Pie XII 1958 - II. AIMER LA VIE CONTEMPLATIVE


MESSAGE

AU CONGRÈS BIBLIQUE INTERNATIONAL

(28 juillet 1958)1






A l'occasion du Congrès biblique international, qui s'est tenu en août 1.958, à Bruxelles, au Pavillon « Civitas Dei », le Saint-Père a adressé le Message suivant, en langue française, à Son Em. le cardinal Van Roey, archevêque de Malines :

Nous agréons bien volontiers le voeu que vous Nous avez formulé en faveur des participants du Congrès biblique international, qui se tiendra du 25 au 30 août prochain, au Pavillon « Civitas Dei » de l'Exposition Universelle de Bruxelles, et, par votre entremise, très cher fils, Nous leur adressons ce message personnel.

Depuis le début de Notre pontificat, en effet, Nous avons eu à coeur de favoriser le développement des études scriptu-raires et, voici bientôt quinze ans, Nous aimions, par Notre encyclique Divino afflante Spiritu, « stimuler de plus en plus dans leurs travaux tous les fils de l'Eglise qui s'adonnent à ces études » et les encourager à « poursuivre avec tout leur zèle, tous leurs soins et une énergie toujours nouvelle l'oeuvre heureusement entreprise » 2. Par la suite, vous ne l'ignorez pas, Nous n'avons cessé de prodiguer aux exégètes et aux professeurs d'Ecriture Sainte les marques de Notre sollicitude.

1 D'après le texte français de VOsservatore Romano, du 5 septembre 1058.

2 A. A. S., 35, pp. 229 et 324.




Aussi sommes-Nous heureux d'adresser Nos voeux paternels aux maîtres catholiques qui vont se réunir prochainement à Bruxelles, pour mettre en commun les richesses de leur savoir et promouvoir les progrès de toutes les sciences requises à une meilleure intelligence du texte sacré. Dociles à l'Eglise,

s Encyclique Divino afflante Spiritu, ibid., p. 322.




gardienne et interprète des Saintes Ecritures, et forts de Notre estime pour leur tâche parfois austère mais si importante, qu'ils poursuivent avec confiance leurs recherches : par là, « ils contribuent grandement au salut des âmes, au progrès de la cause catholique, à l'honneur et à la gloire de Dieu, et ils accomplissent une oeuvre intimement liée aux devoirs de l'apostolat » 3. En gage de l'effusion des divines grâces sur leurs travaux, Nous leur accordons de grand coeur, ainsi qu'à vous-même, très cher Fils, qui vous êtes fait l'interprète de leur filial désir, Notre très paternelle Bénédiction apostolique.


LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LA REMISE EN HONNEUR DE L'« ANGELUS »

(ier août 1958) 1






Voici la traduction de la lettre adressée au nom du Saint-Père par Son Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'État, au R. P. Balic, O. F. M., président de l'Académie mariale internationale et organisateur du Congrès mariai international2 :

Je n'ai pas besoin d'insister auprès de vous, mon Révérend Père, sur les motifs qui incitent à répandre davantage parmi le peuple chrétien la prière de Y Angelus. J'estime également superflu d'attirer votre attention sur la série d'articles remarquables parus à ce propos dans ï'Osservatore Romano, les 10 et 11 février, le 9 mars, les 24 et 25 mars de cette année, car vous êtes vous-même l'auteur du premier de ces articles.

1 Traduction de la Documentation Catholique, LV, col. 1304, d'après le texte original italien publié dans le programme officiel du Congrès'.

2 Voyez ci-après, pp. 520 et suivantes, le radiomes'sage de Sa Sainteté Pie XII aux participants à ce Xe Congrès mariai international de Lourdes.




L'imminente célébration du Congrès mariai de Lourdes semble offrir une occasion très propice de mettre en lumière l'importance de cette question et de formuler le voeu que les fidèles reviennent à l'usage de cette pieuse pratique et que la sonnerie de cloches qui annonce cette prière soit reprise là où elle est tombée en désuétude et introduite là où elle n'a jamais été en vigueur. Le Congrès mariai donnera aussi l'occasion de conseiller aux catholiques de faire usage de cette prière en vue d'implorer l'aide divine sur les besoins de l'Eglise, spécialement en ce qui concerne la défense du peuple chrétien contre les assauts et la

perfide pénétration de l'athéisme, besoins malheureusement trop réels aujourd'hui.

Me conformant respectueusement à l'ordre auguste du Saint-Père, j'ai d'honneur de vous faire part de ces choses, mon Révérend Père, afin que vous puissiez vous en inspirer pour organiser et orienter les travaux du Congrès.


ALLOCUTION À DES PÈLERINS ESPAGNOLS

(10 août 1958) 1






Recevant en audience un groupe de cent familles espagnoles, qui venaient d'assister à une session spéciale au Centre international « Pie XII », dans le cadre du « Mouvement pour un monde meilleur », le Saint-Père prononça une brève allocution en espagnol, dont voici la traduction :

Rompant avec les exigences de temps et de lieu, Nous avons voulu vous recevoir séparément, très chers fils, et vous adresser un bref salut, non seulement pour vous manifester Notre affection paternelle, mais aussi pour vous montrer l'intérêt avec lequel Nous suivons votre mouvement d'« Equipos de matrimo-nios por un Mundo Mejor ».

C'est une oeuvre formidable que de refaire tout un monde depuis ses fondations ; mais si l'on veut affronter cette entreprise avec des probabilités de succès, il est certain que le premier élément organique qui devra être fortifié sera toujours la famille, constamment appelée la cellule fondamentale de la société. Tout le corps sera ce qu'elle est ; et ils démontrent qu'ils l'ont bien compris ceux qui l'assaillent de tous côtés, avec la complicité des forces du mal et des passions déchaînées.

Faites donc de vos familles de vrais centres de sainteté, où le Seigneur soit toujours présent avec sa grâce ; où l'on prie en commun, pour assister ensuite, aussi en commun, au culte divin et à la réception des sacrements ; où la loi de Dieu soit observée exactement ; où chacun des éléments aspire sérieusement à la perfection avec les moyens que la vie de famille lui procure elle-même et dans l'accomplissement de ses propres devoirs ; où se forgent les esprits de futurs dignes fils de

l'Eglise ; où il y ait une chaleur et une flamme suffisantes pour les faire irradier en faveur de tous ceux qui vous entourent • où se posent tranquillement les yeux d'un Dieu qui sait qu'on y fait continuellement sa très sainte et adorable volonté.

A l'oeuvre, donc, familles ici présentes, choisies parmi les meilleures et, de ce fait, davantage tenues à cela ; à l'oeuvre, familles espagnoles, qui avez toujours été un miroir de toutes les vertus chrétiennes ; à l'oeuvre, familles du monde entier ! Pour transformer la terre en une nouvelle maison de Nazareth, où la présence de l'Enfant-Dieu soit votre exemple, votre force et votre consolation perpétuelle ! Et ayez la certitude que c'est seulement ainsi que l'humanité et, avec elle, toutes les âmes trouveront cette paix et ce réconfort qu'elles cherchent si vainement en suivant d'autres sentiers.

Notre Bénédiction que Nous vous donnons de tout coeur, entend être un gage des meilleures grâces du ciel pour que l'on voie bientôt se réaliser un idéal aussi élevé.




MESSAGE AU XXIV\2e\0 CONGRÈS DE « PAX ROMANA »

(11 août 1958) 1


Le 24e Congrès de « Pax Romana » auquel avait pris part un millier d'intellectuels catholiques, s'est tenu à Vienne (Autriche), du 31 août au 6 septembre ; il avait pour thème : « Université et liberté aujourd'hui ».

A cette occasion, le Saint-Père adressa aux congressistes le Message suivant, en langue française, qui fut lu le 31 août, lors de la séance inaugurale :


Le XXIVe Congrès mondial de « Pax Romana » Nous offre cette année l'occasion de redire Notre estime pour cette importante organisation, et Nous la saisissons volontiers. Déjà affermis par des années d'expérience, ses deux mouvements constitutifs sont toujours prêts à servir les tâches nouvelles qui, dans le monde, s'offrent aux intellectuels et aux étudiants catholiques ; et à plusieurs reprises déjà Nous Nous sommes fait une joie de les encourager par Nos discours ou Nos messages.



L'intérêt du thème étudié.

Aujourd'hui encore, Nous vous félicitons, chers fils et chères filles, d'approfondir dans votre Congrès les justes requêtes de la liberté, telles qu'on peut les définir dans les perspectives particulières de la vie d'une Université. Au coeur de l'Europe, à Vienne, cité d'art et de culture, maintes fois placée au cours de l'histoire aux avant-postes de la défense de la civilisation chrétienne, il est bon de proclamer les véritables libertés de l'esprit et d'en assurer la protection contre toutes formes abusives de pressions politiques, sociales ou philosophiques. Vous aimerez, ce faisant, montrer à quel point l'Eglise sert les progrès du savoir humain, quand — fidèle à la mission de son divin fondateur de rendre témoignage à la vérité (Jn 18,37) — elle garde tantôt ses fils de funestes abus de la liberté et de dangereux égarements de la pensée, et tantôt revendique pour eux les justes franchises de la vie intellectuelle et le droit de connaître et de répandre ce qui est vrai.



Les responsabilités de l'intellectuel catholique.

Tout autant que par l'intérêt du thème d'étude qu'elle aborde, votre assemblée se signale par le nombre et la qualité de ses participants. Vos diverses associations en effet atteignent la plupart des pays et des professions. Aussi voulons-Nous répéter ici ce que souvent Nous avons dit en Nous adressant à des catholiques de milieux professionnels particuliers : quelle ne serait pas, chers fils et chères filles, l'influence capitale que votre présence et votre action pourraient exercer pour rendre plus chrétienne la société, si chacun d'entre vous prenait une conscience plus vive et plus exacte de ses responsabilités intellectuelles, sociales, apostoliques ? Comme Nous l'observions l'an dernier devant certains d'entre vous, c'est un fait que, « par l'autorité que vous confèrent votre culture et la compétence acquise dans votre profession, vous constituez pour votre entourage une question et une réponse »2. Puisse votre vie susciter, par sa rectitude morale, son désintéressement, son souci du bien commun, son ouverture aux besoins d'autrui, cet étonnement salutaire, qui fait s'interroger sur vos convictions et sur la force secrète qui vous anime. Et si l'on vous questionne, sachez répondre de votre foi ; que votre culture religieuse soit proportionnée à vos connaissances profanes ; que votre charité soit toujours disponible aux besoins de vos frères. Chers étudiants et intellectuels de « Pax Romana », portez hautement le témoignage de chrétiens libérés par la vérité du Christ, vivifiés par sa grâce, unis par la charité, disciplinés dans leur zèle, filialement dociles à l'Eglise : quelles victoires alors ne remporterions-nous pas pour la cause de Notre-Seigneur Jésus-Christ !

De grand coeur, Nous vous convions à l'action et Nous vous demandons de consentir pour elle les sacrifices nécessaires. En appelant sur vous tous les plus abondantes grâces de lumière et de force, Nous vous accordons Notre très paternelle Bénédiction apostolique.

2 Discours du 25 avril 1957 ; A. A. S., XXXXIX, p. 298 ; cf. Documents Pontificaux 1957/ p. 202.



MESSAGE AUX « JOURNÉES INTERNATIONALES CATHOLIQUES DE BRUXELLES »

(15 août 1958) 1


Des « Journées internationales catholiques » se sont tenues à Bruxelles les 14 et 15 août 1958, sous la présidence du Légat pontifical, S. Em. le cardinal Siri, archevêque de Gênes. A cette occasion, le Souverain Pontife fit parvenir aux congressistes le message suivant, en langue française :


« Benedicite, omnia opera Domini, Domino ; laudate et superexaltate eum in saecula. (Da 3,57) OEuvres du Seigneur, bénissez toutes le Seigneur ; louez-le et exaltez-le à jamais ! »

Cette invitation à chanter la gloire du Très-Haut monte spontanément à Nos lèvres, chers fils et chères filles, quand Nous contemplons en esprit la somme immense des ressources répandues dans la nature et que le travail de l'homme fait aujourd'hui fructifier et offre à la société pour son bonheur. Et s'il est vrai que l'Exposition universelle et internationale de Bruxelles veut présenter au visiteur une brève évocation de ces ressources comme de ce labeur, et ouvrir ainsi des perspectives de plus grande félicité, il Nous plaît de vous inviter par ce Message à faire remonter vers Dieu la louange qui lui est due. N'est-ce pas d'ailleurs le sens profond de la cérémonie eucharistique qui, à l'occasion des Journées internationales catholiques de l'Exposition, vous rassemble en grand nombre autour de l'autel du Saint Sacrifice dressé dans l'ample stade de Heysel ?

1 D'après le texte de l'Osservatore Romano, éd. q-uot., du 16-17 août 1958.




Au premier rang de votre assistance, Nous sommes particulièrement heureux de saluer sa Majesté le roi des Belges, accompagné de plusieurs membres de la famille royale. Par sa présence, dont Nous lui savons gré, le souverain de la noble nation



qui vous accueille rehausse l'éclat de ces solennités, que Nous-même avons tenu à présider en la personne très estimée et aimée de Notre eminent Légat. Nous saluons également de grand coeur Notre cher Fils le cardinal archevêque de Malines et les membres de l'épiscopat de Belgique, ainsi que les hautes personnalités ecclésiastiques, civiles et militaires qui prennent part à cette imposante cérémonie.



Les légitimes conquêtes de l'homme

Oui, bénissez Dieu pour tant de richesses culturelles et matérielles offertes à notre siècle et qui, malgré leur profusion, ne représentent sans doute encore qu'une faible partie des biens mis avec libéralité par le Créateur à la disposition des hommes : « Emplissez la terre et soumettez-la ! » (Gn 1,28) Dans le cadre grandiose de l'Exposition, il n'est que de parcourir du regard ces richesses multiples pour être saisi d'admiration au spectacle de la puissance acquise par l'homme et de la grandeur de ses oeuvres. Les diverses nations, en effet, rassemblées côte à côte dans une pacifique émulation, s'honorent de présenter aux visiteurs, dans leurs pavillons respectifs, les réalisations les plus suggestives de la vie du pays, les produits les plus nouveaux de l'industrie, les chefs-d'oeuvre de l'art, les initiatives humaines les plus audacieuses ou les plus généreuses. Avec quelle légitime fierté l'homme moderne ne contemple-t-il pas l'univers dont il s'efforce de pénétrer les secrets ! Avec quelle hardiesse n'envisage-t-il pas de nouveaux progrès ! Avec quelle impatience aussi n'attend-il pas des fruits de son labeur, qu'ils lui donnent enfin la félicité et la paix auxquelles il aspire !

Bien plus, alors que les peuples prennent une plus vive conscience de leur dépendance réciproque, que la science découvre de nouvelles formes d'énergie, que la technique offre des possibilités naguère insoupçonnées de production et permet ainsi une élévation plus générale du niveau de vie, il est juste d'espérer que l'Exposition de Bruxelles, lieu de rencontre des nations, favorisera entre elles les collaborations nécessaires au bien de l'humanité entière. Jamais notamment, on ne dira assez le grave devoir des peuples privilégiés par les ressources de leur sol et une authentique culture, de travailler généreusement et dans un esprit de service au développement économique et social de leurs frères moins avantagés.

Des choses visibles à la louange de Dieu

Et pourtant, que serait, chers fils et chères filles, cette admiration pour les réalisations de l'intelligence humaine, auxquelles l'Exposition porte un si éloquent témoignage, si elle ne s'achevait dans l'adoration de Dieu, de qui viennent tous les biens, et dans le respect de ses lois ? « Domine, Domine noster, quam admirabile est nomen tuum in universa terra ! (Ps 8, i). O Seigneur, notre Dieu, qu'il est admirable votre nom par toute la terre ! » S'il en est hélas ! aujourd'hui qui, comme l'insensé que condamne le psalmiste, osent dire en leur cceur : Dieu n'existe pas (cf. Ps. ), le chrétien au contraire fait monter avec d'autant plus de ferveur vers Dieu l'hymne de son action de grâces, qu'il comprend et apprécie davantage les libéralités de son Créateur. Dans la chapelle du Pavillon pontifical, la présence réelle de Jésus-Christ, fils de Dieu et unique Sauveur, caché sous le voile des espèces eucharistiques, mais rayonnant de grâces et d'amour, est un rappel incessant de la souveraineté de Celui à qui revient justement tout honneur et toute gloire ; elle est une invitation à remonter de la beauté des choses créées à la splendeur des réalités divines, de la poursuite des biens éphémères à la découverte du bonheur que le monde ne peut donner.



L'éternelle jeunesse de l'Eglise

Nous sommes heureux que Notre pavillon pontifical et sa chapelle si visitée soient ainsi, au cceur même de cette Exposition, comme l'attestation permanente des valeurs absolues, religieuses et morales, sans lesquelles toutes les richesses évoquées dans les stands divers ne trouvent ni leur unité ni leur achèvement ultime. Nous remercions vivement tous ceux de Nos fils de Belgique et des autres pays qui, par leur compétence et leur dévouement, non moins que par leurs généreuses offrandes, ont permis la construction de ce Pavillon. Puisse-t-il révéler à de nombreux visiteurs le vrai visage de l'Eglise, fidèle depuis ses origines à la mission de vérité, de charité et de paix qu'elle a reçue de son fondateur ! Puisse-t-il leur faire découvrir en l'Eglise cette Mère vénérable et toujours jeune, éducatrice des peuples au cours des siècles, accueillante à toutes les véritables valeurs de la culture, respectueuse de la science et de toutes ses applications moralement justes, heureuse des progrès authentiques de l'humanité, soucieuse surtout de conduire celle-ci aux sources pures du vrai bonheur, car « l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». (Mt 4,4)

A l'exemple sublime de la Très Sainte Vierge Marie, dont la liturgie célèbre aujourd'hui le triomphe céleste, sachez vous-mêmes, chers fils et chères filles, écouter la parole de Dieu et la garder (cf. Luc, Lc 11,28) ; sachez aussi vous en faire l'écho fidèle autour de vous. Par l'intercession de Notre-Dame, Nous appelons sur vous tous une large effusion de grâces divines et Nous vous en accordons pour gage Notre très paternelle Bénédiction apostolique.

LETTRE DE LA SECRÉTAIRERIE D'ÉTAT POUR LE XXXe COURS ITALIEN D'ADAPTATION CULTURELLE
(16 août 1958) 1






Du 18 au 23 août, se sont déroulées à Passo délia Mendola, sous les auspices des Universités catholiques d'Italie, les traditionnelles journées du XXXe Cours d'Adaptation culturelle.

A cette occasion, par l'entremise de Son Exc. Mgr Dell'Aequa, Substitut de la Secrétairerie d'État, le Souverain Pontife a fait parvenir au T. R. P. Gemelli, recteur de l'Université du Sacré-Coeur de Milan, une lettre de directives et de félicitations. Voici la traduction de ce document, d'après le texte original italien :

C'est avec une profonde satisfaction que Sa Sainteté a reçu l'annonce du XXXe Cours d'Adaptation culturelle, organisé par l'Université du Sacré-Coeur, et qui se tiendra prochainement au Centre « Maria Immaculata », à Passo délia Mendola. Le Saint-Père a parcouru avec un vif intérêt le programme de ces journées qui ont pour thème : « Les spectacles publics dans la société d'aujourd'hui. »

1 Traduction française d'après le texte italien de VOsservatore Romano, du 16-17 août 1958. La date donnée est celle de VOsservatore Romano.




De telles rencontres — qui deviennent une chère habitude de la méritante université, et auxquelles prennent part cordialement les catholiques italiens cultivés — permettront en effet l'étude d'une question de particulière importance pour le moment présent : le spectacle, en vérité, soit qu'on le considère comme source de divertissement, soit comme moyen de diffusion de la pensée et de la culture, peut être défini, sans crainte de se tromper, comme un des facteurs les plus caractéristiques et les plus déterminants de la vie moderne.

Aussi le Souverain Pontife, tout en louant paternellement le choix du thème et spécialement le dessein annoncé d'approfondir les enseignements de l'encyclique Miranda prorsus, ex-horte-t-il les dévoués participants à donner, sous la sage direction de maîtres illustres, une réponse adéquate aux questions épineuses que pose le problème du spectacle.

Quel danger, en effet, ce serait de ne pas tenir compte dans une juste mesure de tant d'éléments qui corrompent les moeurs et le sens moral, et que le spectacle diffuse presque chaque jour grâce aux puissants moyens dont il dispose. Car si l'on doit aujourd'hui déplorer la dégradation rapide du sens de la personne et de la vie humaine, la recherche effrénée du succès éphémère et du bien-être, obtenus au prix de n'importe quel compromis, les attentats audacieux à la sainteté du mariage, l'appel fait aux instincts les moins nobles de l'homme, il faut bien avouer que la responsabilité de ces très graves déviations retombe pour une large part précisément sur les spectacles, qui présentent les valeurs les plus hautes de la vie d'une manière qui, loin d'être chrétienne, n'atteint souvent pas un niveau même simplement humain.

D'autre part, il est impossible de nier les influences heureuses qui, grâce aux merveilleuses conquêtes de la technique audiovisuelle, s'exercent sur l'humanité. En effet, et Sa Sainteté l'avait déjà exprimé dans l'encyclique citée, de telles découvertes offrent non seulement une légitime et paisible détente après la fièvre d'une journée de travail, mais en premier lieu elles « transmettent des valeurs surtout culturelles et morales qui peuvent grandement contribuer au bien de la société moderne. Plus que le livre, elles offrent la possibilité de collaboration et d'échange, et l'Église, qui par mandat s'intéresse à toute l'humanité, désire qu'elles servent à la diffusion du bien » 2.

2 Encycl. Miranda prorsus, A. A. S., vol. XLIX, pp. 776-777 ; cf. Documents Pontificaux 1957, p. 464.




C'est pourquoi le Vicaire du Christ, avec une vive sollicitude, formule des voeux paternels pour que l'étude de tels problèmes permette de dénoncer plus nettement encore les aspects négatifs du spectacle, et qu'ainsi la présence des catholiques, appelés à être le ferment de la masse, puisse éclairer l'opinion publique, spécialement ceux qui, faute de temps et de moyens, ont plus de peine à s'informer en ce domaine. Que l'on cherche par



tous les moyens à former les consciences pour qu'elles puissent juger et par conséquent choisir le spectacle le plus convenable et le moins dangereux ; que l'on puisse compter sur une excellente équipe de critiques qui, sans faiblesse aucune, sachent courageusement éclairer les spectateurs et dénoncer le manque de ces qualités humaines et chrétiennes sans lesquelles on ne saurait parler d'une oeuvre d'art parfaite 3 ; que l'on stimule les belles énergies souvent inemployées, parce que personne ne les appelle à la Vigne du Seigneur (cf. Matth. Mt 20,7), afin qu'elles offrent des spectacles sains et variés dont le sujet s'adapte à la culture et à l'âge des spectateurs ; qu'on proscrive enfin par tous les moyens, même en prenant des mesures publiques, les comportements, les scènes, les images qui présentent un danger de corruption, surtout pour les jeunes.

Le champ est immense ; mais le Père commun a confiance que sous l'impulsion de la grâce divine, les forces ne manqueront pas aux enfants fidèles de l'Église pour que là aussi triomphe le Règne du Christ ; et il les exhorte par la bouche de l'Apôtre : « Vérifiez tout, puis retenez ce qui est bon » (1Th 5,21). En même temps, le Saint-Père formule ce voeu : comme aux premiers temps du christianisme la splendeur des rites sacrés, unie à la ferme prédication des Pasteurs, marqua la fin des honteux spectacles païens, qu'ainsi aujourd'hui encore on sache garder à la liturgie ce caractère de joie calme et sereine qui attire les coeurs et les rend plus sensibles à l'amour de Jésus-Christ.

Tout en confiant la réalisation de ces désirs à l'intercession de la Vierge Immaculée, le Saint-Père les accompagne du réconfort de la Bénédiction apostolique qu'il accorde de grand coeur à vous, Très Révérend Père, aux maîtres de ces journées d'études et à tous ceux qui y participeront.

















S Cf. Id., Ibid., pp. 786-787 ; Documents Pontificaux 1957, p. 471.


RADIOMESSAGE AU LXXVIIP « KATHOLIKENTAG » ALLEMAND

(ij août 1958) 1






Le 78e Congrès des catholiques allemands (Katholikentag) s'est tenu à Berlin-Ouest, du 13 au 17 août ; il avait pour thème : « Notre souci : l'homme ; notre salut : le Seigneur ».

Voici la traduction française du Radiomessage que le Souverain Pontife prononça en allemand pour la cérémonie de clôture, le dimanche 17 août. Plus de 170.000 personnes, dont beaucoup venues de Berlin-Est, étaient à l'écoute.

Vénérables Frères !

Chers fils et filles de l'Allemagne catholique ! Pour la deuxième fois depuis la fin de la guerre, chers fils et chères filles, vous avez choisi Berlin comme lieu de votre Congrès habituel, au cours duquel vous avez soin chaque fois d'embrasser d'un coup d'ceil et de juger l'état de la vie catholique dans votre patrie. A l'heure actuelle vous êtes rassemblés pour clôturer la 78e Journée et Nous répondons très volontiers au voeu de Notre vénérable et aimé Frère, l'évêque du diocèse de Berlin, de Nous voir vous adresser la parole en cette solennelle cérémonie de clôture de votre rencontre et vous bénir.

1 D'après le texte allemand des A. A. S., 2, 1958, p. 701 ; traduction française de VOsservatore Romano, du 29 août 1958'.




Berlin est le symbole d'un peuple déchiré. Ces jours-ci cependant vous avez éprouvé avec joie combien votre foi, votre communion dans les plus hautes vérités et dans les convictions absolues vous unissent par-dessus toutes les frontières. Ce lien de l'unité demeurera, même après que vous vous serez de nouveau séparés. Ceux d'entre vous, à qui il est donné de mener leur vie religieuse dans la liberté et la paix, doivent venir en aide par la prière et le sacrifice à ceux qui, par amour de leur foi, se trouvent souvent en face de difficultés insurmontables. C'est là réellement la Communio Sanctorum, la communion des fidèles, telle que la comprenaient déjà les chrétiens aux premiers temps de l'Eglise.

Berlin est au point de séparation de deux mondes devenus étrangers. Mais cette opposition, à première vue implacable, qui vous sépare, votre foi et votre amour l'ont, en ces jours, vaincue sur un plan supérieur. Le monde entier, Ouest et Est, est le domaine de Dieu. Le Christ est le maître du monde. Lui seul et personne d'autre. Vous vous savez unis avec tous ceux qui, à l'ouest ou à l'est, prient le Dieu vivant en personne. Et à l'est ils sont encore innombrables, même en dehors des communautés de vos frères dans la foi. Mais non seulement à ceux-là, vous aviez quelque chose d'important à offrir : votre prière, votre expiation, vos oeuvres, mais aussi à ceux qui vivent loin de Dieu, qui nient Dieu et qui veulent vous séparer de Dieu et de son Eglise. Ainsi ces jours furent une véritable co-existence dans la vérité et la grâce.

Le thème général de votre session était : « Notre sollicitude : l'homme — notre salut : le Seigneur ».

Notre sollicitude : l'homme. Ce cri Nous donne tout d'abord l'occasion d'exprimer Notre reconnaissance et Notre merci aux prêtres et aux laïcs dont le dévouement s'adresse avant tout aux besoins matériels et spirituels des croyants et de leur prochain. Dans l'Allemagne, dont votre Assemblée s'occupe, avant tout, cette année, la tâche exigée des prêtres et de leurs collaborateurs laïcs est plus que doublée, voire même d'un poids triple. Ce fut pour Nous une consolation d'entendre avec quel oubli de soi et quelle constance ils s'acquittent de leur devoir et avec quelle confiance ils se tiennent près de leurs Pasteurs.



Le problème des réfugiés.

Ont droit également à Notre reconnaissance et à Notre merci tous ceux qui, au cours des années écoulées, ont prêté leur concours pour l'aide aux expulsés et aux déracinés d'Allemagne orientale, ainsi qu'aux rapatriés. C'est par millions que les réfugiés sont venus de l'est vers l'ouest. Le camp de Friedland est le point central et le symbole de votre destin, si lourd



souvent ; mais il est devenu aussi le centre de vos préoccupations constantes. Tout en tenant en haute estime tout ce qui a été fait officiellement, par des associations libres, d'homme à homme, afin de leur procurer de nouvelles conditions de vie normales, vous savez bien que, dans les camps, des centaines de milliers de réfugiés mènent une existence provisoire précaire. N'ayez pas de repos avant qu'eux aussi, ils soient à l'abri. Quant à Nos fils et filles réfugiés ou rapatriés de l'Allemagne de l'est, Nous disons : « La véritable foi est la même à l'est qu'à l'ouest. Restez-y fidèles et suivez en cela l'exemple du grand nombre de vos compagnons de fortune qui l'ont fait avant vous. »



Notre souci : l'homme et particulièrement les jeunes.

Notre sollicitude : l'homme — votre jeunesse ! Nous pensons particulièrement aux pères et mères croyants qui sont contraints d'envoyer leurs enfants à une école où ils devront recevoir une instruction officielle athée. Cette école vous est imposée. Mais vous pourrez désormais estimer à sa juste valeur la raison pour laquelle l'Eglise s'enracine jusqu'au bout dans sa volonté de voir reconnu le droit, défini clairement par la nature et la Révélation, des parents sur les enfants, droit qui compte parmi les bases fondamentales de tout ordre social humain ; et aussi la raison qui fait que l'Eglise luttera jusqu'à la dernière extrémité pour le droit des parents catholiques à n'envoyer leurs enfants qu'à des écoles leur assurant la vie spirituelle et où ils puissent s'épanouir.

Quant aux parents, qui se trouvent dans la pénible situation que Nous venons de décrire, ils ont la lourde responsabilité de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour combattre les désastreux effets d'une école sans Dieu, plutôt même contre Dieu, ou tout au moins pour les atténuer : par l'exemple de leur propre vie religieuse, ce qui, dès les premières années agit sur l'enfant comme une force naturelle. Le bon exemple des parents est le meilleur terrain nourricier pour le développement religieux du jeune homme et rien ne peut le remplacer. Et même si la difficulté pour participer à l'enseignement de la religion à l'église venait s'aggraver, la maison paternelle devrait remplacer l'église. On considère habituellement comme un devoir de la mère d'instruire l'enfant de la foi catholique.

Ne perdez pas courage et ne vous lamentez pas, pères et mères chrétiens ! N'oubliez pas que, lorsque vous faites de votre mieux, la Providence divine dispose suffisamment de conditions et de moyens pour conserver aux enfants le précieux bien de la foi.

Notre sollicitude : l'homme. Nous ne parlerons que d'une préoccupation fondamentale, qui en contient tant d'autres concernant l'homme : celle que religion et vie puissent ne plus faire qu'un chez l'homme, chez le chrétien, chez le catholique. Si, de tout temps, ce fut un rude travail que de faire d'un homme un vrai chrétien, une tâche qui exigeait qu'on s'y donne tout entier, ce travail devient, dans les circonstances actuelles, deux fois plus difficile à accomplir. La raison principale en est dans ce qui suit.



Ne pas séparer la religion de la vie : le progrès technique doit s'accomplir dans une atmosphère chrétienne.

Nous vivons, comme l'on dit, au siècle de la technique. Aujourd'hui, les étonnantes découvertes dans le domaine des sciences naturelles, de la physique, de la chimie, de l'astronomie, de l'anthropologie, de la biologie, sur lesquelles la technique s'appuie pour progresser, sont en elles-mêmes autant de preuves de la maîtrise incomparable du Créateur, et, en ce qui concerne l'Eglise, elle est à même de remplir sa mission au milieu de tous les genres de civilisation. Il n'en est toutefois pas moins vrai que les conquêtes de la technique se multipliant à une cadence accélérée aveuglent quelque peu le regard, momentanément tout au moins, en sorte que les valeurs purement spirituelles et surnaturelles pâlissent devant lui. Cela provient indéniablement du fait que le progrès technique débouche dans un autre processus historique, dont les sources sont ailleurs. Ce que l'on a coutume d'appeler « atmosphère chrétienne », tradition et moeurs chrétiennes, et qui jadis imprégnait toute la vie sociale, sans jamais dispenser les particuliers du devoir de devenir de véritables chrétiens, leur rendait toutefois la tâche plus facile ; cette atmosphère disparaît, elle est même déjà remplacée par une autre où la façon de penser et de vivre est à l'opposé de la façon chrétienne. D'où il s'ensuit que le chrétien d'aujourd'hui se trouve dans la même situation qu'aux premiers siècles du christianisme, au milieu d'un monde



païen qui étouffait. Nous ne craignons même pas d'ajouter que les circonstances actuelles rendent la vie du chrétien plus pénible qu'alors.

Et cependant il faut trouver une solution à ce problème. L'histoire de l'Eglise a connu des situations dont certaines eurent des conséquences qui eussent pu l'ébranler, au cours desquelles la vie chrétienne se limitait aux cérémonies liturgiques à l'intérieur de l'église, alors que par ailleurs elle demeurait sans fruit, par suite de la rupture qui s'était produite entre religion et vie. Faites l'impossible pour éviter que pareille situation ne se renouvelle. Le monde catholique d'aujourd'hui est riche en connaissances religieuses. (Qu'il Nous soit permis d'ajouter ici que depuis longtemps déjà il a été répondu, en se plaçant sur le terrain strictement scientifique, aux attaques contre Dieu, la religion, le Christ, l'Eglise, alors que Nous avions été invité de façon pressante à le faire). Mais le monde catholique d'aujourd'hui est-il également puissamment armé sur le terrain de l'action religieuse, sur le plan de l'héroïcité religieuse ? Le monde catholique est-il également riche en hommes décidés à porter témoignage de leur foi jusqu'aux toutes dernières conséquences, ainsi que l'Eglise le leur enseigne, cette Eglise en laquelle le Christ vit et agit ? « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5,13) ; grâce à vous l'Eglise doit être le principe de vie de la société, grâce à chacun d'entre vous, à condition qu'il pense et agisse en chrétien convaincu, grâce à vous tous réunis, si vous consentez à vous appliquer à faire régner l'ordre universel prévu par les plans divins, dans les sphères officielles. Les catholiques allemands ont jusqu'ici beaucoup tenté et beaucoup obtenu dans cette direction et vers ce but. Puissiez-vous rester fidèles à ce riche passé, qui vous oblige.



Notre unique Sauveur : Jésus-Christ.

Nous résumons en un seul les différents mots^directeurs des deux Journées des oatholiques allemands : « Dieu vit et en dépit du poids de nos préoccupations pour les hommes, notre salut demeure dans le Seigneur. Lorsque Dieu envoya Moïse à son peuple et que Moïse lui demanda quel nom il pourrait invoquer, il lui répondit : « Je suis celui qui suis ». Dis-leur : « Celui qui est m'a envoyé à vous (Ex 3,14). Le nom étant puissant en lui-même : Dieu est simplement, dans tous les temps et au-delà de tous les temps, éternel, tout-puissant et vérité. En Dieu parole et acte se confondent.

Le Dieu tout-puissant vous appelle tous aussi, chacun d'entre vous par son nom. Dieu, Lui, fait cas de votre dignité d'homme, car IL vous a créés à son image. Il vous connaît, connaît votre situation, vos besoins, vos espoirs et vos désirs ; dans vos heures les plus sombres IL est plus près de vous. C'est au nom de Dieu que Nous vous crions : Utilisez toutes les occasions pour traduire dans la réalité les richesses de votre foi ; priez, conservez l'espérance, restez fidèles au Seigneur et à son Eglise. « Le Dieu de toutes les grâces... vous ornera de ses dons, vous donnera force et vigueur, vous raffermira. A lui honneur et majesté dans les siècles des siècles » (1P 5,10-11).

Marie, Reine des Martyrs.

Nous vous confions à l'amour, à la protection et à l'intercession de Marie, la « Reine des Martyrs ». Sur un emplacement où, à une époque de ténèbres, des condamnations à mort étaient exécutées à la chaîne, vous avez projeté d'élever un sanctuaire en l'honneur de la « Regina Martyrum » et en mémoire de ceux de vos frères et soeurs, allemands et non-allemands, qui ont scellé de leur sang jadis leur témoignage en faveur des droits de Dieu et de leur bonne conscience. Leur nombre n'est pas petit, et certains d'entre eux Nous étaient connus personnellement. Mais voici que vous voulez, en ces temps si envahis par le matérialisme, avoir sans cesse devant les yeux le souvenir de ces héros qui témoignèrent que les valeurs morales, les droits de Dieu et de la vraie foi planent bien au-dessus de ce qui n'est que terrestre et qu'ils exigent de nous un « Oui » inconditionné, jusqu'au sacrifice de notre vie. Mais chacun d'entre vous, s'il se trouve dans le besoin ou s'il est en péril, pourra trouver dans leur exemple la consolation et la force, pour tenir jusqu'au bout.

Nous appelons la grâce et la paix de Jésus-Christ sur vous, en gage desquelles Nous donnons de tout coeur à vos évêques, Nos vénérables Frères, aux représentants des hautes autorites gouvernementales et locales, aux prêtres et à leurs collaborateurs dans le soin des âmes, à ceux qui sont présents et à toute l'Allemagne catholique, Notre Bénédiction apostolique.



LETTRE AU R. P. LOMBARDI, DIRECTEUR DU j MOUVEMENT POUR UN MONDE MEILLEUR »
(26 août 1958) 1




Voici la traduction française d'une Lettre autographe du Souverain Pontife, rédigée en italien et adressée au R. P. Riccardo Lombardi, S. J„ Directeur du « Mouvement pour un monde meilleur » :

Comme dans d'autres circonstances, il Nous est doux, aujourd'hui encore, de t'exprimer Notre joie paternelle pour les fruits abondants que, avec un groupe d'ardents collaborateurs, prêtres et laïcs, tu es en train de recueillir en faisant progresser le « Mouvement pour un monde meilleur ».

Le souci filial avec lequel vous vous efforcez de faire pénétrer dans chaque catégorie de fidèles, et principalement parmi le clergé, les enseignements de vie qui viennent de cette suprême Chaire de vérité, est à coup sûr un motif de confiance dans le bien opéré par vous, et qui, s'il est fondé sur le sacrifice et sur l'humble, charité, sera solide et durable. En particulier à propos des retraites, données par vous à un rythme constant et désormais pratiquées en divers pays, sur impulsion donnée par beaucoup de Prélats très zélés, Nous Nous sommes exprimé en paroles louangeuses, ayant Nous-même signalé, à différentes reprises, l'efficacité de ces retraites pour l'amélioration de la vie chrétienne, chez les individus et dans les collectivités.

Au service de ce copieux travail apostolique, des Centres appropriés et des Secrétariats nationaux sont désormais affectes, dans des bâtiments qui, plus d'une fois, Nous ont été donnés directement et que Nous avons voulu confier à ton zèle et a celui de tes collaborateurs. Le premier de ces Centres est le



1 D'après le texte italien des A. A. S., 50, 1958, p. 724 ; traduction française de l'Osser-vatore Romano, du 26 septembre 1958.

« Centre International Pie XII pour un monde meilleur », situé près de Notre résidence d'été de Castel Gandolfo et que Nous vous avons attribué pour votre apostolat de renouveau spirituel, après une visite personnelle.

Nous savons également que, pour faire s'épanouir avec une plus grande liberté et pour l'édification de tous, l'oeuvre de réforme spirituelle souhaitée par Nous, dans le Radiomessage adressé aux Romains le 10 février 1952, tu as cru opportun, cher fils, que le groupe consacré à cette tâche ne soit pas composé uniquement de membres d'un même et unique institut religieux, si méritant fût-il. Tu as plutôt cherché à obtenir de différents évêques et des Supérieurs généraux de divers instituts religieux la permission que l'un ou l'autre de leurs prêtres viennent prendre part à vos travaux, afin de former comme un fervent cénacle, dont tirerait profit le bien commun de l'Eglise. Et vous y êtes parvenus, grâce à la bienveillance de ces Supérieurs, non sans y avoir été sans cesse encouragés par le Siège Apostolique.

Béni soit donc ce petit groupe et puisse-t-il encore s'augmenter, toujours avec la même absolue fidélité au Vicaire de Jésus-Christ et avec le même programme : graver dans les consciences les enseignements visant à une réforme profonde et générale. Veuille le Seigneur que dans les maisons de l'OEuvre règne toujours le bon esprit de charité, de piété, d'obéissance, qui a jusqu'ici distingué vos activités.

En gage de l'aide de Dieu, qui ne vous a jamais manqué jusqu'ici, mais dont vous avez toujours un particulier besoin, en raison de l'ampleur de l'entreprise et la modicité de vos moyens présents, que descende sur toi et sur tous tes collaborateurs la Bénédiction apostolique.

DISCOURS AUX MEMBRES DU Ile CONGRÈS INTERNATIONAL DU TIERS ORDRE DE SAINT-DOMINIQUE
(29 août 195S) 1






Le vendredi 2g août, les participants au 2e Congrès international du Tiers Ordre de Saint-Dominique ont été reçus en audience par le Souverain Pontife, qui leur a adressé en français le discours suivant :

En un temps où l'Eglise invite partout ses enfants à prendre conscience de leurs responsabilités apostoliques, c'est poux Nous une joie très grande, chers fils, de pouvoir vous accueillir à l'occasion du Congrès international du Tiers Ordre de saint Dominique.

Votre groupe imposant ne représente cependant qu'une petite fraction de l'immense et pacifique armée de votre Tiers Ordre, de cette « Milice de Jésus-Christ », qui depuis sept siècles, livre partout le bon combat pour la défense de la foi et de l'honneur de l'Eglise. Plus de vingt pays ont envoyé ici des délégués, et vous vous associez aussi dans une pensée fraternelle aux Tertiaires que le « rideau de fer » empêche d'assister à votre réunion.



Le Tiers Ordre, idéal de perfection toujours actuel.

1 D'après le texte français des A. A. S., 50, 1958, p. 674.

2 C. 1, n. 1-2.




Ce Congrès international avivera certainement en vous le sens de l'universalité de votre idéal religieux, de sa fécondité durable, de la valeur permanente des motifs qui l'inspirent. N'est-ce pas en effet, comme l'énonce votre Règle 2, un idéal de perfection, c'est-à-dire de sainteté personnelle, par la pratique d'une vie chrétienne plus parfaite, et de zèle des âmes, exercé de la manière qui convient à votre état laïc ? Ce noble propos porte chez vous l'empreinte caractéristique de l'ordre de saint Dominique, qui se distingue en particulier par l'ardeur à défendre la vérité de la foi catholique. Ce trait si représentatif de la tradition dominicaine, Nous voudrions souligner à quel point il reste d'actualité. L'Eglise attend de vous aujourd'hui une collaboration aussi efficace que le fut celle de saint Dominique, à l'époque difficile de la lutte contre les hérésies des cathares et des vaudois. Sa première prédication en Narbon-naise fut un retour à la vie évangélique de pauvreté volontaire, d'humilité, illustrant la parole par l'exemple d'une vie de charité patiente et douce, instinctivement hostile aux moyens violents. Vous appartenez à une époque, qui voit le triomphe de la technique et de ses réalisations grandioses, de puissantes organisations politiques et sociales, la prépondérance d'une économie aux irrésistibles mouvements de flux et de reflux. Sans rien perdre de sa sérénité et toujours consciente des faiblesses spirituelles de l'humanité que dissimule mal tout cet appareil extérieur, l'Eglise incite ses fidèles à intensifier la vie intérieure par l'acceptation de ses conditions austères, mais imprescriptibles. Votre appartenance à un Tiers Ordre vous met d'emblée en mesure d'assurer cet approfondissement de vie chrétienne, plus nécessaire que jamais dans un monde écartélé par ses propres inventions, et Notre attention se porte sur vous comme sur un groupe choisi de laïcs, spécialement aptes à se dépenser au service des objectifs majeurs de l'apostolat contemporain. Telle est l'idée que Nous voudrions commenter brièvement, puisqu'elle exprime le thème central de votre Congrès.



La prière et l'étude au service de la foi.

Le progrès des études bibliques, le mouvement liturgique, l'impulsion des oeuvres d'apostolat laïc, constituent un apport inestimable à la vitalité de la foi chrétienne. On comprend mieux actuellement qu'elle n'est pas un système abstrait de définitions, ni un ensemble de croyances irrationnelles coupées de la vie et de l'action ; on admet plus facilement qu'elle ne menace en rien les droits de la raison, ni les exigences légi-



times de l'homme de science ou du philosophe. Elle occupe un ordre à part, transcendant, non point en dehors de la vie, mais la dominant. La foi est une intelligence nouvelle, dont l'objet propre n'est pas le monde créé, mais Dieu lui-même, la Trinité Sainte, manifestant librement les profondeurs de son être et de son amour. La vérité révélée, loin de n'appeler qu'un simple assentiment de la raison, requiert aussi une démarche de la volonté, mue par la grâce ; elle s'offre à la contemplation, par laquelle l'homme applique toute son âme à comprendre surnaturellement les mystères divins, à les pénétrer, à en vivre. On ne le dira jamais assez : la Révélation n'est pas un simple exposé de propositions, mais une démarche de Dieu, qui se fait connaître en même temps qu'il opère l'Incarnation et la Rédemption, depuis les préparations lointaines de l'Ancien Testament jusqu'à la mission de l'Esprit-Saint et à ses prolongements dans la vie de l'Eglise d'aujourd'hui. Répondre à l'initiative divine par l'acceptation du Credo catholique et l'observation des commandements, telle est la condition nécessaire du salut. Mais de vous le Seigneur attend davantage, et l'Eglise vous exhorte à progresser dans la connaissance intime de Dieu et de son oeuvre, à rechercher une expression plus complète et plus précieuse de cette connaissance, un affinement des attitudes chrétiennes qui en découlent.

Pour cultiver l'esprit de foi, comme votre vocation de Tertiaires dominicains vous l'impose, vous ferez donc une large part dans votre vie à la prière. Nous savons que d'habitude il ne vous est pas possible de consacrer de longues heures à l'exercice de la contemplation ; mais, avec l'observation fidèle des pratiques de piété prévues par votre Règle, ayez soin de cultiver une disposition intérieure semblable à celle du religieux contemplatif, c'est-à-dire une attention permanente aux choses de Dieu, un goût accusé de la méditation silencieuse, l'attrait pour la parole divine goûtée dans l'Ecriture et dans les offices liturgiques. La lecture et l'étude de l'Ecriture Sainte vous sont facilitées aujourd'hui par ides traductions plus exactes et des commentaires précis et suggestifs ; les trésors de la patristique vous deviennent aussi de plus en plus accessibles en d'excellentes éditions scientifiques ou de vulgarisation. Les recherches de théologie biblique et spirituelle se multiplient, ainsi que les enquêtes sur les réactions ides divers milieux chrétiens aux problèmes concrets des laïcs engagés dans l'apostolat. Vous pouvez et devez contribuer à ce progrès si utile à l'Eglise, et dont les années à venir manifesteront sans doute avec plus d'éclat encore la fécondité.



Dans un esprit de pénitence, sur les traces de Jésus crucifié.

Le titre de votre Tiers Ordre comporte le mot « pénitence », qui provoque d'habitude, même chez de bons chrétiens, une certaine appréhension. Saint Jean-Baptiste, le Précurseur, faisant écho à la prédication des Prophètes, s'écriait : « Repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche ! » (Mt 3,2), et son baptême de repentir préfigurait le baptême au nom du Christ qui, unissant le chrétien à la mort du Sauveur, le fait ressusciter à une vie nouvelle (Rm 6,3-4) et le délivre de la loi du péché pour le soumettre à celle de l'Esprit (ibid., 8, 2). Se convertir soi-même par une lutte inlassable contre tout ce qui fait obstacle au plein épanouissement de la vie du Christ, et par là amener les autres à la découverte de cette vie nouvelle : tel est l'ordre de l'apostolat bien compris, auquel vous invite la formule chère aux fils de saint Dominique : Contemplata aliis tradere. Vivre soi-même de la vie évangélique reste le meilleur moyen d'y amener autrui. Sur ce point, votre tâche, chers fils, s'avère extrêmement ardue, Nous n'avons aucune peine à l'admettre. Votre état de laïcs vous fait vivre constamment au contact du monde. Déjà au sein de vos familles pénètrent des journaux, la radio, la télévision, qui apportent pêle-mêle toutes les nouvelles de l'extérieur ; tel ou tel de vos parents, amis ou connaissances sera moins ouvert à l'idéal de la perfection chrétienne, moins exigeant dans ses conceptions de vie, hostile peut-être à ce qui gêne une liberté mal comprise. Dans vos milieux de travail, vous côtoyez le meilleur et le pire, l'indifférent, le sceptique, l'athée. Vous n'avez pas toujours la possibilité d'éviter que vos délassements ne recèlent des occasions de tentation. Votre rang social vous contraint peut-être à accepter un certain luxe, certaines mondanités. Que de conversations futiles, et de temps perdu parfois, pour éviter simplement de froisser quelqu'un ou de manquer aux conventions reçues !

Ainsi, à chaque instant, votre conscience doit prendre parti sans manquer à la charité et sans trahir l'esprit évangélique ; bien plus, en manifestant ouvertement, mais sans ostentation ni bravade, votre qualité de disciple de Jésus, et de Jésus crucifié. Eclairant toutes vos décisions, votre idéal apostolique saura vous dicter les formes concrètes que doit prendre votre détachement et votre esprit de pénitence. Il s'agit de savoir en effet si vous conquerrez le monde, ou si vous serez conquis par lui, par son matérialisme, son scepticisme, son appétit de jouissance et de facilité, ses vues étroites et égoïstes. Vraiment, pour garder intacte votre ferveur dans un milieu qui vous attire constamment vers la médiocrité, il faut beaucoup de courage, de confiance en la grâce et de générosité à se vaincre par la mortification du coeur et des sens. Mais l'efficacité de votre témoignage dépend étroitement de la qualité de votre vie intérieure et de votre volonté d'accorder au Seigneur, non point une part minime de vous-même, mais la part la plus large possible, dans l'acceptation courageuse et pleine d'élan du sacrifice quotidien, achevant en vos membres, selon le mot de saint Paul, ce qui manque aux souffrances du Christ (Col 1,24).

Quand vous aurez assuré ces éléments essentiels de toute vocation apostolique, que sont l'union à Dieu dans la prière et le détachement de soi, vous discernerez aisément et vous accomplirez avec force et enthousiasme les oeuvres d'apostolat, que vous prescrivent votre Règle et ceux qui vous dirigent au nom de Dieu.



Nécessité de l'apostolat des laïcs.

Cf. Documents Pontificaux 1957, pp. 56S-586.




Il est certain que la formation spirituelle reçue dans le Tiers Ordre vous habilite, plus que beaucoup d'autres laïcs, au travail fructueux dans l'Action Catholique, qu'on entende ce terme au sens strict d'apostolat exercé par mandat de la hiérarchie, ou dans un sens plus large, d'apostolat organisé des laïcs. Comme Nous l'avons exposé déjà dans Notre allocution du 5 octobre 1957 au IIe Congrès international de l'Apostolat des laïcs3, l'Eglise et la hiérarchie attendent des laïcs, de ceux-là surtout qui constituent une élite, qu'ils lui apportent leur concours dévoué. Vous avez donc des responsabilités à assumer au sein de l'Action Catholique, qui saura mettre en valeur vos ressources spirituelles propres, et leur ouvrir un champ d'action à la mesure de vos possibilités. Et puisque les mouvements d'Action Catholique ont besoin de solides bases doctrinales et de techniques efficaces pour diffuser la vérité chrétienne et pour créer, quand il est nécessaire, un réseau d'oeuvres d'assistance matérielle, de formation sociale, d'éducation religieuse, vous y pourrez déployer toutes les ressources de votre initiative. Nous pensons en particulier aux nécessités immenses des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, que Nous avons exposées dans Notre allocution du 5 octobre 1957 4 ; l'intervention dans ces régions d'un laïcat chrétien actif et décidé devient urgente pour enrayer l'avance des sectes et celle, plus menaçante encore, du communisme.

Des objectifs aussi importants doivent exercer un attrait certain sur les âmes généreuses, désireuses d'assumer des tâches vraiment apostoliques, de les mener avec vigueur, de leur infuser, si elles languissent, une ardeur nouvelle. C'est pourquoi Nous souhaitons vivement que les rangs du Tiers Ordre accueillent nombreux les hommes et les femmes jeunes qui, sans avoir la vocation religieuse, aspirent pourtant à une vie chrétienne plus parfaite, au don plus total d'eux-mêmes. Dans le Tiers Ordre, ils recevront sous l'égide d'une Règle sanctionnée par l'Eglise et la direction de maîtres spirituels éprouvés, une formation qui les aidera à monter vers Dieu et produire en eux, comme en tant d'autres, des fruits de sainteté. Quel réservoir d'énergies pour l'Action Catholique qu'un Tiers Ordre riche de forces vives, de jeunes des deux sexes et d'hommes et femmes adultes, qui se sont acquis expérience et autorité dans leur vie professionnelle ou dans l'exercice des fonctions publiques. Leur influence pour le bien peut alors peser d'un grand poids et contribuer beaucoup aux progrès du règne de Dieu dans le monde moderne.



A l'école de sainte Catherine de Sienne, patronne du Tiers Ordre.

4 Ibid., pp. 582-585.




Nous vous exhortons paternellement, chers fils, à vous pénétrer davantage encore du sérieux des engagements, que vous avez pris en faisant profession dans le Tiers Ordre de saint Dominique. Progressez sans relâche sur la voie étroite, certes, mais si haute et si noble, que vous avez librement choisie. Les exemples illustres ne vous manquent pas pour guider vos pas et soutenir votre élan : contemplez la glorieuse famille des saints et bienheureux des trois Ordres dominicains, et en particulier sainte Catherine de Sienne, patronne du Tiers Ordre, gratifiée par Dieu de faveurs mystiques insignes et d'un zèle admirable pour les intérêts de l'Eglise. Comme elle, cultivez avec jalousie les dons de l'Esprit-Saint, l'intimité avec le Seigneur, qui s'épanouit dans la pureté de vie, la ferveur de la charité et un infatigable dévouement au salut des âmes.

En gage de Notre paternelle bienveillance et des faveurs célestes que Nous appelons instamment sur vous-mêmes, sur vos familles, sur votre apostolat, Nous vous accordons de grand coeur Notre Bénédiction apostolique.

DISCOURS AU VIIe CONGRÈS INTERNATIONAL POUR LA TRANSFUSION DU SANG
(5 septembre 1958) 1






Au début de septembre s'est tenu à Rome le septième congrès de la Société internationale de la transfusion du sang, auquel participèrent plus de cinq cents professeurs, médecins, étudiants venus de quarante nations différentes.

A l'issue de leurs travaux, les congressistes furent reçus en audience par le Saint-Père qui prononça en français le discours suivant :

Le Congrès international pour la transfusion du sang, organisé par l'Association internationale de même nom, Nous donne le plaisir de vous recevoir, Messieurs, et de Nous informer de vos activités. A la suite de vos réunions, se tiendra le septième Congrès international d'hématologie. Nous n'ignorons pas l'importance accrue que prennent dans la société contemporaine les problèmes du sang, ni la portée pratique des conclusions et des résolutions, que vous serez amenés à adopter. Aussi sommes-Nous heureux de vous manifester Notre estime et de vous souhaiter une cordiale bienvenue. D'ailleurs la gravité des questions en cause appelle particulièrement Notre attention ; l'Eglise ne reste point indifférente, vous le savez, toutes les fois que sont en jeu des problèmes, qui engagent la destinée humaine individuelle et sociale, temporelle et éternelle, toutes les fois qu'elle peut, par sa présence ou par une intervention opportune, faire beaucoup de bien ou éviter beaucoup de mal.

L'hématologie — la science du sang et de ses maladies — intéresse au plus haut degré la biologie, la physiologie, la médecine. Le sang, en effet, est en quelque sorte le milieu, où s'opèrent les échanges de la vie organique ; il porte à toutes les cellules l'oxygène et les éléments qui assurent leur nutrition, en même temps qu'il assure l'élimination des déchets. Longtemps on le considéra comme intimement lié à la vie elle-même, qui semblait s'écouler avec lui par les plaies ouvertes. Aujourd'hui encore, l'expression « verser son sang » désigne le sacrifice, qu'un homme fait de sa vie pour une cause qu'il croit digne de cette offrande suprême, et qui s'identifie parfois avec les idéals les plus élevés que l'humanité puisse se proposer.

Puisque les participants du prochain Congrès d'hématologie Nous ont prié de traiter .certaines questions de morale, qui se posent dans le domaine de la génétique du sang, Nous avons l'intention d'aborder maintenant les aspects généraux de ces problèmes et de préparer ainsi la réponse que Nous leur donnerons. Nous exposerons donc ici quelques aspects biologiques de la génétique du sang et les problèmes qu'elle soulève.




Pie XII 1958 - II. AIMER LA VIE CONTEMPLATIVE