promet assistance, protection et soutien permanents. Vous serez tous attentifs, Nous n'en doutons pas, à ses avertissements maternels, en vous estimant de la sorte liés à elle par un pacte d'honneur et de sécurité. La fidélité est un trait authentique de votre caractère, et Nous en avons déjà fait l'éloge. Ou bien elle sera entière et constante ou bien elle ne sera pas. La vraie fidélité ne tolère point de doutes, de perplexités, d'évasions même temporaires ; c'est un dévouement sans condition, une disposition à servir, un empressement au sacrifice. Jamais autant qu'à présent la fidélité au Christ n'est devenue la vertu capitale du chrétien ; jamais elle ne fut mise à l'épreuve autant qu'à présent. Il Nous semble que le Christ répète à chacun de vous une demande semblable à celle qu'il adressa à Pierre sur les rives du lac de Tiberiade : « M'aimes-tu ? M'aimes-tu ? », et qu'il regarde profondément dans vos yeux, anxieux d'y lire la sincérité de la réponse : « Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime » (Jn 21,16). Vicaire du Christ, Nous vous demandons, Nous-même, aujourd'hui avec la même anxiété : serez-vous fidèles au Christ et à l'Eglise ? Nous ne doutons que vous, que la Sardaigne, île de la fidélité, vous répondrez par un oui de conviction et de sincérité, égal à celui prononcé par vos pères, le jour où la Vierge de Bonaria, abordant sur vos rivages, semblait vous demander hospitalité et affection.

Afin que Notre confiance en vous ne soit jamais déçue, en demandant au Dieu tout-puissant et à la très Sainte Vierge de vous soutenir dans vos oeuvres, et de vous combler tous d'abondantes faveurs célestes, Nous vous donnons de tout coeur Notre paternelle Bénédiction apostolique.



LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LE Ille CONGRÈS NATIONAL ITALIEN DES GENS DE MAISON

(24 avril 1958) 1






Par une lettre de S. Exc. Mgr Dell Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'Etat, le Souverain Pontife a fait parvenir ses encouragements et ses directives au troisième Congrès national italien des gens de maison. Voici la traduction de ce document pontifical, rédigé en italien et adressé à Mgr Santo Quadri, assistant ecclésiastique à la Centrale des A.C.L.I. (Association catholique des travailleurs italiens) :

Au IIIe Congrès national des groupes de gens de maison A. C. L. I. (section féminine), qui aura lieu très prochainement à Rome et dont le thème sera : « Le travail domestique, vraie profession », l'Auguste Pontife désire faire parvenir des paroles d'exhortation et d'encouragement paternel ; en même temps, il fait des voeux ardents et des prières pour que le Seigneur daigne en féconder les travaux par d'abondantes grâces, gage de fruits salutaires et de conclusions pratiques.

1 D'après la traduction française de la Documentation Catholique, t. LV, col. 910 et

suiv.




Si, à première vue, le thème de ces importantes assises peut sembler n'être qu'une recherche spéculative et doctrinale, il se révèle, au contraire à qui l'examine plus attentivement, une prémisse de résultats vitaux, propres à engager la conscience des gens de maison, dont l'activité chrétiennement acceptée comme une vocation d'en haut, aura — avec une physionomie morale et juridique nécessaire bien définie — des vues et des fins qui, loin de s'arrêter au produit immédiat et caduc d'un travail matériel, atteindront la vie éternelle elle-même.

Faire en toutes choses la volonté de Dieu

La source principale de la dignité et de la noblesse qui caractérisent toute activité humaine est unique pour toutes : Dieu et sa volonté ; de sorte que l'homme peut donner à ses actions, même aux moins productives matériellement, une précieuse valeur transcendante et surnaturelle quand il travaille en état de grâce. C'est l'enseignement lumineux de l'Apôtre : « Soit que vous mangiez, soit que vous buviez ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » (1Co 10,31) Et encore : « Vous, serviteurs, obéissez en tout à vos maîtres, non pas seulement à l'oeil et pour plaire aux hommes, mais avec simplicité de coeur, dans la crainte du Seigneur. Quoi que vous fassiez, faites-le de bon coeur, comme pour le Seigneur..., sachant que vous recevrez du Seigneur pour récompense l'héritage céleste. » (Col 3,22-24)



La noblesse du travail domestique ; la préparation culturelle et spirituelle des travailleurs

D'autre part, ainsi que le Saint-Père l'a fait observer dans un récent discours, le travail des domestiques, même considéré comme un simple service rendu à la société, ne le cède, en dignité, à nul autre travail matériel ; bien plus, il surpasse tous ceux qui ont pour objet « les choses », lui qui a pour objet « le prochain et est par conséquent un travail éminemment humain, semblable, toute proportion gardée, à celui de l'infirmière et de l'enseignante 2 ».

2 Pie XII. 19 janvier 1958 ; cf. supra p. 47.




Opportunément, donc, le Congrès traitera, entre autres, la question de la préparation culturelle et spirituelle, ainsi que professionnelle et pratique, des travailleuses de la maison ; à cette occasion et aux mêmes fins, au cours même du Congrès, sera inaugurée à Rome la première session des travaux de la Casa délia lavoratrice domestica A. C. L. L, laquelle est destinée à cette préparation et servira aussi de Centre récréatif et social pour les femmes domestiques de Rome et de l'Italie centrale, de même que fut créée et a été inaugurée récemment la Scuola na-zionale délie lavoratrici domestiche A. C. L. L, à Cevo Valsa-viore, dans la province de Brescia.

Le Saint-Père en est vivement satisfait, comme de la meilleure contribution à la nouvelle conception du travail domestique, à son élévation et ennoblissement ; et il nourrit l'espoir que, grâce à l'intervention et à l'aide des autorités publiques, surgiront beaucoup d'autres écoles, ou tout au moins de cours de formation, semblables à ceux que les A. C. L. I. ont déjà loua-blement organisés ailleurs.



L'apostolat du bon exemple

Animée de ces sentiments, Sa Sainteté renouvelle à ses chères filles, venues pour ce Congrès, ainsi qu'à toutes les collègues qu'elles représentent, l'assurance de sa paternelle bienveillance.

En bonnes chrétiennes, qu'elles donnent partout l'exemple du plus parfait dévouement à leurs tâches. Leur bon exemple sera une sorte d'apostolat, surtout au sein des familles où n'est pas en honneur la pratique chrétienne ; là, leur action imprégnée de piété chrétienne, de modestie, de patience, de soumission docile, de douceur, de charité véritable et affective, aura l'efficacité et l'attrait que l'Evangile vécu exerce irrésistiblement sur les âmes. Qu'elles soient donc reconnaissantes à Dieu celles d'entre elles qui ont l'heureuse fortune d'être accueillies dans des familles qui, pénétrées d'un bon esprit, sont des chaires d'enseignement, des temples de prière, des foyers de sérénité et de paix.

Qu'elle soit enfin propitiatrice d'abondantes lumières et de faveurs célestes sur les travaux du Congrès, comme aussi des grâces souhaitées pour toutes les travailleuses domestiques d'Italie, la Bénédiction apostolique implorée, que le Vicaire de Jésus-Christ donne avec toute l'effusion de son cceur paternel.


Pie XII 1958 - DISCOURS A DES DÉLÉGATIONS DE L'AFRIQUE FRANÇAISE