Pie XII 1958 - DISCOURS A L'UNION DES FEMMES ITALIENNES D'ACTION CATHOLIQUE (2 juillet 1958)


MESSAGE A DES PÈLERINS DE LOURDES

(2 juillet 1958) 1






Le Souverain Pontife a fait parvenir, daté du 2 juillet et rédigé en français, le message suivant aux fidèles réunis au pied de la Grotte de Massabielle le 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, à l'occasion du Centenaire de la dernière apparition de la Vierge Immaculée, à Lourdes :

En la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, les pèlerins de Lourdes, au premier rang desquels Nous aimons saluer les représentants de l'Ordre des Carmes, s'apprêtent à commémorer le centenaire de la dix-huitième et dernière apparition de la Vierge Immaculée à Bernadette. Sur les lieux mêmes, ils évoqueront avec émotion la scène toute simple, qui se déroula sur les bords du Gave. Silencieuse et discrète comme celle du 11 février, cette ultime vision a ravi l'âme de l'enfant par son immatérielle beauté : Jamais, ¦dira-t-elle, je ne l'ai vue si belle !... Depuis cinq mois déjà, les manifestations de piété de la foule et aussi, hélas, les contestations des hommes avaient rendu célèbre la grotte pyrénéenne. Et pourtant, au soir du 16 juillet 1858, les apparitions de Lourdes s'achèvent, presque sans témoins, dans le recueillement et dans l'admiration de la beauté virginale de la Mère de Dieu. Tota pulchra es, o Maria !

Sachez vous aussi faire silence en vos âmes, chers fils, et vous ouvrir à la contemplation des splendeurs divines réalisées . en Marie. Cette exhortation paternelle, que Nous vous adressons en ce jour anniversaire, ne rejoint-eUe pas d'ailleurs la leçon spirituelle de l'antique et vénérable tradition du Carmel, qui vit fleurir au long des âges d'admirables vocations contemplatives ? En ce siècle agité de tant de passions et fasciné par tant de vains mirages, élevez vers Dieu vos regards : ils n'en seront que plus clairvoyants et sereins pour juger des choses de la terre. Et tandis qu'une dure servitude opprime l'esprit de millions d'hommes, arrache de leur cceur connaissance et amour de Dieu et les courbe au service des seules ambitions terrestres, recueillez avec foi l'ultime enseignement de ces apparitions mariales, celui de la prière silencieuse d'une âme docile à la grâce et illuminée par les clartés de l'au-delà.

Priez davantage, chers fils, car les besoins spirituels du monde sont grands ; et combattez, en vous comme autour de vous, les entreprises de l'ennemi du bien. Priez davantage, car les labeurs apostoliques de l'Eglise sont immenses ; et consentez pour elle les sacrifices proportionnés à l'ampleur des tâches. Qu'en cet effort de prière et d'action, auquel Nous vous convions, Notre-Dame de Lourdes vous soit propice !

Sans doute, au rocher de Massabielle, l'Immaculée ne se montre-t-elle plus depuis son dernier adieu à Bernadette. Mais l'eau de la fontaine continue de couler, symbole des grâces innombrables répandues sur cette terre privilégiée. Vers la Mère de Dieu monte l'espérance des foules accourues à la grotte et qui empruntent, pour ainsi dire, aux invocations liturgiques de ce 16 juillet leur prière filiale et confiante : « O Vierge Mère, souvenez-vous de nous auprès de Dieu ; parlez-lui pour notre bien, et détournez de nous sa colère... Très noble Reine du Monde, ô Marie toujours Vierge, obtenez-nous la paix et le salut... » 2.

2 Antienne de l'offertoire et de la communion de la Messe de Notre-Dame du Mont-Carmel.




Mêlez vos voix, chers fils, pèlerins de l'année jubilaire, à cette supplication collective, qui ne cesse depuis un siècle. Méditez à nouveau la grande leçon des apparitions de Lourdes, au moment où vous achevez d'en parcourir le cycle ; écoutez l'appel de votre Mère ; suivez ses conseils ; proclamez ses bienfaits. Nous invoquons sur vous tous la grâce d'une piété mariale toujours plus éclairée et plus généreuse, et vous en accordons pour gage Notre paternelle Bénédiction apostolique.


ALLOCUTION A DES ENSEIGNANTS AMÉRICAINS

(3 juillet ±958) 1






Recevant en audience une cinquantaine de participants aux cours des Ecoles d'été de l'Académie américaine à Rome, le Souverain Pontife prononça un bref discours en anglais, dont voici la traduction :

De nouveau, Nous souhaitons la bienvenue à un groupe d'enseignants, en quête de vérité dans l'histoire, les lettres et l'art. Et la vérité est une beauté, n'est-oe pas, qui reflète, en réalité, la beauté du Dieu de toute perfection. Vos recherches vous ont conduits à Rome, cela se comprend fort bien. Les siècles, les millénaires n'ont-ils pas laissé l'atmosphère même de cette cité éternelle empreinte de souvenirs de puissance, de magnificence et d'universalité impériale ? Romanae spatium est urbis et orbis idem, dit le poète romain 2 (l'espace de Rome et le monde sont une seule et même chose). Les pierres de ses monuments, de ses rues et de ses places parlent de conquête mondiale, lorsque la gloire de la Grèce devint la gloire de Rome3. Il semblait que la splendeur de l'empire romain fût destinée à durer un millier d'années. Or, ces fragments de marbre et de bronze et les pages des manuscrits inestimables d'une littérature qui ne meurt pas racontent seulement l'histoire de temps ensevelis dans le profond passé et d'une force depuis longtemps éteinte. C'est là la loi universelle qui régit tout ce qui n'est qu'humain et terrestre.

1 D'après le texte anglais de Discorsi e radiomessaggi, XX ; traduction française de VOsservatore Romano, du 18 juillet 1958.

2 Ovili. Fast., 1, 2, v. 684.

3 Horat. Epist. 1, 2, 1, v. 156-157.




Mais il est une autre Rome que, Nous en sommes sûr, vous avez découverte — une Rome établie par l'humble pêcheur venu

du lac de Galilée sur les fondements d'une foi donnée par Dieu, et qui au cours des longs siècles non seulement a subsisté, mais est devenue plus forte et étend sa loi de plus en plus loin, en élevant la culture de nations et de peuples au-dessus de la portée d'un esprit païen -et en guidant les hommes le long du chemin à la paix et à l'amour fraternel.

Vous êtes venus au centre de cette Rome, près de la tombe de cet humble pêcheur, et Nous sommes heureux d'avoir pu accueillir votre demande d'être reçus par Nous. Puissiez-vous rapporter de vos études à Rome un souvenir constant qui ravive et élève votre esprit pendant de nombreuses années.


MESSAGE EN L'HONNEUR DE SAINT BENOIT DE NURCIE

(4 juillet 1958)1






Le dimanche 24 août, de grandes fêtes se sont déroulées à Nurcie, pour la réouverture de la crypte et de la maison natale que la tradition attache à la mémoire de saint Benoît. A cette occasion, le Souverain Pontife composa un bref message en italien, dont voici la traduction :

Avec Nos fils très chers de la ville de Nurcie, qui exulte aujourd'hui en voyant vengés de l'injure du temps les lieux qu'une antique tradition a liés à la mémoire de la naissance et de la première éducation de saint Benoît, Nous sommes paternellement présent aux imposantes cérémonies qui ont rassemblé des quatre coins d'Italie et d'Europe les plus hautes autorités ecclésiastiques et civiles, et de nombreux représentants des différentes classes sociales. A ceux qui sont venus pour rendre au Saint le tribut commun de leurs hommages, il Nous est agréable de présenter la douce figure du grand Patriarche, du Père de l'Europe chrétienne.

En faisant Nôtres les voeux de tous ceux qui, présents ou absents, prennent part à ces solennelles manifestations, Nous demandons au Seigneur, par l'intercession de saint Benoît, que la grâce divine, qui l'a guidé lui-même dans la prière et dans l'action pour la restauration de la paix et de l'unité en Europe, assiste aujourd'hui encore tous ceux sur qui pèsent de graves responsabilités, afin qu'ils puissent à leur tour voir heureusement aboutir leurs efforts communs en vue d'unir les peuples d'Europe par les liens d'une véritable fraternité.

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DOCUMENTS PONTIFICAUX



Pour confirmer Nos voeux et Nos prières, Nous accordons de tout cceur au Pasteur du diocèse, aux membres du Comité d'organisation, aux autorités religieuses et civiles de la ville et du pays, d'Italie et d'Europe, le réconfort de la Bénédiction apostolique.

ALLOCUTION A UN PÈLERINAGE DE MADAGASCAR

(5 juillet 1958) 1






Voici les mroles de bienvenue que le Saint-Père adressa à l'impor-« • j„ Madagascar, qu'il recevait en audience speciale le

^ifSt^'^le R-p-Britschu'de la Con^a-

5 juillet. le p ^ R p gmeiserSi S.J., comprenait des prêtres,

tion du baint-Lspr • , de i>Action Catholique et d'autres asso-



C t une grande joie pour Notre coeur de Père d'accueillir aujourd'hui une représentation de l'Eglise de Madagascar De-' l'Année Sainte, Rome n'avait pas reçu de la Grande Ile un teT nombre de prêtres et de fidèles Nous sommes heureux spé-1 nt de saluer nos chers fils les membres du cierge, hon-cia erne^ ^ cnretienté malgache, dont le zèle nous est connu. Ils "^TcT"! dans leurs diocèses un rôle important et Nous Nous ré-°n • 6]as de voir leur nombre et leur compétence augmenter jouisson ^ ann^e Nous savons en effet que de nombreuses votons solidement éprouvées dans les petits et les grands semines préparent aux Evêques de précieux auxiliaires.

Ces espérances dilatent le coeur de tous et invitent à remer-. j Seigneur, qui bénit de façon visible votre cher pays. En 01 rticulier les liens d'affection filiale, que prêtres et fidèles ici présents auront resserrés aujourd'hui avec le Vicaire de Jésus-Christ contribueront à un nouvel essor de la vie chrétienne et , . 'conquête apostolique. Emportez de Rome, chers fils, une ( ¦ 1 ardente et la volonté de la manifester noblement par

toi p us Que votre lumière brille aux yeux des hom-

1 D'après le texte français de l'Osservatore Romano, 25 juillet 1958.




toute votre vie •

mes, pour qu'ils voient vos bonnes oeuvres et rendent gloire à votre Père, qui est dans les cieux » (Mt 5,16). Nous le demandons instamment au divin Maître, tandis que Nous vous accordons de grand coeur, pour vous-mêmes, pour vos familles, vos oeuvres, vos paroisses, vos diocèses, une large Bénédiction apostolique.


MESSAGE AU PEUPLE LIBANAIS

(7 juillet 1958) 1






Par l'entremise de la Nonciature apostolique à Beyrouth, le Souverain Pontife a fait parvenir au peuple libanais un message de sympathie, au milieu des heures graves que traversa cette nation.

Voici la traduction française du document original, rédigé en italien :

Les graves et tristes événements qui, depuis quelque temps, troublent la noble nation libanaise, angoissent profondément le Saint-Père, qui, en ces heures particulièrement difficiles, ne peut que se sentir proche de ses fils, qui s'adressent à lui avec confiance et dont il partage les anxiétés et douleurs.

Sa Sainteté veut avoir confiance qu'une fois éliminés les motifs de discorde et 'de division des esprits, la tranquillité désirée reviendra rapidement au Liban.

Avec le vif désir que ces voeux s'accomplissent, le Souverain Pontife souhaite que toutes les personnes de bonne volonté veuillent concourir au rétablissement d'une paix qui s'appuie sur des sentiments de fraternité et de concorde, s'édifie solidement dans l'amour et dans la charité et dont l'ordre et la justice sont l'expression authentique.

1 D'après le texte italien de VOsservatore Romano, éd. quot., du 7 juillet 1958 ; traduction française de l'Osseruafore Romano, éd. hebd., du 18 juillet 1958. La date indiquée est celle de VOsseroatore Romano.




C'est dans cette intention que Sa Sainteté adresse des prières au Très-Haut, en invoquant pour le peuple libanais le précieux don de l'union des esprits, garantie de prospérité pour l'avenir.


DISCOURS AUX JEUNES FILLES DE LACTION CATHOLIQUE ITALIENNE

(13 juillet 1958) 1






Des dizaines de milliers de jeunes filles, venues de toutes les régions d'Italie, pour célébrer à Rome le 40e anniversaire de la fondation de la Jeunesse féminine d'Action catholique italienne, se sont réunies, l'après-midi du dimanche 13 juillet, sur la place Saint-Pierre.

Le Saint-Père, sur la Sedia gestatoria, est sorti par la Porte de bronze et a parcouru l'immense foule, où les costumes régionaux formaient un merveilleux tableau de couleurs.

Parvenu au trône, qui avait été dressé sur le parvis de la Basilique, le Souverain Pontife prononça, en italien, une charmante allocution, dont voici la traduction :

Il y a quatre mois, chères filles, cette même place était remplie d'une jeunesse joyeuse et fervente, et Nous lui confiâmes notre espoir qu'un avenir meilleur se préparait pour l'Eglise et, à travers l'Eglise, pour le monde entier.

Ce ne fut pas en raison d'un enthousiasme soudain, qui, certes, pouvait sembler facile devant ce merveilleux spectacle ; ni même à cause du désir de stimuler ces jeunes gens à l'action et à la lutte pacifique pour l'avènement du règne du Christ ; mais ce fut plutôt le besoin d'exprimer Notre profonde conviction qui Nous fit évoquer devant l'immense foule de ces jeunes gens le printemps, qui vient après un rude hiver et précède un été fécond et chargé de fruits.

Notre espoir se renforce aujourd'hui en observant l'allégresse de vos visages, en pensant au parfum de vos âmes, en contemplant la splendeur de la vie divine qui est en vous, qui trans-


JEUNESSE FÉMININE D'ACTION CATHOLIQUE 373

paraît de tout votre être ; et voici qu'à Nos yeux de Père cette place semble se transformer, comme par enchantement, en un magnifique parterre fleuri.

Chères filles, vous êtes certainement à la fleur de l'âge, à la fleur de la vie ; vous êtes donc la fleur de l'Eglise, la fleur de l'humanité, la fleur du monde. Fleurs toujours merveilleuses dans leur variété incalculable.



Les différentes fleurs qui ornent la terre.

I. — Qui ne connaît la variété des fleurs ? Elle résulte des lieux où elles prospèrent, des époques où elles éclosent, des soins qu'elles réclament, de la différence de couleurs et de parfums, de la diversité de but auquel elles sont destinées.

Le premier don du printemps ce sont les primevères : petites étoiles, pleines de nectars odorants, souvent au niveau du gazon ou repliées par leur poids sur leur fragile tige. Il y a des fleurs qui s'épanouissent isolées au sommet d'une tige ou qui se réunissent en grappes de forme et de densité diverses ; des fleurs qui s'ouvrent tout le long d'une tige ou à l'extrémité de celle-ci avec des ramifications et longueurs combinées, donnant l'impression de n'être qu'une seule et grande fleur. Il y a des fleurs de montagne, exposées aux rigueurs du froid, aux averses diluviennes, aux puissantes rafales des vents ; des fleurs des champs, qui naissent et croissent de façon presque désordonnée et sans soins particuliers : qui peuvent être cueillies ou laissées se faner ou être foulées aux pieds ; des fleurs de jardin, qui, aux derniers jours de l'hiver, est déjà tout une attente et puis se transforme, comme à l'improviste, en un tapis multicolore. Des fleurs pour lesquelles on prépare la terre, auxquelles on procure les aliments appropriés, dont on choisit les types. Et il y a les fleurs de serre qui est un accessoire du jardin, propre à la culture de plantes qui, en plein air, ne germeraient pas ou ne fleuriraient que très lentement ; des fleurs de serre, où tout est réglé, la lumière, la chaleur, l'humidité ; qui naissent, se développent et se multiplient, sans être pour ainsi dire touchées par l'influence de l'atmosphère extérieure, mais qui, toutefois, doivent avoir de l'air, quand la température le permet, dans le but d'éviter qu'elles ne pourrissent ou que leur croissance ne soit faible.

Les fleurs de la jeunesse féminine.

II. — En parlant de fleurs, c'est à vous que Notre pensée
s'adressait avec insistance. Est-ce que certaines d'entre vous
ne sont pas exposées, comme les fleurs de montagne, à l'assaut
des vents et au choc des tempêtes ? Et que sont les railleries
dont vous êtes parfois l'objet, les insinuations par lesquelles
on tente de rendre moins brillant votre charme spirituel ; que
sont les outrages par lesquels on cherche à vous décourager,
les invitations au mal par lesquelles on veut tendre des lacets
à vos âmes, pour les lier ensuite par les chaînes du péché ?
D'autres sont dans la condition des fleurs des champs, parce
qu'il n'y a personne chez elles qui les assiste convenablement :
petites fleurs sauvages, que l'Association a découvertes et
accueillies ; aussi tant d'entre vous, qui seraient restées privées
d'assistance et ne se seraient pas développées ou auraient vu
leur tige se courber et les pétales de leurs corolles se disperser,
embellissent maintenant et ornent elles aussi le monde dans
lequel elles vivent. Mais on peut dire qu'une grande partie d'en-
tre vous sont nées et ont grandi dans des jardins bien cultivés ;
l'Association a pour ainsi dire pu vous y prendre dans ses bras
quand vous étiez des Toutes-Petites ; elle vous a soutenues
quand vous étiez des Benjamines ; elle vous a guidées, comme
en vous tenant par la main, quand vous étiez des Aspirantes ;
toutes jeunes, vous faisiez avec impatience les premiers pas sur
le chemin de la vie spirituelle et de l'action apostolique.

Aujourd'hui que vous êtes des Adhérentes, elle vous encourage, vous éclaire et vous dirige dans les premiers heurts avec la vie, dans les premières batailles de votre jeunesse parfois tourmentée. Parmi vous, celles qui vivent comme en serre — Nous entendons parler des élèves internes d'Instituts religieux

— trouvent certainement dans l'Association d'Action Catholique

— comme du reste dans d'autres semblables, que l'Eglise bénit et recommande — un moyen approprié pour profiter sans cesse davantage des soins particulièrement intenses qui vous sont prodigués.



Les destinées particulières des jeunes filles.

III. — Mais en parlant de la variété des fleurs, Nous faisions
allusion à la diversité du but auquel elles sont destinées. Et

Nous voudrions ici que votre méditation s'arrêtât sur deux types de fleurs, qui, d'une façon ou d'une autre, devraient toutes vous comprendre : il y a en effet des fleurs qui demeurent toujours telles et sont destinées à être cueillies sans avoir donné naissance au germe de nouvelles vies ; et des fleurs qui, tout d'abord, embellissent la plante et, ensuite, les pétales tombés, cèdent la place aux fruits.



a) La vocation à la virginité.

a) Quelques-unes d'entre vous — pas toutes ni même la plupart — seront appelées par Dieu à la consécration virginale. Nous ferions oertainement tort à votre générosité et à votre enthousiasme traditionnel, si Nous craignions de vous parler avec clarté, comme il convient à un Père qui confie ses anxiétés à ses filles et qui sait qu'elles sont toutes prêtes, toutes ardentes à se dévouer sans condition au Christ et à l'Eglise.

Regardez le monde, chères filles. Il semble indifférent aux valeurs de l'esprit, souvent même hostile à tout ce qui lui rappelle Dieu, ses exigences et ses désirs ; et cependant, il invoque la présence des vierges chrétiennes, partout où il y a une faiblesse à soutenir, un réconfort à apporter, une larme à essuyer. Les orphelins veulent une mère ; les malades cherchent quelqu'un qui les assiste avec désintéressement et amour ; les vieillards souffrants implorent un soutien filial ; les parents et tuteurs demandent des écoles et des instituts dirigés par des religieuses ; les lieux de mission supplient que leur soient envoyées des phalanges de femmes consacrées à Dieu. Le Pape sait que les requêtes parviennent nombreuses chaque jour ; que tandis que tant de jeunes filles, dans de nombreux secteurs de la vie, demeurent oisives et murmurent tristement : nemo nos conduxit (Mt 20,7) ; personne ne nous a .embauchées, ce serait précisément le cas de répéter presque avec angoisse : messis quidem multa (Mt 9,37) : la moisson est grande, mais les ouvriers pour la récolter sont en petit nombre.

Donc si, vraiment, le Seigneur vous appelait, répondez généreusement « oui ». Oh ! Nous le savons, chères filles, vous devrez renoncer à un père, à une mère, à l'époux humain, aux enfants ; renoncer à ce que vous possédez -et pour ainsi dire jusqu'à vous-mêmes. Mais soyez sans crainte : dans ce renoncement, il y a une joie profonde, indicible, déjà sur la terre ;

et puis, dans le ciel, une auréole spéciale de gloire vous attend, parce que vous serez parmi ceux qui « suivent l'Agneau partout où il va » : sequuntur Agnum quocumque ierit (Ap 14,4).



b) Le saint état du mariage chrétien.

b) H y en a d'autres parmi vous — et elles sont la grande majorité — que Dieu a appelées ou appellera bientôt à être des fleurs, qui ne demeureront pas telles, parce qu'elles devront donner, un jour, des fruits, s'il plaît à Dieu, dans un saint foyer.

Nous avons dû, en diverses occasions, réprouver l'erreur de ceux qui affirment que la vierge chrétienne est quelque chose de mutilé, d'incomplet : quelque chose qui ne permet pas d'atteindre la perfection de son être. La virginité est, au contraire, comme une existence angélique, elle est par son excellence un état supérieur à celui du mariage 2. Mais d'autre part, cette supériorité n'enlève rien à la beauté et à la grandeur de la vie conjugale.

Soyez donc conscientes, chères filles, et dès à présent, de la grandeur de l'épouse chrétienne, de la mère chrétienne. Si vous avez en vous cette conscience opportune et claire, vous serez induites à ne rien omettre pour vous préparer dignement à la sublime mission qui vous attend. Un jour — Nous vous le souhaitons paternellement — vous vous agenouillerez au pied de l'autel et vous aurez à côté de vous un jeune homme résolu à vivre avec vous sa vie. Ce jour-là, vous serez liés par un lien dont Dieu est l'auteur, dont la matière est des plus nobles, dont l'acceptation est sacrée ; un contrat que Jésus a voulu élever à la dignité de sacrement, en le mettant ainsi au nombre des choses qui sont et apparaissent les conséquences les plus suggestives et les plus salutaires de l'Incarnation.

2 Encyclique Sacra Virginitas, 25 mars 1954 ; A. A. S., XXXXVI, pp. 161-191 ; cf. Documents Pontificaux 1954, pp. 79-118.




En effet, Dieu s'étant fait homme, la nature humaine devint un instrument de vie pour le Verbe divin, pour la seconde Personne de la Sainte Trinité. Les oeuvres humaines du Christ furent ainsi des oeuvres de Dieu et eurent en conséquence une valeur divine. Car l'Incarnation est le mystère par lequel un corps et une âme humaine formèrent avec la nature divine du



Verbe une seule personne, si bien que l'apôtre Jean put écrire : « Le Verbe s'est fait chair » (Jn 1,14).

Un effet de la grâce, qui est conférée « dans la mesure que le Christ a jugé bon de l'accorder » (Ep 4,7), est que les hommes, avec leur âme, leur intelligence, leur volonté et leur action, et même avec leur corps, sont réellement appelés à participer à la nature divine et deviennent des fils de Dieu. De la sorte, les noces chrétiennes également acquièrent une dignité spéciale, et en vertu du sacrement du mariage une institution humaine — la communauté familiale — se transforme en instrument d'action divine, si bien qu'elle est sanctifiée directement et que votre union conjugale reçoit une empreinte toute particulière de Dieu.

Mais si votre état doit être un jour si grand ; si vous êtes appelées à être un jour des coopératrices de Dieu dans la transmission de la vie, il est nécessaire que chez vous naisse et se fortifie de plus en plus la volonté résolue d'être saintes : d'être telles comme épouses, dans l'union conjugale elle-même et dans l'exercice même de votre amour. A côté de la candide phalange des vierges, que Nous souhaitons voir s'accroître davantage chaque jour, il y aura de la sorte la multitude des saintes épouses. Celles-ci ne se contenteront pas de demander à Dieu la simple bénédiction de leur amour et de leur union, mais imploreront auprès de Lui qu'il dépose un germe mystérieux dans leurs âmes, devenues comme une seule âme avec leur époux : un germe qui fleurira et fructifiera dans leur sanctifica-. tion et celle de leurs enfants.

Chères jeunes filles d'Action Catholique ! En ce printemps de l'Eglise, vous devez fleurir : florete flores.

Toute tentative de vous flétrir, de vous faire perdre le parfum qui constitue votre charme, doit vous trouver indomptables et prêtes à toute épreuve. Fleurissez, chères filles, et multipliez-vous. Multipliez-vous comme se multiplient les fleurs, celles conservées précieusement dans les serres, celles cultivées dans les jardins, celles éparses dans les champs, celles qui ondulent sur les cimes des montagnes.

Fleurissez et multipliez-vous ; mais employez-vous à acquérir chaque jour davantage la conscience que d'autres fleurs ornent d'autres corbeilles dans le merveilleux jardin unique qu'est l'Eglise. Regardez toutes ces fleurs, toutes ces corbeilles, chères filles, avec une profonde sympathie et avec un pur esprit fraternel de collaboration. A cet épanouissement de la charité parmi vous et de vous-mêmes avec toutes les autres sera subordonné l'épanouissement même de vos âmes.

Il y .a une Femme — vous le savez — sur laquelle Dieu voulut poser son regard avec une tendresse infinie, l'ayant destinée à être sa Mère. Son amour toutnpuissant lui conserva intacte l'auréole virginale et, en même temps, lui donna la couronne d'épouse et la dignité de mère.

Regardez-la comme un modèle qui n'a pas été ni ne peut être surpassé : regardez Marie, lis des vallées, qui néanmoins fructifia par l'oeuvre du Saint-Esprit et donna au monde Jésus.

Si vous la regardez, si vous l'imitez, votre fraîcheur demeurera intacte, votre parfum inaltérable, votre charme immuable.


LETTRE ENCYCLIQUE « MEMINISSE JUVAT » PRESCRIVANT DES PRIÈRES POUR LA PAIX DU MONDE ET LA LIBERTÉ DE L'ÉGLISE

(14 juillet 1958) 1






Voici la traduction française, sur le texte original latin, de l'Encyclique « Meminisse juvat », que le Souverain Pontife a adressée aux évè-ques de l'univers entier, afin que, durant la neuvaine précédant l'Assomption, soient prescrites des prières pour la paix du monde et la liberté de l'Eglise :

Il Nous semble opportun de rappeler que, quand de nouveaux dangers menaçaient le peuple chrétien et l'Eglise, épouse du divin Rédempteur, Nous Nous sommes tourné, comme Nos prédécesseurs, dans les siècles passés, vers la Vierge Marie, notre très aimante Mère, pour inviter tout le troupeau confié à Nos soins à s'abandonner plein de confiance à sa protection. Et lorsque le monde fut ravagé par une guerre cruelle, Nous avons mis tout en oeuvre pour exhorter à la paix cités, peuples et nations, et pour inviter les esprits, divisés par les luttes, à un accord mutuel dans la vérité, la justice et l'amour. Nous ne Nous sommes pas limité à cela, mais, voyant que les moyens humains Nous manquaient, Nous avons publié plusieurs lettres pour prescrire des prières, en invoquant les secours divins par l'intercession de la Mère de Dieu, au coeur de qui Nous consacrions toute la famille humaine 2.

1 D'après le texte latin des A. A. S., 50, 1958, p. 449 ; traduction française de l'Osser-vatore Romano, du 25 juillet 1958. Les sous-titres sont ceux de la Documentation Catholique, t LV, col. 961 et suiv.

2 Cf. A. A. S., 1942, pp. 345-346.




Mais, si le conflit mondial s'est éteint, la juste paix ne règne pas encore et les hommes ne la voient pas se consolider en une entente fraternelle. Des ferments vastes de discorde existent, qui menacent d'éclater d'un instant à l'autre et tiennent les esprits dans un état d'anxiété ; et cela d'autant plus que les terribles armes, découvertes par l'homme, ont une puissance capable d'entraîner dans une ruine universelle non seulement les vaincus, mais aussi les vainqueurs et l'humanité tout entière.





I La religion chrétienne, sans laquelle il ne peut y avoir de paix, est bliée et persécutée.

Si nous examinons attentivement les causes de tant de dangers, présents et futurs, nous verrons facilement que les décisions, les forces et les institutions humaines sont inévitablement vouées à l'échec tant que sera négligée, privée de l'honneur qui lui revient ou même supprimée, l'autorité de Dieu, qui est lumière des esprits par ses commandements, et ses défenses, principe et garantie de la justice, source de la vérité et fondement des lois. Tout édifice qui ne repose pas sur une base solide et sûre, s'écroule ; toute intelligence qui n'est pas éclairée par la lumière de Dieu, s'éloigne plus ou moins de la plénitude de la vérité ; quand la charité fraternelle n'anime pas citoyens, peuples et nations, les discordes naissent et se développent.

Or, seule la religion chrétienne enseigne, pour éliminer les haines, les animosités et les luttes, la vérité pleine, la justice authentique et la charité. Elle seule les a reçues en dépôt du divin Rédempteur, voie, vérité et vie (Jn 14,6), et elle en inculque avec force l'observance. Il est clair alors que ceux qui veulent délibérément ignorer la religion chrétienne et l'Eglise catholique, ou qui s'efforcent de l'entraver, de la méconnaître ou de se l'assujettir, affaiblissent par le fait même les fondements de la société, ou lui en substituent d'autres absolument inaptes à soutenir l'édifice de la dignité, de la liberté et du bien-être humain.





a) La loi chrétienne et la religion catholique sont souvent privées de la place qui leur revient.

Il est donc nécessaire de revenir à la loi chrétienne, si l'on veut former une société solide, juste et équitable. Il est nuisible, il est imprudent d'entrer en conflit avec la religion chrétienne, dont la pérennité est garantie par Dieu et attestée par l'histoire. Qu'on y songe bien : sans la religion, il ne saurait y avoir de moralité et d'ordre public dans un Etat. Car la religion forme les esprits à la justice, à la charité, à l'obéissance des justes lois ; elle proscrit le vice ; elle porte les citoyens à la vertu et règle leur conduite publique et privée ; elle enseigne enfin que la meilleure distribution de la richesse ne s'obtient pas par la violence ni la révolution, mais par de justes lois, grâce auxquelles le prolétariat, qui serait encore dépourvu des ressources nécessaires et convenables, puisse être élevé à une condition plus digne, dans une heureuse solution des conflits sociaux. La religion fournit ainsi à l'ordre et à la justice une contribution plus efficace que si elle avait été instituée uniquement pour procurer et accroître le bien-être de cette vie.

Considérant donc la situation présente avec la disposition d'esprit qui Nous élève au-dessus des passions humaines et Nous porte à aimer d'un amour paternel les peuples de toutes les races, Nous Nous trouvons en face de deux causes de grande inquiétude. D'un côté, Nous voyons en de nombreux pays la loi chrétienne et la religion catholique privées de la place qui leur revient. Des foules, surtout dans les milieux moins instruits, sont facilement attirées par des erreurs largement répandues et revêtues souvent de l'apparence de la vérité : au moyen de publications de tout genre, de spectacles de cinéma et de télévision, les appâts du vice exercent une influence néfaste sur les esprits, corrompent spécialement l'imprudente jeunesse.

Beaucoup écrivent et répandent leurs oeuvres non pour le service de la vérité et de la vertu, ni pour le sain délassement de leurs lecteurs, mais, dans un but de lucre, afin d'exciter les passions troubles, ou blesser et salir par le mensonge, la calomnie et l'offense, tout ce qui est sacré, noble et beau. Trop souvent — il est douloureux de le dire — la vérité est dénaturée : et on fait de la publicité à des réalités trompeuses et à des turpitudes. Chacun voit combien un tel état de choses cause de mal à la société elle-même et combien il en découle de dommages pour l'Eglise.

b) Les graves vexations que subit l'Eglise de rite latin et de rite oriental.

D'autre part, Nous avons appris avec la plus vive douleur qu'en maintes nations l'Eglise catholique, de rite latin et de rite oriental, est sujette à de graves vexations ; on met, sinon en paroles, du moins en fait, les fidèles et les ministres du culte, devant ce dilemme inique : s'abstenir de la profession et de la diffusion publique de leur foi, ou subir des dommages même très lourds. Beaucoup d'évéques ont déjà été chassés de leurs sièges, ou entravés dans le libre exercice de leur ministère, ou emprisonnés, ou exilés. En un mot, on ose tenter de réaliser le mot de l'Ecriture : « Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées » (Mt 26,31 Za 13,7).

En outre les journaux, les revues, les publications catholiques sont presque complètement réduites au silence, comme si la vérité dépendait exclusivement du pouvoir et du bon plaisir de ceux qui commandent et comme si les sciences divines et humaines ainsi que les arts n'avaient pas le droit d'être libres pour pouvoir fleurir à l'avantage de tous.

Les écoles, ouvertes jadis par les catholiques, sont interdites et fermées. D'autres ont été instituées à leur place, qui ne dispensent aucun enseignement religieux, ou professent et répandent, comme il arrive très souvent, les maximes mortelles de l'athéisme.

Les missionnaires qui, après avoir quitté le foyer paternel et leur douce terre natale, avaient accepté tant d'incommodités pour porter à autrui la lumière et la force de l'Evangile, ont été expulsés, comme des individus nuisibles et dangereux ; et le clergé resté sur place, numériquement trop faible par rapport à l'étendue du territoire, et souvent objet de haine et de persécutions, ne peut suffire aux nécessités des fidèles.

Avec douleur Nous voyons parfois fouler aux pieds les droits de l'Eglise, à laquelle il appartient de choisir et de consacrer, par le mandat du Saint-Siège, les évêques destinés a gouverner légitimement le troupeau des fidèles. Et cela pour le plus grand dommage des fidèles, comme si l'Eglise catholique était une institution nationale et dépendait de l'autorité civile, et non pas une institution divine, appelée à accueillir tous les peuples.

Malgré ces graves et douloureuses angoisses il est pour Notre coeur de Père un sujet de grand réconfort. Nous savons que la plus grande partie des fideles de rite latin et de rite oriental restent de toutes leurs forces attachés à la foi de leurs ancêtres, bien qu'ils se trouvent privés des secours spirituels que leurs légitimes pasteurs leur accorderaient, s'ils n'étaient pas éloignés ou empêchés. Qu'ils persévèrent donc avec courage et qu'ils mettent leur espoir en Celui qui connaît les pleurs et les souffrances de quiconque « souffre persécution pour la justice » (Mt 5, io) ; il « ne retarde pas l'accomplissement de ses promesses » (II Pierre, 3, 9) mais il consolera un jour par une juste récompense ses fils aujourd'hui affligés.



Les tentatives de schisme.

C'est d'un coeur paternel que Nous exhortons tout particulièrement Nos vénérables Frères et Nos chers fils qu'on force par tous les moyens, même sournois et insidieux, à abandonner l'unité ferme, solide et constante avec l'Eglise et l'étroite union à ce Siège Apostolique, sans laquelle cette unité ne saurait avoir de fondement sûr. Personne, en effet, n'ignore qu'en certains endroits cette unité est menacée et attaquée au moyen d'opinions fallacieuses et par tous les procédés. Mais qu'on se rappelle que le Corps mystique du Christ, l'Eglise, doit recevoir « concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de chaque partie » (Ep 4,16) ; « nous devons parvenir tous ensemble, à ne faire plus qu'un dans la foi et la connaissance du fils de Dieu, et à constituer cet homme parfait, dans la force de l'âge, qui réalise la plénitude du Christ » (ibid., 4, 13) ; ce Christ dont le Pontife romain, comme successeur de Pierre a été établi vicaire sur terre, par disposition divine. Qu'on se rappelle et médite les sages paroles de saint Cyprien, évêque et martyr : « Le Seigneur parle ainsi à Pierre : „ Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise... " (Mt 16,18). C'est sur lui seul qu'il construit son Eglise... Cette unité, nous devons la tenir fermement et la défendre, spécialement nous Evêques, qui gouvernons dans l'Eglise... ».

L'Eglise aussi est une et elle s'étend à une grande multitude par l'incessant accroissement de sa fécondité : de la même façon que les rayons du soleil sont multiples, mais une la lumière ; multiples les branches de l'arbre, mais unique le tronc qui plonge dans le sol ses solides racines : et quand d'une seule source naissent plusieurs cours d'eau, bien que leur nombre semble s'étendre par l'abondance de l'eau jaillissante, néanmoins l'unité est conservée dans la source. Prends au soleil un de ses rayons, l'unité de la lumière ne se divise pas : arrache une branche de l'arbre et celle-ci, brisée, ne poussera plus. Coupe un ruisseau de sa source, il se tarira. Ainsi en est-il aussi de l'Eglise du Seigneur, qui, inondée de la lumière de Dieu, répand ses rayons à travers tout l'univers, mais il ne s'agit toutefois que d'une seule splendeur, partout diffuse, et l'unité de l'organisme n'est pas divisée. L'Eglise étend ses rameaux sur toute la terre avec une luxuriante richesse, elle fait couler en tous lieux des ruisseaux débordants, mais il n'y a qu'un seul tronc, une seule source. Et nul ne peut avoir Dieu pour père, qui n'a pas l'Eglise pour mère... Quiconque ne maintient pas cette unité, ne maintient pas la loi de Dieu, ne maintient pas la foi du Père et du Fils, ne possède pas la vie et le salut » 3.



d) L'Eglise remportera sur tous ses ennemis une victoire pacifique

Ces paroles du saint évêque et martyr seront un réconfort, un encouragement et une protection spéciale pour tous ceux qui ne peuvent en aucune manière, ou du moins sans difficultés, se maintenir en liaison avec le Siège Apostolique, courent de grands dangers et doivent surmonter bien des obstacles et des embûches. Qu'ils s'en remettent donc au secours de Dieu et ne cessent de l'invoquer par de ferventes prières. Qu'ils se souviennent aussi que tous les persécuteurs de l'Eglise — l'histoire nous l'enseigne — sont passés comme une ombre, tandis que le soleil de la vérité ne se couche jamais : « la parole de Dieu demeure toujours » (1P 1,25). La société fondée par le Christ peut être attaquée, elle n'est jamais vaincue, elle qui tire sa force non des hommes, mais de Dieu. Bien plus, il est indubitable qu'elle doit souffrir au cours des siècles persécutions, difficultés, calomnies, comme il en advint de son divin Fondateur selon la prophétie : « S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront, vous aussi » (Jn 15,20) : mais il est également certain qu'en fin de compte, à l'instar du Christ, notre Rédempteur, qui triompha, elle remportera sur tous ses ennemis une victoire pacifique. Ayez donc confiance. Soyez forts et endurants. Nous



3 Saint Cyprien, De unitate Eccles. IV, 5, VI ; P. L., 4, 513, 514, 516-520.

voulons encore vous exhorter — bien que Nous soyons sûr que vous n'en avez pas besoin — par ces paroles du martyr saint Ignace : « Soyez agréables à celui pour qui vous luttez... Qu'aucun de vous ne quitte son poste. Que le baptême vous soit comme une arme, la foi un casque, la charité une lance,, la patience une armure complète, que vos oeuvres soient votre trésor afin qu'elles vous méritent une digne récompense »4.

Que les très belles paroles de l'évêque saint Ambroise vous donnent une sûre espérance et une force inébranlable : « Tiens le gouvernail de la foi afin que les fortes tempêtes de ce monde ne te troublent pas. Assurément la mer est immense, mais ne crains pas, car « il a fondé l'Eglise sur les mers et l'a préparée sur les fleuves » (Ps 23,2). Ce n'est donc pas sans raison que l'Eglise du Seigneur se tient immobile parmi les vagues du monde : elle est fondée sur le rocher apostolique et elle demeure inébranlable sur sa base malgré les assauts de la mer en furie (Mt 16,18). Les flots viennent la battre, mais elle ne bronche pas ; les brisants de ce monde peuvent bien déferler avec fracas alentour, elle offre un havre bien protégé aux marins fatigués » 5.




Pie XII 1958 - DISCOURS A L'UNION DES FEMMES ITALIENNES D'ACTION CATHOLIQUE (2 juillet 1958)